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L'insecte ou l'événement entomologique du jour, celui qui
défraye la chronique et qui alimente les conversations en ville et
dans les insectariums, sera épinglé sur cette page abricot,
qui s'enrichira au fur et à mesure des événements
entomologiques.
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Le 18 décembre 2002
Le combat de la mouche et de l'araignée
L'asticot d'Arachnidomya lindae, Diptère Sarcophagidé,
se développe en dévorant les œufs de l'araignée
sociale Meteplira incrassata. Laquelle veille sur sa progéniture,
prête à bondir pour faire fuir une mouche qui s'y
intéresserait de trop près. Elle reconnaît la mouche
arachnophage à son vrombissement - une mouche domestique la laisse
impassible - et se tient en alerte. Lors, la mouche ruse : elle se pose au
centre de la toile, là où les fils ne sont pas collants.
Prévenue par la vibration du fil, l'araignée arrive,
délaissant les œufs qu'elle garde, ce sur quoi compte la mouche
pour y pondre. Mais l'araignée-mère retourne aussitôt
à son poste.
Un va-et-vient épuisant ? Au bout de quelques parcours, l'araignée
coupe le fil avertisseur, autrement dit débranche l'alarme.
Cette araignée, qui vit à 100 000 individus sur des toiles
de 150 m de long, a développé d'autres comportements - plus
généraux - pour échapper à toute une gamme de
prédateurs. Une telle réponse spécifique induite par
la pression de sélection opérée par un prédateur
particulier, est originale.
Article source : Hieber, C.S., Wilcox, R.S., Boyle, J. & Uetz,
G. W. The spider and fly revisited : Ploy counterploy behavior in a unique
predator-prey system. Behavioral Ecology and Sociobiology, advance
online publication, doi : 10.1007/s00265-002-0547-2 (2002).
Signalé par Nature Scienceupdate le 26 novembre 2002
sous le titre " Spider and fly swap roles ", lu à
www.nature.com/nsu/
Où attrappent-elles une MST à Coccipolipus hippodamiae
- jusque là confinée sur le Continent ? Chez la rousse Formica
rufa, annoncent John Sloggett (université de Bayreuth, Allemagne)
et Greg Hurst (University College, Londres).
Elles, ce sont des représentant(e)s anglais(e)s de la Coccinelle
éclatante, Coccinella magnifica (Col. Coccinellidé),
une espèce rare. C. hippodamiae (Podapolipidé) est un
acarien sexuellement transmissible, qui vit sous les élytres de son
hôte, suçant son hémolymphe; il rend notre Éclatante
stérile. F. rufa (Hym. Formicidé) - notre Fourmi rousse
des bois - vit dans son nid en forme de dôme fait d'aiguilles de
conifères. Elle y tolère, en dépit de son agressivité,
la visite de C. magnifica, qui s'y repaît des pucerons (Hem.
Aphididés) dodus qu'elle " élève ".
Grâce à cette provende volée, notre coccinelle voit sa
belle saison se prolonger bien au-delà que ce que lui permettraient
les seules ressources aphidiennes du dehors. Ce qui fait que peuvent alors
cohabiter une génération et la suivante, qui se refilent l'acarien
per coito, chose que n'ont pas à redouter les autres coccinelles
anglaises, monovoltines strictes et qui ne vont pas chez pas la Fourmi
rousse.
Résultats présentés le 18 décembre 2002
à la session d'hiver de la British Ecological Society
(www.britishecologicalsociety.org).
Photo à
www.qmw.ac.uk/~ugbt794/rjk/STDs.html
Le coton Bt file un mauvais cocon ?
Dans le Sud des États-Unis, plus de la moitié des cotonniers
sont génétiquement modifiés pour produire une toxine
insecticide de Bacillus thuringiensis (Bt) et résister ainsi
à la mandibule du Ver de l'épi de maïs, Helicoverpa
zea (Lép.Noctuidé).
Ce ravageur a développé, au laboratoire, une résistance
au Bt. Pour prévenir au champ ce phénomène, l'Environmental
Protection Agency (EPA) états-unienne a imposé aux semenciers
de vendre des cultivars produisant de fortes doses de toxines (pour qu'il
n'y ait pas de chenilles vivantes ou très peu capables de se reproduire)
et aux cultivateurs de ménager à côté des parcelles
" OGM", des aires de cotonnier " conventionnel ", des zones refuges capables
d'héberger des populations du ravageur 500 fois plus
élevées.
Empruntant une technique d'analyse isotopique (basée sur la mesure
du rapport 12C/13C) aux archéologues, F. Gould
et ses collaborateurs ont pu pister cette noctuelle, en interprétant
ce qu'elle avait mangé (au stade chenille) avant de s'abattre (au
stade papillon) sur le cotonnier : résultat, cotonnier ou…
maïs. Le Ver de l'épi du maïs, a-t-on ainsi découvert,
passe l'été sur le maïs du Midwest avant de " descendre
" au Sud, sur le cotonnier à l'automne.
Et c'est plutôt une bonne nouvelle, au moins pour le court terme. En
effet, seul un quart du maïs est génétiquement modifié
(pour produire le même Bt que le cotonnier, mais moins efficace). Le
reste - plus les mauvaises herbes et les plantes sauvages - constitue une
très vaste et très bénéfique zone refuge.
Mais cela ne semble pas devoir durer. De nouveaux cultivars de maïs
Bt vont sortir, qui risquent d'avoir du succès. Si la plupart du
maïs du Nord est Bt, le Ver de l'épi de maïs deviendra vite
résistant et arrivera résistant sur les cotonniers qui, eux,
ne résisteront plus…
Référence : Gould F., Blair N., Reid M., Rennie T. L.,
Lopez J., Micinski S., 2002. Bacillus thuringiensis - toxin resistance
management : Stable isotope assessment of alternate horst use by Helicoverpa
zea. Proceedings of the National Academy of science,
www.pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.242382499
Le Sphinx de la vigne (Deilephila elpenor, Lépidoptère
Sphingidé) est capable de distinguer les couleurs la nuit, ainsi que
vient de l'établir une équipe de chercheurs de l'université
de Lund (Suède). C'est le deuxième animal chez qui cette
faculté est clairement démontrée, après le…
poisson rouge (Carassius auratus, Cyprinidé). Il faut dire
que si, pour l'homme, la nuit, tout les chats sont gris (suggérant
qu'il est facile de se tromper dans certaines circonstances), on a longtemps
supposé - à tort donc - qu'il en était de même
pour les animaux.
Le Sphinx de la vigne est un papillon nocturne qui se nourrit aux plus sombres
heures, sur des fleurs qui apparaissent à notre œil comme blanches
ou d'un jaune brillant. Ceci aurait pu laisser penser qu'elles attiraient
l'œil du papillon par leur fort contraste avec le feuillage. Or, la
plupart de ces fleurs absorbent les ultraviolets, ce qui ne les rend pas
plus brillantes pour l'insecte, sous une lumière crépusculaire,
que leur environnement. Il fallait déterminer si la discrimination
venait de la couleur elle-même, et non d'une différence
d'intensité lumineuse, sachant que les Sphinx possèdent une
vision trichromatique leur permettant de distinguer les couleurs sous la
lumière du jour. L'expérience a donc consisté à
habituer les insectes a se diriger sur des supports artificiels colorés
de jour et de vérifier, en brouillant les cartes avec d'autres couleurs
et différents tons de gris, sous différentes intensités
de lumière, qu'ils conservaient ces repères de nuit.
B.D.
D'après Nature, 419, 922-925 (31 oct. 2002) Letters to Nature.
Cliché P. Velay - OPIE
Aspidytidés. Tel est le nom donné par ses découvreurs
à une nouvelle famille de Coléoptères Adéphagiens,
prédateurs, aquatiques, proches des Dytiscidés et des
Hygrobiidés, caractérisés par la perte secondaire de
la nage. Ce taxon - à rapprocher des Liadytidés fossiles du
Jurasique et du Crétacé - comporte deux espèces,
Aspidytes niobe, d'Afrique du Sud, et A. wrasei collecté
en Chine par un amateur, qui est resté plusieurs années loin
de soupçonner l'importance de son spécimen.
D'après "Deutsche Forscher finden neue Käferfamilie",
lu sur Spiegel Online, le 16 novembre 2002, à
www.spiegel.de
Source : Ribera I., Beutel R-G, Blake M., Vogler A.P., 2002. Discovery
of Aspidytidae, a new family of aquatic Coleoptera. Proceedings
of the Royal Society : Biological Sciences, 269 (1507), 2351-2356.
Photo de la tête de la larve à
www.spiegel.de/wissenschaft/erde/0,1518,grossbild-223324-222825,00.html
Les îles Galapagos, très loin au large du Pérou, ont
été difficilement colonisées par les oiseaux terrestres.
Sur place, les descendants des pionniers - un pinson venu d'Amérique
centrale - ont évolué rapidement pour exploiter, chacun à
sa façon, les ressources locales. Les 13 espèces actuelles
(genres Gospiza, Camarynchus, Platyspiza et Certhidea) ont
acquis, ainsi, des becs différents selon leur régime, granivore,
frugivore, insectivore… Charles Darwin, par cette diversité,
a illustré sa théorie de l'évolution.
De nos jours, c'est par bateau et par avion, profitant beaucoup du tourisme,
que les animaux - dont les insectes - envahisseurs arrivent aux Galapagos
(voir Insectes n°115, 1999). Signalés en 1997, dans les
nids de pinsons, par Birgit Fessl, Sabine Tebbich et Maria Couri (Institut
Lorentz à Vienne) les asticots de trois mouches, dont l'espèce
la plus commune est Philornis dowsoni (Diptère Muscidé)
se révèlent capables de mettre en péril ces oiseaux.
Ses larves ectoparasites obligatoires, elles tuent le quart des nichées,
une mortalité qui s'ajoute à une sécheresse accentuée
et à la prédation par les rats.
Traiter tous les nids à l'insecticide n'est pas impossible mais la
solution durable serait qu'un équilibre s'établisse entre
hôte et parasite, que les pinsons s'" habituent " à leur nouvelle
mouche…
D'après, notamment, " Wampire maggots threaten Darwin's finches
", par John Whitfield, Nature Scienceupdate, du 11 novembre 2002,
lu à www.nature.com
L'Institut de biologie de Syktyvkar (République autonome des Komi)
annonce la découverte d'une plante cultivable au Nord, produisant
en quantité des ecdystéroïdes : Serratula coronata,
une Astéracée. Premier ecdystéroïde isolé
(en 1954, par Karlson et Butenandt à partir de 500 kg de Ver à
soie), l'ecdysone est l'hormone de mue des insectes, produite par les glandes
prothoraciques (voir Insectes n° 118 : Le développement
des insectes : mues et métamorphoses, par Michel Lamy).
De nombreuses plantes y compris des algues et des champignons, en produisent
; c'est pour elles un moyen de défense contre les arthropodes phytophages.
On l'utilise dans les élevages de Ver à soie pour synchroniser
les nymphoses. Leur emploi en lutte contre les insectes ravageurs, pour
dérégler leur développement, semble très peu
intéressant.
En fait, c'est aux sportifs qu'est destinée la récolte de
Serratule, bien plus rentable que l'extraction à partir de Bombyx
mori. Les ecdystéroïdes sont en effet des anabolisants qui
augmentent la masse musculaire et favorisent la cicatrisation. Cet
intérêt pour une hormone des insectes est dû à
ce que, extraits de plantes et présents dans l'alimentation -
particulièrement dans les épinards -, ils ne sont pas
interdits.
D'après InformNauka, lu via www.alphagalileo.org le 10 novembre
2002.
Sur le sujet "Sport et insectes", voir
"Un petit coup de frelon", épinglé
en 2001.
Le 6 novembre 2002
Son nom scientifique (seul attesté) est Aethina tumida. C'est
un Coléoptère Nitidulidé sud-africain qui passe relativement
inaperçu dans son aire d'origine où les abeilles locales Apis
mellifera scutellata ne le laissent pas prospérer. Un seul
entomologiste lui a consacré une étude consistante : A. E.
Lundie, en 1940. En Floride, où il a pris patte en 1998, comme en
Australie où il pullule depuis peu, c'est une peste.
Dans ces pays conquis, en effet, les colonies de l'Abeille mellifère
européenne (la nôtre) se laissent piller - et pas proprement
- leurs réserves de miel et leur couvain par les larves qui creusent
des tunnels dans la cire.
Ces larves se développent en 2 ou 3 semaines avant de se nymphoser
dans le sol durant 2 à 8 semaines. Les imagos, aux antennes en massue
et aux élytres tronqués, finement velus (et, de ce fait, glissant
entre les doigts), gros comme le 1/3 d'une ouvrière, sont d'abord
attirés par la lumière avant de préférer les
recoins sombres de la ruche, où la femelle commence à pondre,
une semaine après son émergence. Les générations
se chevauchent en fait toute l'année.
Pour combattre ce nouvel ennemi, à défaut de pouvoir inculquer
aux abeilles européennes les qualités de leurs cousines africaines
- qui sont meilleures ménagères et qui quittent vite une ruche
agressée - , il est recommandé de déplacer les ruches
(pour égarer les adultes émergents) et d'installer des bandelettes
anti-varroa imprégnées de coumaphos - sans dépasser
la dose prescrite (voir Brève " Les apiculteurs font de la
résistance " , du Courrier n°45, à
www.inra.fr/dpenv/brevec45.htm).
D'après, entre autres, " Un ravageur des ruches débarque
en Australie " par Yves Miserey, le Figaro Sciences et Santé,
lu le 2 novembre sur www.lefigaro.fr
Biologie et photos d'Aethina tumida à
creatures.ifas.ufl.edu/misc/bees/small_hive_beetle.htm
et
doacs.state.fl.us/~pi/enpp/ento/aethinanew.htm
NDLR 1 : encore un envahisseur qui est passé entre les mailles
du filet tendu par les Australiens, pourtant parmi les plus scrupuleux en
la matière.
NDLR 2 : dans la même famille, sont connus des services phytosanitaires,
notamment, le Nitidule des fruits secs (Carpophilus hemipterus) et
le Méligèthe du colza (Meligethes aeneus) exposé
sur HYPPZ à
www.inra.fr/hyppz/ravageur/3melaen.htm
Dessins ci-contre : en haut, spécimen naturalisé en
position étirée ; en bas, silhouette naturelle.
Le 8 octobre 2002
" Une poignée d'abeilles vaut mieux qu'un sac de mouches ", certes,
mais pour l'apiculteur ce maigre cheptel ne fait pas du tout l'affaire, il
accuse le Gaucho (insecticide dont la matière active est l'imidaclopride)
de la ruine de ses colonies et de ses maigres miellées.
Écrire " l'apiculteur " pour représenter les 100 000 éleveurs
d'Apis mellifera (Hyménoptère Apidé) ne vaut
que pour leur opposition au Gaucho ; pour le reste, les 1 500 professionnels,
les 3 000 pluri-actifs et les 75 000 amateurs sont - et depuis toujours -
très divisés, voire violemment opposés (leurs 3 syndicats
s'assignent en justice…). Et pour ce qui est des effets néfastes
de l'insecticide, tout au plus a-t-on pu mettre en évidence au laboratoire
un effet de doses très faibles sur le comportement des adultes. Fait
plus troublant, ce n'est qu'en Francophonie que le Gaucho a un effet sur
les avettes.
Ceci dit, si nos apiculteurs ont besoin d'un bouc émissaire, c'est
que les abeilles ne vont pas bien.
Un acarien parasite, Varroa jakobsoni, parti d'Orient il y a un
siècle, a envahi les ruches du monde entier, profitant des introductions
de reines - une pratique aussi fréquente qu'incontrôlée
destinée à " améliorer " le cheptel.
L'abondance et la nature des fleurs, sources de nectar et de pollen
visitées par les butineuses dans nos campagnes ont changé,
du fait de l'intensification agricole de l'entretien des bermes et du
désherbage des cultures et des vergers " soigneux ". La transhumance
est ainsi souvent devenue nécessaire.
Les 100 000 tonnes de pesticides déversés en France chaque
année empoisonnent peu ou prou les abeilles. L'on exige des
spécialités, pour être homologuées, de ne pas
avoir d'effets létaux sur l'abeille domestique ; bientôt, on
vérifiera l'absence d'effet sur leur comportement. Mais les erreurs
et mauvaises pratiques ne sont pas rares du tout (cuves de traitement mal
rincées, mélange avec du white spirit, etc.) qui provoquent
des massacres.
L'abeille - objet d'une intense zootechnie - est sans doute l'insecte le
mieux suivi : ses malheurs sont hélas ceux de bien d'autres
Hyménoptères floricoles et pollinisateurs, sociaux ou pas,
qui, dans les paysages " bien propres " soumis notamment à l'agriculture
intensive, ne trouvent que des ressources réduites et ne peuvent
échapper aux toxiques.
D'après, entre autres, d'Yves Miserey, " Malaise dans les ruches
françaises " et " Un essaim de dossiers occultes " paru dans le
Figaro Sciences du 5 octobre 2002, lu à
www.lefigaro.fr
On a lu - on relira - " Impact des pesticides sur les abeilles et
autres pollinisateurs " par Jean-Noël Tasei, le Courrier n°29,
décembre 1996, en ligne à
www.inra.fr/dpenv/tasei29.htm
Tous les ans, le nombre de cas d'infestations de locaux par la Punaise de
lit quadruple. Oubliée depuis quelques décennies (grâce
aux applications de DDT et aux mesures d'hygiène), Cimex lectularius
(Hétéroptère Cimicidé), redevient le compagnon
- peu désirable - de nombreux foyers anglais, s'y repaissant nocturnement
du sang de ses habitants. L'insecte a profité (et continue à
profiter) de plusieurs facteurs. Régulièrement traité,
il est devenu résistant aux matières actives qui ont remplacé
le DDT interdit (comme la perméthrine). Capable de jeûner longtemps,
il voyage d'un continent à l'autre sans risque et attend (jusqu'à
un an) des jours meilleurs (un repas de sang quotidien) dans tout objet
d'ameublement (y compris l'électro-ménager et
l'électronique).
Pour Ian Burgess, directeur du Medical Entomology Centre de l'université
de Cambridge, la résurgence de cette vermine est à mettre au
compte - en grande partie - de la multiplication des vides-greniers, qui
sont devenus très à la mode. Et où s'échangent,
avec les objets les plus divers, des petits élevages discrets d'un
insecte fort désagréable.
Et pensons à changer d'insecte dans l'expression " marché aux
puces ".
D'après, notamment, NewScientist.com, lu le 2 octobre : "
Second-hand Sales blamed for bedbugs'comeback " d'Andy Coghlan
(www.newscientist.com)
À (re)cliquer : " Punaise !
".
Pour les adultes, un relevé des " perversion " sexuelles de
la bête, telles que racontées par B. Werber dans Le jour
des fourmis à
perso.shunsoft.net
rubrique Humour.
Le dessin ci-contre représente une posture d'insémination
traumatique.
La Mouche du vinaigre (Drosophila melanogaster, Diptère
Drosophilidé), au milieu du XXe siècle, a subi une
mutation du gène Cyp6g1, la rendant résistante au DDT, insecticide
nouveau à l'époque et très employé. Depuis, les
applications de cette matière active ont cessé, pratiquement,
mais l'insecte a pourtant conservé ce gène. Second fait
étonnant : ce seul gène confère à la Drosophile
une résistance à toute une variété d'insecticides
sans parenté chimique entre eux : organochlorés,
organophosphorés, carbonates, urée-substitués…
La découverte - qui vient d'être publié dans
Science - est inquiétante.
La Drosophile n'est pas - sauf cas bien particuliers - un ravageur et sa
résistance " universelle " n'a probablement aucun impact sur notre
économie. Mais on frémit à l'idée qu'une telle
mutation se produise chez une peste majeure : nous serions alors
désarmés chimiquement (soit presque totalement, dans la plupart
des cas). Comme il n'est pas dit que ça n'arrivera pas, il faut -
plus que jamais - travailler à améliorer et à appliquer
la lutte intégrée, où l'on met en œuvre un ensemble
de mesures de lutte, lutte culturale et lutte biologique notamment.
Autre leçon : La Drosophile n'est pas un " modèle " plus ou
moins abstrait pour généticien, évoluant dans des
bouteilles. C'est un insecte à part entière qui, comme les
autres, s'est adapté au " paysage agricole " que l'homme a
modifié.
D'après " Pesticide résistance warning after gene discovery
", communiqué de presse de l'université de Melbourne en ligne
le 26 septembre 2002 à www.unimelb.edu.au
Le 3 octobre 2002
Toute la presse, papier et internautique, annonce le décryptage des
génomes d'Anopheles gambiae (Diptère Culicidé)
- 14 000 gènes - et de Plasmodicum falciparum - 5 300 gènes
- , agent du paludisme, transmis par la piqûre du moustique
sus-nommé.
Quelque 200 chercheurs répartis dans 10 pays (en France, du
Génoscope et de l'institut Pasteur) ont contribué à
cette double " grande découverte ", que les revues Nature et Science
publient cette semaine. Prouesse scientifique et technique entreprise et
menée à bien " parce qu'on savait le faire " ou contribution
à la maîtrise du fléau sanitaire ?
À (très) long terme, on entrevoit la possibilité
d'introduire dans les populations de moustiques sauvages des individus
génétiquement modifiés de façon à être
incapables de transmettre le protozoaire. Mais cette " lutte
génétique " modifiera irréversiblement Anopheles
gambiae sans qu'on sache en évaluer les conséquences.
À plus court terme, cette connaissance du génome pourrait
accélérer la mise au point d'un vaccin, améliorer les
insecticides anti-moustiques et les médicaments contre le " palu "
(les matières actives comme les antipaludéens classiques et
bon marché sont devenus inefficaces).
Les pays pauvres où sévit cette maladie pourront-ils mettre
en œuvre ces nouveaux traitements coûteux ? Aux 500 millions de
malades (dont 1,5 à 2,7 millions mourront dans l'année), l'ensemble
du monde consacre actuellement un budget dérisoire. Sur place, c'est
une petite partie des 5 € qui sont alloués, par personne, à
la santé dans ces pays. Les travaux des génomiciens, quelque
brillants qu'ils soient, ont de quoi rendre amers les entomologistes, les
épidémiologistes et les médecins sur le terrain.
D'après, entre autres, cyberpresse.ca, BBC News
et le Figaro (rubrique Sciences), lus le 3 octobre 2002.
Le 16 septembre 2002
Chez Dinoponera quadriceps (Hyménoptère Formicidé),
il n'y a pas de reine (femelle vraie) à proprement parler mais une
" cheffe ", ouvrière promue reproductrice et maîtresse de la
petite colonie hiérarchisée de cette fourmi géante (3
à 4 cm de long). Francis Ratnieks (université de Sheffield)
et Thibaud Monnin (université Pierre-et-Marie-Curie) ont observé
chez elle un curieux comportement de maintien de la cheffe au rang de cheffe.
Une sub-dominante (sœur de la cheffe) manifeste-elle une propension
à s'élever dans la hiérarchie ? La cheffe l'oint du
bout de son aiguillon d'une phéromone. C'est un message - un ordre-
pour les ouvrières (filles de la cheffe) qui s'empressent de punir
l'audacieuse : morsures, coups, immobilisation des pattes et des antennes.
Les tortionnaires se relayent. Au bout d'une heure à quelques jours,
elle a son compte. Elle n'en meurt pas mais a rétrogradé d'une
bonne douzaine de degrés - un handicap quelle ne rattrapera jamais.
Tout ceci respecte les lois de la vie. L'ouvrière, en molestant la
prétendante, favorise la génération de sœurs et
empêche celle de cousines, plus éloignées
génétiquement.
Mais la cheffe vieillit, sa fertilité (jamais plus de 2 ou 3 œufs
par jour toutefois) faiblit. Un moment vient - au bout d'un ou deux ans -où
elle laisse échapper l'ordre… dirigé contre elle même.
Le passage à tabac dure quelques jours. Coups et jeûne forcé.
Elle est relâchée mais ne récupère pas et meurt.
Une nouvelle cheffe prend sa place, devient alpha, s'accouple, sectionne
l'abdomen du mâle, garde les spermatozoïdes dans sa spermathèque
et veille à ce que nul individu bêta ne la déloge,
pratiquant quand il le faut, ce " baiser de la mort ".
D'après, notamment, " Godmother'ant uses mob tactics to rub
out rivals ", communiqué de presse de l'université de Sheffield,
lu le 5 septembre 2002 à www.schef.ac.uk/
En Amazonie, dans le fond d'anciennes galeries, se pratique un élevage
collectif à double objectif : miellat et cire.
Le groupe des éleveurs est une colonie de quelque 200 abeilles
Schwarzula (Hyménoptères Apidés). Le bétail,
des cochenilles du genre Cryptostigma (Hémiptères
Coccidés). Et les galeries ont été forées par
des chenilles de Lépidoptères dans le tronc de certains arbres.
La cochenille piqueuse-suceuse s'alimente de la sève de l'arbre et
excrète un abondant miellat que les abeilles récoltent au fur
et à mesure pour en faire leur miel. Rien de très étonnant,
notre miel de sapin provient de l'exploitation du miellat
d'Hémiptères, notamment de pucerons (Aphidoidea)
installés sur les aiguilles. La découverte, la surprise, c'est
que, d'une part, l'élevage ne se fait pas à l'extérieur
(comme dans le cas de fourmis éleveuses) et que, d'autre part, la
cochenille fournit à l'abeille la cire pour bâtir ses
alvéoles. La symbiose abeille/Homoptère est étroite.
L'abeille ne récolte pas de nectar au dehors et se fournit en sucre
uniquement auprès de ses cochenilles, la cochenille ne vit que dans
le nid de l'abeille et compte très vraisemblablement sur son hôte
pour sa dispersion.
D'après " Bee farms honey and wax ", par John Whitfield, Nature
Scienceupdate, 28 août 2002, lu à www.nature.com
Envahisseurs associées, ravages durables
La Fourmi de feu Solenopsis invicta (Hyménoptère
Formicidé) a débarqué aux États-Unis peu après
1930 en Alabama. Elle s'y est acclimatée et y prospère, causant
des dommages très importants. Son succès serait dû pour
une large part à son association avec une cochenille asiatique ; c'est
ce que viennent de publier, dans Ecology, K. R. Helms et S. B. Vinson
de la Texas A&M University, suite à leur étude des
Homoptères des plantes fourragères. La Cochenille de l'herbe
de Rhodes (cette plante est une Poacée d'Afrique de l'Est…),
Antonia graminis (Hémiptère Coccidés) est
naturalisée états-unienne depuis les années 1940. Son
arrivée se fit très discrètement.
Si certaines colonies de la Fourmi de feu font de l'élevage, en plein
air, beaucoup construisent au sol des " étables ", en tous cas des
abris, plus spécialement pour leurs troupeaux d'A. graminis.
Pourquoi ? Pour s'éviter des déplacements dangereux, pour le
bien-être des cochenilles ? Toujours est-il que la fourmi, qui tire
le tiers de ses ressources du miellat de la cochenille bénéficie
de ce mutualisme. Et que les dégâts sont augmentés.
D'après " Invasive species : those who live together invade
better ", lu le 12 septembre 2002 sur EurekAlert, à
www.eurekalert.org
Le 29 août 2002
Les blattes (Insectes Dictyoptères) sont des modèles
d'agilité et d'équilibre sur les terrains les plus accidentés
(à leur échelle).
Pour Robert Full - de l'université de Californie à Berkeley
-, si les blattes ne font ni embardées ni culbutes, c'est grâce
à la conformation de leurs muscles et de leur exosquelette
chitineux.
Comment préciser les raisons de la formidable " tenue de route " du
cafard ? En observant sa réaction à une impulsion
déstabilisante. Après divers essais, c'est le canon qui a eu
la faveur de l'expérimentateur. Un canon petit, de 2 cm de long,
chargé de poudre, déclenché par une impulsion
électrique, collé sur le dos de Blaberus discoidalis
(d'Amérique du Sud) - 44 mm de long. Le recul de l'arme lors du
tir (à blanc) déséquilibre le cobaye. Qui vacille mais
ne valdingue pas, poursuivant son chemin sur ses 6 pattes. Sa réaction
est plus rapide que ce que permet la vitesse d'un influx nerveux ; ce sont
les propriétés élastiques de la patte de cancrelat qui
expliquent cette performance.
À partir de ce résultat R. Full et un collège
ingénieur ont construit un robot hexapode à patte élastique,
véloce et très stable.
D'après " It's Not Easy to Derail a Roach ", lu le 26 août
2002 sur Daily inScight, à www.academicpress.com
Photo de B. discoidalis à
www.bio.umass.edu/biology/kunkel/bd_fm.html
Une blatte artificielle franchit un obstacle à
ai.eecs.umich.edu/RHex/
À Bangkok (Thaïlande), le dernier chic est d'adopter, comme animal
de compagnie, une Blatte souffleuse de Madagascar - dont on peut même
entretenir tout un troupeau, même si l'animal est de bonne taille
(jusqu'à 10 cm) et mange en proportion (fruits, pain sec, galettes).
Ce Blattodea Oxyhaloïdé - qui peut vivre plusieurs
années - se reproduit très vite : 40 à 60 descendants
au bout de 2 mois forment une engeance grouillante qui ne demande qu'à
s'échapper dans la nature.
C'est ce qui a incité le ministre de la Santé, Sudarat Keyuraphan,
à prier les vendeurs d'en cesser le commerce, pour prévenir
invasion et risques sanitaires. L'insecte, importé, est proposée
là-bas à 50 baht la pièce au marché Chatuchak,
soit un peu plus d'un euro. Cela vaut-il le voyage ? À notre avis,
non. Mieux vaut se fournir à l'OPIE où des Gromphadorhina
portentosa jeunes et en parfaite santé sont proposées à
10 € le lot de 12.
D'après Yahoo! Actualités du 20 août 2002, lu
à fr.news.yahoo.com
Les insectes vivants proposés à la vente par l'OPIE sont
catalogués là.
Une autre photo, montrant un troupeau à
goldenphoenixexotica.com/
roach1.jpg
Originaire d'Amérique centrale, échappée du jardin botanique
de Darwin à la fin du XIXe siècle, Mimosa pigra s'est
répandue récemment dans le Nord de l'Australie, formant des
peuplements denses où rien d'autre ne pousse. C'est, en matière
de conservation, l'une des pires espèces envahissantes. La lutte est
surtout mécanique (broyage, brûlage), et chimique (herbicide).
Les différents organes de la plante sont fort peu attaqués
par les insectes. Au Mexique, 441 espèces se développent à
ses dépens, dont 7 ravageurs spécifiques.
En 1983 furent introduits deux Coléoptères Bruchidés
mexicains, Acanthoscelides quadrildentatus et A. puniceus,
dévoreurs des graines. Leur succédèrent les
Coléoptères Coelocephalopion aculeatum et C.
pigrae, anthophages. Puis deux foreurs du tronc, Carmenta mimosa,
Lépidoptère Sésiidé , et Neurostrota
gunniella, Lép. Gracillariidé ; ce dernier est un auxiliaire
efficace. L'arme la plus récente mange les feuilles à l'état
adulte tandis que sa larve se nourrit des racines. C'est Malacorhinus
irregularis, un Coléoptère Chrysomélidé
originaire, lui aussi, du Mexique. En tout, une dizaine d'insectes et deux
agents pathogènes sont acclimatés et oeuvrent, pour un coût
modique, à la lutte biologique contre la peste végétale.
L'ACIAR (Australian Centre for International Agricultural Research) recherche
d'autres Chrysomèles de ce type et travaille à perfectionner
les épreuves de choix des auxiliaires phytophages. Un savoir-faire
qui sera partagé avec les autres pays où sévit la Grande
Sensitive : Malaisie, Thaïlande, Vietnam, Indonésie.
D'après " Controlling invasion of the exotic shrub (Mimosa
pigra) in tropical Australian wetlands ", par Michelle Marko,
Restoration and Reclamation Review , vol. 4, 1999 (www.hort.agri.umn.edu/)
et " Mimosa under attack " lu sur CSIROnline, le 8 août 2002, à
www.csiro.au
Photo de M. irregularis à
www.csiro.au/index.asp?type=mediaRelease&id=Prmimosa&style=mediaRelease
La lutte biologique.
Le 19 juin 2002
Chapeau, l'abeille africaine !
Le caféier, Coffea arabica, était traditionnellement
cultivé dans des plantations mixtes. Il fait désormais presque
partout l'objet d'une monoculture intensive et ses rendements, après
avoir crû ont diminué, notamment en Indonésie et en Afrique.
Ceci serait du à la désaffectation des Hyménoptères
pour ces milieux simplifiés. D.W. Ronbik, apidologue états-unien,
vient de montrer que le caféier n'est pas - contrairement à
ce qui était affirmé par les botanistes et les agronomes -
indifférent à la pollinisation emtomophile. Au Panama,
d'après ses observations, l'intervention d'un pollinisateur efficace,
l'" abeille africaine " introduite en l'occurrence, augmente le rendement
de 50%.
Dans les plantations, le maintien d'un milieu favorable aux insectes auxiliaires
aurait des effets bénéfiques importants. Le surplus de
récolte permettant de tolérer des dégâts limités
d'insectes ravageurs et, donc, de se passer de traitements insecticides.
D'après " Bees give coffe crops a buzz " lu sur Nature
Scienceupdate, le 13 juin 2002, à
www.nature.com
Le charançon européen Larinus planus - auxiliaire de
lutte biologique contre des chardons envahissants venus d'Europe (Centaurea
maculosa et C. diffusa) aurait-il eu le mauvais goût de
délaisser sa cible pour s'attaquer au Chardon de Tracy (Cirsium
tracyii) autochtone? Et de se voir ainsi épinglé au tableau
(très peu rempli) des erreurs de la lutte biologique contre les mauvaises
herbes ? Pourtant, ses goûts avaient été bien
étudiés et sa spécificité pour le chardon-peste
végétale introduite vérifiée. En nature, notre
Coléoptère Curculionidé a pris goût à une
plante locale… Ce qu'ont exposé Svata Louda et Charles O'Brien
dans le numéro de juin de Conservation biology.
Ceci posé, le cas de Larinus planus n'est pas le meilleur pour
dénoncer les risques écologiques insensés que prendraient
les entomologistes en lutte contre les adventices. Car, s'il a été
apporté dans certaines zones infestées de chardons, c'est à
partir de places relativement proches où il était arrivé
sans l'aide volontaire de quiconque. Notre charançon est, tout comme
la Centaurée tachetée, un immigrant clandestin. Personne ne
l'a introduit en Amérique du Nord pour l'affecter à la destruction
de l'envahisseur végétal. Ne lui reprochons pas de n'avoir
pas passé les épreuves très sévères
obligatoires pour tous les candidats " agents de lutte biologique " allochtones.
Mais sa dérive oblige à redoubler de précautions.
D'après, notamment, " Biocontrol backfires again lu sur EurekAlert
! le 28 mai 2002 à www.eurekalert.org, la fiche larinus planus du
Lethbridge Research Centre (Agriculture et agroalimentaire Canada) à
res2.gr.ca/lethbridge/weedbio/agents/alaripla.htm
Association de malfaiteurs
En tous cas du point de vue des chenilles…
Les Hyménoptères parasitoïdes, rappelons-le, ont un mode
de vie du genre histoire d'horreur. L'imago pond dans une larve de
Lépidoptère bien vivante, ses oeufs éclosent et les
larves entreprennent de dévorer - en commençant par les moins
indispensables - tous les organes de la chenille, laquelle demeure toujours
vivante (elle ne pourrit pas) mais se voit bientôt réduite à
un sac. Jusqu'à ce que les larves, au terme de leur développement,
crèvent la cuticule de leur hôte - c'est tout ce qu'il reste
ou presque - pour se nymphoser dans un cocon à proximité ou
au sol.
La chenille souffre (?) en silence mais non sans résistance : son
hémolymphe véhicule des cellules spéciales capables
d'encapsuler tout intrus - comme un œuf de certains Braconidés,
par exemple. Mais le Braconidé parasitoïde neutralise cette
défense, et ce grâce à un virus.
En effet, ces Hyménoptères sont " associés " à
des polyDNAvirus qui se répliquent uniquement dans des cellules
spécialisées de leurs ovaires et accompagnent l'œuf lors
de la ponte. La symbiose, d'après un travail récent de Jim
Whitfield, d'un genre tout particulier - le virus est incorporé au
génome de l'insecte et le quitte dans l'ovaire -, s'est établie
très anciennement : c'est en effet il y a 74 millions d'années
que les espèces porteuses de polyDNAvirus se sont
différenciées . Un résultat obtenu par l'examen de trois
gènes de 28 espèces de Braconidés, replacés sur
leur arbre phyllogénétique grâce à l'examen de
spécimens fossilisés dans l'ambre du New Jersey et de la
Baltique.
D'après -" The World's Oldest Genetic Engineers " lu dans
Academic Press DailyInsight le 28 mai 2002 à
www.academicpress.com
Cotesia (Apanteles)
melanoscelus et chenille de Lymantria dispar parasitée
: dessins de Claire Villemant (cf
www.inra.fr/dpenv/ld-m-en2.htm)
Le 6 juin 2002
C'est comme des Épingles, aussi intéressant. Ce ne sont
pas des vraies de chez OPIE mais il faut les lire :
Impact écologique
de la protection des vergers de pommiers: comparaison de méthodes
chimique et biologique
La longue histoire des
abeilles depuis leur origine asiatique
Un charançon
européen pour lutter contre la prolifération de certains pins
en Afrique du Sud
http://creatures.ifas.ufl.edu/fruit/tropical/mexican_fruit_fly.htm
Envahisseuse, envahisseur !
L'alerte est donnée. Mais la Protection des végétaux veille et, tout particulièrement, son laboratoire principal à Montpellier. Les entomologistes examinent les végétaux importés et surveillent les ravageurs nouveaux immigrés autant que les déprédateurs habituels.
Envahisseuse, la Chrysomèle des racines du maïs, Diaborotica virgifera (Coléoptère Chrysomélidé), inscrite à l'"annexe 2" (de la liste européenne des ravageurs de quarantaine), présente notamment en Italie, menace nos cultures. Dans son aire d'origine, l'Amérique du Nord, l'animal est connu sous le nom de western corn rootworm. L'Organisation européenne et méditerranéenne de la protection des plantes (OEPP/EPPO) le suit depuis qu'il a pris pied (tarse) en Europe, autour de l'aéroport de Belgrade (Serbie) en 1992. Il a été signalé en Hongrie et en Croatie en 1995, en Roumanie en 1996, en Bosnie Herzégovine en 1997, en Bulgarie, au Monténégro, en Italie en 1998, en Slovaquie et en Suisse en 2000, enfin en Ukraine en 2001. L'adulte pond dans le sol des œufs blancs très petits (0,1 mm). Les larves blanches et cylindriques éclosent au printemps et se portent, attirées par le gaz carbonique, sur les racines du maïs, qu'elles dévorent : ce qui provoque les dégâts les plus graves, les plants affaiblis finissent en effet par verser. Au bout de 3 stades larvaires, effectués en 3 à 4 semaines, elles construisent une coque et se nymphosent. L'adulte, jaune, long de 6 mm, émerge peu après, sort du sol et va se nourrir des soies, des panicules et des feuilles du maïs. Il y a en principe une génération par an. Les maïsiculteurs traitent chimiquement au moment du semis ou alternent maïs et soja. Mais cette pratique de lutte culturale semble déjà contournée par certaines populations " résistantes " au sein desquelles les individus retardent leur développement. En Suisse, on annonce pour 2002 la commercialisation d'un nouveau maïs-Bt (créé par Pioneer Hi-Bred et Mycogen) où la toxine est en quantité suffisante dans les radicelles.
Envahisseur,
le papillon Paysandisia archon, Lépidoptère Castniidé,
d'origine argentine, ravageur des palmiers, est peut-être un
récidiviste : importé sur la Côte d'Azur en 1913, il
aurait été éliminé par le froid en 1929 (cette
première invasion n'a laissé aucune trace : légende
?). Mais en 2001, les pépiniéristes hyérois, voyant
de nombreux palmiers mourir, ont alerté l'INRA. Les papillons ont
eu le temps d'émerger et de se faire admirer : l'imago, de 10 à
11 cm d'envergure, ailes antérieures vert olive, ailes postérieures
rouge orangé tachées de blanc et de noir, est diurne. La femelle
pond à la base des pétioles foliaires. La chenille rose
orangé puis blanc-crème, creuse ses galeries dans le stipe.
Paysandisia archon s'est fait inscrire, par l'arrêté
modificatif du 7 février 2002, à la liste des organismes nuisibles
aux végétaux produits végétaux et autres objets
soumis à des mesures de lutte obligatoire (arrêté du
31 juillet 2000). Il sévit également en Espagne et semble -
jusque là - n'affecter que les palmiers ornementaux, mais le dattier
pourrait bien lui convenir…
D'après, notamment, Terre-net du 1er mai 2002,
(www.terre-net.fr), Palm warning
(www.chez.com/palmiers/alertecastnia.php) et
"Un nouveau ravageur des palmiers dans le Sud de la France, par Jean Drescher
et Anne Dufay, paru dans PHM n°429 (2001), pp. 48-50.
À lire, annoncé par Philippe Reynaud (PV Montpellier),
un article complet sur Paysandisa dans le prochain
Phytoma.
Les photos de Diabrotica sont celles de la page 11
d'Insectes n°124. Elles sont reprises de
www.ipm.uiuc.edu/publications/
Celle de P. archon est de Jean Drescher (INRA-Antibes), le
découvreur de l'intrus.
Nommer, dénommer, renommer…
… La tâche est rude pour les systématiciens, d'autant qu'un
même nom peut avoir été donné à deux
espèces bien différentes. Ainsi un Dinosaure (découvert
fossilisé au Zimbabwe en 1969) s'est vu attribuer le nom de Syntarsus
par M. Raath au regard des os soudés de ses pieds. Or, un
Coléoptère Zophéridé de Madagascar portait
déjà ce nom, attribué par M. Frimaire en 1869. Le gros
reptile s'appelle désormais Megapnosaurus, pour qu'on ne le
confonde pas avec le petit insecte.
Ornithorhynchus anatinus, l'Ornithorynche, a été d'abord
baptisé Platypus, nom qu'il a perdu pour les scientifiques,
mais conservé en anglais. En effet, l'agent de la Piqûre noire
du chêne avait déjà été nommé
Platypus (P. cylindrus, Coléoptère
Platypodidé).
D'autres cas ? Sans doute vous voulez partir en chasse ? Allez sur Internet,
prenez un moteur de recherche, tapez un nom d'insecte et examinez les
résultats…
D'après, notamment, " Beetle beat jurassic dinosaur ",
communiqué de presse du CSIRO paru le 1er mai 2002, lu
sur www.csiro.au
A cliquer , notre rubrique
Nomenclature.
Dessin de Platypus cylindrus par Claire Villemant ; galeries
à
www.inra.fr/dpenv/d15mamor.htm#xy
galeries
Le 25 avril 2002
Des millions d'espèces en moins
Question ressassée : combien y a-t-il sur terre d'espèces
d'insectes, le groupe d'animaux le plus " biodivers " ?
On peut raisonnablement indiquer qu'environ 750 000 espèces ont
été décrites par les entomologistes (si l'on fait le
compte dans les catalogues, on trouve jusqu'à 1 million, mais il y
a beaucoup de doublons).
On peut, sans se tromper, avancer qu'on n'a enregistré qu'une petite
partie des espèces existant réellement, sachant que de nombreux
endroits ont été explorés superficiellement ou pas du
tout. Mais quelle partie ?
Pour l'évaluer, on s'est longtemps appuyé sur des inventaires
aussi exhaustifs que possible faits en forêt tropicale humide. Dans
ces milieux très " riches ", on a ainsi établi des listes
très copieuses d'espèces, dont une grande proportion d'inconnues
pour la science, et compté les espèces de plantes, nombreuses
mais bien mieux connues. Puis on procédé par extrapolations
en considérant que chaque espèce d'insecte était
inféodée à une espèce de plante - ou à
un petit nombre - et possédait quelques parasitoïdes plutôt
spécifiques. Tout ce travail pour aboutir au chiffre impressionnant
de 30 et quelques millions.
L'étude que viennent de publier Vojtech Novotny et ses collaborateurs,
au terme de 6 années de récoltes manuelles en Nouvelle
Guinée, rabaissent ce nombre à 4 millions. Leurs observations,
en effet, infirment les hypothèses adoptées ci-dessus en
établissant que la plupart des insectes phytophages sont plutôt
des généralistes, polyphages ou oligophages (au régime
alimentaire restreint à quelques genres ou familles botaniques en
général apparentées) et que la monophagie est rare.
Cette disparition virtuelle établie, il n'en reste pas moins essentiel
de s'efforcer d'empêcher les disparitions bien réelles d'insectes
répertoriés ou pas, que provoquent les agressions de l'homme
vis-à-vis de leurs habitats.
Novotny V., Basset Y., Miller S.E., Weiblen G.D., Bremer B., Cizek L., Drozd P., 2002. Low host specificity of herbivorous insects in a tropical forest. Nature, 416, 841-844.
L'île Christmas, possession australienne de l'Océan indien,
est célèbre pour ses crabes rouges, Gecarcoidea natalis,
qui migrent en masse, passant partout, sur les pelouses et au travers des
maisons, chaque année en novembre, attirant une foule de touristes,
qui sont la richesse du lieu. Ce sont les femelles qui quittent la forêt
équatoriale humide - où l'espèce se nourrit de feuilles
et de pousses - pour gagner la mer où elles pondent. Jusque là,
le succès de cette aventure était garanti, aux accidents de
la route près, les crabes ignorant toute précaution au moment
de traverser les routes.
Depuis quelques années, un nouvel ennemi s'est manifesté, qui
met sérieusement en péril les crabes, dont l'effectif est
déjà réduit de moitié. C'est la Fourmi folle
jaune, Anoplolepis gracilipes (Hyménoptère Formicidé),
une minuscule mais frénétique (d'où son nom) envahisseuse
cosmopolite. Devant elle, notre crabe, capable de fendre en deux une noix
de coco, reste désarmé et se laisse dévorer tandis que
son terrier est " repris " par la fourmi. Celle-ci ne se contente pas du
crabe rouge ; elle attaque toutes sortes d'animaux, arthropodes, reptiles,
oiseaux et mammifères ou perturbe leur reproduction. En revanche,
elle assure à des cochenilles (Hémiptères Coccoidea)
déprédatrices des arbres une protection efficace qui assure
leur pullulation.
Bien que n'occupant encore que 5% de la surface de l'île, la Fourmi
folle jaune en perturbe gravement tout l'écosystème.
D'après, notamment, " Ant's Acid Overrunning Oz Crabs ",
dépêche Reuters lue à
www.wired.com
Fiche Anoplolepis sur Australian Ants Online à
www.ento.csiro.au/science/ants/formicinae/anoplolepis/anoplolepis.htm
Depuis longtemps, depuis 1915 en fait, tous les entomologistes apprennent
et font apprendre qu'il y a 30 ordres d'insectes. C'est
dépassé.
L'ordre des Mantophasmatodea, découvert par Oliver Zompro,
doctorant à l'institut Max-Planck de Ploen en Allemagne, dans l'ambre
de la Baltique, a en effet - et c'est une très grande surprise - des
représentants vivants. Ceux-ci ont été trouvés
en Namibie dans les monts Brandberg, un massif très isolé dont
le classement au patrimoine de l'humanité a du coup été
demandé.
Les Mantophasmatodea, comme leur nom l'indique, sont d'apparence
intermédiaire entre les Mantes (Dictyoptères) et les Phasmes
(Phasmoptères). Une espèce, au moins, possède des pattes
antérieures élargies, qui lui servent à creuser et à
broyer ses proies, constiutées d'araignées et de petits
insectes.
D'après le communiqué de presse de Conservation
international du 17 avril 2002, lu à
www.conservation.org
Photos à
www.conservation.org/xp/CIWEB/newsroom/press_releases/041702.xml
La Fourmi d'Argentine, Linepitema humile (jadis dénommée
Iridomyrmex humilis, Hyménoptère Formicidé) a
été apportée en France vers 1906, dans la région
de Cannes, avec des végétaux d'ornement en provenance du
Brésil. Opportuniste, vorace, profitant des nombreux et divers pucerons
et cochenilles des plantes - elles aussi introduites - de la Côte d'azur,
cette fourmi s'est répandue dans toute l'Europe méridionale
et on la trouve même jusque dans la région parisienne. Elle
envahit les maisons et les jardins et modifie l'équilibre faunique
en éliminant la plupart des fourmis locales. Considérée
comme un ravageur souvent nuisible, par la gêne qu'elle crée
et par les élevages de pucerons qu'elle entretient, la Fourmi d'Argentine
est inscrite à l'Annexe B de l'arrêté du 31 juillet 2000,
liste des organismes contre lesquels la lutte est obligatoire sous certaines
conditions.
Une particularité étonnante de cette envahisseuse vient
d'être découverte par une équipe
helvetico-franco-néérlandaise. Du Finistère espagnol
au golfe de Gênes en Italie, les nids de cette fourmi forment une immense
supercolonie, sur 6 000 km le long de l'Atlantique et de la
Méditerranée (ainsi qu'une seconde, plus petite, localisée
en Catalogne). Les individus d'un nid, mis en présence d'individus
d'un autre, même très éloigné, ne font pas ce
que font normalement les fourmis de deux nids, même voisins : ils ne
se battent pas jusqu'à la mort. Ils sont donc étroitement
apparentés, au point d'avoir la même odeur " familière
".
Cette vaste communauté résulte peut-être d'un "effet
de goulot", c'est-à-dire que toutes les Fourmis d'Argentine de la
supercolonie, issues d'un très petit nombre de pionnières,
sont demeurées génétiquement très proches. Mais
il s'agirait plutôt du résultat d'une évolution : dans
leur nouvel habitat, à leur débarquement, les fourmis ont
bénéficié de conditions favorables, nourriture abondante
et variée et, surtout, moindre pression des prédateurs, parasites
et maladies. Il en est résulté une densité relativement
très forte des nids, plus d'interactions et un avantage pour celles
des fourmis à l'humeur pacifique, les belliqueuses, gardiennes farouches
de leur territoire, dépensant toute leur énergie en combats.
Cette " unicolonialité " n'est pas durable, annoncent les entomologistes
myrmécologues : elle amène en effet des fourmis à aider
d'autres fourmis qui ne leur sont pas étroitement apparentées
: un désintéressement qui finira par coûter trop cher
à celles qui le pratiquent, lesquelles s'effaceront devant des fourmis
normalement égoïstes.
D'après " Researchers find 3,600 mile ant supercolony" lu sur
CNN.com, "Ant supercolony dominates Europe" paru sur BBC News
le 16 avril 2002 et " L'empire des fourmis ", par Nicolas Gantier, lu le
17 avril sur le Journal permanent de Science et Avenir.
Le 26 mars 2002
En troupes plus ou moins nombreuses, entourant un orifice ou flottant dans
l'espace, les fourmis (noires et luisantes) sont fréquentes dans
l'œuvre peint de Salvador Dali. Elles se font aussi remarquer dans Un
chien andalou (1928), film qu'elles ont inspiré, à partir
d'un rêve. Avec le sang et les excréments, ce sont, pour l'artiste,
des éléments terrorisants, des images de mort. Avec les sauterelles
également (dans Le grand masturbateur,1929).
L'entomologiste myrmécologue (et paranoïaque critique) ne peut
s'empêcher de relever que, dans ce tableau, comme dans L'énigme
du désir (1929), Lénine au piano (1931) et L'amour
et la mémoire (1931), les " fourmis " ont 4 pattes. De même
que l'Orthoptère sus-cité.
Sur le Buste de femme rétrospectif (1933), nos
Hyménoptères en ont 6.
Quant aux sauterelles (ou criquets ?), Dali enfant les capturait, déployait
leurs ailes et les relâchait en général - jusqu'à
ce qu'il se trouvât face à un petit poisson qui avait la même
tête…
Au Centre Pompidou, à Paris, du 6 mars au 24 juin 2002 : "
La Révolution surréaliste ".
La sauterelle chez Dali, par Jean-Claude Polack (Les
séminaires de Félix Guattari), c'est à
www.revue-chimeres.org/pdf/jcpolacka.pdf
Le 13 mars 2002
Des chercheurs des universités de Cornell et de l'État de New
York proposent une nouvelle technique de lutte mécanique pour
protéger le chou, l'oignon, la tomate (et d'autres cultures) des attaques
de la Mouche de l'oignon (Delia antiqua), de la Mouche du chou (D.
radicum), Diptères Anthomyidés, et de la Noctuelle de la
tomate (Helicoverpa armigera, Lépidoptère Noctuidé).
Ils préconisent d'entourer la base de chaque pied avec un manchon
de barbe à papa. Enfin, quelque chose qui ressemble à de la
barbe à papa, pas forcément rose mais aussi léger et
impénétrable. À la place du sucre, un copolymère
(éthylène/acétate de vinyle) qui s'applique au pistolet.
Les agriculteurs, soucieux de trouver un substitut efficace aux insecticides
chimiques, se montrent très intéressés…
D'après une nouvelle lue sur www.news.cornell.edu
Les 3 ravageurs s'exposent sur
HYPPZ
M.G.
Camouflage assisté par ordinateur
Le camouflage est une technique pour échapper à la prédation.
Au cours du temps, la proie perfectionne son " invisibilité " tandis
que le prédateur développe ses capacités de reconnaissance.
Expérimenter sur ce phénomène - une manifestation de
l'évolution posée comme hypothèse depuis longtemps -
est à peu près impossible en nature. En revanche, avec un
ordinateur, on peut engendrer des proies virtuelles, en faire évoluer
(très rapidement) l'aspect au moyen d'un logiciel mimant les effets
de mutations au hasard et de croisements tout en les soumettant à
un prédateur réel. Alan Bond et Alan Kamil, de l'université
du Nébraska (États-Unis) ont " joué " à
présenter, sur un écran, 25 fausses noctuelles à un
Geai bleu (Cyanocitta cristata) entraîné à chasser
ces insectes - et à cliquer du bec dans une zone spéciale de
l'écran, pour passer à la partie suivante. Les papillons non
becquetés se croisent, mutent un peu et, au bout de 100
générations, les proies sont devenues plus difficiles à
voir pour le Geai, de 30%.
L'expérience est une belle illustration de la façon dont de
nombreux animaux, capables de variations dans leur livrée, évoluent
pour survivre : phasmes, sauterelles, escargots…
Bond A. B., Kamil A.C., 2002. Visual predators select for crypticity
and polymorphism in virtual prey. Nature, 415, 609-613.
Photo du haut : trois Lépidoptères Noctuidés,
proies du Geai bleu : Catocala retecta (forme claire, en A), C.
retecta (forme sombre, en B) et C. relicta (en C). A gauche,
leur apparence sur l'écran (60 x 60 pixels).
Photo ci-dessous : exemples d'avatars pixélisés des noctuelles,
sur fond uni ou texturé : population d'origine (PO, en haut à
gauche), 100e génértion de la lignée non
séléctionnée (en haut à droite), id. de la
lignée sélectionnée indépendamment (en
bas à droite), id. de la lignée soumise au becquetage des geais
: noter que les "noctuelles" sont plus cryptiques et plus varriées
dans leur aspect.
Photos aimablement communiquées par A. Bond
(abond@unlserve.unl.edu).
Guêpes policières
Les guêpes pourraient servir à détecter les drogues et
explosifs, de la marijuana aux mines et aux armes biologiques… moyennant
un petit apprentissage. C'est ce qu'atteste un chercheur de l'institut national
d'écologie néerlandais soulignant l'intérêt de
cette approche, à la fois moins chère et plus efficace que
le recours aux chiens policiers. Surtout, ces guêpes seraient terriblement
plus rapides à former que leurs collègues canins : une heure
de conditionnement seulement, alors qu'il faut six mois avec les chiens.
On leur apprend d'abord à associer une odeur à la nourriture.
En leur présentant une de ces odeurs repérés, elles
se mettent à bouger la tête comme pour manger. Des
échantillons d'air pourraient ainsi leur être présentés,
les policiers n'auraient alors plus qu'à guetter - à l'aide
de capteurs électroniques - l'apparition du mouvement de tête
de leurs alliées "anti-bioterroristes" pour identifier la présence
de composés suspects.
D'après une dépêche du 17/11/01, lue sur
fr.news.yahoo.com
La mouche a une mémoire d'éléphant
Des expériences d'apprentissage similaires ont été
réalisées sur la drosophile par des scientifiques du CNRS cherchant
à localiser la zone d'origine de la mémoire de la mouche. Une
mémoire olfactive au demeurant excellente chez ce Diptère,
capable de se souvenir d'une odeur pendant plusieurs heures, voire une semaine
! Les drosophiles, qui se nourrissent de fruits très mûrs, sont
attirées par tous les produits de fermentation, d'où leur nom
commun de "mouches du vinaigre". Les chercheurs les ont stimulées
avec des odeurs alcoolisées et leur ont appliqué des
décharges électriques, jusqu'à ce qu'elles associent
l'odeur et le stimulus électrique. Et finissent par se méfier
de certaines effluves qu'on leur présentait ! D'après les auteurs
de ces travaux, si le siège de la mémoire de la drosophile
se situe dans les lobes pédonculés, il existerait deux lieux
de stockage de l'information, suivant qu'elle relève de la mémoire
à court ou à long terme.
D'après une nouvelle du 12/11/01 lue sur
www.cybersciences.com
M.G.
Que peut porter un insecte ? Physiciens et entomologistes ont travaillé ensemble et sont parvenus, d'une part, à évaluer la charge électrique d'une mouche et, d'autre part, le poids maximum d'une antenne pour Doryphore.
La mouche, Musca domestica (Diptère Muscidé). Comme quelqu'un qui marche sur la moquette, elle accumule de l'électricité statique. Et, on l'a mesuré lors de patientes observations, elle se charge proportionnellement au nombre de pas effectués et non à la distance parcourue. En nature naturelle, cela permet à la mouche (et à bien d'autres insectes) de transporter du pollen plaqué électriquement contre sa cuticule et de féconder des plantes ! En nature gouvernée par l'homme, cela ouvre des perspectives de lutte par piégeage de masse. Sur des " trottoirs de senteur " rendus irrésistibles par une phéromone, le ravageur va et vient, fait les cent pas dans sa cage virtuelle, tant et si bien qu'il se retrouve hérissé de spores d'un champignon mortel ou de capsules d'insecticide.
Le Doryphore, Leptinotarsa decemlineata (Coléoptère
Chrysomélidé). Au Canada, il n'est pas le " grand conquérant
fatigué " (cf. Insectes n° 120) qu'on connaît en
France : il mobilise les entomologistes qui l'étudient avec les outils
les plus puissants. Ainsi mettent-ils en œuvre des radars pour enregistrer
ses déplacements au vol entre champs de pomme de terre ou sur les
lieux d'hivernation dans les fermes. Pour être repérable, le
Doryphore est muni d'une " antenne ", en fait un répondeur radar,
tige lourde et encombrante (à son échelle). Quel poids maximum
peut-on confier à l'insecte sans risquer de le voir se poser
prématurément ? Là aussi, les entomologistes ont conduit
de patientes observations, notant, en chambre de vol, les performances (nombre
et intensité des envols) de " doryphores d'essai " (comme on dit pilote
d'essai ?) munis de fausses antennes (moins coûteuses que les vraies).
Celles-ci sont constituées de tronçons (environ 20 mm) de
différents profilés ronds (corde de guitare, acier
cuivré…) collés sur leur pronotum à la super glu.
Bref, résultat : exprimé en masse, ne pas dépasser 23
à 34 micronewtons.
D'après " A new way to stick it to flies ", par John Pickrell,
lu sur Science News online le 23 février 2002 à
www.sciencenews.org
D'après " Electronic tags for the tracking of insects in flight :
effects of weight on flight performance of adult Colorado potato beetle "
par Gilles Boiteau et Bruce Colpilts, Entomologia Experimentalis et Applicata
, 100, 187-193 (2001).
Photo de l'auteur. La boucle au milieu du fil figure la diode du vrai
répondeur.
On a lu (on relira) " Marquer les insectes " d'A. Fraval, paru dans
Insectes n°122 (2001).
Le 13 février 2002
Les " graines " de Tournesol (des akènes) sont appréciées
décortiquées mais aussi grillées et salées, avec
leur enveloppe à cracher (ce sont les "pépites", bien connues
autour de la Méditerranée). Aux États-Unis, le marché
est en pleine expansion mais menacé, car une récolte avec plus
de 0,5% de graines tachetées est fortement dépréciée.
Le responsable de ce défaut n'a pas été identifié
facilement. Finalement, le champignon Alternaria a été
disculpé et la punaise terne Lygus linearis (Hémiptère
Lygéidé) formellement accusée. Cet insecte piqueur-suceur
ponctionne discrètement les tissus des plantes, sans provoquer de
pertes quantitatives chez le Tournesol : elle n'était donc pas, jusque
là, considérée comme un de ses ravageurs.
La polyphagie, déjà considérable, de la Punaise
du cotonnier, son autre nom, semble s'étendre. Dans le nord des Grandes
Plaines (États-Unis, Canada), la betterave, le sarrasin, le carthame,
la crambe et le colza sont ses victimes. L'introduction de la Punaise terne
en Europe provoquerait des pertes considérables en horticulture,
arboriculture et agriculture - surtout sous serre. Les frontières
sont surveillées.
D'après " Zeroing In on a Confectionery Sunflower Blemish ",
paru dans Agricutural Research de février 2002, lu à
www.ars.usda.gov/is/AR/
La cicadelle des basses richesses
Apparu
en 1991 en Bourgogne, le Syndrome des basses richesses de la betterave
sucrière, maladie qui se manifeste en fin d'été - se
présente comme une jaunisse. Le pivot de la betterave, en coupe,
apparaît vitreux, entouré des tissus conducteurs brunis. Deux
micro-organismes sont capables ensemble et séparément de provoquer
ces symptômes : un phytoplasme et une g-3-bactérie. Ils sont
transmis par un Cixiidé, Pentastiridius sp.
L'adulte de la cicadelle colonise le champ de juin à août, pond
sur les jeunes collets sous terre. Les larves terricoles, une fois les betteraves
arrachées, hivernent avant d'achever leur développement sur
la culture suivante (un blé, souvent). Émergent, dès
le mois de mai, des imagos qui envahissent les parcelles de betterave voisines.
La protéobactérie est acquise par la larve et
réinoculée par l'adulte ; la transmission du spiroplasme se
fait par les adultes, depuis des adventices.
Travaux de l'INRA de Dijon et de l'Institut technique français
de la betterave industrielle, par Frédéric Gatineau,
Élisabeth Bourdon et Marc Richard-Mollard.
Photographies E. Bourdon.
Sur Presse Info INRA à
www.inra.fr/Internet/Directions/DIC/PRESSE/nov01/nb3.html
Le Monarque, Danaus plexippus (Lép. Danaidé) n'a finalement
rien à craindre du maïs Bt. Ici même, sous le titre "
Le Monarque (fin ?) " étaient relatés
les travaux d'un comité indépendant amené à mesurer
- dans de bonnes conditions - l'éventuel effet nocif de maïs
Bt sur ce papillon. Le danger encouru par ce papillon emblématique
avait été annoncé en 1999
à très grand fracas, sur
la base de manips de labo.
Le ministère américain de l'Agriculture (ARS) a mis des
entomologistes au travail pour répondre à deux questions claires
: - combien de grains de pollen de maïs Bt faut-il que la chenille
ingère pour que se manifestent des effets nocifs ; - quelle est la
probabilité qu'une chenille, en nature, avale cette quantité
? Les résultats viennent d'être publiés. Il faut de 10
(pour un cultivar qui n'est plus en usage) à 1 000 grains de pollen
Bt par cm2 de feuille d'Asclépiade , plante nourricière
du Monarque, pour provoquer une diminution de taille. Dans un champ de
maïs, on trouve en moyenne 170 grains/cm2, rarement jusqu'à 600,
sur cette mauvaise herbe.
Et Mark K. Sears, entomologiste qui a tué - les heurtant du pare-brise
de son véhicule de service - 2 papillons, a provoqué là
une mortalité bien supérieure à ce qui peut être
imputé au maïs transgénique. Mais sans doute inférieure
à celle qui aurait suivi un traitement classique du maïs.
D'après " Bt Corn Not a Threat to Monarchs ", Agricultural
Research, février 2002, lu à
www.ars.usda.gov/is/AR
Le 9 janvier 2002
Les noctuelles Agrotis infusa (Lépidoptères Noctuidés)
vivent de l'automne au printemps aux dépens de plantes annuelles et
sont considérées comme des ravageurs souvent nuisibles aux
pâturages et aux cultures des basses terres de l'est de l'Australie.
Avant la mauvaise saison, l'insecte entreprend, au vol, une longue migration
(de quelque 1 000 km) pour aller estiver en altitude dans les Montagnes neigeuses
et les Alpes victoriennes. Là cavernes et crevasses sont tapissées
tout l'été durant, de novembre à janvier, de couches
de ces papillons.
Ces bogongs constituaient une source de nourriture importante pour
les aborigènes. Délogées, les noctuelles étaient
ramassées, cuites dans le sable, remuées dans la cendre pour
détacher pattes et ailes, frottées sur un filet pour enlever
les têtes et, enfin, mangées telles quelles ou incorporées
dans un gâteau.
Une saine nourriture qui ne l'est plus. Les fortes pluies de l'été
2000/2001, ont lavé ces grottes, entraînant la mort des plantes
irriguées avec cette eau chargée de débris. Le poison
s'est avéré être l'arsenic. Qu'on n'a trouvé en
forte concentration que dans les noctuelles - qui n'ont pu que l'apporter
des plaines, où sa présence résulte de traitements
phytosanitaires.
C'est la première fois qu'on met en évidence le transport -
en quantités sublétales - d'un polluant par des insectes et
sa concentration -à des doses dangereuses- loin de sa source.
Article original : Long Distance Transport of Arsenic by Migrating
Bogong Moths from Agricultural Lowlands, to Mountain Ecosystems, par
Ken Green, Linda Broome, Dean Heinze et Suart Johnston, paru en 2001 dans
The Victorian Naturalist, 118 (4), en ligne à
www.arias.org.au/pdfs_docs/green.pdf
Photos d'Agrotis infusa à
www.scienceimage.csiro.au/imagelist.cfm?CID=39
et sur la page du CSIRO
www.ento.csiro.au/Ecowatch/
Lepidoptera/noctuidae.htm.
Coloradia pandora (Lépidoptère Saturniidé) est
grand, brun et ne se nourrit pas. Sa chenille, également d'une taille
remarquable (3 pouces de long), dévore les aiguilles des Pinus
depuis le Montana jusqu'au Nord du Mexique. Son développement dure
deux ans, avec la phase nymphale dans le sol.
Les Indiens Pinte enfumaient les chenilles pour les récolter, les
sécher et les accommoder en pot-au-feu avec des légumes. Chez
les Modoc et les Klamath, on se régalait des chrysalides grillées.
Aux uns comme aux autres et, à leur suite, aux forestiers exploitant
les pins pondersa, il n'a pas échappé que l'espèce -
ressource ou ravageur - subissait des fluctuation d'abondance cycliques.
En repérant, sur des carottes de bois prélevées dans
14 vieux peuplements de l'Orégon, les cernes caractéristiques
des années de défoliation, J.-H. Speer et ses collègues
ont pu remonter dans le temps bien au-delà des souvenirs des uns et
des autres, sur 622 ans. Et montrer que Coloradia a toujours
fluctué, selon deux rythmes, l'un de 20 ans et l'autre de 40 (environ)
et que les pullulations étaient particulièrement fortes lorsqu'il
y avait coïncidence des deux. Et défaire l'hypothèse
d'attaques plus massives et plus fréquentes au XXe
siècle, du fait de l'action de l'homme et/ou du réchauffement
du climat ; en effet, ce siècle aura été exceptionnellement
calme sur le front de ce défoliateur. Mais sans pouvoir expliquer
les causes de ces deux cycles.
D'après La Lettre du DSF n°24, décembre
2001 et la Forest pest leaflet n°114 " The Pandora Moth " (à
www.fs.fed.us/r6/nr/fid/fidls/pandora.pdf (1968).
Travaux publiés dans Ecology 82(3), 679-697.
Le suivi des pullulations " cycliques " des défoliateurs est un grand
sujet d'entomologie forestière ; voir, par exemple, le cas du Bombyx
disparate, Lymantria dispar, au Maroc à
www.inra.fr/dpenv/ld.htm
Photo de la chenille à
www.npwrc.usgs.gov/resource/2000/catnw/PHT128.HTM
Et du papillon à
nitro.biosci.arizona.edu/zeeb/butterflies/sat.html
Expérimentant au champ la nepetalactone, un attractif pour pucerons
(Hémiptères Aphididés), des entomologistes de l'Institut
de Rothamsted et de l'Imperial College, ont eu la surprise - et la joie -
de capturer Peyerimhoffina gracilis, une chrysope (Neuroptère
Chrysopidé) absente de l'entomofaune anglaise.
Précisons que :
- la nepetalactone est un analogue d'une hormone de rapprochement des sexes
chez les pucerons, qui attire aussi leurs Hyménoptères
parasitoïdes ;
- elle est tirée de la cataire, Nepeta cataria, plante qui
attire et ravit les chats (Felis catus) ;
- les chrysopes, " mouches aux yeux d'or ", sont des familières des
maisons où les imagos passent l'hiver avant de se retrouver sur les
vitres ;
- ces insectes sont de gros consommateurs de pucerons : le développement
d'un seul coûte 1 000 à 10 000 individus à la gent
aphidienne. Ils sont donc des auxiliaires précieux ;
- l'apparition de cette espèce au Royaume-Uni pourrait bien être
un effet du réchauffement du climat ;
- vendue (sur Internet) sous son nom anglais (catmint), la cataire
est un enivrant et un hallucinogène léger (pour l'internaute,
pas seulement pour le chat) à ne pas fumer ni boire en infusion.
Ref. biblio. : Donato B., Brooker J. B., Pickett J. A., Hardie J.,
2001. Peyrimhoffina gracilis (Schneider, 1851) (Neur : Chrysopidae) : A green
lacewing new to Britain. Entomologist's Record and Journal of Variation,
113 (3), 131-135.
A relire : l'Épingle Bonheur des chats, malheur
des moustiques.
Des chercheurs de l'Université de Californie ont observé, dans
le parc national de Nagarhole, les interactions pachyderme/diptère.
Et de conclure que, pour ce qui est de fabriquer - avec les matériaux
locaux (branches d'arbre entre autres), au moyen de leur pattes avant et
de leur trompe, en ajustant la taille de rameau, en retirant telle feuille
gênante, etc., des outils efficaces pour persécuter les mouches
qui les agacent -, les éléphants ont des capacités
intellectuelles ( et entomologiques) égales à celles des grands
singes.
D'après " Elephanten basteln sich Fliegenwedel " lu
sur Spiegel Online à
www.spiegel.de
Les Épingles de collection - à consulter, page par page : Les Épingles entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles de 2001, Les Épingles de 2002, Les Épingles de 2003, Les Épingles de 2004, Les Épingles de 2005, Les Épingles de 2006, Les Épingles de 2007,, Les Épingles de 2008, Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011. - ou globalement (jusqu'à fin 2009) ici.
Sauf mention contraire, ces textes sont d'Alain Fraval