Vers la page d'accueil d'OPIE-Insectes    


Phoracantha

par Alain FRAVAL et Mohamed HADDAN

Actes Éditons (Rabat), coll. Doccuments scientifiques et techniques, 1989, 38 p.

Dessins de Claire Villemant

Préface

1. INTRODUCTION

2. DESCRIPTION

3. GAMME D'HOTES ET RÉPARTITION GEOGRAPHIQUE

4. CYCLE EVOLUTIF ET VOLTINISME

5. LA VIE LARVAIRE ET LA XYLOPHAGIE

6. LA VIE IMAGINALE ET L'ATTRACTION DE L'HOTE

7. LA FAUNE ASSOCIEE ; LES ENNEMIS NATURELS

8. DEGATS ET IMPORTANCE ECONOMIQUE

9. LA PREVENTION ET LA LUTTE

10. CONCLUSION

Références bibliographiques


Abstract
An outbreak of Phoracantha semipunctata occured in Morocco in 1981. Its larva bore galleries between the bark and the wood of Eucalyptus trees. The healthy trees resist the insect's attack, however even the temporarily weakened ones and the logs are quickly invaded. The control of this "new" pest must be based on silvicultural methods including sanitation and wise choice of Eucalyptus species.

Resumen
El insecto Phoracantha semipunctata ha aparecido en masa en et afo 1981 en los Marruecos. Sus larvas pueden cavar los galerias entre et corteza y et madera del Eucalipto. Los arbolos vigorosos resisten pero los sujetos flojos y los lenos detribados estan rapidamente colonizados para este insecto. La lucha contra este nuevo danido debe sobre todo tener cucuta de las medidas senemiento, eleccion de los especies.


1. INTRODUCTION

Jusqu'à ces dernières années, les Eucalyptus étaient considérés comme indemnes de ravageurs importants. En 1981, de fortes mortalités sont apparues, notamment dans le Gharb, causées par l'attaque massive d'un longicorne, Phoracantha semipunctata (F.) (Col. Cerambycidae).

Depuis cette époque, caractérisée par une sécheresse très marquée, la gravité des attaques a beaucoup diminué. Le retour à de meilleures conditions climatiques et l'élimination des arbres les plus sensibles expliquent ce répit. L'insecte, bien installé dans tout le Maroc, n'en demeure pas moins une menace permanente.

Le présent texte expose l'état actuel des connaissances sur ce nouveau ravageur, lequel a fait, depuis son introduction, l'objet d'importants travaux de recherche au Maroc, de la part de la Station de Recherches et d'Expérimentations Forestières (M. EL YOUSFI et M. HAMDAOUI) et du Département de Zoologie de l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II (A. FRAVAL et M. HADDAN).

L'Eucalyptus (fam. des Myrtacées) est originaire d'Australie. Sa répartition actuelle est très vaste; depuis le siècle dernier, il a été introduit dans tous les pays où règnent des conditions climatiques adéquates (l'Eucalyptus craint le froid). C'est un arbre très intéressant pour sa croissance rapide et sa plasticité.

Au Maroc, les premiers arbres sont plantés à Tanger, vers 1890. C'est à MENAGER que l'on doit les plantations du Gharb (autour de Sidi-Yahia), sur des terrains alors déserts (dans les années vingt). En 1981, l'Eucalyptus occupe près de 170 000 ha. La moitié de cette superficie est plantée d'Eucalyptus camaldulensis (rostrata) tandis que E. gomphocephala occupe 35%; la région Gharb-Mamora possède 55% des Eucalyptus du pays (IASSE,1985, in HADDAN, 1987). La destination principale du bois d'eucalyptus - tout au moins dans cette région - est la fabrication de la pâte à papier. Cette activité revêt une importance économique considérable et justifie à elle seule les efforts de recherche consacrés à cette essence. L'Eucalyptus fournit également du combustible et divers produits: caisses, quilles de bateaux de pêche, tuteurs pour les tomates, poteaux. L'Eucalyptus est employé pour la fixation des dunes et la défense et restauration des sols; il entre également dans la composition de parcs et forêts récréatives. Il constitue une ressource très importante pour les abeilles (FILALI, 1987; DAMBLON et al., 1987).

Au Maroc l'Eucalyptus souffre de diverses maladies fongiques mal connues. Quelques ravageurs occasionnels ont été repérés. Ainsi les pépinières sont de temps en temps ravagées par Erodius cardinatus (SOL.) et Ecphoroma sp. (Col. Tenebrionidae), dont les adultes dévorent les feuilles (DE LEPINEY et MIMEUR, 1932) et par les chenilles de Taragama repanda (HBN.) (Lép. Lasiocampidae) citées par DE LEPINEY et MIMEUR (loc. cit.), et observées récemment (1987) à Sidi Amira (S. EL ANTRY. comm. pers.). Dans certains endroits (forêt de Khemis-Sahel notamment) les jeunes plants sont tués par un ver blanc (Col. Scarabaeidae) qui sectionne les racines. Les feuilles sont parfois attaquées par des criquets, par Laphygma exigua (HBN.) (Lép. Noctuidae), par Lymantria dispar (L.) (Lép. Lymantriidae) (DE LEPINEY et MIMEUR, loc. cit.). Les défoliations que cette dernière chenille provoque, en cas de surpopulation des chênes-lièges voisins, peuvent être spectaculaires. Les adultes de Thylacites (Brachyderes) pubescens (BOH.) (Col. Curculionidae) ont provoqué des dégâts notables en 1986 à Oued-Cherrat (HADDAN, 1987); l'insecte était connu du Chêne-liège (BASTAOUI, 1983).

Les Eucalyptus servent fréquemment de nichoirs pour les moineaux (Passer hispaniolensis TEMM.) ; ces derniers utilisent, parfois abondamment, les feuilles pour construire leurs nids (EL MOUTASSIM, 1985).

Sur les jeunes pousses nous avons observé, à la suite de DE LEPINEY et MIMEUR (loc. cit.), des colonies d'Aphis gossypii (SCOP.) (Hom. Aphididae). Les rameaux, toujours selon DE LEPINEY et MIMEUR (loc. cit.) sont attaqués par Oxycarenus lavaterae (F.) (Hém. Lygaeidae). Les fleurs de l' Eucalyptus sont visitées surtout par les abeilles domestiques, mais aussi par des bourdons et des guêpes; les cétoines grises Epicometis hirta (PODA.) et Oxythyrea funesta (PODA.) (Col. Scarabaeidae) et la fourmi Camponotus lateralis (OL.) (Hym. Formicidae) sont des hôtes fréquents des fleurs (FILALI, 1987). Signalons enfin que l'Eucalyptus possède une faune sous-corticale variée (MARTY, en cours); nous y avons remarqué récemment la Bruche de la fève en hivernation (S. CHAKIR, A. FRAVAL, M. JARRY, 1987, non publ.).

Aucun xylophage n'a été signalé, hormis Lyctus sp. (Col. Lyctidae) sur bois ouvré, avant la découverte de P. semipunctata.

Ni le Psylle Ctenarytaina eucalypti (MASK.) ni le Curculionide Gonipterus scutellatus (GYLL.), récemment introduits dans le Bassin Méditerranéen occidental (CADAHIA CICUENDEZ, 1986) ne sont, à notre connaissance, présents au Maroc.

Les prélèvements opérés par ces divers animaux ne sont que localement et exceptionnellement nuisibles et les dégâts sont bien moindres que ceux de P. semipunctata, insecte dont nous abordons la description.

Chap. 2. DESCRIPTION

[R]


Préface

L'Eucalyptus est un arbre australien qui a connu, depuis la fin du XIXème siècle, une expansion géographique extraordinaire. Au Maroc, cette espèce a pris une grande extension depuis les années vingt pour devenir la principale essence de reboisement avec une superficie de l'ordre de 205 000 ha, soit l'équivalent de 50% de l'ensemble des reboisements du pays, dont 124 000 ha dans le secteur du Gharb atlantique pour alimenter l'industrie de la pâte àpapier. L'Eucalyptus occupe dans les zones semi-arides et arides des sols autrement improductifs ; il fournit du bois de service et de combustible et constitue le berceau d'une activité apicole florissante. A ces avantages s'ajoute la qualité de santé et de vigueur de cette espèce.

Néanmoins, dès 1981, à la suite de la sécheresse que le pays a connue, un insecte, Phoracantha semipunctata a provoqué des dégâts énormes, foudroyant des peuplements entiers dans toutes les zones d'introduction de l'espèce. Depuis, l'intensité des ravages a diminué sous l'effet des conditions climatiques relativement bonnes. L'insecte, désormais bien installé, demeure une menace permanente pour la plupart des Eucalyptus utilisés dans les reboisements.

Aussi devient-il essentiel de disposer et de faire la synthèse de la somme des informations recueillies par les chercheurs des différents pays où sévit le ravageur et d'évaluer l'état de nos connaissances sur sa biologie, son comportement, ses relations avec les arbres, dans les conditions des eucalypteraies marocaines.

C'est à A. FRAVAL et M. HADDAN que l'on doit une part importante des travaux de recherche sur Phoracantha au Maroc, complétant ainsi les premières investigations de la Station de Recherches Forestières.

Ces auteurs nous offrent, au travers de cet opuscule, un tableau complet du ravageur, où les aspects proprement entomologiques servent à définir les conditions d'une prévention et d'une lutte efficaces. Faute d'avoir pu empêcher ce fléau, cette lutte devra être conduite scrupuleusement afin de conserver notre patrimoine. Les efforts de recherche doivent se poursuivre, notamment pour mieux situer les conditions de réceptivité des arbres, pour mieux comprendre et appréhender les mécanismes de l'attraction de l'insecte et pour décrire les peuplements en termes de sensibilité.

"PHORACANTHA", premier ouvrage d'entomologie forestière de la collection "DOCUMENTS SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES" publiée par Actes Editions sera suivi par un second ouvrage "LYMANTRIA DISPAR" et par un troisième "FAUNE DU CHENE-LIEGE". D'autres titres, je l'espère vivement, suivront grâce aux efforts d'équipes de chercheurs, enseignants, praticiens, ... attachés à communiquer leur savoir et leur expérience et ayant le goût pour l'étude de la nature et le souci de sa préservation.

O. M'HIRIT
Chef de la Division de Recherches et d'Expérimentations Forestières


Actes Editions, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II

B.P. 6202-Instituts, 10 101 Rabat (Maroc)

Contact : Moussa Ettalibi, éditeur en chef m.ettalibi@iav.ac.ma

Sur Internet : www.iav.ac.ma/actes/index.html

[R]