Vers la page d'accueil d'OPIE-Insectes
Les Épingles tout frais forgées sont
en haut de la pile
En
épingle en 2012
L'insecte ou l'événement entomologique du jour, celui qui défraye la
chronique et qui alimente les conversations en ville et dans les
insectariums, sera épinglé sur cette page abricot, qui s'enrichira au
fur et à mesure des événements entomologiques.
Pour recevoir par courriel une alerte à chaque mise à jour
importante de ce site /opie-insectes/, cliquez ici.
Rédaction (sauf mention contraire) : Alain Fraval
Il faut les tuer, Après vous,
Madame !, Papillons en prison Épingles parues
dans Insectes n° 163 (4e tr.
2011)
Se décider sur un coup de tête, Art
en insectes, Pilulier tourneur Épingles parues
dans Insectes n° 164 (1er tr.
2012)
Bonne en calculs, Face à la
coprodiversité mondialisée, Familles
décomposées et recomposées Épingles parues dans Insectes n° 165 (2e tr. 2012)
Le supplice de la goutte d’eau, Fiat lux, Réseau social
piraté Épingles parues dans Insectes
n° 166 (3e tr. 2012)
La mouche magnétique, Jus de blatte, Soldates kamikazes, Courses de haies, Écoutons la vieille sauterelle, Le Sphinx bête de mort, Recruter localement ou à
l’étranger ?, Entomo
des tréfonds, Mémoire
ouvrière collective, Cher
insecte, Insectes sans
danger, Appétissant
plein d’appétit, Retrouver
son chez-soi, Et le
moucheron va se piquer la ruche, L’après-pétrole, Le parfum de la désillusion, Post mortem,
L'Arpenteuse de
l'insecticide, Bêtes
de cirque !, E120,
Hém. Dactylopiidé, Nécrophagie
assistée, Auxiliaires
de la résistance, Épreuves
olympiques, Fracture du
tibia ?, Espèce en
voie d’apparition, L’oiseau
et la libellule, Parapluie
acrobatique,Travailler
du chapeau, À
l'attention des suivants,
Entomophagie radicale, La résistance, c’est dans les
campagnes, Trouillologie, Puer des pieds pour attirer
les araignées ?, Boutefeux,
Microbe à bascule,La mouche matheuse, L’évolution de la
consommation de toxiques,
Les papillons marchent au susucre,
Chasse à vue,Des portables pour les ouvrières en danger, Les 400 nez des fourmis, Le cafard ça se maîtrise,Les fourmis conservent une relique, Pour en finir avec le bourdon, Le retour des migrants : la solution, Le cerveau des ancêtres, Bête de concours, Cache-tête, Du vieux pommier à l'OGM,
Moins grave que d’habitude, Après-rasage, Bête de concours (suite et
fin), Bittaque-feuille, Les dangers de la surchauffe, Un portable d’un nouveau genre, Filtrage, Insectes
mineurs, Punaises sourdes,
L'odeur du mâle, À l’insecte moderne, Twitoptère
Les Épingles de collection - à consulter, page par page : Les Épingles entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles de 2001, Les Épingles
de 2002, Les Épingles de 2003,
Les Épingles de 2004, Les Épingles de 2005, Les Épingles de 2006, Les Épingles
de 2007, Les Épingles de 2008,
Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011, Les Épingles
de 2013,
ou globalement (jusqu'à fin 2009) ici.
La suite, en 2013
28 décembre 2012
À lire sur Internet :
Le catalogue des formations
professionnelles de l'OPIE. Doc
pdf.
850 Twitoptère
Le cafard maîtrisé, entre les mains de Brittany
Ransom, artiste, devient un objet entomotechnique propre à étudier
comment débarrasser l’humanité souffrante des conséquences désastreuses
du trop plein de messages électroniques, qui lui encombrent les
cerveaux et les fait parfois dysfonctionner.
Ledit cafard, nommé @TweetRoach, est en effet équipé - au niveau de son
sac à dos - pour recevoir des tweets – un tous les 30 secondes, pas
plus, son cerveau est petit – et réagir aux mots left et right.
L’insecte branché oriente le sens de sa marche hexapode en conséquence,
soit à gauche et à droite respectivement – B. Ranson ne s’est pas
trompée dans les soudures au niveau des nerfs antennaires.
Reste, c'est le projet, à observer et à noter au bout de combien de
temps la blatte s’adapte à la surinformation. Si c’est trop long, on
peut la livrer au chat, que ça amusera.
D’après « Twitter Roach
Lets You Control Insects With Tweets », par Allison Stadd. Lu le
27 décembre 2012 à www.mediabistro.com/
NB 1 : ni les Épingles, ni les
alertes « nouveau sur /opie-insectes/
», ni les tweets en provenance de @af_insectes ne sont concernés par la fin de la
première phrase, ils enrichissent l'humanité.
NB 2 : le chat Felis catus (Carn. Félidé) passe un bon moment avec
un cancrelat tout nu mais qui gigote bien.
Pendant ce temps-là, les insectes
artificiels progressent (voir ci-dessous).
849 À l’insecte moderne
Ni faire voler un imago d’Anisoptère par temps froid, ni le dresser
pour effectuer un parcours défini ne sont possibles, selon les
meilleurs odonatologues. Alors laissons ces gracieux insectes vaquer,
c'est-à-dire attraper et dévorer en vol de non moins jolis
insectes-proies, et cliquons à www.techject.com/
Il nous propose (en prévente) plusieurs libellules artificielles, plus
ou moins performantes, très dociles, nées dans un labo universitaire.
Un corps allongé et 2 paires d’ailes membraneuses (à plat et étendues
au repos, ce n’est pas une demoiselle) ; moteurs, transmissions,
batterie, capteurs, caméra, GPS et carte électronique embarqués. 25
grammes en tout – avec une carrosserie de couleur.
Chaque vol peut durer 30 minutes, on pilote la bête depuis son
smartphone. Pour quel usage ? Pour surveiller et espionner évidemment,
mais aussi pour filmer ses exploits à moto, à skis, à pied à la chasse,
un filet à papillons à la main. L’entomologiste bricoleur adaptera 6
pattes préhensiles munies d’épines et s’exercera à la capture en vol ;
il sera tenté d’ajouter des mandibules.
D’après entre autres « Robot
Dragonfly, Micro Flying Insect That Gathers & Relays Information »,
lu le 26 décembre 2012 à //laughingsquid.com/
Pendant ce
temps-là, les Zombiptères progressent (voir ci-dessus).
848 L’odeur du mâle
Quand une mouche mâle d’Eurosta
solidaginis
(Dip. Téphritidé) en état d’appel sexuel, donc émettant la phéromone ad
hoc, s’approche d’une verge d’or (Solidago altissima), celle-ci
s’oppose aux intentions ovipositrices de la mouche femelle. Moins
d’œufs pondus, moins de galles induites, plus de fleurs (jaunes) et
plus de graines, donc un succès reproductif accru.
Il en est de même vis-à-vis de l’imago de la Chrysomèle rayée de la
verge d'or, Trirhabda virgata
(Col. Chrysomélidé), phyllophage spécialiste : les feuilles enrichies
en protéines de défense activées par la sécrétion d’acide jasmonique
lui garantiront une descendance réduite, pour le plus grand bien de sa
plante nourricière.
On savait les plantes capables de percevoir l’odeur de plantes voisines
attaquées par des herbivores, on connaissait des épiphytes repérant
ainsi leur plante-hôte. C’est la première fois que l’odorat des plantes
est impliqué dans une relation avec un animal (consommateur) ; son
mécanisme reste à découvrir.
Article source : Helms A.M. et al., 2012. Exposure of Solidago altissima plants to
volatile emissions of an insect antagonist (Eurosta solidaginis) deters
subsequent herbivory. PNAS.
[R]
14 décembre 2012
À lire sur Internet :
Le chien renifleur: sus aux insectes
venus d’Orient. Le
Temps, 13 décembre 2012.
[Anoplophora chinensis, A.
glabripennis, Col. Cérambycidés]
Record : des insectes se camouflent
depuis 110 millions d’années ! Par Quentin Mauguit, Futura-Sciences,
14 décembre 2012.
[Hallucinochrysa diogenesi,
Neur. Chrisopidae]
Vue
d’artiste
847 Punaises
sourdes ?
Le commerce des répulsifs à ultrasons va bon train. Pourtant, leur
efficacité est douteuse et les pestes domiciliaires visées semblent
rarement affectées. Des engins destinés à repousser très loin du
dormeur et de sa literie la Punaise des lits (Cimex lectularius, Hém. Cimicidé)
sont récemment apparus.
K. M. Yturralde and R. W. Hofstetter, entomologistes, se sont procuré 4
de ces appareils sur Internet et les ont essayés au laboratoire,
en respectant scrupuleusement les consignes des fabricants. Ils
ont ménagé deux zones, l’une exposée aux ondes, l’autre non. Les
roupies s’y sont retrouvées en nombres égaux. Donc efficacité zéro.
Dans l’environnement « naturel » du loubac, les ultrasons ne jouent
sans doute aucun rôle ; les bruits de respiration de son hôte
l’intéressent peut-être plus. Une piste à suivre.
D’après « Commercial
ultrasonic frequency devices are not effective in repelling insects »,
lu le 10 décembre 2012 à www.news-medical.net/news/2
846 Insectes mineurs
Le prix de l’or et d’autres métaux grimpe ? Penchez-vous sur les
fourmilières et/ou les termitières et passez déjà les habitants aux
détecteurs : PIXE (émission de rayons X induits par protons), EDX
(spectroscopie de rayons X à dispersion énergétique) et microscope
électronique à balayage. Ensuite, pour aller plus vite, vous mettrez
ces constructions sociales dans un spectromètre de masse.
Observez les tubes de Malpighi de Tumulitermes
tumuli
(Blat. Termitidé australien) – à l’instar d’Aaron Stewart et de son
équipe du CSIRO. S’ils brillent… Vous êtes riche – en tout cas d’une
information. Le sol contient au moins des traces d’or, mais
peut-être aussi de zinc et de magnésium. Vos termites, les ayant
avalées, ont mis de côté dans leur système excrétoire ces métaux
inintéressants pour eux, plutôt gênants.
En revanche, si vous cherchez du manganèse, regardez l’extrémité des
mandibules et notez que celles-ci sont ainsi plus dures.
Peut-on envisager de développer une technologie d’extraction basée sur
l’exploitation des fourmis et des termites ? Leur travail de remontée
de terre des horizons profonds du sol leur vaudra plutôt un rôle de
détecteurs – moins chers que des forages.
D’après, entre autres, «
Gold “Mining” Termites Found, May Lead Humans to Riches », par
Christine Dell'Amore. Lu le 12 décembre 2012 à /news.nationalgeographic.com/news/
[R]
2 décembre 2012
À lire sur Internet :
Des chercheurs ont rajeuni le
cerveau… d’abeilles, par Pierre Barthélémy. Le
Monde, 2 décembre 2012.
845 Filtrage
Expérimentalement, le meilleur pollinisateur – celui dont le travail
aboutit à la plus grande production de graines – du rhododendron
de Malabar (Mélastomacée) est l’Abeille charpentière (Xylocopa spp., Hym. Apidés). Mais
ses fleurs violettes sont convoitées par des abeilles solitaires du
genre Nomia, piètres mais
encombrantes pollinisatrices.
L’arbuste attire sur ses fleurs violettes par le moyen d’un parfum
spécial des fourmis tisserandes Oecophylla
smaragdina
(Hym. Formicidé). Qui dissuadent les insectes volants de se poser ou
sinon les capturent. Les gros xylocopes s’en moquent, les petites Nomia sont en revanche les victimes
de leur agressivité. Le succès reproductif du rhodo est maximisé.
Un nouveau genre de rapport insectes-plantes mis au jour par l’équipe
de Francisco Gonzálvez de l’EEZA (Station expérimentale des zones
arides à Almeria – Espagne).
D’après notamment « Weaver ants
help flowers get the best pollinator », lu le 1er décembre 2012 à /www.newscientist.com/
844 Un portable d’un
nouveau genre
Brun roux, brillant, petite tête, tout petits yeux, moins de 3 cm. Son
nom : Eocorythoderus incredibilis
(avec eo pour Éos, déesse de l’aube), nouveau genre, nouvelle espèce.
On trouve ce Coléoptère Scarabéidé au Cambodge, dans les
champignonnières des Macrotermes
(Blat. Termitidés). Une première originalité, la tribu des
Corythoderini fréquente – en inquilins - les termites du genre Odontotermes.
En plus, il a une allure tout à fait spéciale avec son corps
panduriforme et surtout ses grosses et longues pattes moyennes. Quant à
la poignée qu’il a au milieu du dos...
Le pronotum (bouclier) se prolonge par un processus triangulaire
aplati, mousse. Juste en dessous, les élytres (soudés) se prolongent
par un bec. C’est par là, par cette sorte de poignée, que le coléo est
saisi par un termite – entre ses maxilles – et transporté dans la
termitière, à la façon d’un œuf. D’ailleurs, dès qu’on l’effleure,
notre profiteur rétracte ses pattes et fait le mort. La « poignée »
dégage sans doute une odeur mimétique de celle des termites.
Article
source, signé Munetoshi Maruyama, paru dans Zootaxa 3555 (en ligne, gratuit, en
anglais).
843 Les
dangers de la surchauffe
Iridomyrmex purpureus (« meat
ant ») est une fourmi australienne, diurne, territoriale, charognarde
et détritivore (avec du miellat en complément), buffocide*,
équarisseuse* et cruciale. Elle constitue en effet souvent la plus
grosse biomasse locale et est donc essentielle pour le fonctionnement
de la biocénose.
Quel effet aurait (aura) sur elle le réchauffement de l’atmosphère ? Un
sujet peu étudié sur les fourmis. I.
purpureus
va bien jusqu’à 42° C. Au-dessus, les ouvrières descendent vite dans
leur nid souterrain. Le fourragement s’arrête quand le sol, bien plus
chaud que l’air, est à 63°C. Que sa température corporelle augmente de
2°C et notre fourmi est désorientée, encore 2° et elle ne bouge plus.
On pense que cette fourmi, sous un climat réchauffé, réduira le temps
consacré de jour à chercher de la nourriture, sans s’activer le matin
ou le soir pour autant. Même en établissant le nid plus profondément,
les colonies insuffisamment approvisionnées pourraient péricliter.
Il est à prévoir que si cette fourmi périclite, la biodiversité
s’effondrera.
Travaux dirigés par Nigel Andrew, université of New England à Armidale.
D’après « Study tests whether
ants can take the heat ». Lu le 27 novembre 2012 à www.abc.net.au/science/
* C’est le seul ennemi du crapaud-bœuf - voir « Un crapaud
dans la lutte biologique » dans Insectes n° 135 (2005-2) ; les
fermiers l’utilisent pour se débarrasser des carcasses.
[R]
29 novembre 2012
À lire sur Internet :
Frelon à pattes jaunes : le
piégeage des fondatrices est-il réellement efficace ? INRA,
23 novembre 2012.
La technique, d’après les études menées sur le terrain, n'est pas
réellement efficace.
[Vespa velutina, Hym. Vespidé]
Effet de la chaleur sur les moustiques : la génétique détermine aussi
la capacité d'adaptation. BE Allemagne 591. 23 novembre
2012
[Chironomus riparius, Dip.
Chironomidé]
Le Maghreb sous la menace d'une invasion de criquets, par Rémi
Barroux. Le
Monde. 23 novembre 2011.
[Criquet pèlerin, Schistocerce
gregaria (Orth. Acrididé)]
La Feuille
& l'Insecte n° 3, novembre 2012. ONF/DSF, rédigée en
partenariat avec les naturalistes du Comité Insectes des forêts (donc
avec l’OPIE). En
téléchargement gratuit.
[Taupin violacé, Limoniscus violaceus
(Col. Élatéridé)]
Les trous dans les livres aussi
peuvent être riches en informations. 1001actus,
21 novembre 2012
[Petite Vrillette, Anobium punctatum
; Vrillette brune, Oligomerus
ptilinoides (Col. Anobiidés)]
842 Bittaque-feuille
Au Jurassique, il y a 165 millions d’années, Juracimbrophlebia ginkgofolia (Méc.
Cimbrophlebiidé) était accroché à un Yimaia
capituliformis (Yimaiacée), dans l’attente d’une proie. Ceci
dans un paysage de lacs bordés d’arbres et de buissons.
Tout a disparu, on a actuellement leurs modernes cousins : des
Bittacidés et des ginkgos. Chez qui ce mimétisme n’a pas été observé.
Il reste, miraculeusement conservé, des fossiles, trouvés en Mongolie
intérieure (Chine), qui apportent un second exemple de mimétisme chez
les Neuroptères anciens – après celui faisant se ressembler un
protochrysope à des feuilles de cycadale. L’insecte étend les ailes :
il ressemble étonnamment à la feuille quadrilobée de l’arbre.
Échappait-il ainsi à ses prédateurs ? Se camouflait-il pour leurrer ses
proies ? Dans ce cas, on peut penser qu’il s’était instauré une
association à bénéfice mutuel avec le végétal : abri contre
désinsectisation.
Actuellement, les insectes n’imitent que les angiospermes (plantes à
fleurs).
Dessin
de J. ginkgofolia
Article
source
(en ligne, an anglais, gratuit) : Yongjie Wanga et al., 2012. Jurassic
mimicry between a hangingfly and a ginkgo from China. PNAS.
841 Bête de concours
(suite et fin)
Le héros (si je puis dire) du fait divers entomophagique et tragique
relaté ci-dessous
est, selon les légistes, mort étouffé ; les insectes qu’il avait
trop goulument avalés ont obstrué ses voies respiratoires.
D’après « Bug eating contestant
choked to death », par Rachel Leigh. Lu le 27 novembre 2012 à www.wflx.com/
840 Après-rasage
Les trichomes sont les poils des plantes. Parmi leurs rôles, celui de
s’opposer à l’appétit des insectes a fait l’objet d’études. On eut
l’espoir ainsi de contrer les ravages du Doryphore, Leptinotarsa decemlineata (Col.
Chrysomélidé) en plantant des pommes de terre aux feuilles velues.
À Guam, île états-unienne des Mariannes, poussent des cycadales, dont
le Sagou du Japon Cycas revoluta,
victimes d’une cochenille, Aulacaspis
yasumatsui
(Hém. Diaspididé). On eut l’espoir de maîtriser cette peste invasive
par un agent de lutte biologique importé. Mais la coccinelle Rhyzobius lophanthae (Col.
Coccinellidé) ne fait pas son boulot. Pourquoi ?
Thomas Marler, de l’université de Guam, rasa (délicatement) des
cataphylles (sortes de pousses à la base des feuilles, velues) pour y
compter les cochenilles. Moins d’une heure après, les coccinelles
étaient accourues et commençaient à les dévorer. Au bout de 4 jours,
elles avaient éliminé la moitié de la population, parvenant au même
résultat que sur les feuilles voisines (glabres).
Les trichomes des cataphylles du Cycas offrent à son ravageur une
protection efficace contre l’auxiliaire. Plante, phytophage et
cocciphage n’ont nulle part évolué ensemble et il ne faudrait pas
chercher de signification évolutive à cette relation originale.
D’après, entre autres, « UOG:
Pest Uses Plant Hairs for Protection », lu le 26 novembre 2012 à www.pacificnewscenter.com/
PS : la diaspine, inféodée aux cycadales, récemment introduite en
Floride, sévit en Martinique et en Guadeloupe (nom local : petit
rameau). On redoute son arrivée en Europe où ces végétaux ont été
introduits comme ornementaux.
[R]
19 novembre 2012
À lire sur Internet :
Un insecte sud-américain entend avec ses tibias, par
Hervé Morin. Le
Monde, 15 novembre 2012.
[Copiphora gorgonensis, Orth. Tettigoniidé]
i5K : séquencer 5 000 génomes d’insectes. INRA,
8 novembre 2012.
La coccinelle asiatique, une
alliée devenue envahissante, par Vahé Ter Minassian. Le
Monde, 27 octobre 2012
[Harmonia axyridis, Col.
Coccinellidé]
" Chaque automne, on enregistre des pullulations de cet insecte importé
pour lutter contre le puceron. Histoire d'une expérience de lutte
biologique qui a trop bien tourné. "
Thérèse, la mouche qui meurt quand on
la " bzz ", par Pierre Barthélémy. Le
Monde, 27 octobre 2012.
Un peptide extrait du pois prometteur
comme bio-insecticide, par Brigitte Cauvin. INRA Magazine, octobre 2012.
839 Du vieux pommier à l’OGM
Octobre 2010 à Evansville (Indiana, États-Unis). Thomas Fritz,
ingénieur à la retraite, abat un vieux pommier. Une branchette lui
troue la main entre le pouce et l’index. Un infirmier nettoie la plaie.
Qui ne guérit pas. Un kyste se forme, un docteur met le bûcheron
amateur sous antibiotiques et envoie à un labo un prélèvement liquide.
Plus tard, un chirurgien extraira des éclats d’écorce et T. Fritz
guérira.
Le labo, incapable d’identifier la bactérie, transmet le prélèvement à
un service de référence à l’université de l’Utah. Le robot identifie Escherichia
coli mais les techniciens doutent de sa perspicacité. Il s’agit
plutôt d’un Sodalis, bactérie découverte, caractérisée et
cultivée en 1999.
Sodalis a été trouvé chez 17 espèces d’insectes, de la Tsé-tsé à
des charançons en passant par des poux d’oiseau (Mallophages) et des
punaises. À l’instar des symbiontes hébergés par les insectes (chez
quelque 10% d’entre eux), il produit notamment de la vitamine B1 et des
acides aminés indispensables, notamment, et possède un génome très
réduit.
En comparant le génome du Sodalis « libre » d’écorce de pommier
et de T. Fritz avec ceux de Sodalis glossinidius (de Glossina
morsitans, Dip. Glossinidé, la Tsé-tsé) et d’une souche inféodée à Sitophilus
oryzae, Charançon du riz (Col. Curculionidé), on a la surprise de
constater que la premier a 2 fois plus de gènes que les seconds. Et que
la perte (ou la désactivation) des gènes, liée à la domestication de la
bactérie par les insectes, s’est faite il y a quelques dizaines de
milliers d’années seulement.
Grâce à ce vieux pommier, on apprend que les relations symbiotiques
entre les insectes et leurs bactéries se sont installées isolément, par
absorption d’une souche répandue dans la nature – et pas seulement sur
les pommiers. La perpétuation de l’association à bénéfices mutuels est
assurée par l’avantage procuré et par la transmission du symbionte de
la mère à sa descendance.
Grâce à ce vieux pommier, on entrevoit aussi la possibilité de vaincre
entre autres la maladie du sommeil (transmise par la Tsé-tsé) et les
viroses transmises par pucerons (dépendants de symbiontes). Il
suffirait de fabriquer une souche de Sodalis
modifiée génétiquement
pour s’attaquer au pathogène dans le vecteur. Et de la répandre dans la
nature…
D’après « How Bacteria
Came To Live Inside Insects », lu le 16 novembre 2012 à www.redorbit.com/news/science/
838 Moins
grave que d’habitude
La circulation des voitures, camions, tracteurs et autres engins
produit un bruit très gênant. On s’y habitue, on adapte son
comportement, on parle plus fort… Le Criquet mélodieux, alias Oedipode
bimoucheté (Chorthippus biguttulus,
Orth. Acrididé), lui, hausse le
ton.
C’est ce qui ressort de l’analyse d’un millier de chants nuptiaux de
deux petites centaines criquets mâles, la moitié capturés dans un
endroit calme, l’autre près d’une route bruyante. Leur chant, créé par
le frottement du tibia postérieur avec l’aile, comporte une composante
basse, dans
le domaine des fréquences générées par le trafic. Chez les individus
vivant – et cherchant à séduire une partenaire – dans le bruit, cette
composante est émise à une fréquence supérieure. Sans doute plus facile
à percevoir et à reconnaître par la femelle dans cette ambiance
perturbante.
C’est la première fois qu’on met en évidence une adaptation aux bruits
générés par l’homme chez les insectes. Il reste à établir si cette
réaction est spontanée ou est, même partiellement, héréditaire.
Travaux de l’équipe d’Ulrike Lampe, université de Bielefeld (Allemagne).
D’après « Verkehrslärm verändert Zirpen von Grashüpfern », lu le 14
novembre à www.spiegel.de/wissenschaft/natur/
[R]
30 octobre 2012
837 Cache-tête
Un truc très petit, marron, sans points, sans tête tombe dans un pot de
Barber, piège posé sur une plage du Montana (États-Unis) par l’étudiant
Ross Winton. Un bout de fourmi, pense-t-il d’abord. Sous la bino, le
truc se révèle être un Coléoptère Coccinellidé. Avec une tête, enfoncée
dans un tube dans le thorax, un peu comme les tortues.
Le professeur Michael Ivie diagnostique un mâle, d’une espèce inconnue
dont il se souvient d’avoir vu passer la femelle. Il transmet la
trouvaille à des collègues australiens, spécialistes du groupe. Le truc
a désormais un nom vernaculaire, la Coccinelle de Winton, un nom
scientifique, Allenius iviei,
et une sous-famille, les Microweiséinés.
On ne connaît que 2 spécimens de cette espèce, la plus rare d’Amérique.
On ne sait rien de ses mœurs et de ce à quoi correspond la possession
d’un tube
où rentrer la tête.
D’après « Tiny 'headless' insect
turns out to be rarest ladybug in the United States », par Evelyn
Boswell. Lu le 23 octobre 2012 à www.montana.edu/cpa/news/
Épingles
parues dans Insectes n° 166 (3e tr. 2012)
836 Le supplice de la
goutte d’eau
On est à Bornéo, ça dure bien moins longtemps qu’en Chine. Le truc est
appétissant : du nectar en abondance. L’accueil est agréable aux
tarses, un tapis de cristaux en forme de colonnes accrocheur – c’est
très bien car on doit se maintenir le ventre en haut, à la face
inférieure d’une sorte de feuille. On entend la pluie arriver, on est
bien à l’abri et… On tombe et rejoint dans un bain enrichi en enzymes
d’autres piégés qu’une Nepenthes
gracilis digère vivants lentement, très lentement.
On a aussi fait – devant des chercheurs de l’université de Cambridge,
au Royaume-Uni – la démonstration du fonctionnement d’un mécanisme
jusque-là inconnu chez ce genre de plantes carnivores : la capture
assistée par goutte d’eau, laquelle est nécessaire et suffisante pour,
en s’écrasant sur le dessus du couvercle, déloger l’insecte suspendu
dessous et le précipiter vers l’« estomac » que constitue l’urne
remplie de sucs digestifs.
Article source : Bauer U. et al.
2012. With a Flick of the Lid: A Novel Trapping Mechanism in Nepenthes
gracilis Pitcher Plants. PlosOne
7(6): e38951. doi:10.1371/journal.pone.0038951 (en ligne).
835 Fiat
lux
Par rapport aux organismes marins, il y a très peu d’espèces terrestres
douées de bioluminescence. Un escargot, quelques vers de terre et
myriapodes et… une poignée de Coléoptères ainsi qu’un Diptère, vus dans
ces pages il n’y a pas bien longtemps (Les
insectes noctiluques, par Alain Fraval. Insectes n°154 – 2009(3),
Pourquoi donc ? Peter Vršanský, paléobiologiste à l’Académie des
sciences slovaque et son équipe ont examiné l’évolution, au long des
âges géologiques, des organismes bioluminescents, marins et terrestres.
Il en ressort que les premiers luisent depuis le Dévonien – il y a 400
millions d’années – et que les seconds ne luisent tout au plus que
depuis 65 millions d’années.
Pourquoi donc (re) ? Il semblerait que le phénomène est apparu (et
s’est maintenu) avec la diversification de la vie nocturne, à cette
époque, ou bien qu’il ait fallu attendre que ces animaux eussent résolu
le problème de la détoxification des produits résultants de la
bioluminescence dans un environnement bien plus chaud et variable que
l’océan.
Il y a peu, la même équipe a redécouvert en Amérique du Sud tropicale
une blatte, Lucihormetica luckae,
qui ressemble à s’y méprendre (dans le noir) au « cucujo » Pyrophorus noctilucus (Col.
Élatéridé) ; grâce à des paquets de bactéries luminescentes bien placés
et s’allumant au bon rythme, elle se fait passer pour le taupin,
immangeable. À ajouter à l’article susnommé.
D’après « Glowing insects
evolved surprisingly recently » par Karl Gruber, lu le 21 août 2012 à www.newscientist.com et «
ScienceShot: Glowing Roaches Mimic Toxic Beetles » par Sid Perkins, lu
le 22 août 2012 à //news.sciencemag.org/sciencenow/
834 Réseau social piraté
Le caféier est ponctionné par la Cochenille verte, Coccus viridis (Hém. Coccidé), qui
se fait boulotter par la coccinelle grise à 2 gros points noirs Azya orbigera (Col. Coccinellidé)
pour peu que sa gardienne et éleveuse la fourmi brune Azteca instabilis (Hym. Formicidé)
relâche sa vigilance ou ait perdu la tête, parasitée par la mouche
décapiteuse, Pseudacteon laciniosus
(Dip. Phoridé).
La protection que la fourmi assure à la cochenille ressortit (en
écologie) aux « effets indirects liés à des changements de traits
spécifiques », alias TMII (pour trait-mediated
indirect interactions). C’est classique.
La façon dont la coccinelle se débrouille pour pondre malgré la chasse
que lui fait la fourmi (qui la dévore à tous les stades) est une «
cascade » de 2 TMII, le second avec 3 protagonistes, comme on en
n’avait jamais mis en évidence.
Par des expériences en élevage (au Chiapas, Mexique), Hsun-Yi Hsieh et
ses collaborateurs ont en effet découvert ceci : les coccinelles
(adultes femelles, les mâles sont en dehors du coup) parviennent à
cacher leurs œufs (sous les cochenilles !) en profitant de la torpeur
des fourmis qui font ensemble les mortes car rôdent des mouches
décapiteuses. C’est assez efficace car les phorides femelles prêtes à
pondre chassent à vue et ne repèrent que les fourmis actives.
Le signal spécifique avertissant les ouvrières est chimique, une
phéromone. C’est lui que les coccinelles interceptent et elles se
rassemblent pour pondre tranquillement là où volent les phorides. Les
mouches décapiteuses favorisent les coccinelles.
Ce système étonnant n’est très certainement pas unique. Il est peu
probable qu’il soit né dans les caféières, agroécosystème récent. On en
découvrira d’autres, il suffit de chercher.
Sa découverte renforce les arguments contre la lutte contre les fourmis
– que les planteurs voient bien favoriser la cochenille, leur ennemi.
Article source en ligne (en
anglais, gratuit) à : //onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ece3.322/full
À (re)lire, l’Épingle « Fourmis,
avalanches, etc. » de 2008.
[R]
22 octobre 2012
À lire sur Internet :
En
Alsace, une colonie d'abeilles produit un mystérieux miel bleu,
par Sophie Landrin. Le
Monde, 3 octobre 2012.
833 Le retour des migrants : la
solution
Chaque printemps, en provenance
d’Afrique, elles atterrissent en Angleterre, par vols entiers. Attirées
sans doute par les ressources et la belle vie, elles s’installent,
profitent, copulent, prolifèrent et… on ne les voit plus. Selon
l’hypothèse dite du joueur de flûte de Hamelin (un dératiseur
légendaire qui charma et entraîna à leur perte les rongeurs de la
ville), elles crèvent sur place.
L’hypothèse ne tient plus. Grâce aux 60 000 observations
d’entomologistes amateurs à l’œil aiguisé – enrôlés dans une opération
de science participative à l’échelle de l’Europe – et surtout à un
radar, on a pu observer la migration de retour de la génération de fin
d’automne de la Belle Dame, Vanessa
cardui (Lép. Nymphalidé). Les papillons retournent en Afrique
pour hiverner, en volant trop haut pour qu’on les voie : souvent à plus
de 1 000 m et à plus de 48 km/h.
Le radar, installé à la station de recherches agronomiques de
Rothamsted, a détecté 11 millions de papillons arrivant au printemps
2009 et 26 millions sur le chemin vers le Sud. On estime que le voyage
aller, qui peut s’achever au niveau du cercle polaire, est l’œuvre
d’individus de 6 générations successives. Avec ses 9 000 km
d’amplitude, cette migration est bien plus importante que celle des
célèbres Monarques d’Amérique.
D’après « Radar helps solve
painted lady migration mystery », par Matt Bardo. Lu le 19 octobre 2012
à www.bbc.co.uk/.
À (re)lire : Les migrations de papillons
en France, par Antoine Lévêque. Insectes
n° 128 (2003-1).
832 Le cerveau des ancêtres
La place des Hexapodes (insectes, collemboles…) parmi les arthropodes
fait l’objet de discussions. On a défini les Pancurstacea, regroupant
avec les Hexapodes et les Crustacés qui seraient apparus plusieurs fois
en leur sein. Selon une autre hypothèse, les insectes dérivent des
anciens Brachyopodes. La découverte récente d’un fossile de Fuxianhuia protensa, datant du
Cambrien, vieux de 520 millions d’années apporte des éléments nouveaux.
L’animal, de constitution simple et long de quelques centimètres,
possède un cerveau bien conservé. On y distingue (au microscope) 3
parties – les classiques proto-, deuto- et tritocerbron, apanage des
crustacés supérieurs et des insectes. Les lobes oculaires sont bien une
expansion du premier, les antennes sont « branchées » sur le second,
etc.
Ce cerveau « évolué » était présent bien avant d’autres organes et
dispositions anatomiques. Il aurait été conservé chez les crustacés
supérieurs (Malacostracés) et nos insectes ; il aurait régressé en un
cerveau en 2 parties seulement chez les Brachyopodes (artémies, etc.).
D’après, notamment «
Ancient, fossilized, insect-like brain surprisingly complex » par
Stephanie Pappas. Lu le 11 octobre 2012 à www.csmonitor.com/
Photo
du fossile
831 Bête de concours
Un type est mort à 32 ans des suites d’une dictyoptérophagie
fulgurante, dont c’est le premier cas connu. Cela s’est passé à
Deerfield Beach (Floride, États-Unis), dans une animalerie. Ce soir là,
un python (à 850 $) était le lot gagnant du concours ; il s’agissait
d’avaler (en croquant ou pas) le plus possible de vers dégueulasses
(appâts pour la pêche) et d’insectes répugnants (de gros cafards,
provende des animaux en cage). C’est le type qui a gagné ; il est sorti
tout content et s’est écroulé. Le python ira à ses héritiers (2 jeunes
enfants). Normalement, les blattes sont saines, a indiqué un prof
d’entomo ; alors qu'est-ce qui l'a tué ? Les 30 participants avaient
signé une décharge, a précisé le patron de la boutique.
D’après, entre autres, «
Death of cockroach-eating contest winner in Florida puzzles experts »,
lu le 10 octobre 2012 à //usnews.nbcnews.com [R]
À
voir et à lire sur Internet :
Les fourmis prennent de
meilleures décisions en groupe. Maxisciences,
29 septembre 2012.
Temnothorax rugatulus (Hym.
Formicidé)]
Un insecte vieux de 300 millions
d'années en 3D, par Damien Hypolite. Sciences
et Avenir, 26 septembre 2012.
[Anebos phrixos gen. et sp.
nov. et Blattodea.]
Article
source (gratis, en anglais)
Du jus de fourmi contre les mauvaises
herbes. À Troyes. Youtube.
[R]
21 septembre 2012
À lire sur Internet :
Biodiversité : où sont les
pollinisateurs ? Le programme de sciences participatives SPIPOLL
apporte une première réponse. CNRS, 20
septembre 2012
Article
source : Deguines N, Julliard R, De Flores M, Fontaine C (2012) The
Whereabouts of Flower Visitors: Contrasting Land-Use Preferences
Revealed by a Country-Wide Survey Based on Citizen Science. PLOS ONE, 20 septembre 2012
Le bourdon suivi au radar dans des
fleurs artificielles, par Hervé Morin.
Le Monde, 21 septembre 2012.
[Bourdon terrestre Bombus terrestris,
Hym. Apidé]
Du
bienfait des bains de soleil… pour les insectes, par Ariel
Fenster. Agence
SciencePresse, 15 septembre 2012
[Boisea rubrolineata, Hém.
Rhopalidé]
830 Les fourmis
conservent
une relique
Depuis le Tertaire, une petite plante, qui fleurit en mai-juin,
s’accroche à deux falaises pyrénéennes verticales : Borderea chouardii (Dioscoréacée).
Pendant quelques années, une équipe hispano-danoise de
myrméco-botanistes grimpeurs a observé sa pollinisation et sa
dispersion.
Le pollen est transporté essentiellement par Lasius grandis et par L. cinereus (Hym. Formicidés)
tandis que l’élaïosome des graines intéresse Pheidole pallidula, cette troisième
fourmi, assurant le tiers de leur transport.
La survie de la plante dépend donc de ce double mutualisme mais elle a
d’autres atouts : elle vit jusqu’à 3 siècles et pousse là où aucun
herbivore ne peut venir la brouter. Article
source (en anglais).
829 Pour en finir avec
le
bourdon
Bombus dahlbomii vit en
Amérique du Sud tempérée. C’est le seul Bombus (Hym. Apidés) autochtone ;
il assure un rôle-clé dans la pollinisation des plantes locales. Il est
par ailleurs le plus gros bourdon du monde. Il périclite.
Présumé coupable, le Bourdon terrestre Bombus terrestris, importé en 1997
au Chili depuis l’Europe pour polliniser les cultures. Échappé des
serres, on l’a signalé en pleine nature en 2006 en Patagonie. En même
temps qu’on a noté le début du déclin du Bourdon géant. La compétition
n’est pas en cause ; la mortalité de l’espèce indigène est due à un
parasite monocellulaire Apicystis
bombi, une Néogrégarine décrite d’Europe (et d’Amérique du Nord)
en 1996, où elle est rare. Il est très probable que ce pathogène a été
apporté par B. terrestris.
Sa présence antérieure n’est pas exclue mais il est impossible de le
vérifier : il n’y a pas assez de Bourdons géants pour constituer un
échantillon valable.
Le Bourdon des champs B. pascuorum
introduit au Chili dans les années 1980 n’a pas apporté cette maladie,
des tests ADN sur des individus conservés depuis cette époque l’ont
montré.
Le Bourdon géant va sans doute disparaître rapidement et avec lui les
plantes andines que lui seul peut polliniser avec sa longue langue.
D’après « Plight of the
Bumblebee », par Anthony King. Lu le 14 septembre à //news.sciencemag.org/sciencenow/
[R]
12 septembre 2012
À lire sur Internet :
Comment on peut mourir de trop se
défendre contre une bactérie, par Pierre Barthélémy. Le
Monde, 9 septembre 2012,
[Wolbchia / Porcelio spp. (cloporte)]
Record : les plus vieux arthropodes
que l'ambre a emprisonnés, par Quentin Mauguit, Futura-Sciences,
30 août 2012.
Le record du plus vieil insecte trouvé dans l’ambre (environ 130
millions d’années) vient d’être battu de 100 millions d’années grâce à
la découverte d’un moucheron et de deux acariens dans les Dolomites en
Italie.
À noter :
VIIe Colloque national d'Arachnologie.
Vendredi 5 octobre 2012 à Fouras (17). Gratuit, sur inscription. Programme.
828 Les 400 nez
des
fourmis
Le monde des fourmis est fait de senteurs ;
ce sont les insectes les mieux dotés en récepteurs olfactifs (RO) – des
protéines qui détectent une odeur particulière. Elles en possèdent
environ 400 contre 52 chez le Ver à soie et 174 chez l’Abeille
domestique, de quoi mener une vie sociale hautement organisée.
Laurence Zwiebel (université Vanderbilt) et son équipe ont séquencé
puis analysé le génome de deux espèces, très différentes : la Fourmi
charpentière de Floride Camponotus
floridanus et une fourmi sauteuse indienne Harpegnathos saltator. La première
vit en colonies avec une unique reine, la seconde par petits groupes où
des ouvrières peuvent se reproduire. Au-delà des différences de RO
entre ces deux fourmis, il a été mis en évidence que les mâles n’ont
que le tiers de l’équipement des femelles.
D’autres résultats intéressants et/ou curieux ont été trouvés. En
particulier, les mâles et les ouvrières de la fourmi sauteuse sont
porteuses d’un RO sensible à un composé de l’essence d’anis, un
répulsif pour beaucoup d’insectes, tandis que l’ouvrière charpentière
possède de quoi détecter le steak de bœuf cuit mais aussi la grillade
de porc – une capacité qui laisse perplexe.
Pour identifier la compétence olfactive de chaque gène, on a mobilisé
des grenouilles – en fait leurs œufs, greffés avec ledit gène et
branché sur un détecteur de courant électrique.
D’après « Ants have an
exceptionally 'hi-def' sense of smell », lu le 10 septembre 2012 à //phys.org/news/
827 Le
cafard ça se maîtrise
L’équipe d’Alper Bozkurt (Université de Caroline du Nord, États-Unis)
est parvenue à piloter à distance une blatte. Pour ce faire, on équipe
la bête – une Blatte souffleuse de Madagascar, Gromphadorhina portentosa (Blatt.
Oxyhaloïdé) - d’un sac à dos encombrant et pesant (0,7 g). Dedans, un
émetteur-récepteur radio et un circuit électronique délivrant les
signaux adéquats aux électrodes piquées dans les cerques et les
antennes.
Une impulsion dans les cerques fait croire à notre cancrelat qu’une
menace arrive par derrière : elle avance. Un coup dans une antenne et
il pense qu’il vient de heurter quelque chose : il tourne.
Comme pour toutes ces créatures, les fonds viennent de l’Armée
états-unienne mais le but est de mettre en œuvre une nuée de petits
sauveteurs à haute faufilabilité pour explorer des ruines après un
tremblement de terre.
D’après « Researchers Develop
Technique to Remotely Control Cockroaches », par Matt Shipman. Lu le 9
septembre 2012 à //web.ncsu.edu/
Photo de la blatte équipée. http://web.ncsu.edu/abstract/wp-content/uploads/2012/09/Bozkurt-Roach-1-615.jpg
NDLR 1 : rappelons que ces
insectes-esclaves-espions ressortissent à l’ordre des Zombiptères, déjà
riche de plusieurs prototypes épinglés.
NDLR 2 : l'OPIE propose, pour 9 € le
lot de 6, des Blattes souffleuses de Madagascar. Ici.
826 Des portables pour
les
ouvrières en danger
Formica lugubris (Hym.
Formicidé) est une espèce polycalique et polygyne, parfois
esclavagiste. Elle habite les peuplements de résineux ou mixtes en
altitude où elle construit des dômes à l’instar des fourmis rousses
(dont elle est très proche). Son régime entomophage - elle s’attaque
volontiers aux chenilles défoliatrices mais fait son ordinaire de
miellat de pucerons – l’a fait importer en Amérique du Nord. En
Angleterre, où elle fut commune et connue (c’est la plus grosse
fourmi), ses populations sont gravement menacées par l’anthropisation
et elle est protégée.
Près de Sheffield, résident dans un bon millier de nids 50 millions
d’ouvrières. Qui vont et viennent d’un dôme à l’autre. Pour mieux
connaître ce trafic, un millier d’individus se sont vus coller sur le
dos par des entomologistes de l’université de York une balise radio (1
x 1,6 mm) qui permet de les identifier au passage et de repérer leurs
chemins.
On attend de cette manip des indications sur les précautions à prendre
et les aménagements à prévoir lors des travaux forestiers sur leur
domaine.
D’après, entre autres, « York
scientists track insects by antennae », lu le 24 août à //www.yorkpress.co.uk/
[R]
18 août 2012
À lire sur Internet :
Les lois de l'attraction d'un
Coléoptère nécrophage, par Sandrine Cabut. Le
Monde, 18 août 2012.
[Dermestes maculatus,
Col. Dermestidé]
De la photosynthèse chez les pucerons. Le
Monde, 18 août 2012.
[Acyrtosiphon pisum, Hém.
Aphididé.
Article
source en ligne, gratuit, en anglais]
Des
papillons modifiés génétiquement par les radiations de Fukushima.
Le
Monde.fr avec AFP, 14 août 2012.
[Lép. Lycénidés]
Pourquoi le figuier mâle se parfume en
femelle, par Pierre Barthélémy. Le
Monde, 8 août 2012.
[Blastophaga psenes, Hym.
Agaonidé]
L’invasion des manteaux pâles,
par Patrice Costa. Vosges
Matin, 8 août 2012.
La petite chenille aux poils urticants d’un papillon nocturne prolifère
actuellement en Lorraine. Problème : elle s’invite dans les maisons,
jusque dans les lits de leurs hôtes. Psychose de la grattouille ?
[Eilema caniola, Lép. Érébidé]
Le « graal » de l'entomologie enfin découvert : le plus ancien insecte
fossile complet du monde. CNRS,
2 août 2012.
[Strudiella]
Des artefacts exceptionnels de 44 000
ans en Afrique du Sud, par F. Belnet. Hominidés,
2 août 2012.
[Le plus ancien cas connu d’utilisation de cire d’abeille]
Un termite-kamikaze se fait exploser
au combat, par Pierre Barthélémy. Le
Monde, 29 juillet 2012.
[Neocapritermes taracua,
Blatt. Termitidé]
La drosophile : un insecte au service
de la santé animale. INRA,
25 juillet 2012.
[Fièvre catarrhale ovine / Drosophila
(Sophophora) melanogaster, Dip.
Drosophilidé]
825 Chasse à vue
Semachrysa jade est un
Chrysopidé (Neuroptère) nouveau pour la science. Il vit en Malaisie et
a été découvert, par un entomologiste professionnel, en Californie
(États-Unis). C’est sur son écran d’ordinateur que celui-ci l’a repéré,
parmi les photos d’insectes qu’il regardait sur Flikr, site de partage d’images sur
Internet.
Le photographe a fourni une femelle qui a servi à décrire l’espèce. Une
autre a été trouvée… au Muséum d’histoire naturelle de Londres
(Royaume-Uni).
D’après « New Bug Species Found
in Photos Online », par Megan Gannon. Lu le 8 août 2012 à www.livescience.com/ Fiche (en anglais)
avec photos.
824 Les papillons
marchent au
susucre
C’est la première fois qu’on compare un apprentissage avec une
récompense à la clé et un apprentissage pour rien. Ikuo Kandori et
Takafumi Yamaki de l’université Kinki (Japon) ont observé des papillons
de Byasa alcinous (Lép.
Papillionidé) butinant des fleurs artificielles de différentes couleurs
et offrant ou non du nectar (la récompense).
Les papillons ont une préférence innée pour certaines couleurs. Ils
apprennent facilement à éviter, parmi celles-ci, celles qu’ils
associent avec l’absence de nectar. Mais l’association
couleur-récompense est bien plus rapide.
Ils parviennent ainsi à exploiter au mieux un champ où des fleurs
nectarifères sont disséminées parmi d’autres, d’une couleur a priori
attractive mais qui n’offrent rien.
D’après « Insects learn
faster when they are rewarded with nectar », lu le 1er août 2012 à //phys.org/news/
[R]
27 juillet 2012
À lire sur Internet :
Quand s'accoupler rime avec danger. Radio
Canada, 24 juillet 2012
" Les sons qu'émettent les mouches lorsqu'elles copulent augmentent
grandement leur risque de servir de repas aux chauves-souris, ont
découvert des chercheurs allemands de l'Institut Max Planck
d'ornithologie."
Des poissons utilisent un appât en forme de fourmi pour pêcher leur
femelle. Guru
Médittion, 14 juillet 2012.
Changements climatiques : un papillon apparaît au Québec. Radio
Canada, 16 juillet 2012.
[Papilio cresphontes, Lép.
Papilionidé]
Redouté, le moustique "tigre" est arrivé aux portes de Paris, par Rémi
Barroux. Le
Monde, 17 juillet 2012.
[Aedes albopictus, Dip.
Culicidé]
À (re)lire, Le
Moustique tigré, ses œufs dans des pneus, par Alain Fraval. Insectes n° 159 (2010-4).
Des chercheurs de l'ULB viennent de
mettre à jour un mode de reproduction hybridogène chez une fourmi du
désert. BE
Belgique 63, 10 juillet 2012.
[Cataglyphis hispanica (Hym.
Formicidé)]
Chiens renifleurs contre xylophages. La
lettre du DSF, juin 2012.
[Longicorne asiatique Anaplophora
(Col. Cérambycidé)]
Encyclop’aphid, encyclopédie des
pucerons par Evelyne Turpeau, Maurice Hullé, Bernard Chaubet (INRA
Rennes). Textes introductifs et fiches (espèces de pucerons,
prédateurs, parasitoïdes, etc.).
À (re)lire « Les pucerons », par Alain Fraval, Insectes nos 141 et 142
(2006).
823 La mouche matheuse
Un Diptère amélioré, qui possède les bases du calcul numérique, vient
d’être fabriqué, au labo. L’équipe canado-états-unienne (des
universités Wilfried Laurier et de Californie) a soumis des mouches du
vinaigre adultes à un programme scolaire intensif. Un seul cours,
de 20 minutes, répété. Les apprenantes, installées dans une boîte,
reçoivent des salves de 2, 3 ou 4 flashes, celles de 2 et de 4 éclairs
coïncidant avec le secouage de leur conteneur. Les écolières finissent
par piger et par se préparer à bon escient à l’ébranlement de leur
substrat, c’est-à-dire qu’elles savent désormais compter.
Ceci survient à la 40e génération.
Il reste à comparer l’organisation du cerveau de ces surdouées avec
celle des mouches du vinaigre naturelles.
D’après « Geneticists Evolve
Fruit Flies With the Ability to Count », lu le 12 juillet 2012 à
www.escapistmagazine.com/
NDLR : le lâcher dans la nature de ces drosos à bosse des maths ne
paraît pas risquer de mettre la Planète en péril. Les poussins et les
salamandres sont au même niveau en calcul, ce qui a été montré chez ces
dernières en disposant au bout d'un tunnel en Y 2 ou 3... drosophiles.
822 L’évolution de la
consommation de toxiques Des mutations confèrent à des
individus des capacités nouvelles – et favorables ; ceci se fait le
plus souvent de façon imprévisible et si l’on pouvait « rembobiner le
film de la vie » (comme l’a dit Stephen J. Gould), on aboutirait dans
la plupart des cas à un résultat tout autre. Un cas d’évolution
prévisible (et en principe reproductible) vient d’être publié.
Les cardénolides (digitaline et molécules voisines) sont produits par
les plantes pour se défendre des insectes phytophages. Ils agissent en
empêchant le fonctionnement de la pompe à sodium, au niveau de la
membrane des cellules que le sodium et le potassium traversent grâce à
une enzyme, la Na,K-ATPase. C’est cet indispensable enzyme qui est
rendu inopérant par le toxique.
Les cardénolides sont mortels, sauf pour quelques espèces, éloignées
dans la classification, qui se repaissent impunément ces plantes. Ainsi
la chenille du Monarque d’Amérique, Danaus
plexippus (Lép. Nymphalidé) se nourrit-elle d’asclépiade.
Dans ce cas, on avait repéré la mutation N122H du gène de la
Na,K-ATPase, qui empêche la molécule insecticide de s’y lier. L’examen
de 18 espèces – Coléoptères, Lépidoptères, Diptères, Hémiptères –
insensibles aux cardénolides a révélé que dans tous les cas la même
mutation leur permet de consommer les plantes sécrétant des
cardénolides. Chez 11 des espèces étudiées, une seconde mutation est
présente, qui renforce l’effet protecteur. Elle le double, comme l’a
montré l’incorporation de ces deux gènes mutés à des cellules en
culture.
La pompe à sodium est un mécanisme moléculaire très ancien, présent
chez les Vertébrés sous une forme très voisine. Pour la protéger, il
n’y avait qu’une seule voie possible, montre ce cas d’évolution
prédictible.
Travaux conduits par Susanne Dobler, spécialiste de l’évolution
moléculaire à l’univeristé de Hamburg (Allemagne).
D’après « Evolution predictable
for insects eating toxic plants », par Krishna Ramanujan. Lu le 24
juillet 2012 à ://phys.org/news/
PS : absent de l’étude ci-dessus, le criquet sahélien Poekilocerus bufonius hieroglyphicus (Orth.
Pyrgomorphidé), bleu et jaune, s’arrange lui aussi avec les
cardenolides qu’il absorbe à partir des très vénéneux Calotropis. Il en fait même une
arme défensive, projetant sur l’ennemi un liquide laiteux, jusqu’à 50
cm grâce à des pores spéciaux placés sur la ligne médiane du thorax et
à la base des pattes.
[R]
9 juillet 2012
À lire sur Internet :
Abeilles : la faillite de l'évaluation des pesticides, par Stéphane
Foucart. Le
Monde, 9 juillet 2012.
La plus petite mouche du monde est-elle une coupeuse de têtes ? Par
Pierre Barthélémy. Le
Monde, 7 juillet 2012.
Un virus transmis par un acarien décimerait les abeilles. RTflash,
17 juin 2012.
[Varroa]
Recherche innovante : un blé génétiquement modifié répulsif pour les
pucerons et attractif pour les auxiliaires. Club
Adalia, 4 juin 2012.
821 Boutefeux
Les scolytes (Col. Curculionidés), petits insectes sous-corticaux,
tuent les arbres en mauvaise condition, ce sont des xylophages
secondaires. Ils ont durant ces dernières 15 années transformé 1
million d’hectares de forêts états-uniennes en un « laid et lugubre
patchwork de gris et de brun ». Le Colorado vient de subir les pires
incendies de la décennie tandis que le Nouveau Mexique se remet
lentement de 2 saisons catastrophiques.
La sécheresse et les vents violents sont bien sûr impliqués mais les
scolytes (indigènes) aussi. Ceux-ci sont clairement accusés de rendre
les feux plus intenses mais les spécialistes se disputent. L’analyse
des incendies récents montre que ceci peut être le cas – mais que c’est
loin d’être la règle.
De nombreux facteurs jouent, outre la météorologie et la topographie :
l’espèce de scolyte (il y en a une quinzaine dans l’Ouest), l’essence
attaquée, l’état et le taux de mortalité des sujets. Les aiguilles
rougies, très sèches, sont certes un très bon combustible alimentant
les feux de couronne mais les études montrent qu’un peuplement
dépérissant ne brûle pas mieux qu’un peuplement vert et que les
squelettes d’arbres, quelques années après l’attaque des scolytes, ne
sont pas un problème tant qu’ils sont debout ; tombés, il alimentent la
propagation de l’incendie et entravent la progression des pompiers –
mais ils se décomposent alors rapidement.
La lutte directe contre les scolytes et leurs nuisances (chutes
d’arbres) est active dans les zones peuplées. Sinon, on s’efforce de
remplacer les forêts pures de pin tordu et d’épicéa (alias épinette),
dans les Rocheuses, par des peuplements mélangés moins sensibles.
Actuellement, les scolytes et le feu profitent tous deux de
l’affaiblissement général des arbres, dû à l’intense concurrence entre
les sujets, qui naît de l’absence – due aux forestiers - de feux de
forêt…
D’après « Scientists sorting
out beetle-fire relationship ». Dépêche AP, lue le 1er juillet 2012 à www.foxnews.com/
820 Microbe à bascule
Photorhabdus luminescens
(Bactérie Entérobactériale) vit dans le tube digestif d’Heterorhabditis bacteriophora
(Nématode Hétérorhabditidé) qui vit dans l’hémocèle de larves
terricoles de Coléoptères qui meurent en moins de 2 jours. Ce qui est
utilisé couramment en lutte biologique contre les ravageurs du gazon,
entre autres.
La mort du ver blanc (par exemple) est provoquée par des toxines et des
enzymes libérés par la bactérie, en plus d’antibiotiques destinés aux
concurrentes. Le nématode s’alimente du résultat, en même temps que la
bactérie ; l’un et l’autre se multiplient ; les juvéniles du premier,
munis de la bactérie dans leur tube digestif, partent à la chasse au
ver blanc.
Ce couple symbiotique est bien connu, le génome du nématode est décodé
depuis 2003. Vishal Somvanshi (université de l’État du Michigan,
Etats-Unis) et ses collaborateurs viennent de découvrir le mécanisme de
la double existence de la bactérie. Celle-ci est soit quasi-dormante –
c’est la forme M, chez le nématode – soit très active et proliférante –
forme P, chez l’insecte. Pour passer de l’un des états à l’autre, une
bascule du promoteur d’un gène. Cette bascule n’a pas de commande
explicite, elle joue au hasard et ce sont les conditions de
l’environnement de la bactérie – nématode ou insecte – qui font
proliférer l’une ou l’autre des formes.
D’après « Worm kills insects by
vomiting Hulk-like bacteria », lu le 5 juillet 2012 à
//blogs.discovermagazine.com/
PS : Photorhabdus luminescens
luit effectivement ; on ignore à quoi cela sert. Il peut infecter des
blessures et les antibiotiques produits sont salvateurs ; il produit le
« angel’s glow », lueur des anges, remarqué et apprécié par les soldats
de le guerre de Sécession.
819 Puer des pieds
pour
attirer les araignées ?
Que les moustiques répondent à l’odeur humaine, ça on le savait. Mais
que leurs prédateurs aussi, ça on l’ignorait. Et c’est pourtant ce
qu’ont découvert deux chercheurs Néo-Zélandais et Kenyan, Fiona R.
Cross et Robert R. Jackson. L’araignée sauteuse Evarcha culicivora - prédateur
spécialisé dans la chasse et la capture d’Anophèles - se nourrit
indirectement de sang de vertébrés. En effet d’autres études ont montré
qu’elle choisit préférentiellement les moustiques gorgés de sang dont
elle est très friande : elle peut en ingurgiter plus de 20 par
nuit. Seulement pour trouver sa proie, elle ne la cherche pas
directement : elle préfère trainer aux endroits privilégiés par
sa victime - les habitations humaines - et l’attend
patiemment, tapie dans l’ombre.
Les moustiques sont attirés par le CO2 et les odeurs corporelles
humaines. La petite araignée sauteuse - elle - répond
positivement aux odeurs de chaussettes ayant été portées une journée
entière par un homme : quand elle se trouve dans une zone où l’odeur
humaine est présente, elle va s’attarder plus longtemps que si l’odeur
est absente. Les deux chercheurs ont de plus montré que l’attirance
pour l’odeur humaine est aussi importante chez les jeunes que chez les
adultes, ce qui signifie que c’est une attirance innée. Cet exemple est
une parfaite illustration de coévolution entre un prédateur et sa proie.
par Romain Calleau et
Pierre-Olivier Maquart
Signalé par l'Épingle Podophilie
de 2011.
[R]
818 Bonne
en calculs
Grâce à ses bonnes dispositions, on peut sous le
microscope, en examinant ses tubes de Malpighi, la voire faire ses
calculs. Ce sont des cristaux de calcaire ou d’oxalate qui,
semble-t-il, ne la font pas souffrir.
La droso, encore elle, devient en plus de ses multiples compétences un
modèle de choix pour l’étude et la recherche de la prévention des
néphrolithiases chez l’Homme. Les derniers travaux de Julian Dow
(université de Glasgow, Royaume-Uni) et de l’États-Unien Michael Romero
montrent comment ces calculs se développent en fonction de
l’alimentation de l’insecte. Ils ont également identifié un gène qui
commande l’accumulation d’oxalate ; s’il est désactivé, la mouche
produit moins de calculs.
Pourtant, notre ancêtre commun a disparu il y a 400 millions d’années.
Mais Drosophila (Sophophora) melanogaster possède 70% de gènes
homologues de ceux de l’entomologiste et ses 2 paires de tubes de
Malpighi ont grosso modo les mêmes fonctions que les 2 reins du susdit.
Elle est de plus très bon marché et facile à disséquer.
D’après « Fruit flies get
kidney stones too », communiqué de l’université de Glasgow lu le 23
mars 2012 à //medicalxpress.com/
À lire : Dow J.A., Romero M.F., 2010. Drosophila provides rapid
modeling of renal development, function, and disease. Am. J. Physiol. Renal Physiol.
299(6):F1237-44.
817 Face à la
coprodiversité
mondialisée
Les bousiers (Coléoptères Scarabéidés
essentiellement) sont des animaux délicats. S’ils aiment les excréments
en général et aussi les cadavres, quelle est leur appétence pour des
crottins, fumées, bouses, fientes, merdes, laissées, moquettes, cacas,
selles, brans, épreintes, fèces, sentinelles et aussi des charognes
issus d’animaux allochtones ?
On a en mémoire la catastrophe provoquée par les bousiers australiens
refusant de traiter les déjections des vaches importées en 1778
d’Europe.
D’où une grosse manip, dans un vaste ranch d’élevage bovin au Nébraska
(États-Unis), durant deux étés (2010 et 2011), menée par Sean Whipple,
chercheur à l’université.
Au ras du sol, des pots de Barber, soit des pots-pièges aux parois
ingrimpables appâtés avec différentes matières d’intérêt : du rat mort
et des matières produites par des mammifères de différents régimes
alimentaires, des espèces locales – dont le bison et le couguar – ou
exotiques – parmi elles le cob, le lion et le chimpanzé.
9 000 bousiers ont ainsi été capturés, de 15 espèces différentes. Les
appâts préférés ? Les étrons d’entomologiste et de chimpanzé
(omnivores) arrivent en tête, suivis du cadavre de rat (prisé par des
espèces particulières). Viennent ensuite la merde de cochon (omnivore)
puis les crottes de lion et de tigre (carnivores). Les bouses
d’herbivores ne font pas recette, même celles du bison familier. Bref,
en gros, plus ça pue, plus c’est intéressant.
D’après « Dung Beetles’
Favorite Feces Comes From Omnivores, Research Shows » par Jennifer
Welsh, lu le 13 avril 2012 à www.huffingtonpost.com
816 Familles
décomposées et
recomposées
La taxinomie s’appuie désormais sur la biologie moléculaire, les
caractères morphologiques et anatomiques à la base de la classification
classique se révèlent dans bien des cas non fiables car ils ne
caractérisent pas des groupes monophylétiques. Du réexamen des taxons
admis jusque-là, il ressort que certains changent de niveau, des
familles éclatent, d’autres se fondent dans une nouvelle identité.
Les usages anciens perdureront mais la rigueur entomologique impose
d’utiliser la nouvelle nomenclature – qui n’est pas admise par tout le
monde dans tous ses détails - et il y aura une certaine confusion…
Ainsi, les 157 424 Lépidoptères connus dans le Monde (un peu plus de 8
000 espèces en Europe) ont fait l’objet d’un travail de révision
générale, coordonné part Erik von Nieukerken* et qui a mobilisé une
cinquantaine de lépidoptérologistes.
Quatre sous-ordres sont établis : Zeugloptera, Aglossata,
Heterobathmioidea et Glossata. Ce dernier est divisé en Dacnonympha,
Acanthoctesia, Lophoconorina, Neopseustina, Hexoporia et Heteroneura.
Parmi les nouvelles familles, certaines sont des sous-familles promues
; citons, parmi celles dont on peut voir des représentants en France,
les Argyresthiidés (ex-Yponomeutidés), Plutellidés (id.), Ypsolophidés
(id.) et les Bedelliidés (ex-Lyonetidés). On oubliera les
Crinoptérygidés fondus dans les Incurvariidés. Les Carcinidés, qu’on
aurait pu confondre avec une famille de crabes homonyme, deviennent les
Péléopodidés ; les Axiidés, les Cimeliidés (pour la même raison)
et les Lémoniidés, les Brahmaéidés. Les Autostichidés absorbent les
ex-Holcopogonidés.
Surtout, il faudra désormais ranger dans la famille des Érébidés les
ex-Lymantriidés (les « voraces » vus récemment dans Insectes) et les
ex-Arctiidés (les écailles). Quant à la nouvelle famille (pour
l’Europe) des Castniidés, ce n’est pas une création des taxinomistes.
Elle est arrivée depuis peu en provenance d’Amérique du Sud,
représentée par le « tueur de palmiers » Paysandisia archon.
* Nieukerken E. van et al.,
2011. – In Z.-Q. Zhang (dir.), 2011. Animal biodiversity: An outline of
higher-level classification and survey of taxonomic richness. Zootaxa, 3148.
La liste complète des familles de Lépidoptères : www.mapress.com/zootaxa/2011/f/zt03148p221.pdf
Les classifications des Lépidoptères : //fr.wikipedia.org/wiki/Lepidoptera
NDLR : on peut regretter le temps des
Papillons de nuit et des Papillons de jour, des Macro- et des
Microlépidoptères, des Hétérocères et des Rhopalocères, voire des
Monotrysiens et des Ditrysiens… comme des bien oubliés Achalinoptères
et Chalinoptères (Jugates et Frénates).
[R]
21 juin 2012
À lire sur Internet :
La culture de coton Bt favorise un service écosystémique, la régulation
biologique. INRA,
14 juin 2012
Des feuilles de lumière pour filmer les débuts de la vie, par Marc
Gozlan. Le
Monde, 15 juin
Une nouvelle technique de microscopie permet de suivre le destin
individuel des cellules au sein d'un embryon [de Mouche du vinaigre]
entier, 2012.
815 Entomophagie radicale
Les champignons du genre Metarhizium
sont bien connus comme entomopathogènes. Les insectes infectés
(par contact avec des spores) apparaissent moisis et sont dits victimes
de la muscardine verte. Plusieurs souches de M. anisopliae sont des agents de
lutte microbiologique, employés contre les criquets, les mouches des
fruits, les thrips, voire les moustiques. Ces champignons du sol vivent
par ailleurs en symbiose avec des plantes auxquelles ils fournissent de
l’azote. Y aurait-il un lien ?
S. W. Behie et ses collaborateurs, de la Brock University (St.
Catharines, Ontario, Canada) ont infecté des chenilles de Fausse Teigne
des ruches Galleria mellonella (Lép.
Pyralidé) marquées à l’azote 15. Puis ils les ont enterrées sous des
pieds de haricot ou de panic érigé. Avec entre chenilles et racines un
grillage imperméable aux secondes mais perméable aux hyphes du
champignon.
Au bout de 15 jours, les teignes étaient mortes. Dans les plantes,
autour de 30% d’azote marqué. Par contre, aucune trace dans les tissus
des haricots et panics ayant poussé sur des teignes pareillement
marquées mais non infectées.
Ceci laisse supposer l’existence d’un cycle : l’insecte mange la
plante, la plante se nourrit de l’insecte grâce au champignon
entomophage : elle est insectivore… Reste à établir l’importance de ce
phénomène dans la nature.
D’après « Murderous fungi feed
their insect victims to plants », par Sara Reardon. Lu le 21 juin 2012 à www.newscientist.com/ La résistance, c’est dans
les campagnes
Depuis au moins 6 ans, les plantes génétiquement modifiées pour tuer
les insectes ravageurs sont d’un usage courant dans certaines régions.
Ainsi en Chine, premier producteur mondial de coton, 90% des cotonniers
sont GM dans le Nord. Ils produisent la toxine de Bacillus thuringiensis (Bt) fatale
à la Noctuelle de la tomate Helicoverpa
armigera (Lép. Noctuidé).
On peut s’attendre à l’apparition de populations résistantes. Mais on
ménage des zones refuges où les individus résistants se croisent avec
les sensibles qui n’on pas été en contact avec le Bt.
Pour la première fois, on a recherché les mutations responsables de
cette résistance au Bt à la fois au laboratoire et au champ. Et la
surprise vint de la présence chez les noctuelles du champ de gènes
supplémentaires et qui plus est dominants. Et qui rendent inopérante la
stratégie des zones refuges basée sur le caractère récessif des gènes
de résistance – des populations élevées en laboratoire.
Le phénomène est moins marqué dans l’Ouest de la Chine, où l’on a moins
planté de cotonniers transgéniques, qu’au Nord. Il n’est pas perçu par
les cultivateurs car seulement 2% des individus sont résistants. Il
doit évidemment être étudié partout où l’usage de cultivars
transgéniques est commun.
Travaux de Bruce Tabashnik (université de l’Arizona, États-Unis) et
d’une équipe chinoise.
D’après « Trouble on the
horizon for GM crops? ». Lu le 19 juin 2012 à www.eurekalert.org/
814 Trouillologie
Les Mélanoples à pattes rouges Melanoplus
femurrubrum (Orth. Acrididés), criquets nord-américains, sont
des phytophages éclectiques. Élevés en présence d’araignées Pisaurina mira (Aran. Pisauridé),
ils vivent dans l’angoisse. Même si les chélicères de ces dernières
sont bloquées par de la colle. Rien que leur contact agressif les
stresse. Du coup, ils consomment plus de sucres et moins de protéines.
Leurs tissus comportent plus de sucres et moins d’azote que leurs
congénères ayant vécu pénards. Les microbes du sol, qui vivent en
dessous de leurs cadavres, sont ainsi carencés en azote et leur
population chute de plus de 60% (au labo). La végétation subséquente
sera affectée…
Travaux d’une équipe de Yale (États-Unis).
Insectes tranquilles, jardin fertile ?
D’après « A Terrified Insect
Can Haunt Their Homeland After Death », lu le 15 juin 2012 à //staugnews.com/ [R]
13 juin 2012
À écouter sur Internet :
Que nous apprennent les insectes sur notre système immunitaire ? France
Culture, 8 mai 2012.
À lire sur Internet :
Gavé – Dans les régions polluées, les plantes carnivores perdent
l’appétit. Le
Monde, 13 juin 2012.
813 Travailler du chapeau
D’après une étude récente (The Cooper Union for the Advancement of
Science and Art, New York, États-Unis), la Blatte américaine Periplaneta americana (Dict.
Blattidé) est insensible aux musiques des groupes rocks Weezer et
Avenged Sevenfold. En revanche, elle danse sur Marry the night et autres titres de
la chanteuse Lady Gaga.
Cette dernière - Stefani Germanotta pour les entomologistes - est
tombée dessus (sur l’étude) et a demandé à son équipe technique des
blattes, une cage en grillage souple et une épingle à chignon. De quoi
constituer une indécoiffable coiffure décoiffante à base de P. americana gigotant en cadence.
D’après une foule de sites
Internet lus le 12 juin 2012. Une brève vidéo
NDLR : ce serait un infâme trucage ;
on n’imagine donc pas que des résistances chauffantes, alimentées en
rythme avec la musique, donnent du cœur à l’ouvrage et le sens du
spectacle collectif aux cafards.
812 À l’attention des
suivants
On sait – depuis quelques années seulement – que l’attaque d’un insecte
souterrain d’une plante influe sur les ravageurs de ses parties
aériennes. Sa rhizosphère (notamment les champignons et bactéries) est
modifiée et elle sécrète des substances particulières en réaction à
l’agression. Cette sorte de message est valide combien de temps ?
Olga Kostenko et son équipe de l’institut néérlandais d’Écologie
(à Wageningen) ont monté la manip suivante, sous serre, avec bien sûr
des témoins.
1ère étape : des plants de séneçon de Jacob (Astéracée) ont été offerts
à des vers fil de fer (larves du Taupin Agriotes lineatus, Col. Élatéridé)
ou à des chenilles de Noctuelle du chou Mamestra brassicae
(Lép. Noctuidé) Puis la microflore du sol a été analysée. 2e
étape : dans les mêmes pots, on a replanté des séneçons, qu’on a
proposés à des chenilles de M.
brassicae, elles-mêmes disposées à nourrir en leur sein des Microplitis mediator (Hym.
Braconidé).
L’effet « mémoire du sol » est net : sont affectés la teneur en
alcaloïdes pyrrolizidiniques et la masse du végétal ainsi que ses
hôtes. Le « souvenir du taupin » réduit les performances de croissance
des chenilles – d’où émergent des parasitoïdes plus petits - tandis que
le « souvenir de noctuelle » les améliore et augmente le taux de
parasitisme.
Tout porte à croire que le message laissé par les phytophages et qui
sera lu par la génération suivante est conservé et transmis par les
champignons de la rhizosphère.
Les interactions entre consommateurs directs et indirects, épigés et
hypogés, d’une plante – déjà bien complexes - sont donc à considérer
bien au-delà de leur présence concomitante.
Article source : Kostenko O.,
et al. (2012). Legacy effects of aboveground–belowground interactions. En
ligne.
[R]
6 juin 2012
À lire sur Internet :
Bataille sous serre.
Le Monde, 4 juin 2012.
[Lutte bio municipale]
Panique en Inde pour des araignées géantes... de 3,5 centimètres, par
Julien Bouissou . Le
Monde, 6 juin 2012.
De l’embryon de 2h ½ à l’asticot, 20 heures plus tard, chez la Mouche
du vinaigre. Vidéo.
Une espèce d'abeille qu'on pensait disparue ressurgit à Tihange. RTLinfo.be,
5 juin 2012.
[Abeille noire, Melecta luctuosa, Hym. Apidé. Coucou, parasite
d’Anthophora aestivalis (Hym. Anthophoridé)]
Mort des abeilles : la moitié des colonies d'abeilles ont péri cet
hiver. Romandie.com,
23 mai 2012.
[Varroa destructor, acarien]
L’éclairage public menacerait la biodiversité. Ouest-France,
22 mai 2012.
811 Parapluie acrobatique
Vous êtes un moucheron sous l’averse. La goutte d’eau qui s’abat pèse
le poids d’un autobus pour un entomologiste humain. Pourtant, vous n’en
avez cure.
David Hu et son équipe ont étudié la chose à l’institut de Technologie
de Géorgie (Etats-Unis), munis d’une caméra ultra-rapide (prenant 4 000
vues par seconde), d’un arrosoir et d’Anophèles (Dip. Culicidés).
Lorsque le moustique reçoit, même entre les 2 ailes, une masse d’eau de
25 fois la sienne, il est poussé par la goutte (qui n’éclate pas),
écarte les pattes, se remet d’aplomb un peu plus loin et reprend son
vol. Même pas mouillé, grâce aux soies hydrofuges qui recouvrent son
corps.
Toutefois, attention. En cas de pluie, le vol en rase-mottes est
dangereux : vous risquez d’être précipité au sol.
L’intérêt de cette recherche ? Il s’agit d’entomologie appliquée à la
guerre et au renseignement ; on veut savoir comment résisteront les
microdrones, machines volantes miniatures copiées sur des
insectes.
D’après « Mosquito Rain VIDEO:
How Bloodsuckers Stay Aloft After Water Drop Collision », par Eric R.
Olson. Lu le 6 juin 2012 à www.huffingtonpost.com/
810 Espèce en voie d’apparition
Ripipteryx mopana (Orth.
Ripiptérigydé) est un Criquet pygmée (Tridactylidea). La famille (2
genres) vit en Amérique du Sud. Lui, a été découvert au Belize, sur le
territoire des Indiens Mopan. D’où son nom d’espèce.
S. W. Heads et S. J. Taylor (Illinois Natural History Survey,
États-Unis) ont créé cette nouvelle espèce à partir d’un unique
spécimen. Ce qui ne se fait pas en général. Ils espèrent que la
publicité faite à leur trouvaille entraînera l’observation d’autres
individus. R. mopana
est petit (5 mm) mais coloré, avec du noir, du blanc et de l’orange.
D’après « A tiny relative
of the grasshopper has been identified from a single specimen in remote
Belize », par Quentin Wheeler. Lu le 3 juin 2012 à www.guardian.co.uk/
Photo
de l'unique R. mopana
809 L’oiseau et la
libellule
Les insectes très gros volent lentement et sont peu manœuvrants. Dans
cette dernière catégorie, les libellules de 70 cm d’envergure. Et elles
ont disparu – cela fait 150 millions d’années – capturées et dévorées
par des oiseaux plus agiles.
Examinant une base de données rassemblant les envergures de 10 500
fossiles, représentants de la faune entomologique durant 320 millions
d’années, Matthew Clapham et Jerred Kar (université de Californie à
Santa Cruz) ont observé que les insectes ont été grands (bénéficiant
d’un meilleur rendement énergétique) dans les périodes très oxygénées,
petits sinon. Ces variations conjointes se sont arrêtées il y a 150 000
millions d’années, au Jurassique ; les insectes sont restés petits –
comme on les connaît - quelque soit la teneur en oxygène de l’air, qui
a continué à osciller.
En cause, les oiseaux, qui sont apparus à cette époque. Ils ont mangé
les libellules géantes ou on été plus efficaces pour attraper les
petits insectes, les privant de leur provende. À noter que les
Ptérosaures, reptiles volants, n’ont pas eu cet effet sur la gent
insecte et que, plus tard, les chauves-souris la rapetisseront (un peu).
Actuellement, d’après ces auteurs, la teneur de l’air en oxygène est
tout à fait compatible avec des libellules 3 fois plus grandes que
celles que l’on observe.
D’après « Giant Bugs Eaten Out
of Existence by First Birds?», par Ker Than. Lu le 4 juin 2012 à
//news.nationalgeographic.com/
NDLR : Qui s’acharne à posséder
l’insecte homologué record d’envergure n’a qu’à s’en prendre aux
oiseaux. Ou poursuivre la manip décrite sous Le cafard et
l’air du temps, Épingle de 2010.
Ceci dit, on gagne de la place dans les collections.
[R]
21 mai 2012
À lire sur Internet :
Orgyie de pudibonderie, par Homeric. Libération,
18 mai 2012.
[Elkneria pudibunda, Lép.
Lymantriidé]
à (re)lire Les Lymantriidés, par Alain Fraval. Insectes n° 162 (bientôt en ligne).
Le séquençage du génome du papillon
Heliconius bouleverse les théories sur le mimétisme. CNRS,
15 mai 2012.
" [...] la ressemblance mimétique est rendue possible grâce à
l'échange des gènes de la couleur entre espèces différentes. Jusqu'à
présent, les hybridations entre espèces voisines étaient vues comme
néfastes, car produisant des descendants généralement moins compétitifs
et peu performants. En réalité, elles permettent aussi le transfert de
gènes offrant un avantage sélectif, ici la marque colorée de la
toxicité de ces papillons pour leurs prédateurs. "
Travail d'une équipe CNRS-INRA.
[Heliconius melpomene, Lép.
Nymphalidé]
À (re)lire : Les Heliconius, un modèle
d’excellence pour l’étude de la spéciation écologique, par Benoît
Gilles. Insectes n° 156
(2010-1).
Quand des fourmis nourrissent une plante carnivore, par Pierre
Barthélémy. Le
Monde, 16 mai 2012.
[Camponotus schmitzi
(Hym. Formicidé) / Nepenthes
bicalcarata]
Le plus ancien pollinisateur découvert. Le
Monde, 16 mai 2012.
[Gymnospollisthrips major et G. minor, Thysanoptères]
Chez l'araignée d'eau, la guerre des sexes passe par les antennes, par
Stéphane Foucart. Le
Monde, 5 mai 2012.
[Rheumatodes rileyi,
Hém. Gerridé]
Image
des antennes
Comportement
précopulatoire en vidéo
808 Fracture du tibia ?
C’est quasi impossible. Il faut le faire exprès, empoigner des outils
bien plus gros que la patte, appuyer avec un vérin… C’est ce qu’on
fait, dans leur labo du Trinity College à Dublin (Irlande), Jan-Henning
Dirks et David Taylor, spécialistes de résistance des matériaux. Le
tibia n’éclate en morceaux que si on lui applique la force de 5,56
kJ/m2. L’entailler un peu ne diminue guère l’effort nécessaire. C’est
aussi résistant que de la corne (kératine) ou du bois de cerf (os),
plus que de la fonte.
Et ce n’est que du tibia de Criquet pèlerin (Schistocerca gregaria, Orth.
Acrididé), fait de simple chitine (hydrate de carbone sans minéral
associé). Qui sert à l’insecte à sauter et à ruer – sans pratiquement
jamais se fracturer.
Qui va servir aux chercheurs à inventer de nouveaux matériaux, quand on
connaîtra mieux la chitine de tibia de criquet.
D’après notamment « Researchers
establish how super strong insect legs are », lu le 18 mai 2012 à //phys.org/news/ Article
source
[R]
4 mai 2012
À lire sur Internet :
Le combat de la Californie contre la bactérie qui détruit ses agrumes,
par Claudine Mulard. Le
Monde, 30 avril 2012.
À (re)lire : Le Psylle
asiatique des agrumes et la maladie du Dragon jaune, par Alain
Fraval. Insectes n° 150
(2008-3).
La tendance actuelle des insectes dans la mode, par D.M. Fashions
Addict. 30 avril 2012.
Les promesses non tenues du coton OGM en Inde, par Julien Bouissou. Le
Monde, 26 avril 2012.
Des puces géantes à l’assaut des dinosaures. MaxiSciences,
1er mars 2012.
À noter :
Biohistoire des papillons, sous la direction de Christian
Perrein. Presses universitaires de rennes. En souscription jusqu’au 31 mai
2012.
807 Épreuves olympiques
Elles vont s’abattre sur Londres et sa région cet été. Les millions de
spectateurs seront pris de démangeaisons atroces, de vomissements et de
crises d’asthme. Un vénérable journal du matin lance l'alerte.
Responsable de cette catastrophe annoncée, une horde d’envahisseurs
arrivés en 2006 de Hollande, combattus avec toutes les forces
disponibles mais renaissant chaque année et gagnant du terrain,
désormais acclimatés et comme chez-eux dans le Grand Londres.
« Oak processionnary » en langue locale, on connaît internationalement
cette terreur comme Thaumetopoea
processionnea, alias la Processionnaire du chêne. Ce Lépidoptère
Notodontidé (jusqu’à peu Thaumetopoéidé) passe l’hiver à l’état d’œuf,
le printemps sous forme de chenilles grégaires rassemblées dans un nid
soyeux le jour et partant en procession dévorer les feuilles des chênes
la nuit. L’été approchant, la chrysalidation se fait dans un nid plus
gros et plus solide, elle dure 2 semaines. Les papillons (nocturnes)
volent brièvement…
Les chenilles sont effectivement urticantes, leurs dépouilles (dans les
nids) aussi.
D’après « Poisonous
caterpillars could bring misery to millions of Olympic spectators ». Lu
le 1er mai 2012 à www.telegraph.co.uk/earth/environment/
À (re)lire : La Processionnaire du
chêne, par Alain Fraval, Insectes
n° 148 (2008-1).
NDLR 1 : la chrysalidation est
prévue fin juin, début juillet au plus
tard ; la cérémonie d’ouverture le 27 juillet 2012...
NDLR 2 : une batterie de missiles
sol-air est installée sur un château
d’eau en vue du site olympique.
806 Auxiliaires de la
résistance
Des bactéries du genre Burkholderia
(autrefois Pseudomonas) sont
connues et étudiées pour leur capacité à dégrader certaines matières
actives insecticides ainsi que les PCB (B. xenovorans) ce qui en fait des
nettoyeuses potentielles de sols pollués.
Dans les champs, en Extrême Orient, elles « digèrent » ainsi le
fenitrothion, un insecticide organo-phosphoré très employé. On a
vérifié expérimentalement que dans une population exposée
régulièrement, la plupart des bactéries deviennent très rapidement
capables d’utiliser l’insecticide comme nourriture.
Mais, au champ, certaines souches ont évolué et acquis la propriété
d’établir une symbiose avec Riptortus
pedestris (Hém. Alydidé), ravageur du soja. La larve de la
punaise s’infecte au contact du sol et la bactérie se retrouve dans son
tube digestif. Deux avantages : une longévité et une taille accrues et
une résistance au fenitrothion – acquise avec une rapidité hors norme.
Celle-ci est transmise à la larve nouveau-née et la bactérie peut se
développer hors du milieu externe à l’insecte.
Dans une île où la canne à sucre est traitée intensivement au
fenitrothion, effectivement, les bactéries s’en nourrissent et les
punaises y sont résistantes. Heureusement, là où ces traitements sont
occasionnels, rien ne se passe.
D’après «Bugs pick up pesticide
resistance from pesticide-eating bacteria », par John Timmer. Lu le 26
avril 2012 à //arstechnica.com/science/news/
[R]
25 avril 2012
À noter :
Prise de bec chez les insectes. Journées portes ouvertes de l'OPIE.
Dimanche 13 mai, de 10 h à 17 h. L'affiche
L'OPIE recrute un(e) entomologiste. La fiche.
À lire sur Internet :
La mouche tsé-tsé, redoutable mère allaitante, par Hervé Morin. Le
Monde, 21 avril 2012-04-21
[Glossina spp., Dip.
Glossinidés]
À (re)lire : La Tsé-tsé… une
mouche singulière et dangereuse, par Stéphane de La Rocque et
Dominique Cuisance. Insectes
n° 136 (2005-1) .
Les insectes sont capables d'élaborer des concepts abstraits. CNRS, 21
avril 2012.
" Le cerveau des insectes est capable de fabriquer et de manipuler des
concepts(1) abstraits. Il peut même utiliser simultanément deux
concepts différents afin de prendre une décision face à une situation
nouvelle. "
Royaume-Uni : des populations de papillons rares en augmentation. MaxiSciences,
23 avril 2012
France : 16 espèces de papillons menacées. MaxiSciences,
24 avril 2012
805 E120, Hém.
Dactylopiidé
Dactylopius coccus est la
Cochenille du Mexique. On l’élève en grand sur le cactus nopal pour en
extraire le carmin, alias E120, qui colore en rouge pâtisseries et
boissons et remplace dans cet usage des dérivés de l’aniline.
Les consommateurs que la présence de ce colorant naturel et sain mais
entomologique indisposeraient sont prévenus par l’étiquette du produit
(voir l’Épingle « Étiquetage des
cochenille » de 2011).
Cela ne suffit pas et une pétition de végétariens et de végétaliens
indignés, partie de Caroline du Sud, vient d’obliger Starbucks – grande
multinationale de cafés - à le retirer des ses « Frappucino fraise à la
crème » et autres spécialités servies aux États-Unis.
Les végétaliens s’interdisent d’avaler la moindre parcelle de chair
animale ni la moindre trace de produit issu d’un animal – du lait à la
gélatine.
Or l’insecte, pour ne citer que cet éminent représentant du règne
animal, est partout. Sous forme notamment de fragments incorporés à la
farine, au chocolat et en général à tous les végétaux comestibles
broyés. De cette façon, tout un chacun, quelque soit son observance
alimentaire, en consomme plus d’un demi-kilo par an.
D’après « Starbucks renonce à
son colorant à base d'insectes », lu le 25 avril 2012 à http://www.ladepeche.fr/
À (re)lire la Brève du Courrier de l’environnement « Entomophagie ordinaire
» de 2004.
804 Nécrophagie assistée
Il était répandu et actif – grand nettoyeur de la nature - en Amérique
du Nord. Les parents (les deux !) nourrissaient les jeunes… Il a
disparu presque partout à la suite de la mise en valeur agricole de ses
habitats, qui a provoqué la raréfaction des oiseaux de petite et
moyenne taille qui faisaient, sous forme de leurs cadavres, son
ordinaire (selon une hypothèse sérieuse).
Le Nécrophore américain, Nicrophorus
americanus (Col. Silphidé), s’est ainsi retrouvé le premier
insecte sur la liste des espèces en danger d’extinction. Il en reste 5
populations, loin les unes des autres et petites. Dans le Missouri, on
n’en a plus vu depuis les années 1970. Un élevage est maintenu au zoo
de Saint-Louis depuis 2005.
3 ou 4 centaines de ces pensionnaires vont être lâchés ce printemps
dans un espace protégé de quelque 1 000 ha, avec l’espoir qu’ils
fassent souche et engendrent un millier de pionniers. Avec la crainte
que cette réintroduction n’ait que des effets insignifiants, car le
paysage agricole reste ce qu’il est…
D’après « St. Louis Zoo to
reintroduce the endangered American burying beetle », par Diane
Toraoian Keaggy, lu le 24 avril 2012 à www.stltoday.com/
[R]
19 avril 2012
À lire sur Internet :
Les préférences sexuelles des mouches à l'étude. La
Tribune de Genève, 13 avril 2012.
[Les femelles européennes de Sepsis
punctum (Dip. Sepsidé) préfèrent les grands mâles. Elle sont
ainsi à la base d'une sélection qui provoque un phénomène rare chez les
insectes, à savoir des femelles de petite taille et des mâles de grande
taille.]
Certaines plantes imitent le parfum d’insectes pollinisateurs. MaxiSciences
7 avril 2012
"Publiant leurs travaux dans l’International Journal of Organic
Evolution, des chercheurs suisses ont découvert qu’au fil de
l’évolution, les plantes Araceae ont adopté un parfum identique à celui
utilisé par certains coléoptères pour communiquer chimiquement entre
eux, afin d’attirer ces insectes pollinisateurs."
La « vaccination sociale » chez les fourmis. MaxiSciences,
7 avril 2012
[…] au sein d’une fourmilière, tous les individus s’empressent de «
partager » les faibles quantités d’agent pathogène venant d’infecter
l’un des membres de la colonie, s’immunisant ainsi collectivement via
un « effet vaccin ».
[Lasius neglectus (Hym.
Formicidé) / Metarhizium anisopliae]
803 L’Arpenteuse de
l’insecticide
C’était, en Inde comme ailleurs, une chenille, discrète, autant sur le
terrain que dans la biblio et pareil sur Internet. En 2009-2010, elle
s’est mise à pulluler et a attiré l’attention des habitants et des
entomologistes. Les premiers craignent qu’elle n’engloutisse la «
pharmacie du village », les seconds s’étonnent de son grand et durable
appétit pour un feuillage que même les criquets affamés ne touchent pas.
Cleora coronaria (Lép.
Géométridé) s’attaque en effet en masse à l’acacia d’Égypte (ou arbre à
chapelets) Melia azadirachta
(Méliacée, neem en anglais d’Inde), un grand arbre pourvoyeur d’une
foule de choses utiles (pharmacie, parapharmacie et
phytopharmacie, en plus d’un légume) et source de 200 composés
d’intérêt. Les chenilles grignotent « frénétiquement » les feuilles par
le bord et y découpent des échancrures semi-circulaires. Au bout de 5
jours, elles descendent se nymphoser dans le sol ; les papillons –
ailés chez les 2 sexes - éclosent très vite, la femelle pond 500 œufs
vert vif. Le cycle dure un peu plus d’une semaine.
Les défoliations se sont répétées dans plusieurs endroits de
l’Uttar-Pradesh (Inde) et l’on craint que ce ravageur émergeant ne
mette en péril cet « arbre miraculeux », effectivement une ressource
végétale très importante. Ce nouveau statut acquis par cette espèce est
à rapprocher des dégâts signalés par d’autres Cleora dans des mangroves, sur le
théier et le teck.
Article source : Geentanjali
Mishra, Omkar, 2012. Neem, the wonder tree, under attack: a new major
pest. Current Science,
102(7).
PS : le lilas des Indes, effectivement insecticide anti-appétant, peut
nourrir quelques insectes. S’y attaquent notamment les cochenilles Pulvinaria maxima (Hém. Coccidé)
et Aspidiotus orientalis
(Hém. Diaspididé), la Punaise du thé Helopeltis
theivora (Hém. Miridé) et la chenille d’Ascostis (Boarmia) selenaria (Lép. Géométridé).
802 Post mortem
Dans l’International Buisness Times, Roxanne Palmer fait le point sur
une des questions fondamentales que la science, en dépit des moyens
énormes qu’on met à disposition des savants, demeure incapable de
trancher et c’est angoissant.
La science est en l’occurrence l’entomologie et donc les moyens sont
relativement dérisoires, certes. Mais pourquoi – telle est la question
– les insectes meurent ils en croisant les pattes ?
En première hypothèse, Brian Farrell (université d’Harvard) invoque la
la rigor mortis. Une
transformation chimique bande les muscles.
Cole Gilbert (de Cornell) approfondit le sujet : les muscles
fléchisseurs des pattes sont toujours (à l’exception de ceux de la
patte postérieure de la sauterelle) plus forts que les extenseurs et la
rigor mortis fait plier la
patte. Un cadavre d’insecte, ça sèche vite et on le retrouve pattes
croisées, fixé ainsi pour une brève éternité.
Cette hypothèse est insuffisante, assure Jeffrey Shultz (université du
Maryland), qui fait intervenir le comportement de la membrane
arthrodiale. À l’endroit d’une articulation, la cuticule est fine et
exceptionnellement souple, qualité qu’elle tient d’une forte teneur en
eau. Cette dernière s’évapore à la mort et l’articulation se rétracte.
J. Schultz – qui n’a probablement pas les moyens d’aller plus loin -
propose une expérience qu’il imagine décisive pour évaluer le rôle de
cette eau cuticulaire. Il suggère ainsi d’observer des insectes noyés.
D’après « Why Do Insects Cross
Their Legs When They Die? », lu le 5 avril 2012 à www.ibtimes.com/
801 Bêtes
de cirque !
Ainsi apostrophe-t-on les habitants perpétuels des labos quand on se
rend compte que du fait de leur vie, génération après génération, dans
des conditions artificielles modifie quelque peu leurs réactions.
La Mouche du vinaigre, observée génération d’entomologiste après
génération de généticien, vit (in
vitro) sa vie de drosophile selon un rythme circadien immuable :
elle s’active le matin et le soir – juste avant qu’on allume ou éteigne
la lumière du labo. Entre temps, elle fait une longue sieste. Des
gènes, mis en évidence chez elle, gouvernent cet emploi du temps ; ils
ont été retrouvés ensuite chez les vertébrés. L’horloge interne permet
de synchroniser la physiologie, le métabolisme et le comportement des
êtres vivants (eucaryotes) à l’alternance du jour et de la nuit.
Mais en observant des mouches en plein air, où elles reçoivent d’autres
informations liées au nycthémère, on a eu la surprise de mettre en
évidence que l’activité matinale n’est pas déclenchée par l’horloge
biologique mais par la légère augmentation de température qui précède
le lever du soleil. En fait, horloge et stimuli externes concourent
ensemble à régler la vie de la droso. Ceci d’une façon qu’on peut
préciser en comparant les faits et gestes de deux souches de mutants,
avec respectivement la version « cycle court » perS et la version «
cycle long » perL d’un gène horloge.
Les auteurs de l’étude travaillent maintenant à reproduire les
résultats en conditions artificielles. En tous cas, on se méfiera des
conclusions de manips faites sur le comportement des mouches de
paillasse.
D’après « Surprise! Fruit Fly
Circadian Rhythms Are Different in Nature Than in the Lab ». Lu le 9
avril 2012 à
//blogs.discovermagazine.com/
[R]
800 Se décider sur un coup de tête
Ce qui se passe chez les ouvrières jetant leur dévolu sur un nouveau
site ressemble à ce qui est en œuvre dans notre crâne quand nous
prenons une décision : les abeilles agissent et interagissent à l’image
des neurones de notre cerveau. C’est ce que vient de montrer une équipe
anglo-états-unienne d’entomologistes apidologues, de neurologues et de
mathématiciens.
Dans l’essaim, au moment d’emménager toutes ensemble dans un abri
convenable, la décision est prise, selon ce qu’on a admis jusque-là,
sur la base du plus grand nombre de rapports « pour » – explicités par
leurs danses – par les éclaireuses qui ont visité plusieurs lieux. Cela
suffit-il à éviter une indécision fatale ? Les éclaireuses de retour ne
font pas que frétiller, elles donnent des coups de tête sur le thorax
et la tête de leurs consœurs, qui suspendent alors leur propre
démonstration.
Une expérience toute récente a permis de mieux comprendre les choses.
Dans une île (celle d’Appledore, Maine, États-Unis) dépourvue de tout
abri, un essaim d’Abeilles domestiques (Apis mellifica) est débarqué,
auquel il est offert le choix entre deux boîtes identiques. Les
éclaireuses partent et reviennent rendre compte (danser et cogner) au
milieu de leurs congénères. Elles sont marquées de rose ou de jaune,
selon la boîte visitée. Au niveau de l’essaim en bivouac, durant les
roses se prennent des coups de tête de la part des jaunes et
réciproquement. Les partisanes de chaque site donnent un coup d’arrêt
aux partisanes de l’autre. Puis ces manœuvres cessent, la recherche
s’arrête et la décision est mise en œuvre, quant toutes sont rentrées.
C’est par la modélisation mathématique qu’on peut affirmer que ces
pratiques d’inhibition croisée entre éclaireuses – des comportements
simples - permettent d’arriver rapidement et sûrement à une décision
consensuelle cruciale : l’essaim tout entier va s’installer dans le
meilleur site. De même que d’une population de neurones stimulée
diversement émerge une réaction unique, rapidement, par le jeu de
blocages mutuels.
Les abeilles ont très probablement transféré cette façon de décider du
lieu d’installation de la colonie de leur pratique d’optimisation du
butinage et de prévention des dangers. Leurs réponses à des
comportements excitateurs (frétillements) et inhibiteurs (coups de
tête) sont sans doute modulées par des signaux odorants et leur
environnement est dans tous les cas plus complexe que ces deux boîtes.
Un joli sujet de recherche à poursuivre, entre éthologie et
neurosciences.
D’après, notamment, « How
Honeybees Break a Decision-Making Deadlock », par Jeremy E. Niven. Lu
le 7 décembre 2011 à
/www.sciencemag.org
799 Art en insectes
L’insecte, non content de servir de sujet ou d’inspirer les peintres,
les décorateurs, les créateurs de créatures maléfiques… paye de sa
personne et fait de son corps la matière de bijoux, d’installations, de
sculptures, de tableaux.
Merci (et pardon) aux richards (buprestes), aux longicornes, aux
charançons géants et brillants et surtout aux papillons.
Les ailes colorées, dessinées, ocellées, mordorées mais pas trop
écaillées de ces derniers constituent un matériau inépuisable pour le
plasticien adepte. Elles servent très rarement aux créations en relief,
leur spécialité est le tableau plat.
Faisant fi des travaux de Dubuffet et Bettencourt (dans les années
1950), notamment, écartant les productions des zones intertropicales et
prisées des touristes, ignorant les pas si rares « travaux de dames »,
Vadim Zaritski se présente comme tenant d’un genre artistique
totalement inédit. Et qui n’a pas encore de suiveur dans l’art
contemporain.
En ailes de papillons donc, il a commis des portraits (de Ziouganov,
Mironov, Jirinovski, Hugo Chavez…) des paysages et des natures mortes
de différents formats ; il aussi fait des copies de tableaux de maître
célèbres. Où trouve-t-il à se fournir ? Interrogé par La Russie d'Aujourd'hui,
l’artiste-entomologiste livre que : « Ceux qui collectionnent les
papillons savent qu’il reste souvent du résidu inutile, les ailes, que
les collectionneurs considèrent comme des déchets ».
Aux « dames trop sensibles » qui lui reprochent sa cruauté envers les
papillons, il cite son compatriote le « célèbre entomologiste »Vladimir
Mourzine : « Les insectes sont un trait d’union nutritif entre les
plantes et les animaux. Ils sont prévus par la nature pour être
consommés par d’autres espèces. »
Désormais en retraite, l’ancien lieutenant colonel (marine et police)
crée ad libitum.
D’après « Portraits-papillons
», par Valentin Baïoukanski. lu le 31 janvier 2012 à //larussiedaujourdhui.fr/
798 Pilulier
tourneur
La ligne droite est le trajet le plus efficace pour s’éloigner vite
d’une bouse. C’est le théorème qu’applique le pilulier (scarabée
corprophage) avec sa boulette, soucieux de ne pas se la faire ravir par
ses congénères et d’aller l’enterrer. Il se guide principalement sur le
plan de polarisation de la lumière du soleil, voire dans le cas de Scarabaeus zambesianus (Col.
Scarabéidé) d’Afrique australe sur celle de la lune.
Mais on le voit s’arrêter, grimper sur sa boulette et tournicoter avant
de redescendre et de poursuivre son chemin, dans la même direction
exactement. À quoi sert cette danse ?
Faisant l’analogie avec le comportement de fourmis qui s’arrêtent,
oscillent à droite et à gauche et reprennent leur cap, des chercheurs
suédois et sud-africains ont voulu vérifier l’hypothèse d’une danse de
réorientation.
Ils ont examiné sur le terrain – en Afrique du Sud – des individus de Scarabaeus (Kheper) nigroaeneus. Celui-ci entreprend de
tourner sur lui-même au départ, juché sur sa boulette toute neuve ; il
recommence en chemin, chaque fois qu’il a été dérangé ou a rencontré un
obstacle. Nos entomologistes ont ensuite perturbé le trajet du pilulier
de différentes façons, en interposant une marche ou un tunnel (droit,
courbe, obstrué…), en cachant le soleil ou en le « déplaçant » avec un
miroir.
Leur conclusion est que la danse initiale sert à déterminer une
direction, calée sur des repères célestes qu’il met alors en mémoire,
et que les suivantes ont pour fonction de reprendre ses repères pour
que le trajet se poursuive tout droit, sans dévier du plan initial.
Tournicoter au sommet de la boulette a pour avantages de dégager la vue
en terrain herbu et de garder un œil sur les pillards.
Ce comportement est tout à fait original. S’il se rapproche de celui
d’autres insectes naviguant au compas et effectuant des mouvements de «
danse » pour se recaler comme les fourmis (cap magnétique en
l’occurrence), contrairement à eux, il ne garantit pas l’atteinte d’un
but (le nid des fourmis) mais la dispersion optimale à partir d’une
ressource localisée.
D’après « The Dung Beetle
Dance: An Orientation Behaviour? », par Emily Baird et al.,
PlosOne 7(1): e30211. doi:10.1371/journal.pone.0030211
[R]
29 mars 2012
À lire sur Internet :
Les abeilles désorientées par une faible dose d’insecticide. Communiqué
INRA
- ACTA - ITSAP-Institut de l'abeille - CNRS
Pour la première fois, on a mis en évidence le rôle d’un insecticide
dans le déclin des abeilles, non pas par toxicité directe mais en
perturbant leur orientation et leur capacité à retrouver la ruche.
Grâce à des micropuces RFID collées sur plus de 650 abeilles, on a pu
constater l’importance du non-retour à leur ruche des butineuses
préalablement nourries en laboratoire avec une solution sucrée
contenant de très faibles doses d’un insecticide de la famille des «
néonicotinoïdes », le thiaméthoxam, utilisé pour la protection des
cultures contre certains ravageurs, notamment par enrobage des
semences. Une simulation basée sur ces résultats laisse penser que
l’impact de l’insecticide sur les colonies pourrait être significatif.
Des insectes au menu... Sciences
au Sud, mars 2012
« Les insectes valent-ils le beefsteak ? La question se pose
sérieusement, tandis que la consommation mondiale de viande explose, au
gré de la croissance démographique et de l’évolution des habitudes
alimentaires. Des instances internationales, comme la FAO et l’UE,
encouragent d’ailleurs les recherches en vue de valoriser cette source
de protéines à haut rendement, directement comme aliment ou
indirectement comme élément de fourrage pour l’élevage conventionnel ou
l’aquaculture. Mais pour de nombreux peuples sur terre, en Afrique
notamment, la consommation d’insectes ne fait pas débat, elle est
courante. »
Alerte au moustique vecteur du chikungunya en métropole, par Marielle
Court. Le
Figaro, 26 mars 2012.
[Moustique tigré, Aedes albopictus,
Dip. Culicidé]
À (re)lire : Le Moustique tigré - ses
œufs dans des pneus, par Alain Fraval. Insectes n° 159 (2010-4).
À consulter :
Encyclop'Aphid,
par l'équipe Écologie et Génétique des insectes de l'UMR IGEPP du
centre INRA de Rennes.
Accueil, Qu'est-ce qu'un puceron ?, Pucerons et milieu, Pucerons et
agriculture, Pucerons et recherche, Espèces, Glossaire.
À (re)lire) : Les Pucerons, par Alain Fraval. Insectes n° 141 et n° 142.
797 L’après-pétrole
En avril 2010, l’accident de la plate-forme pétrolière Deepwater
Horizon provoque une marée noire sur les côtes de la Louisiane. Deux
ans après, quel est l’impact sur l’entomofaune des marais salés ?
D’un côté, Steven Pennings et Britany McCall, de l’université de
Houston, dès que le puits est colmaté (août 2010), dressent des
inventaires des insectes et araignées au moyen d’un aspirateur, dans
des zones préservées et dans des zones mazoutées. L’inventaire est
refait un an plus tard ; les captures sont dénombrées par groupes
(foreurs, opophages, saprophages…).
D’un autre, Linda Hopper-Dui (université de Louisiane) poursuit ses
échantillonnages mensuels sur des sites étudiés depuis 2009 ; elle
utilise à la fois l’aspirateur et le filet ; de plus, elle dissèque les
tiges de la spartine alterniforme, une sorte de chiendent halophile qui
peuple ces zones.
La première équipe constate que l’entomofaune est grosso modo
restaurée. La seconde entomologiste pointe que les populations de
certaines espèces ont subi des dommages durables. Parmi les victimes,
outre les grosses araignées, les fourmis qui nidifient dans les tiges
creuses : leurs colonies sont toujours rares et très dispersées.
À suivre, donc.
D’après « Studies look at
oil spill's effect on insects », par Janet McConnaughey. Lu le 22 mars
2012 à www.houmatoday.com/
796 Le
parfum de la désillusion
Les choses sont bien faites, au grand dam des agrumiculteurs, pour Candidatus Liberibacter asiaticus –
dit « Las ». Les pieds de citrus que cette bactérie infeste, en
provoquant la maladie du Dragon jaune, alias le greening, émettent une
odeur qui attire son insecte vecteur.
Le vecteur est le Psylle asiatique des Agrumes, Diaphorina citri (Hém. Psyllidé),
connu des lecteurs d’Insectes (n° 150, 2008-3).
Qu’il fasse jour ou qu’il fasse nuit, qu’il soit porteur ou non de
l’agent pathogène, ce psylle se pose de préférence sur les sujets
malades. Il est y est attiré par le salicylate de méthyle.
Mais un pied d’oranger malade est gravement carencé et le psylle, après
un bref repas – suffisant pour acquérir la bactérie -, s’envole vite
vers des arbres sains, dont il ponctionnera plus longuement les
feuilles et auquel il inoculera le Las.
Par ailleurs, en l’absence de la bactérie, la piqûre des psylles
(sains) déclenche l’émission de salicylate de méthyle. L’odeur avertit
les psylles du voisinage de la présence d’une source de nourriture et
les invite au repas.
L’agrume est donc manipulé par la bactérie pour qu’il en favorise la
vection et l’installation – fatales pour lui…
Peut-on envisager de se servir de ce mécanisme d’attraction « déceptive
» ? Deux voies : l’emploi du salicylate de méthyle pour appâter des
pièges servant au suivi des vols du vecteur et la diffusion de ce
produit (c’est l’essence de Wintergreen des industriels) dans les
vergers pour désorienter les insectes – une nouvelle forme de lutte par
confusion.
D’après « Citrus greening
bacterium may 'ring the dinner bell' to attract insect », par Tom
Nordlie. Lu le 23 mars 2012 à www.physorg.com/news/
Article source : Mann R.S. et al., 2012. Induced Release of a
Plant-Defense Volatile ‘Deceptively’ Attracts Insect Vectors to Plants
Infected with a Bacterial Pathogen. PLoS
Pathog 8(3): e1002610. doi:10.1371/journal.ppat.1002610
[R]
21 mars 2012
À lire sur Internet :
Le maïs transgénique MON810 toxique pour une coccinelle, Par Marc
Mennessier. Le
Figaro, 19 mars 2012.
« Une étude menée en laboratoire montre les effets délétères du maïs
transgénique MON 810 sur les larves d'une espèce de coccinelle. Mais il
est peu probable que l'insecte soit exposé à la toxine dans les
conditions naturelles. »
Les redoutables neurones des abeilles tueuses de frelons, par Quentin
Mauguit. Futura-Sciences,
17 mars 2012
" Les abeilles japonaises ont une arme redoutable contre les frelons
géants japonais. Elles les font littéralement cuire en s’agglutinant
dessus. Une cartographie des zones du cerveau impliquées dans ce
comportement révèlent que les abeilles savent chauffer l’intrus à point
sans pour autant se brûler grâce à des neurones du corps pédonculé. "
[ Vespa mandarinia japonica,
Hym. Vespidé]
Phéromone, l'arme de séduction du vieux beau " Bicyclus anynana ", par Vahé Ter
Minassian. Le
Monde, 16 mars 2012.
L'odeur des papillons mâles de l'espèce " Bicyclus anynana " varie en
fonction de l'âge.
[Lép. Satyridé]
Immobilier : le diagnostic sur les termites évolue, par J. N. Le
Moniteur, 16 mars 2012.
" Désormais lors de la vente d’un bien immobilier, le diagnostic sur
les termites ne s’attachera qu’à cet insecte xylophage. Les autres
agents de dégradation du bois seront mentionnés dans les constatations
diverses."
[Blattodea Termitidés]
795 Et le moucheron va
se
piquer la ruche
Notre moucheron est - comme presque toujours dans les labos - la Mouche
du vinaigre, Drosophila (Sophophora) melanogaster, famille des
Drosphilidés, c’est-à-dire qui aiment la rosée. Notre drosophile mâle,
privée de coït, va plutôt boire de l’alcool.
Galit Shohat-Ophir et ses collaborateurs (université de Californie à
San Francisco, États-Unis) ont découvert un mécanisme neurochimique qui
dans le cerveau de l’insecte lie le rejet des avances et le
comportement de recherche de récompense, ceci sous l’action d’un
neuropeptide spécifique. Ce dernier, appelé F, a pour homologue chez
les mammifères le neuropeptide Y ; son inactivation, chez la souris,
rend cette dernière alcoolique. Sans aucun lien avec le comportement
sexuel. La privation d’accouplement diminue la teneur en NPF dans le
cerveau du mâle de droso, qui se met à se tourner vers l’alcool. Cette
substance, comme le sexe, sont des récompenses.
Rappelons que dans la boîte de Petri, pas troublé par la lumière ni par
les caméras, Monsieur court après Madame, lui adresse un vibrant (d’une
aile) chant d’amour, lui tapote l’abdomen et touche ses genitalia de
son proboscis (ces mots latins sont indispensables à cet endroit) ; si
tout va bien, ses tentatives d’accouplement sont acceptées. La cour
dure 10 minutes, la copulation 20 ; ensuite de quoi Madame va pondre et
Monsieur charmer une autre femelle.
L’expérience a consisté (en gros) à comparer le comportement
alimentaire de mâles satisfaits (mis par 4 avec 20 femelles vierges
renouvelées chaque jour durant 4 jours) avec celui de mâles frustrés
(p. ex. les femelles présentes sont déjà fécondées et s’opposent à
toute tentative d’accouplement). Ces derniers choisissent le sirop
(dispensé par des pailles) alcoolisé (du 15 degrés) alors que les
premiers ne montrent aucune préférence.
Les drosos mâles vierges et ceux qui ont eu une expérience avec des
drosos femelles décapitées (qui sont ardemment courtisées mais avec qui
le coït réussit rarement) vont également vers l’alcool.
Mais n’y sombrent pas. Le mâle qui, plus tard dans sa vie, a une
relation sexuelle perd le goût pour l’alcool.
Article source : G.
Shohat-Ophir, K. R. Kaun, R. Azanchi, U. Heberlein, 2012. Sexual
Deprivation Increases Ethanol Intake in Drosophila. Science 335, 1351.
[R]
mars 2012
À noter :
Bilan des recherches sur l'invasion du frelon à pattes jaunes Vespa velutina. Conférence, suite à
sa découverte à Somain (59) et en Belgique, organisée par la Fédération
l'Abeille du Nord. Par Claire Villemant (MNHN). Samedi 24 mars à 10 h
00 à l'Hôtel de ville de Lille, salle ERRO place Roger Salengro.
À renseigner :
L'observatoire
des vers luisants.
À (re)lire : Les insectes noctiluques,
par Alain Fraval. Insectes n° 154 (2009-3).
À lire sur Internet :
Comment une mouche peut-elle être baptisée Beyoncé ? par Sergio Dalla
Bernardina. Le
Nou vel Observateur, 12 mars 2012
" En janvier, le doux nom de "Scaptia Plinthina Beyonceae" a été donné
à la mouche à cheval, au motif que l'insecte avait un "postérieur
proéminent". Ces facéties des chercheurs et hommages aux célébrités
sont-elles monnaie courante ? Réponse émaillée de noms incongrus de
Sergio Dalla Bernardina, professeur d'ethnologie. "
À (re)lire : Quelques noms à
coucher dehors, par Alain Fraval, Insectes
n° 157 (2010-2)
Charançon rouge : la justice s’en mêle.
Metro, 13 mars 2012.
" La lutte contre l’insecte "tueur de palmiers" s’intensifie. Mais en
attendant l’arrivée sur le marché d’un antidote, l’urgence est de
repérer les arbres attaqués et de les traiter en coupant les palmes. "
Rhynchophorus ferrugineus (Col. Curculionidé)
À (re)lire : Le délectable tueur de
palmiers, par Alain Fraval. Insectes
n° 146 (2007-3)
Les abeilles auraient leur propre personnalité ! Par Quentin Mauguit.Futura-Sciences.
9 mars 2012.
" Les abeilles sont des insectes sociaux travaillant pour le bien de la
colonie. N’ont-elles pas de personnalité pour autant ? Il semble que
certaines d’entre elles puissent prendre goût à la liberté durant leurs
vols d'exploration. Plus surprenant, ce besoin de nouveauté serait régi
par les mêmes molécules (catécholamine, GABA ou glutamate) que chez les
vertébrés. "
Pour digérer le café, un insecte a volé le gène d'une bactérie,
par Bruno Scala. Futura-Sciences,
" Il a fallu l'aide d'une bactérie pour que le scolyte du café, un
insecte ravageur, soit adapté à son hôte. Grâce à un transfert
horizontal, sorte de raccourci évolutif, un gène de la bactérie a été
transmis au génome de l'insecte. Un phénomène rare chez les
eucaryotes."
[ Hypothenemus hampei (Col.
Curculionidé) ]
794 Retrouver son chez-soi
La fourmi Cataglyphis noda (Hym.
Formicidé) vit dans le désert ; son nid souterrain s’ouvre par un petit
trou, au milieu de nulle part. Pour le retrouver, les ouvrières
fourrageuses déploient toute une gamme de moyens. Aux repères odorants
et visuels s’ajoutent la perception du plan de polarisation de la
lumière et le comptage des pas. Revenir dans son nid est vital pour la
fourmi qui risquerait sinon d’être agressée par les ressortissantes
d’une autre fourmilière ou tuée par des prédateurs.
Expérimentant en Turquie et en Tunisie, des myrmécologues de l’institut
Max-Plank de Iéna (Allemagne), on découvert que cette fourmi est en
plus sensible aux vibrations et au champ magnétique, dont elle mémorise
les caractéristiques locales. De plus, elle se sert de la teneur de
l’air en gaz carbonique (produit par ses congénères de la fourmilière)
pour peu que cette information ne contredise pas les autres données
dont elle dispose pour renter dans son nid.
D’après « Orientation of Desert
Ants: Every Cue Count ». Communiqué de presse de l’institut Max-Planck,
9 mars 2012.
[R]
29 février 2012
À lire sur Internet :
Puces géantes d'un autre temps. Radio-Canada
et AFP. 29 février 2012.
" Des parasites géants du Jurassique, de trois à quatre fois plus gros
que nos puces modernes, ont été décrits pour la première fois par des
paléontologues français du Muséum d'histoire naturelle à Paris."
Piégeage du Frelon asiatique : remède plus nocif que le mal ! La mise au
point OPIE/FNE du 28 février 2012.
Les pratiques de piégeage sont sans réelle efficacité et néfastes pour
les autres insectes volants, en particulier de nombreux pollinisateurs.
[Vespa velutina, Hym. Vespidé]
Une nouvelle espèce de papillon qui s'attaque aux vignes, par Bruno
Scala. Futura-Sciences.
29 févrer 2012.
[Antispila oinophylla, Lép.
Héliozélidé / chenille mineuse des feuilles]
À noter :
Le rôle des insectes au jardin, par Vincent Albouy (OPIE). Le
10 mars 2012 à Niort.
À consulter :
Un agenda :
Variétés entomologiques (annonces, publications, curiosités…), par
Bernadette Cassel.
793 Cher insecte
Les Rôtisseries St-Hubert sont poursuivies en justice par Alexandre
Roy-Langlois, lequel leur avait commandé une salade le 5 novembre 2011,
à livrer chez lui à Lévis (Québec, Canada). Dans ladite salade, un
Dermaptère.
Pris de hauts le cœur à la découverte du perce-oreille, l’homme est
depuis dans l’incapacité de commander une salade dans un restaurant. Il
réclame en conséquence la somme de 6 000 $ pour dommages moraux.
D’après « Il réclame 6000 $
pour un perce-oreille dans une salade », par Kathryne Lamontagne. Lu le
29 février 2012 à //fr.canoe.ca/infos/
792 Appétissant plein
d’appétit
Ils mirent dans une arène une larve d’Epomis
(Col. Carabidé) de n’importe quel stade et un amphibien adulte,
crapaud, grenouille, rainette, triton ou salamandre. L’Amphibien est
insectivore et le carabe se nourrit d’amphibien.
Ce dernier se livre à un curieux manège. Face au gros prédateur qui lui
fait face, il se met à bouger les antennes et les mandibules en rythme
– et ça peut durer une heure. L’amphibien remarque ces gestes
appétissants, comprend « viens me manger », se rapproche et lance sa
langue gluante. La petite larve esquive l’instrument de capture, saute
sur le museau de l’insectivore, s’installe sur son dos, lui perce la
peau et se régale. Il est arrivé – sous les yeux de Gil Wizen et
d’Avital Gasith (université de Tel-Aviv, Israël) - que le carabe ratât
son coup et se retrouvât gobé – mais il fut aussitôt recraché ; dans un
cas, le crapaud l’avala ; au bout de 2 heures dans l’estomac, la larve
ressortit vivante et pleine d’appétit.
Dans tous les cas, l’amphibien finit rapidement en tas d’os.
Il s’agit là d’un cas de renversement des rôles entre proie et
prédateur, tout à fait intrigant. On n’en connaît qu’un autre dans le
règne animal : un certain homard amateur ordinairement de bulots se
fait boulotter par eux s’il est mis là où ils sont très nombreux.
Article source : An
Unprecedented Role Reversal: Ground Beetle Larvae (Coleoptera:
Carabidae) Lure Amphibians and Prey upon Them. PlosOne, septembre 2011.
doi:10.1371/journal.pone.0025161
À (re)lire, l’Épingle « Carabes
bufonivores » de 2011 relatant les travaux des mêmes auteurs, où
l’on a écrit (fautivement ?) Epomys.
791 Insectes sans danger
Les insectes pourraient fournir des protéines intéressantes pour
l’alimentation humaine, en complément, voire en remplacement, du
poisson, des œufs et de la viande. Leur consommation contribuerait à
lutter contre la sous-nutrition et contre la surexploitation des
ressources qu’entraîne la généralisation des repas carnés.
Les insectes sont riches en nutriments, en eau et possèdent une riche
et variée flore intestinale : dans certaines conditions, il peut s’y
développer des micro-organismes dangereux.
Harmke Klunder, à l’université de Wageningen (Pays-Bas) et ses
collègues ont étudié les risques sanitaires liés aux insectes
comestibles. Si l’entomophagie est répandue dans beaucoup d’endroits de
la Planète, on ne dispose que de très peu de données sur les problèmes
liés à la conservation des insectes tels quels ou transformés.
La cuisson suffit à éliminer les entérobactéries mais des bactéries
sporulantes résistent. Hormis la conservation au froid, ce sont la
dessiccation et l’acidification qui sont les techniques les plus sûres.
Le milieu acide préservateur peut être facilement fourni par des
légumes ayant subi une fermentation lactique, mélangés aux insectes.
D’après « Better controls on
insect proteins needed before commercialisation, warn researchers »,
par Nathan Gray. Lu le 29 février 2012 à www.foodnavigator.com/.
NDLR : idée de plat : piéride choucroute.
[R]
23 février 2012
À lire sur Internet :
La pédagogie Freinet et les élevages
d'insectes. Le
vivarium. Brochure d'éducation nouvelle populaire (1947).
Un champignon génétiquement modifié
contre des fourmis rouges. Forum
Phyto. 15 février 2012.
[Fourmi de feu, Solenopsis invicta
(Hym. Formicidé)]
L'insecte qui vous espionnera,
par Michel Alberganti. Tech-Com.
19 février 2012.
[article source : Sreetharan P.S., 2012. Monolithic
Fabrication of Millimeter-scale Machines. J. Micromech. Microeng.]
Quand les bourdons espionnent les
abeilles, par Bruno Scala.
Futura-Sciences, 19 février 2012. " Les bourdons savent tirer des
informations des abeilles domestiques, avec lesquelles ils sont en
compétition pour la nourriture. Ces renseignements hétérospécifiques
(entre espèces différentes) ont autant de valeur que ceux obtenus chez
d'autres bourdons. " [Le Bourdon terrestre, Bombus terrestris, Hym. Apidé]
"Drosophila melanogaster", une mouche alcoolique qui se soigne,
par Hervé Morin.
Le Monde, 17 février 2012. [Leptopilina boulardi,
L.heterotoma, Hym. Figitidés]
Des chenilles mimétiques, par
Sean Bailly. Pour
la Science, 2 février 2012.
" Le mimétisme est fréquent chez les papillons, mais rare chez les
chenilles, leur stade larvaire. Un cas vient d'être découvert en
Équateur, où cinq chenilles non apparentées présentent les mêmes
motifs, dont les coloris vifs peuvent signaler une toxicité réelle ou
feinte. "
[Lép. Nymphalidés Ithomini]
Adieu Docteur Vago. Le
Midi Libre, 14 février 2012.
790 Entomo des tréfonds
Une équipe russo-lusitano-espagnole de biospéléologues (une trentaine
de membres) a exploré durant un mois le gouffre Krubera-Voronya, non
loin de la côte orientale de la Mer noire. L’expédition CaveX a
remonté, notamment, 4 espèces nouvelles de collemboles : Schaefferia
profundissima, Anurida stereoodorata, Deuteraphorura kruberaensis
et Plutomurus ortobalaganensis.
Ce dernier, de la famille des Tomocéridés, est gris avec des points
sombres, contrairement à la plupart des troglobiontes qui sont
dépigmentés. Comme eux, il n’a pas d’yeux (inutiles) et froid (0,5°C)
ne le gêne pas. Que mange-t-il ? Pas grand chose. En tous cas on l’a
attrapé dans un piège appâté au fromage.
Sa gourmandise aura rendu P.
ortobalaganensis immédiatement et mondialement célèbre : en
effet, capturé à 1 980 m sous terre, il est l’animal le plus profond
jamais découvert. Le record de 920 m détenu par un scorpion et un
lépisme est largement battu.
A-t-il un grand mérite ? Son tégument mélanisé indique que ce
collembole est tombé là récemment ; la profondeur extraordinaire où il
est parvenu est presque celle de son gouffre, le plus profond connu sur
Terre.
D’après « World's Deepest
Land Animal Discovered », par Charles Choi. Lu le 22 février 2012 à //news.discovery.com/ Une carte du lieu
789 Mémoire ouvrière
collective
Chez la Fourmi tisserande Oecophylla
smaragdina (Hym. Formicidé), d’Asie du Sud-Est et d’Océanie), on
se bat entre colonies qui chacune défend son territoire. Les
ressortissantes d’un nid d’à côté ont une signature chimique (odorante
surtout) particulière. Et il suffit que quelques individus perçoivent
cette signature lors d’un premier affrontement pour que toutes les
consœurs en prennent connaissance et la retiennent en mémoire – et
agissent en conséquence, c’est-à-dire avec violence.
C’est ce qu’ont établi des myrmécologues de l’université de Melbourne
(Australie). 15 ouvrières d’un nid « familiarisées » progressivement –
par de brefs voisinages en tête à tête dans une boîte de Pétri avec des
congénères d’un autre nid – sont remises chez elles. Ensuite une
attaque
est simulée (avec une vingtaine d’individus). Les fourmis du nid des «
familiarisées » se défendent avec une vigueur particulière contre leurs
voisines. L’information est passée à l’ensemble des ouvrières.
D’après « Ants remember their
enemy's scent », par Victoria Gill. Lu le 20 février 2012. à
www.bbc.co.uk/
[R]
10 février 2012
788 Recruter localement
ou à l’étranger ?
Les fruiticulteurs et viticulteurs californiens font face depuis 2006 à
un ravageur envahissant très polyphage et très dommageable. La Pyrale
brun pâle de la pomme, Epiphyas
postvittana (Lép. Tortricidé), vient d’Australie. Elle est bien
installée dans les vergers comme dans les parcs et jardins. Il y a 3 ou
4 générations par an, la chenille enroule les feuilles et agglomère les
grains.
Une première campagne d’éradication, à l’aide d’un analogue de synthèse
de la phéromone émise par la femelle pour attirer les mâles a tourné
court : les habitants ont réussi à faire interdire les épandages
aériens. La lutte par confusion continue mais au moyen de diffuseurs
terrestres, des liens twist imprégnés. On espère que les ennemis locaux
de la pyrale pourront contribuer suffisamment à la maîtrise de ses
populations.
Dans son aire d’origine, la pyrale a des ennemis efficaces, des
Diptères et des Hyménoptères parasitoïdes. Aucun n’a été introduit. La
lutte biologique « classique », par acclimatation ou lâchers
massifs d’antagonistes allochtones voit son application retardée.
En effet, l’oophage Trichogramma
fasciatum (Hym. Trichogrammatidé), les campophages Meteorus ictericus (Hym. Braconidé)
et Enytus eureka (Hym.
Ichneumonidé), le chrysalidicide Pediobius
ni (Hym. Eulophidé) et quelques autres ont trouvé le
nouveau-venu à leur goût. Les taux de parasitisme ne dépassent pas 85 %
et cela ne suffit pas.
Les entomologistes californiens poursuivent leurs observations. Ils
espèrent qu’en gagnant de nouveaux territoires, la pyrale y «
rencontrera » d’autres espèces de parasitoïdes intéressants. Ils
espèrent aussi parvenir à une connaissance suffisante du cortège
d’ennemis naturels du ravageur pour effectuer à bon escient une
introduction d’auxiliaires australiens.
D’après « Can indigenous
insects be used against the light brown apple moth? », lu le 9 février
2010 à www.sciencecodex.com/
À (re)lire : Accueillante Californie,
Épingle de 2010.
NDLR : l’insecte a été introduit en Grande Bretagne dans les années
1930. Il est présent depuis peu en France.
787 Le Sphinx bête de
mort
Comment piloter proprement et de loin des papillons ? Le ministère
états-unien de la défense, au travers du DARPA, pousse les recherches
de façon à disposer d’insectes volants asservis pour des missions
d’espionnage (ou d’interventions ponctuelles vulnérantes et
venimeuses). Il s’agit de faire voler un aéronef miniature mi-insecte,
mi-machine, le premier n’en faisant qu’à sa tête, la seconde étant trop
lourde. Appelés cyborgs par leurs concepteurs, ces chimères sont ici
rangés dans l’ordre des Zombiptères.
Ça coince au niveau de l’interface, la jonction entre la puce
électronique et les nerfs. Il faut de la précision, l’implantation au
stade nymphal assure une soudure mais pas une bonne transmission. Un
pas vient d’être franchi avec la mise au point d’une sonde de très
haute technologie : en polyimide avec de l’or fin et des microtubules
de carbone, en forme d’anneau ouvert, elle se passe autour de la double
chaîne nerveuse ventrale du Sphinx du tabac (Manduca sexta, Lép. Sphingidé) et
lui communique les ordres du pilote par des impulsions électriques.
Le courant très faible est délivré sous une impédance égale à celle du
récepteur (ce qu’on n’arrivait pas à obtenir jusque-là). Avec dans
l’abdomen, en plus, un accu, un générateur et une radio, son maître aux
manettes, notre valeureux (et costaud) papillon a pris son vol (en
cage) et viré à droite, à gauche, à droite…
L’Armée prévoit de faire bénéficier de sa sonde les victimes d’attaques
cérébrales qui pourrait leur faire retrouver une certaine motricité.
D’après « Nerve probe controls
cyborg moth in flight », par Anil Ananthaswamy. Lu le 8 février 2012 à
http://www.newscientist.com/
NDLR : pour ce qui est de l’alimentation en courant de l’électronique
embarquée, voir ci-dessous « Jus de blatte
»
786 Écoutons la
vieille sauterelle
Archaboilus musicus (Orth.
Haglidés), d’une petite dizaine de centimètres de long, de couleur
inconnue, stridulait. Son appel rythmé et monotone, pas très aigu (6
400 Hz), émis de nuit, se percevait bien dans la forêt d’araucarias et
de fougères géantes mais la sauterelle ne redoutait d’être croquée ni
par les oiseaux ni par les chauves-souris, qui n’existaient pas encore.
On était en plein Jurassique et il faudra attendre 165 millions
d’années pour que l’espèce (disparue avec sa famille depuis) soit
signalée et son chant mis en ligne sur Internet (entre autres ici).
En bonne sauterelle (sous-ordre des Ensifères) mâle, c’est en fermant
ses ailes antérieures l’une contre l’autre qu’il stridule ; les espèces
actuelles, pour la plupart, sont dissymétriques : la râpe (des
denticules sous le dessous de l’élytre gauche) frotte sur le grattoir
(à droite) et le son est amplifié par la disposition des nervures en
harpe. A. musicus n’avait pas
ce caractère évolué. L’exceptionnelle
qualité d’un fossile retrouvé en Chine a permis à une équipe
anglo-chinoise d’étudier les denticulations. En les comparant à celles
d’espèces actuelles – notamment de Prophalangopsidés (proches des
Tettigoniidés) - ils ont pu reconstituer son chant et établir qu’il
était adapté à un milieu de sous-bois plutôt bruyant.
Article source : Jun-Jie Gua et al., 2012. Wing stridulation in
a Jurassic katydid (Insecta, Orthoptera) produced low-pitched musical
calls to attract females. PNAS.
À lire et écouter : la page Stridulations
[R]
4 février 2012
À télécharger :
Identification des Orthoptères de
Vendée, par Michel CLémot. Les Naturalistes Vendéens, pdf 90 p. Télécharger.
À écouter sur Internet :
L'homme et l'abeille. Jean-Noël
Jeanneney et Michel Pastoureau. Concordance
des temps, France Culture, 28 janvier 2012.
À lire sur Internet :
Quand les hommes favorisent la
pullulation de criquets, par Yves Miserey. Le
Figaro, 27 janvier 2012. « Le criquet asiatique prolifère dans les
zones de surpâturage où la végétation est pauvre en azote. »
Un mystérieux insecte s’attaque à la
récolte de riz des Philippines, par Pascal Coesnon. L'Usine
nouvelle, 27 janvier 2012 « D’une espèce encore inconnue, l’insecte
pourrait ravager la moitié de la récolte de riz de l’archipel. »
[Très probablement Paromius longulus
(Hém. Lygéidé), connu des Caraïbes]
Photo
De la libellule au microdrone :
comment les insectes nous apprennent à voler, par Soren Seelow. LeMonde.fr,
18 janvier 2012.
785 Courses de haies
C’est bien connu, les haies forment des corridors qu’empruntent les
oiseaux et les petits mammifères. Et les insectes pollinisateurs ? Un
bourdon peut parcourir 3 km dans la journée et n’est pas facile à
suivre.
Eux aussi suivent les haies, comme l’a montré l’expérience montée par
Jeff Ollerton et ses collaborateurs à l’université de Northampton
(Royaume-Uni). Depuis des postes d’observation tous les 10 m face à une
haie rectiligne, les trajets des bourdons (et autres abeilles) ont été
notés. Il en ressort que leur vol suit d’autant une ligne droite qu’ils
sont proches du rideau végétal. Puis les expérimentateurs ont tendu du
tissu noir, soutenu par des poteaux, entre deux sites riches en fleurs
recherchées. Deux autres sites de butinage ont été aménagés, séparés
par un vide. Les insectes étaient bien plus nombreux à circuler le long
de la haie artificielle.
Autre observation : la meilleure reproduction de plantes pollinisées
par des bourdons à l’endroit où des haies convergent.
Ces résultats confirment l’intérêt des connexions – à conserver ou à
rétablir – entre les zones encore riches en faunes dans un paysage
fragmenté par les aménagements.
D’après « Hedgerows direct the
flight of the bumblebee », par Louise Tickle. Lu le 30 janvier 2012 à
www.guardian.co.uk/
[R]
9 janvier
2012
À réviser : les Épingles de 2011.
À suivre : Les cours du soir de l'OPIE (pour les adhérents) : programme.
À lire sur Internet :
Oiseaux et papillons paient la
facture climatique, par Catnerine Vincent. Le
Monde, 9 janvier 2012. Identification d’un tueur d’abeilles, par
Joël Ignasse. Science
et Avenir, 4 janvier 2012. " Un parasite qui désoriente les
abeilles et les fait quitter leurs ruches a été repéré pour la première
fois aux Etats-Unis. "
[Apocephalus borealis, Dip.
Phoridé]
À noter :
XXVIIe Salon international de
l'insecte et de l'arachnide Papillyon.
Les 17 et 18 mars 2012 à Villeurbanne.
784 La mouche magnétique
Prenons une drosophile, mettons-la en orbite – donc
en apesanteur - et observons ses mouvements : elle marche plus souvent
et plus vite que sur Terre.
C’est une expérience lourde. Il y a bien plus simple et moins cher :
plaçons une droso au-dessus d’un aimant assez puissant, de 16 T au
moins (sur la paillasse, le champ magnétique est d’environ 58
microteslas). Elle lévite (car elle est diamagnétique – comme tout
entomologiste d’ailleurs). Si elle ne flotte pas en l’air, elle court,
exactement comme sa consœur invitée dans la station orbitale et
contrairement à celle restée sur la paillasse, qui marche calmement.
D’autres créatures ailées (petites) en lévitation ont plutôt l’air de
faire semblant de voleter.
Les chercheurs de l’université de Nottingham (Royaume-Uni), auteurs de
cette manip, avancent son intérêt pour la conquête spatiale, soulignent
son côté bon marché et l’absence de l’accélération au décollage de la
fusée, et scrutent les possibles effets d’un tel champ magnétique sur
l’organisme. Ils ne savent pas pourquoi la Mouche du vinaigre passe à
la vitesse supérieure : peut-être se sent-elle tellement légère ;
peut-être ne perçoit-elle plus où est le haut et où est le bas. Vidéo
à télécharger
D’après, entre autres, « Fruit
flies levitated to aid astronaut research », par Kate Taylor. Lu
le 5 janvier 2011 à www.tgdaily.com
NDLR : pour ce qui est de la
lévitation magnétique, voir " Voler sans les ailes ", Épingle de 2006.
783 Jus de blatte
Les insectes instrumentés, munis de récepteurs,
de capteurs,
d’ordinateurs, d’effecteurs ou de caméras (à leur taille) collés sur
leur cuticule ou greffés (les Zombiptères, chimères télécommandées) ne
seront opérationnels que munis d’un système autonome de production de
l’électricité nécessaire.
Un hanneton vert a récemment produit un petit courant grâce au
mouvement de ses élytres : voir l’Épingle « Cétoinolienne
» de 2011.
C’est au tour d’une femelle de Blaberus
discoidalis (Blatt. Blabéridé) de participer à ces recherches.
Elle s’est vue, par Daniel Scherson, chimiste et universitaire à
Cleveland (Ohio, États-Unis), planter deux électrodes dans l’abdomen.
Celles-ci, baignant dans l’hémolymphe, sont reliées à une petite pile à
combustible. C’est le tréhalose (sucre des insectes) qui fournit
l’énergie.
Correctement nourrie, la blatte produit 55 µW/cm2 sous 0,2 V ; au bout
de 2 heures et demi, la puissance disponible ne baisse que de 5%.
D’après, entre autres, «
Biofuel cells may turn cockroaches into cyborgs », par Julie Larsen
Maher. Lu le 6 janvier 2012 à //futureoftech.msnbc.msn.com/
NDLR : en plus, cette blatte
sud-américaine tient la route ! Voir l’Épingle « Renversant » de 2002.
782 Soldates kamikazes
Chez les abeilles, certaines ouvrières ont pour fonction de défendre
l’entrée du nid – à coups d’aiguillon. Elles sont à ce poste un jour au
plus. La caste des soldats, bien connue chez les fourmis eusociales,
existe chez au moins une espèce d’Apidé : le Jatai Tetragonisca angustula, une
mélipone (abeille mellifère sans dard) qui vit en Amérique du Sud.
Observant et marquant les individus à l’entrée de la ruche, les
entomologistes d’une équipe anglo-brésilienne conduite par Francis
Ratnieks, ont eu la surprise de constater que les gardiennes occupent
ce poste durant une bonne semaine- après avoir occupé les fonctions de
nettoyeuses, de nourrices du couvain puis de butineuses. En les
examinant sous la bino, seconde surprise : ces gardiennes n’ont pas
seulement un comportement particulier : elles sont plus grandes et ont
les pattes plus longues que les autres.
Leur mission est d’empêcher l’abeille cleptobionte Lestrimelitta limao (Apidé) de
réussir le pillage de leurs réserves de miel, de pollen, de cire et de
propolis. Le raid, mené par un nombre variable d’individus dure de
moins d’1 heure à 5 jours ; durant ce temps, les victimes se
rassemblent autour du couvain, qui n’est pas attaqué. Cette espèce s’en
prend à diverses mélipones et à l’Abeille domestique (importée et
africanisée).
Nos soldates, postées à l’entrée de leur nid (en forme de tube),
s’agrippent par leurs mandibules aux ailes des patrouilleuses de L. limao – bien plus grosses
qu’elles - en train d’évaluer les nids-proies potentiels. Elles
parviennent ainsi à les immobiliser mais, à la fin, elles meurent :
elles se sacrifient pour leur reine et leurs sœurs.
D’après « Scientists discover
soldier bees », par Victoria Gill. Lu le 10 janvier 2012 à www.bbc.co.uk/nature/ Photo
: la soldate est à droite
[R]
Épingles
parues dans Insectes n° 163
(4e tr. 2011)
781 Il faut les tuer
La liste des « organismes nuisibles aux végétaux, produits végétaux et
autres objets contre lesquels la lutte est obligatoire, soit de façon
permanente sur tout le territoire [de la France], soit sous certaines
conditions » vient d’être mise à jour : arrêté du 25 août 2011 (JO du
27 août, p. 14554, texte n° 26)1.
Apparaissent le Cynips du châtaignier Dryocosmus
kuriphilus (Hym. Cynipidé) et le Charançon rouge du palmier Rhynchophorus ferrugineus (Col.
Curculionidé), deux envahisseurs récents, connus des lecteurs d’Insectes2.
On rappellera la liste des « anciens ». Le Ver du cotonnier alias le
Prodénia Spodoptera littoralis
(Lép. Noctuidé) est une noctuelle méditerranéenne aux chenilles
polyphages3 (responsable de gros dégâts en Corse en 2009). La Bruche
chinoise Callosobruchus chinensis (Col.
Bruchidé), la Calandre des céréales Caulophilus
oryzae (Col. Curculionidé), le Grand Capucin du maïs Prostephanus
truncatus (Col. Bostrychidé) et le Dermeste du grain Trogoderma granarium (Col.
Dermestidé)4, 4 rongeurs des grains et, et déprédateurs des denrées. Ce
dernier, présent autour de la France, ne saurait rester bien longtemps
sans y prendre patte.
Il en est de même du Hanneton japonais Popillia japonica (Col.
Mélolonthidé), jusque-là parvenu seulement, via un aéroport, dans une
île des Açores (Portugal). Ravageur souterrain, peste des gazons et des
cultures, il appréciera le climat autour des Alpes.
Pour clore la liste, la Teigne du bananier, Opogona sacchari (Lep. Tinéidé)
qui se maintient sous serre, sur des plantes d’ornement ; les
populations repérées en dehors ont été éradiquées.
1. Les insectes visés par la réglementation européenne sont listés à www.srpv-aquitaine.com/_publique/pd_phytos/orga4i
2. À (re)lire : Un Cynips menace la
châtaigneraie à fruits, par Valérie Belrose, Insectes n° 134 (2004-3) et Le délectable tueur de palmiers, par
Alain Fraval, Insectes n° 146
(2007-3).
3. Fiche HYPPZ.
4. Épinglé sous le titre « Mort ou vif
» en juillet 2011.
780 Après vous, Madame !
Au bout de trois saisons d’observation en nature, au moyen d’un réseau
de caméras infra-rouge, il appert que Monsieur Grillon est
chevaleresque. Assailli par un prédateur, un Grillon champêtre Gryllus campestris (Orth. Gryllidé)
se précipite dans son terrier. En couple, avec des intentions
génésiques, le mâle laisse alors passer la femelle devant lui et ne se
met à l’abri qu’une fois sa partenaire en sûreté, mettant ce faisant sa
vie en danger.
Ce comportement ne peut pas s’interpréter comme une protection «
classique » exercée par un mâle qui empêche la femelle de se
débarrasser de sa semence ou de copuler avec ses rivaux, ce qui a été
maintes fois observé sur des insectes d’élevage.
Dans ce cas, le mâle et la femelle sont avantagés : le mâle copule plus
avec sa femelle et a la paternité d’une plus grande part de la
progéniture tandis que la femelle donne naissance à plus de descendants
de son mâle préféré et gagne en sécurité. Le conflit entre les sexes
pourrait avoir évolué en une sorte de coopération.
Rolando Rodríguez-Muñoz et ses collaborateurs de l’université d’Exter
(Royaume-Uni) poursuivront leur étude sur les générations suivantes.
D’après « Among insects,
‘chivalry’ isn’t dead », lu le 7 octobre 2011 à www.eurekalert.org
779 Papillons en prison
L’armée états-unienne, très attentive aux insectes, finance des travaux
visant leur amélioration (voir les Zombiptères, radiocommandés) et
l’augmentation de leur diversité (par la création de prototypes
d’hexapodes artifi ciels). Elle déploie également ses moyens, quand le
jeu en vaut la chandelle, pour la protection de la nature naturelle.
Le Damier de Taylor (Euphydryas
editha taylori, Lép. Nymphalidé) fut une espèce abondante des
prairies, répandue de la Basse Colombie britannique jusqu’au centre de
l’Oregon. Son habitat a été si bien grignoté que l’espèce est proche de
l’extinction : il n’en reste que 4 populations isolées et fragiles.
La plus populeuse d’entre elles, d’un millier de papillons (les autres
ne comptent pas plus de 50 individus), vit sur un terrain d’exercice de
l’artillerie, la base Lewis McChord (Washington), où la prairie
originelle a déjà été largement entamée par les incendies déclenchés
par les tirs. La situation est grave, car si jamais le Damier était
inscrit sur la liste fédérale des espèces en danger, le terrain
passerait sous la coupe du ministère de la Pêche et de la Faune sauvage
qui, évidemment, ferait cesser ces activités explosives.
Pour éviter ça, le ministère de la Défense a financé (pour plus de 20
000 €) un insectarium, construit (par des prisonniers) dans l’enceinte
de la prison de Mission Creek. Des détenus choisis et formés, sous la
houlette de l’Evergreen State College à Olympia, y élèvent les
chenilles et devraient obtenir des imagos. L’élevage – sur plantain –
vient d’être mis au point par le zoo de Portland (Oregon). En cas de
succès, les papillons, eux, sortiront de prison et seront lâchés dans
la zone de South Sound.
D’après, entres autres « WA
prison inmates raise imperiled butterfl ies », AP, lu le 7 octobre 2011
à //community.seattletimes.nwsource.com/
NDLR 1 : Les Zombiptères sont
régulièrement épinglés : la dernière nouvelle de l’ordre « Cétoinolienne », date de septembre 2011.
NDLR 2 : Les terrains militaires
sont en général des refuges sûrs pour les espèces végétales et animales
en danger.
[R]
[R] À réviser : les Épingles de 2011.
Les Épingles de collection - à
consulter, page par page : Les Épingles
entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles
de 2001, Les Épingles de 2002,
Les Épingles de 2003, Les Épingles de 2004, Les Épingles
de 2005, Les Épingles de
2006, Les Épingles de 2007,, Les Épingles de 2008, Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011. - ou globalement (jusqu'à
fin 2009) ici.
Vers la
page d'accueil