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En
épingle
L'insecte ou l'événement entomologique du jour, celui qui
défraye la chronique et qui alimente les conversations en ville et
dans les insectariums, sera épinglé sur cette page abricot,
qui s'enrichira au fur et à mesure des événements
entomologiques.
Consulter les dernières Épingles entomologiques de 2001 et de 2002.
Épinglés ici , durant 2001 : Après la tempête, Entomologiste premier, Identification automatique, Réapparition, Rose-vert, Gène à gène, Le paradis des fourmis, Le poids des cornes, Quelle mort au bout du voyage ?, Gaucho contre longicornes, Fine mouche, Un petit coup de frelon ?, Ce sera la chenille ou l'homme !, Victimes : les pue-la-sueur, Addiction, Recherche courtilière, Luzernoïdes, Les mordues du travail, Faire-part, Sexe, pied à coulisse et gloire, Accord parfait, accord vite fait, Arithmétique cicadaire, Punaise !, Utah d'urgence.
Bonheur des chats, malheur des moustiques ,Victoire biologique, Bouses pièges, Le Monarque (fin ?), Lutte bio-génétique, Les termites : ça reste à creuser, Le coup du parapluie, Attention, chenille méchante !, Fourmi contre écosystème, Punaises diaboliques, Le tireur d'élite aux ailes de cristal, Opération Charançon, Moustique auto-GM, La chenille, la chouette et l'école, Les drosophiles rêvent-elles de rosée ?, Nouvelles farines animales, Pendant ce temps là, à New-York…, Biodéfoliant, Les apiculteurs font de la résistance, Étoile de Noël.
Les Épingles de collection - à consulter, page par page : Les Épingles entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles de 2001, Les Épingles de 2002, Les Épingles de 2003, Les Épingles de 2004, Les Épingles de 2005, Les Épingles de 2006, Les Épingles de 2007,, Les Épingles de 2008, Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011. - ou globalement (jusqu'à fin 2009) ici.
Le 31 décembre 2001
En ces temps de fêtes, les poinsettias (Euphorbia pucherrima),
originaires du Mexique (où ils sont les flores de la Noche
Buena), décorent presque toutes les maisons états-uniennes
et canadiennes. Les producteurs doivent batailler ferme pour que les "
étoiles de Noël " ne finissent pas chez d'autres amateurs, les
aleurodes de l'espèce Bemisia argentifolii (Hémiptère
Aleyrodidé), devenus résistants aux insecticides. Leur
dernière arme est Eretmocerus eremicus (Hyménoptère
Aphelinidé), un parasitoïde auxiliaire qu'il leur faut lâcher
(au stade nymphal) en effectifs et à des dates fonction de
l'évolution de la population du ravageur piqueur-suceur.
Pour aider les horticulteurs et favoriser ainsi l'emploi courant de la lutte
biologique, Gloria DeGrandi-Hoffmann et son équipe de l'Agricultural
Research Institute ont mis au point le logiciel "Biocontrol Poinsettia",
qui intègre de nombreux paramètres relatifs aux insectes, à
la plante, à l'environnement et... à la date souhaitée
pour la mise en vente. Grâce à la LBAO, les étoiles de
Noël sont au rendez-vous dans les foyers américains pour exposer
leurs feuilles vertes et leurs bractées rouges - surmontées
de la petite fleur jaune -, sans aleurodes blancs.
D'après " Protecting Poinsettias " paru dans le n° de
décembre 2001 d'Agricultural Research, lu à
http://www.ars.usda.gov/is/AR/archive/dec01/poin1201.htm.
Photo Biobest
www.biobest.be
À la fin du XIXe siècle, pour agrémenter
leurs jardins, les Australiens importèrent d'Amérique du Sud
une Borraginacée aux jolies fleurs bleues, Heliotropum
amplexicaule. S'étant échappée dans la nature, elle
y prospéra au détriment des éleveurs. La plante est
en effet toxique pour le bétail.
La lutte chimique, à coups de désherbants, restant impuissante,
les australiens, en ce tout début du XXIe siècle,
viennent de lâcher un régiment d'agents de lutte biologique
: des Coléoptères Chrysomélidés Deuterocampta
quadrijuga recrutés, comme leur cible, en Argentine et
préférés - à l'issue d'épreuves de
sélection - à l'altise Longitarsus sp., à la
punaise Dictyla sp. et au thrips Haplothrips heliotropica.
L'examen décisif fut celui de leur monophagie. Les candidats auxiliaires
eussent-ils manifesté - même dans les pires conditions de famine
- la moindre propension à dévorer les feuilles d'autres plantes
que l'envahisseuse, qu'ils passaient à l'incinérateur.
Désormais, sous l'œil des entomologistes de la Commonwealth
Scientific & Industrial Research Organisation, les phyllophages - les
imagos et leurs futures larves - transforment l'héliotrope importune
en crottes de chrysomèle.
D'après " Beetles lauched into the blue " lu sur CSIROnline
le 20 novembre 2001 à www.csiro.au
et " Biological Control of blue Heliotrope " par D. Briese et M. Zapater
(septembre 2001), lu à
wwww.rirdc.gov.au/reports/ras/01-119sum.html.
Photo : larve de D. quadrijuga dévorant des feuilles
d'H. amplexicaule. Photo David McClenaghan, CSIRO.
Les apiculteurs font de la résistance
Destructeur du couvain de l'abeille domestique, Apis mellifera
(Hyménoptère Apidé), l'acarien Varroa destructor
(= V. jacobsoni) a envahi le Royaume-Uni à partir de 1992.
Pour tenter de s'en débarrasser, les apiculteurs ont recours à
des bandelettes imprégnées de pyréthrinoïdes,
acaricides inoffensifs pour les abeilles et ne laissant pas de résidu
dans le miel.
Une récente inspection a montré l'existence de populations
de Varroa résistants, entraînant une recrudescence des
pertes de ruches. À l'origine, il y a sans doute les mauvaises pratiques
d'apiculteurs qui laissent les bandelettes en permanence dans les ruches,
au lieu de les enlever au bout de 6 semaines, comme le prévoit le
mode d'emploi, dans le souci d'éviter l'apparition d'une
résistance…
D'après " Honeybee killer strikes back ", lu sur BBC
News, le 23 novembre 2001, à
news.bbc.co.uk.
La varroase sur Internet, c'est notamment chez Apiservice à
www.apiculture.com/coms/pathologies/varroase.htm
Pendant ce temps là, à New-York…
On se bat contre le Longicorne asiatique, Anaplophora glabripennis
(Coléoptère Cérambycidé), un immigrant d'origine
chinoise découvert en 1996 (par un livreur de madriers qui a
identifié la bête lui-même, via Internet sur le site
indiqué ci dessous) et qui, depuis creuse, creuse, creuse… L'insecte
xylophage, attaque et tue les arbres d'alignement comme ceux des parcs. Tout
sujet atteint est coupé, broyé, brûlé tandis que
les traitements à l'imidaclopride tentent d'enrayer l'expansion du
ravageur.. Le périmètre de quarantaine, tracé autour
du foyer initial et au travers duquel on ne peut transporter du bois mort
ou vif sans contrôle, vient d'être agrandi en urgence. Une telle
décision ne peut prendre normalement effet qu'au bout de 30 jours
de consultation du public, clause dont le respect a été
déclaré " contraire à l'intérêt du public
". L'Amérique risque fort d'être frappée par d'autres
longicornes, à cause de son amour des bonzaïs, de même
origine et cachés dans des sujets... prélevés en masse
dans la nature (et vendus au prix des vrais).
D'après Environnemental News Network du 15 novembre 2001
(www.enn.com). A cliquer : l'Épingle
" Gaucho contre longicornes " et le site de
l'Animal and Plant
Health Inspection Service (éq. Protection des végétaux).
Pourquoi ne pas supplémenter les farines de céréales
- comme celle de maïs qui sert à faire les tortillas mexicaines
- avec de la farine de Tenebrio molitor (Coléoptère
Ténébrionidé) ? Le Ténébrion meunier,
ou Ver de farine, est ainsi nommé non pas du fait de sa propension
à se faire moudre chez les meuniers, mais en raison de son appétit
pour la farine (de céréales). C'est en effet un ravageur de
cette denrée très actif et très redouté.
Expérimentant sur 20 étudiants (volontaires), E. Aguilar-Miranda
et son équipe ont montré tout l'intérêt, pour
améliorer le régime des Mexicains manquant de protéines,
de faire les tortillas à deux farines, maïs + coléo. (travaux
publiés dans Journal of Agricultural and food chemistry). D'autant
plus que leur goût s'en trouve beaucoup amélioré.
Pour David Thurham, nutritioniste spécialiste du Tiers-Monde à
l'université d'Ultser (Irlande du Nord), l'usage des insectes comme
complément alimentaire serait possible si les gens l'acceptaient.
Or, si la consommation d'insectes est courante - au moins comme amuse-gueules
ou nourriture de disette - dans certaines sociétés, beaucoup
de gens sont parfaitement dégoûtés a priori.
NDLR 1 : la sagesse populaire dit depuis toujours qu'un ver - une
chenille de Carpocapse, Cydia pomonella, Lépidoptère
Tortricidé - dans une pomme, " c'est de la viande ". Itou pour une
bruche (Bruchus rufimanus, Col. Bruchidé) dans une fève.
Etc.
NDLR 2 : améliorer la saveur d'une tortilla, c'est une bonne action
vu que cette sorte de galette a parfaitement le goût et l'odeur de
chiffon bouilli.
D'après " Grubs up grain's protein " par Erica Klarreich,
Nature science update, 11 décembre 2001
(www.nature.com).
Une
galerie
d'images.
Le 13 novembre 2001
Les drosophiles rêvent-elles de rosée ?
On ne le sait pas encore, mais l'étude des centres nerveux
céphaliques de Drosophila melanogaster (Diptère
Drosophilidé) par Joan Hendricks et son équipe à
l'université de Pennsylvanie (États-Unis) montre que des
mécanismes biochimiques impliqués dans le sommeil de cette
mouche sont les mêmes que chez l'homme qui, lui, rêve qu'il pourra
vaincre ses insomnies.
Des mutantes, dépourvues de la molécule AMP (adénosine
monophosphate) cyclique et de la protéine CREB (facteur de transcription)
dorment plus. Vérification : les drosos génétiquement
modifiées produisant plus d'AMP et de CREB dorment moins, celles qui
en produisent moins sont de grosses dormeuses. Cette découverte d'une
base génétique du sommeil - commune aux mammifères et
aux insectes - n'est qu'un premier élément d'une recherche
très excitante...
Quant à ceux qui tiennent absolument à ne pas dormir et sans
réfléchir à rien, on leur recommande un autre Diptère,
à utiliser bien vivant, le moustique.
D'après Flight caught napping, par John Whitfield, lu
dans Nature Scienceupdate le 22 octobre 2001 à
www.nature.com/nsu/
La chenille, la chouette et l'école
C'est une histoire d'entomologie forestière qui se passe dans l'Ouest
(États-Unis, Washington) où l'État, propriétaire
de forêts de Fausse Pruche (Pseudotsuga) et de Pin ponderosa
(Pinus), conifères dont l'exploitation lui rapporte de quoi
construire et entretenir les écoles,… ne sait plus quoi faire
face aux attaques massives et constantes de la Tordeuse occidentale de
l'épinette (Choristoneura occidentalis, Lépidoptère
Tortricidé).
Ce ravageur développait des pullulations cycliques durant 7 à
10 ans tous les 60 ans. Ceci du temps où la forêt comportait
une majorité de ponderosa et où le feu passait chaque
décennie, nettoyant le sous-bois. Depuis, on a empêché
les incendies et favorisé la Fausse Pruche, essence qui fait le
régal de la Tordeuse.
Par ailleurs, la Chouette tachetée nurse (Strix occidentalis)
s'est installée dans ces forêts devenues touffues. Aux traitements
insecticides à l'efficacité brève etpeu
appréciés du public, on voudrait substituer une lutte
sylviculturale consistant à couper les arbres affaiblis, provende
favorable à la Tordeuse. Mais alors, on détruit les nichoirs
de la chouette, espèce protégée. À des coupes
d'exploitation du bois, on voudrait substituer l'enlèvement des arbres
les plus petits, le rétablissement de la prédominance du ponderosa
et l'organisation (ou la maîtrise) d'incendies pour limiter le sous-bois.
Mais alors, les écoles…
Un beau casse-tête à résoudre, en espérant qu'il
n'est pas trop tard.
D'après Freakish bug outbreak exploits weaknesses of unnatural
forest, par Rebecca Cook, Associated Press, lu à
www.enn.com/news/ le 7 novembre
2001.
Moustique auto-GM
Se modifier génétiquement soi-même - et très vite
-, c'est la prouesse qu'a accomplie un moustique nord-américain,
Wyeomyia smithis (Diptère Culicidé). Par rapport à
ses ancêtres de 1972, il entre en hibernation 9 jours plus tard - une
adaptation au réchauffement du climat qui n'est en rien une réponse
individuelle à un beau temps persistant plus longtemps à l'automne,
phénomène banal.
Dans le cas de notre " pitches plant mosquito ", il s'agit, selon la
découverte de William Bradshaw et Christina Holzapfel (université
de l'Orégon à Eugene, États-Unis), établie au
moyen d'élevages en conditions contrôlées, d'une modification
de l'interprétation du stimulus déclencheur de la diapause
: la perception de la longueur de la phase claire du nycthémère
(bref, la longueur du jour).
Ceci montre que les réponses au changement planétaire du climat
peuvent être rapides et inattendues. Et que les réactions
différentes entre les espèces d'un même
écosystème - interdépendantes - peuvent amener des
perturbations majeures, tout à fait imprévisibles.
D'après Genes show seasonal trends, par Helen Pearson, lu dans
Nature Scienceupdate le 6 novembre 2001 à
www.nature.com/nsu/
Opération Charançon
Salvina molesta, la Fougère d'eau (Salviniacée) a la
réputation d'être la pire mauvaise herbe aquatique de la
Planète, envahissant rivières, lacs et canaux au point d'y
étouffer toute autre vie et d'y empêcher toute activité.
Cette plante invasive issue du Sud-Est du Brésil sévit de
l'Australie à Hawaï en passant par l'Inde, le Sénégal
et les États-Unis.
Cyrtobagous salviniae est un Coléoptère Curculionidé,
guyanais d'origine et australien d'adoption ,qui a la réputation
d'être le meilleur agent de lutte biologique contre cette peste verte.
Sa femelle creuse dans le bourgeon foliaire un trou où elle pond.
Les larves attaquent la base de jeunes feuilles ; elles peuvent forer des
galeries dans les rhizomes ou les pétioles. Au bout de 17 à
28 jours, l'imago émerge, ce qui assure à notre auxiliaire
vorace une génération par mois en été.
Effectivement, le charançon vient à bout dans bien des cas
de la Salvinie. Son emploi récent en Caroline du Nord (États-Unis)
a été l'occasion de vérifier sa spécificité
(il ne mange strictement que de la Salvinie et ne risque pas d'endommager
des plantes utiles ou protégées), de comparer des souches de
Floride et australienne (très peu différentes) et de préciser
ses conditions d'emploi dans la lutte. Un problème crucial est de
pouvoir repérer les pullulations de Fougère d'eau dès
leur début, ce qui fait intervenir la télédétection.
Au bilan, l'agent Cyrtobagous est bon pour le service au Texas et
en Louisiane, récemment envahis…
D'après, notamment, Attack on Giant Salvinia, paru dans
le numéro de novembre 2001 d'Agricultural Research, lu à lu
à
www.ars.usda.gov/AR
Photo W. Durden, Ph. Tipping (USDA-ARS).
Le tireur d'élite aux ailes de cristal
C'est, mot à mot, (un peu enjolivé ?) son nom en anglais des
États-Unis : glassy-winged sharpshooter. L'insecte, de son
nom scientifique Homalodisca coagulata, est un Hémiptère
Cicadellidé du Sud-Est de l'Amérique du Nord. Grosse (12 mm),
volant bien, polyphage, bivoltine, résistante au froid, vorace (elle
aspire 10 fois son poids en liquide par heure), cette cicadelle se répand
depuis 1990 en Californie. Elle y menace tout particulièrement le
vignoble du fait de ses dégâts indirects : elle transmet en
effet la maladie de Pierce (due à la bactérie Xylella
fastidiosa) par ses piqûres. La circulation de la sève est
bloquée dans le pied de vigne atteint (par ailleurs, X. fastidiosa
provoque diverses maladies chez le pêcher, la luzerne, l'olivier,
les agrumes…).
Pour combattre le vecteur, outre les traitements insecticides (surtout avec
des pyréthnioïdes et des nicotinoïdes), on a procédé
à des lâchers d'insectes parasitoïdes auxiliaires oophages,
notamment de Gonatocerus triguttatus (Hyménoptère.
Mymaridé).
Mais une poudre blanche, tout récemment mise au point - par Gary J.
Puterka - et commercialisée sous le nom de " Surround WP Crop Protectant
", semble donner un nouvel espoir aux viticulteurs en terrorisant les cicadelles,
qui s'en vont piquer-sucer ailleurs - vraisemblablement. On cesse de poudrer
dès la formation des grains car, bien que dépourvu de
toxicité, ce traitement est susceptible de faire fuir, aussi, les
consommateurs de raisin.
À ce propos, on rappellera que, jadis, des vignerons astucieux avaient
trouvé un répulsif contre les maraudeurs, une sorte de poudre
fine ,vert vénéneux clair, appliquée aux rangs de vigne
longeant les chemins. Le produit à base de lait de chaux et de sulfate
de cuivre s'avéra un remède inespéré contre les
maladies fongiques et devint célèbre sous le nom de bouillie
bordelaise…
D'après la fiche de l'université de Californie à
Riverside, lue à
www.ucr.edu/news/gwss et
Scientists Sharpen Strategies to Sabotage Glassy-Winged Sharpshooter,
paru dans le n° de novembre 2001 d'Agricultural Research, lu
à
www.ars.usda.gov/
La lutte biologique, son principe, ses applications et son
vocabulaire, c'est ici.
Le 30 octobre 2001
La ville d'Allentown (Pennsylvanie, États-Unis) est envahie par des
punaises malodorantes, installées par centaines dans les maisons.
Impossible d'en venir à bout avec des insecticides, disent les habitants
: il faut les chasser dehors à coups de balai - mais elles reviennent
se mettre là où il fait chaud… Les gens sont à
bout et harcèlent les autorités et les entomologistes.
La peste s'appelle Halyomorpha halys. C'est un ravageur des fruits
bien connu au Japon qui a profité d'un transport de marchandises (comme
beaucoup d'espèces invasives). Entomologiquement, c'est un
Hémiptère Pentatomidé, comme notre punaise des bois
- qui sent la punaise, nul ne l'ignore.
D'ailleurs,
punaise et puer sont des mots dérivés l'un de l'autre. L'odeur
est celle de substances répulsives et toxiques produites par des glandes
thoraciques, que l'animal peut projeter sur ses ennemis - des insectes
prédateurs - (à des distances de l'ordre du cm) ou faire
s'évaporer sur des aires tégumentaires particulières.
L'homme n'est pas intoxiqué par ces molécules, contrairement
aux fourmis qui en meurent si elles reçoivent une goutte sur une patte.
Mais trop c'est trop (voir ce qui se passe à Allentown). Pourtant,
à faible dose… le goût de punaise du whisky est dû
au trans-hex-2-énal, que l'on trouve, outre chez les punaises, dans
de nombreuses plantes. Quant au coriandre, le " persil arabe " (le
kesbor)… son nom vient de deux racines grecques signifiant
respectivement punaise (que l'on retrouve dans corise) et mâle
(cf polyandre). Peut-être y a-t-il un autre rapport avec les
Hémiptères : au Moyen Âge, on jetait des graines de coriandre
dans le feu pour éloigner le Diable.
D'après, notamment, Brown marmorated stink bugs, potential
pest from Asia, infesting homes in Allentown, Pa., Cornell entomologist
confirms, lu à
www.news.cornell.edu/ et Jacques
Carayon (Pour la science, octobre 1983).
Photo ci-contre : structure tégumentaire au niveau des glandes
répugnatoires d'une punaise tropicale (coll. J.
d'Aguilar).
Images d' H. halys à
www.ento.psu.edu/bugalerts.htm
Un
insecte invasif peut perturber gravement un écosystème. À
preuve, la situation étudiée par Caroline Christian
(étudiante à Davis, États-Unis) en Afrique du Sud où
l'impact de la Fourmi d'Argentine sur le "fynbos", un milieu sec, sorte de
mattoral (ou de maquis).
Linepithema humile (Hym. Myrmicidés, connue antérieurement
sous le nom d'Iridomyrmex humilis) s'est installé là
bas au début du siècle (en même temps, d'ailleurs que
dans le Sud de la France). Agressive, elle a éliminé deux fourmis
autochtones, Anoplolepis custodiensis et Pheidole capensis
; en revanche, elle cohabite plus ou moins avec Meranoplus peringuey et
Tetramorium quadrispinosum. Or, contrairement aux deux dernières
espèces, individualistes ramassant des graines de petit calibre, les
fourmis affectées sont des ramasseuses de grosses graines. Les unes
et les autres jouaient un rôle essentiel protégeant les graines
de la dent des rongeurs ainsi que du feu et garantissant donc le maintien
du fynbos.
Par des expériences d'incendies contrôlés, notre
entomologiste a montré qu'il repoussait 10 fois moins de plantes à
grosses graines dans les zones envahies par la Fourmi d'Argentine : une
modification grave de ce milieu.
Et quid des animaux granivores, spécialistes de grosses graines ?
D'après Invading Ants Disrupt Ecosystem lu sur NewsUC
Davis, à
www-pubcomm.ucdavis.edu/
Le 3 octobre 2001
Qui de plus placide qu'une chenille, autrement dit une larve de
Lépidoptère, vouée essentiellement aux " 3D "
(dévorer, digérer, déféquer) ? Les patientes
observations de Jayne Yack et de ses collègues, à
l'université Carleton à Ottawa (Canada) et à
l'université de l'Illinois (États-Unis) ont mis en évidence
que la chenille de la Faucille lignée (Drepana arcuata, Lép.
Drépanidé) défendait sa feuille (de bouleau), contre
toute congénère la convoitant en tambourinant des mandibules
et en grattant des mêmes mandibules et des fausses-pattes anales,
réunies en une sorte d'" aviron ". L'envahisseuse répond de
même. Au bout de quelques minutes de " dialogue ", l'intruse s'en va,
sans qu'il y ait eu combat, à moins que, plus grosse, plus forte,
plus décidée, elle n'insiste. Dans ce cas, le rituel peut durer
des heures… et l'habitante peut être délogée.
Rappelons que la chenille de la Faucille construit de petits abris soyeux
en forme de tente sur la feuille. Ce comportement déterminerait leur
manifestation de défense du territoire par intimidation.
Rappelons qu'il est fréquent que les chenilles se mordent - un trou
dans la cuticule est mortel - et l'on ne répétera pas aux
éleveurs les précautions parfois contraignantes que ce "
cannibalisme " leur impose.
Rappelons enfin que d'autres chenilles communiquent entre elles, par
phéromones ou en se touchant.
Peut-on envisager à partir de ceci un moyen de lutte - catégorie
lutte psychique -, qui consisterait à transmettre aux arbres la modulation
vibratoire d'une chenille en fureur ? Fins bidouilleurs de l'actographie
et de la musique techno, faites chauffer votre matos.
Yack, J. E., Smith, M. L, Weatherhead P. J., 2001. Caterpillar talk
: acoustically mediated territoriality in larval lepidoptera. Proceedings
of the National Academy of Sciences USA, 98, 11371-11375.
Images du papillon à www.hei.ca/dls/06251.
html
En écologie de la conservation, on a souvent trouvé judicieux
de désigner, pour un milieu en danger, une " espèce-parapluie
", dont la protection garantit celle de leur écosystème en
entier.
Ainsi en est-il du Gobemoucheron de Californie, Polioptila californica
californica (oiseau appelé localement Californica
gnatcatcher), habitant de fruiticées côtières dont
il ne reste que des lambeaux ; plus de 85% de ce milieu particulier, en effet,
a déjà été transformée en champs, plantations,
routes et autre installations.
Daniel Rubinoff (Society for Conservation Biology) a étudié,
dans 50 parcelles de fruiticée résiduelle, l'abondance de 3
Lépidoptères spécifiques de sarrasins sauvages poussant
dans ce milieu. Le Polioptile est présent quasi partout. Mais
Apodemia mormo (Lycénidé) n'est présent que dans
4 sites sur 5, Euphilotes bernardino (Lycénidé) dans
2 sur 3 et Hemileuca electra (Saturnidé) dans 1 sur 5 seulement.
Il s'avère que la présence de ces lépidos est liée
à la taille de la parcelle, alors qu'il n'y a pas de lien entre ce
paramètre et l'abondance des nids de l'oiseau.
La stratégie du parapluie connaît là un gros échec.
La protection des milieux ne peut réussir si l'on ne prend pas en
compte ensemble les composantes de l'écosystème - y compris
les insectes !
Portrait de P. californica à
endangered.fws.gov/i/b6w.html
On a lu, (on relira) de Jacques Lecomte, " Conservation de la nature - des
concepts à l'action " dans le Courrier de l'environnement de
l'INRA, 43 (mai 2001), bientôt en ligne à
www.inra.fr/dpenv
Les termites : ça reste à creuser
Les Termites (Isoptères) creusent le bois et le carton, mettent en
danger les habitants des maisons, se choisissent une ou plusieurs reines,
digèrent le patrimoine, choient toute une faune endosymbiotique,
produisent du méthane, désespèrent les propriétaires,
nourrissent les singes et les poulets, se font consacrer des articles dans
Insectes, etc.
Ces insectes primitifs et sociaux, petits, blanchâtres et à
l'air de pas-grand-chose ont occupé des générations
d'entomologistes, dont certains viennent de percevoir qu'on y comprenait
rien.
Ceci grâce à des expériences de marquage (à la
peinture fluo ou au colorant bleu - voir Insectes n°122) suivi
de recapture et d'analyses de gènes exclusivement maternels. Les
résultats de Brian Forschler (États-Unis) sont atterrants.
Exemples. Sur un site, les termites capturés appartiennent à
des lignées maternelles différentes chaque mois, ailleurs,
les termites soeurs relâchées sont recapturées plus tard
parmi 5 ou 6 " colonies " distinctes. Des individus exploitant le même
site se révèlent issus de reines distinctes. Entre termites
capturés à quelques mètres de distance, la différence
est plus grande qu'avec des congénères canadiens. Des termites
de même origine maternelle ont été retrouvés 3
ans de suite au même endroit. Ailleurs, les termites capturés
sont d'une espèce différente chaque année, ou d'une
" colonie " différente chaque mois. Par ailleurs, il s'avère
à l'examen de leur tube digestif, que des individus mangent tous les
jours, d'autres jeûnent...
Tous, en tous cas, sont capables de suivre les pistes chimiques (conduisant
à un site d'alimentation) de ses congénères comme celles
laissées par d'autres (espèces ou descendances de reine).
Bref, comment venir à bout de ces complexes cossons dangereux pour
nos installations ? En combinant les appâts empoisonnés, le
traitement des matériaux comestibles et la maîtrise de
l'hygrométrie et en améliorant sans cesse la lutte grâce
aux résultats escomptés des immenses recherches qui restent
à faire...
D'après " Life Underground " par Judy Purdy, Research Reporter,
30 (2), été 2001, lu à
www.ovpr.uga.edu/researchreporter/
La Malaria tue un million de gens chaque année et, pour en venir à
bout, on songe à transformer son principal vecteur, Anopheles
gambiae (Diptère Culicidé), de telle façon qu'il
devienne incapable de transmettre le plasmodium - protozoaire agent de la
maladie - au cours des repas sanguins de la femelle adulte.
En 2000, à Heidelberg (Allemagne) on a fabriqué, par génie
génétique, un moustique indien (Anopheles stephensi)
fluorescent (voir l'Épingle " Rose-vert ", par
exemple). Plus récemment, à Cleveland (Ohio, États-Unis),
on a génétiquement modifié le même moustique :
les récepteurs de son tube digestif et de ses glandes salivaires
bloqués par un gène codant pour le peptide SM1, il ne peut
pas héberger Plasmodium. Enfin, tout dernièrement, Mark
Benedict (Centers for Diseases Control and Prevention, Atlanta, États-Unis)
a annoncé la réussite de la greffe de ce gène sur A.
gambiae.
Les moustiques " inoffensifs " pourront-ils remplacer leurs
congénères sauvages ? Le public acceptera-t-il une telle tentative
?
D'après " Toward a New, Malaria-Stopping Mosquito " par Martin
Enserink lu sur Daily inScight le 21 septembre 2001
(www.academicpress.com)
Ce fut le premier sujet à être
épinglé, à l'occasion
d'une étude retentissante (et conçue comme telle) sur les effets
adverses du pollen de maïs transgénique vis-à-vis des
chenilles de Danaus plexippus (Lépidoptère
Danaïdé). Les résultats, qui viennent d'être
publiés, de 6 études associant cette fois essais au laboratoire
et essais au champ montrent que le Monarque a fort peu à craindre
de l'usage du maïs Bt.
En effet, dans les zones de maïsiculture, la chenille a très
peu de chance (0,4%) d'entrer en contact avec la dose de pollen de maïs
Bt qui pourrait l'intoxiquer (laquelle s'élève à 1 000
grains/cm2). Certes, pour un des maïs Bt, la variété 176,
le danger est plus grand mais ce cultivar - qui n'a pas atteint 2% des surfaces
emblavées - est abandonné par Syngenta, son fabricant. Ce
maïs vendu sous le nom de KnockOut s'est en effet révélé
dangereux pour le Papillon du céleri, Papilio polyxenes (Lép.
Papilionidé).
Une explication a en outre été fournie aux premiers résultats
alarmants. Les chenilles auraient avalé, avec leur feuille
d'asclépiade, outre les grains de pollen, d'autres parties du pied
de maïs Bt, normalement plus toxiques.
Ces recherches nouvelles, financées par le ministère
américain de l'Agriculture et par des firmes du secteur,
révisées par un comité d'experts indépendants,
ont été publiées dans la version internautique des
Proceedings of the National Academy of Sciences. Elles indiquent que
l'usage des variétés de maïs Bt à faible teneur
en toxine du pollen (comme Mon 810 et Bt 11) ne met pas le Monarque - hôte
de mauvaises herbes voisines - en danger. Elles ne renseignent évidemment
en rien sur d'autres OGM.
D'après, entre autres, la capsule " Anti-OGM : retour à
la case départ ? " de l'Agence science presse
(www.sciencepresse.qc.ca/).
Les PNAS, sur Internet, sont à l'adresse
www.pnas.org
Le 31 août 2001
Avant d'envoyer leurs animaux paître durant l'été sur
les alpages, les éleveurs les munissent d'un distributeur automatique
interne d'antiparasitaire, le " bolus ". C'est une capsule qu'on enfonce
dans le gosier du bovin et qui, pendant 140 jours, diffusera de l'ivermectine,
insecticide contre les varons (Hypoderma bovis et H. lineatum,
Diptères OEstridés). Le toxique se retrouve dans les
bouses, lesquelles empoisonnent les insectes coprophages, et ce plusieurs
mois encore après leur dépôt . Et l'alpage de se retrouver
constellé d'anciennes bouses (vieilles de 2 à 4 ans)
indestructibles, sur lesquelles rien ne pousse.
Guérir les bovins infestés par les varons est souvent
indispensable. Il faut, pour ce faire des traitements brefs avec des
matières actives beaucoup moins rémanentes.
D'après une dépèche AFP, lue le 29 août
2001 sur Terre-net (www.terre-net.fr) en annonce à un cycle
de conférences donné à la Grande foire écologique
de l'Albenc (Isère) les 1er et 2 septembre
2001.
On (re)lira, dans Insectes n°111 " L'éradication
du varon : inquiétudes d'un biologiste " par Thierry Lecomte et, dans
un numéro suivant, la mise au point de Chantal Boulard.
Contact : Jean-Pierre Lumaret, université de Montpellier-III,
lumaret@bred.univ-montp3.fr
Cycle évolutif du varon et photos, par Chantal Boulard, à
www.agriculture.gouv.fr/alim/sant/mala/varon/varon1/varon1.htm
Apportée au tout début du XIXe Siècle en
Amérique du Nord depuis l'Europe avec l'eau de lest des navires et
la provende d'animaux, la Lysimaque rouge (ou Salicaire), Lythrum
salicaria est une jolie plante à fleur purpurines, mais invasive
et nuisible à la flore et à la faune indigènes des zones
humides.
Pour lutter contre la " purple loosestrife ", on a employé tous les
moyens : arrachage manuel, inondation, brûlage, travail du sol, application
d'herbicides et lutte biologique. Cette dernière, seule, apparaît
sans danger pour les milieux concernés et, de plus, son succès
se révèle, d'après les chercheurs du Michigan Sea Grant,
durable.
Trois agent de lutte biologique ont été recrutés par
l'International Institute of Biological Control (organisme du Commonwealth
Agricultural Bureau basé près de Londres) et mis au travail
en 1992 : Hylobius transversovittatus (Col. Curculionidé)
s'attaquant aux racines et deux Coléoptères
Chrysomélidés : Galerucella calmariensis et G.
pusilla, défoliateurs.
D'après le communiqué de presse de l'université
du Michigan, du 16 août 2001, lu à www.umich.edu/
Portrait (texte et photos) de Galerucella à
res2.agr.ca/lethbridge/weedbio/agents/agalcal.htm
Bonheur des chats, malheur des moustiques
Pour échapper aux piqûres des anophèles (Diptères
Culicidés), outre la moustiquaire qui constitue une barrière
physique, il faut s'oindre de pommades plus ou moins concentrées en
DEET (N,N diéthyl-meta-toluamide). Deux entomologistes de l'Iowa
(États-Unis), Chris Peterson et Joel Coats, viennent de rendre publiques
à l'occasion du CCXXIIe Congrès de l'American Chemical Society
les résultats de leurs travaux sur l'herbe-aux-chats, ou cataire
(Nepeta cataria, Labiées). La nepetalactone qu'ils en ont extraite
est 10 fois plus répulsive pour Aedes aegypti (vecteur de la
fièvre jaune) que la DEET.
La cataire (ou encore chataire) est une plante vivace européenne
introduite aux États-Unis et parfois cultivée. Elle est connue
(et commercialisée) pour son effet euphorisant sur les chats ; d'aucuns
la consomment en salade ou plus souvent en tisane (c'est un carminatif,
diaphorétique, hypotenseur, nervin, sédatif). Son effet
répulsif vis-à-vis de plusieurs espèces d'insectes
était connu empiriquement ; son effet sur les blattes (Dictyoptères)
avait été montré il y a 2 ans par la même
équipe.
D'après " Catnip repels mosquitoes morse effectively than DEET
" lu sur le site de l'Américan Chemical Society à
center.acs.org/ le 28 août 2001
Le 9 août 2001
" Elles sont sales, moches et bruyantes ; en plus, elles bouffent vos plants
de tomate ! " dit Fred Garvett, en charge de la municipalité de Salt
Lake City (Utah, États-Unis).
Elles, ce sont les Sauterelles mormones, Anabrus simplex
(Orthoptères Tettigoniidés = " Katydidés "). Spencer
Douglas - un cultivateur qui a perdu la moitié de sa récolte
de foin - ajoute : " Elles sont partout. Elles mangent tout ce qu'elles voient
". C'est, en effet leur pire invasion depuis les années 1940.
Souvenons-nous. En 1847, les Mormons, chassés de Nauvoo vers l'Ouest
désert, s'installent sur les bords du Grand Lac salé. L'année
suivante, ils voient leurs premières récoltes attaquées
par des " crickets ". Ils prient. Des mouettes (Larus
californicus) fondent alors sur les ravageurs. " Blanches mouettes sur
noirs insectes, elles s'en gavaient tout le jour durant et, n'en pouvant
plus, les régurgitaient et dévoraient les suivants. " (Orson
Whitney, 1892). Les Mormons, sauvés de la famine, érigeront
plus tard, en 1913, le " gull monument ".
Leurs dégâts sur blé, orge, luzerne... et prairies
s'élèvent cet été 2001 à 25 millions de
dollars (un peu plus en euros) et l'État cherche à rassembler
les 5 millions de dollars nécessaires à la lutte (par appâts
empoisonnés). Les prières sont inefficaces.
D'après, notamment, The Beacon Journal
(www.ohio.com), BBC News
(news.bbc.co.uk/), " L'exode historique
" sur un site de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours " (www.eds.org).
Photo de la Sauterelle mormone à
www.aros.net/~nelson/images/mormon.jpeg
Atlanta, Orlando, New York, San Francisco... Toutes ces villes touristiques
des États-Unis sont touchées, assure Phil Koehler de
l'université de Floride, dans leurs hôtels à 1 000 $
la nuit comme dans les bouges : la Punaise des lits - Cimex lectularius
(Hémiptère Cimicidé) - a fait sa réapparition,
parfois en masse.
L'insecte hématophage se repaît du sang des dormeurs ; ses
premières piqûres sont indolores, il ne transmettrait aucune
maladie humaine, mais il salit draps et couvre-lits et... n'est pas plaisant
du tout.
Après la Seconde Guerre mondiale, le poudrage au DDT avait fait
disparaître l'indésirable. Depuis... cette matière active
insecticide très peu toxique pour l'homme (par contact) a été
abandonnée (et interdite), le personnel ne sait plus ce que c'est
qu'une punaise, on lutte de façon ciblée contre leurs compagnes
les blattes (appâts empoisonnés), les touristes pullulent et
viennent de partout...
Se débarrasser (proprement) de la Punaise des lits est compliqué
(fumigation de la chambre, incinération de la literie, etc.). Et on
aura du mal à trouver un appât empoisonné pratique et
efficace pour cet insecte piqueur-suceur.
D'après " UF Expert : bedbugs are back in big city hotels
" en ligne le 24 juillet 2001 sur UF News
(www.napa.ufl.edu/)
Avec une cigale (Hémiptère Cicadidé) et un
Hyménoptère parasite (virtuels), Mario Markus - chercheur à
l'institut Max-Planck de physiologie moléculaire - a bâti un
modèle mathématique capable de trouver les nombres premiers.
Pas très vite, certes, mais les bases entomologiques de l'outil en
font le premier du genre.
L'idée est venue de cette observation : les cigales (américaines)
ont un cycle de 13 ou 17 ans (Magicicada septemdecim), soit des nombres
d'années qui ne se divisent ni par 2, ni par 3..., ce qui réduit
l'incidence de prédateurs ou de parasites bi- ou trisannuels.
L'évolution aurait favorisé l'allongement du cycle de la cigale
(de sa vie larvaire souterraine) alors que son parasite principal (un
Hyménoptère hypothétique) n'aurait pas pu " suivre ".
D'après Erica Klarreich : " Cicadas appear in their prime"
lu sur Nature Scienceupdate le 23 juillet 2001
(www.nature.com/nsu).
Un dessin de M. septemdecim à
fairmanstudios.com/biotd2.htm
Accord parfait, accord vite fait
Beaucoup d'individus avec des cerveaux très petits peuvent prendre
rapidement une bonne décision. C'est ce que confirment les travaux
de Stephen Pratt (université de Bath, Royaume-Uni) sur la fourmi
Leptothorax albipennis (Hyménoptère Formicidé).
Bien obligées de s'installer quelque part, leur nid (artificiel) ayant
été détruit, les ouvrières partent, en tous sens,
en quête d'une cavité dans la roche, plutôt grande, bien
sombre et avec une petite ouverture. Sitôt qu'une prospectrice a
trouvé un site convenable, elle se précipite à l'endroit
de l'ancien nid et ramène une congénère (qui la suit
de très près). Cette dernière, s'étant rendu
compte sur place des avantages offerts par le lieu, fait de même,
immédiatement. Le manège s'amplifie et, bientôt, beaucoup
de fourmis se retrouvent dans cet endroit si plaisant ; les nouvelles visiteuses
vont alors chercher de quoi emménager - en l'occurence des larves
et des nymphes. Et le nid s'installe.
Et dans les sites moins bien ? Les prospectrices ont seulement mis plus de
temps à réagir, les visiteuses confirmatrices aussi et la
fréquentation est restée faible, de sorte qu'aucune fourmi
n'a été chercher la moindre progéniture.
Des mécanismes si simples excitent beaucoup l'imagination des
chercheurs...
D'après John Whitfield : " Decision making en masse ensures
an ideal home " lu sur Nature Scienceupdate le 19 juillet 2001
(www.nature.com/nsu/)
Le 6 juillet 2001
L'azote, constituant majeur de toute matière vivante et base des
protéines, doit être puisé - au départ de la
chaîne alimentaire - dans l'atmosphère. Cette " extraction "
est surtout le fait de bactéries du sol (Azotobacter,
Clostridium, etc.). Les légumineuses (Fabacées) en sont
également capables grâce à des bactéries
(Rhizobium, en particulier) qui vivent en symbiose avec leurs racines,
dans les nodosités. On vient de découvrir que les Termites
(Isoptères) sont des fixateurs d'azote, grâce à des
spirochètes (bactéries) symbiotiques qui leur fournissent ainsi
60% de leurs besoins. De tels spirochètes spéciaux, il s'en
trouve d'ailleurs dans l'eau, douce comme salée...
Trop souvent vus comme des nuisibles, ces insectes aux riches flore et faune
intestinales, sont pour la plupart des auxiliaires très utiles du
fait de leur travail de décomposition des matières
végétales (connu) et de leur rôle d'apporteur d'azote
(nouvellement reconnu).
Nous-mêmes, Homo sapiens, et nos bovins, Bos bos,
hébergeons , qui dans la bouche, qui dans le tube digestif, des
spirochètes possédant le gène de la fixation de l'azote
mais inactifs, on ne sait pas pourquoi.
Travaux de l'équipe de John Breznak de l'université
d'État du Michigan (États-Unis) publiés dans
Science, le 29 juin 2001 et signalés par NSF News
(www.nsf.gov).
Chez la guêpe sociale du Nouveau Monde Polybia occidentalis
(Hyménoptère Vespidé), observée au Costa Rica
par Sean O'Donnel (université de Washington), c'est à coups
de mandibules que se fait la répartition du travail des ouvrières.
Les femelles ont pour tâche de s'occuper du nid, du couvain, ou d'aller
au dehors chercher - à tire d'aile - la nourriture. Pour décider
les récolteuses à entreprendre des sorties, point de commande
génétique, point de message chimique, point de privilège
lié à la corpulence ou à l'expérience ; mais
des morsures infligées par des congénères.
Ces morsures sont plus ou moins fortes, durent de 30 s à 3 mn et,
appliquées avec détermination, ne laissent à la mordue
d'autre choix que de s'enfuir du nid.
Les ouvrières, au long de leur vie, s'adonnent d'abord à des
tâches centrales (dans le nid) puis, ayant gagné du mordant,
à des actions d'ingénierie sociale périphérique,
si l'on peut dire, occupées qu'elles sont à jouer des pièces
buccales pour envoyer les autres au charbon. Plus âgées, elles
se font envoyer en corvée d'affouragement.
Les mâles, qui ne font rien de précis, remarquent certainement
que chez certains humains, c'est pareil, mais les ordres sont aboyés,
pas mordus.
D'après " Biting may drive division of labor among social
wasp workers " de Joel Schwaz lu à
www.washington.edu/newsroom/news
On vous prie de noter la naissance d'une nouvelle famille
d'Hyménoptères, les Maamingidés
(Proctotrupoidea). Ses représentants, à l'allure de
chimère, sont petits (1,5 mm), très probablement parasitoïdes
d'insectes et vivent au niveau de la litière.
Ceci fait, attendez-vous à ne pas être averti de la découverte
d'une nouvelle famille d'insectes avant plusieurs années.
D'après " Tiny Trickster Flies Into the Zoogical Books "
publié par l'université d'Adélaïde (Australie)
à www.newswise.com, le 2 juillet 2001.
Photos à
www.adelaide.educ.au/PR/media_photos/
Article original : Early, J.W., L. Masner, I.D. Naumann, A.D. Austin
, 2001. Maamingidae, a new family of proctotrupoid wasp (Insecta:
Hymenoptera) from Australia. Invertebrate Taxonomy,15, 341-352.
En
ligne (fichier Acrobat, texte et illustrations, à
télédécharger).
Sexe, pied à coulisse et gloire...
Il court dans les labos et les insectariums, le bruit selon lequel a) la
Drosophile serait l'insecte le plus étudié (et, donc,
peut-être, le mieux connu) de la Planète et b) on pourra lire
bientôt dans Insectes des pages sur divers aspects de cet animal
universel, bête de laboratoire pour généticiens, ennemi
de la tomate industrielle à la récolte, transporteur de levures
indispensables (etc.).
L'impatience est telle que nous livrons sans plus attendre teneur des
dernières investigations portées sur Drosophila
(Diptères Drosophilidés). En effet, les chercheurs russes
des instituts Svertsov et Koltsov viennent de combler une grave et
incompréhensible lacune : ils ont mesuré le pénis des
différentes espèces, dont on ignorait jusque là tout
des caractéristiques biométriques.
De ce travail, qui ressemble beaucoup aux études de genitalia
pratiquées couramment sur les Lépidoptères, nos
entomologistes ont retiré deux choses : a) un arbre
phyllogénétique des " drosos " qui diffère de celui
établi jusque là et b) une certaine gloire, dont cette reprise,
dans Insectes, est la marque évidente.
D'après " Fruit fly phallus " lu sur
www.alphagalileo.org le 29 juin
2001.
Le 14 juin 2001
Les entomologistes aux prises avec l'élevage de certaines chenilles
ont souvent remarqué qu'il était bien difficile de changer
leur plante nourricière " en cours de route ". Avec leur étude
du Sphinx du tabac, Manduca sexta (Lépidoptère
Sphingidé), deux chercheurs états-uniens, Marta del Campo et
J. Alan Renwick ont apporté une illustration précise du
phénomène. Élevée sur pomme de terre, la chenille
meurt - de faim - si elle est transférée sur aubergine, alors
que cette solanée convient tout à fait à son
développement, pourvu qu'elle lui soit offerte dès sa
naissance.
La reconnaissance spécifique de la plante se fait au niveau des 4
sensillae styloconica - placée extérieurement de part et d'autre
de la bouche. L'ablation de ces sensilles rend la chenille indifférente
à son menu (pourvu que ce soit de la feuille de Solanée).
Pour A. Renwick, il s'agit là d'un phénomène d'addiction
analogue à celle dont certains humains sont frappés,
vis-à-vis du chocolat.
D'après le communiqué de presse de la Cornell University
(www.news.cornell.edu/releases/May01/HornWorm.bpf.html)
Le Muséum d'histoire naturelle de Londres (Royaume-Uni) lance un appel
à témoin : si jamais vous rencontrez un " mole cricket
", décrivez l'endroit, les conditions ; et n'oubliez pas la date.
Merci pour la biologie de la conservation.
Gryllotalpa gryllotalpa (Orthoptère Gryllotalpidé)
était jadis commun dans la campagne anglaise humide. Son habitat n'existe
presque plus, l'insecte devient une rareté.
Sous nos cieux, l'insecte est souvent nuisible. La Courtilière (ou
Taupe-grillon) est, en effet, friande de racines (et de vers de terre, larves
d'insectes) qu'elle attrape par des galeries qu'elle creuse avec ses pattes
avant en pelles fouisseuses dans le sol meuble des jardins.
Tout un arsenal est préconisé pour sa destruction, depuis la
taupe (lutte biologique avec dégâts collatéraux...) jusqu'aux
traitements chimiques du sol en passant par la destruction des galeries ou
l'essence de térébenthine (?).
D'après " Public wanted for bug hunt ", BBC News, 12
juin 2001 (news.bbc.co.uk/).
La fiche Courtilière de HYPPZ :
www.inra.fr/hyppz/ravageur/3grygry.htm
Sa stridulation à, entre autres,
perso.wanadoo.fr/g-artnature/boisbreteau
, rubrique Concerts.
Photo R. Coutin/OPIE
Le 18 avril 2001
Victimes : les pue-la-sueur
Il était généralement admis que le moustique Anopheles
gambiae (Diptère Culicidé) piquait Homo sapiens
- en lui transmettant la malaria -, attiré par le gaz carbonique
dégagé par sa peau.
Mais Marieta Braks, au laboratoire d'Entomologie médicale de
l'université de Floride à Vero Beach, vient de montrer que
cette Anophèle se fiait beaucoup plus à l'ammoniac qu'au CO2
pour repérer un gisement de sang humain. Responsables de ce
dégagement qui ne sent pas très bon, des bactéries qui
se développent au dépens de la sueur du futur
ponctionné.
Pour établir ce résultat, on a recruté des volontaires,
qu'on a bien fait suer ;
D'après "Latest Buzz on Malaria : Bacterially Modified Sweat
Lures Mosquitoes" de Carol Potera lu sur ASM News (67)2, février
2001 à
www.asmusa.org/memonly/asmnews/
Ce sera la chenille ou l'homme !
C'est à peu près l'ambiance en Virginie (États-Unis),
où le " Gypsy moth man " local a dressé, durant l'hiver, une
barrière au travers de 36 comtés pour tenter d'arrêter
l'envahisseur Lymantria dispar (Lépidoptère
Lymantriidé). Sa mission, son défi, son challenge : empêcher
les pontes du défoliateur de passer. Et ces pontes, on n'a pas attendu
les récentes alertes pour le constater, sont capables de
déplacements considérables.
Certes, pas plus les 3 à 500 oeufs, bien serrés en 2 ou 3 couches
et bien protégés par un matelas d'écailles
confectionné par la femelle, que la ponte (2 à 5 cm, ovale,
plate, chamois clair) ne rampent, ni marchent, ni ne nagent ; mais ils roulent.
Et en voiture, tout particulièrement en camping-car et en mobile-home.
Ce sont en effet les principaux vecteurs de la dispersion du Bombyx disparate
sur le continent nord américain.
Les papillons femelles ne volent pas (en général) mais les
jeunes chenilles peuvent être emportées par le vent. Il n'en
reste pas moins que c'est à l'homme qu'on doit le gros de l'expansion
du ravageur.
D'après "Man versus moth in pest struggle", lu sur ENN
(www.enn.com) le 2 avril 2001.
Une excellente adresse (francophone) sur Internet :
www.inra.fr/dpenv/ld.htm
Un petit coup de frelon ?
Une championne olympique avouant, sourire aux lèvres, s'être
dopée ? Oui, oui, Naoko, représentante de l'athlétisme
japonais assure qu'elle doit sa médaille d'or à une boisson
miracle 100% naturelle (et donc autorisée) à base de suc gastrique
de frelon. Vespa mandarina japonica (giant killer hornet) est, en
effet, lui-même champion "marathonien", parcourant quotidiennement
des kilomètres pour butiner de fleurs en fleurs. Cette extraordinaire
résistance a été étudiée par des chercheurs
japonais voilà plusieurs années : les frelons nourrissent leurs
larves et, en échange, prélèvent la salive qu'elles
excrètent.
C'est cette substance qui constitue la base de la fameuse boisson. Elle agirait
en stimulant l'utilisation des graisses, très énergétiques,
plutôt que les glucides, et aurait, selon certains athlètes
consommateurs, des effets surprenants : augmentation de la résistance,
effet constant dans le temps (alors que les boissons sucrées
utilisées habituellement pour fournir de l'énergie ont souvent
un effet intense mais momentané). Du Japon, la boisson envahit les
États-Unis, faisant un tabac, notamment chez les joueurs professionnels
de hockey, et atteignant le grand public par le biais des magasins de sport.
Les athlètes du saut en longueur attendent maintenant le jus de puce
et les judokas, la poudre de mandibules de Lucanes.
Lu sur Le quotidien du médecin et de nombreux sites
: www.sport.fr,
www.ragingcreations.com/stores/vespa
Des chercheurs de l'université de Toronto et de la Cornell University
ont mis en évidence, chez Ormia ochracea (Diptère
Tachinidé), des performances auditives exceptionnelles pour qui n'est
ni hominien ,ni chouette. L'imago femelle, à la recherche d'un grillon
(Orthoptère Gryllidé) où elle larviposera, localise
sa victime stridulante " à l'oreille " avec une précision de
2 degrés "
Pour leur démonstration, la mouche s'est vue installée sur
une boule tournant sans frottements, mue par ses 6 pattes, qu'elle actionne
avec les pas qu'elle fait pour se diriger vers la source sonore ; un ordinateur
enregistre les moindres rotations de sa piste d'exercice sphérique
: c'est l'actographie (voir Insectes n°119).
La tachinaire, on l'avait montré antérieurement, entend grâce
à des tambours auditifs, situés derrière la tête,
qui sont des sortes de micro-microphones directionnels. Leur étude
pourrait conduire à perfectionner les prothèses auditives qui
capteront mieux le signal utile et moins le bruit ambiant.
D'après News@llogT, lu à
www.newsandevents.utoronto.ca/
Gaucho contre longicornes
Le Longicorne asiatique, Anoplophora glabripennis (Coléoptère
Cérambycidé), a déjà dévoré plus
de 5 000 arbres à New-York (États-Unis) et menace la moitié
des plantations. L'insecte a été découvert en 1996.
Cet immigrant invasif, originaire de Chine, a voyagé dans des emballages.
Aucun ennemi n'attaque ce xylophage et le maire a décidé d'injecter
un insecticide systémique dans les troncs des arbres encore vivants.
La matière active, l'imidaclopride, est celle (notamment) de l'Admire
(lutte contre le Doryphore, au Canada - voir Insectes n°120)
et du Gaucho, un produit Bayer mis au point en 1991 pour lutter contre les
ravageurs du maïs et du tournesol, accusé de porter atteinte
aux abeilles.
D'après Environnement News Network du 28 mars 2001
(www.ennn.com)
Dossier complet et photos à
www.aphis.usda.gov/oa/alb/alb.html
Photo USDA-APHIS
Le 28 mars 2001
Quelle mort au bout du voyage ?
Les Monarques, Danaus plexippus (souvent épinglés ici)
ont effectué leur vol migratoire vers des pineraies mexicaines. Beaucoup
sont morts et une organisation écologiste a accusé les exploitants
forestiers, avides de parcelles à couper, d'en avoir tué 22
millions à coup d'insecticide, sur la foi d'observations de la surface
de leurs ailes (allure bizarre) et d'odeurs d'essence...
L'examen de 300 cadavres prélevés dans le sanctuaire du Cerro
San Andras n'a révélé aucune trace de toxique. Les papillons
seraient morts de froid.
D'après une dépêche Reuters lue sur ENN à
www.enn.com/news/
Le 5 mars 2001
Les bousiers (Coléoptères Scarabéidés) mâles
ont des "cornes" ; ils s'en servent pour se battre entre eux pour la
conquête d'une partenaire. Certains bousiers mâles ont des cornes
sur le front ou le crâne, d'autres sur le prothotorax, selon
l'espèce. Certains ont des cornes petites, d'autres des cornes fortes,
selon les individus.
Douglas Emlen (université du Montana, États-Unis) a mesuré,
chez 3 espèces d'Ontophagus, la taille et le poids des cornes
et aussi ceux des ailes, des antennes et des yeux. Un travail de biologie
de l'évolution qui a montré que posséder des cornes
puissantes se payait par le rapetissement d'organes proches, comme si, à
la nymphose, les matériaux supplémentaires alloués à
l'équipement offensif étaient pris sur la dotation du
déplacement (ailes) ou du renseignement (antenne, yeux).
Cette réallocation peut changer le mode de vie. Une étude sur
150 espèces, la moitié diurnes, l'autre moitié nocturnes,
du même D. Emlen, a montré que les bousiers actifs le jour ont
rarement les cornes à la base de la tête, position qui correspond
à des yeux petits.
D'après On the Horns of a Dilemma, de Menno Schilthuizen,
Academic Press Daily In Sight
(www.academicpress.com/insight/).
Il est situé dans le Nord de l'Australie, dans le bush (savane) où,
sur 1 ha, on compte 20 millions d'individus appartenant à une centaine
d'espèces.
Les fourmis (Hyménoptères Formicidés) sont des
bio-indicateurs de la santé des milieux, notamment sur les friches
industrielles et minières, les parcours et les aménagements
contre les incendies.
Contact : Alan Andersen (CSIRO),
Alan.Andersen@terc-csiro.au
La Mouche de Hesse, Mayetiola destructor (Diptère
Cécidomyidé), est un ravageur très important du blé
aux États-Unis, où elle est apparue au début du
XVIIIe siècle, introduite en provenance d'Europe
peut-être dans la paille accompagnant les chevaux d'un régiment
de Hesse.
Populations de Mouche de Hesse et cultivars de blé " jouent " au jeu
de la clé et de la serrure, le blé avec son gène de
résistance (la serrure) et la " mouche " avec son gène dit
" d'avirulence " (la clé). Si la clé va avec la serrure, tout
va bien, le blé pousse. Si les gènes ne correspondent pas,
rien ne s'oppose à l'appétit de l'asticot qui tue sa
plante-hôte. Plus précisément, la salive des M. destructor
creusant les tissus du blé déclenche une réaction
de défense de la plante. Le mécanisme de résistance
" gène à gène ", assez original, est connu depuis longtemps
et sert de base aux programmes de création de variétés
tolérantes du blé, seule arme disponible avec des pratiques
culturales (semis décalés, élimination des repousses).
L'université de Purdue, avec les outils modernes des
généticiens, travaille à la connaissance fine du
génome de M. destructor (moitié plus petit que celui
de la Drosophile). Le clonage de gènes d'avirulence semble à
la portée de cette équipe, ce qui lui permettra d'envisager
de créer des variétés de blé
(génétiquement modifiées) dotées d'une
résistance toujours parfaitement spécifique et désormais
efficace à la Mouche de Hesse.
D'après, notamment, Backward Approach May Unlock Weat Defense,
deR.-Gonzales-Barillas, office.com du 22 février 2001
(www.office.com).
Le 13 février 2001
On attend pour cet été, en Arizona (États-Unis), le
premier lâcher expérimental d'un insecte génétiquement
modifié. Il s'agit du Ver rose du cotonnier, Pectinophora
gossypiella (Lép. Gelechiidé), un ravageur des capsules
très nuisible, introduit d'Inde sans doute au début du XXe
siècle.
Dans un premier temps, le papillon possèdera un gène
supplémentaire, emprunté à une méduse, et qui
le rendra vert fluorescent ; il sera par ailleurs stérilisé.
Le premier lâcher se fera dans une cage de 7 m de long, loin des cultures
de cotonnier ; pour le second, une cage d'1 ha sera construite.
Le projet des chercheurs est d'introduire des insectes porteurs d'un
caractère léthal, dont on espère la diffusion dans la
population du déprédateur, ceci pour aboutir enfin à
se débarrasser du Ver rose.
D'après Helen Briggs : Go-ahead for GM insect release,
paru sur BBC News le 9 février 2001
(news.bbc.co.uk/)
Forte émotion pour les entomologistes de l'Australian Museum et du
Service de la faune et des parcs nationaux : ils ont, en effet, trouvé,
sur une île à 600 km à l'est de l'Australie, 3 femelles
et des oeufs de Dryococelus australis (Phasmoptère,
Phasmatidé), espèce disparue. Autrefois abondant dans les arbres
creux de l'île de Lord Horve (mer de Tasmanie), ce phasme a été
éradiqué au début du XXe siècle par
des rats accidentellement introduits en 1918, sans doute friands de leurs
oeufs et jeunes larves - mais pas de taille à affronter des imagos
de 15 cm de long, gros comme un doigt.
Il pourrait subsister une dizaine d'individus de D. australis. Un
élevage devrait être tenté, sur place.
D'après tf1.fr du 13
février 2001 et A guide to the stick Insects of Australia de
Peter Miller, à
www.acay.com.au/~pmiller/
Le 26 janvier 2001
Identification automatique
Grâce à un kit très simple d'emploi, il est possible
à un non-entomologiste d'identifier en 6 heures la Lucilie bouchère,
Cochliomyia hominivorax (Diptère Calliphoridé), un
célèbre varon qui semble se montrer de nouveau menaçant
pour les élevages du Sud des États-Unis.
Rappelons que cette sinistre mouche a été éradiquée
par des lâchers de mâles " stériles ", opération
qui reste le plus beau succès de la lutte autocide (voir,
épinglé précédemment,
Toliman le Magnifique).
Le test, mis au point par un laboratoire de l'Agricultural Research Service
(ARS, dans le Nebraska) et validé par l'Animal and Plant Health
Inspection Service (APHIS), est basé sur la réaction d'un
anticorps monoclonal à un antigène des tissus du Diptère.
Son emploi permettra une alerte précise - sans confusion avec d'autres
mouches ressemblantes - et le déclenchement rapide de mesures de
lutte.
D'après Jan Suszkiw, dans
ARS News &
Information, du 16 janvier 2001.
À cliquer :
la lutte
autocide contre la Lucilie bouchère, en quelques mots.
Le 18 janvier 2001
Un cousin sud-africain de notre ancêtre Homo habilis, nommé
Australopithecus robustus, vient de dévoiler - à titre
tout à fait posthume - sa passion pour les Termites (Isoptères).
On vient de retrouver, en effet, des fragments d'os finement striés
dans le sens de la longueur, usés par un travail. Quel travail ? La
recherche de tubercules ? L'os, vu le sol caillouteux du lieu, serait
marqué d'entailles en tous sens, plus profondes. Non, la recherche
d'insectes, pêchés dans les termitières perforées
avec l'engin - à l'instar de ce que les chimpanzés font, mais
avec des brindilles, jamais des bouts d'os. Un comportement entomophage (et
non entomologique, selon toute vraisemblance...) qui explique la richesse
des os en composés à 4 atomes de carbone (en C4), typique des
mangeurs d'herbivores. La découverte de cet outil confère à
A. robustus - en qui les anthropologues de culture occidentale auraient
volontiers vu un mangeur de gazelles - un régime termitophage,
garantissant de très convenables apports en protéines et en
graisses.
D'après les travaux de Francisco d'Enrico (CNRS, Talence) et
Lucinda R. Backwell (université de Witwatersrand, Afrique du Sud),
lu sur BBC News (news.bbc.co.uk)
le 16 janvier 2001 - et repris très vite par beaucoup d'autres
médias.
Explorez le Secteur
Termites du Kiosque.
Le 5 janvier 2001
Depuis la tempête de décembre 1999, de nombreuses personnes
se plaignent que leur maison est envahie par de petites "fourmis brunâtres
dont la piqûre est douloureuse. Dans le sud de la France, les
médecins sont fréquemment consultés pour ces piqûres
qui provoquent des allergies et dont certaines personnes gardent la trace
durant des mois.
Les insectes en question sont des Hyménoptères de la famille
des Béthylidés dont les femelles, dépourvues d'ailes
ressemblent à des fourmis. On les en distingue par leurs antennes
non coudées et leur tête ovale aplatie aux pièces buccales
disposées vers l'avant.
L'espèce la plus commune, Scleroderma domesticum, mesure entre
3 et 4 mm. Le femelle recherche les larves de petits Coléoptères
xylophages (vrillettes notamment) qui creusent des galeries dans les poutres
ou les meubles des habitations ou dans les stocks de bois à brûler.
C'est l'accumulation de ces réserves de bois depuis la dernière
tempête qui est à l'origine des pullulations de vrillettes et
donc de Sclérodermes observées au cours de l'été
2000.
La femelle du Scléroderme paralyse chaque larve-hôte en la piquant
de son aiguillon puis dépose plusieurs oeufs sur son corps. Les larves
qui en éclosent restent fixées sur la larve du
Coléoptère dont elles se nourrissent (ce sont des
ectoparasitoïdes). À la fin de leur développement, elles
tissent des cocons, réunis en une seule masse, dans lesquels elles
se nymphosent.
La seule façon de se débarrasser de ces insectes importuns
est d'éliminer leurs hôtes en traitant les boiseries si
nécessaire ; mais il suffit parfois simplement d'éloigner de
la maison la réserve de bois qu'ils ont envahie.
Par Claire
Villemant (MNHN)
Une référence bibliographique : Kuehne H., Becker G. ,1974.
On the biology and ecology of Scleroderma domesticum Bethylidae
Hmenoptera, a parasite of wood destroying insect larvae. Z. Angew.
Entomol., 76(3), 278-303.
Et une thèse
(en
ligne) sur l'utilisation en lutte biologique d'une espèce voisine,
avec des illustrations : Al-Kirshi, Abdul Gabbar Sultan : Untersuchungen
zur biologischen Bekämpfung von Trogoderma granarium Everts,
Trogoderma angustum (Solier) und Anthrenus verbasci L. (Coleoptera,
Dermestidae) mit dem Larvalparasitoiden Laelius pedatus (Say) (
Hymenoptera, Bethylidae).
[R]
Sauf mention contraire, ces textes sont d'Alain Fraval
Les Épingles de collection - à consulter, page par page : Les Épingles entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles de 2001, Les Épingles de 2002, Les Épingles de 2003, Les Épingles de 2004, Les Épingles de 2005, Les Épingles de 2006, Les Épingles de 2007,, Les Épingles de 2008, Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011. - ou globalement (jusqu'à fin 2009) ici.