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Phoracantha
par Alain FRAVAL et Mohamed HADDAN
Actes Éditions (Rabat), coll. Doccuments scientifiques et techniques, 1989, 38 p.
4. CYCLE EVOLUTIF ET VOLTINISME
P. semipunctata est une espèce polyvoltine. Selon les conditions, elle effectue de 1 à 3 générations par an. Les phases successives de sa vie ont des durées variables, en fonction non seulement de la température mais aussi de la qualité de l'alimentation et de facteurs individuels. Le schéma le plus fréquemment rapporté est basé sur deux générations complètes, de durées inégales, et une génération partielle.
Au Maroc, les premières observations sont faites par HAMDAOUI (1985, non publ.), qui enregistre en 1981-1982 des sorties d'adultes de mi-décembre à mi-janvier d'une part, de début juin à mi-juillet d'autre part. A Sidi-Slimane, en 1986, KISSAYI (1987) ne compte qu'une seule génération.
Les époques de vol sont déduites des enregistrements des pontes sur les tronçons d'Eucalyptus régulièrement visités (méthode habituelle des tronçons-pièges). L'influence de la température et des conditions de milieu sur le développement larvaire de P. semipunctata ont été précisées par plusieurs auteurs. Les observations de HADDAN (1987) faites dans la région de Rabat, en 1986, laissent penser que l'insecte vole, pond et se développe tant que les conditions thermiques le lui permettent. Ceci rejoint tout à fait les conclusions de MENDEL (1985) et correspond aux observations de CHARARAS (1969) en Tunisie. Le développement de l'éclosion à l'émergence requiert 1 500 degrés x jours, au seuil de 11,5°C (BYTINSKI-SALZ et NEUMARK (1953, in LOYTTYNIEMI, 1983). CHARARAS (1969) observe, sur du matériel tunisien, que l'activité nutritiale des larves cesse au dessous de 10°C. Les larves se nourrissent en continu toute l'année sauf de décembre à février où il n'y a que 2 ou 3 heures favorables par jour. Ce même auteur (CHARARAS, 1979) indique un zéro de développement élevé (15,2°C), et note que la prise de nourriture et le transit intestinal sont très lents au dessous de 18°C. A 27°C par contre, les activités osidasiques sont maximales.
Figure 3. Elément de la chronologie du développement de Phoracantha semipuctata sous différents climats
Ci-dessus : Effectifs de pontes (HAMDAOUI, 1986, non publ.) et d'adultes
(KISSAYI, 1987) trouvés sur des rondins pièges, au Maroc
(Gharb).
Les flèches représentent les dates d'installation des
pièges.
Ci-après : Succession des stades en fonction des
saisons.
1 : en Tunisie (CHARARAS, 1969) ; a : au nord, à 1 000 m d'altitude
; b : au centre ; c : au sud (climat méditerranéen
saharien).
2 : en Israël (MENDEL, 1985) ; a : au nord ; b : dans l'ouest
du Néguev (les tirets indiquent une interruption des
émergences).
3 : au Maroc, à Oued-Cherrat (HADDAN, 1987)
Génération d'été (la ponte s'observe de
mai à janvier inclus).
HELAL et EL SEBAY (1980e) constatent que la génération d'été, en Egypte, est allongée par une estivation. CHARARAS (loc. cit.) indique cependant que les larves se nourrissent à 43°C pourvu que le bois ne soit pas trop sec. La durée du développement larvaire est de 60 jours au minimum (HELAL et EL SEBAY, 1980d). Pour SCRIVEN et al. (1986), la larve évolue en 70 jours; cette durée est portée à 180 jours dans les tronçons secs. Le fait que la dessication du milieu allonge la vie larvaire explique la lenteur du développement souvent constatée au laboratoire, où sont utilisés de petits rondins (LOYTTYNIEMI, 1983). Selon cet auteur, dans les cas de retard à la nymphose, c'est le dernier stade qui est allongé, sa durée étant de toutes façons très variable. DRINKWATER (1973, in GIL SOTRES et MANSILLA VAZQUEZ, 1983) dénombre 8 stades larvaires et situe l'hivernation pendant les 3 derniers stades. La richesse du milieu en éléments glucidiques influe sur la durée du développement amenant des décalages de 10 à 17 j (CHARARAS, 1969).
La durée de lanymphose est très variable. Selon HELAL e tEL SEBAY (1980f) elle dure 51 j à 2 °C, 10,4 j à 35 °C. Sa durée est allongée dans des bois secs, le seuil de développement est de 14,9 °C, l'optimum se situe à 35 °C et 45% d'humidité relative. SCRIVEN et al. (1986) indiquent une durée minimale de 20 j.
L'adulte a une longévité variable: 40 jours en été et 180 jours en hiver selon SCRIVEN et al. (1986), de 40 à 90 j selon CHARARAS (1969), lequel précise en outre que leur activité génésique est impossible au dessous de 15°C et que la ponte ne débute qu'au dessus de 16 °C. L'imago vole dans l'intervalle 18-40°C (CHARARAS, 1979). L'ceuf éclot en 3 à 8 jours (à 27,6 C, 68% H.R.) selon HELAL et EL SEBAY (1980d), en 10 à 14 jours selon SCRIVEN et al. (1986), en 4 à 8 jours selon HAMDAOUI (1985, non publ.). GIL SOTRES et MANSILLA VAZQUEZ (1983) indiquent que le maximum des éclosions a lieu le 16ème jour, à 26°C et 80% d'H.R.
La figure 3 (ci-dessus) présente quelques cycles.
Il ressort de toutes ces observations que le développement de P. semipunctata est continu et ne connaît pas de diapause. L'insecte est crédité de 6 ou 8 stades larvaires, peut-être est-il hétérodyname ? Il a un seuil de développement entre 11 et 15 °C (cette valeur reste à vérifier) et n'est pleinement actif qu'à des températures de l'ordre de 20 à 35 °C; des températures inférieures le rendent simplement inactif. Selon la région et selon l'année, l'insecte peut ainsi développer de 1 à 3 générations. Cette évaluation globale cache la diversité des performances de croissance individuelles, remarquée par tous les auteurs, et qu'on peut attribuer, en partie, à l'hétérogénéité thermique, hydrique et nutritionnelle du tronc d'Eucalyptus. En fait, une population de P. semipunctata est toujours composée de cohortes très diverses. Ce type de développement "opportuniste" a facilité l'expansion de l'insecte dans le Monde.