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Rédaction (sauf mention contraire) : Alain Fraval
Empoisonnée et trompée, elle
disparaît, Le coup d’œil de la demoiselle
La Guêpe à cuillers, Travail adapté
pour ouvrières usées
C'est la lutte finale, Mouche ou mouchard ? Secouer le sapin, DrosOGMaso, De l’usage de l’endoscope en entomologie, Se nourrir d’insectes, Copuler
constipe, Alerte rouge,
Doubler la diversité, Signal rouge, Lâcher
surprise, Podophilie,
Nez-d’œuvre à bas coût, Le régime
n’est pas en cause, L'invasion des abeilles
asiatiques, Chaud
chant d’amour, Chère
biodiversité, Au
cœur de l’écœurement, Succulents
ébranlements, Retour
de mission, Procréation assistée, La mère des éphémères, Répulsif attractif, Viser les vieilles, Boisson chaude, Apprendre sans dormir, Imblairable,
La balade du puceron noir, Carabes bufonivores, Exoentomologie, Safari, Cigale qui rigole, Cigale qui régale, Bande de décodeurs, Le moral dans les tarses, Boire rend attirant, Charançon
à 6 boulons, Mort ou vif, Parano, Immigrant en Méditerranée, Les antibiotiques, c’est automatique, Madame Guêpes tombe sur un monstre, Saisir le son de la sésie, Cétoinolienne, Mouche réparatrice, Œuf sur œuf, Chacun sa personnalité, La petite mort sur bouteille, Recolorisation,
Pas de peau, Antenne médicale,
Poils fatals, Elle mue comme
elle respire, Inceste intériorisé, La Mouche de la navette, Elle se protège, Mouches
artificielles, Produire son courant, Faire du sport,
Crever de peur, Sur l'île comme à la ville, La
molécule qui manipule,L'abandon
du tout nucléé, Lutte contre l’immigration, Mouches à bière,Sauteuse,
Une peste pour les
ravageur, Le poil repousse, Boisson trop chaude, Programme titanesque,
2 novembre 2011
À lire sur Internet :
OMG – Des moustiques génétiquement modifiés pour tuer
leur progéniture. Le
Monde, 31 octobre 2011
Aedes aegypti (Dip. Culicidé) /dengue
À (re)lire, épinglé en novembre 2010 : Moustique,
les antibiotiques, c’est pas automatique !
L’immunité innée domestique les bactéries chez les insectes. INRA, 21 octobre 2011.
La chenille, la guêpe et le virus... exposé d'Elisabeth Herniou (université de Tours/CNRS) présenté par Marie-Odile Monchicourt. France Info, 28 octobre 2011.
768 Produire son courant
La
dionée (Droséracée), plante carnivore de Caroline (États-Unis), tire de
l’énergie des insectes qu’elle capture et digère entre ses feuilles aux
bords dentés. Sur ce modèle, Seung-Won Kim (à Séoul, Corée du Sud) et
Mohsen Shahinpoor (université du Maine) ont construit, indépendamment
l’un de l’autre, deux pièges à mouches qui fonctionnent à la mouche.
Le prototype du premier (image)
est basé sur un ressort à mémoire de forme, celui du second fait appel
aux propriétés électro-actives d’un polymère composite métal-ion (IPMC).
Dans
les deux cas, l’énergie électrique nécessaire à la capture
des insectes volants est fournie gracieusement par les victimes.
On ne sait pas encore leur faire fabriquer l’indispensable appât.
D’après « New Venus Flytrap Prototype
Presages Robots That Can Trap Their Own Fuel », par Lena Kim. Lu le 30
octobre 2011 à www.ibtimes.com/
À (re)lire, en bas de cette page " Se nourrir d’insectes
".
767 Crever de peur
Les larves de Leucorrhine mouchetée (Leucorrhinia intacta,
Odon. Libellulidé) sont sensibles à la vue et au goût de leur prédateur
au point d’en mourir. À l’université de Toronto, on les a élevées dans
le même aquarium que le poisson, leur ennemi, mais hors d’atteinte de
ce dernier. De façon surprenante, leur mortalité a été 2,5 à 4,3 fois
supérieure à celle des témoins, probablement causée par des infections.
Lors d’une seconde manip, on a compté 11% d’échec de la métamorphose,
contre 2% chez les individus non stressés.
Les auteurs de ce
travail estiment que tous les animaux peuvent être victimes de stress
et proposent leur expérience comme modèle de futures études sur le rôle
du stress en dynamique des populations.
D’après « Insects can be scared to death
by the mere presence of a predator », par Ted Thornhill. Lu le 28
octobre 2011 à www.dailymail.co.uk/
766 Faire du sport
L’été
(en janvier) à Brisbane (Australie), sont organisées des courses de
cafards (14 épreuves dans la journée) devant 7 000 spectateurs qui
éliront, une fois les concurrents départagés et remis dans leur
élevage, Miss Cocky qui sera l’ambassadrice de l’épreuve pendant un an.
Si l’on ne dispose pas de ses propres bêtes de course, on peut en
acheter sur place au prix de 5 $. La discipline est pratiquée également
aux États-Unis.
Les Japonais sont classiquement friands de combats de kabutomushi, Allomyrina
dichotoma
(Col. Scarabaeidé). On y fait aussi se battre à mort – et l’on poste
désormais la video sur Internet – des mille-pattes, des grillons, des
mantes… Suscitant diverses réactions.
En Chine, le combat de
grillons, organisé à l’automne, a ses règles, ses accessoires et ses
trucs. Le dernier à la mode : la veille du combat, fournir au
combattant – qui s’en trouvera réjoui et revigoré - une grillonne (ou
plusieurs) et les laisser se connaître.
Sport universitaire, le cracher de grillons (Achaeta domestica,
Orth. Gryllidé), est codifié depuis 1996. Le règlement stipule que les
insectes sont préalablement congelés.
Ressortissant
au parascolaire rural, le « tour de France » consistait à faire se
mesurer des sauterelles lors d’une épreuve de marche. Sur 4 pattes, les
« cuisses » ayant été arrachées.
D'après diverses sources.
À (re)lire les épingles
« Parieurs,
le secret », « Athlétisme et
politique », « Entomomachie »
et « Course de bêtes ».
À voir sur Internet :
Insectoliennes : comment recharger un smartphone avec des insectes. Vidéo.
À lire sur Internet :
Bulletin de liaison de l'Office Pour les Insectes et leur
Environnement de Midi-Pyrénées, 27, septembre-octobre
2011. Ici, directement.
Orienté Orthoptères, ceux de Midi-Pyrénées et les wetas...
L'été indien a attiré des papillons exotiques au Royaume-Uni. Romandie News, 7 octobre 2011.
Un aphrodisiaque pour les mouches: les arômes fruités.
Techno-science.net,
5 octobre 2011.
[Drosophila melanogaster mâle (Dip. Drosophilidé) / acide
phénylacétique]
765 Mouches artificielles
Les
OVMI – objets volants mimant les insectes – sont ils l’avenir de
l’entomologie ? Les militaires et les agriculteurs sont intéressés.
D’aucuns pensent que, moyennant quelques progrès technologiques, les
insectes artificiels pourront non seulement exécuter des missions de
reconnaissance et des ennemis mais remplacer les insectes naturels là
où ils sont défaillants, pour polliniser les arbres fruitiers notamment.
Les recherches vont bon train dans les labos et des prototypes volent
ou volettent. C’est le cas notamment du spécimen nommé DASH+Wings
(littéralement « hexapode dynamique autonome étalé + ailes ») construit
à l’université de Californie à Berkeley (États-Unis). L’engin, de
quelque 3 pouces de long, possède 6 pattes et… 3 ailes (photo).
Il est incapable de s’envoler mais grâce à sa voilure vibrante, il est
plus agile et peut progresser bien plus vite que son compère aptère.
Notamment sur les substrats rugueux et pentus.
Dans le même labo sont nés Octoroach, un engin grand comme la
main, à 8 « pattes » qui crapahute vaillamment sur le gravier (sur pas
plus de 100 m) et BOLT, ailé et bipède, volant et sautillant.
D’après
« Biomimicry Robots Run Amok at Berkeley, Show How Insects Evolved to
Fly », par Alessondra Springmann. Lu le 17 octobre 2011 à www.pcworld.com/
Une Épingle qui a failli être publiée...
763 La Mouche de la navette D’après
« Low oxygen triggers moth molt », lu le 22 août 2011 à www.eurekalert.org
À (re)lire : « Le cafard et l’air du
temps
», Épingle de 2010.
*
Le Sphinx du tabac est une bête de labo très employée partout et pas
seulement dans ce centre de recherche créé avec l’argent de la dynastie
Duke, gagné dans l’industrie du tabac.
Épingles parues dans le n°161 d’Insectes (2011-2)
759 Poils fatals
La chenille fraîchement éclose du Sphinx du tabac Manduca sexta
(Lép. Sphingidé), posée sur une feuille du tabac sauvage Nicotiana
attenuata,
ne s’attaque pas au limbe mais aux trichomes (poils glanduleux). Ces
organes contiennent en effet du saccharose lié à des acides gras. Les
chenilles, à ce régime plein d’énergie, prospèrent et leurs crottes
prennent une odeur particulière, alors que celles de congénères élevées
sur un tabac glabre ne sentent rien. Cette odeur est extrêmement forte
puisque le nez humain la perçoit. D’ailleurs, la quantité d’acides
aliphatiques émis est facilement mesurable : 0,03 mg en 2 heures.
Une odeur propre à attirer les punaises prédatrices (du genre Geocoris,
Hém. Lygéidé) ? Dans une précédente expérience, Ian Baldwin, de
l’institut Max-Plank à Iéna (Allemagne) et son équipe – auteurs du
présent travail – avaient montré que la chenille du Sphinx du tabac
possède dans sa salive de quoi transformer des substances de la plante
en (E)-2-hexenal, puissant attractif qui guide la punaise vers elle :
un moyen pour la tabac de se défendre.
Parfumés aux acides
aliphatiques, les chenilles élevées sur un tabac glabre, exposées en
nature (dans l’Utah, États-Unis), ont disparu en effet. Mais les
punaises n’y étaient pour rien. Des grains de riz cuit traités de même
– à la dose de 0,03 mg – se sont retrouvés emportés par des fourmis
moissonneuses (et carnivores) Pogonomyrmex rugosus (Hym.
Formicidé).
Il reste à montrer qu’il s’agit là d’une défense indirecte vraie ; il
faudra pour ce faire créer par génie génétique un Nicotiana
attenuata aux trichomes sans sucres ni acides gras.
D’après « Lollipops with Side Effects »,
communiqué de presse du Max Planck Institute for chemical ecology, 26
avril 2011
[R]
À lire sur Internet :
Filles faciles : la faute des parents ? par Pierre
Barthélémy. Slate,
3 octobre 2011.
[Petit Ver de farine, Tribolium castaneum, Col. Tenebrionidé]
Jules Hoffmann, directeur de recherche CNRS, Prix Nobel 2011 de physiologie et médecine. CNRS, 3 octobre 2011.
758 Pas de peau
Chez
les insectes, lors de chaque mue, la nouvelle cuticule se constitue en
même temps que l’ancienne est partiellement détruite par voie
enzymatique. Pour expliquer que la nouvelle cuticule n'est pas
affectée, on a postulé la présence d’une sorte de peau imperméable à la
chitinase, qui démantèle la matrice polysaccharidique de la chitine.
Il
n’y a pas de membrane mais un mécanisme inattendu, mis en évidence par
Sujata S. Chaudharia et une équipe de l’université de l’Illinois
(États- Unis). La nouvelle chitine est en fait associée à une protéine
du nom de Knickkopf (TcKnk), qui la fait également se disposer en
lamelles.
Cette protéine devrait jouer le même rôle chez tous les
animaux chitineux qui la produisent, comme les insectes, les crustacés,
les nématodes.
On souligne déjà l’intérêt de cette découverte en
lutte chimique : l’application d’un antagoniste de cette protéine
indispensable provoquerait des accidents de mue fatals.
D’après « Knickkopf protein protects and
organizes chitin in the newly synthesized insect exoskeleton », lu le
29 septembre à www.pnas.org/
NDLR : parmi
les armes chimiques anti-insectes, on dispose déjà d’un anti-chitine,
le diflubenzuron (de la famille des benzoylurées). Ce « régulateur de
croissance », « perturbateur de mue » ou « anti-exuviation » possède
une sélectivité particulière, mise en avant au départ par ses
promoteurs : il n’est létal que pour les larves et épargne les imagos,
donc les formes libres des parasitoïdes.
757 Recolorisation
Les
insectes fossiles nous parviennent décolorés ou tout au moins avec des
couleurs très modifiées – un peu comme les vieilles diapos. Dans le cas
des couleurs physiques, structurelles, dues à des arrangements
microscopiques de détails des couches superficielles de la cuticule et
non à des pigments, il est désormais possible de retrouver l’aspect du
vivant. En associant la microscopie et un traitement informatique ad
hoc, Maria McNamara et son équipe ont pu retrouver l’aspect originel de
restes vieux de 15 à 47 millions d’années retrouvés en Idaho
(Etats-Unis) et en Allemagne, entre autres.
On a ainsi accès à un
caractère qui joue un grand rôle dans l’écologie des insectes, pour la
reconnaissance des proies par les prédateurs et du partenaire sexuel au
sein de l’espèce. Jusqu’où pourra-t-on remonter ? L’œil « d’insecte »
serait apparu il ya quelque 520 millions d’années, durant l’explosion
cambrienne, chez des prédateurs chassant désormais à vue.
D’après « Prehistoric Beetles Sported Hot
Rod Colors », par Jennifer Viegas. Lu le 28 septembre 2011 à
www.foxnews.com/
Image
756 La petite mort
sur bouteille
Beaucoup
de coléos se font piéger par des bouteilles abandonnées sur les
bas-côtés et y meurent faute d’en avoir pu gagner la sortie : (re)lire La mort en bouteilles, par Bruno Didier,
dans Insectes n° 132 (2004-1).
Un bupreste mâle australien Julodimorpha saundersii prend,
lui, une bouteille de bière (370 ml, verre brun, avec des
granulations en léger relief près du fond) pour partenaire sexuel. Il
s’installe dessus, déploie son édéage (fort long) et après force
tentatives (vaines) choit, épuisé.
Deux entomologistes
spécialistes de la sélection sexuelle, alertés par une photo, ont
observé le phénomène les 12 et 13 septembre 1981. Ils précisent que ces
coïts déviants sont courants, pour peu que la bouteille présente les
caractéristiques susmentionnées. En fait, pratiquement toutes les
bouteilles conformes sont honorées. Notre bupreste phialophile n’y voit
que la texture de surface, le brillant et la couleur. C’est une
pratique à risques : son appareil copulateur est assez long pour donner
prise à de nombreuses fourmis qui peuvent finir par le boulotter en
entier.
Publiés il y a une trentaine d’années (le richard nommé alors
fautivement J. bakervelli ou J.
bakewelli), ces observations
ont valu à leurs auteurs, Darryl Gwynne et David Rentz, le prix IgNobel
de biologie, remis le 29 septembre à Harvard (États-Unis).
Article
source (avec photos) : Gwynn D.T., Rentz D.C.F., 1983. Beetles on the
bottle : male buprestids mistake stubbies for females (Coleoptera). J.
Aust. ent. Soc., 22, 79-80. En
ligne.
NDLR : l’entomologie
est très souvent honorée par ce prix, décerné en récompense de travaux
scientifiques « qui font rire puis penser ». Comme supplément de
gloire, les Prix IgNobel font systématiquement l’objet d’une Épingle :
voir Altius, citius, fortius.
À lire sur Internet :
La fin inéluctable des abeilles ? Vidéo
Débat
sur le déclin des abeilles entre un chercheur de l'unité Abeilles et
Environnement de l'Inra et un apiculteur. 32 minutes avec Cédric Alaux,
spécialiste du déclin des abeilles (INRA PACA, Avignon, Unité Abeilles
& Environnement) et Olivier Belval, nouveau président de l'Union
nationale de l'apiculture française (UNAF). Réalisation : Sylvie
Allonneau. Production : Universcience 2011.
Le nouveau catalogue des animations
de l'OPIE, en pdf.
L'OPIE se déplace désormais dans les établissements scolaires et autres.
Jules Hoffmann: des recherches
sur l'immunité qui ont
fait mouche, par Cécile Dumas. Sciences
et Avenir.fr, 22 septembre 2011.
"
Le biologiste Jules Hoffmann reçoit la médaille d’or 2011 du CNRS pour
ses travaux sur l'immunité des insectes - travaux qui ont éclairé
la connaissance de notre propre système immunitaire ."
De lumineux messages sur les ailes des
insectes.
L'Union, 18 septembre 2011
" Les
minuscules ailes des insectes, parées de motifs multicolores,
pourraient constituer des signaux visuels, notamment lors de
l'accouplement. "
755 Chacun sa personnalité
Traiter
(au sens de considérer, pas de flytoxer) les pucerons comme des
individus identiques parce tous pareils vu qu’ils sont des clones n’est
plus possible. Une équipe internationale a fait se rencontrer, à
l’avers d’une feuille de fève, des virginipares aptères jeunes parentes
de plusieurs souches – et élevés de deux façons différentes - et un
prédateur reconnu. Et a noté le comportement de la proie potentielle.
Les espèces sont le Puceron rose et vert du pois, Acyrtosiphon pisum
(Hém. Aphididé) et Coccinella septempunctata, la Coccinelle à 7
points (Col. Coccinellidé).
Le
puceron pompe, la coccinelle (affamée) arrive, le puceron réagit : il
se laisse tomber – ou pas. Le puceron est récupéré et se voit soumis à
une nouvelle confrontation 5 jours plus tard, soit vers la fin de sa
vie.
Il en ressort que chaque puceron, au regard du critère
comportemental chute/non chute, a son caractère, indépendant de la
souche dont il est issu. Cette personnalité joue sur son succès
reproductif (fitness) : il demeure en place et risque de se faire
croquer mais profite de son repas ; il tombe, échappe à la mandibule du
prédateur mais jeune un certain temps et risque de mauvaises rencontres
au sol.
Le Puceron du pois semble un très bon modèle pour poursuivre l’étude de
ce sujet d’écologie de l’évolution.
D’après
« ‘‘Personality’’ Variation in a Clonal Insect: The Pea Aphid,
Acyrthosiphon pisum », par W. Schuett et al. (2011) - DOI
10.1002/dev.20538
NDLR : pourquoi faire intervenir une coccinelle (certes achetée
dans le commerce) alors qu’il suffit de souffler dessus ?
À(re)lire Les pucerons, par Alain Fraval. Insectes n° 141 (2006-2) et 142 (2006-3).
754 Œuf sur œuf
La bruche Mimosetes amicus (Col. Chrysomélidé) voit la plupart
de ses œufs parasités par, notamment, Uscana semifumipennis
(Hym. Trichogrammatidé). Sauf si elle a recours au subterfuge original
consistant à pondre sur le premier œuf un second, voire un troisième.
Ces œufs supplémentaires ne sont pas viables ; ils servent à détourner
la ponte du parasitoïde. Le trichogramme peut se développer dans ces
faux œufs, mais lentement et l’imago sera plus petit.
Au champ, un
œuf coiffé par un autre - qui nous apparaît comme un oeuf plus gros - a
moitié moins de risques d’être parasité par le tricho ; au labo, la
mortalité passe de 60 à 5%. Le procédé est efficace mais n’est pas
employé systématiquement, car il est coûteux pour la femelle de la
bruche qui, en général, ne produit ces leurres qu’en présence des
trichos.
Travaux de Joseph Deas et Molly Hunter à l’université de l’Arizona
(États-Unis).
D’après « Beetles turn eggs into shields
to protect their young from body-snatchers », lu le 14 septembre
2011 à //blogs.discovermagazine.com/
15 septembre 2011
À lire sur Internet :
Bulletin
de liaison de l'Office Pour les Insectes et leur Environnement de
Midi-Pyrénées, 26, juillet-août 2011
La Cordulie splendide, le Pique-prune, la Blatte
sauteuse de la montagne de la Table...
Le
Muséum se dote d'un scanner 3D de pointe pour
"traverser la matière". AFP,
12 septembre 2011.
AST-RX pourra disséquer virtuellement un insecte.
753 Cétoinolienne
On
les destine au secours des personnes ensevelies, à la détection de
choses dangereuses mais aussi à l’espionnage – pardon, le repérage :
ils doivent avoir la taille et l’agilité d’un insecte pour se faufiler
sans se faire repérer tout de suite et se laisser diriger à distance.
Deux voies : fabriquer un petit aéronef qui imite un insecte ou
instrumenter et zombifier un insecte, un vrai, vivant.
La
recherche sur les Zombiptères progresse. Dernière avancée,
l’installation d’un générateur de courant électrique embarqué d’un
nouveau type. Les piles ne suffisent pas à alimenter l’électronique de
bord, des capteurs et des effecteurs greffés sur les antennes, le
cerveau et les muscles.
Ethem Erkan Aktakka et ses
collaborateurs (université du Michigan, États-Unis) sont fiers
d’annoncer qu’ils ont pu faire produire 115 µW à un Hanneton vert,
Cotinis nitida, Col. Scarabéidé, cétoine du Sud-Est des
États-Unis. Le Hanneton vert (imago) est collé à l’extrémité d’une
tige, dans un tunnel de vol (face à un ventilateur) ; une lame en porte
à faux est collée sur un de ses élytres, près de son insertion ou,
autre dispositif, c’est un ressort hélicoïdal qui amplifie la vibration
(85 à 105 Hz) produite par les muscles alaires de l’insecte en vol et
fournit l’énergie mécanique à un cristal piézoélectrique.
D’autres
systèmes générateurs de courant ont été essayés, thermocouples et
capteurs solaires, qui sont trop dépendants des conditions.
Même perfectionnée, la cétoinolienne ne pourra satisfaire en énergie
aussi verte que renouvelable qu’un individu.
D’après « Cyborg insects generate power
for their own neural control », lu le 31 août 2011 à www.physorg.com
Schémas
légendés (en anglais).
752 Mouche réparatrice
La
Mouche du vinaigre possède un ensemble de gènes qui contrôlent la
réparation de la chaîne nerveuse. Ces gènes pilotent l’activité, la
division et la différentiation des cellules gliales qui entourent
normalement les axones des neurones ; en cas de rupture, ces cellules
éliminent les débris et rétablissent leur relation avec l’axone, ce qui
enclenche le processus de rétablissement de la continuité du nerf.
L’expérience,
menée à l’université de Birmingham (Royame-Uni), a consisté en gros à
prélever la chaîne nerveuse ventrale de drosophiles de différentes
lignées caractérisées par l’activité ou l’inactivité de chacun des
gènes impliqués, à la blesser au moyen d’une aiguille et à l’observer
en culture.
Si jamais ce réseau de gènes existait chez l’homme,
cohérité d’un très lointain ancêtre commun, cette découverte ouvrirait
d’intéressantes perpectives thérapeutiques.
D’après
« Scientists uncover gene network responsible for repair of the central
nervous system of the fruit fly », lu le 30 août 2011 à www.healthcanal.com/
À lire sur Internet :
En France, polémique sur la stratégie de
lutte contre
la chrysomèle, par Hervé Morin. Le
Monde, 31 août 2011.
Un maïs OGM Monsanto mis en échec par l'"insecte à 1 milliard de
dollars", par Hervé Morin. Le
Monde. 31 août 2011.
Diabrotica virgifera (Col Chrysomelidé).
À(re)lire : La Chrysomèle du
maïs (Diabrotica
virgifera LeConte) est en France, par Pierre Zagatti et
Sylvie Derridj. Insectes n° 127 (2002-4).
Une bactérie bien utile pour lutter contre
la dengue,
par C. D. Sciences
et Avenir.fr, 25 août 2011.
Aedes aegypti (Dip. Culicidé) / Wolbachia
Un organisme trois en un ! par Loïc
Mangin. Pour
la Science, 25 août 2011.
"Un
insecte est l'hôte d'une bactérie qui elle-même abrite en son sein une
autre bactérie. Les trois organismes de ces poupées russes sont
complémentaires pour la production de molécules essentielles"
Cochenille farineuse des agrumes, Planococcus citri (Hém.
Pseudococcidé) / Candidatus Tremblaya princeps / Candidatus
Moranella endobia.
751 Saisir le son de la sésie
Les ennemis de la vigne, de par chez nous, sont fort nombreux mais il
manque (à l’inventaire) la Sésie polistiforme Vitacea (Paranthrene)
polistiformis.
Ce Lépidoptère Sésiidé (Ægeriidé) ressemble comme son nom l’indique à
une guêpe poliste. Il sévit en Amérique du Nord : sa chenille creuse
dans les racines et fait perdre au vigneron un bon tiers de la récolte
- ou plus en cas d’infestation multiple.
Ledit vigneron n’est
pas désarmé. Le chlorpyrifos (organophosphoré) est efficace mais les
arguments contre son emploi sont nombreux. Autre moyen à sa
disposition, le buttage des ceps (qui est ici surtout un moyen de
lutter contre le gel) coûte très cher. Il est fatal au papillon
fraîchement émergé qui doit se frayer un chemin au travers de la couche
superficielle du sol pour voir le jour : allonger son parcours le tue
par épuisement.
À l’université de Floride, à Gainesville
(États-Unis), Will Sanders a planté une pique en acier de 30 cm dans le
système racinaire de pieds de vigne présentant des signes d’attaque, a
collé (par aimantation) un accéléromètre à son extrémité épigée, l’a
branché sur un ampli et a écouté et fait écouter à ses collaborateurs.
On entend la chenille de la sésie croquer et creuser et, après un bref
entraînement, l’opérateur distingue parfaitement ce signal des bruits
parasites. La présence de l’insecte est vérifiée par arrachage du pied.
Après mise au point, l’ordinateur se révèle capable de la même
performance.
Le détecteur acoustique servira à repérer les pieds infestés : seuls
ceux-ci seront buttés. D’où une importante économie.
Article source paru dans Florida
entomologist, 94(2), juin 2011, en
ligne.
À (re)lire : Quelques expériences
d'actographie, par Alain Fraval. Insectes n° 119 (2000-4).
750 Les antibiotiques, c’est
automatique
Les
nécrophores – ou fossoyeurs -, Coléoptères Silphidés, se développent en
grignotant une boule de chair de petit vertébré que leurs parents ont
trouvée, traînée, enfouie et préparée et qu’ils gardent. Mais la chair
est corruptible… Pour la garantir de la putréfaction, autrement dit la
préserver de l’attaque des bactéries, les parents oignent la pâtée des
larves d’une sécrétion de glandes anales aux propriétés antibiotiques,
préalablement à la naissance de la portée. En l’absence de ce «
traitement », la larve de Nicrophorus vespilloides grossit peu
et a 40% de risque en plus de mourir avant la nymphose. Andres Arce et
ses collaborateurs de l’université de Manchester (Royaume-Uni) ont
également analysé sa composition. Cette sécrétion est riche en
lysozymes, des destructeurs des parois des bactéries, présents dans le
lait et les larmes des mammifères.
D’après « Insects use antibacterial
secretions to protect young », par Jenifer Carpenter, BBC News,
lu le 25 août 2011 à www.bbc.co.uk/
À(re)lire : Prendre soin des jeunes,
2e partie, par Alain Fraval. Insectes n°153 (2009-2).
749 Madame Guêpes tombe sur un
monstre
Dans
les montagnes Mekkonga, à Sulawesi, en pleine forêt équatoriale humide,
une expédition de 67 personnes (entomologistes états-uniens et
indonésiens et leurs porteurs) a rebroussé chemin au bout de 3
semaines, à court de vivres mais riche d’au moins une découverte
extraordinaire.
Celle d’un Hyménoptère Crabronidé (un sphégien) du genre Dalara
caractérisé par des mandibules recouvrant la tête au repos et qui
s’avèrent, une fois ouvertes, plus grandes que les pattes antérieures,
chez le mâle. La taille de la bête est également impressionnante : 8,4
cm pour le mâle, un peu moins pour la femelle – des mensurations qui
dépassent largement celles des autres Lariinés, des « guêpes »
carnivores prédatrices d’insectes.
Cette espèce nouvelle pour la science, dont la biologie n’est pas
connue, recevra le nom de garuda, d’après un féroce et mythique
guerrier symbole de l’Indonésie.
À
l’initiative et à la tête de l’expédition, Lynn Kimsey, directeur du
Bohart Museum of Entomology et professeur d’entomologie à l’université
de Califorie à Davis (Etats-Unis). Madame Guêpes, localement « Wasp
Woman », a déjà décrit plus de 300 espèces nouvelles. Elle estime que
les captures réalisées lors des 3 campagnes de prospections menées à
Sulawesi livreront plusieurs centaines, voire milliers d’espèces
nouvelles – dont la description prendra de nombreuses années.
D’après « UC Davis “Wasp Woman” Makes
Gigantic Discovery », par Justin Cox. Lu le 22 août 2011à //davis.patch.com/
Photo
du mâle monté
À lire sur Internet :
Les
marronniers victimes d'une
chenille goulue, par Thomas Monnerais. Le
Monde, 20 août 2011.
Cameraria ohridella (Lép.
Gracillariidé)
À (re)lire : La mineuse du
marronnier, un Lépidoptère
invasif en ville, par Sylvie Augustin. Insectes n° 137
(2005-2).
Les bases
génétiques de l'art d'imiter, lu
le 12 août 2011 à www.radio-canada.ca/
Heliconus
numata / Melinaea
mneme (Lép.
Nymphalidés)
748 Parano
Le
mâle est entomologiquement sûr et certain de n’avoir aucun rival et
peut donc copuler tranquillement avec une femelle qui, c’est
entomologiquement défini, n’acceptera aucun autre géniteur. Pourtant,
si son œil à facettes perçoit un autre mâle dans les parages, il
prolonge le coït de 93% de sa durée normale.
Cela se passe chez Drosophila subobscura
et D. acanthoptera, et à l’université Livepool
(Royaume-Uni), dans le labo d'Anne Lizé.
Chez
d’autres espèces, à la femelle s’accouplant plusieurs fois, on observe
de tels changements de comportement, qui sont une réaction à la
compétition. Là, le danger est imaginaire et il s’agirait de pure
paranoïa.
À moins que, contrairement aux entomologistes, nos drosophiles mâles ne
« sachent », eux, qu’il peut arriver que la femelle
recopule – ou que la vue d’un compère ne fasse éclore dans leur cerveau
l’idée qu’il faut réussir le coup (fournir à la femelle de quoi
fabriquer des asticots touts sa vie) car c’est le dernier.
D’après, entre autres, « 'Paranoia' about
rivals alters insect mating behaviour », lu le 8 août 2011 à www.eurekalert.org/
747 Immigrant en Méditerranée
Il
est marron foncé avec les tibias postérieurs noirs, ses colonies
s’installent sur les pousses et les feuilles : il ne peut pas se
confondre avec les autres pucerons de la vigne. Aphis
illinoisensis
(Hém. Aphididé), le Puceron brun (américain de la vigne), vient d’être
repéré à Malte. En 2003, on le découvre en Turquie ; depuis, il infeste
les vignobles de nombreux pays de la méditerranée orientale et
centrale, jusqu’à l’Algérie et il n’y a aucune raison qu’on ne le
signale pas bientôt en France, où il est peut-être déjà présent.
L’insecte
est originaire d’Amérique, où il est commun. C’est une espèce
holocyclique avec la viorne obier comme hôte primaire (où est pondu
l’œuf d’hiver) ; sous les climats assez chauds, il est hétérocyclique,
se maintenant sous forme de générations de femelles virginipares,
ailées et aptères.
Ses dégâts sont jusqu’à présent peu importants.
Ce qui est remarquable chez cet envahisseur, c’est la rapidité avec
laquelle il colonise une aire géographique relativement vaste.
D’après, notamment : Mifsud D., Pérez
Hidalgo N., 2011. The grapevine aphid Aphis illinoisensis: a
good example of recent invasion and rapid colonization by aphids.
Bulletin OEPP/EPPO, 41, 183–184.
À lire sur Internet :
A Tokyo, les cigales sont revenues,
par Philippe Pons. Le
Monde, 13 août 2011.
(Platypleura kaempferi, Graptopsaltria
nigrofuscata, Tanna japonensis, Oncotympana
maculaticolis, Meimuna opalifera, Cryptotympana
facialis (Hém. Cicadidés)
Des
carabes contre les mauvaises herbes. INRA-BBSRC,
25 juillet 2011.
La
présence de carabes dans les champs cultivés serait un moyen de lutte
biologique efficace contre les mauvaises herbes. Une meilleure gestion
de leurs populations permettrait de diminuer l’usage d’intrants et
préserverait ainsi la biodiversité.
[Col. Carbidés]
Enquête sur des cocons de guêpes
cachés dans un œuf de dinosaure,
par Bruno Scala, Futura-Sciences,
25 juillet 2011
"Des
scientifiques ont découvert des fossiles de cocons à l'intérieur d'un
œuf de dinosaure déterré en 1989 et vieux d'environ 70 millions
d'années. Ces cocons appartiendraient à des guêpes et les enquêteurs
ont pu retracer l'histoire de ce petit écosystème."
Quand un papillon de nuit rencontre une
chauve-souris
ou comment son système olfactif s’adapte à différents signaux sensoriels.
INRA,
21 juillet 2011.
Le
système nerveux olfactif des insectes peut s’adapter à des changements
environnementaux, l’adaptation de l’insecte se faisant à deux niveaux.
Sur le plan physiologique, il y a une augmentation de la
sensibilité de certains neurones. Sur le plan comportemental, l’insecte
soumis à un premier stimulus devient plus sensible à un autre message
chimique. Ainsi, après avoir entendu les sons d’attaque émis par une
chauve-souris, il est plus sensible au message chimique émis par la
femelle.
[Prodénia alias Ver du cotonnier, Spodoptera littoralis (Lép.
Noctuidé)]
Un fossile d'insecte bien mystérieux,
par J.I. Sciences
et Avenir, 19 juillet 2011
"Des
ailes d’éphémère, un corps de libellule et des pattes de mante
religieuse, ce fossile d’insecte découvert au Brésil permet d’en savoir
plus sur l’évolution de ce groupe."
[Coxoplectoptera]
12 juillet 2011
À lire sur Internet :
L'effet
cocktail mortel pour les abeilles,
par Cécile Dumas. Sciences
et Avenir, 8 juillet 2011.
«
Une étude menée en France démontre que l’exposition à de faibles doses
de pesticides augmente la mortalité d’abeilles infectées par un
parasite. Une preuve supplémentaire de cet effet cocktail soupçonné
depuis plusieurs années. »
Le
sud-est
de la France guette le moustique-tigre, agent de transmission de la
dengue et du chikungunya,
par Rémi Barroux. Le
Monde, 5 juillet 2011.
[Aedes albopictus, Dip. Culicidé]
À (re)lire : Un insecte à la page - Le Moustique tigré, ses œufs dans
des pneus, par Alain Fraval. Insectes n° 159 (2010-4).
Papillons forestiers menacés. AgriHebdo.
5 juin 2011.
De
nombreuses espèces de papillons de jour vivant dans les forêts sont en
danger. L'Association suisse pour la protection des oiseaux (ASPO)
lance un appel pour recenser les endroits où se trouvent ces insectes
menacés.
À écouter :
Ces insectes qui nous soignent,
par Sylvain Alzial et Rafik
Zenine. Sur France Culture, émission « Sur
les docks », vendredi à 17 h.
Émission réécoutable sur le site.
1er juillet 2011
À lire sur Internet :
La
coccinelle « garde du corps », par
Loïc Mangin. Pour
la Science, 28 juin 2011.
"
Une espèce de guêpe parasite ne tue pas l'insecte dans lequel elle pond
ses œufs, mais en fait un garde du corps qui protège sa descendance
jusqu'au stade adulte."
Parasitisme : comment une guêpe utilise une coccinelle comme « garde
du corps ». IRD,
27 juin 2011.
[Dinocampus coccinellae, Hym. Braconidé /Coccinelle maculée Coleomegilla
maculata, Col. Coccinellidé]
Evaluation
des pertes dans les
cultures dues au déficit de pollinisation par la faune. Protocol to
Detect and Assess Pollination Deficits in Crops : A Handbook for its Use.
FAO. Par Bernard Vaissière (INRA Avignon), Breno M. Freitas
et Barbara Gemmill-Herren.
La
mineuse du marronnier présente dans les Balkans dès le 19ème siècle,
par Sylvie Augustin. INRA,
21 juin 2011.
"
L’analyse d'herbiers anciens aura mis fin à plus de deux décennies de
débat scientifique sur l'origine et la présence en Europe de la mineuse
du marronnier. "
À (re)lire
: La Mineuse du
marronnier Cameraria ohridella, un Lépidotère invasif en ville,
par Sylvie Augustin. Insectes n° 137 (2005-2).
L’insecte qui chante avec son sexe,
par Pierre Barthélémy. Slate.fr,
20 juin 2011
Article source (en ligne) : Sueur J, Mackie D, Windmill JFC (2011) So
Small, So Loud: Extremely High Sound Pressure Level from a Pygmy
Aquatic Insect (Corixidae, Micronectinae). PLoS ONE 6(6):
e21089. doi:10.1371/journal.pone.0021089
[Micronecta scholtzi (Hém. Corixidé)]
746Charançon à 6 boulons
Avant de publier leur trouvaille (dans Science), Alexandre
Riedel (muséum de Karlsruhe, Allemagne) et ses collègues ont attendu (7
ans) de pouvoir examiner leur charançon Trigonopterus oblongus
(Col. Curculiondié aptère de Nouvelle Guinée) en tomographie à rayons X
produits par le synchrotron ANKA. Les 1 800 clichés pris ont permis la
reconstitution en 3 dimensions de l’articulation coxa
(hanche)-trochanter.
Et confirmé la découverte du premier cas de
boulonnage naturel : chez cet insecte – et pourquoi pas chez d’autres
de la même famille – un système vis/écrou assure l’articulation à la
base de la patte, en permettant un débattement de 130°.
Il est
difficile d’expliquer en termes d’avantage évolutif ce parti pris
mécanique. Peut-être assure-t-il au charançon une stabilité hors pair ?
D’après « Schraubgelenk bei
Rüsselkäfern
». Lu le 30 juin 2011 à www.scienceticker.info/
Image
de l’articulation coxa en vert, trochanter en jaune.
744 Boire rend attirant
L’expérience
a été menée au Burkina-Faso, sur 25 volontaires adultes à qui les
entomologistes de l’IRD ont fait ingurgiter un litre de bière Dolo, et
sur 2 500 individus adultes d’Anopheles gambiae (Dip. Culicidé),
moustique vecteur du paludisme.
Ces
derniers ont été soumis par lots de 25 au test de l’olfactomètre -
schématiquement un tube en Y parcouru par un courant d’air descendant,
parfumé à l’odeur humaine dans une des branches. Dans le cas où cette
odeur est prélevée avant la consommation de bière, 35 % des moustiques
ont tendance à voler vers l’une ou l’autre branche et un sur deux finit
dans le piège au bout du tube parfumé. Si ce parfum est celui de
buveurs, 47 % des moustiques se déplacent et 65 % finissent au bout de
ce tube.
L’expérience, répétée avec 1 l d’eau, ne montre aucune différence.
L’odeur de bière transpirant par la peau attire les moustiques et
augmente leur activité de vol.
Les
gens sont plus ou moins susceptibles de se faire piquer et donc
d’attraper le paludisme. Ce travail contribue à améliorer les
politiques publiques qui doivent, pour être plus efficaces, tenir
compte des différences individuelles.
D’après « Enjoying a beer
outside 'makes
you more attractive to mosquitoes' ». Lu le 27 juin 2011 à www.dailymail.co.uk/
17 juin 2011
À lire sur Internet :
Frelon asiatique : Le Muséum dévoile la
carte de son invasion
potentielle en Europe. Par Mickaël Bosredon. 20minutes, 15
juin 2011.
Le frelon à pattes jaunes : prédire les risques d'invasion en Europe
et dans le monde. CNRS.
Alerte aux tiques à Pékin. Le
Quotidien du peuple, 15 juin 2011.
«
Le centre de contrôle des maladies du District de Changping, en
banlieue de Beijing, a commencé mardi une campagne de désinfection tous
azimuts dans une communauté où une habitante et certains animaux de
compagnie auraient été mordus par des tiques la semaine dernière. […] »
742 Bande de décodeurs
Ils
sont 10, 9 États-Uniens et 1 Britannique, qui viennent de lancer le «
projet Manhattan en entomologie ». Il ne s’agit pas de réunir des
milliers d’entomologistes au fin fond d’un désert pour mettre au point
la bombe insecticide atomique. Leur but : décrypter le génome et
étudier le transcriptome des 5 000 insectes (et quelques autres
arthropodes terrestres) les plus importants sur Terre. Pour l’heure, il
s’agit de choisir, parmi un bon million de candidats, les espèces à
décoder. Le programme s’appelle ik5.
Le critère est que la
connaissance de leur patrimoine génétique puisse servir à mieux les
tuer, gérer, multiplier, favoriser, exploiter… Ceci dans les domaines
de l’agriculture (au sens large), de la santé des gens et des bêtes, du
fonctionnement des écosystèmes, de la recherche… Sont donc éligibles à
ce club des 5 000 décodables les plus notables des insectes ravageurs,
pollinisateurs, entomophages, vecteurs, appâts de pêche, hématophages,
décomposeurs, modèles, domiciliaires, médicaments, clés, architectes du
paysage, parapluies, comestibles, communautaires…
Un formulaire
est à disposition des entomologistes de la Planète pour signaler,
promouvoir, dénoncer tout insecte devant figurer sur la liste à //arthropodgenomes.org/wiki/i5K
La liste des 100 premiers retenus est consultable à partir de cette
page.
D’après notamment «
Entomologists launch
the 5,000 Insect Genome Project (i5k) », lu le 15 juin 2011 à www.eurekalert.org/
NDLR : parmi
les insectes déjà retenus, certains ont fait l’objet d’articles
substantiels ou pas dans les colonnes d’Insectes. Le reste, 4 980 et
quelques, constitue le programme éditorial - catégorie monographies –
de la revue pour les années à venir.
9 juin 2010
À lire sur Internet :
Enquête ascalaphes. Par
l'Observatoire naturaliste des écosystèmes méditerranéens.
[Név. Ascalaphidés].
Un destin de reine grâce à la
royalactine, par Loïc Mangin. Pour
la science, 3 juin 2011.
" On a découvert l'ingrédient de la gelée royale qui fait d'une abeille
une reine. "
La ville, une barrière pour les
pollinisateurs, par Mickaël
Bosredon. 20
minutes, 7 juin 2011.
"
C'est l'enseignement principal de l'observatoire des insectes
pollinisateurs, lancé par le Muséum il y a un an. Cet outil de science
participative rencontre un franc succès auprès du grand public... "
PURE (Réduction des usages et des risques liés aux pesticides par la protection intégrée dans les systèmes agricoles européens) INRA, 5 juin 2011.
À noter :
IIe Congrès international sur les insectes entomophages. Antibes du 20 au 23 juin 2011. INRA, 7 juin 2011.
740 Cigale qui régale
Sparky,
glacier qui fabrique des glaces maison à Columbia (Missouri,
États-Unis) a trouvé la recette du succès éclair : une glace à la
cigale - avec des morceaux d’aile pour le croquant. Les cigales
ramassées dans la cour, sont cuites puis enrobées de sucre et de
chocolat au lait avant d’être plongées dans la crème.
Les
clients se sont précipités et lui ont vidé son bac en un tournemain.
Puis l’autorité sanitaire locale lui a interdit d’en préparer un
second. Motif ? La réglementation porte sur la température à respecter
pour le porc bouilli, le bœuf bouilli, le poulet bouilli, le poisson
bouilli. Elle est muette sur la cigale bouillie.
D’après « Cicada ice cream bugs
health
officials in Missouri: Why? », par David W. Freeman. Lu le 8 juin 2011
à www.cbsnews.com/
[R]
26 mai 2011
738 Carabes bufonivores
D’ordinaire,
c’est le crapaud, insectivore patenté, qui croque le carabe, insecte
chasseur mais petit. Le Dytique dans la mare fournit un exemple bien
connu d’attaque de vertébré vivant par un insecte prédateur : il mord
en effet les têtards, même plus gros que lui et les déboyaute. On
savait les larves d’Epomys (Col. Carabidé) consommatrices
d’amphibiens. Voir
les photos ici. Les observations de Gil
Wizen et d’Avital Gasith
(université de Tel-Aviv, Israël) dévoilent que les
imagos aussi, en guise de complément à leur
régime de base entomophage et charognard sur vertébré, croquent le
crapaud vivant et gigotant. Le jour, ils se reposent dans les mêmes
abris que leur proie. La nuit venue…
Deux espèces d’Epomys cohabitent en Israël, E. circumscriptus
et E. dejeani,
qui occupent des niches quelque peu distinctes. Elles n’attaquent pas
tout à fait les mêmes espèces d’amphibiens. Au laboratoire,
les deux Epomys (au stade adulte) s’en sont pris au Crapaud
vert, à la Rainette de Turquie, à la Grenouille verte et brune, à la
salamandre Salamandra infraimmaculata ; seul E. dejeani a
mangé du Triton à bande.
D’après « Small insects attacks
and kill
amphibians much bigger than themselves », lu le 20 mai 2011 à www.eurekalert.org/
À (re)lire : Les mouches bufonivores,
par Matthias Gosselin. Insectes n° 157 (2010-2)
PS : une grosse punaise aquatique, Kirkaldyia
deyrolli (Hém.
Léthocéridé) vient de se faire surprendre dans une rizière japonaise en
train de ponctionner une tortue préalablement saisie et tuée. Elle
se nourrit haituellement de petits poissons et batraciens. Photo
ici.
737 Exoentomologie
Le
dispositif expérimental Commercial CSI-05 (Generic Bioprocessing
Apparatus Science Insert-05) a pris le vol STS-134 de la navette
Endeavour le 15 mai 2011 pour rejoindre l’ISS (Station spatiale
internationale). Dans ce CSI-05, 2 néphiles, Gladys et Esméralda, et
des drosophiles (qui n'ont pas de nom).
Nephila clavipes,
d’Amérique centrale, est une grande araignée (la femelle, le mâle est 5
fois plus petit) qui fabrique une toile d’1 m de diamètre,dorée aux
fils bien collants, dans la forêt ; des colibris s’y font prendre. Les
néphiles ont une mission, tisser ; les spatioarachnologues vont
observer si et comment la quasi-absence de gravité modifie la
construction du piège.
Les drosophiles ont deux missions. Comme
leurs compagnes de voyage, elles se laisseront observer en train de
voler. Mais ce qui leur vaut leur billet pour ce voyage (aller simple),
c’est celle de nourrir proprement les tisseuses. La précédente
expérience (avec Larinioides patagiatus et Metepeira,
vol STS-126), s’est achevée piteusement en 6 jours - et cela aurait pu
être prévu. Elles ont en effet petit à petit sali la paroi de la cage
si bien qu’on ne pouvait plus rien observer. Pour ce coup, elles seront
fournies par escouades successives par le personnel de la station, tous
les 4 jours. L’expérience est suivie au sol par des étudiants qui
mènent des élevages parallèles : 100 classes de collège ont reçu des
kits avec araignées et drosos.
D’après, entre
autres, « Spiders in
Space – The Sequel! », lu le 29 avril 2011 à
//nasa-spacestation-info.blogspot.com/
À (re)lire : Monarques avec Belles
Dames (2009).
18 mai 2011
À lire sur Internet :
Enquête
nationale Lucane cerf-volant.
Un quatre-pages,
par l'OPIE. Participez !
[Lucanus cervus, Col. Lucanidé]
L'UE
s'engage à mieux protéger la
santé des abeilles. AFP,
18 mai 2011.
Comment les abeilles
adaptent-elles leur vitesse pour éviter les obstacles ? CNRS, 12 mai
2011.
Comprendre les papillons, leur
organisation et la génétique, Heloïse
Roc, La
Grande Epoque, 8 mai 2011.
[Déesse à ceinturons alias Damier du plantain, Melitaea
cinxia,Nymphalidé]
Des insectes à 3 paires d'ailes. CNRS, 4 mai 2011
Une paire d'ailes en plus ... pour se
déguiser,
par Cécile Dumas. Sciences
et Avenir, 5 mai 2011.
"
Une famille d’insectes a développé une 3ème paire d’ailes dont la
morphologie s’est diversifiée pour donner des appendices aux formes
étonnantes et très variées, expliquent des chercheurs du CNRS "
[Hém. Membracidés]
Comment la gelée royale transforme les abeilles en reines, par Hervé Morin. Le Monde, 6 mai 2011.
735 Imblairable
Aucun
moustique ne peut supporter son odeur : il se sauve et va crever de
faim. La substance odorante s’appelle VUAA1 – un nom de code. Elle
définit une nouvelle famille de composés chimiques, au pouvoir répulsif
extraordinaire.
Les recherches en vue d’améliorer l’efficacité
et l’acceptabilité des répulsifs (mis sur la peau ou sur les
moustiquaires) sont très actives : il s’agit d’empêcher les Diptères
vulnérants de piquer et de transmettre diverses maladies très graves ;
beaucoup de ces insectes ne sont pas vecteurs mais ils sont très
désagréables. Le marché, civil et militaire, est énorme.
Le
moustique (entre autres) sent par les antennes, parsemées de sensilles
olfactives (dites « OR ») couplées chacune à un canal ionique
corécepteur (« Orco ») qui déclenche l’influx nerveux. Chaque couple
est sensible à une odeur particulière.
Devant la difficulté à
explorer tous ces récepteurs, Laurence Zwiebel et son équipe de
l’université Vanderbilt (Nashville, Tennessee, États-Unis) ont décidé
d’employer la force brute d’une machine pour détecter les molécules
capables d’être perçues comme odeur. Ils ont mis au point un système de
criblage à base de cellules de rein humain en culture génétiquement
modifiées incorporant le couple OR-Orco. Ce qui leur a permis de «
faire défiler » 120 000 petites molécules.
Surprise :
l’une d’entre elles, le VUAA1, même pas une « odeur », s’est avérée
capable d’exciter tous les récepteurs à la fois. Ce qui en fait un
répulsif irrésistible.
Mis dans l’eau où nagent des larves de
moustique, le VUAA1 les repousse sur l’autre bord de la boîte de Petri
à une concentration des dizaines de milliers de fois plus faible que le
produit de référence, le classique DEET.
On est encore loin de
l’application sur le terrain. Il reste à examiner les composés de la
même famille et, surtout, à démontrer son innocuité. Pour les cibles
des moustiques, homme et animaux domestiques, ainsi que pour les autres
insectes. Un répulsif aussi puissant pourrait créer un désert
entomologique et faire disparaître aussi les insectes utiles.
D’après, entre autres « New
weapon for war
on mosquitoes », par Alan Boyle. Lu le 9 mai 2011 à //cosmiclog.msnbc.msn.com/
À (re)lire,
sur cette page : Au cœur de
l’écœurement et Répulsif attractif.
734 La balade du
puceron noir
Comment
se font les mouvements animaux à la recherche de leur nourriture ?
Ont-ils une stratégie pour maximiser les chances de rencontrer une
proie ou un hôte (végétal ou animal), ou de trouver un site de
nourriture convenable ? Les travaux faits jusque-là tendaient à montrer
que ceux-ci se déplacent selon le vol de Lévy, où les distances
parcourues entre deux changements de direction suivent une loi de
puissance – avec une variance infinie. Plus concrètement, après une
série de petits trajets, les animaux franchissent tout à coup une
grande distance.
Il s’agissait d’une illusion, due à la
variabilité des comportements : certains individus sont casaniers,
d’autres ont la bougeotte. Les parcours, de longueur répartie au
hasard, correspondent à une diffusion, un peu comme les molécules dans
un gaz. Pour établir ce résultat, l’équipe de chercheurs britanniques a
dédaigné les requins ou les albatros, habituels fournisseurs de données
jusque-là. Et s’est tournée vers le Puceron noir de la fève Aphis
fabae (Hém.
Aphididé), petit, nombreux et bon marché, et a
pisté individuellement les individus dans la foule, grâce à la
vidéo et des logiciels ad hoc.
D’après
notamment « Variety Is the Spice of Life for Animal Movement: Foraging
Animals Tend to Wander Randomly », lu le 9 mai 2011 à
www.sciencedaily.com/
D’après « Letting mosquitoes breed may lead to fewer malaria deaths », par Sola Ogundipe. Vanguard, 19 avril 2011. www.vanguardngr.com/
731 Répulsif attractif
Repousser
le moustique (femelle) et le dissuader de se poser sur notre peau pour
la percer de façon à aspirer notre sang est un excellent moyen d’éviter
d’attraper une des nombreuses et très dangereuses maladies qu’il est
susceptible de transmettre.
Il faut pour cela s’oindre
régulièrement d’un répulsif assez gras, voire un peu gluant, et limite
puant, à base en général de DEET, inventé il y a 60 ans. On se
protégerait plus volontiers et donc plus efficacement avec une crème
douce au parfum léger et agréable. Les entomologistes ne cessent de
chercher.
La dernière trouvaille : la nootkatone. C’est un produit
naturel, utilisé couramment comme additif alimentaire. Ce sesquiterpène
s’extrait du pamplemousse – il est le principal responsable de son
parfum -, se produit par génie génétique ou par synthèse chimique.
Selon
la démonstration faite par Marc Dolan (Center for Disease Control, Fort
Collins, Colorado, États-Unis), on peut introduire son bras enduit dans
une cage à moustiques et voir ceux-ci non seulement chercher à fuir
mais tomber raides morts.
On aurait là un répulsif et un insecticide très acceptables.
Par
ailleurs, la nootkatone, encapsulée dans de la lignine, est efficace
pour débarrasser un terrain des tiques qui transmettent la maladie de
Lyme.
L’effet répulsif de cette molécule avait été mis en évidence en 2000
sur le termite Coptotermes formosanus (Dyct. Termitidé).
D’après, entre autres, «
Repelling Bugs
With The Essence Of Grapefruit », par Richard Knox, lu le 18 avril 2011
à www.npr.org/
À (re)lire, sur cette page : Au cœur de l’écœurement
.
19 avril 2011
À lire sur Internet :
Angleterre: des « routes » de fleurs sauvages pour les abeilles seront créées. AP, 14 avril 2011.
Les autoroutes du ciel, par Robert Krulwich. Télésciences, avril 2011.
Les poux ont côtoyé les dinosaures.
AFP,
6 avril 2011.
730 La mère des éphémères
Il
y a 312 millions d’années, soit à la fin du Carbonifère, un insecte
s’est posé sur de la boue et y a été prestement englouti non sans
s’être un peu débattu. Une boue piégeuse parfaite pour le moulage de
l’insecte : on vient en effet de le retrouver sous forme d’un fossile
extraordinaire. La découverte, due à Richard Knecht et son équipe
(Harvard University) est publiée dans les PNAS. Elle repousse
de quelque 30 millions d’années l’âge du plus ancien insecte volant
(Ptérygote) connu.
Le
spécimen a été trouvé par l’auteur en 2008, alors étudiant, qui
pataugeait dans un marécage du Massachussetts autrefois désigné comme
gisement de fossiles : en émergeait un rocher de grès fragmenté ; un
bloc s’est ouvert en deux, livrant le moule et l’objet. Avec tous les
détails du corps et des pattes mais pas des ailes que ce très probable
ancêtre direct des Éphéméroptères tenait déjà verticalement au repos.
D’après, entre autres, « Oldest
flying
insect fossil find », lu le 6 avril 2011 à www.abc.net.au/
Photo
729 Procréation assistée
Dans le Sud-Ouest des États-Unis, Les populations de l’Aleurode du
tabac Bemisia tabaci (Hém. Aleyrodidé) sont infectées à 97% par
un endosymbionte, Rickettsia sp. nr. Bellii. Le taux
était inférieur à 1% en 2000 : il a suffi de 80 générations pour cette
généralisation.
La
rickettsie, qui se transmet verticalement (de mère en fille) entretient
avec son hôte une relation double : mutualisme et manipulation
reproductive. Une femelle infectée, en effet, est plus féconde, vit
plus longtemps et sa progéniture comporte plus de femelles. D’où la
rapide propagation de la rickettsie.
Du point de vue de
l’évolution, il s’agit d’un choc pour l’Aleurode : les paramètres de la
dynamique de ses populations sont brutalement perturbés. Quel avenir
pour lui ? On le surveille, d’autant plus qu’il s’agit d’un ravageur
agricole majeur.
D’après, notamment, «
Insects with
Rickettsia infection produce twice as many offspring », par Kate Shaw.
Lu le 9 avril 2011 à //arstechnica.com/science/news/
Article source : DOI: 10.1126/science.1199410
À (re)lire : Les aleurodes, par
Alain Fraval. Insectes n° 155 (2009-4).
Le 30 mars 2011
À consulter sur Internet :
Insectes du patrimoine culturel. Site
présentant 115 fiches d’espèces dommageables. Par le Centre
interrégional de conservation et de restauration du patrimoine et
l’IINRA, en collaboration avec le Génoscope.
727 Succulents
ébranlements
Parmi
les signaux qu’emploient les insectes pour s’accorder en vue d’une
rencontre sexuelle, les vibrations transmises par le substrat jouent un
grand rôle chez certains. Ainsi chez Aphrodes makarovi (Hém.
Cicadellidae). Le mâle appelle la femelle, la femelle répond… Une
conversation s’engage qu’on pourrait croire absolument privée, ou tout
au moins spécifique. Il n’en est rien car d’aucuns sont à l’écoute,
intéressés non point par la romance mais par la bombance que cela
annonce : l’araignée Enoplognatha ovata (Theridiidé) détecte et
localise en effet ses proies grâce – en bonne partie au moins - à ces
signaux sexuels.
Meta
Virant-Doberlet et ses collaborateurs (université de Cardiff,
Royaume-Uni) ont suspecté ce phénomène nouveau en analysant le contenu
stomacal d’araignées (usant d’une méthode – dite PCR - de biologie
moléculaire consistant à amplifier l’ADN in vitro). Les
araignées capturent plus de cicadelles quand leur population est
composée d’imagos vibrants que quand elle comporte des larves âgées.
Puis ils ont confirmé leur découverte par des observations en cage
d’araignées en présence de proies potentielles ou soumises à des
vibrations enregistrées. Les cicadelles victimes sont surtout des
mâles, émetteurs plus puissants.
D’après, notamment, « Spiders target sexy
signals from 'vibrating' insects », lu le 29 mars 2011 à www.eurekalert.org/
Article source : DOI: 10.1111/j.1365-294X.2011.05038.x
À (re)lire : La communication sexuelle
chez la Punaise verte – entendre et sentir, par Michel Renou. Insectes
n° 135 (2004-4)
726 Au
cœur de l’écœurement
DmOr42a
détecte le N,N diéthyl-m-toluamide, l’IR3535 et la picaridine, révèlent
des entomologistes du laboratoire Walter Leal de l’université de
Californie dans un papier paru sur PLoS One. DmOr42a, récepteur
jusque-là inconnu, appartient à un neurone branché sur la sensille
basiconique pb1 du palpe maxillaire de la Mouche du vinaigre, Drosophila
melanogaster (Dip. Drosophilidé) comme on ne peut l’ignorer.
Le
N,N diéthyl-m-toluamide (connu commme le DEET) est utilisé par 200
millions de personnes dans le Monde pour échapper aux piqûres de
moustiques vecteurs ; l’IR3535, produit par Avon sous le nom de
Skin-So-Soft Bug Guard, et la picaridine (Bayrepel de chez Bayer),
extraite du poivre, sont des répulsifs concurrents. Ces trois composés
sont sans aucune parenté chimique entre eux.
La découverte de ce
récepteur unique a été permise par la connaissance complète qu’on a du
génome de la drosophile. Elle ouvre la voie à la mise au point de
nouveaux répulsifs. Actuellement, il faut une dizaine d’années et
presque 30 millions d’euros pour, à partir de 20 000 molécules
intéressantes, « sortir » un répulsif efficace et sans danger. Il est
en effet nécessaire de synthétiser pour chaque essai – réalisé sur des
imagos de moustiques - une quantité importante de chacune des
substances candidates. On pourra désormais simplifier grandement le
criblage et en amenuiser le coût en travaillant sur des drosos et en
éliminant d’emblée les molécules qui n’activent pas DmOr42a.
Il
reste qu’on ne connaît comment agit le DEET : masque-t-il les odeurs
attirantes de l’hôte ou exerce-t-il une action de répulsion ? Dame
Nature n’a certainement pas retenu au cours de l’évolution un organe
sensible à stimulus inventé par l’armée états-unienne en 1946 (voir Entomologie militaire, Insectes
n° 140).
D’après « UCDavis researchers discover
'generic' insect repellent detector », lu le 23 mars 2011 à www.dailydemocrat.com
Le 22 mars 2011
725 Chère
biodiversité
Les
zoologistes s’accordent pour estimer à 1,4 millions le nombre d’espèces
animales recensées dans les catalogues. Et à 5,4 celui des espèces qui
nous restent à découvrir, décrire, nommer…
L’obstacle : la
pénurie de taxinomistes, spécialistes chacun pour son groupe, de
l’identification et du classement des êtres vivants. La moitié du petit
nombre en activité s’occupe des vertébrés – plutôt du genre grands
félins ou oiseaux colorés – bien plus intéressants en terme de
reconnaissance par le public (et les financeurs). On en connaît 62 000
espèces ; la part de ceux qui peuvent encore être découverts est infime
: 4% de la faune ignorée. Celle-ci est composée, comme la faune
répertoriée, majoritairement d’insectes (dont on connaît déjà près d’1
million d’espèces). Il faudrait une armée d’entomologistes.
Et
cela coûterait combien ? Fernando Carbayo et Antonio Marques
(université de Sao Paulo, Brésil) proposent une estimation. Étant donné
ce que coûte globalement un spécialiste (dans leur pays, d’un bon
niveau en taxinomie et où le salaire est dans la moyenne mondiale) par
espèce nouvelle, le programme reviendrait à 200 milliards d’euros.
D’après « Cost to Identify All Unknown
Animals: $263 Billion », par Wynne Parry. Lu le 18 mars 2011 à www.livescience.com/
NDLR : l’article source doi:10.1016/j.tree.2011.01.004
est en ligne (à un prix également exorbitant).
724 Chaud
chant d’amour
Au
vu de son allure alliciante et séduit par son parfum, il étend ses deux
ailes et les fait vibrer : ce zonzonnement la charme et ils auront
beaucoup d’asticots. À l’institut de Pathologie moléculaire à Vienne
(Autriche), Anne von Philipsborn travaille sur le mécanisme du
déclenchement des actes qui constituent le rituel de cour de l’imago
mâle de la Mouche du vinaigre. Elle entretient pour ce faire des
drosophiles génétiquement manipulées : les mâles chantent sur commande,
tout seuls : il suffit de les chauffer doucement. Ils possèdent des
canaux ioniques « greffés », des sortes d’interrupteurs qui basculent à
30°C et qui activent des groupes de neurones particuliers.
Ces
expériences mettent à jour deux centres de commandement du chant : l’un
est dans le protocerebron (cerveau) qui reçoit des informations des
organes de la vue et de l’odorat et les associe avec la mémoire
d’expériences antérieures ; l’autre, dans le thorax, coordonne les
mouvements des muscles alaires pour produire les bonnes vibrations.
On
en sait un petit peu plus sur les processus préliminaires de la
fabrique d’asticots ; on dispose surtout d’un modèle pratique pour
étudier les mécanismes neuronaux de comportements complexes.
D’après « The Love Song of the Fly », lu
le 9 mars 2011 à www.newswise.com/
Le 7 mars 2011
À lire sur Internet :
De nouveaux champignons
hallucinogènes découverts chez des fourmis-zombis ! par Claire
Peltier. Futura
Science, 7 mars 2011.
[Camponotus spp., Hym. Formicidés / Ophiocordyceps]
Les entomologistes confirment :
les insectes adorent la vie en Principauté ! Le
Petit Niçois, 4 mars 2011
" Dans
le cadre de la Convention de partenariat « Monacobiodiv » une campagne
d’inventaire des insectes a été menée en Principauté entre le printemps
2008 et la fin de l’année 2010."
Des puces de lit dans les avions… par Émilie Bilodeau. Cyberpresse, 2 mars 2011.
Les ailes de papillons source d'inspiration pour la lutte contre la contrefaçon. bulletins-electroniques.com. 23 février 2011.
723 Le
régime n’est pas en cause
Pourquoi
tant de papillons et de phalènes ? Pour le plaisir des amateurs,
certes. À cause, plus sérieusement, de la coévolution des consommateurs
– les chenilles – et des consommées – leurs plantes nourricières. Il
est en effet communément admis que les nouvelles espèces sont apparues
en général suite à des changements de régime alimentaire – chez des
individus doués d’un niveau suffisant d’allotrophie - en réaction au
renforcement des défenses (résistance) des végétaux hôtes. Et ceci
depuis le Crétacé.
Le travail de Yume Imadaet et de son équipe à
l’université de Kyoto (Japon) met au jour l’importance probable d’un
autre mécanisme. Leur « terrain » : les Microptérygidés des hépatiques
au Japon. Tous apparaissent inféodés à la seule espèce Conocephalum
conicum.
On a là 25 espèces occupant strictement la même niche écologique.
Celles-ci se sont séparées de leur ancêtre commun il y a 35 à 15
millions d’années, selon l’arbre généalogique établi grâce à l’analyse
de leur ADN.
Le seul moteur plausible de la spéciation est la
séparation géographique de populations qui ont dérivé au point de
constituer de nouvelles espèces. Un exemple a déjà eté fourni par par
Tommi Nyman en Finlande sur des tenthrèdes.Cette spéciation
allopatrique serait plus répandue que communément
admis et serait responsable d’une part importante de la
multiplicité (admirable/ingérable) des papillons que nous connaissons.
D’après « Moths diversify without changing
diet », par Emma Marris. Nature, 2 mars 2011, lu à www.nature.com/news/
NDLR : sous nos cieux, le Microptérigidé Micropterix calthella
butine et consomme le pollen des fleurs de renoncule et de populage
tandis que sa chenille se nourrit de mousses et d'hépatiques. D’après
Remi Coutin, Insectes n° 134.
722 L’invasion des abeilles
asiatiques
En Australie, le pire envahisseur s’appelle
cane toad,
alias le
Crapaud-bœuf alias Bufo marinus,
auxiliaire (de lutte biologique) qui a très mal tourné. Lui dispute
depuis peu sa première place l’Abeille domestique orientale Apis
cerana. (Hym. Apidé).
Cette
espèce mellifère vit en petites colonies et produit peu de miel. Elle
serait parvenue sur le sol australien par bateau, depuis la
Papouasie-Nouvelle Guinée en 2007. Depuis, elle prospère et butine les
fleurs si activement que les Abeilles domestiques européennes importées
jadis A. mellifera meurent de faim. En outre, elle pille
volontiers les ruches et transmet l’acarien parasite Varroa,
dont elle est l’hôte naturel. Il y va d’un secteur productif évalué à
80 millions de dollars (miel) plus 4 milliards (pollinisation).
Le programme d’éradication s’arrêtera,
faute de budget, en avril.
D’après, notammment, « Asian honey bee is
the new cane toad », lu le 3 mars 2011 à www.adelaidenow.com.au/
À (re)lire : Un crapaud
dans la lutte biologique, par Alain
Fraval. Insectes n° 137
(2005-2).
NDLR :
devant les menaces d’une diminution de la pollinisation, il a été
proposé de remplacer, en Europe, notre abeille par cette espèce
robuste, active à température basse, exploitant bien les fleurs
isolées, capable de "cuire " les frelons et tolérante à la varroatose,
entre autres qualités. Mais, entre autres défauts, elle produit peu,
essaime pour un rien, se révèle une pillarde impénitente.
Le 16 février 2011
À lire sur Internet :Les monarques prennent
du mieux.
AP, 14
février 2011.
Les papillons hivernants de Danaus plexippus (Lép. Nymphalidé)
occupent 9,9 acres de forêt contre 4,7 acres l'an dernier – mais 20
acres en 2008-2009.
Le coup de pied de la
puce,
par Cécile Dumas. Sciences
et Avenir.fr. 10 Février 2011.
Comment
un insecte de 2 ou 3 mm parvient-il à sauter jusqu'à 30 cm de hauteur ?
Des chercheurs ont utilisé une caméra haute vitesse pour résoudre une
énigme: à quoi sert le bout des pattes de la puce au moment du saut?
Réponse : il fait levier.
Nabokov, maître
des
papillons, par Hervé Morin.
Le Monde, 4 février 2011.
[Azurés, Lép. Lycénidés Polyommatini]
Découverte d'une nouvelle sous-espèce du
moustique vecteur du
paludisme, par Valérie Cohen. RFI,
3 février 2011.
[Anopheles gambiae goundry]
721 Podophilie
Au
Kenya, les moustiques vecteurs de la dengue et du paludisme, en butte
aux moustiquaires et aux traitements des parois des maisons, sévissent
plutôt dehors désormais. Où des pièges appâtés au gaz carbonique
capturent les femelles hématophages. L’approvisionnement en CO2 est
difficile et coûteux au fin fond des campagnes. Comment le produire sur
place ?
La fermentation alcoolique est à la portée de tous partout
: une matière sucrée et de la levure font l’affaire, dans une
bouteille. En étudiant ce procédé rustique sur le terrain, Richard
Mukabana (International Centre of Insect Physiology and Ecology) se
fait piquer, principalement aux pieds et aux chevilles. D’où son idée
de tester ses chaussettes. À Lwanda Nyamasari, il installe un
dispositif expérimental avec des pièges avec ou sans CO2 avec
chaussettes (en nylon) propres ou sales, et lâche des moustiques
marqués (Anopheles gambiae, Dip. Culicidé).
Si les pièges
sans appât capturent 5% des insectes lâchés, les chaussettes portées
intéressent 43% des moustiques, proportion qui grimpe à 80% pour
l’association gaz de fermentation + effluves de chaussettes sales.
Il
reste à préciser ce qui attire la femelle de moustique en dehors du gaz
carbonique et de l’odeur de pied. Mais le truc marche, au moins pour
dénombrer les anophèles.
D’après « Unwashed socks could
be antidote
to mosquito bites » par Maore Ithula. The Standard, 13 février
2011, lu à www.standardmedia.co.ke/
Mais
notre Anophèle n’est pas seule à se laisser charmer par l’odeur
des pieds. Son ennemie naturelle, Evarcha culicivora aussi.
Cette salticide était déjà connue pour son nez unique chez les
araignées : si elle distingue A. gambiae
– sa proie spécifique - parmi les moustiques à l’œil - à sa posture au
repos -, elle distingue à l’odeur du sang humain les femelles gorgées.
Ce fumet l’attire et l’excite au point de tuer une vingtaine de proies
qu’elle ne consomme pas toutes.
Fiona Cross (université de
Canterbury) et Robert Jackson (International Centre of Insect
Physiology and Ecology) ayant eu l’intuition que notre araignée, seule
de son engeance octopode, est sensible à l’odeur de l’homme (non
saignant) ont procédé à une expérience d’olfactométrie au laboratoire.
Soumise à un flux d’air parfumé à la chaussette portée, l’araignée ne
bouge pas alors qu’elle se met à l’abri d’un courant d’air pur. CQFD.
D’après, notamment, «
Mosquito-eating
spider likes smelly socks », par Victoria Gill. Lu le 16 février 2011 à
//news.bbc.co.uk/
NDLR : les
gens doivent favoriser l’araignée auxiliaire de lutte biologique qui
doit trouver des moustiques, autant que possible gonflés de leur sang,
à croquer. En puant des pieds ?
720 Nez-d’œuvre à bas coût
Soit
une petite équipe d’ouvrières. 5 minutes de préparation entre les mains
d’un entomologiste (un robot le remplacera bientôt) qui leur apprend à
reconnaître une odeur particulière (explosif, drogue, bactérie,
polluant, maladie…). Nos volontaires prennent place dans un grand
vaisseau oblong - à leur échelle –, une sorte de gros fer à repasser à
la nôtre. Leur véhicule une fois sur zone aspire l’air ambiant. Si
l’odeur est présente, elles tirent la langue. Ceci sous l’œil d’une
caméra qui retransmet la scène au monde extérieur.
Le procédé est développé par la firme britannique Inscentinel, qui
emploie des Abeilles domestiques Apis mellifica.
On peut les trouver partout et les conditionner à plusieurs odeurs
successivement. Elles sont bien moins coûteuses qu’un chien renifleur.
Leur CDD achevé, elles regagnent leur ruche.
Leurs dernières missions : détecter la tuberculose bovine.
D’après le site d’Inscentinel.
NDLR : Microplitis croceipes, Hyménoptère Braconidé, a été embauché
expérimentalement pour la même mission : re(lire) l’Épingle « Ce Microgastriné est un grand nez ! » de
2005.
Le 2 février 2011
À noter :
Le Secret de la Cigale. Un dialogue musicale improbable entre Contrebasse & Bestioles. Avec Emmanuel Fleitz et Jean Poinsignon. Les 10 et 11 février 2011 à l'Espace Beaujon. procuction Man'ok.À lire sur Internet :
Plantes
contre abeilles, par J.I. Sciences
et Avenir.fr, 1er
février 2011.
" Beaucoup de plantes
produisent des substances chimiques toxiques pour
se protéger contre les herbivores, des chercheurs suisses apportent
aujourd’hui la preuve expérimentale que les plantes à fleurs peuvent
également utiliser des défenses chimiques pour protéger leur pollen des
abeilles. "
[Osmie rousse et O. cornue : Osmia bicornis et O. cornuta,
Hym. Mégachiilidés]
Université de Lausanne : le génome
de la fourmi de feu séquencé. Le
Matin, 1er février 2011.
[Solenopsis
invicta (Hym. Formicidé) / par Laurent Keller et coll. à
l’Université de Lausanne et par le SIB, l’Institut suisse de
bioinformatique.
Couleurs structurelles sur ailes
transparentes, par Maurice
Mashaal. Pour
la Science, 25 janvier 2011.
"
Les ailes transparentes de petites guêpes et moucherons font apparaître
des couleurs dues à des interférences lumineuses. Ces couleurs
constituent un critère supplémentaire pour identifier des insectes. "
Les OGM ne perturberaient pas les
insectes, par Claire Peltier, Futura-Sciences.
26 janvier 2011.
"
Les plantes OGM ne seraient pas néfastes pour les communautés
d’insectes (non ciblées par le transgène) qui vivent dans ces champs,
au moins en ce qui concerne le blé. Des résultats qui ont de quoi
rassurer, en partie, les écologistes, mais qui méritent certainement
d'être confirmés. "
Le 24 janvier 2011
À lire sur Internet :
La quiche aux vers, une alternative à la viande. Le Monde, 20 janvier 2011.
Le Frelon asiatique. Dossier d'Insectes.
718 Signal rouge
C’est
un message aux oiseaux : ces larves – que j’ai visiblement colorées en
rouge - sont à éviter. Car j’y suis entré par l’anus ou la
bouche, m’y suis installé pour les boulotter de l’intérieur.
Précisément, j’y ai introduit une bactérie qui les liquéfie
pratiquement. Être becqueté serait un inconvénient grave. Pour moi, le
nématode Heterorhabditis bacteriophora, entomophage patenté,
spécialiste des insectes du sol, seul parasite connu à faire rougir son
hôte.
L’interprétation
du signal est le fruit de 12 ans d’observations et d’expérimentations
menées par Andy Fenton et son équipe à l’université de Liverpool
(Royaume-Uni). Avec Galleria melonella (Lép. Pyralidé), la
Fausse-Teigne de la cire, et Erithacus rubecula
(Turdidé), le Rouge-Gorge familier. Ce dernier ne consomme pas la
chenille du premier si elle est rouge, la teinte qu’il prend
progressivement s’il est parasité par H. bacteriphora. Il lui
préférera même une vieille chenille morte.
Le signal de la couleur est très vraisemblablement associé, chez les
chenilles infectées, à une odeur et à un goût désagréables.
D’après « Parasite turns host caterpillars
red to warn predators », par Emma Brennand, BBC News, lu le 21
janvier 2010 à //news.bbc.co.uk/
717 Doubler
la biodiversité
L’exploit
est à mettre au comte de la recherche. La recherche de fourmis dans
tous les endroits possibles, par tous les moyens possibles, en
mobilisant tout le monde. Chargé d’actualiser l’inventaire des fourmis
dans les dunes de l’Alberta (Canada) près d’Edmonton – qui datait des
années 1960 -, James Glasier, mémorisant de 25 ans, a commencé
par refaire la clé de détermination. Ceci à partir des 20 000
individus récoltés le premier été.
Résultat : l’Alberta comptait 40 espèces de fourmis, il en possède
désormais 89.
D’après « Alberta researcher makes
surprising discovery about ant species », par Hanneke Brooymans, Edmonton
Journal, lu le 21 janvier 2011 à www.vancouversun.com/
716 Alerte
rouge
On est en manque d’E120. Ce colorant rouge, en français le carmin, est
le produit de l’élevage de la cochenille Dactylopius coccus
(Hém. Dactylopiidé) sur cactus nopal. Le Pérou est le principal
fournisseur et le secteur de la pâtisserie-confiserie un utilisateur
important.
La pénurie a été déclenchée par l’abandon partiel d’un
rouge concurrent (E124, de la famille des colorants azoïques) suspecté
de provoquer l’hyperactivité chez les enfants. Elle a été aggravée par
l’abandon de l’élevage de la cochenille par certains producteurs,
l’augmentation du prix des cochenilles mères en début de saison, le
mauvais temps, la mauvaise gestion des stocks. Les prix ont flambé et
on
s’est remis à planter et à infester des cactus – qui seront pleinement
productifs dans 3 ans.
D’après « Pénurie de cochenilles pour le
rouge carmin », lu le 18 janvier 2011 à www.boulangerie-patisserie.net/
À (re)lire « Les cochenilles II»
par Imre Foldi. Insectes n° 130 (2003) et l’Épingle de 2009 «
Étiquetage
des cochenilles
»
NDLR : d’aucuns
réclament un affichage plus explicite sur les étiquettes : le carmin
serait incompatible avec les régimes végétariens ou dégoûterait les
entomophobes.
Le 17 janvier 2011
À noter :
Stéphane
Hette
: Les ailes du désir. Exposition
de photos, du 4 au 31 janvier à la
médiathèque George-Sand,
Palaiseau (Essonne).
« Ce que nous cache le carbonifère » Portraits d’insectes et autres arthropodes, du 8 au 26 janvier 2011, à La Bolée Parmentier, 52 av. de la République 75011 Paris. Information au : 06 68 57 32 92.
À lire sur Internet :
En images
: le secret des ailes
irisées des insectes enfin percé ! Par Claire
Peltier, Futura-Sciences,
9 janvier 2011
"
Les jolies couleurs irisées parfois visibles sur les ailes
transparentes des insectes ne seraient pas aléatoires, mais définies
par l’espèce et le sexe de l’animal. Cette découverte devrait permettre
de revoir la classification des insectes par les entomologistes. "
Quand froide veut dire chaude.
Radio
Canada, 6 janvier 2011.
Le comportement sexuel des papillons de Bicyclus anynana (Lép. Nymphalidé) est modifié par les
températures éprouvées durant leur développement.
715 De l’usage de
l’endoscope en entomologie
Une
dame de 52 ans, précédemment sujette à un cafard persistant, se voit
prescrire par son médecin un examen de dépistage du cancer colorectal.
On lui nettoye l’intestin avec 4 l d’éthylène glycol la veille, selon
le protocole habituel. La caméra explore : aucune pathologie n’est
décelée mais, au niveau du colon transverse, apparaît un insecte (photo
in situ).
Celui-ci, proprement aspiré, est dirigé vers le labo. C’est une larve
âgée de Blatte germanique, Blatella germanica (Dyct.
Blatellidé). Le signalement est aussitôt publié dans le n° 42 d’Endoscopy
(septembre 2010).
Le dame avait des cafards à la maison et avait dû en avaler un par
inadvertance en mangeant.
D’après « Cockroach found in colonoscopy:
not for the squeamish », lu le 6 janvier 2011 à www.examiner.com/
714 Se nourrir
d’insectes
Les entomophages suivants sont innovants,
intelligents et
désinsectisants :
Une
lampe de chevet qui attire les moustiques, les précipite dans une pile
à combustible organique, les convertit en électricité qui alimente la
lampe. « Intelligente », celle-ci s’éteint quand le dormeur a trouvé le
sommeil et se réveille dès qu’elle a faim, émettant uniquement dans
l’ultra-violet.
Plus apte à fonctionner uniquement à partir de
l’entomomasse qu’il ingère, un engin muni d’une courroie emmiellée. Les
gros floricoles sont intéressés, s’engluent, une brosse les décolle et
les voilà dans un réacteur à se faire transformer en électrons
alimentant le moteur de la courroie.
Encore au stade de concept,
le voleur de mouches attire dans un premier temps une araignée.
Celle-ci tisse sa toile-piège qui capture une mouche. Un bras robotisé
piloté par une caméra, se détend et la récolte à la barbe de
l’araignée. Destination la production d’entomocarburant pour la mouche
et l’exil pour l’araignée au ventre vide. Sauf que le robot allume
alors une lampe UV qui bouste le rendement de la toile. Vite repue,
l’araignée applaudit de ses 8 pattes MM. Auger et Loizeau, roboticiens
et designers à Dublin (Irlande).
D’après « Robots that devour on flies wow
IIT audience», par Ishan Srivastava, TNN, lu le 13 janvier 2011
à //timesofindia.indiatimes.com/
Le programme
Auger-Loizeau (en anglais, avec vidéos).
NDLR : fonctionnant
sur le même principe, un engin expérimental chasseur de limaces et un
prototype saccharophage ont été repérés en 1997 et en 2000 : voir
respectivement les Brèves du Courrier de l’environnement de l’INRA
(ancêtres des Épingles, du même auteur) : « Où l'on ne verra plus
repasser de limaces » à et « Consommateur » .
713 Copuler constipe
Entre
la Mouche du vinaigre et la femme enceinte, l’évolution a conservé un
mécanisme qui fait que l’une et l’autre sont constipées quand elles
sont en état de reproduction.
Chez la première, ceci se traduit
par des modifications du rythme d’émission et du degré de siccité des
crottes, faciles à observer. Irene Miguel-Aliaga, avec son équipe, a
identifié les neurones qui gouvernent l’appétit et l’absorption de
l’eau dans l’intestin. Puis elle a produit, par manipulations
génétiques, des drosos où tel ou tel neurone est actif ou non. Il
ressort de ces expérimentations que c’est le peptide sexuel apporté par
le mâle avec son sperme lors du coït qui, agissant sur un petit groupe
de neurones spécialisés, déclenche les modifications. L’absorption
accrue d’eau et de nutriments donne un avantage en cas de disette mais
a un coût si la nourriture est abondante : la longévité est réduite.
Chez
la seconde, ballonnements et constipation sont de même sous influence
hormonale. Ce sont les progestérone, ocytocine et œstrogènes qui jouent
ce rôle durant la gestation.
On attend de ces travaux sur un
matériel petit, docile, bon marché et comportant un nombre réduit de
neurones des avancées en médecine humaine dans le domaine des problèmes
d’appétit et de transit intestinal, en relation avec l’espérance de vie
et aussi avec l’obésité.
D’après «
Fruit fly droppings give insight into human gut problems ». Communiqué
de l’université de Cambridge, lu le 4 janvier 2011 à www.admin.cam.ac.uk/
À (re)lire : Droso, la mouche à tout,
rubrique "Un insecte à la page", Insectes n° 156 (2010-1).
Le 4 janvier 2011
À lire sur Internet :
Osmia : le numéro de 2010 est en ligne.
Etudier et piéger le
frelon
asiatique, par D. Thiery et N. Maher. INRA,
3 janvier 2011.
"
Face à la menace exercée par les frelons asiatiques sur les abeilles,
les chercheurs de l’unité Santé végétale du centre INRA de Bordeaux
étudient leur comportement de chasse et mettent au point les pièges
olfactifs et visuels les mieux adaptés pour combattre ce redoutable
insecte qui ne connaît pas de prédateur naturel en France. "
Les virus des abeilles
se
transmettent par le pollen. Par Claire Peltier, Futura-Sciences,
3 janvier 2011.
"
Les virus des abeilles pourraient être la cause de l'effondrement des
colonies d'abeilles et infecter au moins 11 autres espèces
d’hyménoptères, probablement par le biais de pollen infecté. "
Le moustique, animal le plus mortel pour
l'homme. Par
Constance Casey. Slate.
L'histoire de cet animal plutôt élégant mais à très mauvaise réputation.
Comment les abeilles évitent le nectar «toxique». Actualités Cordis, 22 décembre 2010.
À noter :
Pas
vu pas pris ? Supercheries dans le monde animal. Au Muséum d’histoire
naturelle du Havre, du 5 janvier au 19 juin 2011.
Photographies et terrariums présentant plus d’une vingtaine d’espèces
d’insectes douées pour le camouflage et la dissuasion.
D’après « Insects Learn to Choose the Right Mate », lu le 5 novembre 2010 à www.sciencedaily.com
NDLR 2 : un Ver de la capsule OGM est à l’étude : un gène ad hoc le rend phosphorescent. Il y a d’autres projets d’IGM : voir l’Épingle « Candidats… ».
709 La Guêpe à
cuillers
Le genre Synagris
(Hym. Euménidés) comporte une trentaine d’espèces dont plusieurs sont
des insectes très communs en Afrique subsaharienne – mais peu étudiés.
Ce sont de très grosses guêpes, bien visibles. Chez S. cornuta
et S. proserpina, le mâle a les mandibules transformées en
défenses. S. fulva
porte en plus une corne impaire médiane, sur le clypéus. Ces appendices
extraordinaires leur servent à se battre entre prétendants.
Synagris elephas
André, 1895 est une espèce aussi rare que curieuse. Le seul spécimen,
un mâle, est conservé au Muséum national d’histoire naturelle.
L’abdomen porte deux expansions très originales, en forme de cuiller,
dirigées vers l’arrière.
Devait-on le classer parmi les insectes entrevus puis disparus ?
Fin
novembre 2010, Rob Longair de l’université de Calgary (Canada) entame
une expédition entomologique au Libéria, « son terrain ». Il y poursuit
un programme d’étude des peuplements et de la biodiversité. Spécialiste
du genre Synagris, il en profite pour chercher cette guêpe
intrigante, dont il a reçu le spécimen unique en prêt. Il la trouve,
mâle à cuillers et femelle plus petite (comme chez beaucoup d’autres Synagris).
Il
n’a pas encore pu vérifier que les cuillerons sont des armes de duel
que déjà tous les journaux de l’Ouest du Canada racontent sa trouvaille…
D’après, entre autres, « Calgary
researcher hunts bizarre wasp », par Jamie Komarnicki, Postmedia News ;
Calgary Herald, 29 novembre 2010. Lu à www.leaderpost.com/
708 Travail
adapté pour
ouvrières usées
Chez la fourmi champignonniste
d’Amérique
Centrale Atta cephalotes
(Hym. Formicidé), les tâches sont réparties entre les soldats et les
ouvrières, dont il existe trois tailles. Les petites s’occupent de la
reine et décapent la cuticule des feuilles que récoltent les moyennes
et les grandes. Récolter, c’est découper un disque dans une feuille et
la rapporter au nid souterrain, où elle servira, empilée et farcie de
salive et de fèces, de terreau à champignon.
En y regardant de
plus près, ce que vient de faire une équipe de l’université de l’Oregon
(États-Unis), il y a les jeunes ouvrières fraîchement émergées, très
affûtées, et les vieilles coupeuses, usées et émoussées. Très
probablement pas au niveau de leur moral, mais – cela a été précisément
mesuré – à celui de la partie coupante de leurs mandibules. Il leur
faut alors multiplier par 2,5 la force à appliquer. Épuisant. Et
coûteux pour la colonie qui doit dépenser 44% de temps et d’énergie en
plus par rapport à une situation où tout le monde serait parfaitement
aiguisé.
En fait, les ouvrières aux mandibules les plus émoussées se consacrent
essentiellement au transport des disques de feuille.
Parmi
les mécanismes qui régissent l’eusocialité chez ces fourmis, cette
réaffectation vers une tâche sans lien avec le handicap permet de «
profiter » plus longtemps d’un individu. On doit s’interroger – et
expérimenter - sur le rôle de l’usure (sa prise en compte, son
évitement) dans l’évolution des fourmis et d’autres insectes.
D’après, entre autres, « Ameisen stumpfen
ab », lu le 23 décembre 2010 à www.scienceticker.info/
PS
: au bout de 30 jours, l’ouvrière, globalement usée, est rayée des
cadres et est admise comme consommable dans le réseau trophique local.