Vers la page d'accueil d'OPIE-Insectes
En
épingle
L'insecte ou l'événement entomologique du jour, celui qui
défraye la chronique et qui alimente les conversations en ville et
dans les insectariums, sera épinglé sur cette page abricot,
qui s'enrichira au fur et à mesure des événements
entomologiques.
En 2003 : Haletant !,
Opportunistoptères,
Entomoterrorisme, Papillonnite,
OGM - la soie !, Jeunes talents,
Fourmis en orbite, État de
siège, Évasions et mauvais traitements,
L'escargot qui en bave pour une fourmi,
Divisions, L'envahisseur américain
est sous contrôle, Lancer de crottes,
Regarder voler les
mouches, Apiculture avec plus de piquant,
Droso décryptée,
Travailleuses clandestines, Pupe
témoin, Désinsectisation,
Mondialisation, Patinage
entomologique, Dernier
souffle, Imposture, Sombre
résistance, Travail de nuit,
Mouchetures, Un parfum de scandale,
Généalogie guerrière,
Régime maigre, Mâle
bouffe, Folles, les guêpes,
À la cantonaise, Il rame,
Piégés sexuellement en Écosse,
Vive les sauvages indigènes
!, Soyeusement étudié,
Hélico contre coléo,
Serrade, Fleur bleue,
Comptes de campagne, Ils décodent
toujours..., Mouches d'Espagne, Ailes
d'antan, Tête de mouche, Fin
de règne ?, Terre d'Asile,
Elles les préfèrent disgraciés.
5 décembre 2003
À lire dans la presse :
Quels rôles pour les insectes ? par Laetitia Toanen. Cosinus n°45, décembre 2003, pp. 22-27.
1er décembre 2003
À lire dans la presse :
La mante religieuse, Eros et Thanatos, par Catherine Vincent, Le Monde du 2 décembre 2003.
Éthologie : des abeilles pour lutter contre le terrorisme, par Hervé Ratel, Science et Avenir, décembre 2003.
Elles les préfèrent disgraciés
Elles sont les femelles d'Erebomyia exalloptera. Les mâles de
ce Diptère Dolichopodidé ont la particularité d'être
dissymétriques : leur aile droite a une encoche et est plus petite
(d'environ 6% en superficie) que la gauche. Ce qui ne les empêche pas
de voler droit et de parader avec virtuosité. Comment ceci a-t-il
pu advenir au cours de l'évolution ? Justin Runion, le découvreur,
thésard à l'université d'État de Pennsylvanie,
avance que les femelles ont pu préférer les mâles bancals
de l'aile, visiblement capables de surmonter leur handicap, donc plus forts
(en termes de bénéfice attendu pour leur progéniture)
que le vulgum symetricus.
Comment les femelles, aux performances visuelles très faibles,
perçoivent-elles ces prétendants particuliers ? Sans doute
aux sons différents des battements de l'aile gauche et de l'aile
droite.
D'autres espèces ont leurs mâles pourvus de handicaps très
visibles : une queue démesurée (oiseaux de paradis), des couleurs
à se faire repérer par les prédateurs (guppies), etc.
D'après " Disability benefit ", par Betsy Mason, Nature
Scienceupdate, lu le 19 novembre 2003 à ww.nature.com/nsu/
Image à
www.wissenschaft-online.de/artikel/693240&template=bild_popup&_bild=1
À la grande joie des gestionnaires de réserves naturelles,
une forte population d'Asile frelon, Asilus craboniformis (Diptère
Asilidé) prospère dans une prairie du Monmouthshire.
L'espèce, spectaculaire - on dirait un frelon (sans dard) -, est sur
la Liste rouge et sa disparition récente était rapportée
à l'usage de vermicides du bétail. L'insecte, en effet, se
nourrit de Coléoptères coprophages eux-mêmes victimes
des insecticides à usage vétérinaire. Sa résurrection
serait le résultat des bonnes pratiques de pâturage adoptées
sur ces herbages.
D'après " Rare fly found in meadow ", BBC News, lu le 20 novembre
2003 à news.bbc.co.uk
Le climat perturbé que nous vaudra le réchauffement
planétaire annoncé sera-t-il fatal au célèbre
Monarque (Danaus plexippus) ? Des pluies accrues sont annoncées
qui pourraient rendre impropres à sa survie hivernale les forêts
mexicaines - un biotope tout à fait particulier - à quelque
100 km à l'Ouest de Mexico à 2 000 m d'altitude où il
stationne au terme de sa longue migration descendante, parie des grandes
plaines des États-Unis et du Canada. Pour Karen Oberhauser, de
l'université du Minnesota (États-Unis), ceci arrivera dans
une cinquantaine d'années.
Et d'ici là ? L'État prend des mesures et la police agit :
une superficie de 16 000 ha - portée à 56 000 ha cette année
- a été mise en réserve pour le maintien des ressources
indispensables au Monarque, troncs de conifères pour s'accrocher et
fleurs diverses pour butiner. Et on prévoit de replanter 2 000 ha
par an. Par ailleurs, 27 scieries se sont retrouvées fermées,
300 camions en fourrière et 28 " exploitants forestiers " en prison.
Mais pourtant, les bûcherons clandestins grignotent la forêt,
au rythme de 300 ha par an, au moins. La survie du Monarque - dont on ne
connaît toujours pas le mécanisme de la migration - est devenue
(enfin) cause nationale.
À suivre.
D'après, notamment, Julianna Kettlewell, " Butterflies face
climate threat ", BBC News, lu le 12 novembre 2003 à news.bbc.co.uk
et " La police mexicaine au secours des papillons migrateurs Monarques ",
dépêche AFP du 20 novembre 2003.
Le Monarque a été épinglé la première
fois le 21 mai 1999, inaugurant la
rubrique.
Une mouche à viande, Neobellieria bullata ( Diptère
Sarcophagidé) est dans le collimateur de l'armée de l'air
états-unienne. En effet, en dépit d'une vitesse de vol
élevée (de 2 m/s - ce qui correspond à 360 m/s pour
l'homme) et de mouvements aériens variés, le mâle garde
constamment la tête tournée vers sa future partenaire. C'est
ce qu'une équipe dirigée par Cole Gilbert (de l'université
Cornell à Ithaca) a démontré par des prises de vues
avec une caméra ultra-rapide. Les performances du Diptère suscitent
l'intérêt des militaires volants (pilotage des avions de chasse)
comme des militaires rampants (commande des tourelles de char).
À part ça, l'asticot de ladite mouche a, lui aussi ,vu ses
déplacements analysés, pour le profit... de la police. Les
spécialistes d'entomologie légale ont bien noté qu'il
perçoit la présence d'un bout de foie (de bœuf) à
33 cm et y parvient en 90 mn (sans les pattes, évidemment).
D'après, entre autres, " Fleischfliegen stehen Kampfjets Modell
" lu sur Spiegel online le 12 novembre 2003, à www.spiegel.de
19 novembre 2003
À lire dans la presse :
De nombreux articles commentant la mise au point de la Liste rouge. On pourra lire directement le communiqué de presse de l'UICN présentant l'édition 2003 de cet annuaire des espèces menacées
Le comportement collectif des insectes, par G. Théraulaz, J. Gautrais, S. Blanco, R. Fournier et J.-L. Deneubourg dans Pour la science, n°314, décembre 2003 (numéro consacré à la complexité).
29 octobre 2003
Ancient
wings est le nom d'un programme informatique, " jouable " (très
simplement) via Internet, qui montre l'évolution des ornements (ocelles)
sur la face ventrale de l'aile postérieure des Bicyclus spp.
(Lépidoptères Satyridés) depuis un ancêtre commun
- reconstitué - jusqu'aux 54 espèces actuelles. Antónia
Monteiro (université de Buffalo, New-York, États-Unis) avait
préalablement, par des techniques de biologie moléculaire,
tracé l'arbre phyllogénétique de ce groupe de papillons
africains.
Cette "animation
Flash" pourrait inspirer la représentation didactique d'autres
évolutions.
Article source : Arbesman S., Enthoven L., Monteiro A., 2003. Ancient
Wings : animating the evolution of butterfly wing patterns ?
Biosystems, 71 (3), 289-295.
Dessin : paramètres des ornements pris en compte dans
l'étude.
22 octobre 2003
Dans le vol 7S de Soyouz TMA-3, parti le 18 octobre 2003 pour une mission
en orbite de 8 jours, ont pris place, entre autres, Pedro Duque, astronaute
espagnol de l'Agence spatiale européenne, et Drosophila
melanogaster, Mouche du vinaigre, de l'empire des insectes. Le premier
surveille la seconde - en fait, plusieurs populations de 3 souches dudit
Diptère : la première est longévive, la deuxième
brévivive, la troisième manifeste une forte réponse
à la gravité (sur terre). L'expérience, nommée
AGEING, est destinée à mieux connaître les mécanismes
du vieillissement. On sait, d'après des expériences
précédentes, qu'une activité accrue en apesanteur fait
vieillir, surtout si on est un jeune mâle (de Drosophile).
D'après la présentation des programmes de biologie de
la mission Cervantes exposée sur le site de l'ESA, à
www.esa.int
C'est le tour du Petit Ver de la farine, Tribolium castaneum (Col.
Ténébrionidé), de s'être fait entièrement
décoder le génome, aux États-Unis, succédant
à la Drosophile. Les chercheurs ont choisi cette "bête de labo"
comme sujet de leur manip et monté, à l'université du
Kansas, le projet "Red Flour Beetle Genome", dans le but de travailler plus
efficacement sur lui dans les domaines variés : de la morphogenèse
à la destruction des nuisibles en passant par la synthèse de
molécules d'intérêt (pharmaceutique).
D'après "Beetle enters genome spotlight", BBC News, lu le 22
octobre 2003 à www.bbc.co.uk
La fiche du Tribolion rouge.
Image : in Alex Delobel et Maurice Tran, 1993, Les
Coléoptères des denrées alimentaires entreposées
dans les régions chaudes. ORSTOM Éditions, 424 p.
Une évaluation " au champ " de cultivars de betterave, de colza et
de maïs génétiquement modifiés (GM) pour tolérer
des herbicides, conduite au Royaume-Uni, vient de livrer ses résultats.
L'essai a porté sur 60 champs, chacune étant divisé
en deux : une moitié est semée avec une variété
" classique " et désherbée " normalement " (comme le fait le
cultivateur localement), l'autre moitié porte un cultivar GM
tolérant au glufosinate ammonium (maïs et colza), désherbant
à large spectre d'action, ou au glyphosate (betterave).
Dans cette vaste expérience, les insectes - pas directement visés
mais forcément touchés par les modifications induites du peuplement
d'adventices - ont servi à estimer les éventuelles modifications
imprimées à la biodiversité par ces " traitements ".
La plupart des insectes de la surface du sol ont été affectés
par les PGM : augmentation des captures sous maïs, réduction
sous betterave et colza - avec, notamment, le cas d'un Coléoptère
Carabidé séminivore - assez omnivore - (Amara spp.).
La plupart des taxons vivant sur les mauvaises herbes ou sur la "litière"
sont peu touchés ; toutefois on a relevé moins de papillons
(Lépidoptères) dans les parcelles de colza GM et moins d'Apoidea
(Hyménoptères), de papillons et de punaises (Hémiptères
Hétéroptères) autour des betteraves GM. Un groupe a
profité des cultivars GM, les Collemboles (Hexapodes) certainement
à cause de l'application plus tardive des herbicides : ils ont
bénéficié de mauvaises herbes plus grandes plus longtemps.
Et au bord des parcelles ? Les plantes spontanées couvrent moins le
sol, fleurissent moins (jusqu'à 24% de papillons en moins) et font
moins de graines autour des parcelles de colza et de betterave GM. Mais c'est
l'inverse pour le maïs.
Pour l'ensemble de la faune des invertébrés, classée
selon le régime alimentaire des différents composants, l'effet
des plantes GM est faible mais notable : négatif dans le cas de la
betterave et du colza, positif dans celui du maïs.
La destruction des adventices, plus ou moins complète et rapide, l'offre
variée des plantes mortes aux détritivores expliquent les
diminutions des phytophages et de leurs ennemis et les augmentations des
détritiphages constatées.
Au-delà des titres péremptoires et orientés que cette
grande expérience a inspirés à pas mal d'organes de
presse, du genre " Les OGM décidément peu fréquentables
", ces résultats confirment que l'impact des variantes des pratiques
culturales sur les peuplements d'invertébrés sont importants
(jusqu'à 50% de variation). Que la destruction des mauvaises herbes
influe sur tous les animaux qui en vivent ou s'y abritent est une évidence.
Cette grande campagen d'expérimentations a montré, en tous
cas, que les effets des nouveaux cultivars sont à évaluer au
cas par cas, dans les contextes agronomiques localisés et
précisés.
D'après le communiqué de presse de la Royale Society
" Farm Scale Evaluation published to day ", lu le 21 octobre 2003 à
www.pubs.royalsoc.ac.uk/phil_bio/news/fse_press.html
- où l'on trouve les comptes redus in extenso à
/news/fse_toc.html
10 octobre 2003
À lire dans la presse :
Paludisme : une synergie insecticide efficace contre les anophèles résistants. Fiche scientifique IRD, par Marie Guillaume.
Le génome d'une bactérie dotée de puissants effets insecticides a été séquencé. Par Stéphane Foucart. Le Monde du 10 octobre 2003. En ligne.
2 octobre 2002
À l'instar de nous-mêmes, le Bourdon (Bombus terrestris,
Hyménoptère Apidé) en quête de nourriture (le
nectar des fleurs, dans leur cas) privilégie soit la vitesse soit
la précision. C'est ce que viennent de montrer Lars Chihka et ses
collaborateurs à l'aide d'un nid artificiel, d'une cage de vol, d'un
écran et d'un projecteur de fleurs virtuelles piloté par
ordinateur. Pour le bourdon-cobaye, il s'agit d'apprendre à aller
se poser sur le bon disque, coloré en bleu, où il reçoit
en guise de récompense un peu d'eau sucrée. Sur les autres
" fleurs ", l'eau est pure ou - dans une seconde série d'essais -
additionnée de quinine - une vraie punition. Les expérimentateurs
comptent les atterrissages et chronomètrent les vols.
Certains individus vont vite et font beaucoup de fautes, d'autres prennent
leur temps et réussissent très souvent, l'application d'une
punition renforçant le choix de cette dernière option.
Les chercheurs ont, en outre, montré que les bourdons distinguent
beaucoup de nuances de bleu - comme nous. Avec leurs facultés visuelles
et leurs capacités d'apprentissage, ces Apidés sont des
récolteurs (et, donc, des pollinisateurs) très efficaces qui
peuvent nous en apprendre beaucoup sur la façon de concevoir des
systèmes de vision artificielle, pour les robots.
Article source : Chihka L., Dyer A. G., Bock F., Dornhaus A., 2003
Bees trade off foraging speed for accuracy. Nature, 24, 388.
Illustration à
www.sciencenow.org.au/fresh/dyer.htm
En serrant entre deux lames, pendant quelques minutes, un embryon de
Drosophila melanogaster (Diptère Drosophilidé) au moyen
d'un dispositif piézo-électrique, on obtient l'équivalent
d'un mutant sans avoir modifié son génome. En effet, suite
à cette pression, le gène de développement TWIST - qui
code pour transformer les cellules embryonnaires indifférenciées
en cellules " ventrales " - s'exprime dans tout l'organisme : la droso est,
en quelque sorte, ventralisée.
TWIST a une autre fonction dans la morphogénèse : son expression
provoque des invaginations. Invaginations qu'on peut provoquer en appuyant
sur l'embryon avec une pipette… et qui, à leur tour, appuient
sur les cellules environnantes… Ainsi se formerait le stomodeum à
partir de mouvements de la bandelette embryonnaire.
Ce mécanisme nouveau pour la science joue-t-il un rôle important
dans le développement ? On ne sait pas. Ces manips étonnantes,
dues à Emmanuel Farge (institut Curie, Paris) n'ont pas été
reproduites chez d'autres espèces que la Drosophile.
D'après Stéphane Foucart : " L'embryon de la Mouche
drosophile peut être " reprogrammé " par des pressions
mécaniques ". Le Monde du 12 septembre 2003.
Article source : Farge E., 2003.Mechanical Induction of Twist in the Drosophila
Foregut/Stomodeal Primordium. Current Biology, 13, 1365-1377.
La Chrysomèle des racines du maïs (voir l'Épingle
Envahisseur, envahisseuse) a pris patte en
Alsace : dans les premiers jours d'août 2003, en effet, 9 adultes sont
capturés par des pièges ad hoc.
En vertu de l'arrêté préfectoral d'éradication
du 11 août, les traitements insecticides, appliqués par
hélicoptère, commencent 2 jours après. 6 700 ha sont
ainsi traités à la deltaméthrine (pyréthrinoïde
de synthèse). Au printemps 2004, des applications contre les larves
endogées sont prévues…
Dès la fin août, les associations de protection de la nature
manifestent contre ces épandages. Ceux-ci ne sont pas très
précis, la matière active a un large spectre d'action, des
traitements répétés provoqueront l'apparition de
résistances, il est vrai. Mais que faire ? Supprimer le maïs
pendant 1 ou 2 ans ou définitivement ? Mais Diabrotica virgifera
a, selon les souches (et on ignore laquelle est présente), de
l'appétit pour bien d'autres cultures. Planter du maïs
résistant ? La variété, encore au stade expérimental,
est obtenue par transgenèse, alors… Piéger ? Mais ce ne
sera pas suffisant, la technique permet seulement la surveillance des effectifs.
Trouver un auxiliaire entomophage ? Une tachinaire d'Amérique du Sud
est " en examen ". Espérer que cet envahisseur ne se maintiendra pas
ou restera à des effectifs incapables de provoquer des dégâts
sensibles ? Le scénario d'une " disparition " est probable.
L'envahisseur est, en tous ca,s au centre d'une concertation qui s'organise
entre maïsiculteurs, phytiatres et défenseurs de
l'environnement.
D'après un communiqué de France Nature Environnement,
réseau Agriculture
(lionel.vilain@fne.asso.fr)
reçu le 18 septembre 2003
La soie, produit naturel, a été découvert en tant que
fibre textile par, dit-on, Hoang-Ti, empereur dans la tasse de thé
brûlant duquel un cocon était tombé… Les Européens
se sont longtemps demandé comment se fabrique la soie, ce fil aux
propriétés inégalées.
Une première réponse nous est parvenue de Chine, en contrebande,
à la Renaissance : prendre de la graine, planter des mûriers,
nourrir les chenilles, ébouillanter les nymphes, dévider les
cocons. Plus tard, on nommera l'insecte Bombyx mori, puis on le rangera
dans les Bombycidés parmi les Lépidoptères. Mais
l'élevage est délicat, des maladies anéantissent les
magnans. D'où l'idée, venue en 1865 au comte Hilaire de Chardonnet
de fabriquer de la soie artificielle, à partir de cellulose comme
semble le faire le Ver à soie. En juin 1883, il étire le premier
fil de collodion (nitrocellulose). Mais cette " rayonne viscose " n'est qu'un
ersatz bien imparfait.
Tout récemment, des chercheurs anglais affirment avoir trouvé
le secret et ouvert la voie à la fabrication d'une soie solide (avec
laquelle on pourrait tisser des prothèses de ligaments, par exemple).
Dans ses glandes séricigènes, la chenille de B. mori dose
en continu et avec précision l'apport d'eau lors de la synthèse
de la protéine. C'est tout. Il reste à reproduire ceci dans
une machine…
D'après, entre autres, "Scientists may have solved the secret
of silk", Yahoo! News, lu le 28 août 2003 à
news.yahoo.com
30 septembre 2003
À lire dans la presse :
Sur Liberation.fr : Ethologie. Vingt-cinq gènes détermineraient le rôle social de ces insectes. La vie tracée des termites. Par Aline Periault.
17-19 septembre 2003
À lire dans la presse :
Pour un grand Muséum de France, par Christian Perrein (président de l'Atlas entomologique régional - Nantes), Le Monde, 19 septembre 2003.
Les fourmis des bois ou fourmis rousses, par Bruno Corbara, Le Courrier de la nature, 208, septembre-octobre 2003.
Le réchauffement climatique pousse les insectes vers le nord, par Pierre Le Hir, Le Monde, 17 septembre 2003.
11 septembre 2003
À lire dans la presse :
L'embryon de la mouche drosophile peut être "reprogrammé" par des pressions mécaniques, par Stéphane Foucart, Le Monde, 11 sept. 2003.
Quand la noctuelle a chaud, c'est la faim des haricots, Par Sylvie Briet, Libération, 6 sept. 2003
28 août 2003
En Californie, les agriculteurs font appel aux apiculteurs dont le cheptel,
une fois les ruches installées au bord de leurs champs de tournesol
ou de pois, assure l'indispensable pollinisation.
Mais l'abeille domestique (Apis mellifera, Hyménoptère
Apidé), importée jadis d'Europe, se fait rare. En 50 ans, en
effet, le nombre de colonies a diminué des deux tiers, les apiculteurs
étant découragés, entre autre, par les acariens parasites
et le bas prix du miel chinois concurrent. Or le pays est riche de quelque
1 500 espèces autochtones d'Apoidea sauvages, capables de polliniser
les cultures entomogames.
À condition que les agriculteurs cessent de faire la chasse à
la moindre mauvaise herbe, détruisant ainsi très
régulièrement une bonne partie de l'habitat de ces auxiliaires.
Pour les producteurs de bio, l'objectif est de faire de l'insecte pollinisateur
tout autant que des fruits ou des légumes, en ménageant des
zones propices : rangs intercalaires, haies, bordures,
réserves…
D'après Robin White : " New farming buzz : wild bees ", the
Christian Science Monitor, lu le 28 août 2003 à
www.csmonitor.com
12 août 2003
Le Nord des Îles britanniques est connu des touristes par son accueil
piquant, dû à des nuées de moucherons agressifs. Ces
hôtes sont des Diptères Cératopogonidés du genre
Culicoides (comme nos arabis, voir l'Épingle
"Langue bleue" .
Ces Nématocères pondent leurs œufs au sol ; les larves
vermiformes vivent dans les endroits humides et riches en matière
organique, se nourrissant de débris divers, de bactéries, de
protozoaires et… de leurs congénères. La nymphe, à
la surface du milieu larvaire, est très peu active. Les adultes (1
à 3 mm de long) sont actifs au crépuscule et durant la nuit,
les mâles volant au sommet des arbres - ils se nourrissent de jus
sucrés - et les femelles au niveau des animaux - elles sont
hématophages dans la plupart des espèces. On les soupçonne
de pouvoir transmettre une cinquantaine de virus.
Chez C. nubeculosus, espèce halophile (présente en France),
la femelle vierge émet, juste après son premier repas de sang,
une phéromone de rapprochement des sexes qui permet l'accouplement
- et donc la reproduction de cette peste. Bill et Jenny Mordue, de
l'Université d'Aberdeen viennent de parvenir à identifier ce
médiateur chimique - c'est le n-heptadécane, dont on fera un
appât mortel dans des pièges adaptés.
Mais, neuf fois sur dix, le touriste est piqué par une autre espèce,
C. impunctatus, dépourvue de phéromone sexuelle, mais chez
qui la femelle prévient ses congénères, par message
chimique volatil, qu'elle a trouvé un mammifère à
ponctionner. L'identification de cette phéromone d'un autre type
(phéromone de recrutement) constitue le nouveau sujet de recherche
de l'équipe d'entomologistes écossais.
D'après Sex-Falle für fliegende Blutsauger, Spiegel Online,
lu le 12 août à www.spiegel.de
On le nomme Patineur d'eau, Ciseau, Tic-tic et, plus savamment, Gerris
(Hémiptère Gerridé). C'est une punaise aquatique
qui se déplace à la surface des eaux calmes, vite et avec
élégance, sur 4 de ses 6 pattes, disposées en croix.
Ceci pour trouver sa pitance, des petits insectes tombés dans l'eau,
qu'il saisit de ses deux pattes avant. Il sait également voler et
c'est ainsi qu'il vient coloniser l'étang, le premier, bien avant
les autres insectes.
Mais comment fait-il pour ne pas couler ? Le périmètre de
l'interface entre l'extrémité de ses longues pattes munies
de soies et l'eau est assez long pour que la tension superficielle supporte
le poids - relativement faible - de l'animal. En vertu des lois de la tension
superficielle, et selon un calcul assez simple, un Gerris de plus
de 25 cm de long ne pourrait pas tenir sur l'eau.
Et pour avancer ? Une première explication est qu'il prendrait appui
sur les vaguelettes " capillaires " qu'il créerait en bougeant les
pattes. Ça " marche ", à condition de bouger vite, à
plus de 25 cm/s, ce dont les larves - qui pourtant se meuvent agilement -
sont incapables. Ce " paradoxe de Denny " vient d'être résolu
par John Bush et ses collègues, au moyen d'eau colorée filmée
à grande vitesse. Le Patineur d'eau, en fait, s'appuie sur des petits
tourbillons (ou vortex) d'eau en forme de U qu'il crée en remuant
les tarses, qu'il enfonce donc sous l'eau. Un peu à la manière
de la rame du canoteur. Un nouveau calcul d'hydrodynamisme confirme que ces
vortex sont assez " solides " pour servir d'appui à la patte rameuse.
En guise d'épreuve supplémentaire à leur hypothèse,
nos hydro-entomo-locomotriciens ont construit une punaise d'eau artificielle,
baptisée " Robostrider ", légère et animée
électriquement. Elle ne s'enfonce pas et avance - d'une demi longueur
de corps à chaque " enjambée " -, engendrant, comme son
modèle, à la fois des vagues capillaires et des vortex, ces
derniers étant les principaux agents de sa marche en avant. Laquelle
toutefois n'est pas aussi élégante.
Articles sources :
Michael Dickinson, 2003. Animal locomotion : How to walk on water,
Nature, 424, 621-622.
Hu D.L., Chan B., Bush J.W., 2003. The hydrodynamics of water strider locomotion.
Nature, 424, 663-666.
Dessin Claire Brenot d'après M. Dickinson.
Servis grillés, ils croquent un peu sous la dent et rappellent vaguement
la chair de crocodile, avec un arrière-goût tenace de vase qui
empêche d'en saisir toute la délicatesse. On les achète
vivants sur le marché où ils attendent l'amateur dans des bacs
en plastique, au voisinage de diverses tortues. Hydrophilus sp. est
meilleur (et moins cher) que Cybister sp., plus coriace, plus fade
et à l'abdomen moins garni de réserves graisseuses. Comptez
environ 50 yuans (7 à 8 €) l'assiette de 50.
Le premier, Coléoptère Hydrophilidé, est détritivore
aquatique ; le second, tout autant coléo, mais Dytiscidé, est
prédateur, plongeant pour attraper ses proies (comme le Dytique de
nos mares). Devenues rares à l'état sauvage, par suite de la
disparition de leurs habitats naturels, ces espèces sont
élevées dans des " fermes ".
Pas très bon, cher, sans vertu spéciale, ce mets pourrait bien
disparaître du menu des restaurants de la province de Canton. Et, avec
lui, le dernier cas avéré de consommation humaine de
Coléoptères aquatiques.
Article source : Jäch M.A., 2003. Fried Water Beetles Cantonese
Style. American Entomologist, 49 (1), 34-37.
Illustration : exemplaires séchés d'Hydrophiles
achetés à San Francisco, d'après College
Entomology, 1942. La légende précise que l'insecte abonde
en Chine.
Sous l'influence de phéromones volatiles dispersées dans l'air
par l'une d'entre elles, les guêpes (Vespa spp.,
Hyménoptères Vespidés) s'excitent et agressent l'intrus.
Ce comportement, bien adapté à leur défense, fait des
victimes. Ainsi, au Japon, on dénombre chaque année quelque
75 cas de décès de personnes attaquées par des hyménos
(une dizaine en France).
Une équipe de l'école d'agriculture et de l'université
de Tamagawa, à Machida (Japon), analysant le contenu des glandes à
venin de 3 individus de Vespa mandarinia (en japonais,
ohsuzumebati, une très grosse espèce), a repéré
3 substances actives (déclenchant l'agressivité des
congénères) : le 2-pentanol, le 3-methyl - 1- butanol et le
1 - methylbutyl 3 - methylbutanoate.
Elle a aussi repéré ces molécules dans nombre de produits
alimentaires et cosmétiques, où on les introduit comme agents
de consistance ou exhausteurs de goût. Et recommande de cribler les
additifs dans le but de repérer ceux qui pourraient déclencher
l'agression du consommateur par une nuée de guêpes en fureur.
Article source : Ono M., Terabe H., Hori H. et Sasaki M., 2003. Insect
signalling : Components of giant hornet alarm pheromone. Nature, 424,
637-638.
Illustrations à
www.muenster.org/hornissenschutz/manda.htm
PS (pas sans rapport avec la canicule) : V. mandarinia japonica
vit en prédateur d'autres guêpes et d'abeilles. L'abeille
domestique indigène, Apis cerana japonica, a une riposte.
Un demi-millier d'entre elles s'agglutinent en boule dense autour de la
guêpe, qui meurt ... d'un coup de chaud. La température, dans
ce petit essaim, monte à 47°C, deux degrés de trop pour
la victime, un peu fragile thermiquement, et deux degrés en dessous
de la température létale pour l'abeille. PPS Notre abeille,
Apis mellifera, dont beaucoup travaillent au Japon, ne connaît
pas le truc.
À lire dans la presse :
Et la cigale dit à la puce : « Eh bien, sautez maintenant ! », par Hervé Morin, Le Monde, 1er août 2003
Les Anoplophora : un danger pour la pépinière et les espaces verts. Par Christian Cocquempot et Franck Hérard. PHM-Revue horticole, p. 28-33, n°449, juillet-août 2003.
L'été, saison des abeilles pour la presse "bio" ?
Dossier : Abeilles en danger ! Valériane, n°42,
juillet-août 2003
Dossier du mois : Le miel et les produits de la ruche.
Biocontact, n°127, juillet-août 2003
Savoirs et plantes : Les plantes mellifères. Savoirs de
terroirs, n°31, été 2003.
Les sommaires de ces numéros ainsi que toutes les coordonnées
de ces revues sont à www.biovert.com/kiosque/kiosque.htm
Des hélicoptères contre le coléoptère ravageur de maïs, par Jean-Yves Nau et Hervé Morin. Le Monde, 7 août 2003.
Durant l'accouplement, le mâle de la Punaise Zeus, Phoreticovelia
disparata (Hém. Véliidé), se tient sur le dos de
sa partenaire. Celle-ci est deux fois plus grosse que lui - ce qui est banal
- et lui offre à siroter un " lait " produit par deux glandes
situées derrière sa tête - un phénomène
tout à fait original, découvert par une équipe
australo-suédoise. Le transfert alimentaire a été
prouvé ainsi : les mâles ayant copulé avec des femelles
nourries de drosophiles radioactives se sont retrouvés radioactifs.
Dans les cas jusque là connus des entomologistes de repas accompagnant
le coït, c'est le mâle qui offre une proie (ou un leurre…)
à la femelle, voire qui risque de se faire consommer.
Cette punaise aquatique prédatrice, aux mœurs nocturnes, vit
en Australie.
Article source : Arnqvist G., Jones T.M., Elgar M. A., 2003. Reversal
of sex roles in nuptial feeding. Nature, 424, 387 ; doi :
10.1038/424387a
Dessin Claire Brenot
Le moineau domestique, Passer domesticus, anglais se meurt. Ses effectifs
ne seraient plus que la moitié de ceux enregistrés il y a 25
ans. De très nombreuses hypothèses ont été
proposées pour expliquer ce déclin mais Kate Vincent, une jeune
thésarde, semble bien avoir mis le doigt sur la cause principale.
Dans les zones péri-urbaines 40% des oisillons des deuxième
et troisième couvées de l'année meurent au nid, soit
deux fois plus que leurs congénères campagnards et il se pourrait
bien que la cause de cette mortalité soit leur alimentation
défaillante. En effet, à leur première progéniture
printannière, les parents apportent des Coléoptères
et des Orthoptères. Plus tard en saison, les malheureux petits sont
nourris à l'insecte de petit calibre, comme du puceron
(Hémiptère Aphididés).
Le déclin du très médiatique moineau favorisera-t-il
la recherche entomologique ?
D'après " Solving a sparrow shortage", lu sur BBC News,
le 30 juillet 2003, à newsvote.bbc.co.uk
Comment les fourmis (Hyménoptères, Formicidés)
guerrières ou légionnaires, présentes sur tous les
continents, sont-elles apparues ? En une seule fois, répond Sean Brady
de l’université Cornell. Jusqu’à présent les
chercheurs supputaient que les différentes souches avaient
évolué séparément sur chacun des continents.
Or l’analyse des génomes de 30 fourmis guerrières et de
20 ancêtres possibles (insectes fossiles) a révélé
que toutes avaient subi les mêmes mutations, quelle que soit leur origine
géographique. Assez pour en déduire qu’elle partagent
un ancêtre commun, apparu vers la moitié du crétacé
sur le continent unique, le Gondwana, et qu’elles ont peu changé
depuis 100 millions d’années.
D’après "Army ants, as voracious as ever, have defied
evolution for 100 million years", Cornell entomologist finds, lu à
www.news.cornell.edu
B.D.
Chez la fourmi tropicale Cardiocondyla obscurior (Hyménoptère
Formicidé), les mâles ailés parviennent à
détourner l’attention de leurs congénères
aptères, agressifs, grâce à une méthode douce
utilisant un produit chimique mimétique, selon Sylvia Cremer et ses
collaborateurs de l’université de Ratisbonne (Allemagne). Les
mâles aptères de C. obscurior ne quittent jamais le nid.
Armés de fortes mandibules, ils se livrent à de féroces
combats à l’issue fatale, barbouillant l’adversaire (tout
concurrent potentiel à l’accouplement avec les femelles) d’une
substance qui incite les ouvrières à attaquer. Les mâles
ailés, aux mandibules plus faibles, mènent une vie tranquille
mais ne parviennent pas moins que les autres mâles à
s’accoupler. Leur stratégie, basée sur la chimie, elle
aussi, est d’imiter l’odeur des jeunes reines qu’ils cherchent
à approcher, détournant l’attention de leur
congénères agressifs. Une stratégie efficace, mais pas
toujours : il n’est pas rare que l’efficacité de ce
mimétisme leur vaille d’être choisis pour partenaire
sexuel… Au bout d’une dizaine de jours, ils perdent leur odeur
de femelle et quittent le nid à la recherche d’autres amours.
Selon la chercheuse qui a publié dans Nature, s’il est
courant chez certaines espèces de rencontrer des individus imitant
l’odeur de la femelle d’une autre espèce, ce type de
mimétisme intra-spécifique, le mâle imitant la femelle,
est plutôt rare.
D’après Queen smell fools macho ants, lu à
www.nature.com ,adapté de Cremer S. et al.,
Nature, 419, 897 (2002)
B.D.
23 juillet 2003
À lire dans la presse : Les invasions d'insectes, par Jacque Lhonoré et Christophe Bourguet. Pour la Science, n°310, août 2003, pp. 40-43.
10 juillet 2003
À lire dans la presse :
Chasse aux libellules sous une "pluie de prunes", par Martine Rousseau. Le Monde, 10 juillet 2003.
Avec la fin des moustiques, l'essor du tourisme, par Marc Menessier. Le Figaro, 5 juillet 2003, en ligne à www.lefigaro.fr, rubrique Science et santé.
Le point sur la lutte contre Metcalfa pruinosa : Cicadelle en vue. Par Serge Schall, L'Officiel jardin motoculture, p. 21, n°105, juin 2003.
3 juillet 2003
Automobilistes, installez un compteur. Un rectangle de plastique - format
carte postale - que vous collerez à l'avant de votre auto et qui
enregistrera les insectes dont vous aurez croisé - et interrompu -
la trajectoire, sous forme des cadavres plus ou moins écrasés
d'iceux. Au bout d'un certain nombre de miles, vous décollerez le
rectangle mortel et le renverrez La Royal Society for the Protection of Birds,
où sa récolte sera analysée par ordinateur. Les
ornithologues de la RSPB - qui promeut ce " Splatometer " -cherchent à
mesurer le lien entre le déclin - qu'ils observent - des populations
d'oiseaux et celui - que vous contribuerez à estimer - des insectes
qui constituent leur provende.
Le procédé ressortit à une méthode classique
de dénombrement (directe, relative) déclinée sous forme
de " pièges à impaction " fixes (comme des vitres verticales
avec gouttière de récupération des insectes surpris
et estourbis) ou de panneaux englués montés sur des camions
parcourant les pistes dans les champs de coton (jadis, aux États-Unis).
Mais pour les entomo-aérodynamyciens, d'accord avec les dynamiciens
des populations, il est préférable d'utiliser, à la
place des panneaux pleins, du grillage (englué) : le flux d'air est
moins perturbé et l'insecte mieux capturé.
NDLR 1 : une référence pour les automobilistes entomologistes
: "That Gunk on your Car [..]", par Mark
Hostetler.
NDLR 2 : on (re)lira " La mortalité des insectes liée à
la circulation automobile " ; par Jean-Pierre Chambon, Insectes,
n°88.
NDLR 3 : les vieux entomologistes ne peuvent pas, à la lecture de
ces lignes, échapper au souvenir du déflecteur en plastique
translucide qu'on se devait d'avoir sur le nez du capot de sa 203 et qui
assurait - du moins le croyait-on - la propreté du pare-brise.
NDLR 4 : les amis des oiseaux trouveraient shocking que vous,
automobilistes, rouliez avec un panneau à dénombrer les oiseaux.
Scarabaeus zambesianus (Coléoptère Scarabéidé)
se met en quête d'une bouse fraîche peu avant le coucher du soleil.
Dès qu'il l'a trouvée, il en découpe une boulette qu'il
façonne de la tête et des pattes avant et la fait rouler le
plus vite possible à l'écart de ses congénères
et concurrents pour l'exploitation du peu durable site. La ligne droite est
le meilleur et le plus sûr trajet. Pour maintenir le cap, notre
Scarabée, à l'instar de bien d'autres insectes, se repère
par rapport au plan de polarisation de la lumière du soleil. Jusqu'à
ce que l'astre dépasse 19° sous l'horizon.
Et que la lune prenne le relais : S. zambesianus est le premier insecte
chez qui on a démontré l'usage des propriétés
de polarisation de la lumière (un million de fois moins intense)
lunaire.
D'après Dacke M., Nilsson D. E. Scholtz C. H., Byrne M., Warrant
E. J., 2003. Insect orientation to polarised moonlight. Nature, 424,
33 - lu le 3 juillet 2003 à www.nature.com
Figure : trajets de nuit par pleine lune (à gauche) et par
nuit noire (à droite).
À lire dans la presse : Exposition : Jean-Henri Fabre, une vie et des insectes. Par Emmanuel de Roux, Le Monde du 3 juillet 2003.
1er juillet 2003
De Marseille à Saint-Pétersbourg en passant par Yalta, la
proportion de coccinelles (Col. Coccinellidés) noires atteint, dans
les grands centres urbains, des taux inégalés par rapport aux
coccinelles rouges. Jusqu'à 87,5 % à Saint-Pétersbourg,
contre un taux ordinaire de 10 % dans l'ouest de la Russie. Selon des
généticiens de l'Académie des Sciences russe, la pression
exercée par l'environnement urbain serait responsable de l'apparition
de ce "mélanisme industriel". Le facteur "tolérance industrielle"
serait ainsi génétiquement fortement lié au facteur
"coccinelle noire" bien que, dans certains cas - comme à Stockholm
- les rouges fassent de la résistance face à l'invasion
noire.
Cependant, comme pour confirmer le lien entre les deux faits, des entomologistes
allemands de Postdam ont constaté que lorsque la pression due aux
activités humaines décroît, la proportion s'inverse à
nouveau en faveur des rouges.
D'après "Ladybirds Turn Black Living In Town", dépêche
InformNauka, lue sur www.alphagalileo.org
B.D.
À lire dans la presse : Insectes : pourquoi ils vont conquérir le monde. Un dossier réalisé par Nicolas Revoy et Jean-Jacques Perrier. Science & vie, n°1030, juillet 2003. Des répulsifs pour se protéger des insectes piqueurs, Le Monde du 1er juillet 2003.
25 juin 2003
A lire dans la presse : Les Longicornes asiatiques Anaplophora glabripennis et A. chinensis, une menace sérieuse pour l'arboriculture fruitière, les plantes d'ornement et les forêts françaises. Par C. Coquempot, F. Hérard et P. Raynaud. Phytoma, n°561, juin 2003. [Mondialisation]
16 juin 2003
Il se fait passer pour lui pour le percer, y pénétrer, s'installer
en son sein, se repaître de son sang, y engendrer la multitude de ses
enfants avant de le laisser mourir, vidé. Personne ne le réprouve,
on admirerait plutôt sa ruse et son succès… Il est un
Strepsiptère.
Les Strepsitères, insectes holométaboles, parasitoïdes,
constituent un ordre (petit) qui rassemble près de 600 espèces,
partout dans le monde.
La larve de 1er stade, libre et mobile, pénètre
dans un insecte hôte (en forant un trou dans sa cuticule). La femelle,
larviforme, ovovivipare et néoténique, y demeurera toute sa
vie - la tête et le thorax à l'extérieur au-delà
du 4e stade -, jusqu'à la dernière des très nombreuses
(jusqu'à 1 million chez certaines espèces) larves pondues ;
l'hôte "stylopisé", dont la vie a été prolongée
meurt seulement à ce moment. Le mâle vit une vie larvaire semblable
mais, après la mue imaginale, sort (l'hôte meurt) et s'envole.
Il vole sur ses ailes postérieures, les antérieures étant
réduites à des micro-élytres.
La gamme d'hôte des Strepsiptères est extraordinairement
variée : 34 espèces de 7 ordres différents. Chez les
Myrmecolacidés, le mâle parasite des fourmis
(Hyménoptères Formicidés) et la femelle des
Orthoptères. Comment l'intrus surmonte-t-il des barrières de
défense (réponses immunitaires) si différentes ?
Des observations (in vivo par vidéo et in vitro) et
des dissections de Stichotrema dallatorreanum, parasite de Segestidae
novaeguinae (Orth. Tettigoniidé) ont percé ( pas tout à
fait complètement) le mystère.
La larve mobile, après avoir fait un trou dans la cuticule de son
hôte, s'introduit entre endocuticule et épiderme, formant une
protubérance interne. Celle-ci s'agrandit, prend une forme de sac
pendant, qui se détache, emportant dans la cavité
générale de l'hôte la larve (apode) de 2e stade
(avec l'exuvie du 1er stade). C'est dans un sac " en peau d'hôte
" (authenticité vérifée par des tests ADN) que, ni vu
ni reconnu, le parasitoïde se développe, pour finir par occuper
tout le volume de l'hôte, après deux autres mues (qui ont, autre
cuiosité, la particularité unique de se dérouler par
apolyse, sans exuviation).
C'est au travers du sac que passent, depuis l'hémolymphe de l'hôte,
les éléments nutritifs nécessaires au parasitoïde
(qui possède un tube digestif jusqu'à la métamorphose).
Cet extraordinaire sac est le résultat d'une longue coévolution
; il a été "mis au point", à partir de mécanismes,
plus courants, d'encapsulation de la larve de l'endoparasite par l'hôte.
Reste à trouver d'autres exemples chez d'autres espèces de
l'ordre et à préciser le rôle des ecdysones (hormones
de mue) de l'un et de l'autre.
De curiosité entomologique, les Strepsiptères deviendront-ils
un jour, une fois mieux connus, des agents de lutte biologique ?
D'après Kathirithamby J., Ross L. D., Johnston J. S., 2003.
Masquerading as self ? Endoparasitic Strepsiptera (Insecta) enclose themselves
in host-derived epidermal bag. PNAS, 1131999100.
Clichés ci-dessous G. Demolin/INRA
A Bangkok, la Blatte souffleuse de Madagascar
est à la mode. Ce " nouvel animal de compagnie " est interdit pour
des raisons sanitaires et un millier de ces cancrelats vont être
incinérés (vivants, mis dans des sacs plastique) - puis on
leur organisera des funérailles, selon le rite bouddhiste.
D'après une dépêche Reuters, lue sur Yahoo!
Actualités, le 22 mai 2003, à news.yahoo.com
Duane Anderson propose cette mesure de la densité d'une espèce
animale : compter combien on en écrase d'un seul pas. Ces jours-ci,
c'était 10.
Dix individus de la Sauterelle mormone, Anabrus simplex
(Orthoptère Tettigoniidé), en pullulation. En 2001,
déjà, ses dégâts avaient été
spectaculaires (Épingle " Utah
d'urgence "), qualifiés de pires depuis 1940. Ces jours-ci, l'invasion
apparaît encore plus massive et les éleveurs voient avec
désolation l'herbage destiné aux bovins - un élevage
décimé par la sécheresse de l'an dernier - passer dans
le tube digestif de ces sauterelles. À raison de 38 livres de
matière verte par individu.
Par ailleurs, les fermiers, comme tous les autres habitants, patinent sur
les routes recouvertes d'une bonne couche d'insectes morts plus ou moins
écrasés. Les autorités envisagent de les sabler.
D'après, entre autres, James Nelson : " Mormon Crickets Devour
Crops, Turn Roads 'Blood Red'" ", Yahoo! News, lu le 16 juin à
story.news.yahoo.com
27 mai 2003
Le 26 mai 2003, était annoncée par l'AFP et aussitôt
reprise par les médias - y compris le journal du soir de la
télévision, la découverte par les agents de la Protection
des végétaux, dans le Loiret (à Gien), d'un ravageur
dangereux des arbres : le Longicorne asiatique.
Ce fut une " découverte " non pas entomologique mais médiatique.
En fait, deux espèces, Anaplophora glabripennis et A.
chinensis (Longicorne des citrus) sont présentes en France depuis
quelques années, secrètement pour le public, dans, respectivement,
au moins 1 et 3 endroits. Ces Coléoptères Cérambycidés
ont des allures et des biologies voisines : larves xylophages, vaste gamme
d'hôte et… résistance aux conditions du transport.
Ces envahisseurs proviennent, directement ou pas, de Chine. Ils poursuivent
leur expansion planétaire, au gré du commerce, mal
contrôlé, de bois d'emballage ou même d'arbres entiers.
Le second semble bien avoir gagné l'Amérique du Nord dans un
bonzaï. La lutte, une fois le ravageur installé, est très
difficile : les moyens disponibles sont l'éradication d'arbres sensibles
(ainsi, par exemple, a-t-on, pour endiguer la diffusion d'A.
glabripennis - et d'autres longicornes -, coupé et brûlé
24 millions d'arbres à Ningxia, dans le centre nord de la Chine, durant
l'hiver 1991 et le printemps 1992) et la plantation d'arbres pièges
(certains érables).
Avant Gien, New-York, alertée par un livreur de madriers, a affronté
le Longicorne asiatique (Épingle "Pendant
ce temps là, à New-York..." du 31 décembre 2001).
Sur Internet : Anaplophora glabripennis est, entre autres,
à
www.sbf.ulaval.ca/entomologie/fiche%20insecte/Anaplophora%20glabripennis%20(Motchulsky).htm
et A. chinensis à
doacs.state.fl.us/~pi/enpp/ento/clbalert.htm
À la galerie Rare, à New-York, on peut voir actuellement toute
une série de blattes (Dictyoptères) mises en scène par
Catherine Chalmers, sous le titre Ombre et métaphore.
Pour cette artiste, les blattes, ennuyeuses et hideuses, que tout le monde
déteste, sont particulièrement intéressantes à
mettre à la place de gens, que d'autres gens lynchent, brûlent,
pendent, électrocutent. D'où ces photographies de scènes
d'exécutions capitales, en noir et blanc : pendaisons en file et chaise
électrique miniature sous une lumière blafarde.
Rendez-vous à Kansas City (Missouri) à l'automne pour
découvrir ses nouvelles vidéo. Dans une boîte-chambre,
les cafards sont sur le dos, gazés (au gaz carbonique). Petit à
petit, une antenne frémit, une patte s'étire, puis la troupe
s'agite, renaît, se remet sur tarses.
D'après Sarah Boxer, "Shadow and Metaphor Evoked by Coakroaches",
The New-York Times, 6 mai 2003 (suppl. au Monde).
Le portfolio de C. Chalmers est à
artscenecal.com/ArtistFiles/ChalmersC/
On y entrevoit des fragments de son exposition " Chaîne alimentaire
" de 1994-1996 : Chenilles et restes de tomate, Mante et chenille, Mante
dévorant une chenille, Chenille attaquant une tomate, etc.
Dessin Claire Brenot, d'après une photographie de
l'artiste.
NDRL : ils ne sont par artistes, ils scrutent et filment
l'agonie des blattes (et des mouches et d'autres insectes), ils mettent au
point des préparations insecticides et les cancrelats n'en
réchappent qu'en faible proportion. Ils sont entomologistes.
Ce ne fut pas toujours un continent glacé ; sans vie ailleurs que
sur les côtes et en quelques endroits peuplés, occasionnellement
de Diptères Nématocères (comme des moustiques). C'est
une surprise. À quelques centaines de kilomètres du pôle
sud, il y eut jadis - il y a des millions d'années - des mouches.
Et pas des moindres, des Diptères Cyclorrhaphes - dits supérieurs
- dont la larve sans tête ni pattes, à l'instar de notre Mouche
domestique, est un asticot et dont la nymphe est une pupe.
C'est un petit fossile, de 5 à 7,5 mm de long, qu'Allan Ashworth,
géologue, a trouvé en étudiant une roche ramassée
sur le glacier Beardmore. En fait, c'est Christian Thomson, entomologiste
entraîné à l'examen des denrées à la recherche
d'infestation par les insectes, qui a reconnu, dans les petites structures
rondes, les stigmates de la pupe.
Dans le même lieu, on a trouvé des Coléoptères,
des gastéropodes, des poissons et des algues. Des découvertes
qui indiquent clairement qu'il y a 3 à 17 millions d'années,
il a régné là un climat tempéré, suite
à un réchauffement " global " parfaitement naturel.
L'origine de cette faune reste à déterminer : des envahisseurs
profitant du climat clément ou des autochtones, issus de la faune
du Gondwana, continent qui a formé, outre l'Antartique, l'Inde,
l'Amérique du Sud et l'Afrique ?
D'après Marsha Walton " The buzz on ancient flies in Antartica
", CNN.com, lu le 12 mai 2003 à www.cnn.com
L'importation en douce (en fraude) d'ouvrières d'Apis mellifera
(l'Abeille domestique, Hym. Apidé) fait courir d'énormes
risques à l'apiculture et à la pollinisation de nombreuses
plantes cultivées. Sans doute a-t-on eu jusque là beaucoup
de chances, les agents pathogènes, véhiculés avec les
essaims, s'étant révélés peu agressifs une fois
arrivés chez nous.
Dernière alerte proclamée : l'infestation de nombreux ruchers
hessans par le virus du Cachemire, originaire d'Australie et de Nouvelle
Zélande, présent en Amérique du Nord (où il cause
des dégâts importants) ainsi qu'en Espagne et sans doute en
France, mais sans impact notable. Ce virus dont la dissémination pourrait
être activement favorisée par l'acarien Varroa jakobsoni
- autre fléau - pourrait, en synergie avec lui et d'autres agents,
aggraver la situation de l'abeille, déjà mal en point.
D'après " Gefahr durch neues Virus ", Spiegel online, lu le
24 mai 2003 à www.spiegel.de
Le génome de la Droso est à www.ncbi.nih.gov/mapview/map_search.cgi?taxid=7227. Pas le temps de vous le recopier.
24 avril 2003
Apiculture avec plus de piquant
Un des métiers les plus dangereux de la jungle des Sundarbans
(Bengladesh), c'est apiculteur. D'avril à fin mai, les Mowalis,
après une cérémonie pour les bénir, eux et leurs
canots, s'enfoncent dans la mangrove pour récolter le miel d'abeilles
sauvages, d'une espèce de grande taille et très agressive.
Mais nos intrépides apicoles se rient des aiguillons d'Apis
dorsata.
En revanche, ils ne craignent rien plus que le Tigre royal du Bengale, aux
penchants anthropophages spécialement développés dans
cette région - peut-être en lien avec la forte salinité
de l'eau. L'enfumage fait fuir les abeilles le temps qu'ils prélèvent
une partie du rayon, cire et miel. Mais contre Panthera tigris, ils
ont une autre technique d'effarouchement : un masque derrière la
tête, pour faire croire au tigre qu'on lui fait face*.
Du fait du prix très élevé de ce miel au petit parfum
de jungle et de félin, ce n'est pas le nombre élevé
de " veuves de tigre " dans les villages qui limite l'exploitation de
l'Hyménoptère, mais des quotas - 78 kg de miel et 20 kg de
cire par récolteur - établis dans le cadre de la protection
des Sundarbans, entreprise depuis 1879 par le colonisateur britannique.
D'après " Sweet Thrills of Bengladesh jungle ", BBC News,
lu le 17 avril 2003 à newsoote.bbc.co.uk et " Dangerous Harvest
", Oregon's Agricultural Progress, hiver 2003, lu à
ees.orst.edu
* Un truc qu'ils n'ont sans doute pas lu dans la presse mondiale. Il est
pourtant dévoilé dans la Brève " Mission prévention
", le Courrier de l'environnement de l'INRA n°47, octobre 2002,
en ligne à
www.inra.fr/dpenv/brevc47.htm#mis
Regardés au travers de 3 caméras ultra-rapides (5 000 vues
par seconde) infra-rouge pointées sur un espace proche d'un cylindre
noir portant une goutte de vinaigre, les mouvements de vol libre d'une Mouche
du vinaigre, Drosophila melanogaster (Diptère Drosophilidé),
amènent à réviser ce que l'on croyait savoir de
l'aérodynamisque des insectes.
La mouche, révèlent les vidéogrammes, est capable de
changements de direction brusques et importants au prix de petits mouvements
des ailes, suffisants pour produire un couple de torsion et réorienter
son corps dans le plan de vol. La droso, au prix d'un effort très
modeste, est capable d'un virage à angle droit en moins d'1/10 de
seconde. Grâce à un modèle mathématique,
l'équipe suisso-états-unienne d'aéroentomologistes a
pu établir que, dans le vol des insectes, les forces d'inertie
interviennent plus que celles de friction de l'air - résultat inattendu.
Article source : Fry S.N., Sayaman R., Dickinson M. H., 2003. The
Aerodynamics of Free-Flight Maneuvers in Drosophila. Science, 300
(5618), 495-498.
13 avril 2003
De nombreuses chenilles, de diverses familles, projettent leurs crottes au
loin, à des distances étonnantes. Ce comportement est
fréquent chez celles qui construisent des abris.
L'Hespérie à taches argentées, Epargyrus clarus
(Lép. Hespériidés), espèce de la prairie
nord-américaine vivant sur lotier (Poacée) détient
peut-être le record dans cette catégorie avec 40 longueurs de
corps. La " motivation " lui est fournie par son ennemi, Polistes
fuscatus (Hym. Vespidés) qui est attirée par les crottes.
Au laboratoire, en l'absence de cette guêpe prédatrice, elle
vit très bien au milieu de ses excréments et est capable de
reconstruire inlassablement son abri détruit à chaque fois
par l'entomologiste.
D'après, notemment, " Good housekeeping : why do shelter-dwelling
caterpillar fling their frass ? ", communiqué Blackwell publishing
lu le 8 avril 2003 à www.alphagalileo.org
Photo de la chenille à
www.npwrc.usgs.gov/resource/2000/catnw/pht80.htm
L'envahisseur américain est sous contrôle
Venu d'Amérique du Nord via la Vénétie en 1979, la Flatide
pruineuse, Metcalfa pruinosa (Hemiptère Flatidé), a
envahi le Sud de la France à partir de 1985. Cette cicadelle polyphage
monovoltine est devenue un ravageur redouté des arboriculteurs, des
pépiniéristes et des viticulteurs, notamment. Elle affecte
les plantes qu'elle pique surtout par l'intermédiaire de la fumagine
qui se développe sur son miellat.
Très classiquement (cf nos pages Lutte
biologique), les entomologistes italiens ont recherché dans l'aire
d'origine de l'envahisseur (où l'insecte ne fait d'ailleurs pas de
dégâts) un ennemi naturel capable de devenir un auxiliaire efficace.
Neodryinus typhlocybae (Hyménoptère Dryinidé),
transporté en Italie en 1987, y fut lâché quelques
années après. En France, Jean-Claude Malausa (INRA Antibes)
réalisa les premiers lâchers expérimentaux en 1996,
destinés à évaluer les capacités d'installation
de dispersion du Dryinidé. Suivirent des lâchers " massifs ",
à partir de 1999, par le moyen de sachets contenant une centaine de
couples au stade nymphal (cocons), accrochés dans la
végétation.
Actuellement, l'auxiliaire s'est acclimaté partout (sauf accident)
où il a été lâché. Et l'on compte sur ces
populations " installées " pour maîtriser durablement la cicadelle
dont les effectifs ont déjà fortement diminué aux endroits
des premiers lâchers.
Cette lutte biologique " automatique " - une fois mise au point - surpasse
évidemment tous les autres procédés (dont les insecticides
auxquels on ne manque pas de penser pour une lutte à court terme)
par son universalité (elle s'applique à toutes les plantes
cultivées, jardinées ou sauvages), son innocuité (entre
autres vis-à-vis des abeilles friandes du miellat), son faible coût
et sa compatibilité avec les principes du Bio.
Contact : J.-C. Malausa
malausa@antibes.inra.fr
Photos à
www.arsia.toscana.it/bollet_fito/documenti/metcalfa.htm,
achat de N. typhlocybae à
www.bioplanet.it
À (re)lire : Les Dryinidés, par Hubert Tussac, Insectes
n°127, 2002.
Cliché ci-contre : Neodryinus typhlocybae, source :
J.-C. Malausa.
Le 21 mars 2003
La classe des Hexapodes - Arthropodes à 6 pattes - serait-elle
formée de deux groupes très distincts ? L'analyse du génome
mitochondrial - d'un nombre limité d'espèces, il est vrai -
semble indiquer que les Collemboles sont à ranger à part.
Ces petits Arthropodes à 6 pattes (et une " queue à ressort
") de la faune du sol et de la litière auraient évolué
à partir d'un tronc commun aux Crustacés et aux Insectes et
auraient colonisé indépendamment de ces derniers le milieu
terrestre.
D'abord classés comme Insectes primitifs (absence fondamentale d'ailes,
mues continues…), parmi les Aptérygotes, ils sont actuellement
considérés comme un des ordres des Hexapodes, à
côté des Diploures, Protoures, Archéognathes et
Zygentomes.
Selon cette nouvelle hypothèse, les Protoures rejoindraient les
Collemboles dans un nouveau phyllum, les " Thysanoures " (Archéognathes
+ Zygentomes) restant très proches des Insectes, au sein des
Hexapodes.
Les Myriapodes, quant à eux, perdraient leur place de cousins les
plus proches des Hexapodes, au profit des Crustacés.
Les experts restent divisés…
Article source : Francesco Nardi, Giacomo Spinsanti, Jeffrey L. Boore,
Antonio Carapelli, Romano Dallai,1Francesco Frati, 2003. Hexapod Origins:
Monophyletic or Paraphyletic? Science, 299, 1854-1855.
Réviser la classification
"classique" des insectes.
L'escargot qui en bave pour une fourmi
Une équipe de chercheurs Allemands a découvert en Asie du Sud-Est
un escargot ayant développé à un haut niveau un
mécanisme d'adaptation pour se faire accepter par les dangereuses
fourmis dont il fréquente les nids. Bien que les espèces animales
myrmécophiles soient extrêmement nombreuses et diversifiées
(elles sont représentées dans la plupart des groupes, des
vertébrés - oiseaux, reptiles - aux arthropodes), on ne connaissait
pas jusqu'alors de mollusque ayant cette particularité.
La fourmi Leptogynes distinguenda (Formicidé,
Ponérinés) fait volontiers son ordinaire d'une large
variété de mollusques gastéropodes, que les chercheurs,
généreux pour l'expérience, lui ont fourni, morts et
broyés. Si un escargot vivant vient, pour son malheur, à croiser
une expédition de ces fourmis guerrières, si son opercule est
assez gros pour les laisser entrer, si l'escargot n'est pas assez prompt
à disparaître dans sa coquille et à émettre une
abondante bave protectrice, alors son affaire est faite. Mais prompts, ils
le sont souvent, et la fourmi déboutée s'en détourne
sans plus marquer d'intérêt pour le baveur. Les choses se passent
différemment avec Allopeas myrmekophilos (Gastéropode
Pulmonate) trouvé souvent dans des nids de L. distenguenda.
Carnivore, comme elles, mais trop lent pour se satisfaire sauvagement, on
pense qu'il profite de l'abondante nourriture dont le nid s'emplit à
chaque retour d'expédition des fourmis. Pour s'y rendre, c'est très
simple : au moindre contact avec une fourmi curieuse - 1 seconde suffit -
le gastéropode sécrète une substance strictement
spécifique et hautement attractive, légèrement collante,
dont l'insecte, avide, s'empare. Notre escargot ne lâche pas prise
et est alors transporté jusqu'au nid. Même manège lors
des migrations fondatrices : les fourmis transportent le gastéropode
au même titre que leurs propres œufs - auxquels il ressemble par
la couleur et la taille. Il lui suffit pour cela de sécréter
régulièrement cette substance, et il s'installe ainsi dans
le nouveau nid.
B.D.
D'après V. Witte, R. Janssen, A. Eppenstein, U. Maschwitz,
2002. Allopeas myrmekophilos (Gastropoda, Pulmonata), the first
myrmecophilous mollusc living in colonies of the ponerine army ant Leptogynes
distinguenda (Formicidae, Ponerinae) ". Insectes sociaux, 49(4),
301-305.
Le 13 mars 2003
Évasions et mauvais traitements
Dans sa lutte contre celles qui ne pensent qu'à le dévorer
sur pied, lui et son bétail, l'homme enregistre des échecs
cuisants. On les croyait disparues d'Amérique (Sud des Etats-Unis
et Amérique centrale), grâce à l'application de la lutte
autocide (dite aussi " par mâles stériles " voir à la
page Lutte biologique). Or, en janvier,
des agressions ont de nouveau été signalées,
perpétrées par la Lucilie bouchère - qu'on avait
officiellement éradiquée. Et dire que les homicides (et bovicides
et capricides) ont été élevés aux frais
de la princesse !
Dans une grande usine (puante) sise à Tuxtla Gutierrez (capitale du
Chiapas, au Mexique), en effet, on produit les asticots de Cochliomyia
hominivorax (Diptère Calliphoridé), depuis 27 ans. Ils
y sont nourris (d'une mixture comportant de la poudre de sang, de lait et
d'œuf dans des bacs, par lots de 20 000) d'où ils sautent une
fois leur développement larvaire achevé. Ils s'empupent dans
un bain de sciure et, 5 jours et ½ après, on les installe dans
des cylindres en plastique pour être soumis, durant 2 minutes, à
une irradiation gamma. La dose, 5 fois celle qui serait mortelle pour un
humain, provoque leur stérilisation, sans affecter leur comportement.
Puis les pupes sont placées en chambre froide jusqu'à leur
transport et à leur lâcher, par avion, au dessus des zones à
traiter. Sauf celles qui serviront à la reproduction, au sein de
l'insectarium géant.
En dépit de mesures de sécurité (pas de fenêtres,
personnel en combinaison, sas, pièges dans et autour de l'usine),
les évasions n'ont pas été rares. Mais, en janvier,
un irradiateur est tombé en panne et on ne s'en est aperçu
qu'après le lâcher de millions de mouches - fertiles - au Chiapas
et à Panama. Ampleur du désastre, évaluée fin
février : une centaine d'attaques, sur du bétail.
Rappelons que la mouche pond dans une blessure jusqu'à 400 œufs
d'où naissent des asticots qui se nourrissent de chair vivante. Très
dispersée, la Lucilie bouchère ne peut guère être
combattue autrement que par la lutte autocide, méthode
élégante et très efficace, aux évasions et erreurs
de traitement près…
D'après Elisabeth Fullerton, " Grisly Mexico factory breeds
man-eating flies ", dépêche Reuters du 24 février 2003,
lue à www.alernet.org
Photos
www.ans.org/pubs/magazines/nn/pdfs/1999-7-3.pdf
Lucilie n°3 (mâle stérile) : cliché
ARS
1,25 g d'œuf est placé sur des pâtés de viande
de cheval en vue de leur passage à un régime gélifié
- cliché FAO
Après les volontaires texans assiégés par le
général mexicain Santa Anna, c'est, 167 ans après, une
armée de termites qui est assiégée par les Texans. Ces
derniers sont armés de tubes remplis de morceaux de bois - des
pièges redoutables - et d'appâts empoisonnés - arme chimique.
Les désinsectiseurs viendront-ils à bout de l'ennemi ? Fort
Alamo, lieu historique, sera-t-il détruit ?
D'après Libération du 7 mars 2003.
Le 6 février 2003
Samedi 25 janvier, Syracuse, État de New-York, États-Unis.
Abby Golash, 17 ans, élève de la banale Fowler High School,
vit une grande et inédite expérience, sans toutefois se monter
la tête : " Ce n'est pas de la science appliquée. Nous n'allons
pas trouver un remède contre le cancer ; mais il pourrait bien y avoir
pas mal de retombées indirectes. […] Un jour, un truc qu'on aura
appris pourra servir dans un écosystème dans l'espace ou même
sur une autre planète. "
À l'instar d'autres jeunes étudiants de Chine, du Japon,
d'Israël, d'Australie et du Liechtenstein, Abby et ses camarades ont
préparé, proposé, réalisé, peaufiné
et vu s'envoler (Abby : " Un travail de 3 ans et demi qui s'envole en 3 minutes
et demi ! ", depuis Cap Canaveral (Floride), emportée par la navette
- mission STS 107 - , leur expérience. Les Chinois et leurs vers à
soie n'y étaient pas, faute de visa. Tout le monde, tout en gardant
un œil sur un témoin resté sur Terre, a pu observer, via
Internet (à
www.starsacademy.com/sts107/), le déroulement
de la manip en orbite.
Pour nos élèves de Syracuse, il s'agissait d'observer 15 grosses
fourmis moissonneuses (Pogonomyrmex occidentalis, Hyménoptères
Formicidés) dans un nid artificiel climatisé fait
grosso-modo d'une lame d'agar-agar (projet Ant in Space,
parrainé par SPACEHAB). En apesanteur, prof de techno et élève
sont d'accord, elles bougent plus vite, ont l'air comme folles et leurs galeries
n'ont pas la même allure.
Et Abby d'ajouter : " Ce que nous faisons, personne ne l'a fait avant nous.
Il n'a y a nulle part de 'résultats prévus' à prendre
en compte ".
D'après, entre autres, Marsha Walton, " Ants tunneling 'like
crazy' in shuttle ", CNN, lu le 25 janvier 2003 à
www.cnn.com
Photos du vivarium spatial à
www.paragonsdc.com/1A2Anew01ICES-252.pdf
Le site Starsacademy est fermé depuis l'accident de Columbia, survenu le 2 février 2003.
Le 31 janvier 2003
Depuis 1942, l'Intel Science Talent Search, creuset de futurs prix Nobel,
récompense les petits génies états-uniens en dernière
année d'études secondaires (l'équivalent de notre
lycée), sur présentation d'un projet individuel de recherche.
Parmi les 40 finalistes du concours 2002-2003 révélés
le 29 janvier dernier, trois études concernent directement le monde
des arthropodes terrestres. Michelle Rengarajan (Pasadena, Californie), 17
ans, souhaite étudier comment, chez la drosophile dont les réponses
immunitaires sont proches de celles de l'homme, le nématode responsable
de la filariose - une maladie parasitaire qui infecte 120 millions de personnes
de par le monde - parvient à se faire "accepter" par son hôte.
Michael H. Nyberg (Old Lyme, Connecticut), 17 ans, a inventé et souhaite
développer un appareil acoustique détruisant les larves de
moustiques dans leur environnement aquatique. Matthew J. Kroll (Bedford,
New-York), 17 ans lui aussi, s'est intéressé à une tique,
Ixodes scapularis, vectrice de la maladie de Lyme, et aux
conséquences de sa taille sur son développement. Tous les ans,
environs étudiants participent à ce concours qui attribue
au vainqueur la modique somme de… 100 000 dollars !
B.D.
Vu le 1er février 2003 sur
www.sciserv.org/sts/
La commune de Sinnamary (à l'est de la Guyane) est envahie par des
nuées de papillons urticants qui forcent les habitants à s'enfermer
chez eux le soir. En effet, les femelles du Papillon cendre (Hylesia
metabus, Lépidoptère Saturniidé) se rassemblent
autour des lumières, projetant en vol des "fléchettes"
(écailles) urticantes. Alors qu'en 1994, l'invasion de Kourou avait
été combattue par l'armée à coup de traitements
insecticides et de déboisements, la lutte est ici du type
"psychique" : des pièges lumineux sont tendus et éclairés
(c'est un procédé de chasse très connu des entomologistes)
et imprégnés d'insecticide (les entomologistes "cueillent"
les spécimens intéressants à la pince).
D'après une dépêche AFP, lue le 31 janvier 2003
à www.larecherche.fr/
Vue d'une femelle posée sur un élément de menuiserie.
Elle adopte une posture caractéristique de "défense" en exposant
les zones de son abdoment recouvertes de fléchettes urticantes (photo
J.-F. Silvain).
Des vers à soie produisant des protéines humaines à
usage thérapeutique ont été obtenus par des chercheurs
Japonais, par modification des caractères génétiques
de Bombyx mori (Lépidoptère Bombicidé). La larve
file alors une soie enrichie en collagène, une protéine
utilisée notamment en chirurgie reconstructrice et esthétique.
Ce collagène est exprimé par un gène humain introduit
à l'intérieur du génome de l'insecte. Associé
à la soie, elle-même protéine extrêmement pure,
le collagène est facile à extraire chimiquement. On connaissait
déjà - notamment - les vaches transgéniques, capables
d'exprimer dans leur lait des gènes codant pour des protéines
humaines, mais c'est la première fois qu'une intégration stable
d'un caractère génétique humain chez le vers à
soie est rapportée. Le procédé pourrait servir à
exprimer d'autres protéines et avec rapidité, eut égard
à la vitesse de reproduction du Lépidoptère
(supérieure, rappelons-le à celle de la vache). Alors que la
production de protéines synthétiques est aussi coûteuse
que difficile, l'industrie pharmaceutique s'intéresse au plus haut
point à ces techniques. D'autant que la sériciculture, qui
produit environ 60 000 tonnes de soie par an (en particulier dans le sud-est
asiatique), dispose de moyens de production déjà en place et
pourrait trouver là d'importantes opportunités de
développement.
B.D.
D'après, entre autres, "Human therapeutic proteins from skilworms",
Florian M. Wurm, Nature Biotechnology, 21, 2003, en ligne à
www.nature.com/naturebiotechnology
Le 27 janvier 2003
Pour Slavoljub Markovic, ex-directeur de la Protection des végétaux
yougoslave, l'invasion de son pays par la Chrysomèle du maïs,
Diabrotica virgifera (Coléoptère Chrysomélidé)
est un acte d'agroterrorisme et de sabotage économique
perpétré par les États-Unis.
L'insecte, grand ravageur du maïs en Amérique du Nord,
récemment signalé en France, a effectivement pris pied en Europe
aux alentours de l'aéroport de Belgrade, dans les années
1980.
Pour les experts américains, le transport sans intervention de quiconque
de l'envahisseur par avion entre deux aéroports tous deux proches
de champs de maïs est tout à fait de l'ordre du possible et les
accusations sont " plaisantes ". On serait même tenté d'y voir
un manœuvre pour accélérer l'octroi de fonds
états-uniens pour la reconstruction du service yougoslave de la protection
des végétaux.
D'après Ted Agres, " Rambling Rootworms Prompt Agroterrorism
Claims ", lu dans The Scientist, 17(1), 54, en ligne à
www.the-scientist.com.
Deux articles récents à (re)lire : par Frédéric
Suffert, " L'épidémiologie végétale, nouvelle
discipline de guerre? ", le
Courrier de l'environnement de l'INRA, 47,57-70 ; et, par Pierre Zagatti
et Sylvie Derridj, " La Chrysomèle du maïs est en France ",
Insectes, 127, 5-7.
D'aucuns auraient supputé, par ailleurs, que la Chrysomèle
nous aurait été envoyée pour justifier le cadeau suivant
: du maïs transgénique ad hoc...
Mâle sombre (capturé à Roissy), photo P.
Zagatti.
Grâce à l'examen du génome de 37 espèces de
Phasmoptères appartenant à 14 des 19 sous-familles de cet ordre,
Miche Whiting (Brigham Young University à Provo, Utah, Etats-Unis)
a pu tracer un arbre généalogique. Il a ainsi mis en évidence
que, tout au long ds 300 millions d'années de leur évolution,
ces insectes ont développé, perdu, redéveloppé
plusieurs fois des ailes.
Grosse surprise ! Il était jusque-là bien admis (loi de Dollo)
que les insectes ailés ayant évolué vers l'aptérisme
avaient abandonné une fois pour toutes la capacité de voler,
les gènes " ailes " étant perdus. Or, à la lumière
de ce tout récent travail, il apparaît que l'aptérisme,
acquis comme un avantage car favorisant des " fonctions " plus importantes
que le vol (comme la production d'une descendance nombreuse), est
réversible si les conditions changent et, ceci, plusieurs fois de
suite.
Une telle " re-évolution " est possible du fait de l'existence et
du fonctionnement d'un gène commutable " aile)pas d'aile ", analogue
à Pax-6 " œil/pas d'œil " présent chez tous les animaux.
Des lignées d'insectes ont-elles été successivement
voyantes et aveugles ?
D'après, notamment, Nicola Jones, " Stick insects forces
evolutionary rethink ", lu sur NewScientist.com, le 15 janvier 2003,
à www.newscientist.com
Les insectes - en cela aussi, bien différents des vertébrés
- respirent au moyen d'un système de trachées qui conduit l'air
depuis les stigmates jusqu'aux cellules trachéolaires, partout au
sein de l'organisme (et ce, jusqu'au bout des appendices). Leur hémolymphe
n'a pas, à la différence du sang, pour rôle de transporter
l'oxygène nécessaire à la vie cellulaire.
Comment l'air " respirable " et l'air " vicié " circulent-il dans
ces vaisseaux, dont le diamètre s'affine jusqu'à 1 micron ?
Grâce à des contractions musculaires lentes dans l'abdomen et
aux mouvements des appendices, savait-on. Jusqu'à ce qu'on observe
en détail le réseau des trachées au travers du corps
de Platynus decentis (Col. Carabidé), d'une fourmi
charpentière (Camponotus pennsylvaticus, Hym. Formicidé)
et du Grillon domestique (Achaeta domesticus, Orth. Gryllidé),
tous insectes en vie et respirant. Grâce à un " microscope "
à rayonnements X synchrotron (produit par un accélérateur
de particules), on a obtenu des vidéogrammes comme on n'en avait jamais
vus.
Où l'on voit que les trachéoles se compriment (latéralement
ou dorso-ventralement) - leur section devient ovale - puis reprennent la
forme que leur donnent la ténidie (section circulaire). La
fréquence, qui varie avec l'effort semble-t-il, de cette "
expiration-inspiration ", va de 0,4 à 0,7 Hz. Son moteur est
l'augmentation périodique de la pression interne de l'insecte, sous
l'effet de la contraction rythmique de différents muscles.
Article source : Westneat M.W., Betz O., Blob R.W., Fezzaa K., Cooper
W.J., Wah-Keat-Lee, 2003. Respiration in Insects Visualized with Synchrotron
X-ray Imagin. Science magazine, 299(5606), 558-560.
L'article Trachée du Glossaire progressif :
www.inra.fr/opie-insectes/glossaire.htm#trach
Photo Mark Westneat, Courtesy of The Field Museum. Les
trachées sont bien visibles au niveau du cou.
Autres images à
www.eurekalert.org/pub_releases/2003-01/fm-shp011703.php
Précédemment épinglés en 1999-2000 : Le Monarque, le IIIe FIFI, Sales mouches et compagnie, The Millennium Bug, Antigel, Sujets d'entomologie, Paris : trois immigrantes clandestines, Le Ver à rayonne, Parieurs, le secret..., La mort des abeilles (I et II), Chers appâts, Éristale des champs, Éristales des villes, Toliman le magnifique, Cafard bionique, À armes égales, AGA, Les punaises sont entrées dans Paris, Antigel (II), Horreurs sur la toile, Le moustique de la (Grosse) Pomme, Abeilles phyto, Le Monarque (suite de la suite...), Rivalité sexuelle et évolution, Du poulet contre les charançons, Irrésistiblement attirant, Trafic mis à jour, Langue bleue, Farine animale, Trésors.
En 2001 : Après la tempête, Entomologiste premier, Identification automatique, Réapparition, Rose-vert, Gène à gène, Le paradis des fourmis, Le poids des cornes, Quelle mort au bout du voyage ?, Gaucho contre longicornes, Fine mouche, Un petit coup de frelon ?, Ce sera la chenille ou l'homme !, Victimes : les pue-la-sueur, Addiction, Recherche courtilière, Luzernoïdes, Les mordues du travail, Faire-part, Sexe, pied à coulisse et gloire, Accord parfait, accord vite fait, Arithmétique cicadaire, Punaise !, Utah d'urgence..., Bonheur des chats, malheur des moustiques ,Victoire biologique, Bouses pièges, Le Monarque (fin ?), Lutte bio-génétique, Les termites : ça reste à creuser, Le coup du parapluie, Attention, chenille méchante !, Fourmi contre écosystème, Punaises diaboliques, Le tireur d'élite aux ailes de cristal, Opération Charançon, Moustique auto-GM, La chenille, la chouette et l'école, Les drosophiles rêvent-elles de rosée ?, Nouvelles farines animales, Pendant ce temps là, à New-York…, Biodéfoliant, Les apiculteurs font de la résistance, Étoile de Noël.
Précédemment épinglés en 2002 : Chasse mouches, Chrysope surprise, Chenilles et carottes, Trafic d'arsenic, La cicadelle des basses richesses, Royale indifférence, Qui pique les pépites ?, Quels nez !, Insectes de somme, CAO (Camouflage assisté par ordinateur), Barbe à papa, Surréaliste, La Très Grande Fourmilière, 31 !, La crise de la fourmi folle, Des millions d'espèces en moins, Nommer, dénommer, renommer…, Envahisseuse, envahisseur !, Chapeau, l'abeille africaine !, Mauvais goût, Association de malfaiteurs, Sus à la Grande Sensitive, NAC, Renversant, Envahisseurs associées, ravages durables, Exploitation, La cheffe reste la cheffe, Pourquoi tant de gènes ?, Mouche à faire peur, Punaise (II), Amères mouches à miel, Le Petit Pilleur des ruches, Pot russe, Sales mouches, Petite famille, Les couleurs de la nuit, Le coton Bt file un mauvais cocon ?, Mauvaises fréquentations, Le combat de la mouche et de l'araignée.
Sauf mention contraire, ces textes sont
d'Alain Fraval
M.G. = Marie Guillaume, B.D. = Bruno
Didier
Les Épingles de collection - à consulter, page par page : Les Épingles entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles de 2001, Les Épingles de 2002, Les Épingles de 2003, Les Épingles de 2004, Les Épingles de 2005, Les Épingles de 2006, Les Épingles de 2007,, Les Épingles de 2008, Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011. - ou globalement (jusqu'à fin 2009) ici.