Vers la page d'accueil d'OPIE-Insectes
En
épingle
L'insecte ou l'événement entomologique du jour, celui qui
défraye la chronique et qui alimente les conversations en ville et
dans les insectariums, sera épinglé sur cette page abricot,
qui s'enrichira au fur et à mesure des événements
entomologiques.
Épingles d'hiver
Petites saletés !, Jatail,
Et les papillons ?, Le ver du sirop,
Lutte sucrée, La mise en pli de
la droso, Encore un beau meurtrier,
Sœur Sauterelle, Étiquetage
global, Ça plane pour elles,
Fixe-Bt, Bonjour insectes,
Souffle coupé, Serrez les
rangs !, Des as du xylophone,
Podophilie, Séquencés
suivants, Grileiros, De l'espace chez
vous, Insectes modèles, La monarchie
bat de l'aile, La monorchidie se porte bien,
Blattes tâtonnantes, blattes appêtissantes, blattes
aguichantes, Lutte bio muséale,
Les petites fourmis fourmilleront, Encore
un syrphe, Le premier spécialiste des termites,
À mort les drosos !,
Télécommande, Au bonheur
des Belles Dames, Entomologistes célèbres,
Cochons pièges, Cul-brun teufeur,
Les chenilles ravageuses (suite), Bombe
insecticide, Spatioptères,
L'Europe exporte, Foreur de luxe,
Cadavres rédhibitoires, Dectique
frénétique, Lutte gastronomique,
Préappâtage, Lutte
sucrée (bis), La peur donne des ailes,
Agression automatique, Le retour du Grand
Bleu, Chikungunya, Épicerie
bio, Du simple au double, Tape-à
l'œil, Demoiselle de guerre,
Coccinellurgie, Les insectes sans les
piqûres, Muscle vert, Appel à
témoin, Stupéfiant,
Châtaigniers en danger, Une chenille
très attachante
Au creux de l'été...
Art et insectes, Coriace,
Sous les lignes, Bourdons de panurge,
Katrina 1, Katrina 2,
À force de formiquer…, Le papillon
papillonne, la chenille trinque,Coup(e) à blanc,
Prix Nobel à deux entomologistes,
Entomologie hippique, Entomologie
ferroviaire, Grillé, scotché, mais
célèbre…, Si jamais la reine meurt,
Réplique, Moustique luisant,
Ça fait bondir, Ce Microgastriné
est un grand nez !, Sainte mouche, Sales
mouches, Ennemi(s) du régime, OGM
souricide, Au pied du mur, La grillonne
tient à sa patte, Les insectes parlent aux
insectes, La richesse du Pérou,
Vol spécial, La Suisse contre les
envahisseurs, Pile à mouches.
Les Épingles de collection - à consulter, page par page : Les Épingles entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles de 2001, Les Épingles de 2002, Les Épingles de 2003, Les Épingles de 2004, Les Épingles de 2005, Les Épingles de 2006, Les Épingles de 2007,, Les Épingles de 2008, Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011. - ou globalement (jusqu'à fin 2009) ici.
31 décembre 2005
L'armée napoléonienne rongée par les poux, par
Yves Miserey,
Le
Figaro, 30 décembre 2005.
Des chercheurs français ont détecté des traces
génétiques de typhus en analysant des restes de soldats
napoléoniens morts lors de la retraite de Russie en 1812. [Et
retrouvé 3 poux.]
29 décembre 2005
À lire sur Internet
Quand les secrets des papillons dopent les diodes de demain. Futura Sciences.
La Suisse contre les envahisseurs
Une procédure de consultation sur la révision de l'ordonnance
sur la dissémination dans l'environnement est en cours, en Suisse,
pour " permettre d'éviter la propagation d'espèces portant
atteinte à la diversité biologique, mettant en danger l'homme,
les animaux et l'environnement ou causant des dégâts
économiques ". Est visée, entre autres organismes
indésirables, la Coccinelle asiatique, Harmonyia axyridis.
Cet auxiliaire de lutte biologique exotique est pour l'heure absent du pays.
Il a été répandu un peu partout ailleurs, en Europe
et en Amérique du Nord et est considéré comme un
fléau, nuisible notamment aux coccinelles indigènes.
Selon ces nouvelles dispositions, il sera interdit de propager, outre cette
coccinelle, notamment une plante particulièrement envahissante, la
renouée du Japon, Fallopia japonica (Polygonacée).
Imoprtée et acclimatée jadis pour ses qualités ornemantales
et, surtout, comme provende automnale pour les abeilles, cette plante a
colonisé de nombreux terrains au détriment de la
végétation naturelle.
D'après " Vers une interdiction de la coccinelle asiatique
", Télévision suisse romande, lu le 22 décembre 2004
à www.tsr.ch/
À (re)lire, parus dans Insectes en 2005 : La
Coccinelle asiatique Harmonia axyridis (par Gilles San Martin, Tim
Adriaens, Louis Hautier et Nicolas Ottart )
et "suite "
Kristine Ann Sotelo, Ivy Oclares, Eliza Matote et Leda Firmanes sont les
inventeurs d'une nouvelle source d'énergie pour alimenter des appareils
portables en lieu et place des batteries. Pas chère, faisant intervenir
des éléments naturels renouvelables (ô combien !), cette
filière est promise à un brillant avenir. À sa base,
pour fournir l'enzyme nécessaire à la réaction chimique
entretenue dans cette nouvelle sorte de pile à combustible à
biocarburant, des insectes domiciliaires : moustiques, blattes, mouches…
Chaque élément délivre un courant de faible voltage
(0,5 à 1,25 V) et d'ampérage dépendant de l'espèce
- les blattes étant les plus intéressantes.
Les entomoélectriciens sont étudiants en ingénierie
chimique à la Featy University, à Manille
(Philippines).
D'après " Students find energy source in house pests ", The
Manilla Times du 25 août 2005, lu à
www.manilatimes.net/
17 décembre 2005
"Plus de 95 % des cicadelles ont été détruites en quelques
mois par les micro guêpes dont les lâchers ont été
effectués à Tahiti et Moorea en mai 2005".
Agence
Tahitienne de Presse, lu le 17 décembre 2005.
Parasitoïde auxiliaire : Gonatocerus ashmeadi (Hym. Mymaridé).
À relire : Le tireur d'élite et la mouche pisseuse (par
Alain Fraval )
7 décembre 2005
En forêt amazonienne, on dénombre quelque 7 500 espèces
de papillons, contre 65 en Grande-Bretagne. Un travail mené à
l'University College de Londres apporte un éclairage nouveau sur les
raisons de cette différence. Le prof. Mallet et sa thésarde
Alaine Whinnett ont comparé les " horloges " à ADN mitochondrial
de plusieurs Lépidoptères de différents genres vivant
sur le versant oriental des Andes au Pérou. Cette technique donne
une estimation des âges relatifs des espèces en fonction de
l'importance de la disparité entre les ADN.
Ainsi les Melinea (Nymphalidés) se sont diversifiés
depuis au plus quelques centaines de milliers d'années alors que les
Oleria (de la même famille et proches), il n'est pas apparu
d'espèce nouvelle depuis plus de 10 millions d'années.
Ceci remet en cause la théorie courante qui explique la très
grande richesse faunique de l'Amazonie par l'effet de sécheresses
graves survenues au Pléistocène, qui auraient réduit
les zones habitables à de petits refuges où la spéciation
aurait été intense.
La biodiversité constatée au niveau des Lépidoptères
(pas seulement) serait bien plus due à des particularités
biologiques et écologiques différent d'une espèce ou
d'un groupe à l'autre - lesquelles restent à découvrir
- qu'à un bouleversement climatique.
L'Amazonie aurait bénéficié de conditions propices stables
pendant très longtemps, permettant l'éclosion d'espèces
diversifiées; aucun indice archéologique clair ne vient
étayer l'existence des refuges allégués. En revanche,
pendant ce temps, l'Europe était sous les glaces et les espèces
présentes actuellement sont des (ré)immigrants, en petit
nombre.
D'après " Why the Amazon rainforest is so rich in species ",
communiqué de presse de l'University College London, lu le 6
décembre 2005 à www.scienceblog.com
Image
d'Oleria
Chacun sait que l'Abeille domestique vole. Dans les années 1930, en
France, on avait démontré que c'était impossible, car
contraire aux lois de l'aérodynamique. Le mystère vient seulement
d'être résolu. Il s'agit d'une particularité d'Apis
mellifera (Hym. Apidé), mise en évidence au California
Institue of Technology.
Les ailes (couplées) de l'Abeille battent - en effectuant une rotation
- à 240 coups par seconde (une fréquence moyenne chez les insectes)
et - c'est là l'élément déterminant - avec une
amplitude limitée à 90°. Dans une atmosphère
d'héliox, mimant les conditions d'un vol (difficile) en altitude,
l'abeille augmente cette amplitude, la fréquence restant la
même.
Ce mode de fonctionnement des ailes est globalement moins efficace que les
mouvements plus amples et plus lents des mouches des fruits (par exemple).
Son avantage est d'autoriser en cas de besoin l'emport d'une lourde charge.
On ignore s'il a été sélectionné chez des
Hyménoptères sociaux ayant à transporter au nid proies,
nectar et/ou pollen, ou s'il résulte de particularités
musculaires.
D'après " Longstanding Puzzle of Honeybee Flight Solved at
Last ", Scientific American.com, lu le 29 novembre 205 à
www.sciam.com
27 novembre 2005
Oscar, un robot qui a l’oeil,
Science
et vie junior
La dextérité de la mouche en vol a inspiré des chercheurs
dans la réalisation de robots terrestres ou aériens.
25 novembre 2005
À lire sur Internet
Quand les grillons inspirent les scientifiques,
Le Journal du
CNRS, 25 novembre 2005.
Pourquoi ne pas imiter la nature quand celle-ci fait preuve d'une grande
ingéniosité ? Voilà l'idée d'une équipe
de biologistes en partance pour l'Afrique qui cherche à mesurer les
performances des détecteurs de mouvements d'air de nos amis les grillons.
Les insectes parlent aux insectes
Résumons : au fin fond de la fourmilière, la chenille-coucou
se fait copine avec les fourmis ses hôtes grâce à diverses
substances stupéfiantes et en leur racontant un bobard comme quoi
elle est une gentille fourmi ; mais elle parle trop fort et son ennemi mortel
l’ichneu aux grandes oreilles la repère et se lèche les
babines. Mais comment ne pas se faire jeter, voire croquer tout cru, par
les fourmis ? En arborant un parfum qui les énerve, au point
qu’elles se battent. Profitant de la confusion et méprisant la
protection européenne dont bénéficie l’espèce,
l’ichneu pond dans la chenille qui, lentement dévorée
de l’intérieur, crèvera dans sa galerie obscure tandis
que les enfants du perfide s’envoleront. À diabolique, diabolique
et demi.
Mais quels sont (en langage entomologiquement châtié) les
protagonistes de ce conte ?
La chenille est celle de l’Azuré des mouillères, alias
le Protée, Maculinea alcon, un Lépidoptère
Lycénidé. Après une courte vie (3 semaines) endophyte
spermophage (elle dévore les semences de la gentiane pulmonaire –
et de rien d’autre), elle se laisse tomber au sol. Là, elle est
recueillie par des fourmis (Hym. Formicidés) du genre Myrmica (et
de nul autre) qui l’emportent dans la fourmilière, comme si elle
était une de leurs larves (elle en a pris un peu l’allure et
beaucoup l’odeur). Commence alors une vie de cleptoparasite, soignée
et nourrie (par trophallaxie) par les fourmis qui viennent sucer le miellat
qu’elle leur offre et s’euphoriser à une kairomone qu’elle
leur dispense. À la fin de son développement, notre chenille
émet des sons qui concourent à charmer les fourmis. Lesquelles
semblent protéger leur « invitée » de toute attaque
de parasitoïde (in Lhonoré, 1998).
En 2002, Jeremy Thomas, entomologiste anglais, découvre comment
Ichneumon eumerus (Hym. Ichneumonidé) parvient à pondre
dans la chenille. La femelle sécrète au moins 6 composés
(kairomones) qui agissent sur les fourmis : celles-ci se tiennent à
distance de l’intrus et deviennent agressives les unes envers les autres,
produisant elles-mêmes des phéromones d’alarme qui ne font
qu’augmenter le chaos (qui peut durer plusieurs jours). Pendant ce temps,
I. eumerus a pondu dans la chenille. Ses descendants émergeront
de la dépouille de la chenille au moment de la chrysalidation et,
usant du même stratagème chimique, sortiront de la fourmilière
sans encombre.
Fin 2005, une équipe de la télévision britannique BBC
a pu filmer, grâce à des appareils miniaturisés, toutes
ces scènes – et enregistrer le son émis par la chenille
avec une qualité inégalée. Réémis dans
une fourmilière, ces « éruciphonèmes » semblent
plaire aux fourmis qui viennent tapoter le haut-parleur avec leurs
antennes.
Et vient cette hypothèse : le son émis par la chenille est
le seul signal perceptible par le parasitoïde, les kairomones de
déguisement chimique en fourmi de celle-ci n’étant pas
volatils et devant être perçus au toucher. L’Ichneumon
détecterait ainsi l’Azuré en interceptant ses « paroles
» prononcées à l’intention des
fourmis.
D’après , notamment, « BBC listens in to insect
chatter”, BBC News, lu le 23 novembre 2005 à
news.bbc.co.uk
À lire, les chapitres consacrés à Maculinea alcon
dans le Rapport d'études de l'OPIE, vol. 2, décembre 1998 :
« Biologie, écologie et répartition de quatre espèces
de Lépidoptères Rhopalocères protégés
(Lycaenidae, Satyridae) dans l'Ouest de la France », par Jacques
Lhonoré, en ligne à
www.inra.fr//OPIE-Insectes/re-rhopa.htm
Photo
d'Ichneumon eumerus
De nombreux insectes supportent l'amputation d'une patte, ou même la
provoquent (autotomie) pour échapper à un prédateur.
Chez le Grillon provençal, Gryllus bimaculatus (Orth.
Gryllidé), tenu par une patte entre le pouce et l'index, l'insecte
s'échappe au bout de 10 secondes en moyenne (sur 5 pattes). Mais ce
n'est qu'au bout de 26 secondes qu'une femelle vierge se résout à
abandonner à l'entomologiste une patte avant.
La raison : privée de cet appendice - qui porte l'organe auditif -,
la demoiselle entendra mal et surtout ne pourra pas localiser le partenaire
sexuel candidat.
D'après, entre autres, " Jungfräuliche Grillen fürchten
Beinverlust ", Spiegel Online, lu le 23 novembre 2005 à
www.spiegel.de
Article source : Bateman W., Fleming P.A., 2005. Sex and the single (-eared)
female: leg function, limb autotomy and mating history trade-offs in field
crickets (Gryllus bimaculatus). Biology letters, doi
10.1098/rsbl.2005.0408
21 novembre 2005
À lire sur Internet
Les dessous chimiques de la maladie de l'orme, par Yves Miserey,
Le
Figaro, 21 novembre 2005.
Le champignon responsable de la disparition des ormes joue un rôle
actif dans la propagation de la maladie en attirant des insectes .
La technologie du papillon,
Sciences
et avenir, 21 novembre 2005.
Observer la nature et recréer en laboratoire ses secrets de fabrication
et ses inventions exclusives, la tentation est grande. Cependant, parfois,
l’homme l’imite à son insu. Peter Vukusic et Ian Hooper
viennent de découvrir que l’homme a ainsi copié, il y
a plus de quarante ans de cela, les les capacités optiques de certains
papillons..
19 novembre 2005
En 2000, une équipe australienne annonçait l'excellente
efficacité au champ d'un pois (Pisum sativum, Fabacée)
génétiquement modifié. Efficacité contre la Bruche
du pois, Bruchus pisorum (Col. Bruchidé), ravageur important
de cette culture, capable de détruire 30% de la récolte. Pois
modifié pour produire l'inhibiteur d'alpha-amylase ?AI-1 naturellement
présent chez le Haricot (Phaseolus vulgaris, Fabacée).
Le 18 novembre 2005, T.J. Higgins, de la Commonwealth Scientific and Industrial
Research Organisation (CSIRO), annonce que ces recherches sont abandonnées
et que les pois produits dans le cadre de ce programme seront détruits.
Nourries avec ces pois OGM insecticides à la John Curtin School of
Medical Research, des souris ont, en effet, développé des
réactions allergiques, avec atteinte des poumons. Un effet provoqué
par l'?AI-1 produit par le pois et inexistant avec l'?AI-1 du haricot. Des
résultats publiés cette semaine dans le Journal of Agricultural
and Food Chemistry.
La transgenèse peut donc aboutir à des formes modifiées
(variants structurels) de protéines d'intérêt.
C'est la seconde fois qu'un OGM est abandonné après essais
- le premier cas était celui d'un soja enrichi, modifié avec
un gène provenant du pacanier, qui provoquait des allergies chez certaines
personnes.
Les chercheurs du CSIRO, bien que privés des résultats d'une
décennie de recherche et d'expérimentation, se félicitent
de l'efficacité des épreuves imposées aux plantes OGM
avant commercialisation. Les anti-OGM y voient une preuve des dangers introduits
par cette technologie.
D'après " GM Crop Scrapped As Mice Made Ill ", par Selina Mitchell
et Leigh Dayton, The Australian, lu le 19 novembre 2005 à
www.agbios.com
Morton L.R.et al., 2000. Bean ?-amylase inhibitor 1 in transgenic
peas (Pisum sativum) provides complete protection from pea weevil (Bruchus
pisorum) under field conditions. PNAS, 97(8),
3820-3825.
Les fourmis (Hym. Formicidés) fourragent en suivant des pistes chimiques
(phéromones). Certes, mais pas seulement. Pour, notamment, emprunter
le chemin dans le bon sens, elles se repèrent d'après des
éléments du " paysage " et en fonction de l'état de
remplissage de leur jabot. C'est le résultat d'un travail mené
notamment par Rob Harris (université du Sussex, Royaume-Uni) sur une
fourmi des bois (Formica rufa ?).
Des individus sont dressés à suivre une paroi noire située
à leur gauche pour atteindre une récompense sucrée.
Puis, certains étant nourris et d'autres à jeun, on les lâche
au milieu du parcours. Les premiers, la paroi à leur droite, reviennent
au nid tandis que les seconds suivent la paroi à leur gauche et trouvent
le sucre. Des rotations de la paroi ne les dérangent pas, la
présence d'une paroi noire parallèle, à quelque distance,
non plus.
D'après " How Ants Navigate ", par Ker Than, lu le 16 novembre
2005,à www.livescience.com
Article source paru dans Nature du 17 nov. 2005.
16 novembre 2005
À lire sur Internet
"Un ravageur du maïs est venu d'Amérique en avion" apr
Hervé Morin,
Le
Monde, 14 novembre 2005, suivi de "D'autres insectes en
embuscade",
Le
Monde, ibid.
Diabrotica (cf ci-dessous) et autres evahisseurs.
À l'occasion de la Fête nationale de la datte,
célébrée les 13 et 14 novembre dans la vallée
de Ghardaïa (Algérie), le ministre de l'Agriculture qualifie
de " ver de la honte " le bouffaroua-meloïze et proclame qu'il
est inconcevable que les dattes exportées soient contaminées
par cette maladie. Bouffaroua-meloïze ? Quel monstre phytosanitaire
se cache sous ce joli nom à la double consonance arabe et française
(approximativement).
Il s'agit en fait de deux ravageurs qui se seraient hybridés dans
le discours du ministre. D'une part, Olygonychus afrasiaticus, est
un Acarien Tétranychidé qui tisse et produit une toile autour
de chaque datte, laquelle peut envelopper tout le régime. D'autre
part, la Pyrale de la datte, Ectomyelois ceratoniae (Lép.
Pyralidé), creuse les fruits (sur pied et en entrepôt) : ses
chenilles produisent des dattes véreuses.
Associés ou séparés, ils rendent effectivement les dattes
impropres à l'exportation, une grave perte pour l'économie
algérienne.
D'après " Palmiers-dattiers : plus de
3 millions infestés en 2005 ", El Watan, 16 novembre 2005.
La biologie des deux ravageurs est exposée succinctement par Mme Tazerout
à
www.inpv.edu.dz/manuel/5-Palmier%20dattier.htm
11 novembre 2005
À lire sur Internet
Comment la chrysomèle du maïs a envahi l'Europe,
Agrisalon,
10 novembre 2005.
Des chercheurs de l'INRA de Sophia-Antipolis, Montpellier et Versailles,
en association avec le Service de la Protection des Végétaux,
des chercheurs d'une équipe suisse de CABI Bioscience et d'équipes
italienne et américaine ont montré que la présence de
la chrysomèle des racines du maïs en Europe est liée à
de multiples introductions en provenance d'Amérique du Nord. Ces
résultats paraîtront dans l'édition du 11 novembre 2005
de la revue Science.
On doit à Dave Gouson, entomologiste spécialiste des bourdons
des mouches, une étude pénible réalisée dans
des lieux nauséabonds mais intéressante. Pendant 4 ans, il
a dénombré les mouches sur 3 décharges d'ordures
ménagères près de Southampton (Grande Bretagne) au moyen
de 26 pièges gluants relevés chaque semaine.
Avec ses étudiants, il a ainsi collecté en tout 102 890 mouches
(Diptères Brachycères Cyclorrhaphes) et estimé à
10 millions le nombre d'individus présents sue chaque hectare de
déchets. Mettant en regard les comptes hebdomadaires et les relevés
météorologiques de la petite région, il a pu construire
un modèle mathématique qui indique comment les effectifs des
populations muscides varieront en cas de modification du climat.
Deux degrés de plus (en moyenne annuelle des températures)
en 2080 - hypothèse basse des climatologues - et il y aura deux fois
et demi plus de mouches. Ce qui se traduira par des risques accrus pour la
santé des gens, les mouches des maisons, comme celles des étables
et les mouches à viande, transportant des bactéries
pathogènes, notamment Campylobacter, responsable de
diarrhées.
À moins qu'on cesse d'épandre les ordures en plein
air…
D'après, notamment, " Das Heer der Fliegen ", par Volker Mrasek,
Spiegel Online, lu le 10 novembre 2005 à
www.spiegel.de
Saint Colman (Irlande, 555-611), adepte scrupuleux de la pauvreté
évangélique, ne possédait que 3 créatures " qui
étaient en amitié avec lui ". Le coq le tirait du sommeil à
temps pour les laudes. La souris l'empêchait de s'abandonner à
l'assoupissement, voire au sommeil, plus longtemps que strictement
nécessaire. Et la mouche. La mouche ?
L'office de la mouche, détournée par " la surprenante sagesse
de Dieu " de son assignation par la nature à l'agacement et au
désagrément des humains, était de voler au-dessus du
codex que lisait notre saint homme. Et, si celui-ci était interrompu,
de se poser pile là où il en était arrivé et
de ne plus bouger jusqu'à ce qu'il revienne, repère la mouche
et reprenne le fil de sa lecture.
D'après " 26 septembre ", Saints celtes, belges, etc., à
www.amdg.easynet.be
NDLR : maintenant qu'on lit sur l'écran de l'ordinateur, que font
les mouches ? Réponse dans une prochaine livraison d'Insectes.
30 octobre 2005
Ce Microgastriné est un grand nez !
Microplitis croceipes, Hyménoptère Braconidé
Microgastriné, endoparasitoïde de chenille, était connu
comme auxiliaire de lutte biologique contre la Noctuelle de la tomate,
Heliothis armigera (Lép. Noctuidé), ravageur redouté
du coton et… du Pin de Monterrey (en Nouvelle-Zélande). On le
savait aussi capable de bonnes performances olfactives, apte à discriminer
des produits chimiques très voisins (isomères). Il est
désormais mis au service de la détection de champignons toxiques,
et pourrait se voir confier la reconnaissance, toujours à l'odeur,
d'explosifs, de certains cancers humains et de cadavres enfouis.
Cet emploi nouveau est le fruit d'un travail de biologistes de l'université
de Géorgie et de l'USDA (États-Unis), qui ont par ailleurs
évalué les capacités détectrices de rats, d'abeilles,
de poissons et de levures.
L'insecte, dans cette expérience, est entraîné- grâce
à une récompense - à régir au 3-octanone,
molécule produite par des champignons qui infestent les grains de
maïs et les graines de cacahouètes stockés. Il ne faut
pas plus de 5 minutes par spécimen pour ce faire et l'élevage
est parfaitement au point.
Les Braconidés entraînés sont installés par 5
dans un tube aéré, muni d'une micro-caméra. Soumis à
l'odeur de consigne, ils se dirigent vers l'extrémité du tube
par où elle arrive et s'y regroupent. L'ordinateur traduit le signal
vidéo en alarme.
Le dispositif, petit et bien moins coûteux que les nez artificiels,
sera sur le marché d'ici 5 à 10 ans ; il fonctionnera un peu
à la manière d'un détecteur de fumée. Et il faudra
changer de temps en temps, outre les piles, les
hyménos.
D'après, notamment, " Trained waspss may be used to detect
bombs, bugs,bodies ", lule 20 octobre 2005 sur Science Blog, à
www.scienceblog.com
Le 15 octobre 2005
À lire sur Internet
Revue
de Presse Quotidienne. Mission Agrobiosciences : Controverse sur le
miel, les abeilles, les apiculteurs et les produits chimiques...
11 octobre 2005, Le Monde, Le Soir et La Libre Belgique
Fourmi de feu : feu la biodiversité !, par Laurent Mignaux,
publié le 12 octobre 2005 sur
e-meddiat
" Lorsque les échanges aériens et maritimes s’intensifient,
le risque d’introduction d’espèces exotiques envahissantes
aussi. Pas de quoi sourire ! ces arrivées indésirables menacent
aussi bien l’équilibre des écosystèmes que
l’économie locale ou la santé des populations. En
Nouvelle-Calédonie, la menace de la "fourmi de feu" illustre bien
ce problème. Le risque est maximum au niveau des points
d’entrée du territoire, à l’aéroport de la
Tontouta et au port autonome de Nouméa et l’échec
rencontré par les Etats-Unis pour éradiquer l’invasion
prend valeur d’avertissement.
NDLR : Solenopsis invicta (Hym. Formicidé), envahisseuse
planétaire, est une habituée des Épingles : ainsi
"Dehors les rouges".
La résiline est une substance entomologique aux propriétés
élastiques inégalées. Elle est, en plus performant,
l'analogue de l'élastine des Vertébrés. Grâce
à cette protéine présente dans la cuticule au niveau
des articulations, les insectes (études faites chez les criquets,
les fourmilions, les mouches…) sont capables de battements d'aile à
fréquence élevée - et la puce de sauts formidables.
Chris Elvin et ses collègues du CSIRO (Australie) l'ont obtenue, pas
d'un insecte, mais de la bactérie Escherichia coli, à
laquelle le gène ad hoc avait été greffé.
Ce gène, identifié chez la Drosophile en 2001, a pour cette
manip été prélevé sur une mouche des fruits (Dip.
Téphritidé).
La résiline issue d'OGM ne servira pas à faire des superballes
; elle devrait aider à restaurer des artères défaillantes
et ainsi sauver des gens malades du cœur.
D'après " Flea protein may repair arteries ", BBC News, lu
le 15 octobre 2005 à news.bbc.co.uk/
Pour éradiquer les moustiques (Dipt. Culicidés) vecteurs du
paludisme - des anophèles - la lutte autocide est une des voies à
l'étude. Rappelons qu'elle consiste à lâcher, en
compétition avec des individus sauvages, des mâles modifiés
de telle façon que leur accouplement avec une femelle sauvage ne produise
aucune descendance viable.
On sait modifier génétiquement des anophèles pour rendre
les mâles " stériles " et, par ailleurs, élever les larves
en masse, mais sexes mélangés. Pas question de lâcher
des femelles hématophages. Le sexage est indispensable. Pour ce faire,
le prof. Christianti et son équipe (Imperial College de Londres,
Royaume-Uni) ont greffé le gène d'une protéine fluorescente
qui n'est produite que dans la gonade mâle. Les moustiques candidats
auxiliaires peuvent ainsi être triés à la machine, à
raison de 1 800 individus par heure.
Bien plus, le sperme produit et émis par l'imago conserve la fluorescence,
ce qui permet le suivi des accouplements et la mesure des succès des
mâles lâchés.
D'après " Glowing insects 'to cut malaria' ", BBC News, lu
le 11 octobre 2005 à news.bbc.co.uk/
Suite au séisme intervenu en décembre 2003 à Bam (Iran),
une firme hollandaise a reconstruit des maisons pour les habitants
sinistrés. Tout récemment, plusieurs bénéficiaires
ont été blessés par l'effondrement des toits de 122
de ces habitations neuves. Les poutres étaient rongées par
des termites.
D'après une dépêche AFP du 12 octobre
2005.
La phéromone de maintien à l'état stérile des
ouvrières se dissipe et les ovaires de celles-ci se développent,
tandis que l'élevage de faux-bourdons s'intensifie. La colonie survivra,
avec une nouvelle reine, issue du rang. C'est ainsi chez notre Abeille
domestique, Apis mellifica (Hym. Apidé).
Chez l'Abeille naine asiatique, A. florea, les choses se passent de
la même façon, au début. Mais, des ouvrières d'autres
colonies profitent de la désorganisation pour s'introduire dans la
ruche et y pondre. Ces œufs sont stériles et la colonie, en
dépit de ce concours ou à cause de lui,
périclitera.
D'après " Busy as bees : reproductive chaos after quenn's death
", par Bjorn Carey, Live Science, lu le 5 octobre 2005 à
www.livescience.com
Le 9 octobre 2005
À regarder sur Internet
Le Termite de Saintonge à Paris. Un film de 10 minutes réalisé par Marcel Dalaise pour la Cité des sciences et de l'Industrie, et l'Institut de recherche sur la biologie de l'insecte (IRBI) : Termite en capitale.
Grillé, scotché, mais célèbre…
Il y a 60 ans, précisément le 9 septembre 1945, qu'a
été utilisé pour la première fois le terme bug
pour désigner une panne ou un dysfonctionnement informatique. Un
malheureux papillon de nuit, depuis conservé pour l'éternité
au History of American Technology Museum à Washington (États-Unis),
avait alors déréglé le Mark II Aiken Relay Calculator
en cours de test à l'université d'Harvard. Mal lui en prit
de se réfugier (attiré par les lampes, ancêtres des
transistors), dans un relais électromagnétique : il en fut
extirpé par les équipiers de Grace Murray Hopper (sans doute
la première informaticienne) et fixé (avec un profond mépris
pour les règes de l'entomologie) sur une fiche de panne . Avec la
mention "Premier bug 'réel'". De fait, le terme bug aurait été
adopté dès les premiers temps de la télégraphie
par les opérateurs - suite à l'intrusion, dit la légende,
d'un cafard - puis, dès la fin du XIXe siècle, pour décrire
toute cause de panne électrique.
Bug anniversaire !
B.D.
D'après, entre autres, James S. Huggins, First computer bug,
à www.jamesshuggins.com/
Cette note, précieusement conservée, est visible sur le site
du Department of the navy - Naval historical center (Washington) à
www.history.navy.mil/photos/images/h96000/h96566k.jpg
Publiée dans Insectes n° 138
Suite à de véhémentes protestations assorties de refus
des voyageurs de présenter leur billet et de l'intervention des forces
de l'ordre, en gare de Gênes, Trenitalia a retiré du service
508 voitures. La révolte était provoquée par Cimex
lectularius (Hém. Cimicidé), la Punaise des lits, dont
de très nombreux spécimens voyageaient aussi dans ce train
de nuit.
D'après un communiqué Associated Press du 9 octobre
2005, lu à www.chron.com
Les courses de plat ont repris à Chepstow. Une piste avait été
fermée pour cause de sol instable. En effet, le jockey Pat Dobbs et
son cheval Roll The Dice avaient fait une chute sérieuse entraînant
des fractures et l'abattage du second. Le sol s'était dérobé
sous un fer de ce dernier à cause de la destruction des racines du
gazon par des vers gris, larves de cousins (Diptères
Tipulidés).
D'après " Track opens after insect problem ", lu sur BBC News,
le 9 octobre 2005, à news.bbc.co.uk
Les Tipules, par André Lequet, à
perso.wanadoo.fr/insectes.net/tipule/tipul2.htm
Le 8 octobre 2005
Prix Nobel à deux entomologistes
Claire Rind et Peter Simmons, de l'université de Newcastle (Royaume-Uni),
l'ont reçu hier, lors d'une formidable cérémonie
organisée à Boston (États-Unis), en récompense
de leur travail d'éthologie et d'orthoptérologie consistant
à enregister et analyser l'activité de neurones d'un locuste
regardant des séquences choisies du film La Guerre des
étoiles.
Ils ont été distingués par le jury du prix Ig Nobel
(jeu de mots avec ignoble) qui se délecte à dresser chaque
année le palmarès des travaux scientifiques publiés
qui apparaissent les plus farfelus - et réjouissants. L'entomologie,
rarement couronnée, a reçu cette année le prix Ig Nobel
de la Paix. Elle sera passée à côté des prix de
Biologie et de Médecine, décernés respectivement à
des travaux relatifs aux odeurs des grenouilles et à la mise au point
de testicules artificiels pour chiens.
En image :
Claire
Rind dans son labo
Le précédent Ig Nobel entomo :
Splash applaudi par le
Courrier de l'environnement
Le site officiel du Prix Ig Nobel est à
www.improb.com/ig/ig-top.html
NDLR : ne ricanons pas, les travaux épinglés sont fort
sérieux et portent sur l'étude neurophysiologique des
réactions d'évitement face à un ostacle en situation
de stress.
Pour venir à bout de pullulation de Coléoptères xylophages,
qui tuent les arbres, on procède souvent à l'abattage des
forêts infestées, voire seulement menacées. Une action
qui fait du bruit, mais qui reste le plus souvent inefficace, selon une
étude portant sur 300 études publiées dans des revues
scientifiques, conduite par la Xerces Society, une ONG de Portaland (Oregon,
États-Unis). Il en est de même pour les coupes destinées
à empêcher les incendies de s'étendre, déjà
contestées par les écologistes comme un prétexte à
l'exploitation massive des forêts.
Il apparaît que ces pratiques simplifient les forêts, diminuent
la restitution de matière végétale au sol, réduisent
les habitats des animaux utiles, et empêchent la
régénération d'essences qui ont besoin du passage du
feu... et conduisent à des peuplements plus vulnérables.
Les exploitants forestiers ne l'entendent pas de cette oreille : s'ils
n'exploitent pas le bois attaqué, ils devront couper des arbres bien
verts ailleurs...
D'après : Analysis: Logging not much help against forest insect
outbreaks, par Jeff Barnard, The Casper Star-Tribune, lu le 7 octobre
2005 à www.casperstartribune.net
Le 26 septembre 2005
Le gène de la défense, par Cécile Dumas.
Sciences
et avenir.
Un OGM produit des terpénoïdes qui attirent Pytoseiulus,
prédateur de Tetranychus (acariens).
Le 23 septembre 2005
À lire sur Internet
Epidémie mal soignée, par Christophe Schoune,
Le
Soir en ligne, 22 septembre 2005
Le dépérissement des ruchers ne serait pas dû aux pesticides.
Une étude pointe l'épidémie de varoase. La pathologie
serait traitée de façon aléatoire.
Le papillon papillonne, la chenille trinque
Pour venir à bout du Carpocapse des pommes et des poires, Cydia
(Laspeyresia) pomonella (Lép. Tortricidé), ravageur
souvent catastrophique, les entomologistes ont proposé de nombreux
procédés. La lutte par confusion, en dispersant dans l'air
du verger un analogue de la phéromone de rapprochement des sexes (les
mâles sont ainsi égarés) et la lutte microbiologique,
par traitement viral, sont deux façons de tuer le " carpo "
,spécifiques et sans danger, mais les résultats sont inconstants.
Les chercheurs de l'université de Warwick (Royaume-Uni) associent
la phéromone, utilisée comme attractif, et un virus du carpo.
Le piège, appâté avec cette phéromone, contient
une préparation (liquide) du virus, à l'abri des rayons UV
(qui inactivent rapidement de tels bio-insecticides). Le mâle,
leurré, y entre et ressort couvert du virus. Qu'il transporte au lieu
du rendez-vous suivant, avec sa dame cette fois, laquelle en attrape et tous
les deux en mettent partout. Bref, le virus se retrouve sur le chorion de
l'œuf et sur la plante. La jeune chenille - baladeuse - l'ingérera
fatalement.
L'installation de 25 pièges sru 1 ha de verger permet, selon les premiers
essais, une bonne maîtrise du ravageur.
D'après "Baskets of Sex and Death Help Fruit Growers ", lu le 21 septembre
2005 à www.scienceblog.com
Fiche illustrés du Carpocapse des pommes et des poires sur
HYPPZ.
Dans la forêt amazonienne, on rencontre de place en place des " jardins
du diable ", où un seul arbre pousse, Duroia hirsuta. Ce dernier
héberge dans son tronc creux (domatie) la fourmi Myrmelachista
schumanni, aux colonies fortes de3 millions d'ouvrières etde15
000 reines.
L'absence de végétation autour de cet arbre n'est certainement
pas l'oeuvre d'esprits malins de la forêt ; elle peut être
provoquée par l'intoxication par D. hirsuta des
végétaux concurrents (le phénomène classique
d'allélopathie) ou par l'action des fourmis, les défeuillant
systématiquement ou les empoisonnant.
Pour tester ces hypothèses, Deborah Gordon (université Stanford)
et son équipe ont, dans un " labo de campagne " installé dans
la forêt vierge de Loreto (Pérou occidental) et tenu durant
4 ans par un mémorisant, Megan Frederickson, monté deux manips
principales.
Sur 10 jardins du diable, comportant de 1 à 328 sujets de D.
hirsuta, ont été plantés 2 Cedrella odorata,
là où les fourmis patrouillent. L'un était enduit à
la base de glu, pour en exclure les fourmis. Deux autres étaient
plantés en pleine forêt, non loin, dont un englué. Dans
le jardin, les ouvrières ont aussitôt attaqué le
Cedrella non protégé, y injectant de l'acide formique,
et des feuilles étaient mortes au bout d'1 jour.
La fourmi n'attaque pas l'arbre porteur de ses domaties, pourquoi ? La seconde
manip, avec des domaties artificielles installées sur des
Cedrella, a montré que cette espèce était
attaquée et pas D. hirsuta. On ignore comment se fait la
reconnaissance.
On a là un cas symbiose fourmi/végétal où l'arbre
protège la fourmi et où - c'est tout à fait original
- la fourmi aménage l'environnement, à coups de désherbant,
pour que de jeunes arbres de l'espèce ad hoc - supports des
futures domaties - puissent pousser. Et c'est une entreprise durable : compte
tenu du taux d'accroissement annuel des jardins du diables qu'on a noté,
le grand jardin avec 328 D. hirsuta a 800
ans…
D'après Ants, not evil spirits, create devil's gardens in the
Amazon rainforest, study finds ". Communiqué de presse de
l'université Stanford, lu le21 septembre 2005 à
www.eurekalert.org
NDLR : les fourmis cultivent, moissonnent, engrangent, chassent, pratiquent
le pastoralisme et l'élevage, ont des animaux commensaux, détruisent
les ennemis des plantes, piègent (Insectes n°138), etc.
Voilà qu'elles traitent à l'herbicide ; que reste-t-il à
découvrir ? Que certaines pratiquent la primiculture ?
13 septembre 2005
La guerre est déclarée aux moustiques - et autres diptères
hématophages - de la Nouvelle-Orléans : ces insectes aux larves
aquatiques risquent en effet de profiter des eaux stagnant sur le site de
la ville. Un avion de la Garde nationale, un C 130 militaire, devait
procéder lundi à un premier épandage d'insecticide (non
précisé), qualifié de " bombardement ". Ceci pour
épargner aux survivants de l'ouragan la Fièvre du Nil occidental,
le paludisme et d'autres maladies (non précisés). Ce traitement
ne sera étendu aux zones périphériques que si les comptages
montrent son efficacité.
Les risques sont peut-être nuls. Le virus du Nil occidental se propage
en présence d'oiseaux et de moustiques. Peut-être que les premiers
désertent les zones sinistrées et que les larves des seconds
périssent en mer, où le reflux les entraîne.
Le tsunami qui a déferlé l'an dernier sur les côtes du
Sud-Est asiatique n'a pas déclenché d'épidémie
liée aux insectes vecteurs - et on ignore
pourquoi.
D'après, notamment, " War declared on mosquitoes to thwart
disease risk in New Orleans ", dépêche AFP lue le 12 septembre
2005 à news.yahoo.com
L'ïle Dauphin, non loin de Mobile (Alabama, États-Unis), a
été balayée par l'ouragan Katrina. Or c'était
le dernier bastion dans la lutte contre l'expansion vers l'Ouest de la Pyrale
d'Argentine. Celle-ci, Cactoblastis cactorium (Lép.
Pyralidé), originaire d'Amérique du Sud, a longtemps
été connu ecomme auxiliaire de lutte biologique, agent d'une
lutte indispensable et efficace contre une plante envahissante introduite
en Australie (et ailleurs, sous tous les climats méditerranéens),
le Figuier de barbarie (Opuntia ficus-indica, Cactacée). En
1926, près de Chinchilla (au Quennsland), 2 millions d'œufs de
cette pyrale ont été installés sur les oponces plantés
pour créer des clôtures vivantes et qui avaient échappé
à tout contrôle. L'opération sera renouvelée (à
Hawaï, en Afrique du Sud). Dans les années 1950 : le Commonwealth
Institute of Biological Control installe la Pyrale d'Argentine dans l'île
Nevis (Caraïbe), puis dans les îles Caïman ; les ministères
de l'Agriculture de Montserrat et d'Antigua l'acclimatent.
Mais, en 1989, l'insecte est signalé en Floride, d'où il se
répand. Mauvais voilier, il suit le chemin des raquettes (qui se bouturent
très facilement) et sont transportées par les gens ou par l'eau
(elles flottent).
Là, l'auxiliaire devient une menace pour les oponces
sud-états-uniens, autochtones comme introduits. Des espèces
emblématiques (comme le " sémaphore ", Opuntia
spinosissima) sont menacées - avec les paysages qu'elles peuplent,
avec les sols qu'elles protègent. Par ailleurs, les éleveurs
craignent la disparition des " cactus " inermes, provende de leurs bovins
et, plus loin, au Mexique, on redoute les effets sur la production de figues
de Barbarie. Encore au-delà, en Amérique du Sud, c'est la culture
de la Cochenille du Mexique, Dactylopiuus coccus (Hém.
Dactylopiidé), qui produit le carmin, qui pourrait
disparaître.
Pour éradiquer ce qui est devenu un ravageur dangereux, la lutte chimique
s'étant révélée inefficace, l'USDA (ministère
états-unien de l'agriculture) met en œuvre deux moyens de lutte
: le lâcher de mâles " stériles " et l'élimination
des raquettes infestées.
Pour les entomologistes, l'ouragan a sans doute dispersé l'insecte,
avec les raquettes arrachées des oponces cassés par le vent
puis submergés. Mais en revanche, il aura facilité la collecte
des sujets atteints, les propriétaires, sinon peu enclins à
coopérer avec les éradicateurs de Pyrale d'Argentine, se montrant
ravis qu'on les débarrasse de leurs cactus déchiquetés
et pourrissants.
D'après, entre autres, "Researchers fear Katrinamay aid cactus
pest's westward advance ", Eyewitness News, lu le 8 septembre 2005
à kvoa.com
Photos de l'auxiliaire dévoyé à
www-staff.mcs.uts.edu.au/~don/larvae/pyra/cactor.html
À l'instar des gens qui s'arrêtent devant un restaurant où
il y a déjà beaucoup de monde, les bourdons butinent les fleurs
qu'ils ont vues fréquentées par des congénères.
C'est la première fois que l'" apprentissage social " est mis en
évidence chez un insecte. Ce travail, dû à B.D. Worden
et à D.R. Papaj, de l'université de l'Arizona à Tucson
(États-Unis), a été fait sur le Bourdon fébrile,
Bombus impatiens (Hym. Apidé), une espèce
nord-américaine disponible dans le commerce (c'est un auxiliaire
pollinisateur).
Observés sur le terrain en train de choisir les fleurs à butiner,
ces bourdons semblent se copier les uns les autres. Pour le vérifier,
voici comment procèdent nos deux entomologistes en leur laboratoire
:
On en dresse certains à butiner sur des fleurs artificielles (ronds
en papier) oranges ou vertes - couleurs qu'ils distinguent fort bien - au
moyen d'une récompense sucrée (ils préfèrent
naturellement le orange). Puis un lot (de 3 à 12) de ces bourdons
entraînés est installé sur un " parterre de fleurs "
(des ronds de papier oranges et verts), tandis que d'autres, naïfs,
sont placés à 25 cm, immobilisés au bout de tubes
transparents ; ceux -ci " doivent " observer leurs congénères
durant 10 minutes. Des témoins regardent un parterre identique, mais
sans bourdons.
Puis on éteint la lumière pour un changement de décor
: évacuation des bourdons " acteurs ", installation de nouvelles "
fleurs " oranges et vertes (sans appât sucré), disposées
différemment. Puis lâcher, un par un, nos " mateurs ". Ceux
qui ont assisté à une scène de butinage de " fleurs
" vertes vont plutôt sur les ronds verts.
Pour éliminer l'effet éventuel d'odeurs ou d'autres marques,
la manip est refaite avec des maquettes-marionnettes de Bourdon fébrile
en résine jouant la scène initiale. Même
résultat.
Le bourdons ne disposent pas du langage dansé de l'Abeille domestique
: ils se guident sur l'observation des autres butineurs, censés avoir
trouvé les bonnes fleurs.
Charles Darwin avait pensé que l'Abeille domestique pouvait observer
les bourdons et apprendre d'eux sur quelles fleurs récolter. Cette
hypothèse reste à mettre à l'épreuve d'une
expérience.
D'après " Bumblebee See, Bumblebee Do ", par Mari N. Jensen,
communiqué de presse de l'université de l'Arizona publié
le 31 août 2005 à http://uanews.org/
" Les lignes électriques font partie de notre environnement ", dit
le ministère de l'Intérieur dans une fiche (en ligne)
détaillant les risques pour les aérostiers, les pêcheurs
(à la ligne), les parapentistes… Pour beaucoup de gens, ce sont
des nuisances et des horreurs balafrant les paysages ; pour certains, les
champs électromagnétiques provoquent des cancers... Et pour
les hyménoptéristes ? Les lignes haute tension engendrent et
maintiennent, d'après une étude de Kimberly Russel de l'American
Museum of Natural History (New-York, États-Unis), un milieu très
favorable aux Apoidea (abeilles au sens large). Ceci depuis que les terrains
qu'elles surplombent font l'objet d'une gestion différenciée,
destinée à contenir la végétation au moyen
d'herbicides sélectifs, et qu'ont été abandonnés
désherbants totaux et fauches rases. K. Russel et ses collaborateurs
ont comparé les faunes sous les lignes à celles des prairies
à graminées alentour et trouvé plus d'espèces
rares et de parasites, indicateurs de communautés saines d'abeilles.
Aux États-Unis, les lignes électriques à haute tension
occupent une surface supérieure à celle des parcs nationaux.
Les compagnies d'électricité sont très
intéressées par ces résultats qui pourraient
réhabiliter, grâce à leur rôle positif sur la
conservation des espèces et le maintien de la biodiversité,
des installations jusque-là haïes
universellement…
D'après " Power lines may provide a haven for bees ", New
Scientist, lu le 27 août 2005 à
www.newscientist.com
NDLR : pour de nombreux apiculteurs, l'Abeille domestique
ne vole pas sous les lignes H.T. Est-ce toujours vrai ?
2 septembre 2005
À lire sur Internet
Des vers qui parasitent les sauterelles et les poussent à se
suicider
La gazette
du laboratoire, 2 septembre 2005
Les chercheurs du laboratoire Génétique et évolution
des maladies infectieuses (CNRS – IRD, Montpellier) étudient
une curieuse association entre un groupe de vers parasites, les
nématomorphes, et leur hôte, les orthoptères (grillons,
sauterelles). Quand ils passent du stade larvaire au stade adulte, ces parasites
obligent leur hôte à se « suicider » en se jetant
à l’eau. Les chercheurs viennent de mettre en évidence
le dialogue moléculaire qui s’instaure entre le parasite et son
hôte avant, pendant et après le « suicide » de
l’insecte. Ils avancent ainsi dans la compréhension des
phénomènes qui permettent à un parasite de modifier
le comportement de son hôte en agissant sur le fonctionnement du
système nerveux.
À écouter sur Internet
Sur
France
Inter, le 22 août 2005, dans Tout s'explique, émission de
Fabienne Chauvière, "Les insectes de l'été",
par Claire Villemant (MNHN).
Avec une archive de 1954 : le professeur A.S. Balachowski parle des dangers
des insecticides sur les insectes non nuisibles ; et une de 1975, un pastiche
d'émission scientifique où Patrice Blanc-Francard joue le
rôle d'une scientifique américain spécialisé dans
l'étude des mouches ("Ma non troppo")..
NDLR 1: dans le prochain Insectes, on lira un interview de C.V. par
Bruno Didier, dans la nouvelle rubrique Métier :
entomologiste.
NDLR 2: les émissions de France Inter réécoutables sur
Internet sont particulièrment éphémères... Mais
l'enregistrement de l'émission a été fait à l'OPIE
- contact :
bruno.meriguet@insectes.org
La seconde archive, quant à elle, est en ligne sur le site de
l'INA.
À lire sur Internet
L’immunité fait mouche.
Science
et Avenir, le 20 août 2005.
Le système immunitaire des insectes possèderait une capacité
d’adaptation jusqu’à présent ignorée.
Les chimpanzés libres sont gauchers pour gober les termites. Par Christiane Galus, Le Monde du 16 août 2005.
Au Queens Mary College de l'université de Londres (Royaume-Uni), on
a proposé à des abeilles élevées en laboratoire
et n'ayant jamais vu une fleur 4 tableaux [des reproductions faites avec
le même procédé, peut-on supposer] et compté leurs
visites et leurs atterrissages. Un Tournesols de Van Gogh est le
préféré de ces demoiselles, devant un Bouquet de fleurs
de Gauguin. Nos entomologistes en concluent principalement qu'Apis mellifera
possède de façon innée une représentation
de la fleur et secondairement que Van Gogh avait su rendre la fleur telle
qu'appréciée par l'abeille.
D'après "Art-loving bees prefer Sunflowers". BBC News, lu le
14 août 2005 à news.bbc.co.uk
L'insecte, juste après la mue, est tout mou et pâlot. Son
tégument durcira et se colorera au fur et à mesure du tannage
des protéines cuticulaires et il pourra alors se mouvoir. Une équipe
de l'université d'état du Kansas vient de livrer (via les PNAS
de la 1ère semaine d'août) le secret de la mélanisation,
qu'on cherchait à percer depuis les années 1940 : l'enzyme
responsable est la laccase-2. Des Triboliums rouges de la farine, Tribolium
castaneum (Col. Ténébrionidé) privés de cet
enzyme restent à l'état ténéral et meurent.
Cette découverte pourrait déboucher sur l'avènement
d'une nouvelle famille d'insecticides agissant par un mécanisme
parfaitement spécifique des insectes (et autres arthropodes…)
pour tuer ou affaiblir les cibles. Des ingénieurs y voient une piste
pour développer des matériaux à base de chitine mais
plus solides que la carapace d'un coléo.
D'après " K-state professors discover enzyme responsible for
creation of a beetle's hard shell ". Communiqué de presse de
l'université du Kansas publié le 2 août 2005, lu à
www.mediarelations.k-state.edu
À lire sur Internet
Le varroa, un ennemi des abeilles venu d'Indonésie. Dans la
série Espèces invasives : Reportage chez un apiculteur qui
a choisi de ne pas éradiquer le parasite, à La Chapelle-Saint-Aubin
(Sarthe).Par Yves Miserey.
Le
Figaro, 11 août 2005.
Avec, en complément de ce long article :
- La chrysomèle, nouvel ennemi du maïs ;
- Le phylloxéra, ravageur de la vigne
Invasions de criquets dans le sud de l'Aveyron,
Futura-Sciences,
le 8 août 2005.
Le CIRAD a apporté son appui à la Direction de la protection
des végétaux de l'Aveyron à propos de l'actuelle invasion
de criquets. L'unité de recherche Écologie et maîtrise
des populations d'acridiens a confirmé l'identification de l'espèce
concernée et recommandé la mise sur pied d'un réseau
de veille.
NDLR : Il s'agit bien du Criquet italien, Calliptamus italicus.
Au creux de l'été, dans le monde des insectes et des hommes, pas tous en diapause estivale, il s'est passé des choses importantes et futiles. En voici une relation rapide.
Les moustiques (Anopheles, Dip. Culicidés) piquent plutôt les personnes impaludées, selon un travail réalisé au Kénya par Jacob Koella (université Pierre-et -Marie-Curie, Paris). Ceci au bénéfice exclusif de l'agent du paludisme. Reste à expliquer comment l'odeur desdites personnes est modifiée. [PLoS Biolgy, 3(9), e298]
Le pipéronyl butoxyde (un composant de l'huile de sésame) prépare les insectes cibles d'un traitement insecticide : appliqué plusieurs heures avant celui-ci, il affaiblit leurs défenses en inhibant un enzyme responsable de leur résistance. C'est en quelque sorte un ramolisseur de nuisible. Des chercheurs anglais et australiens associés à une firme italienne, Endura, ont mis au point un traitement unique : le pipéronyl butoxyde est conditionné dans des capsules qui éclatent très vite, l'insecticide n'est lui libéré que 4 heures plus tard. Le procédé est efficace, notamment contre le Ver des capsules du cotonnier, Pectinophora gossypiella (Lép. Gelechiidé), et la Mouche blanche du tabac, Bemisia tabaci (Hém. Aleyrodoidea) en Australie, mais relativement coûteux. [farmcentre.com]
Presse canadienne [www.cyberpresse.ca] signale en gras qu' " un Français découvre quatre chenilles géantes d'Afrique dans son potager ". En effet, Jean Planquais, jardinier amateur à Bracquetuit (prèsz de Dieppe) aura attendu l'âge de 82 ans pour rencontrer, sur ses pommes de terre, la chenille du Sphinx tête de mort, Acheirontia atropos (Lép. Sphingidé), un papillon migrateur qui s'aventure de temps en temps - et depuis longtemps - au nord de la France.
Francisco 'Vico " Gutierrez, un Mexicain très riche, prévoit de suivre, durant quelque 75 jours, la migration des Monarques (Danaus plexxippus, Lép. Danaidé) du Canada au Mexique cantral dans son aéronef, un ULM baptisé Papalotzin (papillon en nahuatl). [news.yahoo.com]
Exposée à des vapeurs d'éthanol, une drosophile à jeun et normale au départ met 20 minutes à dégringoler de plateforme en plateforme dans un tube (différent des alcoomètres gendarmiques). Quatre heures plus tard, elle se retrouve en bas 8 minutes plus tard, car elle a acquis une résistance (elle est sur la pente de l'alcoolisme…). Mais parmi les dizaines de milliers d'individus participant à cette épreuve, certains se révèlent aussi sensibles à la seconde tournée : ils possèdent le gène " hangover " (gueule de bois) et sont ainsi protégés de l'addiction. Encore une fois, merci à notre Diptère Drosophilidé qui travaille à expliquer et à guérir certains cas humains de dépendance. Trinquons à la droso ! [www.nature.com]
Dans le Willmore Wilderness Park (Alberta,Canada), 110 km2 de forêt de pins vont être incendiés. Il s'agit de barrer la route des " riches forêts commerciales situées en bordure de ce parc provincial " au très destructeur Dendroctone du pin ponderosa, Dendroctonus ponderosae (Col. Scolytidé). En Alberta, le DPP a pour hôte principal le pin tordu, mais il s'attaque également au pin à blanche écorce et au pin flexible. Il est très probable que le pin gris peut également servir d'hôte à l'insecte. [radio-canada.ca]
Le Temps (de Genève, Suisse), dissertant sur le mot phalène (papillon de nuit, en grec), revient sur une observation faite par deux couples le 14 novembre 1966 à 23 h 30 près de Point Pleasant (en Virginie occidentale, États-Unis). Un homme-phalène, immense et nanti de grandes ailes, a poussé des cris et suivi leur voiture à 160 km/h. Plusieurs autres signalements de l'entomanthrope ont suivi, jusqu'à l'effondrement d'un pont historique… [www.letemps.ch]
Des chercheurs chinois ont créé un colza OGM double moins susceptible d'engendrer des populations résistantes de ravageurs (la Teigne des crucifères, Plutella maculipennis = P. xylostella, Lép. Yponomeutidé, a servi aux essais) car incorporant deux gènes : chitinase(chi) et BmkIT(Bmk). Le premier,issu du Sphinx du tabac, Manduca sexta (Lép. Sphingidé), induit la production d'un enzyme qui détruit le tégument (à base de chitine) de l'insecte cible, le second celle du venin du scorpion Buthidé Buthus martensii qui le paralyse. [www.seedquest.com]
Comment gagner un million de roupies par mois ? En suivant les conseils et en achetant le matériel fournis par l'Association indonésienne des éleveurs de grillons. Pour 1 million de roupies, vous avez de quoi travailler :10 cages, 4 onces d'œufs et 120 kg d'aliment. Au bout de 35 jours, vous obtenez 80 kg (poids vif) de grillons qu'il vous reste à plonger dans l'eau chaude, à faire sécher et à emballer sous vide. Grâce à leur haute teneur en protéines, les insectes produits se vendent sans problème aux provendiers, notamment. [www.thejakartapost.com]
C'est un insecte impossible à épingler, que personne n'a pu repérer, attraper, déterminer. De la famille des Aucunidés, donc… Bob Margetta lui consacre un article dense sur SouthCastToday, une édition sur le Web du Standard Times (Massachusetts, États-Unis) sous le titre, en langue locale, de " Bit-and-run victims " (Mord-et-se-tire fait des victimes). On est en ballade dans les bois, en train de déménager des meubles ou d'arranger son portail et, soudain, on sent une morsure sur la jambe : on veut chasser l'insecte mais d'insecte il n'y a point. Pourtant, 3 jours plus tard, on se retrouve avec un cercle rouge autour du point et on va consulter le docteur avec une petite fièvre. Les services d'urgence des hôpitaux voient des douzaines de patients. Tous les mordus sont saufs, à l'heure où l'article est écrit mais nul n'a pu reconnaître dans ces symptômes l'action d'un insecte connu. Araignées et tiques ont été exclus de la liste des candidats. Depuis, l'insecte invisible a disparu. [www.southcoasttoday.com]
À lire sur Internet
Côte d’Azur. Alerte aux ravageurs du palmier et du
châtaignier.
L'Humanité,
le 2 août 2005.
Il est interdit d’importer d’Italie des plants de châtaigniers
après la découverte d’un premier cas de gale dans les
Alpes-Maritimes.
NDLR : Il s'agit de l'Hyménoptère Cynipidé Dryocosmus
kuriphilus, épinglé ci-dessous.
Voir fiche sur
Au
jardin.
27 juillet 2005
À lire sur Internet :
Découverte d'une nouvelle espèce animale issue de l'hybridation
de deux espèces. Dépêche AFP du 27.07.05. Sur le
site du
Monde.
NDLR : publication de référence : Nature (vol 436, p
546). Résumé du travail sur
NewScientist.com
(en anglais). Rhagoletis spp. (Dip. Téphritidés) ?
Mesure de l'importance agronomique et économique des insectes pollinisateurs. Fiche Presse info INRA.
Le comportement de butinage du bourdon en serre de tomates. Fiche presse info INRA.
22 juillet 2005
À Hawaï, Daniel Rubinoff, entomologiste, après avoir
vérifié le phénomène qu'on lui avait signalé
mais qu'il avait du mal à croire, se consacre désormais à
l'étude d'Hyposmocoma molluscivora, Lépidoptère
Cosmoptérigidé (nouvelle espèce). Le régime
alimentaire de cette chenille à fourreau, d'1 cm de long au plus,
est unique : des escargots (de même taille). Elle les dévore
vivants en commençant par la bouche. Au préalable, elle a
attaché la victime à la feuille avec des fils de soie, comme
Gulliver à Lilliput, pour éviter qu'elle ne lui échappe
en se laissant tomber au sol.
Ce comportement particulier est sans doute à mettre au compte de
l'insularité. Hawaï recèle d'autres prédateurs
incroyables, à l'étude.
D'après " Tiny caterpilalrs assail unsuspecting snails ", New
Scientist, lu le 21 juillet 2005 à www.newsceintist.com
Photo à
www.newscientist.com/data/images/ns/9999/99997707F1.JPG
18 juillet 2005
À lire sur Internet :
Des pièges et des insectifuges contre les moustiques porteurs du
paludisme,
Futura
sciences, 17 juillet 2005
Une équipe internationale de scientifiques va coopérer durant
les cinq prochaines années dans le cadre d'un projet de recherche
dont l'objectif est de développer des pièges odorants et des
insectifuges efficaces qui permettent d'empêcher les moustiques porteurs
du paludisme de s'approcher de tout hôte humain potentiel.
Drosophile : la première carte physique génomique de Drosophila buzzatii, Futura sciences, 17 juillet 2005
Un premier cas de Cynips du châtaignier, Dryocosmus kuriphilus
, Hyménoptère Cynipidé originaire de Chine, vient
d'être détecté par le Service de la protection des
végétaux dans le département des Alpes-Maritimes. 3
galles ont été trouvées le 12 juillet dernier sur une
pousse d'un plant acheté en Italie en 2004. L'insecte est présent
depuis 2002 dans la région de Cuneo en Italie et qu'il cause de très
importants dégâts aux châtaigneraies avec des baisses
de production pouvant atteindre 80%.
Au Japon, après des essais décevants de lutte chimique, la
lutte biologique (agent Torymus chinensis , Hym. Torymidé) associée
à des variétés assez résistantes a permis une
maîtrise satisfaisante du ravageur.
Vos dénonciations sont à poster à
srpv-nice.draf-paca@agriculture.gouv.fr
(tél. : 04 93 18 46 95).
D'après le comuniqué de presse
du SRPV daté du 18 juillet 2005
- cliché ci-contre : galles sur jeune
pousse.
Photo de l'imago à
www.aujardin.info/img/img7/cynips-chataignier.jpg
16 juillet 2005
À lire sur Internet :
Des nuages de criquets ravagent les champs de luzerne du sud de
l'Aveyron, par Claude Belmont,
Le Figaro
du 16 juillet 2005.
Affamés, ils dévorent les jeunes pousses vertes, privant les
troupeaux d'une nourriture essentielle.
NDLR : le problème a été signalé le 14 juillet
par le Midi Libre, puis par d'autres serveurs de nouvelles. Certains
ont laissé entendre qu'il s'agissait d'une invasion...
L'espèce en pullulation serait le Psophe stridulant, Psophus
stridulus, Orthoptère Acrididé.
Image à
www.nobodyhere.com/just/_gfx/jpg_large/i459.jpg
P.S. Selon France 3, dépêche en date du 21 juillet 2005, le SRPV l'a déterminé comme le Criquet italien, Calliptamus italicus, Orth. Catantopidé.
15 juillet 2005
À lire sur Internet
L’ADN de trois parasites séquencé pour mieux les
combattre.
Science
et Avenir, le 15 juillet 2005
Trypanosoma brucei , agent de la maladie du sommeil, transmis par
la Mouche tsé-tsé.
Trypanosoma cruzi, agent de la maladie de Chagas, transmis par des triatomes
(Hém. Réduviidés).
Leishmania major, transmis par des phlébotomes (Dip.
Psychodidés), agent d'une leishmaniose cutanée.
Lancés indépendamment, ces trois projets de séquençage
sont publiés conjointement dans Science.
13 juillet 2005
L'antenne de Nice du Service régional de la protection des
végétaux a demandé au public de lui signaler toute
occurrence d'un nouveau ravageur : Pistosia dactylifera (Col.
Chrysomélidé), découvert récemment au cap Ferrat.
Un envahisseur venu d'Inde.
L'insecte, long d'1 cm environ, brun clair, aplati, se cache entre les nervures
des palmes à leur base. "Il ronge les nervures en surface, mais les
morsures peuvent être si importantes que certaines palmes se cassent
ou sèchent. Le symptôme le plus typique est une décoloration
et un aspect décapé de certaines parties des nervures avec,
dans certains cas, un dessèchement trop précoce de certaines
palmes", souligne la DDA.
Vos dénonciations sont à poster à
srpv-nice.draf-paca@agriculture.gouv.fr
D'après Les palmiers de la Côte
d'Azur menacés par deux nouveaux insectes, TV5 Infos, lu le12 juillet
2005 à www.tv5.org
Photo P. Reynaud, LNPV - Entomologie
Article dans PHM-Revue horticole, n°468, avril
2005
Décidément, les drosophiles auront tout subi. Dernièrement,
Rozi Andretic et ses collègues ont montré (Current
Biology, 15, 1165) que ces Diptères Drosophilidés
réagissent comme les Primates Hominidés à la
méthamphétamine. Cette substance chimique psychotrope est connue,
hors du cercle des entomologistes, sous les noms de crystal, ice, ya ba,
crank ou shabu.
Mais peu lui importe, la droso se met à danser et à rechercher
un partenaire sexuel, ne dort plus et brasse beaucoup d'air sans aucune
efficacité. Comment se passe la descente ? Si c'est comme chez Homo
sapiens, on plaint ces mouches d'être nées dans ce labo.
L'expérience, menée avec des lignées modifiées
génétiquement pour ne pas produire de dopamine, montre que
la métamphétamine (autre orthographe) n'agit sur le système
nerveux central qu'en présence de ce médiateur.
D'après " Taufliegen auf 'Ice' balzen unablässig ",Spiegel Online, lu le 12 juillet 2005 à www.spiegel.de
8 juillet 2005
À lire sur Internet
Les céréaliers ont mesuré l'effet de l'interdiction
de la molécule. Privé de l'insecticide Gaucho, le maïs
est livré aux ravageurs
par Marc Mennessier,
Le
Figaro du 8 juillet 2005.
4 juillet 2005
À lire sur Internet
Le bourdon qui copie, Agence Science-Presse.
Une nouvelle arme contre le Criquet pèlerin (Schistocerca
gregaria, Orthoptère Acrididé), le Muscle vert (Green
Muscle®) vient de montrer son efficacité lors d'essais à
grande échelle (sur 1 400 ha) réalisés sous l'égide
de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation
(FAO) en Algérie, dans la région d'El Oued. On dispose donc
d'un auxiliaire de lutte biologique, substitut intéressant aux
insecticides chimiques toxiques pour l'homme et ses animaux et nocifs pour
l'environnement. La matière active de cet acridicide est, en effet,
constitutée de spores du champignon Metarhizium anisopliae var. acridum,
agent pathogène naturel d'Acrididés et de Pyrgomorphidés.
La production en masse est maîtrisée et leur conditionnement
- avec des huiles et des matières minérales - au point.
L'épandage se fait avec les moyens habituels de la lutte
anti-acridienne.
Homologué en Afrique du Sud depuis 1998 et au Sahel depuis 2001, le
Muscle vert a été employé surtout contre des sauteriaux.
Dans le cadre du projet LUBILOSA, qui l'a développé, les modes
d'application ont été mis au point avec les agriculteurs.
Par rapport aux produits conventionnels, le Muscle vert a la particularité
d'agir lentement : l'Orthoptère est infecté progressivement,
voit ses mouvements ralentis et meurt au bout de quelques jours à
3 semaines, en fonction de la température. Rien de foudroyant mais,
les essais algériens l'ont montré, les oiseaux, les reptiles
et les fourmis hâtent la fin des criquets handicapés. Le
mycopesticide reste inefficace pour arrêter en urgence les
dégâts sur les cultures.
Il subsiste un autre problème : sa production, assurée par
une firme sud-africaine, est insuffisante. La mise en route d'une unité
de production au Sénégal est à
l'étude.
D'après " FAO : une arme respectueuse de l'environnement permet
de lutter contre les acridiens ", communiqué du 28 juin 2005, lu à
http://www.un.org/french/newscentre/
À (re)lire : La lutte contre les criquets ravageurs :
l'intérêt des mycopesticides, par My-Han Luong-Skormand, Tahar
Rachadi et Michel Lecoq. In A. Fraval & C. Silvy (dir.), 1999.
La lutte biologique (II). Dossiers de l'Environnement de l'INRA
n°19, Paris, 274 p. Article en ligne à
www.inra.fr/dpenv/luongd19.htm
C'est un photographe amateur passionné d'entomologie qui l'a annoncé
au monde par téléphone, depuis son terrain de chasse : les
vêtements répulsifs, c'est géant ! Mike Lowell, policier
à Tampa (Floride, États-Unis), sur le départ pour un
safari photo d'insectes en Équateur, a chargé son sac, non
point de l'habituel stock de lotions, sprays et autres pommades, mais de
chemises, pantalons et chaussettes anti-insectes, qu'il était impatient
d'essayer in situ. Ainsi habillé, il a pu effectivement prospecter,
tenir l'affût et même se vautrer dans la boue pour les besoins
d'un cliché en se concentrant sur le cadrage et la lumière
sans être importuné par les fourmis anthropophages ni par les
hématophages, Diptères ou Hémiptères.
C'est une PME (une centaine d'employés) de Caroline du Nord, BUZZ
OFF, qui produit cette ligne de vêtements. Débuts en 1996,
homologation par l'Agence de l'Environnement en 2003. Et approbation par
l'Armée, à la suite d'épreuves sévères.
Le tissu est imprégné d'un pyréthrinoïde, la
perméthrine. Le répulsif résiste à 25 lavages.
Ces habits - il y en a pour les messieurs, les dames et les enfants - sont
vendus chez The Orvis ou Ex Officio, boutiques de fringues (et non d'accessoires
photo). Il en coûte 84 $ la chemise à manches longues (sage
précaution), un peu moins pour le pantalon.
Cette production particulière basée sur une technologie nouvelle
donne quelque espoir au secteur textile local, sinistré par la concurrence
asiatique et les délocalisations.
D'après " N.C.Firm Sells Bug-Repellent Apparel",
dépêche Associated Press du 1er juillet 2005.
30 juin 2005
À lire sur Internet
Guerre des sexes chez une fourmi : reproduction clonale des mâles
et des reines
Une équipe de chercheurs de l'INRA, du CNRS et de l'IRD, en
collaboration avec l'université de Lausanne, a mis en évidence
chez Wasmannia auropunctata un système de reproduction particulier
et unique dans le monde animal : les reines et les mâles sont chacun
issus d'une reproduction clonale. Seules les ouvrières sont issues
de la reproduction sexuée des reines et des mâles, mais ces
ouvrières sont stériles. Un modèle où la
compétition entre mâle et femelle pour la transmission de leurs
gènes d'une génération à l'autre a été
optimisé !
Communiqué
de presse INRA-IRD-CNRS
Article source dans
Nature
Le bassin industriel de Liège (Belgique) doit se transformer. D'ici
2009, la sidérurgie mosane perdra 2 700 emplois. D'ici 2009, la
Société pour le développement de l'industrie et de l'emploi
(SODIE, firme privée détenue à 45% par Arcelor) s'est
engagée à créer 2.700 emplois en région
liégeoise, dans de nouvelles activités qui, pour la plupart,
n'ont rien à voir avec l'industrie de l'acier. Ainsi, aux Hauts-Sarts,
une firme s'est déjà installée sur le " créneau
" de l'extermination des pucerons du pommier. Horpi systems (Horticulture
Production Intégrée), une spin-off de l'université de
Liège, créée en 1999, a créé un élevage
industriel de coccinelles indigènes. Elle emploie actuellement, outre
ses quatre cofondateurs, six personnes à temps plein et une à
mi-temps. Trois ou quatre embauches sont prévues, grâce à
une aide particulière de la SODIE, qui permettra aussi de doubler
la production de larves et de l'automatiser. Au programme, d'urgence, la
mise au point d'une provende moins coûteuse ; il en coûte en
effet jusqu'à 1 000 € pour élever 1 kg de larves, à
partir d'œufs de Lépidoptères et de pucerons - qu'il faut
élever aussi…
D'après " Arcelor lutte contre les pucerons ", Regions.be,
lu le 24 juin 2005 à www.regions.be
En 2030, on en donnera une vingtaine à chaque fantassin, qui s'en
servira pour aller voir et entendre, au cœur de la bataille, ce qui
se passe au-delà de ce qui lui sert d'abri. Doté de 4 ailes
de 3 cm, de 180 000 x 4 fibres musculaires artificielles, d'une réserve
d'énergie, d'un cerveau électronique et d'un émetteur
radio, ce nanodrone sera rangé au repos dans un étui gros comme
la moitié d'une cigarette. Avec sa dégaine de libellule et
ses yeux de mouche, cet engin est, dixit l'Armée qui l'a
présenté au salon du Bourget, " bio-inspiré ".
L'odonate militaire est mis au point par la société Silmach,
une émanation du CNRS et de l'université de Franche-Comté,
sur un contrat de la Délégation générale à
l'armement.
D'après " Le " nanodrone " Libellule sera le troisième
œil du fantassin ", Armees.com, lu le 21 juin 2005 à
www.armees.com
Photo à
www.scienceetviejunior.fr/svj.php?rubriqueSvj=index-gratuit-article&id_article=868
NDLR : l'OPIE étudiera avec bienveillance toute
offre de subsides importants pour organiser des formations au maniement du
filet à papillons, destinées aux personnels des armées,
milices, forces diverses qui auront à affronter les nanodrones et
devront les capturer.
Un Lépidoptère Satyridé africain, Bicyclus anynana,
étudié par une équipe de l'université de Buffalo
(États-Unis), révèle comment les ocelles voyants de
ses ailes déterminent son acceptation par la femelle. Pour ce faire,
des mâles avec des ocelles variés ont été
créés, par croisements et par retouche directe de ces ornements
- à la peinture. Les ornements de la face ventrale de la membrane
alaire n'ont pas d'effet. La taille des ocelles dorsaux ne joue pas ; les
ocelles à petite pupille se révèlent plus sexy. La
suppression, en le noircissant, du centre blanc ôte au mâle ainsi
maquillé une bonne part de son charme. Un papillon avec ces pupilles
enduites de rutine - qui supprime toute réflexion dans l'ultra-violet
- paraît repoussant.
Durant les préliminaires, le mâle bat vivement des ailes, ce
qui provoque sans doute un effet stroboscopique qui tape efficacement dans
l'œil de la belle, en plus de faire circuler la phéromone femelle
de rapprochement des sexes vers ses antennes.
Dans cette espèce (hors de laquelle ce résultat ne peut pas
être généralisé), la femelle aussi porte des ocelles.
Quel est leur rôle ? C'est le prochain sujet de
recherches.
D'après " Female Butterflies Go for Sparkle, Not Size ", par
BJS, communiqué de l'université de Buffalo, lu le 30 juin 2006
à www.scienceblog.com
Photos de B. anynana, 2 formes obtenues à différentes
températures, à
www.natuurinformatie.nl//sites/nnm.dossiers/contents/i001407/org-2b_tropisch-zandoogjex.jpg
21 juin 2005
L'usage de plantes génétiquement modifiées pour
résister à des insectes ravageurs se répand dans le
monde. Près de 22,5 millions d'hectares en étaient complantés
en 2004, le maïs et le coton étant les seules cultures " OGM
" pratiquées commercialement. Ces cultivars produisent des toxines
d'une bactérie du sol, Bacillus thuringiensis et, à
la différence des traitements faits avec des préparations de
Bt, les ravageurs sont exposés au facteur létal constamment
- ce qui favorise l'apparition de populations résistantes.
Pour éviter cette évolution, les cultivateurs ménagent
des zones refuges, de variétés non OGM, de façon
à entretenirdes ravageurs non soumis à la séléction
par le toxique et susceptibles, en se croisant avec leurs voisins de la parcelle
OGM, de réduire la fréquence des gènes de
résistance.
Autre stratégie : l'emploi de cultivars exprimant en même temps
2 toxines différentes, créés par " pyramidation " des
gènes. Ces OGM " doubles " se répandent mais cohabitent avec
les OGM " simples " mis au point il y a quelques années.
Ceci est un danger, vient de montrer une équipe de l'université
Cornell (New-York, États-Unis) dans une publication des PNAS
datée du 6 juin 2005. Les entomologistes ont travaillé
sous serre, sur des brocolis de 3 sortes, deux munis d'un seul gène
de Bt et un avec les deux " pyramidés ". Leur insecte : la Teigne
des crucifères, Plutella xyslostella (Lép.
Hyponomeutidé), dont ils avaient préparé deux souches,
résistante chacune à un des Bt. Au bout de 2 ans - et 26
générations de l'insecte - il s'est avéré que
dans les serres où poussent côte à côte brocoli
simple et brocoli double, ces derniers subissent des dégâts
importants : la Teigne y est devenue résistante. En revanche,
exposés aux mêmes effectifs de chenilles, les brocolis doubles
et seuls résistent très bien : les chenilles sont bien
mortes.
Ce travail , indiquent ses auteurs, montre l'avantage qu'il y a à
développer les cultivars " pyramidés ", rapidement. Ceci devrait
intéresser les pays en voie de développement comme la Chine
où un champ moyen ne dépasse pas le demi hectare et où
il n'y a guère de place pour installer les indispensables (pourtant)
refuges.
D'après " Insect develop resistance to engineered crops ",
communiqué de press de l'université Cornell, publié
le 17 juin 2005, lu à www.eurekalert.org
Fiche HYPPZ de la Teigne des crucifères à
www.inra.fr/HYPPZ/RAVAGEUR/3pluxyl.htm
Dans les magasins états-uniens, sur les denrées entreposées
(sacs de grains, paquets de céréales en flocons, croquettes
pour animaux de compagnie…) sévit surtout la Pyrale des fruits
secs, Plodia interpunctalla (Lép. Pyralidé). Le ravageur,
capable de pullulations rapides et qui souille plus qu'il ne cosomme, est
combattu chimiquement, au moyen de fumigations ou de nébulisations.
Pour Paul Flinn du service de la recherche agronomique de Manhattan (Kansas),
il vaudrait bien mieux se servir d'armes biologiques. Soit un tricho, du
même genre que ceux utilisés en grandes cultures, Trichogramma
deion (Hym. Trichogrammatidé) qui parasite les œufs, puis
un campophage du genre Habrobracon (Hym. Braconidé) agissant
en " nettoyeur ". Des lâchers bien organisés permettraient d'avoir
en permanence des ennemis de la Pyrale en patrouille dans l'entrepôt,
qui interviendraient très tôt, avant que les produits ne soient
gâchés. Ces auxiliaires ne sont toutefois pas efficaces contre
les ravageurs des denrées déjà parvenus dans les
emballages.
D'après " Micro wasp smay patrol grocery
aisles ", Science Blog, lu le 18 juin 2005 à
www.scienceblog.com
Fiche de la Teigne des fruits secs
NB : désignation scientifique la plus courante : P.
interpunctella
16 juin 2005
À lire sur Internet
Les abeilles ont du flair
Désormais, il faudra sérieusement penser à ce que ressent
une abeille… qui vous tire la langue. Sourire énigmatique aux
lèvres, Martin Giurfa, un Argentin d'une quarantaine d'années,
directeur du Centre de recherches sur la cognition animale, ne plaisante
pourtant pas… Son équipe vient de démontrer la
corrélation directe entre activité cérébrale
et sensation olfactive chez les abeilles, grâce au travail «
héroïque » des thésards… et au « training
» particulier de plus de 2 000 insectes.
Communiqué CNRS du 15 juin 2005, Futura Sciences, en ligne
à
www.futura-sciences.com/news-abeilles-ont-flair_6467.php
Le dos cassé et la tige dans le sable.
Depuis janvier de cette année, l'Île de la Réunion est
en proie à une épidémie de chikungunya *. L'agent de
la maladie, un Alphavirus de la famille des Togaviridés, est
transmis par les moustiques du genre Aedes (A. albopictus, A. aegypti,
A. polynesiensis, A. furcifer taylori), Diptères Culicidés.
Dans un premier temps identifiée comme étant une
épidémie de dengue (dont le mode de transmission et les
symptômes sont similaires), la maladie progresse à une vitesse
alarmante. Alors qu'il était fait état d'une quarantaine de
cas suspects début mai, ils étaient 810 début juin,
dont 109 confirmés par analyse sanguine. Certaines sources parlent
à la mi-juin de 1 700 cas, toujours en progression rapide.
L'économie de l'Île s'en trouve bouleversée. Les
symptômes de la maladie sont en effet assez handicapants : une fièvre
soudaine accompagnée de fortes céphalées, des douleurs
dorsales (c'est le mal qui casse le dos ; en Souhaéli, chikungunya
signifie "marcher courbé") et articulaires intenses (touchant surtout
les petites articulations et l'ensemble des membres). Le tout
complété d'éruptions cutanées, parfois
localisées (tronc, membres, visage), parfois
généralisées. La maladie dure généralement
4 à 7 jours avant de disparaître, mais la convalescence est
de plusieurs semaines et des douleurs peuvent persister de trois mois à
plusieurs années. Il n'y a pas d'agent antiviral efficace connu contre
le chikungunya à ce jour, le seul traitement possible étant
la prescription d'anti-douleur.
Pour faire régresser ce fléau, il reste la prévention
qui passe par la lutte contre les vecteurs. En 2004, lors d'une
épidémie de dengue, les agents de lutte anti-vectorielle avaient
pu établir qu'une des principales zones à risque
étaient… les cimetières. Les moustiques y trouvent abondance
de lieux de ponte : les tombes sont en effet très fleuries à
La Réunion et les nombreux vases et récipients utilisés
sont autant de gîtes larvaires possibles, à côté
des flaques permanentes entretenues par des arrosages fréquents. Les
lieux de repos éternel sont donc dans le collimateur de la direction
régionale de l'action sanitaire et sociale (DRASS) qui a disposé
des affiches dans trois des grands cimetières de l'Île pour
inciter les familles à utiliser du sable mouillé plutôt
que de l'eau pour maintenir les fleurs fraîches. Un animateur est
même intervenu pour sensibiliser et faire venir le public à
cette pratique encore inhabituelle mais qui pourrait peser dans la lutte
contre la dengue et le chikungunya.
B.D.
D'après diverses sources, dont la presse locale, en particulier
www.clicanoo.com et la fiche du CNRS sur le chikungunya à
www.cnrs.fr/SDV/Dept/chikungunya.pdf
*Maladie qui touche surtout l'Afrique. Le virus a
été identifiée pour la première fois en Tanzanie
et en Ouganda en 1953. Il touche les hommes mais également les singes
(qui seraient le réservoir principal) et d'autres espèces de
mammifères et d'oiseaux.
" Large blue " désigne en anglais Maculinea arion (Lép.
Lycénidé), espèce disparue depuis plusieurs décennies
de la faune des Îles britanniques. En France, l'espèce est
protégée et on l'appelle l'Azuré du serpolet. Ses chenilles,
d'abord phytophages, finissent leur vie larvaire en parasites de
fourmilières, au détriment de Myrmica sabuleti (Hym.
Myrmicidé), qui les protège, prend soin d'elles et les laissent
se gaver de leur couvain.
Les populations du Large blue ont été anéanties par
l'impact de nouvelles pratiques agricoles (intensification, herbicides, abandons
de pâturages…) sur la fourmi. Tout récemment, l'espèce
a été réintroduite sur 10 sites du Royaume-Uni, dont
neuf restent secrets. Dans la réserve du National Trust de Collard
Hill (Sommerset), les visiteurs sont invités à observer les
revenants à la fin de ce mois.
D'après " Insect trickster makes a comback ",par Steven Morris,
Guardian, lu le 15 juin 2005 à www.guardian.co.uk
Fiche et photo à
mrw.wallonie.be/dgrne/sibw/especes/ecologie/papillons/Maculinea_arion05.html
13 juin 2005
À lire sur Internet
Palu : des champignons pour tuer les moustiques, par Cécile Dumas, Sciences et Avenir, en ligne à sciences.nouvelobs.com/sci_20050609.OBS9563.html
Le prix à payer pour une mémoire à long terme
Les drosophiles auraient trois types de mémoire: une mémoire
à court terme qui dure environ 24 heures, la mémoire
résistant à l'anesthésie qui persiste 4 jours, et la
mémoire à long terme qui peut être conservée une
semaine. En lignne à
www.sur-la-toile.com/mod_News_article_648___.html
Une équipe de l'institut de technologie de Tokyo, dirigée par
Mamiko Ozaki, vient de découvrir un mode de communication chimique
particulier chez les insectes.
Les fourmis possèdent un visa particulier à chaque colonie,
reconnu par contact. Les hydrocarbures cuticulaires de Camponotus
japonicus (Hym. Formicidé), appliqués sur des perles de
verre (servant de mannequins), déclenchent des comportements agressifs
de la part d'individus étrangers (d'une autre colonie) : morsures,
sauts et projections d'acide formique. Les individus de la même colonie
restent impassibles.
La reconnaissance met en jeu des sensilles trapues (à multiples pores)
portées par l'antenne et qui, sans doute, doivent venir au contact
de la cuticule de l'individu en examen, les hydrocarbures cuticulaires
n'étant pas volatils. Ces sensilles ne réagissent pas au visa
des congénères ; elles ne sont excitées que par un visa
étranger. Le mécanisme reste à
découvrir.
D'après " Ants rely on Chemicals to ID Ennemies ", par Michael
Schriber, lu le 11 juin 2005 à www.livescience.com
Paru sur Science Magazine, le 9 juin2005.
9 juin 2005
À lire sur Internet
La cantharidine une arme aphrodisiaque, par Viviane Thivent, La
Recherche, juin 2005.
Quel est le secret de la cantharidine, cette molécule capable dans
le même temps de repousser certains coléoptères et d'en
attirer d'autres ? Il aura fallu chercher pas moins de soixante-dix ans,
entre prédation et reproduction, pour percer un mystère tenace.
En ligne à
www.larecherche.fr/data/386/038604801.html
Lutte sucrée (bis)
Une nouvelle famille d'insecticides apparaît sur le marché qui
combine efficacité vis-à-vis des ravageurs, innocuité
pour les ennemis de ceux-ci et absence de résidus. Son représentant
: le "sucrose octonoate" (esters d'octanoate de saccharose). Substance de
synthèse, il est analogue à un sucroester présent dans
les trichomes de Nicotiana gossei (un tabac sauvage), qu'il protège
des insectes phytophages. Il est proche d'édulcorants utilisés
en alimentation humaine. On sait désormais le produire industriellement
de façon économique et sûre.
Cet insecticide agit par contact (au travers de la cuticule) avec un effet
marqué de knock-down (= KO, effet d'assommoir). Il est toxique pour
de nombreux insectes à corps mou, comme les pucerons, les aleurodes,
les psylles. Il inhibe la prise de nourriture et la ponte d'acariens, d'aleurodes
et de mineuses. Son mode d'action est mal connu, il agit probablement en
provoquant la dessiccation de l'insecte atteint.
Et vis-à-vis des auxiliaires et ennemis naturels ? Bien dosé
et appliqué avec soin, il tue les varroas (acariens) sans affecter
les abeilles de la ruche. Par exemple, les prédateurs (coccinelles,
syrphes…) et les parasitoïdes (Hyménoptères chalcidiens)
du Puceron brun des citrus, Toxoptera citricida (Hém.
Aphididé) ne sont pas affectés par les doses efficaces contre
le ravageur.
Cet insecticide nouveau devrait devenir une arme majeure dans les programmes
de lutte intégrée, utilisé en alternance avec les produits
" classiques " de façon à éviter (retarder…)
l'apparition de résistances. Pour l'heure, aux États-Unis,
on attend son homologation et on lui voit un usage important en horticulture,
notamment contre les pucerons des gardenias et contre les Diptères
Sciaridés (il agit alors contre les champignons dont les larves se
nourrissent)
D'après , notamment, " Death by Dessication : Sugar esters
dry out insect pests of flowers and ornamentals ", par Rosalie Marion Bliss,
Agricultural Research Service Magazine, juin 2005, lu le 8 mai 2005
à www.ars.usda.gov
Il est bien connu que les pucerons (Hémiptères Aphidoidea)
dérangés par un prédateur émettent une
phéromone d'alarme (diffusée au niveau de l'extrémité
des cornicules) qui provoque, chez les congénères proches,
des réactions particulières : les individus retirent leurs
stylets du végétal-hôte, s'agitent ou partent en marchant
ou se laissent tomber.
Des aphidologues de l'institut Max Planck à Iéna (Allemagne)
viennent de montrer, chez le Puceron du pois (Acyrtosiphon pisum),
que la phéromone, le trans-bêta-farnésène (formule
brute : C15H24 avec 4 doubles liaisons ; nom chimique
: 1,6,10-dodécatriène, 7,11-diméthyl - 3
méthylène), provoque la production de descendants ailés
dans la colonie.
Pas mal de plantes sécrètent du
trans-bêta-farnésène. Évitent-elles ainsi
l'installation de grosses colonies d'aptères ? En fait, les pucerons
répondent à la fréquence d'émission de la
phéromone et pas à la quantité produite. Pour disperser
les pucerons et réduire les dégâts de ces ravageurs
redoutables, il faut envisager des pulvérisateurs d'analogue de
phéromone à impulsions.
D'après " Alarm Pheromone Causes Aphid to Sprout Wings ",
d'après un communiqué de Blackwell Publishing Ltd., lu le 8
juin 2005 à www.sciencedaily.com
2 juin 2005
Juan Antonio Garcia Oviedo, biologiste-entomologiste de l'Institut polytechnique
national (IPN) à Mexico (Mexique) s'est fixé comme but, depuis
15 ans, de trouver des les sources alternatives d'apport de protéines
animales et d'acides aminés et de proposer à un prix modique
des produits à riche valeur nutritive dans un pays où la
malnutrition touche aujourd'hui 40 millions de personnes.
Expériences dans les écoles des zones rurales à l'appui,
il préconise de cuisiner la tortilla (galette de maïs) aux œufs
de fourmi, aux vers de terre ou aux vers blancs (Col. Scarabéidés)
et de fabriquer des barres chocolatées aux grillons. Par exemple,
la teneur en acides aminés d'une saucisse de grillons est deux fois
supérieure à celle d'une saucisse normale, d'après ses
mesures , et l'apport en protéines est trois fois supérieur.
Au Mexique, la consommation des insectes, courante, avait été
interdite par les conquérants Espagnols. Elle ne pourrait reprendre
ouvertement que si les autorités sanitaires mettaient en place de
système de certification pour les aliments à base d'insectes.
Dans les zones rurales particulièrement pauvres, la plupart des enfants
sont beaucoup plus ouverts que les adultes à la nouvelle expérience
et acceptent les haricots rouges aux charançons, des barres fourrées
aux charançons et sauterelles au lieu des noisettes et des amandes,
ainsi que les Annélides et Arthropodes enrobés de chocolat
mais, précise notre entomologiste nutritionniste, " une fois qu'il
seront habitués, on enlèvera le masque du
chocolat".
D'après " Les insectes, remèdes contre la malnutrition
au Mexique ", Télévision suisse romande, lu le 10 mai 2005
à http://www.tsr.ch
PS : On trouvera à
www.edible.com/htmlsite/prod_list.asp?catID=1
un catalogue en ligne de sucettes aux fourmis et à bien d'autres
arthropodes. C'est anglais...
Il existe de nombreux modes de lutte (chimique, biologique, physique…)
contre les ravageurs horticoles et agricoles, pas toujours applicables dans
les zones défavorisées du Tiers-monde. Les autorités
thaïlandaises préconisent une nouvelle approche, en accord avec
les coutumes locales et qui mobilise les villageois. Ainsi le chef du district
Dan Makhamtei de la province de Kanchanabur, M. Pipat Kankharirk, constatant
qu'en dépit des traitements insecticides, une larve de
Coléoptère Scarabéidé avait mangé par
la racine 60% de la récolte espérée et que les paysans
se laissaient aller à employer des produits dangereux, leur a-t-il
enjoint, pour rompre le cycle du ravageur, de faire frire et de manger ces
vers blancs.
D'après une dépêche AFP, du 5 mai 2005, lu sur
ABC à www.abc.net.au/
30 mai 2005
L'Analote des Alpes, Anonconotus alpinus (Orth. Tettigoniidé),
est une sauterelle boréo-alpine de 2 cm de long, aux ailes très
réduites, aux pattes courtes rougeâtres et au corps dodu vert
à noir luisant.
Le mâle - contrairement aux espèces voisines - ne stridule pas
: il saute sur tout ce qui bouge - et est capable de recoïter au bout
de18 secondes.
Les entomologistes de Derby (Royaume-Uni) et de Genève (Suisse) qui
ont enregistré cet étonnant comportement cherchent à
comprendre comment cette decticelle peut se reproduire efficacement sans
que le mâle, faute de signaux sonores précopulatoires de
reconnaissance intraspécifique, ne s'épuise en des accouplements
contre nature avec n'importe qui.
D'après " Alpine cricke tis 'rough lover',
BBC News, lu le 27 mai 2005 à news.bbc.co.uk
Photos de la bête à
mapage.noos.fr/goupile/anonconotus%20alpinus.htm
Les fourmis sont très délicates et à cheval sur
l'hygiène. Expérimentant avec Temnothorax
(Leptothorax) albipennis (Hym. Myrmiciné), Nigel
Franks et son équipe, de l'université de Bristol (Royaume-Uni),
ont montré que la présence de cadavres - qu'ils proviennent
de la même colonie ou d'une autre espèce - empêche
l'installation dans une nouvelle cavité. La présence de grains
de corindon (alumine cristallisée), ménageant un état
de saleté du lieu, ne dissuade pas les fourmis de s'installer.
Ces fourmis " déménagent " souvent, sans doute pour échapper
aux conséquences désastreuses d'une maladie et une avant-garde
explore les environs en quête d'un lieu adéquat : à la
bonne hauteur, avec l'entrée bien protégée, d'une
humidité convenable, etc.
Les fourmis se méfient donc des endroits où l'on
meurt…
D'après " Ameisen ziehne nur in saubere Wohnungen ", RP Online,
lu le 25 mai 2005 à www.rp-online.de/
New-York, Central Park. Des pompiers forestiers, venus de l'Ouest, sont
hélitreuillés au-dessus de la canopée des arbres. Il
n'y a ni fumée ni feu, mais un péril grandissime : l'ALB a
été vu en ce lieu et le tiers des 28 000 sujets risque d'en
crever. Au sol, des techniciens en équipement spécial injectent
un produit dans le sol, au pied des marronniers et des ormes, en quantités
définies d'après le diamètre de leur tronc…
ALB : Asian Longhorned Beetle, autrement dit Anaplophora glabripennis
(Col. Cérambycidé), le Longicorne asiatique. Immigrant
récent, en provenance de Chine et/ou de Corée (où il
est un ravageur important), cet insecte foreur du bois menace les forêts
américaines.
Cet insecte assez joli, noir à points blancs, attaque des arbres sains
(il est dit primaire) et les fait dépérir. On ne sait pas le
piéger, car il semble dépourvu de phéromone de rapprochement
des sexes agissant à longue distance. On détecte sa présence
par les orifices de sortie des adultes, d'un centimètre de diamètre
et circulaires. Les branches hautes sont les premières colonisées,
d'où le recours aux soldats du feu acrobates. Mais quand ceux-ci notent
un " trou de balle ", l'arbre est déjà condamné.
Les traitements systémiques (l'insecticide - imidaclopride - est
véhiculé par la sève) doivent être faits le plus
tôt possible, en fait sur des arbres en bonne santé et à
titre préventif. Ceci pour tenter d'éviter d'appliquer un moyen
de lutte plus radical, l'abattage.
Les procédés en œuvre à Centra Park et sur quelques
autres sites urbains particulièrement en vue ne sont pas applicables
aux peuplements forestiers, pour lesquels on reste bien démuni face
à une espèce invasive très
dynamique.
D'après " Among America's 'most wanted' : hungry beetle ",
par Mark Clayton, Christian Science Monitor, lu le 24 mai 2005 à
www.csmonitor.com
À relire l'Épingle Pendant
ce temps là, à New York…
Un grand site québécois sur le Longicorne asiatique à
longicorne.tripod.com/alb.htm#h
19 mai 2005
Une bonne partie des ravageurs forestiers nord-américains est allochtone,
en provenance d'Europe. Les climats sont semblables ; outre-Atlantique, les
ressources sont immenses et les ennemis sans danger, les américains
ne s'adaptant pas pour la plupart, les européens n'ayant pas suivi.
D'où des pullulations dévastatrices, qu'on tente de limiter
par la lutte biologique classique, l'acclimatation d'un prédateur
ou d'un parasitoïde européen.
Dernière tentative d'envahissement des forêts nord-américaines
: celle d'un banal et discret sirèce de chez nous, Sirex noctilio
(Hym. Sirididé). La larve, fausse-chenille, creuse dans le bois
de conifères ; l'imago, qui ressemble vaguement à une guêpe,
possède, chez la femelle, un long ovipositeur, capable de percer
l'écorce. Ses proches, le Bouvillon, Sirex juvencus, et le
Grand Sirex, Urocerus gigas, sont plus connus - l'adulte sort du bois
ouvré - mais c'est cette espèce qui conquiert le monde. Notre
S. noctilio (d'Europe, d'Afrique du Nord et d'Asie) ravage en effet,
notamment, les plantations du Sud de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande
(où on lui oppose un nématode Beddingia siricidicola),
de l'Amérique du Sud. Le pin de Monterrey, Pinus radiata, est
particulièrement affecté, les dégâts économiques
sont énormes.
C'est pourquoi la découverte d'un spécimen - une femelle prise
dans un piège à scolytes - dans l'État de New-York
(États-Unis) rend très inquiets les entomologistes forestiers,
qui pensent que c'est là le signe qu'une population est déjà
installée. À 7 reprises, des mâles avaient été
interceptés dans l'Ouest du pays, arrivés dans les emballages
en bois de chargements de marbre d'Italie.
D'après "New Alien Bug Could Threaten U.S. Pine Trees", par
LiveScience, lu le 13 mai 2005 à
http://www.livescience.com/
Fiche Sirex noctilio par l'Agence canadienne d'inspection des aliments,
Direction générale des sciences, à
www.inspection.gc.ca/francais/sci/surv/data/sirnocf.shtml
Le Grand Sirex, alias Guêpe perce-bois : dessin dans la Galerie à
illustr/galc0009.htm
Le spationaute européen Roberto Vittori a effectué un " vol-taxi
" vers l'ISS avec 14 compagnes. De l'espèce Grillon des maisons,
Acheta domesticus (Orth. Gryllidé). L'expérience Crisp
2 (CRickets In SPace 2) est menée pour comprendre les effets de la
pesanteur sur la prolifération des neurones. Dans les conditions d'une
station spatiale, en microgravité, les connexions entre le cerveau
de la larve de l'insecte et les capteurs de pesanteur vont-elles s'établir
? Quel sera le comportement du grillon lorsqu'il retrouvera une pesanteur
normale après la mission ?
Pour réaliser cette expérience sans installer tout un élevage
dans Soyouz, les 14 femelles ont été inséminées
avant leur envol. Deux groupes ont été formés, avec
des dates décalées. Ce n'est qu'en orbite que l'accès
au pondoir (de la terre) leur a été ménagé, de
façon à ce que la fertilisation se fasse en apesanteur. Le
développement du système nerveux des embryons du premier lot
a eu lieu dans l'espace, celui du lot plus tardif se sera achevé sur
Terre. Au retour de la mission, les femelles et leur descendance ont
été acheminées à l'université dUlm pour
y subir des tests de comportement et des observations
anatomo-cytologiques.
D'après " CRISP 2 : des grillons dans l'ISS pour comprendre
les effets de la pesanteur ", sur le site du CNES, lu le 16 mai 2005
à www.cnes.fr (où on peut découvrir un
phénomène spatial spécial : là-haut, les femelles
de grillon stridulent...) et " Crickets In Space 2 " mis en ligne le 31 mars
2005 par l'Agence spatiale européenne à
www.spaceflight.esa.int/users/file.cfm?filename=iss01-sme5e
- où l'on voit deux photos des cages
embarquées.
L'explosion a eu lieu au domicile de M. Walter Müller, dans le Land
de Schleswig-Holstein (Allemagne). Elle a dévasté son appartement,
brisé toutes les vitres, endommagé des maisons voisines,
bloqué la rue durant plusieurs heures. Ses blessures sont, de façon
tout à fait surprenante, vu les dégâts, légères
et personne d'autre n'a été atteint dans sa chair, fort
heureusement. La faute aux mouches. Dont W.M. a voulu faire cesser chimiquement
l'importun bourdonnement avant de se mettre à son ordinateur, ce en
vidant plusieurs bombes insecticides dans son bureau calfeutré. Une
fois les Diptères neutralisés, une étincelle serait
partie de l'ordinateur…
D'après " Man blows flat up with insect spray", lu à
www.ananova.com le 18 mai 2005.
NDLR :l'auteur de ces lignes, entomologiste professionnel
diplômé et conscient, dispose à proximité de son
clavier un engin (photo ci-contre) qui, sauf par très grand froid,
ne dissuade , hélas, aucune mouche de l'asticoter.
14 mai 2005
Les chenilles ravageuses (suite)
Dans l'Hérault et notamment à Montpellier, les jardiniers,
promeneurs et usagers d'espaces verts sont étonnés et agacés
par la présence d'une myriade de petites chenilles noires qui atterrissent
sur leurs arbustes, leurs vêtementset leur chevelure... Il s'agit de
jeunes Bombyx disparates, Lymantria dispar (Lép.
Lymantriidé), qui se dispersent au gré du vent et des courants
d'air. La chenille de premier stade est remarquable par ses longs poils
vésiculés (pas du tout urticants) qui lui assurent une portance
suffisante pour voguer de support en support et, de plus, sécrète
un long fil de soie qui joue également le rôle d'aérophore.
Chez cette espèce, dans nos régions, les femelles ne volent
pas et c'est là le mode de dispersion naturelle de ce papillon. Les
jardins seront-ils ravagés ? Il n'y a pas grand risque. Le Bombyx
disparate est très polyphage mais, sur beaucoup de plantes, les jeunes
chenilles décapent les feuilles puis cessent de se développer.
Les Prunus, notamment, peuvent subir une défoliation importante.
Et les Quercus, bien sûr, hôte le plus favorable à
l'espèce. Une invasion de grosses chenilles, en provenance de chênes
voisins, serait plus grave ; avant de crever d'une nourriture indigeste,
ces animaux montrent une très grande voracité - leur nom
scientifique, Lymantria, le rappelle - et peuvent attaquer toutes
sortes de légumes, fleurs et arbres.
Dans l'Yonne, autour de Sens, les arbres des vergers (et de la forêt)
sont attaqués et leurs jeunes feuilles sont dévorées
par des chenilles arpenteuses. Il s'agit là de la Phalène
défeuillante, Erannis defoliaria (Lép.
Géométridé), Elle s'appelle aussi Hibernie, en raison
de son cycle particulier : le papillon (mâle) vole à l'automne
après les premières gelées, tandis que sa femelle
aptère court sur les troncs d'arbre.
En cas de besoin, un traitement de choc sera appliqué avec un insecticide
pyréthrinoïde.
D'après, entre autres, " Montpellier envahi par les chenilles
",par Matthieu Durand , sur LCI, lu le 14 mai 2005 à
www.lci.fr/news/sciences/ et " Les chenilles attaquent ", par Christian
Dautin, L'Yonne républicaine du 14 mai 2005.
Tout sur le Bombyx disparate :
www.inra.fr/dpenv/ld.htm
PS : Ces chenilles sont différentes de la Ravageuse de la rave,
épinglée ici il y a
peu.
Dessin : L1 de Lymantria dispar, par Claire Villemant ;
photo d'E. defoliaria, cliché
R. Coutin/OPIE.
7 mai 2005
À écouter sur Internet
Les animaux sont-ils sensibles au réchauffement climatique ?
France Culture, Science Frictions, émission du 7 mai 2005,
par par Michel Alberganti et Pierre Le Hir, réalisation Anne Ducoureau,
avec Frédéric Archaux et Pierre Zagatti.
Le Monarque africain, petit papillon aux ailes orange et noires, a fait son
apparition dans le sud de la France. Le Rynchophore roux, gros charançon
d'origine tropicale, a pris ses quartiers dans le bassin
méditerranéen. Le Buprestre du thuya, magnifique
coléoptère, s'est installé dans la région parisienne.
Le Sphinx du caille-laix, papillon de nuit girs orangé, a poussé
jusqu'à la Grande-Bretagne.
On pourrait multiplier les exemples d'insectes observés, depuis quelques
années, sous des latitudes où ils étaient naguère
inconnus. La même constatation vaut pour certaines colonies d'oiseaux,
mais aussi pour certains mammifères. C'est ainsi qu'aux États-Unis,
le Renard roux migre vers le nord, menaçant le Renard arctique.
Faut-il voir dans ces déplacements la marque du réchauffement
climatique? Les scientifiques le pensent. Toutefois, le climat n'est sans
doute pas seul en jeu. D'autres facteurs, comme la globalisation des
échanges, favorisent aussi la migration de certains animaux.
Réécoutable une semaine à
www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/science_frictions/index.php?emission_id=30060141
4 mai 2005
À lire dans la presse :
Des drosophiles mutantes dorment jusqu'à 30 % de moins. La recherche sur le sommeil fait mouche, par Aline Brachet, Libération du 3 mai 2005.
30 avril 2005
Au Teknival, qui se tient à Marigny-le-Grand (Marne), on dénombre
ce jour 35 000 ravers, un millier de keufs, des secouristes en nombre
peut-être insuffisant, 180 victimes d'urticaire et des chenilles en
effectif surabondant, des milliards selon notre source. Ces dernières
appartiennent à l'espèce Bombyx cul-brun, Euproctis
chrysorrhoea (Lépidoptère Lymantriidé). Après
avoir passé l'hiver dans un nid, elles se repaissent de feuilles de
divers arbres forestiers, de haies et fruitiers, qu'elles peuvent
défeuiller entièrement. La nymphose aura lieu en juin et les
adultes s'accoupleront, pondront durant l'été. Le ravageur
a une seule génération par an.
Les chenilles possèdent des poils urticants très courts (invisibles
sous la pilosité) implantés sur des " miroirs ", cause de
démangeaisons, voire d'accidents allergiques chez les (rares) sujets
très sensibles ou qui ont dopé leurs réactions avec
certaines substances que d'aucuns disent être consommées par
certains dans les raves.
La télé s'est précipitée sur place et en fait
un sujet long, au journal du soir. Alors, quand des chenilles de Processionnaire
du chêne ou de P. du pin, respectivement Thaumetopoea processionea
et T. pytiocampa (Lép. Anciennement Thaumetopoeidés,
désormais Notodontidés) s'inviteront à une grande fête
en nature, aura-t-on droit à un déploiement médiatique
papal ? Car ces deux espèces sont réellement et dangereusement
urticantes.
Les larves de Cul-brun, c'était visible sur l'écran, ne
tressautaient pas en rythme sans brouter ni ne cherchaient à fuir
la pollution sonore et, pour en venir à bout, il convient de leur
appliquer du Bt (Bacillus thuringiensis), à effet peu
spectaculaire, ou de la deltamethrine à 2,5 g/l, plus rapide dans
ses effets érucicides. Personne n'a pensé, parmi les présents
dénombrés ci-dessus, à se munir de Calosomes
sycophantes.
D'après France 3 et " Teknival : les autorités demandent
aux ravers de ne pas venir sur le site envahi par les chenilles urticantes
", Le Nouvel Observateur, lu le 30 avril 2005 à
permanent.nouvelobs.com
Trois bonnes pages sur le Cul-brun à
perso.wanadoo.fr/insectes.net/culbrun/culbrun1.htm,
par André Lequet.
29 avril 2005
À lire dans la presse :
Le riz transgénique fait des merveilles en Chine. Par Cyrille
Vanlerberghe.
Le Figaro
du 29 avril 2005.
NDLR : les deux variétés objet de l'étude
états-unienne produisent la toxine de Bacillus thuringiensis
et tolèrent les attaques de la Pyrale du riz, Scirpophaga
incertulas (Lép. Pyralidé).
L'entomologie légale (ou "forensique") tient sont congrès mondial
cette semaine à Lausanne (Suisse). Son objectif est de déterminer
la date et les circonstances de de la mort d'un individu en examinant les
insectes (ou leurs traces) présents sur son cadavre. Des escouades
de nécrophages se succèdent à partir de la mort, dans
un ordre dicté par lespréférences de chaque espèce
(Diptères, Coléoptères) mais selon une chronologie qui
varie beaucoup avec les conditions météorologiques. Cette science
se nourrit des expériences accumulées sur des "cas" et des
expériences faites sur des cadavres ad hoc. Ainsi Claude
Wyss et Daniel Cherix, experts suisses, ont-ils réalisé des
expérimentations sur des cochons depuis 1993.
D'après "Ces mouches qui mouchardent", par Olivier Dessibourg,
Le
Temps, du mardi 26 avril 2005.
À suivre, l'expérience Pig 2005-1, quasi en direct, à
www.entomologieforensique.ch/page23.htm,
sur le site Entomologie forensique en Suisse, de Claude Wyss et Sylvain
Chaubert (à parcourir en entier !).
24 avril 2004
À lire dans la presse :
Régime sans sucre pour les fourmis de l’acacia. Par Cécile Dumas, Science et Avenir, le 22 avril 2005.
21 avril 2005
À lire dans la presse :
Le piège infernal de la fourmi, par Isabelle do
O’Gomes. Nouvelobs.com
du 20 avril 2005.
"Pour capturer des proies qui font plus de dix fois leur taille, les fourmis
arboricoles Allomerus de Guyane ont élaboré un piège
ingénieux et surprenant. Elles construisent une galerie percée
de trous le long de la tige d’une plante. (...)"
16 avril 2005
À lire dans la presse :
Le changement climatique, possible pourvoyeur de maladies, via les insectes piqueurs. Par Hervé Morin, Le Monde du 16 avril 2005.
Quentin Wheeler et Kelly Miller, anciens de l'université Cornell
(New-York, États-Unis) et entomologistes, sont célèbres
depuis que, dans le numéro de mars 2005 du Bulletin of the American
Museum of Natural History, ils ont signé une publication
scientifique.décrivant 3 nouvelles espèces de
Coléoptères Silphidés du genre Agathidium, soit
A. bushi, A. cheneyi et A.
rumsfeldi.
D'après une dépêche AFP du 14 avril
2005.
11 avril 2005
Un IGM saute et prend son envol quand son pilote, qui n'est pas à
bord, appuie sur le bouton.
L'insecte génétiquement modifié est, encore elle,
Drosophila melanogaster (Diptère Drosophilidé). Le but
de la manip, mise au point par Gero Miesenbock et Susana Lima (Yale University
School of Medicine - États-Unis) : actionner des neurones à
distance, sans recourir à des électrodes implantées.
Le système comporte trois éléments : un verrou,
constitué par un canal ionique (protéine qui permet le passage
à une molécule chargée électriquement de franchir
la paroi cellulaire) modifié par ingénierie génétique
; une clé, molécule d'adénosine tri-phosphate (ATP)
qui excite le neurone en y pénétrant ; un déclencheur,
une molécule-cage qui libère l'ATP quand elle est illuminée
par la lumière ultra-violette d'un laser.
Les neurones choisis forment un système de fibres géantes et
gouvernent un comportement évident : la fuite de la mouche, saut et
envol.
Les drosos préparées (laborieusement : il a fallu leur injecter
l'ATP in situ, qui ne parvient pas aux ganglions même si on
les en gave), disposées sous une cloche, bondissent au commandement
du laser, dans 60 à 80% des cas. Les mêmes résultats
pour des drosos aveugles.
Cette expérience dote les neurosciences d'un nouvel outil, très
élégant. Encore une fois, merci la droso
!
D'après, notamment, " Latest Buzz : Fly Brains Manipulated
by Remote Control ", par Michael Scriber, LiveScience, lu le 8 avril 2005
à www.livescience.com
Autour de Trona, non loin de la Vallée de la mort et dans la vallée
de San Fernando, en Californie (Etats-Unis), des milliards de papillons
s'accumulent, à la recherche de sites de ponte. L'hiver a été
propice pour les chenilles, qui vivent dans le désert. Il s'agit de
la Belle Dame, Vanessa cardui (Lép. Nymphalidé),
espèce migrante cosmopolite, polyvoltine, polyphage… Une
banalité que ce papillon mais cette migration immense est
vraisemblablement la plus importante jamais
observée.
D'après un communiqué de presse de l'université
de Californie à Davis, lu le 8 avril 2005 à
www.scienceblog.com
Cliché Philippe
Moniotte
NDLR : " Chaque individu lâché porte un vœu de bonheur
" est-il dit en substance sur le site Internet d'une boutique de mariage
qui propose 50 chrysalides de Belle Dame (avec papillottes spéciales
et élastiques) pour 389 €.
6 avril 2006
À lire sur la Toile :
Bilan énergétique d'une guêpe : tout en nuance
Eupelmus vuilletti (Hym. Eupelmidé, parasitoïde de
Coléoptères des denrées) a une durée de vie imaginale
de 8 à 15 jours en fonction des décisions qu'elle prend. Les
chercheurs de l'Institut de recherches sur la biologie de l'insecte (à
Tours) l'ont observée quasiment en continu sur un hôte artificiel
et établi son bilan énergétique : l'insecte a en fait
une stratégie fine de gestion de ses éléments nutritifs,
catégorie par catégorie, dont dépendra toute son histoire
de vie.
Communiqué
de presse du CNRS
Les liens très exclusifs entre une fourmi et un champignon
Atta et Acromyrmex cultivent le végétal et
ce dernier n'accepte que les déjections de la colonie qui prend soin
de lui.
Par Freddie-Jeanne Richard,
Le Figaro
du 4 avril 2004.
Battements d'ailes
Le vol des papillons suivi au radar.
Sciences
et avenir, le 6 avril 2004.
Brachyopa silviae, le Brachiope de Sylvie, a été
découvert en 2004 par Franz Dziock (et nommé d'après
le prénom de Madame) dans un piège posé dans une forêt
en réserve naturelle près de Dessau (Allemagne). La larve de
ce Diptère Sirphidé nouveau pour la science - comme celles
des autres syrphes du genre - vit en microphage dans les écoulement
de sève des arbres décidus.
L'entomologiste peut encore découvrir en Europe une espèce
nouvelle (et pas un minuscule parasitoïde) et avoir son histoire largement
publiée dans la presse (allemande en l'occurrence) tout en ayant un
beau geste envers son épouse (qu'en pense le patron du labo
?).
D'après "Neue Fliegenart endeckt", Der Spiegel du 3
avril 2005, lu à www.spiegel.de/wissenschaft/
La clé des Brachypoa est à
home.hccnet.nl/mp.van.veen/KEYS/Brachyopa/brop_key.html
NDLR : Les syrphes seront présentés dans le prochain
Insectes (n°137)
Le premier spécialiste des termites
C'était un mammifère gros comme un rat, aux dents adaptées
à broyer la chitine et à la colonne vertébrale faite
pour favoriser le fouissage. Il vivait de termites (et d'autres insectes,
déjà très bien différentiés) au Jurassique
(il y a quelque 150 millions d'années) là où se trouve
actuellement le Colarado (États-Unis). Fruitafossor windscheffelia
n'est pasl'ancêtre des tatous et fourmilliers actuels : la
spécialisation entomophagique est apparue plusieurs fois au cours
de l'évolution.
D'après " Mammal Ate Termites Before Anyone Else Did -Study
", dépêche Reuters du 4 avril 2005 lue à
story.news.yahoo.com/news
Si utiles à la science, les drosophiles (Drosophila melanogaster
et plusieurs espèces voisines, en fait) nuisent à l'agriculture
et à l'arboriculture. La mouche pond dans les fruits éclatés,
son asticot s'y développe, le fruit - qui aurait pu devenir jus, poudre
ou confiture - est bon à jeter (et ses voisins dans la caisse ou le
tas aussi).
Pour réduire ses populations rurales, la lutte autocide apparaît
la plus indiquée : il s'agit de lâcher des mâles
modifiés (traités aux rayons X) de telle façon que,
s'accouplant avec une femelle " sauvage ", cette dernière ne ponde
pas. L'Agence internationale de l'énergie atomique et l'Organisation
des Nations unies ont encadré dans ce but la réalisation -
dans le cadre d'un programme israëlo-jordano-palestinien - d'une usine
implantée dans le kibboutz Sde Eliyahou dans la vallée de
BeitShe'an (Israël).
D'après " Israël et la Jordanie déclarent la guerre
aux drosophiles ", Jerusalem Post, lu le 31 mars 2005 à
www.fr.jpost.com
28 mars 2005
Comme beaucoup d'objets en bois, le panneau sur lequel Lucas Cranach - dit
l'Ancien - a, vers 1520, peint Les fiançailles mystiques de Sainte
Catherine, est foré par des cossons, en l'occurrence la Petite Vrillette,
Anobium punctatum (Col. Anobiidé). De la vermoulure au pied
du retable de l'autel de la cathédrale d'Erfurt (Allemagne), dont
fait partie le tableau, a alerté les autorités épiscopales.
Lesquelles ont entrepris la lutte non point par fumigation (ou par irradiation)
mais à l'aide d'un auxiliaire biologique - déjà
employé avec succès pour désinsectiser de précieux
livres anciens.
Lariophagus distinguendus, Hym. Ptéromalidé, est disponible
dans le commerce, en Allemagne, pour combattre divers Coléoptères
des denrées - l'espèce est polyphage. Corps noir à reflets
bleutés de 3 (femelle) ou 2 (mâle) mm, appendices brun rouge.
Une piqûre d'oviscapte paralyse la larve de l'hôte dans sa galerie
; un œuf est pondu à côté, dont éclora la
larve du parasitoïde, qui se développera à ses dépens,
jusqu'à la nymphose qui aura lieu dans le matériau. L'imago
fraîchement émergé y percera un trou pour en sortir.
Le cycle dure moins d'1 mois, à 20°C, au moins.
C'est pourquoi il a fallu envelopper l'autel d'une tente et chauffer tout
doucement - pour ne pas endommager le retable - l'atmosphère avant
de procéder au lâcher de quelque 3 000 imagos de L.
distinguendus. Lesquels ont débarrassé le Cranach de la
plupart de ses amateurs internes. Une seconde opération est prévue
en été - sans l'encombrant dispositif, il fera assez chaud.
Menée sans les risques liés à la manipulation de produits
chimiques, dotée d'une bonne image - bien diffusée par les
médias -, cette opération de lutte biologique, jugée
plus que satisfaisante, est présentée comme un modèle.
D'après, entre autres, " Cranach und der Segen der Lagererzwespe
", par Lucienne Rey, dans la Neue Zürcher Zeitung du 7 mars 2005,
lu sur NZZ Online à www.nzzamsonntag.ch
Cliché de Lariophagus distinguendus à
userpage.zedat.fu-berlin.de/~ruther/images/lariofem.jpg
Les petites fourmis fourmilleront
Une étude menée par Michael Kaspari (université de
l'Oklahoma, États-Unis) et le Smithsonian Research Institute au Panama
(publiée dans les PNAS - DOI :10.1073/pnas. 0407827102)
sur 665 colonies de fourmis réparties de la région
équatoriale à la toundra indique que la taille des ouvrières
diminue sous climat chaud alors que l'effectif de la colonie augmente. On
s'attendait plutôt à vérifier que la température
élevée, permettant - dans des biotopes aux ressources alimentaires
surabondantes - un affouragement plus actif, favorise des individus plus
gros. En fait, plus il fait chaud, plus grande est la part de l'énergie
récoltée qui va à l'entretien du métabolisme
et, pense M. Kaspari, les petites formes sont plus fertiles. On aurait là
la première " loi " permettant de prédire la taille d'un individu
en fonction de deux caractéristiques fondamentales de
l'écosystème : la température et la
productivité.
En entomo-écologie pratique, on en déduit que le
réchauffement planétaire se traduira par un accroissement
d'invasions de petites fourmis.
D'après " Global warming could trigger ant invasions ", par
Shaoni Bhatttachaya, lu le 24 mars 2005 à
www.newscientist.com
21 mars 2005
À lire dans la presse :
Environnement. L'hispine a envahi 90 % des plantations de Koh Samui. Une invasion d'insectes secoue l'île aux cocotiers. Par Solenn Honorine. Libération, le 21 mars 2005.
Blattes tâtonnantes, blattes appêtissantes, blattes aguichantes
(1) Comment les blattes se débrouillent pour longer une paroi ou
contourner un obstacle dans le noir ? En palpant le terrain avec leurs antennes.
Pourquoi les petits robots (souvent hexapodes, inspirés desdites blattes)
se cognent-t-ils, voire se perdent-ils, souvent dans les zones dangereuses
qu'on les envoie explorer ? Parce que leurs systèmes de vision (cellules
photo-électriques) et/ou d'écho-location (sonars) sont
trompés par la lumière insuffisante, des écrans, de
la fumée ou des surfaces polies.
Ne pourrait-t-on pas greffer des antennes de blatte à nos robots ?
Nohah J. Cowan, professeur de mécanique à l'université
Johns Hopins (Baltimore, États-Unis) - plutôt théoricien
- a confié à un jeune élève, Owen Y. Loh -
plutôt bricoleur - la tâche de construire une antenne de robot
sur le modèle de celle de la blatte. Le prototype, vite mis au point,
est en polyuréthane moulé, enfilé dans une gaine
transparente ; il comporte 6 jauges de contrainte reliées à
un ordinateur. Celui-ci interprète les variations de la courbure
imposée à l'antenne par un objet et agit sur la direction de
l'engin pour le faire tourner avant qu'il n'aille heurter l'objet. Ce travail
sera présenté en avril 2005 à la conférence
internationale de robotique et d'automation, à Barcelone (Espagne).
Dans l'antenne de blatte, point de jauges de contraintes. Mais des
propriocepteurs. Iro Okada et Yoshihiro Toh (université Kyushu - Japon)
ont tout récemment (2004) montré le rôle d'une plage
de soies sur le scape, subdivisée en 3 parties : dorsale, latérale
et médiane. Ces soies sont des mécanorécepteurs, envoyant
des impulsions nerveuses lorsqu'elles sont fléchies (et tout le temps
qu'elles demeurent ainsi). Elles " renseignent " ainsi l'insecte, la Blatte
américaine (Periplanta americana, Orthoptère
Dictyoptère Blattidé) en l'occurrence, sur la déformation
de l'antenne, en intensité et direction, lui conférant un "
toucher " assez fin pour patrouiller dans les recoins les plus
sombres.
D'après, entre autres, " Artificial Antenna Helps'Cockroach
Robot " Scurry Along Walls. Communiqué de presse deJohns Hopkins,
lu le 11 mars 2005 à www.scienceblog.com
(2) Un poisson bông lau (une espèce de poisson-chat de l'estuaire
du Mékong) fut un jour trouvé avec une blatte dans l'estomac.
Pourquoi continuer à l'appâter avec du bœuf faisandé
assaisonné aux herbes, se dirent des pêcheurs ? Essayons la
blatte ! Effectivement, la pêche fut meilleur eet un certain M. Binh
de délaisser l'halieutique pour l'entomologie (appliquée).
M. Binh, désormais, attrape le cafard chaque nuit. Il travaille au
piège alimentaire, soit un torchon imbibé de mélasse
entortillé au bout d'un bâton de façon à introduire
l'engin de capture (appétissant et collant) dans une bouche
d'égout., lequel, retiré après un temps égal
à celui qu'il faut pour griller une cigarette, est secoué dans
une cage. Une bête vivante et en bonne forme est vendue 100 dôngs
aux pêcheurs.
Aux 5e et 6e mois lunaires, la pêche au Pangasius krempfi
(Pangasidé euryhalin) bat son plein et M. Binh a deux assistants,
rémunérés à la
pièce.
D'après, notamment, " Chasser le cafard, c'est bon pour le
moral ", Le Courrier du Vietnam, lu le 12 mars 2005 à
lecourrier.vnagency.com.vn
(3) Amateur de recoins,
d'humidité,
de mélasse ou d'attractifs alimentaires en gel-qui-ne-coule-pas
concoctés par les fabricants d'appâts empoisonnés…,
Monsieur Blatte germanique préfère irrésistiblement
la phéromone émise par Madame, qu'il détecte grâce
à des sensilles disposées sur ses antennes. L'existence d'une
telle molécule et la localisation de la glande émettrice sont
connues depuis 1993. Wendell S. Roelofs et ses collaborateurs de
l'université Cornell (Etats-Unis) viennent de la caractériser,
à partir des pygidiums de 15 000 femelles vierges de Blatella germanica
(Orthoptère Dictyoptère Blatellidé). Isolées
par chromatographie en phase gazeuse, les substances candidates ont
été éprouvées vis-à-vis de femelles dans
des olfactomètres en Y puis, pour les plus prometteuses, vaporisées
sur une antenne (une vraie, vivante, prélevée sur un mâle)
reliée à une électrode. L'étude des antennogrammes
a permis d'identifier la phéromone femelle de rapprochement des sexes
à l'isovalérate de gentisyl quinone.
Reproduite par synthèse, la molécule a été
baptisée blatellaquinone. On lui promet un bel avenir dans la
désinsectisation. Les premiers essais, menés dans une porcherie
infestée, ont permis de vérifier l'attractivité de
l'appât sexuel sur les seuls imagos mâles de la Blatte germanique
; ils laissent entrevoir également que le dosage sera
délicat.
Article source : Nojima S., Schal C., Webster F.X., Santangelo R.G.,
Roelofs W.L., 2005. Identifiction of the Sex Pheromone of the German Cockroach,
Blatella germanica. Science, 307, 1104-1106.
Blatella germanica, dessin de Claire Brenot ,
Le Courrier de l'environnement de
l'INRA, n° 28, p. 47.
NDLR : chez la Blatte de Madère, Leucophaea
(Rhyparobia) maderae (Blabéridé),
ce sont les mâles qui produisent, par leurs organes sternaux, la
phéromone de rapprochement des sexes, un cocktail de molécules
dont le dosage distingue, aux antennes de la femelle, les dominants des
dominés... (J.P.Farine et al., Coll.UIEIS, Rennes, 6-9 septembre
2004).
10 mars 2005
C'est un fourmillarium. La NASA l'a mis au point pour étudier les
effets de la microgravité et en a confié la surveillance à
des écoliers ; 15 fourmis moissonneuses Pogonomyrmex occidentalis
(Hym. Formicidés) ont été promues spationautes et
propulsées dans l'espace ; leur aventure et sa fin catastrophique
- avec le crash de Columbia, le 2 février 2003 - ont été
relatées par les meilleurs médias : en Épingle,
sous le titre " Fourmis
spationautes " (en ligne à ) et Le Courrier de l'environnement
de l'INRA, n°48, rubrique Brèves. Le fabricant Zibbers inc.
en a conçu une version civile et l'a présenté au dernier
salon du jouet de Toronto (Canada). Il s'appelle AntWorks.
C'est une cuve transparente remplie d'un gel également transparent
(et garanti non toxique), accompagnée d'une loupe et d'un petit livret
(mode d'emploi, faits intéressants à propos des fourmis). Le
jouet fonctionne à partir du moment où l'on a rajouté
quelques fourmis (ramassées aux environs ou achetées à
un fournisseur). Pas besoin de nourriture, ni d'eau (tout est dans le gel
spécial) : il n'y a plus qu'à regarder les fourmis s'affairer
dans les galeries qu'elles auront tôt fait de
creuser.
Le jouet n'est pas durable. Au bout d'un ou deux mois, il faudra
redébourser 32 $ pour une nouvelle cuve garnie.
D'après, entre autres, " Toy fair predicts what kids will want ",
Toronto Star, lu le 18 février 2005 à
www.thestar.com
Photo de l'engin à
www.neurotoys.com/antworks.html
La National Science Foundation (Etats-Unis) finance un programme de recherche
de cinq ans sur les moyens d'améliorer la coopération entre
les intervenants pendant les secours suivant une catastrophe. Une partie
de 2,37 millions de dollars ira aux entomologistes de l'équipe,
dirigée par un ingénieur en génie civil, Feniosky Pena-Mora.
En effet, on attend des enseignements de la part de deux espèces
d'Hyménoptères sociaux, l'Abeille domestique (Apis mellifera,
Apidé) et la Fourmi de feu Solenosis invicta (Myrmiciné). Ces
insectes réagissent efficacement à des situations critiques
en fonction d'informations partielles et locales sur la situation et le
comportement du groupe est la résultante d'un petit nombre de
réctions stéréotypées.
Pour l'heure, aucun programme utilisable n'a été conçu
s'inspirant des abeilles (pour résoudre des problèmes logistiques)
ou des fourmis (propagation des alarmes). L'équipe pluridisciplinaire
s'y attaque avec méthode et prudence.
D'après le communiqué de presse de l'université de
l'Illinois, à Urbana-Champaign, lu le 3 mars 2005 à
www.eurekalert.org
La fourmi de feu, en attendant d'aider à mieux gérer
l'assistance aux victimes, sert à produire des sculptures, comme l'a
publié Insectes (n°122, 2001) : " Les fourmilières
citadelles… ", par Claire Minost, en
ligne
La Fourmi de feu, envahisseur très redoutable, est, entre autres,
épinglée sous " Dehors les rouges ! ", dans la
série 2004.
… D'une part, symboliquement. Une députée au parlement
de l'Alabama (États-Unis) a déposé un projet de loi
visant à décerner à la reine de l'Abeille domestique
(Apis mellifica, Hym. Apidé) le titre d'insecte officiel de l'État.
Jusque-là, c'est Le Monarque (Danaus plexippus, Lép.
Nymphalidé) qui est installé à cette place éminente,
ce depuis 1989. L'apiculteur qui a suggéré à Sue Schmitz,
notre députée, cette tentative de coup d'état, veut
qu'on " mette l'accent sur les millions de dollars qu'apporte l'apiculture
à l'économie de l'Alabama " et refuse catégoriquement
une dyarchie : le Monarque sera détrôné. Et alors ? Sue
Schmitz a répondu " Il ne rapporte rien ". La commission des affaires
agricoles du parlement a approuvé la proposition - qui pourrait être
refusée par le gouverneur.
… D'autre part, réellement. Selon les dernières observations,
les papillons du Monarque hivernant au Mexique dans les forêts proches
d'El Rosario sont moins nombreux que jamais. Les effectifs fluctuent, certes,
d'une année sur l'autre mais, depuis dix ans, la tendance à
la décroissance est évidente. Dans ces forêts sanctuaires,
les papillons s'installent plus haut en altitude, s'exposant ainsi au froid
; ceci du fait du grignotage des forêts plus basses par des bûcherons
clandestins opérant de nuit et armés. Plus au nord, sur le
sous-continent, la plante nourricière du Monarque, l'asclépiade
est une mauvaise herbe, détruite volontairement ou non
(aménagements) et les chenilles subissent les traitements insecticides
appliqués sur les cultures.
Le Monarque, papillon familier et aimé en Amérique du Nord,
aux étonnantes migrations, voit son environnement lui devenir de plus
en plus défavorable.
D'après " Buzz off, Butterfly ", par David White, lu le 4 mars2005
à www.al.com/birminghamnews
PS : en Alabama, le poisson d'État est l'achigan à
grande bouche, le buisson d'État est la ronce et l'arbre d'État
le pacanier.
D'après " Biolgists Fret as Mexico Butterfly Numbers Dive ",
par Catherine Bremer. Dépêche Reuters lue le 4 mars 2004, à
news.yahoo.com
À cliquer : " Fin de règne ", Brève du Courrier de
l'environement de l'INRA n°51, février 2004,
en
ligne.
Les insectes, animaux à symétrie bilatérale, ont leurs
appendices et, à part le tube digestif, leurs organes pairs (ou
formés de deux moitiés soudées). Presque tous et…
en général. Depuis Léon Dufour (publication de 1825),
chaque étudiant en entomologie sait que les Carabidés de la
tribu des Harpalini n'ont qu'un testicule. Dans le numéro d'avril
du Journal of Morphology, on lira que, suite à l'examen de
spécimens de 820 espèces de Carabidés, il appert que
174 espèces ont leurs mâles tous monorchides, dépourvus
du testicule gauche. Ces espèces appartiennent, outre aux Harpalini
sus-nommés, aux Abacetini et aux Platynini.
Pourquoi cette anomalie - qui ne gène en rien les individus ? Le serpent
n'a qu'un poumon, en liaison avec sa forme effilée ; la plupart des
oiseaux n'ont qu'un ovaire fonctionnel, ce qu'on met en rapport avec
l'acquisition de capacités de vol. Et pour nos coléos ? Ça
leur est arrivé au Crétacé (il y a 100 millions
d'années) et ils ne l'ont pas hérité ; ces tribus
étaient déjà différentiées. Bref, on ne
sait pas mais c'est une trouvaille de l'entomologie classique - pour une
fois, la biomol n'y est pour rien !
D'après " Three major beetle groups come up one testicle short
", communiqué de presse de l'université de Californie (Berkeley),lu
le 8 mars 2005 à www.scienceblog.com
Des Platynini du Canada à
www.cbif.gc.ca/spp_pages/carabids/phps/image6_f.php
Illustration : un Harpalini ravageur, l'Harpale du fraisier, Ophonus
pubescens. Dessin Lemaitre/INRA.
5 mars 2005
Un grileiro, au Brésil (état de Para), n'est pas un
gentil éleveur de grillons. C'est d'abord un faussaire qui fabrique
des documents de propriété anciens en enfermant le papier qu'il
vient d'écrire dans une bouteille avec des grillons. Les excréments
des Orthoptères salissent le document qui peut, ainsi patiné,
passer pour authentique et servir à redessiner le cadastre.
Le grileiro, ensuite, est un assassin. Il lui faut en effet " nettoyer
" le terrain des paysans qui l'occupent, tâche sous-traitée
à des pistoleros.
D'après " Crimes de terre ", par Chantal Rayes, Libération
du 4 mars 2005.
Dans le but de mieux comprendre le fonctionnement du génome humain,
le National Human Genome Research Institute (NHGRI) poursuit son programme
de séquençage de plusieurs animaux : le ouisiti, le rat, la
raie, l'aplysie et… trois insectes.
Rhodnius prolixus (Hém. Triatomidé), une punaise
sud-américaine qui a déjà beaucoup donné à
la science des régulations hormonales est vecteur de Trypanosoma
cruzi, agent de la maladie de Chagas. Le Puceron vert ou rose du pois,
Acyrtosiphon pisum (Hém. Aphididé), est un cas d'adaptation
rapide aux insecticides. Le parasitoïde Nasonia vitripennis (Hym.
Ptéromalidé), remarquable par sa bizarre reproduction (il
possède un chromosome parasite absolu), est surtout un auxiliaire
lutte biologique prometteur, contre les mouches, entre
autres.
D'après " Ouistiti, rats, raie et insectes " par Lydia
Archimède, Le Quotidien du médecin du 3 mars 2005, lu à
www.neuropsy.fr
Cliché R. Coutin/OPIE :
A. pisum
25 février 2005
Le termite Cryptotermes domesticus (Dictyoptères Isoptères
Kalotermitidés) est capable d'apprécier la taille du morceau
de bois qu'il creuse en interprétant les vibrations provoquées
dans le matériau par l'action de ses mandibules. On savait que ce
termite préfère les petits morceaux de bois - et on se demandait
bien comment il les repérait, à l'aveuglette bien sûr.
Des chercheurs australiens (entomologistes du Commonwealth Scientific and
Industrial Institute Resarch Oragnisation et ingénieurs militaires)
ont mesuré la fréquence des ébranlements dans du bois
foré par un termite : 7,2 kHz si le morceau fait 20 mm de long, 2,8
kHz pour 160 mm. Ayant le choix, les termites vont bien vers les morceaux
courts et cette attraction est nettement renforcée si l'on amplifie
le son.
Pourquoi ce choix ? Sans doute, au cours de son évolution, C.
domesticus s'est "voué" aux petits morceaux, pour lesquels la
concurrence est faible et/ou qui, facilement transportables, permettent une
dispersion plus efficace. Ces sons jouent par ailleurs un rôle dans
l'évolution de la colonie, en diminuant la proportion de neutres qui
évoluent en mâles et femelles et en évitant ainsi des
compétitions destructrices.
Et chez Homo sapiens ? Il a développé la vibro-acoustique pour
évaluer les qualités des matériaux, dont le bois ; et
la détection acoustique des xylophages, dont tout spécialement
les termites de façon à les éradiquer chimiquement.
Certes, mais à propos de ce qui est intéressant du point de
vue alimentaire ? Tapant sur un tonneau, il repère celui qui est le
mieux rempli, mais ignore où est le meilleur vin. Ceux qui choisissent
les melons les plus mûrs - les plus sucrés donc les plus
goûteux - en les tapotant égalent les termites.
Les termites (comme nous) associent en fait les informations de plusieurs
natures pour choisir leur mets : odeurs du matériau, phéromones,
texture, dureté et… vibrations provoquées par des concurrents,
etc.
Déjà, on entrevoit le moyen de lutter acoustiquement contre
ces pestes : en leur diffusant le son d'un très long bâton pour
qu'ils partent à la recherche de petit bois. Ceci en veillant à
ne pas énerver ou rendre malades les habitants humains de la maison
en bois.
D'après, entre autres, "Good vibrations rule the temites's
word", par Emma Young, The New Scientist, lu le 23 février 2005 à
www.niewscientist.com
Article source : Evans T.A., et al., 2005. "Termites assess wood size by
using vibration signals". Proc. Natl. Acad. Sci. USA, 10.
À propos de l'acoustique du melon :
"Percussion",
Brève du Courrier de l'environnement de l'INRA n°37 (1999).
Publiée dans Insectes n°136
Les bandes larvaires et les essaims de criquets sont tristement
célèbres et redoutés. Cette façon de se
déplacer en groupes immenses qui dévorent tout sur leur passage
a, par rapport à une dispersion plus lâche, des avantages qu'une
étude nord-américaine vient de révéler. Celle-ci
a consisté à marquer et à suivre des individus de la
Sauterelle mormone, Anabrus simplex (Orthoptères
Tettigoniidés), grâce à l'usage d'émetteurs radio
très miniaturisés (pesant moins de 0,5 g) collés -
jusque-là toutes les tentatives avaient échoué, les
individus marqués disparaissant dans la masse de leurs
congénères - on a pu noter le devenir de chacun des
échantillons, qu'ils soient laissés dans la bande ou posés
l'écart.
Au bout de deux jours, toutes les sauterelles remises dans la bande sont
en vie, tandis que plus de la moitié de ceux qu'on avait
écartés avaient péri, croqués par un animal.
On a retrouvé leur radio abîmée, avec quelques restes
de leur corps ou accrochée dans des buissons. Dans deux cas, le tout
a dû être emporté par des oiseaux.
La vie dans la troupe, bien plus sûre, a un coût : une
compétition très forte pour la nourriture et du cannibalisme,
tout individu handicapé étant dévoré par ses
voisins.
Cette expérience fait partie d'un travail plus vaste, à la
recherche de moyens de prévoir le "comportement" des bandes de
sauterelles, criquets et autres sauteriaux de façon à mieux
organiser leur destruction.
D'après un communiqué de presse de l'université
de Caroline du Nord, lu le 17 février 2005 à
www.eurekalert.org.
Sur la Sauterelle mormone, voir l'Épingle
"Utah d'urgence" .
Publiée dans Insectes n°136
Cela fait longtemps qu'on se demande pourquoi la plupart des insectes
s'arrêtent régulièrement de respirer pendant plusieurs
minutes d'affilée. Serait-ce pour éviter la déperdition
d'eau ou, dans le cas des formes souterraines, pour purger les trachées
du gaz carbonique en excès ?
Timoty Bradley (univeristé de Californie à Irvine,
États-Unis) et Stefan Hetz (université Humboldt, Allemange)
publient dans le numéro de février de Nature une explication
plus générale et plus convaincante : les insectes se
protègent ainsi d'un excès d'oxygène, qui risquerait
d'endommager leurs cellules. Le système respiratoire des insectes
(stigmates, trachées, trachéoles…) est grosso modo
adapté à la demande maximale d'oxygène durant l'effort
(vol, course, nage…) ; au repos, il est "surdimensionné".
À partir de mesures respirométriques (volumes gazeux) et d'analyses
des gaz dans les trachées (au moyen de fines sondes) effectuées
sur des chrysalides d'Atlas (Attacus atlas, Lép.
Saturniidés), les deux entomophysiologistes ont montré que
l'insecte est capable de maintenir la pression partielle de l'oxygène
entre 4 et 5 kPa. Ceci représente le quart de ce qui existe dans l'air
ambiant et n'augmente pas, même si l'on enrichit l'air respiré
en oxygène.
Reste à examiner ce qui se passe chez les espèces qui ne
présentent pas ces arrêts respiratoires, les Coléoptères
xérophiles des déserts, par exemple. Quant aux applications,
pour T. Bradley et S. Helz, ce seront des insecticides plus
efficaces…
D'après, notamment, "Why insects stop breathing", Science Blog, lu
le 15 février 2005 à www.scienceblog.com
Publiée dans Insectes n°136
14 février 2005
Ce sera peut-être le titre d'un livre pas forcément pour les
enfants, celui d'une rubrique sur ce site, d'une chronique dans la revue
ou encore d'un cédérom.
Pour l'heure, il est " pris ", par une équipe indienne de hockey de
Bangalore, dont les dernières tribulations lors de la coupe du Premier
ministre sont relatées sur
Web
India 123, dans un français rigolo et fort peu compréhensible,
écrit par un robot traducteur visiblement aussi peu compétent
que moi en hockey.
Pour la saint Valentin, tout média se doit de proposer une histoire
d'amour. La nôtre se passe en Amérique du Nord, dans les montagnes
du Colorado, chez la gent Cyphoderris strpitans (Orthoptère
Haglidé), une sauterelle brachyptère.
Nous sommes fin mai, début juin. Le garçon, perché sur
un buisson, séduit une belle par son chant (des trilles à 13-13
kHz). Il s'approche et, pendant qu'il la connaît et - l'histoire naturelle
des Ensifères ne s'attarde pas sur cette étrangeté-
celle-ci lui baise les pieds. Plus tard, ils auront beaucoup d'enfants et
le jeune homme restera longtemps fidèle et chaste.
L'entomologiste, de son célèbre et redouté œil
précis autant que froid, décrit que la femelle, grimpée
sur le dos du mâle, tout le temps du transfert du spermatophore, perce
de ses mandibules l'extrémité des pattes postérieures
du mâle et boit l'hémolymphe qui s'écoule des blessures.
Il constate que les chances de ce mâle de féconder
ultérieurement une autre femelle sont fortement réduites, car
il manque visiblement d'énergie. Et ceci pas à cause du coût
de la fabrication d'un nouveau spermatophore mais en conséquence directe
de la ponction pratiquée par la femelle. On l'a montré en
relâchant dans la nature des mâles auxquels on avait
prélevé de l'hémolymphe : leurs performances copulatrices
ont été bien plus tardives que celles des témoins.
Et Monsieur, que retire-t-il de l'épreuve ? Pour Andrew Clark,
thésard au labo d'écologie comportementale de l'université
MacMaster (Canada), la femelle, occupée, reste tranquille et le transfert
du spermatophore va jusqu'à son terme.
D'après, entre autres, lecommuniqué de presse de
l'universit ééde MacMaster, lu le 14 février 2005 à
www.mcmaster.ca
Une fiche illustrée (en anglais) sur les Halgidés (petite famille
néarctique de 5 espèces) à
tolweb.org/tree?group=Haglidae&contgroup=Ensifera
11 février 2005
À lire dans la Toile :
La biodiversité des pollinisateurs est indispensable
Futura
Sciences, le 11 février 2005
La biodiversité au service de la lutte biologique… et
réciproquement (Jean-Claude Malausa et Elisabeth Tabone)
Dossier
L’INRA au Salon International de l’Agriculture - Biodiversité
des agrosystèmes et des écosystèmes.
Le rêve de l'entomo-faunisticien de terrain ? Un ordinateur portable
muni d'un périphérique ad hoc qui analyse l'ADN de tout
insecte rencontré (et capturé et de la famille malheureusement
immense des Aucunidés) et qui affiche le nom de la bête, sa
position systématique et une fiche complète (celle de
HYPPZ si c'est un ravageur européen
des cultures). Faudra-t-il écraser le spécimen ?
La question n'est pas là. Si le CBOL (Consortium for the Barcode of
Life, créé en 2004) annonce le démarrage de plusieurs
programmes d'étiquetage génétique (les 15 000 et 8 000
espèces connues de poissons de mer et d'eau douce, les 10 000
espèces d'oiseaux, 10 000 espèces de plantes du Costa Rica),
la séduisante entreprise n'est pas sans risques.
Risque d'achever de dégoûter ceux qui, encore, s'efforcent
d'apprendre à déterminer, ainsi que les rares systématiciens
en formation.
Risque d'erreurs : un tel système ne pourra pas, de façon simple,
prendre en compte les espèces en formation ni les hybrides.
Le monde des insectes est bien plus complexe que le contenu d'un
supermarché et l'expression " code barres " déjà
employée couramment pour désigner l'identification au niveau
de l'espèce par analyse d'une courte séquence d'ADN est bien
mal venue.
D'après " Science intends to tag all life
", par J. Amos, BBC News, lu le 11février 2005 à
newsvote.bbc.co.uk
Le site du CBOL est à
barcoding.si.edu/index_detail.htm
Dessin C.V./A.F. repris du Courrier de l'environnement de
l'INRA
La fourmi omnivore (nectar extrafloral, miellat, crottes d'oiseaux…)
Cephalotes atratus (Hyménoptère Formicidé
Myrmiciné) vit en haut des arbres - plutôt sur les lisières
- en Amazonie, établissant ses nids à grande hauteur. Elle
est connue pour sa territorialité et pour les étonnantes symbiose
qu'elle entretient, d'une part, avec Tragopa peruviana
(Hémiptère Membracidé), opophage sur Isertia
haenkeana et qui ressemble assez, forme et couleur, au gastre de cette
fourmi, et, d'autre part, avec des bactéries qu'elle héberge
dans son tube digestif.
Ses ouvrières ont, par ailleurs, des capacités étonnantes
pour, en dirigeant leur chute en une sorte de vol plané en J, abdomen
en avant, se retrouver sur le tronc de l'arbre qui porte leur nid. Des individus
délogés de la canopée par le vent et atterrissant ailleurs
sont voués à la mort, incapables de rejoindre leur colonie.
80% des fourmis " réussissent leur coup " et le succès est
indépendant de la position initiale de l'insecte, de l'emplacement
de la branche et la distance au tronc du point de départ.
Ceci a été montré par Stephen P. Yanoviak, du laboratoire
d'Entomologie médicale de l'université de Floride, à
Vera Beach, en suivant et en filmant des ouvrières marquées
à la peinture blanche. Un travail exposé à la réunion
annuelle de la Florida Entomolgical Society et publié dans
Nature. D'autres fourmis arboricoles planent en tombant, mais pas
aussi bien.
D'après, entre autres, " Des fourmis qu chutent des arbres
retombent saines et sauves ", Canoë, lu le 10 février 2005 à
www2.infinit.com
Photos et fiche (en anglais) à
www.evergreen.edu/ants/genera/cephalotes/species/atratus/atratus.html
Bacillus thuringiensis, bactérie de la faune du sol, est un
célèbre et précieux auxiliaire de lutte (microbioloqique)
contre de nombreux ravageurs des cultures et des forêts (chenilles,
larves de Coléoptères…) et vecteurs de maladies (moustiques).
Selon la souche, il est mortel pour tels ou tels insectes. On utilise en
fait la toxine qu'il sécrète, en la produisant en fermenteurs
ou en modifiant génétiquement des plantes pour qu'elles la
fabriquent in situ. Bt n'a aucune action sur les
Vertébrés.
La cause de cette spécificité fort intéressante
résiderait dans la possession, par les insectes, d'une molécule
particulière servant de récepteur à la toxine de Bt
au niveau de la paroi de l'intestin moyen. Les vertébrés en
sont dépourvus.
Ceci vient d'être vérifié et précisé, par
une équipe de l'université de Californie, à San Diego
(États-Unis), sur… un nématode, Caenorhabditis
elegans, bête de laboratoire à peu de cellules et facile
à manipuler (génétiquement) pour faire varier ses
propriétés.
Il y aurait en fait deux molécules réceptrices (protéine
et glycolipide) dont les rôles respectifs restent à préciser.
Ceci ouvre des perspectives en lutte : détecter précocement
chez l'insecte-cible une modification de ce(s) récepteur(s) de façon
à adapter le traitement, développer un Bt qui se lie à
l'une ou l'autre de ce molécules, ou combiner deux Bt
différents…
La sélection d'individus résistants dans les populations d'insectes
indésirables régulièrement traités - due à
la perte de l'une et/ou l'autre de ces molécules réductrices
- est, en dépit de stratégies ad hoc comme le maintient
de zones refuges, un gros obstacle actuellement à l'emploi durable
du Bt.
D'après " Discovery May Help Extend Life of Natural Pesticide
", Medical News Today, lu le 11 février 2005 à
www.medicalnewstoday.com
9 février 2005
À lire dans la presse :
Entomologie. Des chercheurs danois découvrent dans les excréments
de l'insecte le secret de leur pacte. Le champignon et la fourmi à
la vie à la mort
par Corinne Bensimon,
Libération,
8 février 2005.
Lepiotacée et Formicidé Acromyrmex
Le Brésil n'est pas prêteur. Les lois contre la biopiraterie
limitent les échanges scientifiques
par Corinne Bensimon,
Libération,
8 février 2005
la recherche sur les fourmis champignonnistes (lire ci-dessus) peut-elle
nuire à la biodiversité ?
La dionée attrape-mouche, un végétal vif comme l'éclair, par Jean-François Augereau, Le Monde du 1er février 2005.
À lire dans la Toile :
Le criquet Laupala, champion de l'évolution. Infosciences, 2 février 2005.
Encore un triste exemple d'insecte - un joli petit bupreste - introduit qui
s'installe, se répand et se rend insupportable sans qu'on sache trop
quoi faire pour le combattre efficacement. L'Agrile du frêne, signalé
pour la première fois en 2002 dans le Michigan (États-Unis),
a gagné l'Ohio et, au Canada voisin, l'Ontario. Agrilus
planipennis (Coléoptère Buprestidé) est originaire
d'Asie du Nord-Est où il reste très discret. L'espèce
est univoltine, les adultes volant et pondant en juin. La larve creuse une
galerie sous-corticale en S qui interrompt la circulation de la sève
: un arbre infesté est tué en deux ans. Son arrivée
en Amérique du Nord s'est faite - de façon très classique
- à la faveur de l'importation de bois d'emballage mal
contrôlé, sansdoute une ou deux décennies avant sa
découverte. La menace est très sérieuse, les frênes
(4 espèces) font partie du paysage - ils constiutuent souvent le quart
des boisés de la région - et concourent à la richesse
floristique des lieux ; ils fournissent un bois d'œuvre apprécié
- et pas seulement pour la fabrication des battes de baseball. Rien que dans
la région de Détroit, 15 millions d'arbres ont été
détruits.
La lutte - qui vise l'éradication de l'envahisseur - fait appel
principalement à l'aménagement de " coupe-feu ", de zones
d'où on a éliminé tous les sujets de Fraxinus,
à la frontière de l'aire déjà infestée.
La détection du ravageur est difficile, l'observation directe des
arbres est moins efficace que l'installation d'arbres pièges,
écorcés et englués (que l'on détruit ensuite).
Mais l'Agrile du frêne saute ces barrières en camion,
transporté avec le bois de feu - pratique pourtant prohibée.
La lutte biologique fait l'objet d'études. Curieusement, le cortège
des ennemis de l'Agrile du frêne est plus riche dans son aire
d'introduction qu'en Chine. Dans le Michigan, deux Hyménoptères
parasitoïdes ont été repérés, Balcha
sp. (Eupelmidé) et Pedobius sp. (Eulophidé), ainsi
que des Coléoptères prédateurs, Enoclerus sp.
(Cléridé), Catogenus rufus (Passandridé) et
Tenebroides sp. (Trogositidé), et aussi quelques champignons
entomopathogènes. En Chine, l'endoparasitoïde grégaire
Tetrastichus sp. (Eulophidé) et l'ectoparasitoïde
Spathius sp.(Braconidé) sont seuls présents, en petits
nombres. Tous ces genres sont difficiles, les spécialistes manquent.
À ce stade, si l 'on s'interdit la lutte chimique intensive, on ne
peut que renforcer le confinement, en intensifiant la détection et
en faisant appliquer les restrictions au transport de grumes et de branches
de frêne hors des zones déjà
atteintes.
D'après, notamment, Houping Liu et al., 2003. Exploratory
survey for the emerald ash borer, Agrilus planipennis (Coleoptera:
Buprestidae), and its natural enemies in China. The Great Lakes
Entomologist, 191. En ligne à
www.ncrs.fs.fed.us/pubs/jrnl/2003/nc_2003_liu_001.pdf
Planche de photos à
www.na.fs.fed.us/spfo/eab/img/img.htm
Fiche " De beaux insectes meurtriers " (avec le Longicorne asiatique) à
www.treecanada.ca/killers_f.htm
Arrivant en Birmanie, Sœur Numpa Wattanapong, une Thaïlandaise
membre de la congrégation des Sœurs de l'Enfant Jésus,
est frappée par l'aspect chétif de ses élèves
du petit séminaire. Manque de protéines, diagnostique-t-elle.
Mais la viande est trop chère. Elle rapporte donc de chez elle (en
avion) " huit familles composées chacune de quatre femelles et d'un
mâle " de sauterelles [espèce non précisée], les
fait croître et multiplier (en veillant bien à les protéger
des fourmis) et met ces Orthoptères au menu de la cantine.
Sœur Numpa se désole des bruits qui courent selon lesquels les
petits séminaristes seraient là plus pour les (maigres) avantages
matériels offert (elle a également monté une ferme aquacole
et un élevage de grenouilles) que pour y " vivre une foi
véritablement intense ".
D'après " Birmanie : au petit séminaire, des sauterelles
pour fortifier les étudiants ", dépêche Zenit.org datée
de la Cité du Vatican, 3 février 2005, lue à
www.catholique.org
31 janvier 2005
La Réglementation postale internationale stipule que les animaux vivants
sont interdits dans les envois postaux mais que " sont toutefois admis, dans
les envois de la poste aux lettres :
- les abeilles, les sangsues et les vers à soie ;
- les parasites et les destructeurs d'insectes nocifs destinés au
contrôle de ces insectes et échangées entre les institutions
officiellement reconnues ;
- dans les colis, les animaux vivants dont le transport par la poste est
autorisé par la réglementation postale des pays
intéressés. "
À partir du 1er mai 2005, il sera autorisé d'envoyer
des drosophiles vivantes par la poste. Celles-ci voyagent depuis un siècle
en grands nombres entre laboratoires (et un peu aussi, vers les terrariophiles),
groupées par 10 adultes dans de petits tubes bouchés par un
coton, avec une provision de polenta sucrée.
Outil de multiples recherches, Drosophila melanogaster (Diptère
Drosophilidé) existe en de très nombreuses souches qu'on ne
peut maintenir que par leur élevage (la droso ne se congèle
pas) et qui font l'objet d'échanges soutenus.
Un chercheur états-unien, dans l'ambiance de l'après-11-Septembre,
avait demandé si l'envoi postal de drosophiles était légal.
La réponse, à la surprise générale, était
non…D'où cet avenant au Règlement.
D'après, notamment, " Drosophila voyagera désormais
légalement par la poste ", par Anne-Marie Brouet, La Tribune de
Genève, lu le 30 janvier 2005 à
www.tdg.ch/
24 janvier 2004
À lire dans la presse :
Mobilisation contrastée des associations, Caroline de Malet,
Le
Figaro du 24 janvier 2005.
L'avis de 6 grandes associations, dont l'OPIE.
Alerte à la biodiversité menacée, par Hervé
Kempf,
LeMonde
du 22 janvier 2005.
A l'initiative de Jacques Chirac, une conférence internationale
réunit à Paris, à partir du 24 janvier, responsables
politiques et experts scientifiques.
L'article débute ainsi : " Le brachyta borni est un capricorne très
paisible de l'ordre des coléoptères, qui présente une
singularité : il n'existe vraisemblablement qu'en un ou deux lieux
[...]
Image De B. borni (Coléoptère Lepturiné)
à
www.uochb.cas.cz/~natur/cerambyx/brachborni.htm
Au Sri Lanka, les touristes fréquentent, au nombre d'une petite centaine
par jour, le parc national de Yala. Ils étaient 150 avant le tsunami
du 26 décembre 2004. Les animaux avaient fui à temps, avertis
par un mystérieux "sixième sens", mais 42 personnes ont péri.
Les dunes côtières ont protégé le site, sanctuaire
de la nature, dont 1% a été dévasté. Le sol se
retrouve recouvert de sable et de sel, pas mal d'arbres sont écrasés
mais les acacias débourrent vigoureusement, offrant des pousses vertes
aux quelque 200 éléphants du lieu, revenus sur place, sans
doute guidés par la même faculté sensorielle (qu'on leur
envie). Idem pour les buffles, les sangliers, les daims, les crocodiles,
les singes et les oiseaux.
Tout n'est pourtant pas comme avant : plus aucun papillon ne volette
ici.
D'après " Animals, tourists retuning to Sri Lankan wildlife
park, but no butterflies ", lu le 17 janvier 2005 à
news.yahoo.com
À l'université de Californie (à Riverside,
États-Unis), Carlo Montemagno et ses collègues viennent de
réussir la fabrication d'un "ver" autonome, constitué d'une
fibre musculaire (de cœur de rat) développée sur une matrice
de polymère et collée à une plaquette (200 nm de long)
de silicium par l'intermédiaire de points en or. L'engin baigne dans
une solution de glucose où, dès qu'on le lâche, il se
met à nager, grâce aux contractions périodiques de son
"muscle".
Les médecins voient là le précurseur de nouveaux
micro-outils chirurgicaux capables de se propulser tout seuls dans le sang,
voire l'amorce de la réalisation de muscles de rechange. La NASA,
qui a participé au financement du travail, en espère
l'avènement de robots réparateurs de navettes spatiales.
L'entomologiste qui veut n'être pas en reste peut toujours essayer
de solliciter des crédits pour réaliser sur ce principe un
foreur de pomme très sucrée, un carpocapse
artificiel…
D'après " Micromachine grows its own muscle ", par Will Knight,
New Scientistdu 19 janvier 2005, lu à
www.newscientist.com
La culture du cotonnier et du piment, entre autres, coûtent cher en
insecticides. Le litre d'Avant (comme de Tracer ou de Nuvocron) ne vaut pas
moins de 10 000 roupies - nous sommes en Andhra Pradesh (Inde) et cela
fait 170 de nos euros. Parmi les cultivateurs, le bouche à oreille
préconise, pour une maîtrise suffisante des ravageurs, le Coca-Cola
(ou le Pespsi-Cola ou le Thums up…). Il en coûte 30 roupies par
maxi-bouteille - prête à l'emploi - et le traitement d'1 ha
revient ainsi à 540 roupies seulement.
Nul n'ignore les vertus antidiarrhéiques dudit soda sur Homo
sapiens et dégrippantes sur les écrous rouillés.
Quelle matière active contient-il ? Il est composé d'eau, de
sucre, d'acide citrique, d'acide phosphorique, de bulles de gaz carbonique
(éphémères), d'ingrédients secrets, d'aucune
substance tirée du cocaïer (retirée de la formule il y
a belle lurette) ; on y détecte également des résidus
de pesticides en quantité inacceptable (d'après une commission
gouvernementale).
L'effet négatif sur les insectes ennemis des cultures, attesté
par les agriculteurs, fortement mis en doute par le fabricant, est sans doute
à mettre au compte du sucre qui attire en grands nombres, exactement
là où se repaissent les phytophages, des fourmis entomophages
et les imagos de parasitoïdes. D'ailleurs, l'épandage de sirop
sucré pour favoriser les fourmis est une pratique paysanne
ancestrale.
D'après " Coca-Cola c'est aussi ça ",
L'Époque du 18 janvier 2005, lu à
french.epochtimes.com
PS : le coca est également efficace post mortem vis-à-vis des
insectes : il nettoie rapidement les pare-brise maculés.
À lire dans la presse :
La drague mortelle de monsieur grillon
Entomologie. Selon une étude parue dans «Nature», les
mâles trop bien nourris meurent plus tôt que les autres... car
ils s'épuisent à chanter pour attirer les femelles.Par Florence
Heimburger,
Libération,
6 janvier 2005.
Une étrange " poussière " gris bleu se fait remarquer, en ces
temps froids et humides, sur les dallages au jardin, les carrelages des
patios… La ménagère est au moins perplexe, le plus souvent
furieuse, surtout quand cette saleté bizarre envahit la maison. À
l'entomologiste de lui expliquer qu'il s'agit de collemboles qui pullulent
et que ce n'est pas une raison pour se précipiter sur une bombe
insecticide. La chose disparaît dès que l'atmosphère
est plus sèche et/ou que tout ce qui crée ou entretient des
zones humides domestiques est nettoyé par ladite ménagère
ou son compère jardinier, voire par le plombier.
L'entomologiste ne manquera pas de souligner l'utilité de ces minuscules
Hexapodes Aptérygotes Entognathes, mangeurs d'algues microscopiques,
de mycélium et de matière végétale morte, qui
aèrent le sol et participent à la minéralisation de
la matière organique. Et précisera, mais est-ce bien
nécessaire, que ce ne sont pas des Insectes au sens strict et moderne
du terme.
D'après " Odd-looking dirt may be insects ", texte établi
avec l'univeristé de l'État de Washington, lu le 4 janvier
2005 à www.skagitvalleyherald.com
Dessins : Entomobrya (avec furca = organe de saut) et
Onychiurus (sans).
A (re)lire : " Les insectes du sol ", par Aline Deprince, paru dans
Insectes nos 131 et 132, en ligne à
pdf/i131deprince.pdf et à
pdf/i132deprince.pdf
C'est le nom commun, au Brésil, d'une petite abeille indigène,
Tetragonisca angustula (Hyménoptère Apidé
Méliponiné), que les fraisiculteurs viennent d'embaucher comme
auxiliaire. Suite aux recherches de Katia Brage (université de Sao
Paulo) qui l'a observée butinant, récoltant, nidifiant…),
elle apparaît en effet comme débrouillarde, courageuse, peu
exigeante et résistante aux conditions des serres. Et rentable :
pollinisés par elle, les fraisiers donnent 5%de fruits
déformés, au lieu de plus de 80% avec les procédés
manuels ou mécaniques. En plus, la jatail produit un miel doux aux
vertus médicinales reconnues.
Article source : Sampaio Malagodi-Braga K., de Matos Peixoto Kleinert
A., 2004. Could Tetragonisca angustula Latreille (Apinae, Meliponini) be
effective as strawberry pollinator in greenhouses? Australian Journal
of Agricultural Research, 55(7), 771-773.
Signalé par Futura Sciences, lu le 6 janvier 2005.
Photo à
www.myrmecos.net/insects/Tetragonisca2.html
Sauf mention contraire, ces textes sont
d'Alain Fraval
B.D. : Bruno Didier
Les Épingles de collection - à consulter, page par page : Les Épingles entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles de 2001, Les Épingles de 2002, Les Épingles de 2003, Les Épingles de 2004, Les Épingles de 2005, Les Épingles de 2006, Les Épingles de 2007,, Les Épingles de 2008, Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011. - ou globalement (jusqu'à fin 2009) ici.