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En
épingle
L'insecte ou l'événement entomologique du jour, celui qui
défraye la chronique et qui alimente les conversations en ville et
dans les insectariums, sera épinglé sur cette page abricot,
qui s'enrichira au fur et à mesure des événements
entomologiques.
Épinglés ici , durant 1999 et 2000 : Le Monarque, le IIIe FIFI, Sales mouches et compagnie, The Millennium Bug, Antigel, Sujets d'entomologie, Paris : trois immigrantes clandestines, Le Ver à rayonne, Parieurs, le secret..., La mort des abeilles (I et II), Chers appâts, Éristale des champs, Éristales des villes, Toliman le magnifique, Cafard bionique, À armes égales, AGA, Les punaises sont entrées dans Paris, Antigel (II), Horreurs sur la toile, Le moustique de la (Grosse) Pomme, Abeilles phyto, Le Monarque (suite de la suite…), Rivalité sexuelle et évolution, Du poulet contre les charançons, Irrésistiblement attirant, Trafic mis à jour, Langue bleue, Farine animale, Trésors.
Les Épingles de collection - à consulter, page par page : Les Épingles entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles de 2001, Les Épingles de 2002, Les Épingles de 2003, Les Épingles de 2004, Les Épingles de 2005, Les Épingles de 2006, Les Épingles de 2007,, Les Épingles de 2008, Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011. - ou globalement (jusqu'à fin 2009) ici.
Le 11 décembre 2000
Cryptocephalus coryli fut jadis fort répandu en Grande-Bretagne.
Aujourd'hui, on ne connaît qu'une poignée de sites où
se reproduit ce Coléoptère Chrysomélidé
Cryptocéphaliné. L'insecte est remarquable par la logette mobile
que construit la femelle - qui vit dans les frondaisons du bouleau - pour
y pondre ses œufs qu'elle jette au sol avant de découper des
feuilles qui rejoindront sa descendance (peut-être pour lui procurer
une nourriture de départ).
Les larves vivent dans la litière du sous-bois en traînant leur
logette. Pour étudier leurs déplacements et savoir quels
éléments leur seraient favorables - ceci dans le but de les
sauver de l'extinction - les entomologistes ont lâché 200 individus
à Whisby (Lincolnshire) après avoir inclus une petite paillette
d'acier inoxydable dans leur fardeau - ceci pour les suivre au détecteur
de métaux.
D'après BBC News du 14 novembre 200, lu à
news.bbc.co.uk/, rubrique
Sci/Tech.
Fine, légère et bien aérée, de couleur brune,
elle contient de nombreux acides animés (lysine, cystine, arginine…)
en quantités importantes et " Vous pouvez l'incorporer en petite
quantité quelque soit votre mélange de base ". Deux quotients
importants à retenir : 80/100 pour sa "qualité odeur
- QO" et 60/00 pour sa "puissance odeur - PO".
Il s'agit de farine d'asticots déshydratée. De l'ablette à
la perche, tous, de l'avis des pêcheurs, lui font bon accueil,
mais pas le poisson chat.
Entre Arrow root et Avoine sur le site des 101 farines, à
www.multimania.com/honet/101f/far_asticot.html
Langue bleue
Fin octobre 2000, le préfet de Haute-Corse met en place une cellule
de crise pour faire face à la fièvre catarrhale du mouton (ou
maladie de la langue bleue, due à un réovirus) après
avoir interdit la sortie de tous les ruminants de l'île et "
Enclenché un traitement par insecticides des cheptels concernés".
La maladie, non contagieuse est en effet transmise par un insecte volant
ou piquant appelé " moucheron " ou " moustique " dans une certaine
presse. Précisons qu'il s'agit de Diptères
Cératopogonidés du genre Culicoides, aux larves aquatiques,
nommés vulgairement "arabis" dans le Sud de la France où il
peuvent constituer une gêne importante en été ou en automne
- mais ne sont pas dangereux pour l'homme.
Le 10 octobre 2000
Grâce à un radar, pointant vers le ciel, installé à
Rothamsted (Royaume-Uni), dont les échos sont interprétés
par comparaison avec les captures effectuées par des pièges
étagés sous un ballon à hélium, on s'aperçoit
que l'entomofaune de l'atmosphère est bien plus riche que ce que l'on
imaginait - tout au moins jusqu'à 750 m d'altitude. Certains de ces
insectes volent activement (Noctuelles, par exemple), d'autres sont portés
par les courants (pucerons et autres éléments du plancton
aérien). Surprises : des vols groupés et orientés par
des nuits sans lune, des espèces a priori peu douées
pour ce genre de transport comme des carabes (Coléoptères
Carabidés) ou des punaises aquatiques (Hémiptères
Corixidés). Progrès attendu de cette technique : la reconnaissance
fine des espèces, qui devrait amener des révisions drastiques
en dynamique des populations.
D'après BBSRC News and events
(www.bbscr.ac.uk) d'octobre 2000.
Si Toliman (précédemment épinglé
ici) est une arme efficace de plus dans la lutte contre la Cératite,
le minus-ceralure en est une autre. C'est un produit de synthèse
qui attire les mâles, à la manière du trimedlure, mais
beaucoup plus. L'attractif est disposé dans des pièges dont
le relevé régulier renseigne sur l'évolution et les
mouvements des populations du ravageur. L'enjeu est de taille : rien qu'aux
États-Unis, plusieurs centaines de personnes sont mobilisées
pour installer, relever, changer l'appât de quelque 150 000 pièges.
Avec ce super attractif - dont la mise au point a mobilisé les
dernières techniques de pointe en chimie - on pourrait peut-être
réussir des piégeages de masse : une lutte moins chère
que la lutte autocide (cf Toliman) et sans risque pour
l'environnement.
D'après "A better Bait for Medfly" paru dans
Agricultural Research d'octobre 2000
La Cératite sur HYPPZ à
www.inra.fr/HYPPZ/3cercap.htm
Une fiche sur
la
Cératite à la Réunion, par Serge Quilici.
Le 28 septembre 2000
Du poulet contre les charançons
Un nouveau maïs transgénique vient d'être conçu
par Pioneer et ProdiGene, qui résiste aux insectes des denrées
en produisant une protéine, l'aridine, grâce à un gène
puisé chez le poulet.
L'aridine, présente dans le blanc d'œuf (cru) à une
concentration plus élevée que dans le grain de ce maïs
transformé (100 ppm environ), n'a jamais posé de problème
sauf aux insectes cléthrophages (mangeurs de graines), ravageurs du
maïs stocké. Elle indispose fortement toute une série
de cossons redoutables, du Charançon du riz (Sitophilus oryzae,
Col. Curculionidé) à la Pyrale indienne de la farine (Plodia
interpunctella, Lép. Pyralidé) en passant par le Capucin
(Rhizopertha domenica, Col . Bostrychidé). Le spectre
d'efficacité de l'aridine est étonnamment large, qui va de
la Mouche domestique (Musca domestica, Dipt. Muscidé) au Ver
du tabac (Helicoverpa virescens, Lép. Noctuidé).
Un seul ravageur résiste, le Grand Capucin du maïs (Prostephanus
truncatus , Col. Bostrychidé) d'Amérique centrale et d'Afrique.
Pourquoi, nul ne sait , mais cela fait craindre que les insectes seront capables
de développer une résistance et que l'emploi de ce maïs
ou d'autres plantes munies de ce gène devra se faire en tenant compte
de cette éventualité.
À l'heure actuelle, ce maïs n'est pas encore bien au point :
l'aridine n'est présente à une dose efficace que dans un grain
d'un épi sur 2… et les essais se font sur des lots triés
par spectroscopie infrarouge.
Ce maïs transgénique inchanrançonnable et, semble-t-il,
sans danger est particulièrement intéressant en pays chauds,
où les dégâts post-récolte dépassent souvent
30%. Annoncerait-il des plantes génétiquement modifiées
vraiment utiles ?
D'après " What do you get when a chicken gene is put into maize
? " par K. J. Kramer
(www.nbiap.vt.edu/articles/ang0002.htm)
Rivalité sexuelle et évolution
D'après les récents travaux de Göran Amqvist et de son
équipe (Université d'Umeå, en Suède), il
apparaît de nouvelles espèces bien plus vite chez les insectes
où la femelle s'accouple plusieurs fois. La compétition entre
mâles est alors très forte, ce qui favorise l'apparition de
mécanismes d'exclusion des rivaux, un mécanisme répandu
chez tous les ordres.
Par exemple, le liquide séminal d'une Drosophile mâle peut renfermer
une protéine qui tue les spermatozoïdes du copulateur suivant,
ou une autre protéine qui diminue le désir sexuel de la femelle
inséminée.
Les femelles " s'adaptent " et les individus d'un groupe de mouches deviennent
ainsi incapables de s'accoupler avec succès avec des
congénères d'un autre groupe, une situation qui évolue
vers la création de deux espèces nouvelles.
Si le monde merveilleux des insectes est si riche (si les faunes sont
bourrées de milliers d'espèces) c'est à cause de
ça…
D'après "The Legacy of Cutthroat Love", de John S. Michel,
paru dans Academic Press Daily InScigth
(www.academicpress.com/inscight/)
Le Monarque (suite de la suite…)
Dans Oecologia du 19 août 2000, Laura Hansen et John Obrycki
(université de l'Iowa) ont publié que les chenilles de Danaus
plexippus avaient subi une mortalité de 20% sur des feuilles
d'Asclépiade saupoudrées de pollen de maïs-Bt (Novartis).
Rick Hellnich, un autre entomologiste de la même université,
répétant l'expérience avec deux cultivars de maïs
Bt de Monsanto n'a observé aucun effet.
Bref, sur ce sujet très médiatique, il ne manque pas
d'expériences qui restent à faire : par exemple, mesurer l'effet
du pollen du maïs-Bt dans les conditions de la culture ou comparer la
situation des Monarques en lisière de champ de maïs
transgénique à celle de leurs congénères proches
d'un champ " conventionnel " traité chimiquement…
D'après " Le papillon Monarque n'aime pas certains pollen
transgéniques " d'Hervé Morin, paru dans Le Monde du
25 août 2000.
Abeilles phyto
À quand une section Abeilles en machinisme agricole -
département des applicateurs de produits phytosanitaires ? Pour Joseph
Kovach (actuellement entomologiste à l'université de l'Ohio
à Wooster), les abeilles, capables de déposer un fongicide
(une préparation à base des champignons Gliocladium roseum
ou Trichoderma harzarium pour lutter contre la Pourriture grise des
fraises - due à Botrytis cinerea) précisément
dans la fleur sont bien plus efficace que tout pulvérisateur.
Les fraisiculteurs - qui comptent sur le vent pour polliniser leurs plantes
- feraient bien de louer des ruches, et de les équiper d'un bac au
niveau de la planchette d'envol. Dans le bac, un mélange de spores
du champignon (5x108/g), de talc et de farine de maïs.
D'après un communiqué de l'Ohio State Université
publié par Newswise
(www.newswise.com) le 19 septembre
2000 et la fiche la pourriture grise des fraises, par Jean Duval (novembre
1994) qui décrivait déjà cet emploi nouveau d'un animal
domestiqué pour d'autres fins
(cap.mcgill/agrobio/ab_head.htm).
Le 7 août 2000
Le moustique de la (Grosse) Pomme
C'est à grands déversements d'Anvil (= enclume), dont la
matière active est la suméthrine, un pyréthrinoïde
de synthèse, que le maire de New-York, Rudolph Giuliani, s'entête
à éradiquer les Culex (Diptères Culicidés)
vecteurs de la fièvre West Nile (7 New-Yorkais morts sur 62 malades
en 1999). En 1999, il avait attaqué le problème au malathion
(organo-phosphoré) - insecticide qui aurait causé le cancer
dudit maire...
Les associations de défense de l'environnement jugent ces traitements
dangereux pour les gens et la faune sauvage, inutiles car inefficaces - dans
certains quartiers, les responsables ont refusé de l'appliquer -,
maladroits - mieux aurait valu traiter les gîtes larvaires des moustiques
-, injustes - les quartiers pauvres sont plus aspergés que les autres
- et y voient essentiellement une lutte politique.
La maladie, décrite dans les années 1930 en Ouganda, est due
à un virus. Elle sévit depuis peu aux États-Unis, où
elle se révèle beaucoup moins dangereure que la grippe. Les
Canadiens, précautionneux, ont posté des sentinelles à
la frontière : des poulets, examinées une fois par semaine.
D'après UneTerre (un
dossier synoptique très accessible), le Spiegel
(www.spiegel.de/wissenschaft/),
Yahoo (dailynews.yahoo.com/), Nomade
(actu.nomade.fr/), Cybersciences
(www.cybersciences.com/Cyber/3.0/N1973.asp),
un communiqué de presse du New York City Office of the Mayor
(www.ci.nyc.ny.us/),
un autre du Green Party
(www.greens.org/ny/stop-spaying/)
et un papier signé R. Lederman
(www.norudygiuliani.com/mboard/messages/227.html)...
Bref, c'est le feuilleton entomologique de l'été.
Horreurs sur la toile
Soit une araignée, Plesiometra argyra, tranquille aux aguets
sur sa toile.
Elle se fait mordre par un insecte du genre Hymenopimecis
(Hyménoptères Ichneumonidés Pimplinés) . Un moment
étourdie, elle vaque de nouveau à ses activités - munie
toutefois d'un œuf de la "guêpe" collé à son
arrière-corps. De l'œuf éclot bientôt la larve d'
Hymenopimecis, qui entreprend de percer des petits trous dans la cuticule
de l'araignée au travers desquels elle en aspire l'hémolymphe.
Que ce liquide vienne à coaguler, cela fait une croûte, qui
sert de support au parasite pour aller s'installer un peu plus loin et refaire
des forages.
L'araignée, sa tension à zéro, va bientôt mourir.
La veille de cet événement fatidique, le jeune
Hymenopimecis lui adresse un ultime message (chimique) qu'elle
reçoit en son sein. Suivant cette injon(e)ction, elle se met à
tisser une toile très particulière, inutile pour elle-même
et ses activités piégeuses, mais parfaitement adaptée,
par sa géométrie et sa solidité, à la sustentation
du cocon de l'hyméno. Lequel surveille la construction et signe le
bon d'achèvement en achevant justement son araignée,
nourricière par-delà son trépas puisqu'il en consomme
les restes (un peu secs…).
Enfin, il s'installe sur sa couchette arachnéenne et entreprend de
s'y nymphoser.
Ce genre de messagerie chimique "on the web" est nouveau.
D'après Jonathan Amos, BBC News Online, repris de Nature
(article signé William Ebenhard), lu à
news.bbc.co.uk/
Des chercheurs canadiens de la Queen's université et de l'université
de l'Alberta viennent de préciser -à partir d'études
sur le ver de farine Tenebrio molitor (Coléoptères
Ténébrionidés) et sur la Tordeuse de l'épinette
Choristoneura fumiferana (Lépidoptères Tortricidés)
, la structure de protéines antigel d'insectes " 100 fois plus puissantes
" que celles isolées de poissons.
De telles protéines se lient aux minuscules cristaux de glace et les
empêchent de grossir et, partant, d'endommager les tissus. Leur usage
au bénéfice de l'agriculteur des pays nordiques est d'ores
et déjà envisagé : grâce à elles, on pourrait
créer des variétés cultivables sous des latitudes très
élevées, prolonger la saison de culture et améliorer
la conservation par congélation des denrées alimentaires.
Contact :
marello@post.queensu.ca
Lu sur Eurekalert, à
www.eurekalert.org
Le 18 juillet 2000
Les punaises sont entrées dans Paris
Surprises des Parisiens, à l'automne 1999, face à des taches
noirâtres, pouvant atteindre un mètre de long, sur le tronc
et les charpentières de tilleuls. Surprise plus grande encore des
mêmes Parisiens, s'étant approchés et ayant chaussé
leurs lunettes, devant des plaques de punaises en troupe serrée. Des
Montpelliérains (du Laboratoire national de la protection des
végétaux) identifièrent l'insecte comme Oxycarenus
lavaterae, un Hémiptère Lygéidé phytophage
(et complètement inoffensif) connu jusque là des régions
méditerranéennes.
D'après Phytoma - La défense des
végétaux, n°528, juin 2000.
Photo Reynaud, LNPV Montpellier : femelle d'O. lavaterae.
Scorpions et paludisme sont deux fléaux emblématiques des zones
chaudes de la planète, le premier rarement très dangereux ;
le second - aussi appelé malaria -affectant un milliard d'humains
et en tuant 1 million chaque année. Le premier, l'arthropode, pourrait
fournir une arme contre le second, maladie causée par un animal
unicellulaire du genre Plasmodium dont la présence dans le
sang aboutit à la destruction des globules rouges. Le vecteur du
protozoaire est un Anophèle (Diptère Culicidé), qui
s'infecte par un repas de sang et héberge le parasite dans son intestin
moyen. C'est là que va intervenir le scorpion - par un certain
détour.
Des chercheurs mexicains ont montré, en effet, qu'une protéine
du venin dudit scorpion, secrétée dans la lumière de
l'intestin moyen d'une mouche des fruits génétiquement
modifiée tuait les Plasmodium.
Il ne reste plus , fort de ce succès chez la mouche des
fruits, qu'à fabriquerdes AGA - anophèles
génétiquement améliorées -, à les lâcher
et à espérer que, débarrassées de la charge que
représentent ces Plasmodium à transmettre, elles prennent
l'avantage sur leurs congénères sauvages et vecteurs…
D'après BBC News du 5 juillet
2000
Le 20 juin 2000
Chez le charançon armé Parisoschoenus expositus
(Coléoptères Curculionidé Baridiné), espèce
d'Amérique centrale, les mâles se battent pour gagner les faveurs
des femelles ou pour protéger celles-ci post-coitum des ardeurs
d'un congénère. Ils sont armés de deux " cornes " à
l'aspect redoutable et munis - on l'a découvert fortuitement il y
a deux décennies seulement et on se demandait depuis à quoi
cela pouvait leur servir - d'un fourreau médian bifide s'ouvrant entre
les bases des " cornes " et s'étendant assez loin dans leur corps.
Pour nos mâles, le combat consiste à enfoncer une " corne "
dans le fourreau de l'adversaire et à se débrouiller pour lui
faire lâcher prise du substrat des deux pattes avant, pas plus, pas
moins. Le vaincu - celui qui a été décollé du
sol - s'en va, sans contester le résultat. Le mécanisme garantit
l'égalité des chances dans le combat : impossible, en effet,
à un gros et à un petit individu de s'affronter, faute
d'adéquation entre les tailles des pièces anatomiques à
mettre en jeu. Reste à comprendre comment ce dispositif étonnant
est apparu.
Source originale : Eberhard W. G., Garcia -C J. M., Lobo J., 2000.
Proc. Of the Royal Society of London, 267, 1129 - 1134.
Repris par David Adam dans Nature.
Dessin A.F. d'après l'article original : flèche noire
: le fourreau (bifide) ; flèche blanche : la "corne" (pièce
paire).
Le constructeur informatique NEC - bien connu - finance des recherches sur
le système nerveux des Blattes (Dictyoptères), lequel allie
hautes performances et faible encombrement. Dans ce cadre, il a permis à
Hanan Davidowitz (chercheur à Princeton, N.J. États-Unis) de
montrer, enregistrements électriques de cancrelats branchés
à l'appui, comment leurs cerques étaient capables, grâce
à un système neuronal simple et efficace, de détecter
les moindres variations de pression atmosphérique et - ce qui contribue
fortement à la survie de l'espèce en milieu anthropique -
d'échapper juste à temps à la pantoufle qui s'abat.
Un pas vers des progrès en lutte - rubrique Lutte
mécanique contre les insectes - contre le Blattes ? En tous cas,
un sujet incontournable pour les serveurs de brèves - rubrique
Sciences - sur Internet.
D'après The Nando Times, du 16 juin 2000, lu à
www.nandotimes.com
Toliman le magnifique
Toliman est un mâle de Diptère (Cyclorrhaphe Schizophore
Acalyptère) de la famille des Trypétidés, alias les
Téphritidés. Son nom scientifique : Ceratitis capitata
Wied., bien connu de nos services sous le nom de Mouche
méditerranéenne des fruits (dessin de L. Bonnemaison ci-contre)
et de nos confrères américains sous celui de Medfly.
Sa lointaine origine : les forêts d'Arganier du Maroc. Son aire d'expansion
actuelle : l'Amérique centrale.
Les particularités de Toliman : il est né dans un insectarium
géant et automatisé ; asticot, il a surmonté l'épreuve
du bain chaud qui a éliminé toutes les femelles de sa race
; au stade pupe il est passé dans un irradiateur puis, jeune adulte,
s'est laissé embarquer dans un avion et lâcher au dessus des
plantations de caféier guatémaltèques. Là il
rencontre une Cératite femelle sauvage, la séduit (les traitements
qu'il a subis ont laissé intacts tous ses atouts), ils se connaissent.
C'est l'accomplissement de la terrible mission que lui avaient confiée
les entomologistes : éradiquer les mouches de son espèce,
très nuisibles à toutes sortes de productions fruitières.
On l'aura compris (ou ré-appris), on est en pleine guerre biologique
contre la Medfly. Biologique (et de précision et
écologique…), cette lutte, car on envoie au ravageur, plutôt
que des organophosphorés (malathion) toxiques, de magnifiques mâles,
d'excellents copulateurs, mais " stériles ", dont la descendance n'est
pas viable. Une stratégie qui a connu un beau succès avec
l'éradication de la Lucilie bouchère, Cochlyomyia
hominivorax, un varron, du Sud des États-Unis puis de la Libye.
Barrage au Guatemala, combats locaux et régionaux en Floride et en
Californie : des milliards de mouches sont engagées à partir
d'insectariums situés à Ciudad Guatemala et à Hawaï,
contre cet envahisseur. La création de la souche Toliman est le fruit
du travail d'entomologistes américains et viennois de l'Agence
internationale de l'énergie atomique (cf l'irradiation
mentionnée ci-dessus). Toliman résulte du croisement d'une
Cératite viennoise et d'une congénère
guatémaltèque. C'est une race magnifique, supérieure
aux autres en capacité de recherche (des femelles au sein du verger),
en capacité de survie (dans des vergers aux conditons écologiques
variées) et douée d'une thermorésistance mâle
très intéressante pour les industriels de la mouche mâle
stérile : le sexage par le bain chaud qu'on a évoqué
ci-dessus (précisons la température, 97°F = 36,1°C,
et la durée, 12 à 24 h), leur épargne les dépenses
d'élevage d'asticots qui ne servent à rien dans le
procédé, autrement dit les bouches inutiles que sont les
femelles.
D'après " For Males Only : Temperature-Sensitive Medflies ",
Agricultural Research, juin 2000.
La lutte biologique
La Cératite
sur HYPPZ
Éristales des champs, Éristales des villes
Des Syrphes (Diptères Syrphidés) et notamment les Éristales
(aux remarquables larves " queue de rat " vivant dans des liquides peu
ragoûtants (dessin de M. Roth ci-contre) miment - à l'état
imaginal - les Abeilles (Hyménoptères Apidés). Ce qui
a induit les Anciens à faire naître ces dernières de
carcasses de taureau en putréfaction. Ce qui trompe toujours les oiseaux
insectivores pour qui un objet volant rayé de jaune et noir a un
goût trop piquant et doit donc être épargné. Bien
plus, les Syrphes (imagos) copient l'emploi du temps de leurs modèles
et le rythme de leurs mouvements lors des visites qu'ils font aux fleurs.
De quoi faire hésiter un peu plus l'oiseau. Il s'agit là d'un
cas - remarquable - de mimétisme batésien, où le copieur
comestible, selon la théorie, doit être moins nombreux que le
copié (incomestible), faute de quoi le prédateur finirait par
déjouer la supercherie, ayant peu de chances de faire une expérience
désagréable.
Or, les entomologistes Y.C. Golding et M. Edmunds (University of Central
Lancester, Preston, Royaume-Uni), travaillant sur différents sites,
près d'un ruisseau comme dans un parc urbain, ont observé,
dans bien des cas, des effectifs bien supérieurs d'Éristales
que d'Abeilles domestiques, des Éristales pourtant
régulièrement épargnées. Une entorse à
la règle à mettre au compte d'un environnement perturbé
par l'homme, auquel les prédateurs ne se sont pas bien adaptés.
D'ailleurs, les Éristales sont, à l'instar des rats et des
blattes, des profiteurs de l'anthropisation générale.
D'après Nature, Science update, du 24 mai 2000
(helix.nature.com/nsu/).
Le 15 mai 2000
Au désappointement des quelque 4 millions de pêcheurs à
la ligne anglais, la Haute Cour de Justice de Londres (Royaume-Uni) a
confirmé en appel, jeudi 11 mai 2000, que les asticots (larves
"acéphales" de Diptères Cyclorrhaphes) vivants devaient être
soumis à la TVA. La Société Fluff Ldt aurait voulu que
ces animaux appartinssent à la catégorie "articles d'alimentation
animale" mais la Cour les a rangés parmi les "appâts" du fait
de leur usage commun en halieutique qui est de les piquer sur un hameçon
pour attirer et capturer ainsi un poisson - et non pour le nourrir.
D'après une dépêche AFP du 11 mai 2000, lue sur
nomade.fr
La mort des abeilles (I)
L'abeille domestique, Apis mellifera (Hyménoptère
Apidé) possède beaucoup d'ennemis animaux, de la Teigne des
ruches, Galleria mellonella (Lépidoptère Pyralidé)
au Sphinx tête de mort, Acherontia atropos (Lépidoptère
Sphingidé).
Tout récemment, vers le 11 avril 2000, s'est manifesté en
Ariège, au dessus du village d'Orlu, un prédateur du couvain,
animal de forte taille et peu respectueux des clôtures, Ursus
arctos (Carnivore Ursidé).
Les moyens de lutte ? Outre les barrières électriques, le plus
efficace sera ceci : l'arrêté pris par le maire d'Orlu, daté
du 13 avril 2000, stipulant, en son article I, que " Est interdite la
divagation de l'ours à moins de 300 mètres du village d'Orlu
et à moins de 150 m des voies de communication ".
D'après la Dépèche en ligne
(www.ladepeche.com) et l'arrêté du maire d'Orlu.
La mort des abeilles (II)
À la suite d'une importation au Brésil, et de croisements
malheureux, une " abeille africanisée " très agressive
s'est répandue en Amérique (du Sud, puis Centrale, puis du
Nord).
L'abeille africaine à l'origine de l'"abeille tueuse" (killer
bee) est en passe de disparaître de son aire d'origine, remplacée
par l'abeille du Cap. Cette dernière pratique souvent le remplacement
de la reine par une ouvrière qui perd sa stérilité et
devient capable de pondre, une adaptation à la dispariton fréquente
de la reine, emportée au loin par le vent durant le vol nuptial.
Transportées par les apiculteurs sud-africains sur l'aire de l'abeille
africaine, les abeilles du Cap se sont mises à s'installer dans les
ruches de ces dernières et à y pondre, entraînant la
mort des squattées. Au grand dam des agriculteurs locaux qui, entre
deux races agressives, préfèrent leur abeille
africaine…
D'après New Scientist du 15 avril 2000
(www.newscentist.com)
Et, pour en savoir (beaucoup) plus, lisez
Les
abeilles du Cap choisissent leur avenir, par Françoise Dupuy Maury,
dans Infoscience.
Parieurs : le secret...
Dans les temps anciens, les Chinois pariaient des fortunes sur les combats
de grillons. Pour remettre en lice un animal défait et lui redonner
sa combativité, ils avaient un truc : le secouer entre leurs mains
jointes ménageant un espace.
Hans Hofman et Paul Stevenson (université de Leipzig, Allemagne) viennent
de livrer l'explication du comportement du manager-entraîneur grâce
à l'étude de celui de l'Orthoptère. Les mâles
de grillons s'affrontent en combats singuliers selon une gradation
stéréotypée (qui peut être interrompue à
chacune des étapes par le retrait d'un des deux adversaires) : escrime
avec les antennes, écartement des mandibules (de l'un puis des deux
individus), prise de mandibules, corps à corps - le tout posés
sur leurs deux fois 6 pattes, sauf à la fin.
Le combattant qui a rompu refuse le combat pendant 24 heures, à
moins… qu'on le force à voler - ce que réalise le truc
du vieux Chinois et ce que nos deux chercheurs ont provoqué - très
classiquement - avec un ventilateur. Par des expériences de section,
ils ont montré que les ganglions thoraciques - responsables de la
coordination du vol - envoient un signal nerveux (et non un facteur hormonal)
au cerveau, centre de l'agressivité.
Un exemple rare de lien entre comportements a priori indépendants
et peut-être une piste pour expliquer les "comportements de substitution",
connus chez les vertébrés, même "supérieurs".
D'après "Flight restores fight in crickets". Nature,
40, 613 (février 2000).
Paris : trois immigrantes clandestines repérées dans une faune bigarrée
Les serres d'Auteuil, siège de la Direction des parcs, jardins et
espaces verts de la Ville de Paris, hébergent et montrent au public
de prestigieuses collections botaniques, lesquelles hébergent toute
une faune d'insectes phytophages. Parmi ces ravageurs, les cochenilles
(Hémiptères Coccoidea), petits insectes piqueurs-suceurs
fixés sur le végétal, sont particulièrement
redoutées des jardiniers. Ceux-ci leur livrent une chasse sans merci
mais précautionneuse, nettoyant les plantes à la main, les
bassinant et les taillant, pulvérisant s'il le faut des huiles naturelles,
embauchant des coccinelles compétentes et recherchant des
parasitoïdes efficaces. Les cochenilles - 14 espèces - restent
ainsi en effectifs supportables.
Mais les allées et venues, des spécimens végétaux
comme des visiteurs, sont propices à des introductions et l'on a
repéré récemment deux Pseudoccidés,
Trochiscococcus speciosus (sur Aloe) et Pseudococcus
microcirculus (sur Oncidium), et un Diaspididé,
Pseudaulacaspis cockerelli (sur Areca), cochenilles jusque
là inconnues en France. Ces individus font évidemment l'objet
d'une surveillance attentive...
D'après Jean-Luc Picard et Danièle Matile-Ferrero :
Cochenilles en serres de collection. Phytoma, 524, 44-46.
Le Ver à rayonne
Bombyx mori, le Ver à soie, peut désormais être
transformé par transgenèse, suite aux travaux conjoints de
deux équipes lyonnaises de l'INRA et du CNRS. Cette avancée
scientifique est intéressante pour la recherche fondamentale et pour
l'industrie, car l'usine à soie qu'est ce Lépidoptère
Bombycidé pourra être modifiée pour fabriquer d'autres
protéines, d'intérêt diagnostic, thérapeutique
et textile. Le Ver à soie, espèce domestiquée depuis
2 ou 3 millénaires, est incapable de survivre dans la nature et il
n'y a pas lieu, donc, de redouter un éventuel transfert de gènes
de cet OGM à l'entomofaune normale.
Bon, le Monarque ne risque pas de filer un mauvais
cocon.
Et l'on est très probablement à l'abri de manips
malencontreuses.
Mais ressortons cette histoire historique, à base de Bombyx mori
et de manipulations génétiques :
Le Ver à soie, source potentielle de richesses, est fragile, trop
souvent malade (nous sommes sur la côte est des États-Unis,
à la fin des années 1870). Ne pourrais-je l'améliorer
en le croisant avec une espèce rustique (que je ferais venir de France),
se demande Léopold Trouvelot, qui jette son dévolu sur le Bombyx
disparate (indestructible, j'atteste). Il n'y eut point engendrement d'abominable
hybride (si L.T. avait su son entomo, il n'aurait pas tenté le coup
avec une espèce de même nom de genre vulgaire (Bombyx) mais
d'une famille différente, les Lymantriidés). Mais un accident
de cage, qui provoqua l'introduction du pire ravageur forestier du continent
nord-américain. Dont les ravages continuent.
D'après le
communiqué
de presse INRA-CNRS.
Sur le site du Courrier de l'environnement :
Lymantria dispar, le Bombyx
disparate
Sujets d'entomologie
Quels sont les problèmes principaux qu'auront à affronter les
entomologistes " du prochain millénaire " ? Mark Hunter, de
l'université de Géorgie (États-Unis) en annonce trois
:
- le Termite de Formose, Coptotermes formosanus (Isoptères
Rhinotermitidés) qui ronge tout ce qui est en bois, mort ou vif, au
Sud des États-Unis et dont l'expansion vers le Nord est redoutée
;
- l'impact des plantes cultivées génétiquement
modifiées sur l'entomofaune ( insectes ravageurs, auxiliaires, "
patrimoniaux " et " indifférents ") et la mise au point de
stratégies contre le développement de résistances ;
- la maîtrise des vecteurs de maladies endémiques et surtout
réémergentes (comme la malaria, la dengue, le virus de
Chikungunya…) dont l'impact ne décroît plus ou augmente,
suite à des modifications du paysage, du climat et aussi à
l'intensification des échanges.
Des problèmes concrets, de style " traditionnel " soumis à
des entomologistes dont la plupart ont dérivé vers la biologie
moléculaire…
D'après
Eurekalert
Antigel
Nasonia vitripennis (Walker), un Hyménoptère Chalcidien,
pond ses œufs dans les pupes de mouches (Diptères Cyclorrhaphes).
La larve qui en éclôt dévore vivante la nymphe de la
mouche.
Pour hiverner tranquillement, la mouche - au stade pupe - entre en
diapause (arrêt de développement déclenché).
Son parasite fait de même, 2 mois plus tard, ce qui lui confère
une résistance accrue au froid. D'après David Rivers (Loyola
College, Maryland, États-Unis), la pupe de la mouche, pour se
prémunir contre les effets létaux du froid, a accumulé
beaucoup de glycérol et le parasite fait tout bonnement le plein de
cet antigel aux dépens de son hôte.
La mise en évidence de ce phénomène pourrait conduire
à produire des Nasonia auxiliaires de lutte biologique contre
les mouches des étables et autres poulaillers qui, nourris à
la pupe diapausante et au niveau d'antigel optimum, surmonteront les
froidures*
D'après Journal of Insect Physiology, vol.46,
p. 99, via www.newscientist.com/
(en ligne le 8 janvier 2000).
*D'après
paipm.cas.psu.edu/publication/flies-barn.html,
l'éleveur préférera Muscidifurax raptor
(Hyménoptère Ptéromalidé) - à raison
de 200 individus par vache laitière- aux Nasonia actuelles
trop frileuses. Le prix ? 20 € les 100 000 dans les deux cas
(aux USA).
La Punaise du nouveau millénaire
Millennium bug, tel est le nom qu'ont donné (à l'intention
des journalistes…) des entomologistes australiens (CSIRO) à une
nouvelle espèce de punaise aquatique (Hemiptera Veliidae) qu'ils
viennent de décrire. L'insecte mesure 2 mm de long, patine sur l'eau
douce, se nourrissant de petites proies. Il est presque insignifiant, à
l'instar du bug (bogue, beugue…, bref, rien du tout) de l'an 2000.
Quand au nom scientifique, il sera dévoilé dans une communication
à l'Australian Journal of Invertebrate Taxonomy.
D'après
www.csiro.au/
Le papillon adoré
et sa peste de chenille
L' Asclépiade est la plante nourricière du Monarque, Danaus
plexippus. Ce Lépidoptère américain est joli, aimé
des gens du lieu, célèbre pour ses migrations et, depuis peu,
pour son rôle dans une expérience de laboratoire visant à
démontrer les noirs côtés du maïs transgénique
Bt (sécrétant une toxine de la bactérie Bacillus
thuringiensis), ainsi qu'on la relaté
ici-même. Le Monarque est patrimonial,
protégé, surveillé, défendu. Et au cas où
sa plante-hôte viendrait à manquer, les
"Butterfly Encounters" encouragent
les amis des papillons à acheter, semer chez eux et faire pousser
du "milkweed" pour régaler ses
chenilles
zébrées noir et blanc.
Par ailleurs, l'Asclépiade produit au niveau de sa graine une fibre
qui donne un rembourrage agréable aux oreillers et polochons (une
matière première exploitée jusqu-là de façon
artisanale). Le tourteau contient des cardénolides dangereux pour
l'homme et ses animaux et ne peut donc pas être utilisé par
les provendiers. Mais on pourrait len faire un produit phytosanitaire capable
peut-être de remplacer le bromure de méthyle ; on vient en effet
de trouver que la farine de graines, incorporée au sol, est fatale
aux nématodes et aux noctuelles. Quand à l'huile, dépourvue
de cardénolides et riche en vitamine E, on lui promet un bel emploi
en cosmétologie, comme hydratant de la peau.
Bref, cette Asclépiade, de plante de bord de route et de friches,
d'indésirable adventice combattue à l'herbicide, de modeste
agrément du jardin parfois, pourrait bien devenir - avec Euphorbia
lagascae et Cuphea - une de ces nouvelles cultures qui, annonce
l'Agricultural
Research Magazine vont donner de nouvelles couleurs à la campagne
(états-unienne).
À quand une Asclépiade Bt résistante au ravageur
Danaus ? Plus sérieusement, saura-t-on gérer convenablement
les populations de Monarque, espèce protégée et espèce
ravageur ?
Sales mouches et compagnie
Un article du Lancet de décembre 1999, signé Karin Post, Detlev Riesner, Volker Walldorf et Heinz Mehlhorn, rend compte d'une transmission expérimentale au Hamster de la maladie de la tremblante par les organes internes d'asticots de Sarcophaga carnaria (Diptères, Calliphoridés) nourris de cerveaux de Hamster malades et administrés aux cobayes par sonde oesophagienne. La tremblante est une maladie très proche de l'encéphalopathie spongiforme bovine alias maladie de la vache folle et il n'est pas exclu qu'elle puisse se transmettre par les mouches à viande... Des expériences antérieures avaient conclu à l'impossibilité de transmission par des Acariens ou des Nématodes.
La Drosophile, Drosophila melanogaster (Diptère
Drosophilidé), pourrait aussi devenir une aide précieuse pour
mesurer la pollution de l’eau. Un chercheur britannique a
observé qu’au contact d’une eau contaminée par des
pesticides, cette mouche meurt dans un laps de temps plus ou moins long selon
le degré de contamination - de quelques minutes à quelques
heures. En mesurant son espérance de vie, on pourrait donc évaluer
le degré de pollution.", nous apprend le New Scientist,
n°2210, p.23, repris par le serveur de brèves de la
Cité
des sciences de La Villette.
Bref, la droso sert décidemment à tout, il est vrai que son
élevage est sans problème. Mais rappelons que d'autres
Diptères, les larves de moustiques (Diptères Culicidés),
ont servi de pollumètres au laboratoire depuis longtemps :
A part ça (nouvelles recensées par
SciCentral) :
- un Charançon (Coleoptera Curculionidae) est venu à
bout des deux tiers des Jacinthes d'eau qui avaient envahi le lac Victoria
en Afrique de l'Ouest : une opération de lutte
biologique en passe d'être enregistrée comme un vrai
succès (BBC News);
- toujours au chapitre lutte bio, les chercheurs australiens du CSIRO ont
obtenu des
résultats
très intéressants dans la lutte contre les criquets (locustes
migrateurs comme sauteriaux sédentaires) qu'ils mènent au
Queensland par l'emploi d'une préparation (spores) d'un champignon
entomopathogène Metarhizium, qui n'affecte pas les autres animaux,
insectes non-cibles , et - avantage supplémentaire - provient d'une
souche locale (CSIRO Media Release);
- encore de la lutte bio : les
Fourmis
de feu, Solenopsis invicta (Hyménoptère Myrmiciné)
débarquées de bateaux dans les années 1930, ont envahi
- faute d'ennemis sur place - une douzaine d'Etats des Etats-Unis, attaquant
les animaux, les fils électriques et provoquant des nids de poule
dans les routes ; pour les combattre, deux agents de lutte biologique viennent
d'être importés d'Amérique du Sud, leur aire d'origine
: un micro-organisme pathogène Thelohania solenopsae et une
"mouche
décapiteuse", Pseudacteon tricuspus (Diptère
Phoridé), dont l'asticot, issu de l'oeuf pondu sous la cuticule de
la fourmi, se développe dans sa tête ; parvenu à
maturité, l'asticot sécrète un enzyme qui détache
et fait tomber ladite tête.
- revoilà notre Drosophile ou Mouche du vinaigre,
avec
des yeux verts et lumineux, ceci grâce à une manipulation
génétique, la greffe d'un gène ad hoc de
méduse, réalisée par Ernst Wimmer (université
de Bayreuth) et Andreas Berghammer et Martin Klingler (université
de Munich), lesquels se font fort d'appliquer le procédé à
n'importe quel insecte et le Ver de farine, Tribolium castaneum
(Coléoptères Tenebrionidé)
y
est déjà passé (BBC News).
Et, pour finir, une histoire de pucerons, de sexe et d'INRA... avec le Puceron du merisier à grappes, Rhopalosiphum padi (Homoptère Aphididé) en vedette, une information entomologique qui a été largement reprise par la presse en ce début de décembre.
Le IIIe Festival international du film de l'insecte
(FIFI 3)
à Narbonne, du 20 au 24 octobre 1999
Insectes vivants et volière tropicale
Compétition internationale de cinéma
Forum scientifique
Performances artistiques
Théâtre et musique
Balades entomologiques
Entre art et science, les insectes font leur cinéma
Par l'OPIE-Languedoc-Roussillon
Tél. : 04 68 57 27 49 ;
opielr@wanadoo.fr
Danaus plexippus plexippus
(Lepidoptera Danaidae)
le Monarque
Le 20 mai 1999, dans Nature, n°399, J.E. Losey, L.S. Rayor et M.E. Carter exposent les résultats d'un essai au laboratoire : les chenilles nourries de feuilles d'Asclépiade (la plante nourricière de l'espèce) saupoudrées de pollen de maïs-bt (génétiquement modifié pour sécréter une toxine de Bacillus thuringiensis et le rendre ainsi résistant à la Pyrale du maïs) mangent moins, se développent plus lentement et meurent plus que leurs congénères alimentées des mêmes feuilles supplémentées en pollen de maïs "classique".
Le pollen, dispersé par le vent, étendrait l'action insecticide (voulue) à bien d'autres insectes que la pyrale cible sur les plantes voisines des champs de maïs. En conséquence, la pression de sélection, qui est la cause de la sélection de lignées de ravageurs résistants à cette "matière active" s'exercerait sur bien d'autres espèces et des espèces utiles et/ou protégées seraient atteintes par cet insecticide.
Du coup, entre autres réactions, l'Union européenne suspend les procédures d'homologation de nouveaux cultivars de maïs transgéniques et Greenpeace réclame l'abandon de toute culture transgénique au champ.
Le Monarque, aux États-Unis et au Québec, est un insecte
emblématique, que nul n'ignore, un joli papillon connu pour ses migrations
spectaculaires (il passe l'hiver regroupé dans des refuges au Mexique)
et pour sa livrée voyante avertissant les oiseaux qu'il est inmangeable
(du fait d'un poison que sa chenille a tiré de sa plante
nourricière), un papillon décoratif et festif qu'on lâche
à l'occasion des mariages et des enterrements (et à raison
de 7,5 $ pièce)...
Et ses populations sont déjà bien menacées : au Mexique,
le déboisement détruit les refuges ; au nord, les
asclépiades, plantes de bermes, de friches et de prairies, disparaissent
avec les aménagements.
À cliquer :
http://www.inra.fr/Internet/Produits/PAPILLON/papilion/nymphali/textfr/d_plexip.htm
: photos du papillon à plat, statut aux Antilles,
phéromones...
http://www.obs-hp.fr/~boccaletti/monarque2.jpeg
: photo du papillon posé sur une fleur
http://www.monarchwatch.org/milkweed/guide/curass.htm
: photos de l'Asclépiade
http://www.crchul.ulaval.ca/ronyweb/PAPILLON.HTM
: fiche (Canada)
http://www.nature.ca/notebooks/francais/monarque.htm
: fiche succincte + dessin (Canada)
http://www.idrc.ca/media/for-fact-06_f.html
: les migrations, par le CRDI
http://www.news.cornell.edu/releases/May99/Butterflies.bpf.html
: communiqué de l'université Cornell
etc. (Altavista offre l'accès à près de 1 500
pages contenant "Danaus plexippus")
D'après les communiqués de l'AFP, de l'université Cornell et de Greenpeace du 20 mai 1999.
Illustration : in Lucas H. Lépidoptères exotiques. Ed. Pauquet, Paris, 1835. Pauquet pinx.
Avril 2000 : un dossier pour expliquer (en anglais) que, finalement, le maïs Bt ne peut pas faire grand mal au Monarque. Estampillé Monsanto.
Juillet 2000 : une double page du Monde du 3 juillet 2000, signée Michel Braudeau, intitulée "La gloire du Monarque" (dans la série Les migrateurs en ballade). À lire sur Internet (sans les dessins de Tanaka...).
Sauf mention contraire, ces textes sont d'Alain Fraval
Les Épingles de collection - à consulter, page par page : Les Épingles entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles de 2001, Les Épingles de 2002, Les Épingles de 2003, Les Épingles de 2004, Les Épingles de 2005, Les Épingles de 2006, Les Épingles de 2007,, Les Épingles de 2008, Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011. - ou globalement (jusqu'à fin 2009) ici.