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Les Épingles tout frais forgées sont en haut de la pile
En épingle en 2011
L'insecte ou l'événement entomologique du jour, celui qui défraye la chronique et qui alimente les conversations en ville et dans les insectariums, sera épinglé sur cette page abricot, qui s'enrichira au fur et à mesure des événements entomologiques.

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Rédaction (sauf mention contraire) : Alain Fraval  

Empoisonnée et trompée, elle disparaît, Le coup d’œil de la demoiselle 
La Guêpe à cuillers, Travail adapté pour ouvrières usées
C'est la lutte finale, Mouche ou mouchard ?  Secouer le sapinDrosOGMasoDe l’usage de l’endoscope en entomologieSe nourrir d’insectes, Copuler constipe,  Alerte rouge, Doubler la diversité, Signal rouge,  Lâcher surprise,  Podophilie, Nez-d’œuvre à bas coûtLe régime n’est pas en cause, L'invasion des abeilles asiatiques, Chaud chant d’amourChère biodiversité,  Au cœur de l’écœurement,  Succulents ébranlementsRetour de mission, Procréation assistée, La mère des éphémères, Répulsif attractif,  Viser les vieillesBoisson chaude,  Apprendre sans dormir, Imblairable, La balade du puceron noir, Carabes bufonivoresExoentomologie, SafariCigale qui rigole, Cigale qui régaleBande de décodeurs, Le moral dans les tarses,  Boire rend attirantCharançon à 6 boulonsMort ou vif,  ParanoImmigrant en MéditerranéeLes antibiotiques, c’est automatique,  Madame Guêpes tombe sur un monstreSaisir le son de la sésieCétoinolienne, Mouche réparatrice, Œuf sur œufChacun sa personnalité,  La petite mort sur bouteilleRecolorisation, Pas de peauAntenne médicale, Poils fatalsElle mue comme elle respire, Inceste intériorisé, La Mouche de la navette, Elle se protègeMouches artificielles, Produire son courant, Faire du sport, Crever de peur, Sur l'île comme à la ville, La molécule qui manipule,L'abandon du tout nucléé, Lutte contre l’immigration, Mouches à bière,Sauteuse, Une peste pour les ravageur, Le poil repousse, Boisson trop chaude, Programme titanesque,

Les Épingles de collection - à consulter, page par page : Les Épingles entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles de 2001, Les Épingles de 2002,  Les Épingles de 2003, Les Épingles de 2004, Les Épingles de 2005,  Les Épingles de 2006, Les Épingles de 2007,, Les Épingles de 2008,  Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011, Les Épingles de 2012,
ou globalement (jusqu'à fin 2009)  ici.
20 décembre 2011

À suivre :

Les cours du soir de l'OPIE (pour les adhérents) : programme.

À lire sur Internet :

Reproduction du papillon Machaon d'Asie : une affaire de goût. INRA / News Press, 16 décembre 2011.
[Papilio xuthus (Lép. Papilionidé]

778 Programme titanesque
Il s’agit d’obtenir, par sélection classique, une Mouche du vinaigre d’enfer et d’avenir. Drosophila titanus sera capable, dans quelques milliards d’années, d’accomplir son cycle de développement là où la dernière forme de vie terrestre pourra encore subsister : sur Titan, satellite de Saturne.
Pour l’heure, on en est au début. De nombreux individus de D. melanogaster sont élevés dans des conditions qui s’approchent de ce qu’on sait de celles régnant là-bas, recrées avec les moyens d’un bricoleur moyen. Lumières orange et UV (fournies par des diodes élécroluminescentes ad hoc), pression énorme (de plus de 18 bars, maintenue par une pompe à vélo), radiations ionisantes (émanant d’un détecteur de fumée), froid s’approchant des -180°C requis (à 175° près), etc. Sur Titan, il pleut du méthane liquide ; les courageuses drosos participantes au programme sont aspergées (c’est plus simple à réaliser et moins radicalement létal) par de la vodka.
Très peu de mouches survivent – c’est le but du traitement. La descendance que celles-ci sont autorisées à engendrer passe au crible de l’environnement quasi-titanesque. Et ainsi de suite.
L’installation, des dépouilles des drosos héroïnes et le cahier de laboratoire de cette expérience sont montrés au sein d’une exposition itinérante au Royaume-Uni par le concepteur, Andy Gracie, artiste.
D’après « Superflies bred to be the first astronauts on Titan », par Jessica Grigg. Lu le 15 décembre 2011 à www.newscientist.com/

777
Boisson trop chaude
À l’université de Tours, des dames moustiques (Aedes aegypti et Anopheles stephensi, Dip. Culicidés) ingurgitent du sang chaud sous l’œil et la caméra thermique d’entomologistes. Ce breuvage à presque 37°C leur est fourni par un distributeur (au travers d’une membrane), par un animal de laboratoire ou un(e) entomologiste (au travers de leur peau).
Le sujet est : comment le moustique, animal poïkilotherme (sans régulation de sa température interne), résiste à cet afflux de chaleur.
A. aegypti
(voir l’Épingle «
Boisson chaude de 2011) possède certes des protéines de choc thermique qui protègent ses constituants biochimiques sensibles. Mais encore…
La carte thermique dressée par Claudio Lazzari et Chloé Lahondère révèle que la température interne d’Anopheles stephensi est maintenue stable et ceci par l’évaporation de la goutte de sang que le moustique, qui se tient perpendiculairement à la peau, fait sourdre par l’anus.
C’est le même dispositif, mais à l’autre bout du tube digestif, que la goutte de nectar que les bourdons régurgitent quand le battement de leurs ailes les échauffe.
La femelle d’Aedes aegypti, quant à elle, se tient parallèle à la peau, voit sa température grimper lors du repas et ne laisse échapper aucune goutte…
D’après « Anus helps save mosquito from hot blood meals », par Jenna Hanson. Lu le 16 décembre 2011 à www.cosmosmagazine.com/news/
NDLR : cette découverte fera-t-elle progresser la lutte anti-vectorielle ? Où en est-on de l’application du procédé décrit la dernière fois qu’Anopheles stephensi s’est fait épingler ici ?

776 Le poil repousse
Ils furent 29 à faire don à la science de deux bras. Lesquels, au nom de la science (entomologique) furent offerts à des Cimex lectularius assoiffées, l’un tel quel, l’autre rasé.
Le bras glabre fut allègrement ponctionné par les hématophages cependant que son symétrique au naturel fut nettement moins goûté par la Punaise des lits ; nombre d’entre elles s’empêtrèrent et perdirent du temps à chercher un passage dans la jungle, bousculant au passage des poils sensibles. Alertés, les cobayes à sang chaud s’empressèrent d’écraser les Hémiptères (Cimicidés).
De cette expérience, leurs auteurs Michael Siva-Jothy de l’university de Sheffield (Royaume-Uni) et ses collaborateurs tirèrent l’explication de la préférence des moustiques, des moucherons-qui-piquent, des sangsues et des tiques pour les poignets et les chevilles de l’Homme, parties particulièrement mal pourvues en poils durs comme en duvets.
D’après « A hairy body can mean the bed bugs won't bite (because they can't get to the skin) », lu le 14 décembre à www.dailymail.co.uk/

[R]

8 décembre 2011

À lire sur Internet :

En Afrique de l'Est, la striure brune s'attaque au manioc, par Sébastien Hervieu. Le Monde, 8 décembre 2011
[Le potyvirus agent de la Striure brune (CBSV) est transmis par Bemisia afer et par l’Aleurode du tabac B. tabaci (Hém. Aleyrodidés)]

"Polistes fuscatus", une guêpe très physionomiste, par Hervé Morin. Le Monde, 2 décembre 2011.
[Hym. Vespidé]
Cf l'Épingle de 2008 « Mémoire d’une reine »

Le bagage génétique d'un papillon migrateur. Radio Canada, 24 novembre 2011.
[Le Monarque d’Amérique Danaus plexippus (Lép. Nymphalidé) décodé.]

La toile d'araignée empoisonnée, par
Loïc Mangin. Pour la Science, 29 novembre 2011.
Une araignée empêche les fourmis de l'atteindre grâce à un répulsif dont elle enduit sa toile.
[Nephila antipodiana]

L’Inra de Bordeaux traque le frelon asiatique. INRA, 4 novembre 2011
" Le frelon asiatique, ou frelon à pattes jaunes, est une véritable menace pour la filière apicole car les abeilles sont l’une de ses proies préférées. Redoutable chasseur, carnassier vorace, Vespa velutina s’est très rapidement répandu à travers la France. En Aquitaine, épicentre de l’invasion biologique, une équipe de l’UMR 1065 Santé et agro-écologie du vignoble étudie à l’Inra de Bordeaux le comportement de V. velutina depuis 2007. Denis Thiéry, directeur de l’unité, fait le point sur cette invasion et les recherches de son unité. "

À voir :

Dentelières à huit pattes – Les araignées bruxelloises. Exposition de photos aux Halles St Géry à Bruxelles (Belgique). Du 14 décembre 2011 au 30 janvier 2012. Infos.

775 Sauteuse
Des cuisses arrière hypermusclées, avec l’articulation fémur tibia en résiline (un matériau qui emmagasine l’énergie), lui permettent des performances épatantes : un saut de presque 45 longueurs (de son corps, soit 9 mm pour le mâle, 7 pour la femelle) contre 20 pour un criquet (muni du même système de ressort), une accélération au décollage de 23 g. Pour déterminer la trajectoire, des yeux ronds proéminents ; pour la stabiliser, pas d’ailes mais des pattes qui s’étendent et des antennes bi-articulées.
Et pourtant, c’est une blatte, une des quelque 4 000 espèces de cet ordre (Blattodea alias Dyctioptères). La seule sauteuse. Elle a été découverte en 2006 en Afrique du Sud, sur la montagne de la Table (d’où son nom de Saltoblattella montistabularis) et décrite en 2009. La Blatte sauteuse adulte, qui vit parmi les herbes, est active de jour. Elle se déplace surtout par bonds et apprécie particulièrement les excréments de sauterelles.
Travaux de Mike Picker et Johnathan Colville à l’université du Cap.
D’après, notamment, « Leaping Cockroach Gets Around on Spring-Loaded Knees », par Dave Mosher. Lu le 7 décembre 2011 à www.wired.com/wiredscience/
NDLR : la familière Blatte germanique (Blatella germanica, même famille), dépourvue de toute adaptation, est capable de sauts en longueur de 3 fois sa taille.

774 Une peste pour les ravageurs
Une bactérie découverte il ya 15 ans sur un Coléoptère de Nouvelle-Zélande pourrait devenir un agent de lutte homologué d’ici 4 ans, une fois précisée sa gamme d’hôtes et vérifiée son innocuité pour les vertébrés et l’environnement.
Dans les PNAS, Michael Landsberg et ses collaborateurs, de l’université du Queensland (Australie), font le point des connaissances sur Yersinia entomophaga MH96. Inoculée per os à la chenille de Teigne des crucifères Plutella xylostella (Lép. Yponomeutidé = Plutellidé), la bactérie agit en 3 jours en provoquant l’arrêt de la prise de nourriture, vomissements et diarrhées. La toxine sécrétée par la bactérie se compose de 6 protéines, dont deux sont identifiées ; l’une affecte le « squelette » des cellules et agirait au niveau de l’intestin moyen, l’autre vise la chitine et dégraderait la membrane péritrophique.
On espère tenir, avec Y. entomophaga, une arme contre les populations de ravageurs devenues résistantes à Bacillus thuringiensis.
D’après « New bacterial insecticide in the wings », par Anna Salleh, lu le 6 déembre 2011 à www.abc.net.au/
Fiche HYPPZ de la Teigne des crucifères

[R]

23 novembre 2011

À lire sur Internet :

Sur un papillon fossile, des couleurs vieilles de 47 millions d'années, Par Bruno Scala, Futura-Sciences, 20 novembre 2011.
Voir ci-dessous Recolorisation.

Comment la bactérie Wolbachia facilite la reproduction, par Bénédicte Salthun-Lassalle. Pour la Science, 13 novembre 2011.
"La bactérie Wolbachia infecte les mouches femelles et augmente leur descendance. Des chercheurs américains ont découvert comment elle agit."

En vidéo : le vol spectaculaire des syrphes à la loupe, par Bruno Scala. Futura-Sciences, 11 novembre 2011.
Sur l'aile, l'alula, une partie mobile qui ressemble étrangement à un aileron d'avion, peut être déployée ou rétractée, semblant jouer un rôle important dans les changements de direction et de vitesse.

773 L’abandon du tout nucléé
Certains groupes d’insectes ont évolué en se miniaturisant jusqu’à des dimensions inférieures à certains unicellulaires comme des paramécies.
Megaphragma caribea (Hym. Trichogrammatidé) ne dépasse pas, à l’état d’adulte, 0,17 mm. C’est le record. Effectué sur un congénère à peine plus grand (0,20 mm), M. mymaripenne (d’Espagne), le décompte des cellules nerveuses aboutit à une surprise : moins de 400 neurones nucléés et quelque 4 000 autres dépourvus de noyau. Au stade nymphal, l’effectif est de 4 400 neurones (c’est peu) normaux. Peu de temps avant la mue imaginale, les noyaux de la plupart des cellules de tous les ganglions nerveux disparaissent. Et pourtant, ce « tricho » mène une vie de parasitoïde normale : il vole, se nourrit et, au bout de 5 jours, trouve son insecte-hôte et y pond.
Les trichogrammes sont des insectes bien étudiés, du fait de leur emploi comme auxiliaires de lutte biologique et l’on avait déjà compté les neurones de l’espèce Trichogramma evanescens : 37 000 dans le seul ganglion sous-œsophagien. Quant à l’ouvrière d’Abeille domestique, certes bien plus grosse, elle en possède 850 000.
Sinon, l’insecte le plus petit parmi ceux qui vivent libres, un Coléoptère Ptiliidé, n’a pas évolué ainsi. La taille de l’imago, chez certains individus, dépasse à peine 0,3 mm ; la larve (campodéiforme, grêle) du premier des 3 stades est encore plus petite. Le comportement est normal. Mikado sp., l’espèce étudiée, possède dans un système nerveux relativement volumineux 40 000 neurones de petite taille.
Ces travaux conduits par Alexis A. Polilov à l’université Lomonosov à Moscou (Russie) dans le cadre de la biologie de l’évolution ouvrent une nouvelle voie dans l’étude de la régénération des neurones.
Article source : Polilov, A.A., 2011. The smallest insects evolve anucleate neurons. Arthropod Structure & Development (sous presse), doi:10.1016/j.asd.2011.09.001
Image : M. mymaripenne, une amibe et une paramécie.

772 Lutte contre l’immigration

La canne de Provence Arundo donax a été introduite en Amérique du Nord par les Espagnols peu après 1500. Là où elle n’est pas envahissante, elle sert, comme dans l’Ancien Monde, de brise-vent, d’ornement, de matériau pour fabriquer des canisses et des anches, ainsi que de combustible. Elle sert aussi – et c’est insupportable – d’écran entre les Mexicains qui tentent de passer furtivement aux Etats-Unis et les jumelles des garde-frontière qui leur donnent la chasse.
Ces derniers, déçus par la lutte chimique comme par la lutte mécanique (la canne repousse vite…), et pourquoi pas mus par un souci écologique, allouent au ministère de l’Agriculture un budget sur 2 ans pour étudier et mettre en œuvre deux auxiliaires de lutte biologique (déjà homologués et employés).
Vont donc œuvrer à prévenir l’introduction de « terroristes, d’armes pour terroristes, de drogues et de produits de contrebande » la cochenille Rhizaspidiotus donacis (Hém. Diaspididé) et Tetramesa romana (Hym. Eurytomidé), originaires d’Espagne et du Midi de la France. La première ponctionne tiges et rhizomes, le second est cécidogène ; leur action commune se traduit par des tiges rabougries avec presque pas de feuilles.
D’après « CBP is ready to release two insects to fight Carrizo cane along U.S.-Mexican border », par Jacob Goodwin. Lu le 21 novembre 2011 à www.gsnmagazine.com/

771 Mouches à bière
Pourquoi la mouche – précisons la drosophile – est attirée par la bière, liquide non sucré ? Ce serait une des grandes questions qui taraudent les gens.
L’université de Californie, à Riverside (États-Unis), en la personne d’Anupama Dahanukar et en celles de ses assistants, s’est mise au travail. À leurs drosos, nos chercheurs ont proposé différents aliments fermentés, puis les ont analysées. Et découvert le récepteur Gr64e associé à des neurones de la trompe, sensible au propan-1,2,3-triol (ou 1,2,3-propanetriol alias la glycérine, produite lors des fermentations.
Inodore mais au goût sucré (pour les gens), cette glycérine est un signal de bonne chair (pour les drosos).
D’après, entre autres, « The buzz around beer », lu le 17 novembre 2011 à www.eurekalert.org

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10 novembre 2011

Insectes et compagnies, par Eric de Thugny. A l'Agence terre d'aventure, 30 rue Saint-Augustin, 75002 Paris. Le 17 novembre à 20 h.

À lire sur Internet :

Le changement climatique devrait aggraver l'impact de la maladie du sommeil., par Paul Benkimoum. Le Monde, 10 novembre 2011.

Ce microbe qui dirige le développement de la mouche, par J.I. Sciences et Avenir.fr, 4 novembre 2011.
[Acetobacter pomorum / Drosophila melanogaster]

Antibiotiques et pesticides : un cocktail mortel pour les abeilles américaines, par  Martine Valo. Le Monde, 6 novembre 2011.

770 La molécule qui manipule
La Cicadelle de l’aster, Macrosteles quadrilineatus (Hém. Cicadellidé) se porte mieux, se développe plus vite et pond plus sur les plantes qu’elle a infectées avec l’aster yellows (jaunisse de l’aster), souche Witches’ Broom (balai de sorcière) – bref l’AY-WB. La maladie est due à un phytoplasme,  une bactérie qui est l’hôte obligatoirement de la plante ou de la cicadelle vectrice.
Les exemples de manipulation d’un hôte par un parasite pour son profit sont nombreux mais le mécanisme exact restait à découvrir. Dans le cas présent, les chercheurs de l’équipe de Saskia Hogenhout au John Innes Centre (Norwich, Royaume-Uni) ont commencé par séquencer le génome du phytoplasme, puis cherché des molécules capables d’agir sur l’interaction cicadelle-plante, dites effectrices. Parmi 56 candidates, ils ont mis en évidence que la molécule SAP1 réduit la sécrétion chez la plante-hôte (l'arabette des dames en l'occurence), d’une hormone (acide jasmonique) anti-cicadelle produite en réaction à une blessure.
En plus d’être débarrassée de cette défense, les cicadelles profitent des balais de sorcières induits par ailleurs par le phytoplasme qui constituent des sites de ponte attractifs et favorables. L’augmentation de la population de cicadelles vivant sur les plantes atteintes accroît leurs déplacements et donc la transmission du pathogène à des plantes saines.
D’après, entre autres, « Study shows how parasites manipulate plants to attract insects », lu le 7 novembre 2011 à www.physorg.com/
Article source 
en ligne (en angais, gratuit)

769 Sur l’île comme à la ville
Elle vit naturellement dans les forêts, organisée en colonies d’une cinquantaine d’individus avec une reine. En ville, elle constitue d’immenses sociétés avec des milliers de reines habitant de multiples dômes. Elle s’y conduit comme une espèce invasive – et ceci chez elle (aux États-Unis) -, éliminant les populations indigènes (comme elle)  et… envahissant les maisons. C’est un cas unique, observé par Grzegorz Buczkowski de l’université de Purdue (à West Lafayette, Indiana).
La fourmi Tapinoma sessile (Hym. Formicidé) n’est pas agressive, sa présence est seulement très gênante. C’est une dure à cuire, résistante au froid, au chaud, au jeûne et aux blessures. Si jamais on l’écrase, elle dégage une odeur de noix de coco -  d’où son nom de Fourmi odorante. Elle succombe aux traitements insecticides mais la supercolonie envoie aussitôt de nouvelles troupes : on ne s’en débarrasse pas.
Tout récemment, T. sessile a été repérée à Hawaï. Où, tout comme dans les zones urbaines du continent, elle forme d’immenses colonies polygynes et polydômes. Où l’espèce déjà très répandue ne peut plus être éradiquée. G. Buczkowski espère trouver dans l’analyse de son génome l’explication de ces surprenants changements d’organisation sociale.
D’après « Invasive insect pest found in Hawaii », lu le 1er novembre 2011 à www.upi.com/Science_News/

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2 novembre 2011

À lire sur Internet :

OMG – Des moustiques génétiquement modifiés pour tuer leur progéniture. Le Monde, 31 octobre 2011
Aedes aegypti (Dip. Culicidé) /dengue
À (re)lire, épinglé en novembre 2010 : Moustique, les antibiotiques, c’est pas automatique ! 

L’immunité innée domestique les bactéries chez les insectes. INRA, 21 octobre 2011.

La chenille, la guêpe et le virus... exposé d'Elisabeth Herniou (université de Tours/CNRS) présenté par Marie-Odile Monchicourt. France Info, 28 octobre 2011.

768 Produire son courant
La dionée (Droséracée), plante carnivore de Caroline (États-Unis), tire de l’énergie des insectes qu’elle capture et digère entre ses feuilles aux bords dentés. Sur ce modèle, Seung-Won Kim (à Séoul, Corée du Sud) et Mohsen Shahinpoor (université du Maine) ont construit, indépendamment l’un de l’autre, deux pièges à mouches qui fonctionnent à la mouche.
Le prototype du premier (
image) est basé sur un ressort à mémoire de forme, celui du second fait appel aux propriétés électro-actives d’un polymère composite métal-ion (IPMC).
Dans les deux cas, l’énergie électrique nécessaire à la capture des insectes volants est fournie gracieusement par les victimes. On ne sait pas encore leur faire fabriquer l’indispensable appât.
D’après « New Venus Flytrap Prototype Presages Robots That Can Trap Their Own Fuel », par Lena Kim. Lu le 30 octobre 2011 à www.ibtimes.com/
À (re)lire, en bas de cette page " Se nourrir d’insectes ".

767 Crever de peur
Les larves de Leucorrhine mouchetée (Leucorrhinia intacta, Odon. Libellulidé) sont sensibles à la vue et au goût de leur prédateur au point d’en mourir. À l’université de Toronto, on les a élevées dans le même aquarium que le poisson, leur ennemi, mais hors d’atteinte de ce dernier. De façon surprenante, leur mortalité a été 2,5 à 4,3 fois supérieure à celle des témoins, probablement causée par des infections. Lors d’une seconde manip, on a compté 11% d’échec de la métamorphose, contre 2% chez les individus non stressés.
Les auteurs de ce travail estiment que tous les animaux peuvent être victimes de stress et proposent leur expérience comme modèle de futures études sur le rôle du stress en dynamique des populations.
D’après « Insects can be scared to death by the mere presence of a predator », par Ted Thornhill. Lu le 28 octobre 2011 à www.dailymail.co.uk/

766 Faire du sport
L’été (en janvier) à Brisbane (Australie), sont organisées des courses de cafards (14 épreuves dans la journée) devant 7 000 spectateurs qui éliront, une fois les concurrents départagés et remis dans leur élevage, Miss Cocky qui sera l’ambassadrice de l’épreuve pendant un an. Si l’on ne dispose pas de ses propres bêtes de course, on peut en acheter sur place au prix de 5 $. La discipline est pratiquée également aux États-Unis.
Les Japonais sont classiquement friands de combats de kabutomushi, Allomyrina dichotoma (Col. Scarabaeidé). On y fait aussi se battre à mort – et l’on poste désormais la video sur Internet – des mille-pattes, des grillons, des mantes… Suscitant diverses réactions.
En Chine, le combat de grillons, organisé à l’automne, a ses règles, ses accessoires et ses trucs. Le dernier à la mode : la veille du combat, fournir au combattant – qui s’en trouvera réjoui et revigoré - une grillonne (ou plusieurs) et les laisser se connaître.
Sport universitaire, le cracher de grillons (Achaeta domestica, Orth. Gryllidé), est codifié depuis 1996. Le règlement stipule que les insectes sont préalablement congelés.
Ressortissant au parascolaire rural, le « tour de France » consistait à faire se mesurer des sauterelles lors d’une épreuve de marche. Sur 4 pattes, les « cuisses » ayant été arrachées.
D'après diverses sources.
À (re)lire les 
épingles « Parieurs, le secret », « Athlétisme et politique », « Entomomachie » et « Course de bêtes ».

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19 octobre 2011

À voir sur Internet :

Insectoliennes : comment recharger un smartphone avec des insectes. Vidéo.

À lire sur Internet :

Bulletin de liaison de l'Office Pour les Insectes et leur Environnement de Midi-Pyrénées, 27, septembre-octobre 2011. Ici, directement.
Orienté Orthoptères, ceux de Midi-Pyrénées et les wetas...

L'été indien a attiré des papillons exotiques au Royaume-Uni. Romandie News, 7 octobre 2011.

Un aphrodisiaque pour les mouches: les arômes fruités. Techno-science.net, 5 octobre 2011.
[Drosophila melanogaster mâle (Dip. Drosophilidé) / acide phénylacétique]

765 Mouches artificielles
Les OVMI – objets volants mimant les insectes – sont ils l’avenir de l’entomologie ? Les militaires et les agriculteurs sont intéressés. D’aucuns pensent que, moyennant quelques progrès technologiques, les insectes artificiels pourront non seulement exécuter des missions de reconnaissance et des ennemis mais remplacer les insectes naturels là où ils sont défaillants, pour polliniser les arbres fruitiers notamment.
Les recherches vont bon train dans les labos et des prototypes volent ou volettent. C’est le cas notamment du spécimen nommé DASH+Wings (littéralement « hexapode dynamique autonome étalé + ailes ») construit à l’université de Californie à Berkeley (États-Unis). L’engin, de quelque 3 pouces de long, possède 6 pattes et… 3 ailes (
photo). Il est incapable de s’envoler mais grâce à sa voilure vibrante, il est plus agile et peut progresser bien plus vite que son compère aptère. Notamment sur les substrats rugueux et pentus.
Dans le même labo sont nés Octoroach, un engin grand comme la main, à 8 « pattes » qui crapahute vaillamment sur le gravier (sur pas plus de 100 m) et BOLT, ailé et bipède, volant et sautillant.
D’après « Biomimicry Robots Run Amok at Berkeley, Show How Insects Evolved to Fly », par Alessondra Springmann. Lu le 17 octobre 2011 à www.pcworld.com/

764 Elle se protège
Juste avant l’acte, elle prend ses précautions contre les infections.
À l’université de Saint-Andrews, Michael Ritchie et Elina Immonen étudient la réaction de la demoiselle Drosophile aux avances des messieurs de leur espèce. Ceux-ci, en guise d’invite explicite, font vibrer leurs ailes. Quel est la force de ce chant ? Des lots de mouches femelles sont encagés avec des mâles au-dessus d’un haut parleur qui leur diffuse le son spécifique, un son modifié (représentant celui d’une espèce différente) – ou rien (témoin).
Les accouplements sont plus nombreux avec le son de l’espèce. Seconde manip : la séance musicale à peine achevée, un jet de gaz carbonique : les femelles endormies sont plongées dans de l’azote liquide. On n’en garde que la tête, pour en étudier l’ARN. Trois groupe de gènes (sur les 14 000 présents) sont activés : des gènes de l’antenne – organe récepteur du chant du mâle – mais aussi – et c’est la surprise – de l’immunité.
La Mouche du vinaigre, en réponse au signal du partenaire, augmente ses défenses contre les maladies (sexuellement transmissibles) et les blessures (dues au coït). La demoiselle Drosophila melanogaster ne risque vraiment pas grand chose mais chez d’autres espèces, la copulation est quelque peu traumatique et cette activation préventive des défenses – un caractère qui pourrait être répandu – serait héritée d’ancêtres brutaux et victimes.
La suite de ce travail : créer une souche génétiquement modifiée, sans réaction immunitaire précopulatoire, et comparer leur état de santé à celui des drosophiles normales.
D’après, notamment « Female fruit flies fire up their immune systems before sex », par Katie Scott. Lu le 5 octobre 2011 à www.wired.co.uk/

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Une Épingle qui a failli être publiée...

763  La Mouche de la navette
Drosophila melanogaster (Dip. Drosphilidé). Le dispositif expérimental Commercial CSI-05 (Generic Bioprocessing Apparatus Science Insert-05) prendra le vol STS-134 de la navette Endeavour le 29 avril pour rejoindre l’ISS (Station spatiale internationale). Dans ce CSI-05, 2 néphiles et des drosophiles.
Nephila clavipes (Aran. Néphilidé), d’Amérique centrale, est une grande araignée (la femelle, le mâle est 5 fois plus petit) qui fabrique une toile d’1 m de diamètre, dorée aux fils bien collants, dans la forêt ; des colibris s’y font prendre. Les néphiles ont une mission, tisser ; les spatioarachnologues vont observer si et comment la quasi-absence de gravité modifie la construction du piège.
Les drosophiles ont deux missions. Comme leurs compagnes de voyage, elles se laisseront observer en train de voler – mission entomologique. Mais ce qui leur vaut leur billet pour ce voyage (aller simple), c’est celle de nourrir proprement les tisseuses. La précédente expérience (avec Larinioides patagiatus et Metepeira, vol STS-126), s’est achevée piteusement en 6 jours. Elles ont en effet petit à petit sali la paroi transparente de la cage si bien qu’on ne pouvait plus rien observer. Pour ce coup, elles seront élevées à part et fournies à leurs consommatrices par escouades successives par le personnel de la station, tous les 4 jours. L’expérience, suivie au sol par des étudiants qui mènent des élevages parallèles, devrait durer quelque 45 jours.
D’après « Spiders in Space – The Sequel!  », lu le 29 avril 2011 à //nasa-spacestation-info.blogspot.com/

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Épingles parues dans le n°162 d’Insectes (2011-3)

762 Elle mue comme elle respire
La chenille du Sphinx du tabac Manduca sexta (Lép. Sphingidé) mue 4 ou 5 fois avant de se métamorphoser en papillon. Exactement chaque fois que son poids atteint 4,8 fois celui qu’elle avait au sortir de l’exuvie du stade précédent. Un résultat obtenu par Fred Nijhout, de l’université Duke*  à Durham en Caroline du Nord (États-Unis), lequel s’est posé la question : de quelle sorte de balance dispose-t-elle ?
Tout au long de chaque intermue, la chenille grossit, grâce à son tégument externe fin et extensible. En prenant des mesures de l’ensemble de la cuticule, il est apparu que les trachées conservent leur taille initiale. Placée dans une atmosphère pauvre en oxygène, la chenille mue dès que son poids a seulement doublé.
Ce sont donc les difficultés respiratoires qui déclenchent le changement de stade. Elle pourrait encore, à la fin de chacun, grossir – mais elle étouffe. D’où la nécessité de changer la « tuyauterie » pour une taille et un débit supérieurs : elle entreprend de muer.
Comment perçoit-elle l’anoxie relative ? Une chenille de Sphinx du tabac décapitée mue, mais avec retard. L’ecdysone (hormone de mue) n’est donc pas sécrétée seulement au niveau du cerveau. Elle est produite aussi dans l’abdomen où se trouvent également les récepteurs – à découvrir – sensibles à l’anoxie.
Des recherches à poursuivre, donc, qui pourraient selon leur auteur se révéler intéressantes pour une meilleure connaissance des mécanismes du développement – chez l’homme. 

 D’après « Low oxygen triggers moth molt », lu le 22 août 2011 à www.eurekalert.org
À (re)lire : « Le cafard et l’air du temps », Épingle de 2010.
* Le Sphinx du tabac est une bête de labo très employée partout et pas seulement dans ce centre de recherche créé avec l’argent de la dynastie Duke, gagné dans l’industrie du tabac.

761 Inceste intériorisé
Si la Cochenille australienne, Iceryia purchasi (Hém. Margarodidé = Monophlébidé) a incontestablement une allure bizarre pour un insecte, sa manière de se reproduire est encore plus bizarre et ça pourrait tourner mal pour les mâles.
Célèbre depuis plus d’un siècle comme ravageur des vergers victime originelle et exemplaire de la lutte biologique, elle revient dans l’actualité avec une affaire de sexe.
On la savait hermaphrodite, une exception chez les insectes. Si un petit tiers des espèces animales montre un hermaphrodisme au moins séquentiel, seules 3 espèces de cochenilles, de la tribu des Icerini, sont capables de s’autoféconder.
I.  purchasi se distingue : elle est de plus incestueuse. Dans certaines populations, ses filles ne naissent ni de la fécondation de ses ovocytes par des spermatozoïdes du mâle, ni de gamètes autoproduits. La fécondation est le fait d’un tissu parasite installé dans son ovoteste, tout à fait original, directement issu de spermatozoïdes surnuméraires hérités de son père. Une bactérie symbiotique transmise de mère en fille accompagne sont installation et favoriserait son maintien.
Quant aux fils, il en naît quelques-uns, ils se développent à partir d’ovocytes non fécondés et sont haploïdes – ils sont des mâles de cochenilles normaux. Mais quel intérêt si les femelles se satisfont de leur père-géniteur incorporé ?
En termes d’état civil, le père de la dame est aussi le père et le grand père des filles ; il est mort mais vit, physiquement présent et sexuellement actif, dans ses filles…
Mais ça ne saurait durer, très probablement. Le phénomène intrigue et intéresse les spécialistes de l’évolution qui calculent l’avantage en terme de succès reproductif (fitness) de  telle ou telle procédure de reproduction, évaluent les « conflits » en jeu, pèsent l’influence des ressources…  Et concluent en l’occurrence qu’il y a du pour et du contre – et bien des inconnues - mais que la Cochenille australienne pourrait tout aussi bien se passer de mâles.
Est-ce dommageable ? La sexualité est réputée utile pour le brassage des gènes et l’augmentation des capacités à faire face à un environnement modifié. Son absence suggère une dégénérescence ou une inadaptation fatales. Mais bien des espèces d’insectes se reproduisent par parthénogenèse depuis la nuit des temps entomologiques.
 D’après, entre autres, « Are males necessary?  », par Christine Dell’Amore. Lu le 17 août 2011 à //news.nationalgeographic.com/
Article source : Gardner A., Ross L., 2011. The Evolution of Hermaphroditism by an Infectious Male-Derived Cell Lineage: Fitness Analysis. The American Naturalist, 178(2) 191-201.

À (re)lire :
La Cochenille australienne encore vaincue, par Alain Fraval. Insectes n° 157 (2010-2). 
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Épingles parues dans le n°161 d’Insectes (2011-2)

760 Antenne médicale
Le Philanthe apivore, Philanthus triangulum (Hym. Crabronidé) chasse l’Abeille domestique. Il la paralyse en vol, récupère au passage le nectar qu’elle transporte puis l’installe dans son terrier, vivante, à disposition de ses larves qui s’en repaîtront. Il pratique également la médecine moderne : il dépose aussi, à leur intention, un cocktail d’antibiotiques contre les bactéries et les champignons pathogènes qui pourraient nuire à la nymphe. Un cas unique dans le monde animal.
La femelle, pour ce faire, héberge et exploite des bactéries du genre Streptomyces dans un organe spécial situé dans son antenne. Elle dépose ces bactéries, qui sécrètent plusieurs antibiotiques (jusqu’à 9 composés différents) aux effets complémentaires et synergiques, dans les cellules du nid ; la larve les avale et, à la fin de son développement, en enduit le fil de soie dont elle tisse son cocon de nymphose. La nymphe est protégée par les antibiotiques et la transmission à l’imago est assurée.
Martin Kaltenpoth (Max-Planck Institut, Allemagne), qui vient de découvrir ce phénomène, souligne qu’il s’agit là d’une modalité fort rare de mutualisme, sans doute très sous-estimée jusque-là. Il propose d’étudier d’autres guêpes solitaires et d’analyser leurs cocktails antibiotiques, source de nouveaux médicaments.
D’après, notamment, « Antibiotic Cocktails Produced By Bacteria In Wasp Antennae », lu le 12 avril 2011 à www.medilexicon.com      

759 Poils fatals
La chenille fraîchement éclose du Sphinx du tabac Manduca sexta (Lép. Sphingidé), posée sur une feuille du tabac sauvage Nicotiana attenuata, ne s’attaque pas au limbe mais aux trichomes (poils glanduleux). Ces organes contiennent en effet du saccharose lié à des acides gras. Les chenilles, à ce régime plein d’énergie, prospèrent et leurs crottes prennent une odeur particulière, alors que celles de congénères élevées sur un tabac glabre ne sentent rien. Cette odeur est extrêmement forte puisque le nez humain la perçoit. D’ailleurs, la quantité d’acides aliphatiques émis est facilement mesurable : 0,03 mg en 2 heures.
Une odeur propre à attirer les punaises prédatrices (du genre Geocoris, Hém. Lygéidé) ? Dans une précédente expérience, Ian Baldwin, de l’institut Max-Plank à Iéna (Allemagne) et son équipe – auteurs du présent travail – avaient montré que la chenille du Sphinx du tabac possède dans sa salive de quoi transformer des substances de la plante en (E)-2-hexenal, puissant attractif qui guide la punaise vers elle : un moyen pour la tabac de se défendre.
Parfumés aux acides aliphatiques, les chenilles élevées sur un tabac glabre, exposées en nature (dans l’Utah, États-Unis), ont disparu en effet. Mais les punaises n’y étaient pour rien. Des grains de riz cuit traités de même – à la dose de 0,03 mg – se sont retrouvés emportés par des fourmis moissonneuses (et carnivores) Pogonomyrmex rugosus (Hym. Formicidé).
Il reste à montrer qu’il s’agit là d’une défense indirecte vraie ; il faudra pour ce faire créer par génie génétique un Nicotiana attenuata aux trichomes sans sucres ni acides gras.
D’après « Lollipops with Side Effects », communiqué de presse du Max Planck Institute for chemical ecology, 26 avril 2011
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4 octobre 2011

À lire  sur Internet :

Filles faciles : la faute des parents ? par Pierre Barthélémy. Slate, 3 octobre 2011.
[Petit Ver de farine, Tribolium castaneum, Col. Tenebrionidé]

Jules Hoffmann, directeur de recherche CNRS, Prix Nobel 2011 de physiologie et médecine. CNRS, 3 octobre 2011.

758 Pas de peau
Chez les insectes, lors de chaque mue, la nouvelle cuticule se constitue en même temps que l’ancienne est partiellement détruite par voie enzymatique. Pour expliquer que  la nouvelle cuticule n'est pas affectée, on a postulé la présence d’une sorte de peau imperméable à la chitinase, qui démantèle la matrice polysaccharidique de la chitine.
Il n’y a pas de membrane mais un mécanisme inattendu, mis en évidence par Sujata S. Chaudharia et une équipe de l’université de l’Illinois (États- Unis). La nouvelle chitine est en fait associée à une protéine du nom de Knickkopf (TcKnk), qui la fait également se disposer en lamelles.
Cette protéine devrait jouer le même rôle chez tous les animaux chitineux qui la produisent, comme les insectes, les crustacés, les nématodes.
On souligne déjà l’intérêt de cette découverte en lutte chimique : l’application d’un antagoniste de cette protéine indispensable provoquerait des accidents de mue fatals.
D’après « Knickkopf protein protects and organizes chitin in the newly synthesized insect exoskeleton », lu le 29 septembre à www.pnas.org/
NDLR : parmi les armes chimiques anti-insectes, on dispose déjà d’un anti-chitine, le diflubenzuron (de la famille des benzoylurées). Ce « régulateur de croissance », « perturbateur de mue » ou « anti-exuviation » possède une sélectivité particulière, mise en avant au départ par ses promoteurs : il n’est létal que pour les larves et épargne les imagos, donc les formes libres des parasitoïdes.

757 Recolorisation
Les insectes fossiles nous parviennent décolorés ou tout au moins avec des couleurs très modifiées – un peu comme les vieilles diapos. Dans le cas des couleurs physiques, structurelles, dues à des arrangements microscopiques de détails des couches superficielles de la cuticule et non à des pigments, il est désormais possible de retrouver l’aspect du vivant. En associant la microscopie et un traitement informatique ad hoc, Maria McNamara et son équipe ont pu retrouver l’aspect originel de restes vieux de 15 à 47 millions d’années retrouvés en Idaho (Etats-Unis) et en Allemagne, entre autres.
On a ainsi accès à un caractère qui joue un grand rôle dans l’écologie des insectes, pour la reconnaissance des proies par les prédateurs et du partenaire sexuel au sein de l’espèce. Jusqu’où pourra-t-on remonter ? L’œil « d’insecte » serait apparu il ya quelque 520 millions d’années, durant l’explosion cambrienne, chez des prédateurs chassant désormais à vue.
D’après « Prehistoric Beetles Sported Hot Rod Colors », par Jennifer Viegas. Lu le 28 septembre 2011 à www.foxnews.com/
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756 La petite mort sur bouteille
Beaucoup de coléos se font piéger par des bouteilles abandonnées sur les bas-côtés et y meurent faute d’en avoir pu gagner la sortie : (re)lire
La mort en bouteilles, par Bruno Didier, dans Insectes n° 132 (2004-1).
Un bupreste mâle australien Julodimorpha saundersii prend, lui, une bouteille de bière (370 ml, verre brun, avec des granulations en léger relief près du fond) pour partenaire sexuel. Il s’installe dessus, déploie son édéage (fort long) et après force tentatives (vaines) choit, épuisé.
Deux entomologistes spécialistes de la sélection sexuelle, alertés par une photo, ont observé le phénomène les 12 et 13 septembre 1981. Ils précisent que ces coïts déviants sont courants, pour peu que la bouteille présente les caractéristiques susmentionnées. En fait, pratiquement toutes les bouteilles conformes sont honorées. Notre bupreste phialophile n’y voit que la texture de surface, le brillant et la couleur. C’est une pratique à risques : son appareil copulateur est assez long pour donner prise à de nombreuses fourmis qui peuvent finir par le boulotter en entier.
Publiés il y a une trentaine d’années (le richard nommé alors fautivement
J. bakervelli ou J. bakewelli), ces observations ont valu à leurs auteurs, Darryl Gwynne et David Rentz, le prix IgNobel de biologie, remis le 29 septembre à Harvard (États-Unis).
Article source (avec photos) : Gwynn D.T., Rentz D.C.F., 1983. Beetles on the bottle : male buprestids mistake stubbies for females (Coleoptera). J. Aust. ent. Soc., 22, 79-80. En ligne.
NDLR : l’entomologie est très souvent honorée par ce prix, décerné en récompense de travaux scientifiques « qui font rire puis penser ». Comme supplément de gloire, les Prix IgNobel font systématiquement l’objet d’une Épingle : voir Altius, citius, fortius.

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28 septembre 2011

À lire  sur Internet :

La fin inéluctable des abeilles ? Vidéo
Débat sur le déclin des abeilles entre un chercheur de l'unité Abeilles et Environnement de l'Inra et un apiculteur. 32 minutes avec Cédric Alaux, spécialiste du déclin des abeilles (INRA PACA, Avignon, Unité Abeilles & Environnement) et Olivier Belval, nouveau président de l'Union nationale de l'apiculture française (UNAF). Réalisation : Sylvie Allonneau. Production : Universcience 2011.

Le nouveau catalogue des animations de l'OPIE, en pdf.
L'OPIE se déplace désormais dans les établissements scolaires et autres.

Jules Hoffmann: des recherches sur l'immunité qui ont fait mouche, par Cécile Dumas. Sciences et Avenir.fr, 22 septembre 2011.
" Le biologiste Jules Hoffmann reçoit la médaille d’or 2011 du CNRS pour ses travaux sur l'immunité des insectes -  travaux qui ont éclairé la connaissance de notre propre système immunitaire ."

De lumineux messages sur les ailes des insectes. L'Union, 18 septembre 2011
" Les minuscules ailes des insectes, parées de motifs multicolores, pourraient constituer des signaux visuels, notamment lors de l'accouplement. "

755 Chacun sa personnalité
Traiter (au sens de considérer, pas de flytoxer) les pucerons comme des individus identiques parce tous pareils vu qu’ils sont des clones n’est plus possible. Une équipe internationale a fait se rencontrer, à l’avers d’une feuille de fève, des virginipares aptères jeunes parentes de plusieurs souches – et élevés de deux façons différentes - et un prédateur reconnu. Et a noté le comportement de la proie potentielle. Les espèces sont le Puceron rose et vert du pois, Acyrtosiphon pisum (Hém. Aphididé) et Coccinella septempunctata, la Coccinelle à 7 points (Col. Coccinellidé).
Le puceron pompe, la coccinelle (affamée) arrive, le puceron réagit : il se laisse tomber – ou pas. Le puceron est récupéré et se voit soumis à une nouvelle confrontation 5 jours plus tard, soit vers la fin de sa vie.
Il en ressort que chaque puceron, au regard du critère comportemental chute/non chute, a son caractère, indépendant de la souche dont il est issu. Cette personnalité joue sur son succès reproductif (fitness) : il demeure en place et risque de se faire croquer mais profite de son repas ; il tombe, échappe à la mandibule du prédateur mais jeune un certain temps et risque de mauvaises rencontres au sol.
Le Puceron du pois semble un très bon modèle pour poursuivre l’étude de ce sujet d’écologie de l’évolution.
D’après « ‘‘Personality’’ Variation in a Clonal Insect: The Pea Aphid, Acyrthosiphon pisum », par W. Schuett et al. (2011) - DOI 10.1002/dev.20538
NDLR : pourquoi faire intervenir une coccinelle (certes achetée dans le commerce) alors qu’il suffit de souffler dessus ?
À(re)lire  Les pucerons, par Alain Fraval. Insectes n° 141 (2006-2) et 142 (2006-3).

754 Œuf sur œuf
La bruche Mimosetes amicus (Col. Chrysomélidé) voit la plupart de ses œufs parasités par, notamment, Uscana semifumipennis (Hym. Trichogrammatidé). Sauf si elle a recours au subterfuge original consistant à pondre sur le premier œuf un second, voire un troisième. Ces œufs supplémentaires ne sont pas viables ; ils servent à détourner la ponte du parasitoïde. Le trichogramme peut se développer dans ces faux œufs, mais lentement et l’imago sera plus petit.
Au champ, un œuf coiffé par un autre - qui nous apparaît comme un oeuf plus gros - a moitié moins de risques d’être parasité par le tricho ; au labo, la mortalité passe de 60 à 5%. Le procédé est efficace mais n’est pas employé systématiquement, car il est coûteux pour la femelle de la bruche qui, en général, ne produit ces leurres qu’en présence des trichos.
Travaux de Joseph Deas et Molly Hunter à l’université de l’Arizona (États-Unis).
D’après « Beetles turn eggs into shields to protect their young from body-snatchers », lu le 14 septembre 2011 à //blogs.discovermagazine.com/

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15 septembre 2011

À lire  sur Internet :

Bulletin de liaison de l'Office Pour les Insectes et leur Environnement de Midi-Pyrénées, 26, juillet-août 2011
La Cordulie splendide, le Pique-prune, la  Blatte sauteuse de la montagne de la Table...

Le Muséum se dote d'un scanner 3D de pointe pour "traverser la matière". AFP, 12 septembre 2011.
AST-RX pourra disséquer virtuellement un insecte.

753 Cétoinolienne
On les destine au secours des personnes ensevelies, à la détection de choses dangereuses mais aussi à l’espionnage – pardon, le repérage : ils doivent avoir la taille et l’agilité d’un insecte pour se faufiler sans se faire repérer tout de suite et se laisser diriger à distance. Deux voies : fabriquer un petit aéronef qui imite un insecte ou instrumenter et zombifier un insecte, un vrai, vivant.
La recherche sur les Zombiptères progresse. Dernière avancée, l’installation d’un générateur de courant électrique embarqué d’un nouveau type. Les piles ne suffisent pas à alimenter l’électronique de bord, des capteurs et des effecteurs greffés sur les antennes, le cerveau et les muscles.
Ethem Erkan Aktakka et ses collaborateurs (université du Michigan, États-Unis) sont fiers d’annoncer qu’ils ont pu faire produire 115 µW à un Hanneton vert, Cotinis nitida, Col. Scarabéidé,  cétoine du Sud-Est des États-Unis. Le Hanneton vert (imago) est collé à l’extrémité d’une tige, dans un tunnel de vol (face à un ventilateur) ; une lame en porte à faux est collée sur un de ses élytres, près de son insertion ou, autre dispositif, c’est un ressort hélicoïdal qui amplifie la vibration (85 à 105 Hz) produite par les muscles alaires de l’insecte en vol et fournit l’énergie mécanique à un cristal piézoélectrique.
D’autres systèmes générateurs de courant ont été essayés, thermocouples et capteurs solaires, qui sont trop dépendants des conditions.
Même perfectionnée, la cétoinolienne ne pourra satisfaire en énergie aussi verte que renouvelable qu’un individu.
D’après « Cyborg insects generate power for their own neural control », lu le 31 août 2011 à www.physorg.com
Schémas légendés (en anglais).

752 Mouche réparatrice
La Mouche du vinaigre possède un ensemble de gènes qui contrôlent la réparation de la chaîne nerveuse. Ces gènes pilotent l’activité, la division et la différentiation des cellules gliales qui entourent normalement les axones des neurones ; en cas de rupture, ces cellules éliminent les débris et rétablissent leur relation avec l’axone, ce qui enclenche le processus de rétablissement de la continuité du nerf.
L’expérience, menée à l’université de Birmingham (Royame-Uni), a consisté en gros à prélever la chaîne nerveuse ventrale de drosophiles de différentes lignées caractérisées par l’activité ou l’inactivité de chacun des gènes impliqués, à la blesser au moyen d’une aiguille et à l’observer en culture.
Si jamais ce réseau de gènes existait chez l’homme, cohérité d’un très lointain ancêtre commun, cette découverte ouvrirait d’intéressantes perpectives thérapeutiques.
D’après « Scientists uncover gene network responsible for repair of the central nervous system of the fruit fly », lu le 30 août 2011 à www.healthcanal.com/

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31 août 2011

À lire  sur Internet :

En France, polémique sur la stratégie de lutte contre la chrysomèle, par Hervé Morin. Le Monde, 31 août 2011.
Un maïs OGM Monsanto mis en échec par l'"insecte à 1 milliard de dollars", par Hervé Morin. Le Monde. 31 août 2011.
Diabrotica virgifera (Col Chrysomelidé).
À(re)lire : La Chrysomèle du maïs (Diabrotica virgifera LeConte) est en France, par Pierre Zagatti et Sylvie Derridj. Insectes n° 127 (2002-4).

Une bactérie bien utile pour lutter contre la dengue, par C. D. Sciences et Avenir.fr, 25 août 2011.
Aedes aegypti (Dip. Culicidé) / Wolbachia

Un organisme trois en un ! par Loïc Mangin. Pour la Science, 25 août 2011.
"Un insecte est l'hôte d'une bactérie qui elle-même abrite en son sein une autre bactérie. Les trois organismes de ces poupées russes sont complémentaires pour la production de molécules essentielles"
Cochenille farineuse des agrumes, Planococcus citri (Hém. Pseudococcidé) / Candidatus Tremblaya princeps /  Candidatus Moranella endobia.

751 Saisir le son de la sésie
Les ennemis de la vigne, de par chez nous, sont fort nombreux mais il manque (à l’inventaire) la Sésie polistiforme Vitacea (Paranthrene) polistiformis. Ce Lépidoptère Sésiidé (Ægeriidé) ressemble comme son nom l’indique à une guêpe poliste. Il sévit en Amérique du Nord : sa chenille creuse dans les racines et fait perdre au vigneron un bon tiers de la récolte - ou plus en cas d’infestation multiple.
Ledit vigneron n’est pas désarmé. Le chlorpyrifos (organophosphoré) est efficace mais les arguments contre son emploi sont nombreux. Autre moyen à sa disposition, le buttage des ceps (qui est ici surtout un moyen de lutter contre le gel) coûte très cher.  Il est fatal au papillon fraîchement émergé qui doit se frayer un chemin au travers de la couche superficielle du sol pour voir le jour : allonger son parcours le tue par épuisement.
À l’université de Floride, à Gainesville (États-Unis), Will Sanders a planté une pique en acier de 30 cm dans le système racinaire de pieds de vigne présentant des signes d’attaque, a collé (par aimantation) un accéléromètre à son extrémité épigée, l’a branché sur un ampli et a écouté et fait écouter à ses collaborateurs. On entend la chenille de la sésie croquer et creuser et, après un bref entraînement, l’opérateur distingue parfaitement ce signal des bruits parasites. La présence de l’insecte est vérifiée par arrachage du pied. Après mise au point, l’ordinateur se révèle capable de la même performance.
Le détecteur acoustique servira à repérer les pieds infestés : seuls ceux-ci seront buttés. D’où une importante économie.
Article source paru dans Florida entomologist, 94(2), juin 2011, en ligne.
À (re)lire : Quelques expériences d'actographie, par Alain Fraval. Insectes n° 119 (2000-4).

750 Les antibiotiques, c’est automatique
Les nécrophores – ou fossoyeurs -, Coléoptères Silphidés, se développent en grignotant une boule de chair de petit vertébré que leurs parents ont trouvée, traînée, enfouie et préparée et qu’ils gardent. Mais la chair est corruptible… Pour la garantir de la putréfaction, autrement dit la préserver de l’attaque des bactéries, les parents oignent la pâtée des larves d’une sécrétion de glandes anales aux propriétés antibiotiques, préalablement à la naissance de la portée. En l’absence de ce « traitement », la larve de Nicrophorus vespilloides grossit peu et a 40% de risque en plus de mourir avant la nymphose. Andres Arce et ses collaborateurs de l’université de Manchester (Royaume-Uni) ont également analysé sa composition. Cette sécrétion est riche en lysozymes, des destructeurs des parois des bactéries, présents dans le lait et les larmes des mammifères.
D’après « Insects use antibacterial secretions to protect young », par Jenifer Carpenter, BBC News, lu le 25 août 2011 à www.bbc.co.uk/
À(re)lire : Prendre soin des jeunes, 2e partie, par Alain Fraval. Insectes n°153 (2009-2).

749 Madame Guêpes tombe sur un monstre
Dans les montagnes Mekkonga, à Sulawesi, en pleine forêt équatoriale humide, une expédition de 67 personnes (entomologistes états-uniens et indonésiens et leurs porteurs) a rebroussé chemin au bout de 3 semaines, à court de vivres mais riche d’au moins une découverte extraordinaire.
Celle d’un Hyménoptère Crabronidé (un sphégien) du genre Dalara caractérisé par des mandibules recouvrant la tête au repos et qui s’avèrent, une fois ouvertes, plus grandes que les pattes antérieures, chez le mâle. La taille de la bête est également impressionnante : 8,4 cm pour le mâle, un peu moins pour la femelle – des mensurations qui dépassent largement celles des autres Lariinés, des « guêpes » carnivores prédatrices d’insectes.
Cette espèce nouvelle pour la science, dont la biologie n’est pas connue, recevra le nom de garuda, d’après un féroce et mythique guerrier symbole de l’Indonésie.
À l’initiative et à la tête de l’expédition, Lynn Kimsey, directeur du Bohart Museum of Entomology et professeur d’entomologie à l’université de Califorie à Davis (Etats-Unis). Madame Guêpes, localement « Wasp Woman », a déjà décrit plus de 300 espèces nouvelles. Elle estime que les captures réalisées lors des 3 campagnes de prospections menées à Sulawesi livreront plusieurs centaines, voire milliers d’espèces nouvelles – dont la description prendra de nombreuses années.
D’après « UC Davis “Wasp Woman” Makes Gigantic Discovery », par Justin Cox. Lu le 22 août 2011à //davis.patch.com/
Photo du mâle monté 

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20 août 2011

À lire  sur Internet :

Les marronniers victimes d'une chenille goulue, par Thomas Monnerais. Le Monde, 20 août 2011.
Cameraria ohridella (Lép.  Gracillariidé)
À (re)lire : La mineuse du marronnier, un Lépidoptère invasif en ville, par Sylvie Augustin. Insectes n° 137 (2005-2).

Les bases génétiques de l'art d'imiter,  lu le 12 août 2011 à www.radio-canada.ca/
Heliconus numata / Melinaea mneme (Lép. Nymphalidés)

748 Parano
Le mâle est entomologiquement sûr et certain de n’avoir aucun rival et peut donc copuler tranquillement avec une femelle qui, c’est entomologiquement défini, n’acceptera aucun autre géniteur. Pourtant, si son œil à facettes perçoit un autre mâle dans les parages, il prolonge le coït de 93% de sa durée normale.
Cela se passe chez  
Drosophila subobscura et D. acanthoptera, et à l’université Livepool (Royaume-Uni), dans le labo d'Anne Lizé.
Chez d’autres espèces, à la femelle s’accouplant plusieurs fois, on observe de tels changements de comportement, qui sont une réaction à la compétition. Là, le danger est imaginaire et il s’agirait de pure paranoïa.
À moins que, contrairement aux entomologistes, nos drosophiles mâles ne « sachent », eux, qu’il peut arriver que la femelle recopule – ou que la vue d’un compère ne fasse éclore dans leur cerveau l’idée qu’il faut réussir le coup (fournir à la femelle de quoi fabriquer des asticots touts sa vie) car c’est le dernier.
D’après, entre autres, « 'Paranoia' about rivals alters insect mating behaviour », lu le 8 août 2011 à www.eurekalert.org/

747 Immigrant en Méditerranée
Il est marron foncé avec les tibias postérieurs noirs, ses colonies s’installent sur les pousses et les feuilles : il ne peut pas se confondre avec les autres pucerons de la vigne.  Aphis illinoisensis (Hém. Aphididé), le Puceron brun (américain de la vigne), vient d’être repéré à Malte. En 2003, on le découvre en Turquie ; depuis, il infeste les vignobles de nombreux pays de la méditerranée orientale et centrale, jusqu’à l’Algérie et il n’y a aucune raison qu’on ne le signale pas bientôt en France, où il est peut-être déjà présent.
L’insecte est originaire d’Amérique, où il est commun. C’est une espèce holocyclique avec la viorne obier comme hôte primaire (où est pondu l’œuf d’hiver) ; sous les climats assez chauds, il est hétérocyclique, se maintenant sous forme de générations de femelles virginipares, ailées et aptères.
Ses dégâts sont jusqu’à présent peu importants. Ce qui est remarquable chez cet envahisseur, c’est la rapidité avec laquelle il colonise une aire géographique relativement vaste.
D’après, notamment : Mifsud D., Pérez Hidalgo N., 2011. The grapevine aphid Aphis illinoisensis: a good example of recent invasion and rapid colonization by aphids.  Bulletin OEPP/EPPO, 41, 183–184.

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12 août 2011

À lire  sur Internet :

A Tokyo, les cigales sont revenues, par Philippe Pons. Le Monde, 13 août 2011.
(Platypleura kaempferi, Graptopsaltria nigrofuscata, Tanna japonensis, Oncotympana maculaticolis, Meimuna opalifera, Cryptotympana facialis (Hém. Cicadidés)

Des carabes contre les mauvaises herbes. INRA-BBSRC,  25 juillet 2011.
La présence de carabes dans les champs cultivés serait un moyen de lutte biologique efficace contre les mauvaises herbes. Une meilleure gestion de leurs populations permettrait de diminuer l’usage d’intrants et préserverait ainsi la biodiversité. 
[Col. Carbidés]

Enquête sur des cocons de guêpes cachés dans un œuf de dinosaure, par Bruno Scala, Futura-Sciences, 25 juillet 2011
"Des scientifiques ont découvert des fossiles de cocons à l'intérieur d'un œuf de dinosaure déterré en 1989 et vieux d'environ 70 millions d'années. Ces cocons appartiendraient à des guêpes et les enquêteurs ont pu retracer l'histoire de ce petit écosystème."

Quand un papillon de nuit rencontre une chauve-souris ou comment son système olfactif s’adapte à différents signaux sensoriels. INRA, 21 juillet 2011.
Le système nerveux olfactif des insectes peut s’adapter à des changements environnementaux, l’adaptation de l’insecte se faisant à deux niveaux. Sur le plan physiologique, il y a une augmentation de la sensibilité de certains neurones. Sur le plan comportemental, l’insecte soumis à un premier stimulus devient plus sensible à un autre message chimique. Ainsi, après avoir entendu les sons d’attaque émis par une chauve-souris, il est plus sensible au message chimique émis par la femelle. 
[Prodénia alias Ver du cotonnier, Spodoptera littoralis (Lép. Noctuidé)]

Un fossile d'insecte bien mystérieux, par J.I. Sciences et Avenir, 19 juillet 2011
"Des ailes d’éphémère, un corps de libellule et des pattes de mante religieuse, ce fossile d’insecte découvert au Brésil permet d’en savoir plus sur l’évolution de ce groupe."
[
Coxoplectoptera]

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12  juillet 2011

À lire sur Internet :

L'effet cocktail mortel pour les abeilles, par Cécile Dumas. Sciences et Avenir, 8 juillet 2011.
« Une étude menée en France démontre que l’exposition à de faibles doses de pesticides augmente la mortalité d’abeilles infectées par un parasite. Une preuve supplémentaire de cet effet cocktail soupçonné depuis plusieurs années. »

Le sud-est de la France guette le moustique-tigre, agent de transmission de la dengue et du chikungunya, par Rémi Barroux. Le Monde, 5 juillet 2011.
[Aedes albopictus, Dip. Culicidé]
À (re)lire : Un insecte à la page - Le Moustique tigré, ses œufs dans des pneus, par Alain Fraval. Insectes n° 159 (2010-4).

Papillons forestiers menacés. AgriHebdo. 5 juin 2011
.
De nombreuses espèces de papillons de jour vivant dans les forêts sont en danger. L'Association suisse pour la protection des oiseaux (ASPO) lance un appel pour recenser les endroits où se trouvent ces insectes menacés.

À écouter :
Ces insectes qui nous soignent, par Sylvain Alzial et Rafik Zenine. Sur France Culture, émission « Sur les docks », vendredi à 17 h.
Émission réécoutable sur le site.

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1er juillet 2011

À lire  sur Internet :

La coccinelle « garde du corps », par Loïc Mangin. Pour la Science, 28 juin 2011.
" Une espèce de guêpe parasite ne tue pas l'insecte dans lequel elle pond ses œufs, mais en fait un garde du corps qui protège sa descendance jusqu'au stade adulte."
Parasitisme : comment une guêpe utilise une coccinelle comme « garde du corps ». IRD, 27 juin 2011.
[Dinocampus coccinellae, Hym. Braconidé /Coccinelle maculée Coleomegilla maculata, Col. Coccinellidé]

Evaluation des pertes dans les cultures dues au déficit de pollinisation par la faune. Protocol to Detect and Assess Pollination Deficits in Crops : A Handbook for its Use. FAO. Par Bernard Vaissière (INRA Avignon), Breno M. Freitas et Barbara Gemmill-Herren.

La mineuse du marronnier présente dans les Balkans dès le 19ème siècle, par Sylvie Augustin. INRA, 21 juin 2011.
" L’analyse d'herbiers anciens aura mis fin à plus de deux décennies de débat scientifique sur l'origine et la présence en Europe de la mineuse du marronnier. "

À (re)lire : La Mineuse du marronnier Cameraria ohridella, un Lépidotère invasif en ville, par Sylvie Augustin. Insectes n° 137 (2005-2).

L’insecte qui chante avec son sexe, par Pierre Barthélémy. Slate.fr, 20 juin 2011
Article source (en ligne) : Sueur J, Mackie D, Windmill JFC (2011) So Small, So Loud: Extremely High Sound Pressure Level from a Pygmy Aquatic Insect (Corixidae, Micronectinae). PLoS ONE 6(6): e21089. doi:10.1371/journal.pone.0021089
[Micronecta scholtzi (Hém. Corixidé)]

746Charançon à 6 boulons
Avant de publier leur trouvaille (dans Science), Alexandre Riedel (muséum de Karlsruhe, Allemagne) et ses collègues ont attendu (7 ans) de pouvoir examiner leur charançon Trigonopterus oblongus (Col. Curculiondié aptère de Nouvelle Guinée) en tomographie à rayons X produits par le synchrotron ANKA. Les 1 800 clichés pris ont permis la reconstitution en 3 dimensions de l’articulation coxa (hanche)-trochanter.
Et confirmé la découverte du premier cas de boulonnage naturel : chez cet insecte – et pourquoi pas chez d’autres de la même famille – un système vis/écrou assure l’articulation à la base de la patte, en permettant un débattement de 130°.
Il est difficile d’expliquer en termes d’avantage évolutif ce parti pris mécanique. Peut-être assure-t-il au charançon une stabilité hors pair ?
D’après « Schraubgelenk bei Rüsselkäfern ». Lu le 30 juin 2011 à www.scienceticker.info/
Image de l’articulation coxa en vert, trochanter en jaune.

745 Mort ou vif
Le Dermeste des grains Trogoderma granarium (Col. Dermestidé) est, parmi les ravageurs des denrées, un des rares à n’être pas cosmopolite. Il sévit – en provoquant des dégâts très importants – de l’Est de l’Asie (son aire d’origine) au Maroc. Il est établi en Suisse et au Vénézuéla. Sinon, il subsiste uniquement dans des entrepôts en Allemagne, Belgique… Il a été signalé mais a été éradiqué dans de nombreux pays, de l’Australie aux États-Unis. Il n’aurait jamais posé la patte en France.
C’est un spécialiste des environnements chauds secs, qui affectionne les stocks de céréales (dont il ne peut attaquer que les grains cassés) , d’arachide, de légumineuses et d’aliments du bétail. La larve est capable d’une longue diapause – plusieurs années. C’est un voyageur discret et endurant.
Mais les douaniers l’ont à l’œil. Le 21 juin, traversant la frontière à Port-Huron (Michigan, États-Unis), une famille revenait d’un tour en Inde, via Toronto, avec 10 valises. Inspection et découverte dans l'une d'elles, en train de boulotter la colle d’un éventail en plumes, de 2 larves et d’un adulte de dermeste. Les bagages sont mis en quarantaine. Le lendemain, un entomologiste communique aux douaniers qu’il s’agit du khapra beetle (nom local et aussi mondial de D. granarium). 9 valises sont rendues, celle qui transportait notre migrant part à la stérilisation puis est restituée défaunée. Les propriétaires ne l’ont pas reconnue : une boule compacte et informe.
Et le Dermeste des grains, seul insecte déclenchant le rejet de la marchandise importée s’il est trouvé même mort, retentera le passage…
D’après, notemment, « Destructive beetle found by customs », par Amy Biolchini. Lu le 28 juin 2011 à www.thetimesherald.com/

 744 Boire rend attirant
L’expérience a été menée au Burkina-Faso, sur 25 volontaires adultes à qui les entomologistes de l’IRD ont fait ingurgiter un litre de bière Dolo, et sur 2 500 individus adultes d’Anopheles gambiae (Dip. Culicidé), moustique vecteur du paludisme.
Ces derniers ont été soumis par lots de 25 au test de l’olfactomètre - schématiquement un tube en Y parcouru par un courant d’air descendant, parfumé à l’odeur humaine dans une des branches. Dans le cas où cette odeur est prélevée avant la consommation de bière, 35 % des moustiques ont tendance à voler vers l’une ou l’autre branche et un sur deux finit dans le piège au bout du tube parfumé. Si ce parfum est celui de buveurs, 47 % des moustiques se déplacent et 65 % finissent au bout de ce tube.
L’expérience, répétée avec 1 l d’eau, ne montre aucune différence.
L’odeur de bière transpirant par la peau attire les moustiques et augmente leur activité de vol.
Les gens sont plus ou moins susceptibles de se faire piquer et donc d’attraper le paludisme. Ce travail contribue à améliorer les politiques publiques qui doivent, pour être plus efficaces, tenir compte des différences individuelles.
D’après « Enjoying a beer outside 'makes you more attractive to mosquitoes' ». Lu le 27 juin 2011 à www.dailymail.co.uk/

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17 juin 2011

À lire  sur Internet :

Frelon asiatique : Le Muséum dévoile la carte de son invasion potentielle en Europe. Par Mickaël Bosredon. 20minutes, 15 juin 2011.
Le frelon à pattes jaunes : prédire les risques d'invasion en Europe et dans le monde. CNRS.

Alerte aux tiques à Pékin. Le Quotidien du peuple, 15 juin 2011.
« Le centre de contrôle des maladies du District de Changping, en banlieue de Beijing, a commencé mardi une campagne de désinfection tous azimuts dans une communauté où une habitante et certains animaux de compagnie auraient été mordus par des tiques la semaine dernière. […] »

743 Le moral dans les tarses
L’ouvrière malmenée voit l’avenir en gris - peut-on penser à la suite de l’expérience suivante : des Abeilles domestiques de plusieurs colonies sont conditionnées à associer une odeur à un aliment agréable (un jus sucré) et une autre à une purge (un jus amer). Puis on secoue la moitié des ruches, ce qui pour leurs habitantes signifie une agression par un prédateur. Face à un mélange des deux odeurs, les ouvrières secouées sont plus dégoûtées que leurs consœurs. Autrement dit, les abeilles ainsi maltraitées interprètent plutôt le stimulus « neutre » comme le signe de « rien de bon » : elles sont pessimistes.
Plus encore, les taux de dopamine, d’octopamine et de sérotonine dans leur hémolymphe sont abaissés – signe d’une dépression.
Apis mellifica, selon les auteurs de cette étude menée à l’université de Newcastle (Royaume-Uni), est capable d’émotions.
D’après notamment « Agitated honeybees display an increased expectation of bad outcomes », Current Biology, 2 juin 2011, lu  à www.cell.com/current-biology/
NDLR : que se crie-t-on dans la ruche secouée ? 22 v’là un Frelon asiatique ? Certainement pas. Je pose l’hypothèse « Punaise, l’ours ! », à vérifier.

742 Bande de décodeurs
Ils sont 10, 9 États-Uniens et 1 Britannique, qui viennent de lancer le « projet Manhattan en entomologie ». Il ne s’agit pas de réunir des milliers d’entomologistes au fin fond d’un désert pour mettre au point la bombe insecticide atomique. Leur but : décrypter le génome et étudier le transcriptome des 5 000 insectes (et quelques autres arthropodes terrestres) les plus importants sur Terre. Pour l’heure, il s’agit de choisir, parmi un bon million de candidats, les espèces à décoder. Le programme s’appelle ik5.
Le critère est que la connaissance de leur patrimoine génétique puisse servir à mieux les tuer, gérer, multiplier, favoriser, exploiter… Ceci dans les domaines de l’agriculture (au sens large), de la santé des gens et des bêtes, du fonctionnement des écosystèmes, de la recherche… Sont donc éligibles à ce club des 5 000 décodables les plus notables des insectes ravageurs, pollinisateurs, entomophages, vecteurs, appâts de pêche, hématophages, décomposeurs, modèles, domiciliaires, médicaments, clés, architectes du paysage, parapluies, comestibles, communautaires…
Un formulaire est à disposition des entomologistes de la Planète pour signaler, promouvoir, dénoncer tout insecte devant figurer sur la liste à 
//arthropodgenomes.org/wiki/i5K La liste des 100 premiers retenus est consultable à partir de cette page.
D’après notamment « Entomologists launch the 5,000 Insect Genome Project (i5k)  », lu le 15 juin 2011 à www.eurekalert.org/
NDLR : parmi les insectes déjà retenus, certains ont fait l’objet d’articles substantiels ou pas dans les colonnes d’Insectes. Le reste, 4 980 et quelques, constitue le programme éditorial - catégorie monographies – de la revue pour les années à venir.

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9 juin 2010

À lire  sur Internet :

Enquête ascalaphes. Par l'Observatoire naturaliste des écosystèmes méditerranéens.
[Név. Ascalaphidés].

Un destin de reine grâce à la royalactine, par Loïc Mangin. Pour la science, 3 juin 2011.
" On a découvert l'ingrédient de la gelée royale qui fait d'une abeille une reine. "

La ville, une barrière pour les pollinisateurs, par Mickaël Bosredon. 20 minutes, 7 juin 2011.
" C'est l'enseignement principal de l'observatoire des insectes pollinisateurs, lancé par le Muséum il y a un an. Cet outil de science participative rencontre un franc succès auprès du grand public... "

PURE (Réduction des usages et des risques liés aux pesticides par la protection intégrée dans les systèmes agricoles européens) INRA, 5 juin 2011.

À noter :

IIe Congrès international sur les insectes entomophages. Antibes du 20 au 23 juin 2011. INRA, 7 juin 2011.

741 Cigale qui rigole
Une équipe de biologistes philippins et de l’Académie des sciences de Californie a découvert un bon nombre d’espèces nouvelles sur l’archipel, sur terre et dans la mer. Parmi elles, une cigale probablement inconnue des entomologistes (le MNHN est alerté), repérée par Ireno Lit et ses collaborateurs sur le mont Banahaw. Terreur des habitants, elle émet, en guise de cymbalisation, un rire aigu.
D’après « 'Laughing' insects among new Philippine species », par Mynardo Macaraig. AFP, lu le 8 juin 2011 à  www.google.com/hostednews/afp/

 740 Cigale qui régale
Sparky, glacier qui fabrique des glaces maison à Columbia (Missouri, États-Unis) a trouvé la recette du succès éclair : une glace à la cigale - avec des morceaux d’aile pour le croquant. Les cigales ramassées dans la cour, sont cuites puis enrobées de sucre et de chocolat au lait avant d’être plongées dans la crème.
Les clients se sont précipités et lui ont vidé son bac en un tournemain. Puis l’autorité sanitaire locale lui a interdit d’en préparer un second. Motif ? La réglementation porte sur la température à respecter pour le porc bouilli, le bœuf bouilli, le poulet bouilli, le poisson bouilli. Elle est muette sur la cigale bouillie.
D’après « Cicada ice cream bugs health officials in Missouri: Why? », par David W. Freeman. Lu le 8 juin 2011 à www.cbsnews.com/

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26 mai 2011

739 Safari
Il faut d’autres touristes que ceux qui s’intéressent à la grande faune, à l’alpinisme et aux plages et développer des produits culturels et sportifs ; le gouvernement met l’accent sur cet objectif ; nos fleurs, nos forêts et nos insectes peuvent drainer de nouveaux flux – a déclaré en substance Devotha Mdachi, une responsable du secteur touristique. Une campagne gouvernementale est lancée pour promouvoir, notamment au niveau des parcs naturels, l’archéologie, l’ornithologie, la traque des dauphins, l’observation des baleines, les parcours en forêt, la cueillette des fleurs et la chasse aux papillons et aux insectes (butterfly and insect catching dans le texte).
Sachant que le pays possède beaucoup de papillons dont des espèces très rares comme Urania ripheus et le sunset moth Chrysiridia rhipheus (Uraniidés).
D’après « Tanzania geared to introduce insect tourism », lu le 26 mai 2011 à www.ippmedia.com/

738 Carabes bufonivores
D’ordinaire, c’est le crapaud, insectivore patenté, qui croque le carabe, insecte chasseur mais petit. Le Dytique dans la mare fournit un exemple bien connu d’attaque de vertébré vivant par un insecte prédateur : il mord en effet les têtards, même plus gros que lui et les déboyaute. On savait les larves d’Epomys (Col. Carabidé) consommatrices d’amphibiens.
Voir les photos ici. Les observations de Gil Wizen et d’Avital Gasith (université de Tel-Aviv, Israël) dévoilent que les imagos aussi, en guise de complément à leur régime de base entomophage et charognard sur vertébré, croquent le crapaud vivant et gigotant. Le jour, ils se reposent dans les mêmes abris que leur proie. La nuit venue…  
Deux espèces d’Epomys cohabitent en Israël, E. circumscriptus et E. dejeani, qui occupent des niches quelque peu distinctes. Elles n’attaquent pas tout à fait les mêmes espèces d’amphibiens. Au laboratoire, les deux Epomys (au stade adulte) s’en sont pris au Crapaud vert, à la Rainette de Turquie, à la Grenouille verte et brune, à la salamandre Salamandra infraimmaculata ; seul E. dejeani a mangé du Triton à bande.
D’après « Small insects attacks and kill amphibians much bigger than themselves », lu le 20 mai 2011 à www.eurekalert.org/
À (re)lire : Les mouches bufonivores, par Matthias Gosselin. Insectes n° 157 (2010-2)
PS : une grosse punaise aquatique,
Kirkaldyia deyrolli (Hém. Léthocéridé) vient de se faire surprendre dans une rizière japonaise en train de ponctionner une tortue préalablement saisie et tuée. Elle se nourrit haituellement de petits poissons et batraciens. Photo ici.

737 Exoentomologie
Le dispositif expérimental Commercial CSI-05 (Generic Bioprocessing Apparatus Science Insert-05) a pris le vol STS-134 de la navette Endeavour le 15 mai 2011 pour rejoindre l’ISS (Station spatiale internationale). Dans ce CSI-05, 2 néphiles, Gladys et Esméralda, et des drosophiles (qui n'ont pas de nom).
Nephila clavipes, d’Amérique centrale, est une grande araignée (la femelle, le mâle est 5 fois plus petit) qui fabrique une toile d’1 m de diamètre,dorée aux fils bien collants, dans la forêt ; des colibris s’y font prendre. Les néphiles ont une mission, tisser ; les spatioarachnologues vont observer si et comment la quasi-absence de gravité modifie la construction du piège.
Les drosophiles ont deux missions. Comme leurs compagnes de voyage, elles se laisseront observer en train de voler. Mais ce qui leur vaut leur billet pour ce voyage (aller simple), c’est celle de nourrir proprement les tisseuses. La précédente expérience (avec Larinioides patagiatus et Metepeira, vol STS-126), s’est achevée piteusement en 6 jours - et cela aurait pu être prévu. Elles ont en effet petit à petit sali la paroi de la cage si bien qu’on ne pouvait plus rien observer. Pour ce coup, elles seront fournies par escouades successives par le personnel de la station, tous les 4 jours. L’expérience est suivie au sol par des étudiants qui mènent des élevages parallèles : 100 classes de collège ont reçu des kits avec araignées et drosos.
D’après, entre autres,  « Spiders in Space – The Sequel!  », lu le 29 avril 2011 à //nasa-spacestation-info.blogspot.com/

À (re)lire : Monarques avec Belles Dames (2009).

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18 mai 2011

À lire  sur Internet :

Enquête nationale Lucane cerf-volant. Un quatre-pages, par l'OPIE. Participez !
[Lucanus cervus, Col. Lucanidé]

L'UE s'engage à mieux protéger la santé des abeilles. AFP, 18 mai 2011.

Comment les abeilles adaptent-elles leur vitesse pour éviter les obstacles ? CNRS, 12 mai 2011.

Comprendre les papillons, leur organisation et la génétique, Heloïse Roc, La Grande Epoque, 8 mai 2011.
[Déesse à ceinturons alias Damier du plantain, Melitaea cinxia,Nymphalidé]

Des insectes à 3 paires d'ailes. CNRS, 4 mai 2011  

Une paire d'ailes en plus ... pour se déguiser, par Cécile Dumas. Sciences et Avenir, 5 mai 2011.
" Une famille d’insectes a développé une 3ème paire d’ailes dont la morphologie s’est diversifiée pour donner des appendices aux formes étonnantes et très variées, expliquent des chercheurs du CNRS "
[Hém. Membracidés]

Comment la gelée royale transforme les abeilles en reines, par Hervé Morin. Le Monde, 6 mai 2011.

736 Apprendre sans dormir
La privation de sommeil diminue les facultés mentales et cela peut être très dangereux, quand il s’agit de contrôleurs aériens ou de militaires. Chez la Mouche du vinaigre aussi, mais c’est sans risques (pour l’entomologiste).
Pour cet insecte, il y a un remède, mis en évidence par une équipe de l’université Washington à Saint-Louis (Etats-Unis) menée par Laurent Seugnet : stimuler la production de la protéine notch dans le cerveau (par génie génétique).
Une mutation du gène qui la commande, repérée il y a près de 100 ans sur la droso, provoque une échancrure sur l’aile – d’où son nom. Chez les mammifères, la protéine notch agit comme ligand déclencheur d'une voie de signalisation intracellulaire, impliquée dans le devenir des cellules pendant l'embryogenèse, l'hématopoïèse et la différenciation des neurones. 
L’équipe de neurobiologistes a d’abord repéré qu’empêcher une drosophile de dormir entraîne une baisse d’activité de la notch dans son cerveau, puis a retrouvé ce résultat chez l’homme. Elle a ensuite fait apprendre à des mouches normales et modifiées à tolérer la quinine (spontanément évitée) associées à une lumière (très prisée). Les performances des drosos « enrichies » en notch n’ont pas été diminuées par la privation de repos.
Dernier résultat : ce sont les cellules gliales du cerveau – à qui on attribuait jusque-là un simple rôle de soutien - qui produisent la protéine notch.
D’après notamment « Protein keeps sleep-deprived flies ready to learn », par Michael C. Purdy, lu le 5 mai 2011 à //news.wustl.edu/

735 Imblairable
Aucun moustique ne peut supporter son odeur : il se sauve et va crever de faim. La substance odorante s’appelle VUAA1 – un nom de code. Elle définit une nouvelle famille de composés chimiques, au pouvoir répulsif extraordinaire.
Les recherches en vue d’améliorer l’efficacité et l’acceptabilité des répulsifs (mis sur la peau ou sur les moustiquaires) sont très actives : il s’agit d’empêcher les Diptères vulnérants de piquer et de transmettre diverses maladies très graves ; beaucoup de ces insectes ne sont pas vecteurs mais ils sont très désagréables. Le marché, civil et militaire, est énorme.
Le moustique (entre autres) sent par les antennes, parsemées de sensilles olfactives (dites « OR ») couplées chacune à un canal ionique corécepteur (« Orco ») qui déclenche l’influx nerveux. Chaque couple est sensible à une odeur particulière.
Devant la difficulté à explorer tous ces récepteurs, Laurence Zwiebel et son équipe de l’université Vanderbilt (Nashville, Tennessee, États-Unis) ont décidé d’employer la force brute d’une machine pour détecter les molécules capables d’être perçues comme odeur. Ils ont mis au point un système de criblage à base de cellules de rein humain en culture génétiquement modifiées incorporant le couple OR-Orco. Ce qui leur a permis de « faire défiler » 120 000 petites molécules. 
Surprise : l’une d’entre elles, le VUAA1, même pas une « odeur », s’est avérée capable d’exciter tous les récepteurs à la fois. Ce qui en fait un répulsif irrésistible.
Mis dans l’eau où nagent des larves de moustique, le VUAA1 les repousse sur l’autre bord de la boîte de Petri à une concentration des dizaines de milliers de fois plus faible que le produit de référence, le classique DEET.
On est encore loin de l’application sur le terrain. Il reste à examiner les composés de la même famille et, surtout, à démontrer son innocuité. Pour les cibles des moustiques, homme et animaux domestiques, ainsi que pour les autres insectes. Un répulsif aussi puissant pourrait créer un désert entomologique et faire disparaître aussi les insectes utiles.
D’après, entre autres « New weapon for war on mosquitoes », par  Alan Boyle. Lu le 9 mai 2011 à //cosmiclog.msnbc.msn.com/
À (re)lire, sur cette page : Au cœur de l’écœurement et Répulsif attractif.

734 La balade du puceron noir
Comment se font les mouvements animaux à la recherche de leur nourriture ? Ont-ils une stratégie pour maximiser les chances de rencontrer une proie ou un hôte (végétal ou animal), ou de trouver un site de nourriture convenable ? Les travaux faits jusque-là tendaient à montrer que ceux-ci se déplacent selon le vol de Lévy, où les distances parcourues entre deux changements de direction suivent une loi de puissance – avec une variance infinie. Plus concrètement, après une série de petits trajets, les animaux franchissent tout à coup une grande distance.
Il s’agissait d’une illusion, due à la variabilité des comportements : certains individus sont casaniers, d’autres ont la bougeotte. Les parcours, de longueur répartie au hasard, correspondent à une diffusion, un peu comme les molécules dans un gaz. Pour établir ce résultat, l’équipe de chercheurs britanniques a dédaigné les requins ou les albatros, habituels fournisseurs de données jusque-là. Et s’est tournée vers le Puceron noir de la fève Aphis fabae (Hém. Aphididé), petit, nombreux et bon marché, et a pisté individuellement les individus dans la foule, grâce à la vidéo et des logiciels ad hoc.
D’après notamment « Variety Is the Spice of Life for Animal Movement: Foraging Animals Tend to Wander Randomly », lu le 9 mai 2011 à www.sciencedaily.com/

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29 avril 2011

À noter :

Expositions en Moselle 

À cuire :

Gâteaux entomologiques

À lire :

Scarabées en vol... téléguidé, par Michel Maharbiz et Hirotaka Sato. Pour la Science n° 402, avril 2011.
" Des chercheurs conçoivent de minuscules robots volants, mi-insectes, mi-machines. Ces hybrides du vivant de l'électronique pourraient un jour sauver des vies en cas de catastrophes et de guerres "
Ces chimères ont été régulièrement épinglées ici, érigées au rang d'ordre : à (re)lire Zombiptères nucléaires (2010).


À lire  sur Internet :

Contre la noyade, les fourmis de feu s'associent en radeau de sauvetage. MaxiSciences, 27 avril 2011-04-27
[
Solenopsis
invicta, Hym. Formicidé]

Le moustique OGM prend  son envol , par Stéphane Foucart. Le Monde, 22 avril 2011.
" Entomologie Face à certaines maladies, l'idée d'utiliser des insectes transgéniques, stériles ou résistants, fait son chemin dans certains pays "
(re)voir sur cette page Lâcher surprise.


Les Orthoptères de Normandie. Par Peter Stallegger. GRETIA.
Le projet d'atlas sort de diapause.

733
Boisson chaude
On n’y avait pas prêté attention jusque-là mais l’absorption d’un liquide chaud n’est sans dommages que moyennant des protéines de choc thermique. Celles-ci – qui interviennent par exemple chez nous contre les effets de la fièvre – protègent les enzymes des déformations et signalent les molécules endommagées.
Ainsi la femelle de moustique y a-t-elle recours pour digérer vite et bien son repas à 37 °C. Un résultat que vient de publier dans les PNAS David Denlinger de l’université de l’Ohio (États-Unis).
C’est un poussin qui a servi à la manip, avec une femelle d’Aedes aegypti (Dip. Culicidé) munie d’un capteur. Durant le repas de sang, sa température interne est passée de 22 à 32 °C, un bond très brutal pour un poïkilotherme (animal sans régulation thermique). La quantité d’Hsp70 (c’est le nom de la protéine de choc) a été multipliée par 8, essentiellement dans la région de l’intestin moyen. Celui-ci est très fortement dilaté, autre stress ; mais le moustique produit beaucoup moins d’Hsp70 si on lui injecte une dose d’eau à la température ambiante, par rapport à de l’eau à 37°C.
C’est un moustique OGM qui a servi à montrer les effets de l’absence (en fait une réduction des trois quarts) de production de la protéine de choc : sa digestion fut lente et sa fertilité réduite de 25 %.
Le phénomène a été vérifié chez les moustiques Culex pipiens et Anopheles gambiae, ainsi que chez la Punaise des lits Cimex lectularius (Hém. Cimicidé). Pour l’heure, il n’est pas envisagé d’en faire la base d’une nouvelle méthode de lutte contre les insectes hématophages.
D’après « Study shows how mosquitoes handle the heat of a hot blood meal », lu le 26 avril 2011 à www.innovations-report.com/

732
Viser les vieilles
Une nouvelle stratégie de lutte contre les moustiques vecteurs du paludisme (1 million de morts par an, rappelons-le) est proposée par Stephen Gourley, statisticien à l’université du Surrey (Royaume-Uni), à l’occasion de la journée mondiale du paludisme (25 avril 2011).
L’idée est que les traitements chimiques, en éliminant les imagos des anophèles (Dip. Culicidés) à un âge tendre, exercent une forte pression de sélection en faveur des individus tolérants à l’insecticide. D’où l’apparition rapide de la résistance. Or, ces jeunes anophèles, si elles peuvent être porteuses de l’agent de la malaria (Plasmodium), sont incapables de l’inoculer ; du fait du délai de latence nécessaire, seules les vieilles anophèles sont vectrices.
Un toxique à effet différé, laissant les moustiques se reproduire mais les éliminant avant que les femelles soient infectantes, serait très efficace pour réduire l’impact de la maladie sans provoquer l’apparition de populations résistantes. Le modèle mathématique de S. Gourley le confirme.
Cette façon de faire aurait un inconvénient : les piqûres seraient tout autant fréquentes (et agaçantes) mais ce serait sans danger.

D’après « Letting mosquitoes breed may lead to fewer malaria deaths », par Sola Ogundipe. Vanguard, 19 avril 2011. www.vanguardngr.com/

731 Répulsif attractif
Repousser le moustique (femelle) et le dissuader de se poser sur notre peau pour la percer de façon à aspirer notre sang est un excellent moyen d’éviter d’attraper une des nombreuses et très dangereuses maladies qu’il est susceptible de transmettre.
Il faut pour cela s’oindre régulièrement d’un répulsif assez gras, voire un peu gluant, et limite puant, à base en général de DEET, inventé il y a 60 ans. On se protégerait plus volontiers et donc plus efficacement avec une crème douce au parfum léger et agréable. Les entomologistes ne cessent de chercher.
La dernière trouvaille : la nootkatone. C’est un produit naturel, utilisé couramment comme additif alimentaire. Ce sesquiterpène s’extrait du pamplemousse – il est le principal responsable de son parfum -, se produit par génie génétique ou par synthèse chimique.
Selon la démonstration faite par Marc Dolan (Center for Disease Control, Fort Collins, Colorado, États-Unis), on peut introduire son bras enduit dans une cage à moustiques et voir ceux-ci non seulement chercher à fuir mais tomber raides morts.
On aurait là un répulsif et un insecticide très acceptables.
Par ailleurs, la nootkatone, encapsulée dans de la lignine, est efficace pour débarrasser un terrain des tiques qui transmettent la maladie de Lyme.
L’effet répulsif de cette molécule avait été mis en évidence en 2000 sur le termite Coptotermes formosanus (Dyct. Termitidé).
D’après, entre autres, « Repelling Bugs With The Essence Of Grapefruit », par Richard Knox, lu le 18 avril 2011 à www.npr.org/
À (re)lire, sur cette page :
Au cœur de l’écœurement .

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19 avril 2011

À lire  sur Internet :

Angleterre: des « routes » de fleurs sauvages pour les abeilles seront créées. AP, 14 avril 2011.

Les autoroutes du ciel, par Robert Krulwich. Télésciences, avril 2011.

Les poux ont côtoyé les dinosaures. AFP, 6 avril 2011.

730 La mère des éphémères
Il y a 312 millions d’années, soit à la fin du Carbonifère, un insecte s’est posé sur de la boue et y a été prestement englouti non sans s’être un peu débattu. Une boue piégeuse parfaite pour le moulage de l’insecte : on vient en effet de le retrouver sous forme d’un fossile extraordinaire. La découverte, due à Richard Knecht et son équipe (Harvard University) est publiée dans les PNAS. Elle repousse de quelque 30 millions d’années l’âge du plus ancien insecte volant (Ptérygote) connu.
Le spécimen a été trouvé par l’auteur en 2008, alors étudiant, qui pataugeait dans un marécage du Massachussetts autrefois désigné comme gisement de fossiles : en émergeait un rocher de grès fragmenté ; un bloc s’est ouvert en deux, livrant le moule et l’objet. Avec tous les détails du corps et des pattes mais pas des ailes que ce très probable ancêtre direct des Éphéméroptères tenait déjà verticalement au repos.
D’après, entre autres, « Oldest flying insect fossil find », lu le 6 avril 2011 à www.abc.net.au/
Photo

729 Procréation assistée
Dans le Sud-Ouest des États-Unis, Les populations de l’Aleurode du tabac Bemisia tabaci (Hém. Aleyrodidé) sont infectées à 97% par un endosymbionte, Rickettsia sp. nr. Bellii. Le taux était inférieur à 1% en 2000 : il a suffi de 80 générations pour cette généralisation.
La rickettsie, qui se transmet verticalement (de mère en fille) entretient avec son hôte une relation double : mutualisme et manipulation reproductive. Une femelle infectée, en effet, est plus féconde, vit plus longtemps et sa progéniture comporte plus de femelles. D’où la rapide propagation de la rickettsie.
Du point de vue de l’évolution, il s’agit d’un choc pour l’Aleurode : les paramètres de la dynamique de ses populations sont brutalement perturbés. Quel avenir pour lui ? On le surveille, d’autant plus qu’il s’agit d’un ravageur agricole majeur.
D’après, notamment, « Insects with Rickettsia infection produce twice as many offspring », par Kate Shaw. Lu le 9 avril 2011 à //arstechnica.com/science/news/
Article source : DOI: 10.1126/science.1199410

À (re)lire :
Les aleurodes, par Alain Fraval. Insectes n° 155 (2009-4). 

728 Retour de mission
Brian Foy, de l’université du Colorado à Fort Collins (États-Unis), est un entomologiste très consciencieux et marié. Ce qui lui vaut d’être, un peu par accident, le découvreur de la première MST transmise par moustique.
La maladie, mal caractérisée par des douleurs articulaires et une grosse fatigue, peu connue, est causée par le virus du Zika (du nom d’une forêt ougandaise) ; elle s’attrape usuellement par la piqûre d’un Aedes (Dip. Culicidé).
De retour d’une mission de courte durée au Sénégal, notre entomologiste tout comme son collègue de terrain Kevin Kobylinski tombent malades : douleurs articulaires et grosse fatigue, entre autres – pendant une semaine. La dengue est suspectée. Un peu plus tard, son épouse, qui ne l’accompagnait pas, souffre de la même maladie. Ceci alors qu’aucun moustique vecteur ne vit au Colorado.
En fait, la maladie ne sera identifiée qu’ultérieurement, à la suite de la rencontre fortuite (dans un bar) au Sénégal de K. Kobylinski avec un collègue texan, Andrew Haddow. Ce dernier s’intéresse au virus Zika, en partie à la mémoire de son grand-père. Andrew Haddow l’avait en effet isolé en 1948 d’un singe rhésus capturé près d’Entebbe.
Sur les échantillons de sérum des trois personnages de l’histoire, soigneusement conservés au frigo par B. Foy, le virus Zika est identifié.
Tout indique, même si la preuve formelle manque, que M. Foy l’a transmis sexuellement à Mme Foy.
Cet agent pathogène est surveillé par les sentinelles des maladies émergentes. La littérature rend compte de 14 cas isolés. Mais il a provoqué une épidémie surprise – avec les trois quarts des gens touchés – à Yap, une île du Pacifique, en 2007.
D’après « Sex After a Field Trip Yields Scientific First », par Martin Enserink. Lu le 6 avril 2011 à //news.sciencemag.org/

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Le 30 mars 2011

À consulter  sur Internet :

Insectes du patrimoine culturel. Site présentant 115 fiches d’espèces dommageables. Par le Centre interrégional de conservation et de restauration du patrimoine et l’IINRA, en collaboration avec le Génoscope.

727 Succulents ébranlements
Parmi les signaux qu’emploient les insectes pour s’accorder en vue d’une rencontre sexuelle, les vibrations transmises par le substrat jouent un grand rôle chez certains. Ainsi chez Aphrodes makarovi (Hém. Cicadellidae). Le mâle appelle la femelle, la femelle répond… Une conversation s’engage qu’on pourrait croire absolument privée, ou tout au moins spécifique. Il n’en est rien car d’aucuns sont à l’écoute, intéressés non point par la romance mais par la bombance que cela annonce : l’araignée Enoplognatha ovata (Theridiidé) détecte et localise en effet ses proies grâce – en bonne partie au moins - à ces signaux sexuels.
Meta Virant-Doberlet et ses collaborateurs (université de Cardiff, Royaume-Uni) ont suspecté ce phénomène nouveau en analysant le contenu stomacal d’araignées (usant d’une méthode – dite PCR - de biologie moléculaire consistant à amplifier l’ADN in vitro). Les araignées capturent plus de cicadelles quand leur population est composée d’imagos vibrants que quand elle comporte des larves âgées. Puis ils ont confirmé leur découverte par des observations en cage d’araignées en présence de proies potentielles ou soumises à des vibrations enregistrées. Les cicadelles victimes sont surtout des mâles, émetteurs plus puissants.
D’après, notamment, « Spiders target sexy signals from 'vibrating' insects », lu le 29 mars 2011 à www.eurekalert.org/
Article source : DOI: 10.1111/j.1365-294X.2011.05038.x

À (re)lire :
La communication sexuelle chez la Punaise verte – entendre et sentir, par Michel Renou. Insectes n° 135 (2004-4)

726 Au cœur de l’écœurement
DmOr42a détecte le N,N diéthyl-m-toluamide, l’IR3535 et la picaridine, révèlent des entomologistes du laboratoire Walter Leal de l’université de Californie dans un papier paru sur PLoS One. DmOr42a, récepteur jusque-là inconnu, appartient à un neurone branché sur la sensille basiconique pb1 du palpe maxillaire de la Mouche du vinaigre, Drosophila melanogaster (Dip. Drosophilidé) comme on ne peut l’ignorer.
Le N,N diéthyl-m-toluamide (connu commme le DEET) est utilisé par 200 millions de personnes dans le Monde pour échapper aux piqûres de moustiques vecteurs ; l’IR3535, produit par Avon sous le nom de Skin-So-Soft Bug Guard, et la picaridine (Bayrepel de chez Bayer), extraite du poivre, sont des répulsifs concurrents. Ces trois composés sont sans aucune parenté chimique entre eux.
La découverte de ce récepteur unique a été permise par la connaissance complète qu’on a du génome de la drosophile. Elle ouvre la voie à la mise au point de nouveaux répulsifs. Actuellement, il faut une dizaine d’années et presque 30 millions d’euros pour, à partir de 20 000 molécules intéressantes, « sortir » un répulsif efficace et sans danger. Il est en effet nécessaire de synthétiser pour chaque essai – réalisé sur des imagos de moustiques - une quantité importante de chacune des substances candidates. On pourra désormais simplifier grandement le criblage et en amenuiser le coût en travaillant sur des drosos et en éliminant d’emblée les molécules qui n’activent pas DmOr42a.
Il reste qu’on ne connaît comment agit le DEET : masque-t-il les odeurs attirantes de l’hôte ou exerce-t-il une action de répulsion ? Dame Nature n’a certainement pas retenu au cours de l’évolution un organe sensible à stimulus inventé par l’armée états-unienne en 1946 (voir
Entomologie militaire, Insectes n° 140). 
D’après « UCDavis researchers discover 'generic' insect repellent detector », lu le 23 mars 2011 à www.dailydemocrat.com

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Le 22 mars 2011

725 Chère biodiversité
Les zoologistes s’accordent pour estimer à 1,4 millions le nombre d’espèces animales recensées dans les catalogues. Et à 5,4 celui des espèces qui nous restent à découvrir, décrire, nommer…
L’obstacle : la pénurie de taxinomistes, spécialistes chacun pour son groupe, de l’identification et du classement des êtres vivants. La moitié du petit nombre en activité s’occupe des vertébrés – plutôt du genre grands félins ou oiseaux colorés – bien plus intéressants en terme de reconnaissance par le public (et les financeurs). On en connaît 62 000 espèces ; la part de ceux qui peuvent encore être découverts est infime : 4% de la faune ignorée. Celle-ci est composée, comme la faune répertoriée, majoritairement d’insectes (dont on connaît déjà près d’1 million d’espèces). Il faudrait une armée d’entomologistes.
Et cela coûterait combien ? Fernando Carbayo et Antonio Marques (université de Sao Paulo, Brésil) proposent une estimation. Étant donné ce que coûte globalement un spécialiste (dans leur pays, d’un bon niveau en taxinomie et où le salaire est dans la moyenne mondiale) par espèce nouvelle, le programme reviendrait à 200 milliards d’euros.
D’après « Cost to Identify All Unknown Animals: $263 Billion », par Wynne Parry. Lu le 18 mars 2011 à www.livescience.com/
NDLR : l’article source  doi:10.1016/j.tree.2011.01.004 est en ligne (à un prix également exorbitant).

724 Chaud chant d’amour
Au vu de son allure alliciante et séduit par son parfum, il étend ses deux ailes et les fait vibrer : ce zonzonnement la charme et ils auront beaucoup d’asticots. À l’institut de Pathologie moléculaire à Vienne (Autriche), Anne von Philipsborn travaille sur le mécanisme du déclenchement des actes qui constituent le rituel de cour de l’imago mâle de la Mouche du vinaigre. Elle entretient pour ce faire des drosophiles génétiquement manipulées : les mâles chantent sur commande, tout seuls : il suffit de les chauffer doucement. Ils possèdent des canaux ioniques « greffés », des sortes d’interrupteurs qui basculent à 30°C et qui activent des groupes de neurones particuliers.
Ces expériences mettent à jour deux centres de commandement du chant : l’un est dans le protocerebron (cerveau) qui reçoit des informations des organes de la vue et de l’odorat et les associe avec la mémoire d’expériences antérieures ; l’autre, dans le thorax, coordonne les mouvements des muscles alaires pour produire les bonnes vibrations.
On en sait un petit peu plus sur les processus préliminaires de la fabrique d’asticots ; on dispose surtout d’un modèle pratique pour étudier les mécanismes neuronaux de comportements complexes.
D’après « The Love Song of the Fly », lu le 9 mars 2011 à www.newswise.com/

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Le 7 mars 2011

À lire  sur Internet :

De nouveaux champignons hallucinogènes découverts chez des fourmis-zombis ! par Claire Peltier. Futura Science, 7 mars 2011.
[Camponotus spp., Hym. Formicidés / Ophiocordyceps]

Les entomologistes confirment : les insectes adorent la vie en Principauté ! Le Petit Niçois, 4 mars 2011
" Dans le cadre de la Convention de partenariat « Monacobiodiv » une campagne d’inventaire des insectes a été menée en Principauté entre le printemps 2008 et la fin de l’année 2010."

Des puces de lit dans les avions… par Émilie Bilodeau. Cyberpresse, 2 mars 2011.

Les ailes de papillons source d'inspiration pour la lutte contre la contrefaçon. bulletins-electroniques.com. 23 février 2011.

723 Le régime n’est pas en cause
Pourquoi tant de papillons et de phalènes ? Pour le plaisir des amateurs, certes. À cause, plus sérieusement, de la coévolution des consommateurs – les chenilles – et des consommées – leurs plantes nourricières. Il est en effet communément admis que les nouvelles espèces sont apparues en général suite à des changements de régime alimentaire – chez des individus doués d’un niveau suffisant d’allotrophie - en réaction au renforcement des défenses (résistance) des végétaux hôtes. Et ceci depuis le Crétacé.
Le travail de Yume Imadaet et de son équipe à l’université de Kyoto (Japon) met au jour l’importance probable d’un autre mécanisme. Leur « terrain » : les Microptérygidés des hépatiques au Japon. Tous apparaissent inféodés à la seule espèce Conocephalum conicum. On a là 25 espèces occupant strictement la même niche écologique. Celles-ci se sont séparées de leur ancêtre commun il y a 35 à 15 millions d’années, selon l’arbre généalogique établi grâce à l’analyse de leur ADN.
Le seul moteur plausible de la spéciation est la séparation géographique de populations qui ont dérivé au point de constituer de nouvelles espèces. Un exemple a déjà eté fourni par par Tommi Nyman en Finlande sur des tenthrèdes.
Cette spéciation allopatrique serait plus répandue que communément admis et serait responsable d’une part importante de la multiplicité (admirable/ingérable) des papillons que nous connaissons.
D’après « Moths diversify without changing diet », par Emma Marris. Nature, 2 mars 2011, lu à www.nature.com/news/
NDLR : sous nos cieux, le Microptérigidé Micropterix calthella butine et consomme le pollen des fleurs de renoncule et de populage tandis que sa chenille se nourrit de mousses et d'hépatiques. D’après Remi Coutin,
Insectes n° 134.

722 L’invasion des abeilles asiatiques
En Australie, le pire envahisseur s’appelle cane toad, alias le Crapaud-bœuf alias Bufo marinus, auxiliaire (de lutte biologique) qui a très mal tourné. Lui dispute depuis peu sa première place l’Abeille domestique orientale Apis cerana. (Hym. Apidé).
Cette espèce mellifère vit en petites colonies et produit peu de miel. Elle serait parvenue sur le sol australien par bateau, depuis la Papouasie-Nouvelle Guinée en 2007. Depuis, elle prospère et butine les fleurs si activement que les Abeilles domestiques européennes importées jadis A. mellifera meurent de faim. En outre, elle pille volontiers les ruches et transmet l’acarien parasite Varroa, dont elle est l’hôte naturel. Il y va d’un secteur productif évalué à 80 millions de dollars (miel) plus 4 milliards (pollinisation).
Le programme d’éradication s’arrêtera, faute de budget, en avril.
D’après, notammment, « Asian honey bee is the new cane toad », lu le 3 mars 2011 à www.adelaidenow.com.au/
À (re)lire :
Un crapaud dans la lutte biologique, par Alain Fraval. Insectes n° 137 (2005-2).
NDLR : devant les menaces d’une diminution de la pollinisation, il a été proposé de remplacer, en Europe, notre abeille par cette espèce robuste, active à température basse, exploitant bien les fleurs isolées, capable de "cuire " les frelons et tolérante à la varroatose, entre autres qualités. Mais, entre autres défauts, elle produit peu, essaime pour un rien, se révèle une pillarde impénitente.

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Le 16 février 2011

À lire  sur Internet :

Plan national d'actions en faveur des Odonates OPIE. Ouverture du site Internet.

Les monarques prennent du mieux. AP, 14 février 2011.
Les papillons hivernants de Danaus plexippus (Lép. Nymphalidé) occupent 9,9 acres de forêt contre 4,7 acres l'an dernier – mais 20 acres en 2008-2009.

Le coup de pied de la puce,  par Cécile Dumas. Sciences et Avenir.fr. 10 Février 2011.
Comment un insecte de 2 ou 3 mm parvient-il à sauter jusqu'à 30 cm de hauteur ? Des chercheurs ont utilisé une caméra haute vitesse pour résoudre une énigme: à quoi sert le bout des pattes de la puce au moment du saut? Réponse : il fait levier.

Nabokov, maître des papillons, par Hervé Morin. Le Monde, 4 février 2011.
[Azurés, Lép. Lycénidés
Polyommatini]

Découverte d'une nouvelle sous-espèce du moustique vecteur du paludisme, par Valérie Cohen. RFI, 3 février 2011.
[Anopheles gambiae goundry]

721 Podophilie
Au Kenya, les moustiques vecteurs de la dengue et du paludisme, en butte aux moustiquaires et aux traitements des parois des maisons, sévissent plutôt dehors désormais. Où des pièges appâtés au gaz carbonique capturent les femelles hématophages. L’approvisionnement en CO2 est difficile et coûteux au fin fond des campagnes. Comment le produire sur place ?
La fermentation alcoolique est à la portée de tous partout : une matière sucrée et de la levure font l’affaire, dans une bouteille. En étudiant ce procédé rustique sur le terrain, Richard Mukabana (International Centre of Insect Physiology and Ecology) se fait piquer, principalement aux pieds et aux chevilles. D’où son idée de tester ses chaussettes. À Lwanda Nyamasari, il installe un dispositif expérimental avec des pièges avec ou sans CO2 avec chaussettes (en nylon) propres ou sales, et lâche des moustiques marqués (Anopheles gambiae, Dip. Culicidé).
Si les pièges sans appât capturent 5% des insectes lâchés, les chaussettes portées intéressent 43% des moustiques, proportion qui grimpe à 80% pour l’association gaz de fermentation + effluves de chaussettes sales.
Il reste à préciser ce qui attire la femelle de moustique en dehors du gaz carbonique et de l’odeur de pied. Mais le truc marche, au moins pour dénombrer les anophèles.

D’après « Unwashed socks could be antidote to mosquito bites » par Maore Ithula. The Standard, 13 février 2011, lu à www.standardmedia.co.ke/

Mais notre Anophèle n’est pas seule à se laisser charmer par l’odeur des pieds. Son ennemie naturelle, Evarcha culicivora aussi. Cette salticide était déjà connue pour son nez unique chez les araignées : si elle distingue A. gambiae – sa proie spécifique - parmi les moustiques à l’œil - à sa posture au repos -, elle distingue à l’odeur du sang humain les femelles gorgées. Ce fumet l’attire et l’excite au point de tuer une vingtaine de proies qu’elle ne consomme pas toutes.
Fiona Cross (université de Canterbury) et Robert Jackson (International Centre of Insect Physiology and Ecology) ayant eu l’intuition que notre araignée, seule de son engeance octopode, est sensible à l’odeur de l’homme (non saignant) ont procédé à une expérience d’olfactométrie au laboratoire. Soumise à un flux d’air parfumé à la chaussette portée, l’araignée ne bouge pas alors qu’elle se met à l’abri d’un courant d’air pur. CQFD.
D’après, notamment, « Mosquito-eating spider likes smelly socks », par Victoria Gill. Lu le 16 février 2011 à //news.bbc.co.uk/
NDLR : les gens doivent favoriser l’araignée auxiliaire de lutte biologique qui doit trouver des moustiques, autant que possible gonflés de leur sang, à croquer. En puant des pieds ?

720 Nez-d’œuvre à bas coût
Soit une petite équipe d’ouvrières. 5 minutes de préparation entre les mains d’un entomologiste (un robot le remplacera bientôt) qui leur apprend à reconnaître une odeur particulière (explosif, drogue, bactérie, polluant, maladie…). Nos volontaires prennent place dans un grand vaisseau oblong - à leur échelle –, une sorte de gros fer à repasser à la nôtre. Leur véhicule une fois sur zone aspire l’air ambiant. Si l’odeur est présente, elles tirent la langue. Ceci sous l’œil d’une caméra qui retransmet la scène au monde extérieur.
Le procédé est développé par la firme britannique Inscentinel, qui emploie des Abeilles domestiques Apis mellifica. On peut les trouver partout et les conditionner à plusieurs odeurs successivement. Elles sont bien moins coûteuses qu’un chien renifleur. Leur CDD achevé, elles regagnent leur ruche.
Leurs dernières missions : détecter la tuberculose bovine.
D’après le site d’Inscentinel.
NDLR : Microplitis croceipes, Hyménoptère Braconidé, a été embauché expérimentalement pour la même mission : re(lire) l’Épingle « Ce Microgastriné est un grand nez ! » de 2005.

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Le 2 février 2011

À noter :

Le Secret de la Cigale. Un dialogue musicale improbable entre Contrebasse & Bestioles.  Avec Emmanuel Fleitz et Jean Poinsignon. Les 10 et 11 février 2011 à l'Espace Beaujon. procuction Man'ok.

À lire  sur Internet :

Plantes contre abeilles, par J.I. Sciences et Avenir.fr, 1er février 2011.
" Beaucoup de plantes produisent des substances chimiques toxiques pour se protéger contre les herbivores, des chercheurs suisses apportent aujourd’hui la preuve expérimentale que les plantes à fleurs peuvent également utiliser des défenses chimiques pour protéger leur pollen des abeilles. "
[Osmie rousse et O. cornue : Osmia bicornis et O. cornuta, Hym. Mégachiilidés]

Université de Lausanne : le génome de la fourmi de feu séquencé. Le Matin, 1er février 2011.
[Solenopsis invicta (Hym. Formicidé)  / par Laurent Keller et coll. à l’Université de Lausanne et par le SIB, l’Institut suisse de bioinformatique.

Couleurs structurelles sur ailes transparentes, par Maurice Mashaal. Pour la Science, 25 janvier 2011.
" Les ailes transparentes de petites guêpes et moucherons font apparaître des couleurs dues à des interférences lumineuses. Ces couleurs constituent un critère supplémentaire pour identifier des insectes. "

Les OGM ne perturberaient pas les insectes, par Claire Peltier, Futura-Sciences. 26 janvier 2011.
" Les plantes OGM ne seraient pas néfastes pour les communautés d’insectes (non ciblées par le transgène) qui vivent dans ces champs, au moins en ce qui concerne le blé. Des résultats qui ont de quoi rassurer, en partie, les écologistes, mais qui méritent certainement d'être confirmés. "

719 Lâcher surprise
L’institut malaisien de Recherche médicale annonce avoir lâché, le 21 décembre 2010, 12 000 moustiques mâles (Aedes, Dip. Culicidés) issus de son laboratoire d’entomologie. Avec la mission de copuler avec des femelles sauvages. La moitié était génétiquement modifiée pour donner une descendance non viable ; l’autre a servi de témoin. La zone, près de Bentong (état de Pahang) est inhabitée. Elle a été traitée à l’insecticide le 6 janvier 2011 et reste sous surveillance pendant 2 mois.
Le but est d’expérimenter une variante de la lutte autocide pour combattre le vecteur de la dengue.
Cette opération secrète jusque-là suscite des protestations. Un officiel du ministère de l’Environnement a déclaré, sous le sceau de l’anonymat, que « peu importe que les gens aiment ça ou pas, du moment que le Comité national de biosécurité l’a décidé ».
Ce lâcher d’IGM fait suite – dans un milieu non confiné cette fois – à celui effectué en 2010 sur une des îles Caïman.
D’après notamment « 6,000 modified mosquitoes airborne », par G. Vinod. Lu le 26 janvier 2010 à www.freemalaysiatoday.com/

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Le 24 janvier 2011

À lire  sur Internet :

La quiche aux vers, une alternative à la viande. Le Monde, 20 janvier 2011.

Le Frelon asiatique. Dossier d'Insectes.

718 Signal rouge
C’est un message aux oiseaux : ces larves – que j’ai visiblement colorées en rouge -  sont à éviter. Car j’y suis entré par l’anus ou la bouche, m’y suis installé pour les boulotter de l’intérieur. Précisément, j’y ai introduit une bactérie qui les liquéfie pratiquement. Être becqueté serait un inconvénient grave. Pour moi, le nématode Heterorhabditis bacteriophora, entomophage patenté, spécialiste des insectes du sol, seul parasite connu à faire rougir son hôte.
L’interprétation du signal est le fruit de 12 ans d’observations et d’expérimentations menées par Andy Fenton et son équipe à l’université de Liverpool (Royaume-Uni). Avec Galleria melonella (Lép. Pyralidé), la Fausse-Teigne de la cire, et Erithacus rubecula (Turdidé), le Rouge-Gorge familier. Ce dernier ne consomme pas la chenille du premier si elle est rouge, la teinte qu’il prend progressivement s’il est parasité par H. bacteriphora. Il lui préférera même une vieille chenille morte.
Le signal de la couleur est très vraisemblablement associé, chez les chenilles infectées, à une odeur et à un goût désagréables.
D’après « Parasite turns host caterpillars red to warn predators », par Emma Brennand, BBC News, lu le 21 janvier 2010 à //news.bbc.co.uk/

717 Doubler la biodiversité
L’exploit est à mettre au comte de la recherche. La recherche de fourmis dans tous les endroits possibles, par tous les moyens possibles, en mobilisant tout le monde. Chargé d’actualiser l’inventaire des fourmis dans les dunes de l’Alberta (Canada) près d’Edmonton – qui datait des années 1960 -, James Glasier, mémorisant de 25 ans, a commencé par refaire la clé de détermination. Ceci à partir des 20 000 individus récoltés le premier été.
Résultat : l’Alberta comptait 40 espèces de fourmis, il en possède désormais 89.
D’après « Alberta researcher makes surprising discovery about ant species », par Hanneke Brooymans, Edmonton Journal, lu le 21 janvier 2011 à www.vancouversun.com/

716 Alerte rouge
On est en manque d’E120. Ce colorant rouge, en français le carmin, est le produit de l’élevage de la cochenille Dactylopius coccus (Hém. Dactylopiidé) sur cactus nopal. Le Pérou est le principal fournisseur et le secteur de la pâtisserie-confiserie un utilisateur important.
La pénurie a été déclenchée par l’abandon partiel d’un rouge concurrent (E124, de la famille des colorants azoïques) suspecté de provoquer l’hyperactivité chez les enfants. Elle a été aggravée par l’abandon de l’élevage de la cochenille par certains producteurs, l’augmentation du prix des cochenilles mères en début de saison, le mauvais temps, la mauvaise gestion des stocks. Les prix ont flambé et on s’est remis à planter et à infester des cactus – qui seront pleinement productifs dans 3 ans.
D’après « Pénurie de cochenilles pour le rouge carmin », lu le 18 janvier 2011 à www.boulangerie-patisserie.net/
À (re)lire « Les cochenilles II»  par Imre Foldi. Insectes n° 130 (2003) et l’Épingle de 2009 « Étique
tage des cochenilles »

NDLR : d’aucuns réclament un affichage plus explicite sur les étiquettes : le carmin serait incompatible avec les régimes végétariens ou dégoûterait les entomophobes.

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Le 17 janvier 2011

À noter :

Stéphane Hette : Les ailes du désir. Exposition de photos, du 4 au 31 janvier à la médiathèque George-Sand, Palaiseau (Essonne).

« Ce que nous cache le carbonifère » Portraits d’insectes et autres arthropodes, du 8 au 26 janvier 2011, à La Bolée Parmentier, 52 av. de la République 75011 Paris.  Information au :  06 68 57 32 92.

À lire  sur Internet :

En images : le secret des ailes irisées des insectes enfin percé ! Par Claire Peltier, Futura-Sciences, 9 janvier 2011
" Les jolies couleurs irisées parfois visibles sur les ailes transparentes des insectes ne seraient pas aléatoires, mais définies par l’espèce et le sexe de l’animal. Cette découverte devrait permettre de revoir la classification des insectes par les entomologistes.  "

Quand froide veut dire chaude. Radio Canada, 6 janvier 2011.
Le comportement sexuel des papillons de
Bicyclus anynana (Lép. Nymphalidé) est modifié par les températures éprouvées durant leur développement.

715  De l’usage de l’endoscope en entomologie
Une dame de 52 ans, précédemment sujette à un cafard persistant, se voit prescrire par son médecin un examen de dépistage du cancer colorectal. On lui nettoye l’intestin avec 4 l d’éthylène glycol la veille, selon le protocole habituel. La caméra explore : aucune pathologie n’est décelée mais, au niveau du colon transverse, apparaît un insecte (
photo in situ).
Celui-ci, proprement aspiré, est dirigé vers le labo. C’est une larve âgée de Blatte germanique, Blatella germanica (Dyct. Blatellidé). Le signalement est aussitôt publié dans le n° 42 d’Endoscopy (septembre 2010).
Le dame avait des cafards à la maison et avait dû en avaler un par inadvertance en mangeant.
D’après « Cockroach found in colonoscopy: not for the squeamish », lu le 6 janvier 2011 à www.examiner.com/

714 Se nourrir d’insectes
Les entomophages suivants sont innovants, intelligents et désinsectisants :
Une lampe de chevet qui attire les moustiques, les précipite dans une pile à combustible organique, les convertit en électricité qui alimente la lampe. « Intelligente », celle-ci s’éteint quand le dormeur a trouvé le sommeil et se réveille dès qu’elle a faim, émettant uniquement dans l’ultra-violet.
Plus apte à fonctionner uniquement à partir de l’entomomasse qu’il ingère, un engin muni d’une courroie emmiellée. Les gros floricoles sont intéressés, s’engluent, une brosse les décolle et les voilà dans un réacteur à se faire transformer en électrons alimentant le moteur de la courroie.
Encore au stade de concept, le voleur de mouches attire dans un premier temps une araignée. Celle-ci tisse sa toile-piège qui capture une mouche. Un bras robotisé piloté par une caméra, se détend et la récolte à la barbe de l’araignée. Destination la production d’entomocarburant pour la mouche et l’exil pour l’araignée au ventre vide. Sauf que le robot allume alors une lampe UV qui bouste le rendement de la toile. Vite repue, l’araignée applaudit de ses 8 pattes MM. Auger et Loizeau, roboticiens et designers à Dublin (Irlande).
D’après « Robots that devour on flies wow IIT audience», par Ishan Srivastava, TNN, lu le 13 janvier 2011 à //timesofindia.indiatimes.com/
Le programme Auger-Loizeau (en anglais, avec vidéos). 
NDLR : fonctionnant sur le même principe, un engin expérimental chasseur de limaces et un prototype saccharophage ont été repérés en 1997 et en 2000 : voir respectivement les Brèves du Courrier de l’environnement de l’INRA (ancêtres des Épingles, du même auteur) : « Où l'on ne verra plus repasser de limaces » à  et « Consommateur » .

713 Copuler constipe
Entre la Mouche du vinaigre et la femme enceinte, l’évolution a conservé un mécanisme qui fait que l’une et l’autre sont constipées quand elles sont en état de reproduction.
Chez la première, ceci se traduit par des modifications du rythme d’émission et du degré de siccité des crottes, faciles à observer. Irene Miguel-Aliaga, avec son équipe, a identifié les neurones qui gouvernent l’appétit et l’absorption de l’eau dans l’intestin. Puis elle a produit, par manipulations génétiques, des drosos où tel ou tel neurone est actif ou non. Il ressort de ces expérimentations que c’est le peptide sexuel apporté par le mâle avec son sperme lors du coït qui, agissant sur un petit groupe de neurones spécialisés, déclenche les modifications. L’absorption accrue d’eau et de nutriments donne un avantage en cas de disette mais a un coût si la nourriture est abondante : la longévité est réduite.
Chez la seconde, ballonnements et constipation sont de même sous influence hormonale. Ce sont les progestérone, ocytocine et œstrogènes qui jouent ce rôle durant la gestation.
On attend de ces travaux sur un matériel petit, docile, bon marché et comportant un nombre réduit de neurones des avancées en médecine humaine dans le domaine des problèmes d’appétit et de transit intestinal, en relation avec l’espérance de vie et aussi avec l’obésité.
D’après « Fruit fly droppings give insight into human gut problems ». Communiqué de l’université de Cambridge, lu le 4 janvier 2011 à www.admin.cam.ac.uk/
À (re)lire :
Droso, la mouche à tout, rubrique "Un insecte à la page", Insectes n° 156 (2010-1).

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Le 4 janvier 2011

À lire  sur Internet :

Osmia : le numéro de 2010 est en ligne.

Etudier et piéger le frelon asiatique, par D. Thiery et N. Maher. INRA, 3 janvier 2011.
" Face à la menace exercée par les frelons asiatiques sur les abeilles, les chercheurs de l’unité Santé végétale du centre INRA de Bordeaux étudient leur comportement de chasse et mettent au point les pièges olfactifs et visuels les mieux adaptés pour combattre ce redoutable insecte qui ne connaît pas de prédateur naturel en France. "

Les virus des abeilles se transmettent par le pollen. Par Claire Peltier, Futura-Sciences, 3 janvier 2011.
" Les virus des abeilles pourraient être la cause de l'effondrement des colonies d'abeilles et infecter au moins 11 autres espèces d’hyménoptères, probablement par le biais de pollen infecté. "

Le moustique, animal le plus mortel pour l'homme. Par Constance Casey. Slate.
L'histoire de cet animal plutôt élégant mais à très mauvaise réputation.

Comment les abeilles évitent le nectar «toxique». Actualités Cordis, 22 décembre 2010.

À noter :

Pas vu pas pris ? Supercheries dans le monde animal. Au Muséum d’histoire naturelle du Havre, du 5 janvier au 19 juin 2011.
Photographies et terrariums présentant plus d’une vingtaine d’espèces d’insectes douées pour le camouflage et la dissuasion.

712 DrosOGMaso
La dopamine est un neurotransmetteur très anciennement présent chez les animaux ; elle intervient dans leur réseau nerveux depuis des temps antérieurs au Cambrien. Chez l’entomologiste, elle est indispensable comme neurotransmetteur mais aussi c’est le précurseur de l’adrénaline et de la noradrénaline, et est par ailleurs une hormone. Elle agit sur la motricité, le comportement, la cognition, la mémorisation, la motivation et la récompense, ainsi que sur le sommeil, toutes choses essentielles pour lui comme, pensait-on, pour les mouches du vinaigre de ses bouteilles d’élevage. En plus, ces dernières en ont besoin pour assurer la fermeté de leur squelette externe.
En « éteignant » le gène de la tyrosine hydroxylase (uniquement dans les cellules nerveuses), des entomologistes ont produit des mouches où le niveau de dopamine ne dépasse pas 2 % du taux normal. Ces drosos, pourtant, vivent. Et aussi longtemps que leurs congénères normales. Seulement, elles se larvent, dorment ou se trainent, mangent fort peu, n’ont aucun appétit pour l’eau sucrée, n’évitent pas une zone de plancher électrifié ; la lumière ne les attire pas bien qu’elles conservent leurs capacités de vision.
Nos entomologistes ont soumis leurs drosophiles dédopaminées apathiques à un test d’aversion apprise : un choc électrique appliqué en même temps qu’une odeur rend celle-ci très désagréable, même seule et la mouche fait tout pour l’éviter. Là, les drosos semblent se complaire à la manip et finissent même par goûter cette odeur !
De façon inattendue, tous ces comportements sont annulés partiellement par l’adjonction de dopamine dans l’alimentation. Les mouches modifiées ont donc perdu seulement une bonne part du contrôle sur eux, sans modification des interconnexions entre neurones.
Chez les vertébrés, la dopamine renforce les expériences positives – jusqu’à l’addiction : un important sujet d’études. La droso génétiquement modifiée masochiste peut-elle y contribuer ? On l’ignore pour l’heure.
D’après « Eliminating dopamine turns fruit flies into masochists », par John Timmer. Lu le 22 décembre 2010 à //arstechnica.com/science/news/|

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Parues dans Insectes n° 159, décembre 2010

711
Le coup d’œil de la demoiselle
Le long de certaines rivières, le Caloptéryx éclatant et le C. vierge (Calopteryx splendens et C. virgo, Odon. Caloptérygidés) cohabitent et peuvent s’hybrider. Mais le mariage transspécifique ne produit qu’une faible descendance et est plutôt évité. Dans d’autres endroits, la femelle n’accepte de copuler qu’avec un mâle de son espèce, qu’elle distingue à la couleur des ailes. Enfin, ailleurs encore mais pas loin, une seule espèce de demoiselle est présente. Dans ce cas, la femelle manifeste un intérêt certain pour un mâle de l’autre espèce qu’on lui présente – le marieur est un entomologiste. Cette différence de comportement, vu la proximité des sous-populations et les brassages génétiques entre les individus, ne serait pas hérité mais résulterait d’un apprentissage. Première expérience : on capture des femelles fraîchement émergées, vierges et naïves ; au laboratoire, on les présente à des mâles des deux espèces ; elles les trouvent également attirants. Seconde manip : même protocole mais les demoiselles demoiselles peuvent apercevoir brièvement – mais sans se toucher ni se sentir – un mâle de leur espèce ; alors, mises en présence de mâles des deux espèces, elles vont vers un semblable. Il y a bien apprentissage de l’allure du mâle adéquat. Erik Svensson, de l’université de Lund (Suède), auteur de cette étude publiée dans Evolution, n’en a pas encore découvert le mécanisme.        

D’après « Insects Learn to Choose the Right Mate », lu le 5 novembre 2010 à www.sciencedaily.com

710  Empoisonnée et trompée, elle disparaît
Adulte (papillonne), elle ressemble à une teigne, beigeasse avec des taches noirâtres sur les ailes ; chenille, elle est annelée de rose et les planteurs de coton d’Amérique du Nord l’ont nommée pink bollworm. De son nom scientifique Pectinophora gossypiella (Lép. Géléchiidé), le Ver de la capsule du cotonnier est un redoutable ravageur qui détruit les fibres et provoque de considérables pertes de récolte. Les entomologistes agricoles ont développé, pour lutter contre ce ravageur (d’origine indienne, désormais mondialisé), de nombreuses armes – puisées dans leur panoplie – et les font appliquer à grande échelle avec succès dans le cadre de programmes de lutte intégrée impératifs. 
En Arizona, la formule originale mise au point à l’université de l’État, sous la houlette de Bruce Tabashnik, permet aux cultivateurs d’obtenir désormais des rendements élevés sans insecticide. Elle combine l’usage de deux modes de lutte, l’emploi de cultivars de cotonniers résistants et la lutte autocide. Les variétés résistantes produisent dans leurs tissus, grâce à une manipulation génétique, la toxine de la bactérie entomopathogène Bacillus thuringiensis qui ralentit la prise de nourriture puis tue les chenilles. Leur emploi impose en principe de réserver une partie des champs à la culture de coton « conventionnel » (non résistant). En effet, dans les populations soumises génération après génération au Bt (comme à n’importe quel facteur antagoniste) risquent d’apparaître des individus résistants. Sur les zones refuges, le Ver de la capsule demeurera sensible et ce caractère se maintiendra partout du fait du mélange des populations. Inconvénient : la récolte y est ravagée et le rendement global est amputé.
Les zones refuges semblent inutiles (d’après une simulation informatique) si l’on applique en même temps la lutte autocide. Fabriqués industriellement, des papillons mâles rendus stériles par irradiation (et colorés en rouge ) sont lâchés en masse ; ils copulent abondamment (car beaucoup plus nombreux) avec les femelles sauvages (qui les prennent pour de « bons » partenaires). Il n’y aura pas de descendance. La population du Ver de la capsule, déjà fortement diminuée par le Bt ingéré avec le végétal hôte, s’éteint pratiquement. Le programme est appliqué depuis 1996, avec l’entière participation des planteurs. L’efficacité est globalement excellente – par rapport à 1995, le taux d’infestation a chuté de 99,9% – et les traitements insecticides, déclenchés par des pullulations d’autres ravageurs non affectés par le Bt ont diminué de 88% depuis 1996.
D’après « New insect birth control strategy zaps cotton pests ». Communiqué de l’université de l’Arizona, lu le 7 novembre 2010 à www.eurekalert.org
NDLR 1 : dans d’autres régions, et surtout pour prévenir l’infestation de zones indemnes, c’est la lutte psychique par confusion qui concourt à la lutte conte ce Ver. Un analogue de synthèse de la phéromone de rapprochement des sexes est épandu : les papillons mâles ne localisent pas les femelles qui meurent sans descendance.

NDLR 2 : un Ver de la capsule OGM est à l’étude : un gène ad hoc le rend phosphorescent. Il y a d’autres projets d’IGM : voir l’Épingle « Candidats… ».


709 La Guêpe à cuillers
Le genre Synagris (Hym. Euménidés) comporte une trentaine d’espèces dont plusieurs sont des insectes très communs en Afrique subsaharienne – mais peu étudiés. Ce sont de très grosses guêpes, bien visibles. Chez S. cornuta et S. proserpina, le mâle a les mandibules transformées en défenses. S. fulva porte en plus une corne impaire médiane, sur le clypéus. Ces appendices extraordinaires leur servent à se battre entre prétendants.
Synagris elephas André, 1895 est une espèce aussi rare que curieuse. Le seul spécimen, un mâle, est conservé au Muséum national d’histoire naturelle. L’abdomen porte deux expansions très originales, en forme de cuiller, dirigées vers l’arrière.
Devait-on le classer parmi les insectes entrevus puis disparus ?
Fin novembre 2010, Rob Longair de l’université de Calgary (Canada) entame une expédition entomologique au Libéria, « son terrain ». Il y poursuit un programme d’étude des peuplements et de la biodiversité. Spécialiste du genre Synagris, il en profite pour chercher cette guêpe intrigante, dont il a reçu le spécimen unique en prêt. Il la trouve, mâle à cuillers et femelle plus petite (comme chez beaucoup d’autres Synagris).
Il n’a pas encore pu vérifier que les cuillerons sont des armes de duel que déjà tous les journaux de l’Ouest du Canada racontent sa trouvaille…
D’après, entre autres, « Calgary researcher hunts bizarre wasp », par Jamie Komarnicki, Postmedia News ; Calgary Herald, 29 novembre 2010. Lu à www.leaderpost.com/

708 Travail adapté pour ouvrières usées
Chez la fourmi champignonniste d’Amérique Centrale Atta cephalotes (Hym. Formicidé), les tâches sont réparties entre les soldats et les ouvrières, dont il existe trois tailles. Les petites s’occupent de la reine et décapent la cuticule des feuilles que récoltent les moyennes et les grandes. Récolter, c’est découper un disque dans une feuille et la rapporter au nid souterrain, où elle servira, empilée et farcie de salive et de fèces, de terreau à champignon.
En y regardant de plus près, ce que vient de faire une équipe de l’université de l’Oregon (États-Unis), il y a les jeunes ouvrières fraîchement émergées, très affûtées, et les vieilles coupeuses, usées et émoussées. Très probablement pas au niveau de leur moral, mais – cela a été précisément mesuré – à celui de la partie coupante de leurs mandibules. Il leur faut alors multiplier par 2,5 la force à appliquer. Épuisant. Et coûteux pour la colonie qui doit dépenser 44% de temps et d’énergie en plus par rapport à une situation où tout le monde serait parfaitement aiguisé.
En fait, les ouvrières aux mandibules les plus émoussées se consacrent essentiellement au transport des disques de feuille.
Parmi les mécanismes qui régissent l’eusocialité chez ces fourmis, cette réaffectation vers une tâche sans lien avec le handicap permet de « profiter » plus longtemps d’un individu. On doit s’interroger – et expérimenter - sur le rôle de l’usure (sa prise en compte, son évitement) dans l’évolution des fourmis et d’autres insectes.
D’après, entre autres, « Ameisen stumpfen ab », lu le 23 décembre 2010 à www.scienceticker.info/
PS : au bout de 30 jours, l’ouvrière, globalement usée, est rayée des cadres et est admise comme consommable dans le réseau trophique local.

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Les Épingles de collection - à consulter, page par page : Les Épingles entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles de 2001, Les Épingles de 2002,  Les Épingles de 2003, Les Épingles de 2004, Les Épingles de 2005,  Les Épingles de 2006, Les Épingles de 2007,, Les Épingles de 2008,  Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011. - ou globalement (jusqu'à fin 2009)  ici.
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