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Les insectes de la Belle
Époque
L'emploi des insectes et des plumes d’oiseaux
dans les travaux d’art
L'emploi des insectes dans certaines petites œuvres d'art n'est
pas chose nouvelle, et les joyaux où ils figurent et que nos
bijoutiers ont mis à la mode, ne sont souvent qu'une imitation
perfectionnée de ceux qu'on fabriquait jadis en Égypte et
dans certaines régions de l'Afrique et de l'Amérique du
Sud.
Les taupins lumineux, appelés élatérides par les
entomologistes, et dont en Europe on ne tire aucun parti, sont au
contraire très-recherchés comme ornements par les femmes
indiennes, et aussi par les créoles. Le Pyrophorus noctilucus,
espèce de luciole que l'on rencontre dans les bois de la Havane,
et que les indigènes appellent cucujos, est une des parures
favorites des élégantes de l'île de Cuba. «
Souvent,.raconte M. Chanut, les femmes placent ces insectes dans les
plis de leur blanche robe de mousseline, qui semble alors
réfléchir les rayons argentés de la lune, ou bien
elles les fixent dans leurs beaux cheveux noirs. Cette coiffure
originale a un éclat magique qui s'harmonise parfaitement avec
le genre particulier de beauté de ces pâles et brunes
Espagnoles. Une séance de quelques heures dans les cheveux ou
sous les plis de la robe d'une señora doit fatiguer ces pauvres
insectes habitués â la liberté des bois. Cette
fatigue se révèle par la diminution ou la disparition
passagère de la lumière qu'ils émettent ; on les
secoue, on les excite pour la ramener. Au retour de la
soirée, la maîtresse en prend grand soin, car ils sont
extrêmement délicats. Elle les jette d'abord dans un verre
d'eau pour les rafraîchir ;-puis elle les place dans une petite
cage où ils passent la nuit à sucer des morceaux de canne
à sucre. Pendant tout le temps qu'ils s'agitent, ils
brûlent constamment, et alors la cage, comme une veilleuse
vivante, répand une douce clarté dans la chambre.
Les pyrophores sont des coléoptères de la famille des
serricornes- et de la tribu des élatérides. On n'en
compte pas moins de soixante espèces qui toutes sont
originaires de l'Amérique du Sud ; ce sont de petits insectes
longs de 30 millimètres, et -portant de chaque côté
du prothorax, en arrière en dessus et en dessous, une tache d'un
beau jaune qui répand dans les ténèbres une
lumière phosphorescente d'un très-vif éclat. Les
naturels s'en servent pour s'éclairer le soir, et
lorsqu’ils voyagent de nuit, ils les fixent à leurs
chaussures pour guider leurs pas.
La famille des lamellicornes est celle qui fournit la plupart des
coléoptères qu'emploient nos joailliers. Les insectes ont
pour caractères distinctifs des antennes courtes
composées de neuf ou dix articles dont les trois derniers sont
lamelleux et disposés en éventail ; leur corps est
ovoïde et épais, leurs jambes antérieures sont
dentées extérieurement, et la partie antérieure de
la tête avance en forme de chaperon. Tous ces insectes sont
ailés et ont la démarche lourde ; le mâle
diffère de la femelle par des cornes ou des tubercules
placés sur la tète et le corselet, ainsi que par la
dimension plus grande des mandibules. La couleur brune et terne de
leurs élytres fait qu'on ne les utilise pas en bijouterie. Cette
famille comprend plus de 400 genres et 5 000 espèces, et se
divise en deux tribus : les scarabéidés et les lucanides.
L'espèce la plus estimée du genre scarabéide,
l'Hoplia coerulea, est un petit insecte aux élytres bleu d'azur
à reflets argentés, que l'on trouve sur les arbustes qui
bordent les ruisseaux. On en fait des pendants d'oreilles, des
bracelets, des colliers, des médaillons, des épingles de
cravate, des bagues, des boutons de manchettes, des broches, etc.
Viennent ensuite, appartenant encore â l'ordre des
coléoptères : les chrysomélines, au corselet vert
ou bleuâtre, tantôt uni, tantôt rayé de brun
doré ou de bleu ; les anoplognathes, à la tunique d'or et
d'émeraude ; les coprophages à cornes ; et enfin les
cétoines aux reflets métalliques, dont les
élytres, quelquefois unicolores, mais le plus souvent
mouchetées ou rayées, servent à fabriquer des
bijoux qui rivalisent par leur éclat et leurs riches couleurs
avec les plus belles pierres précieuses. Les cassides du
Brésil, avec leur brillante livrée d'émeraude
bordée d'or, sont également fort jolies ; montées
en boucles d'oreilles, elles séduisent autant par leur forme que
par leur éclat:
Les buprestides, genre de coléoptères de la famille des
serricornes, comprennent plusieurs espèces fort remarquables,
par la vivacité de leurs couleurs ; tels sont : le Sternocera de
Cochinchine, avec sa robe vert émeraude ponctuée de noir;
le Sternocera dé l'Inde, au corselet gorge-pigeon; et le
Chrysochroa ocellata, orné d'élytres vert-olive,
mouchetées de jaune et de rouge.
La. famille des curculionides comprend aussi un certain nombre
d'insectes merveilleux qu'on emploie souvent en joaillerie, et parmi
lesquels nous devons citer le Lordops Gryllenhalii et le Curculio
imperialis, dont la robe est sablée d'or, d'émeraude et
de diamant.
Les coléoptères ne sont pas les seuls insectes qu'on
puisse utiliser dans fabrication des bijoux et l'ornementation des
parures. On emploie aussi certains lépidoptères et
quelques hémiptères, malgré la fragilité,
de leurs élytres et le peu de fixité de leurs couleurs.
Le plus beau et le moins fragile de ces insectes est le Scutellera
signala du Sénégal, dont les élytres sont
rayées de noir et de bleu, et qui, monté en pendants
d'oreilles, produit un effet très-agréable. Enfin, les
diptères et les hyménoptères servent encore
quelquefois à donner aux fleurs artificielles une plus grande
apparence de vérité. Leur faible structure ne permettant
pas de les monter en bijoux, on se contente d'imiter leurs formes et
leur brillant coloris ; on grave leur image sur des pierres fines on
sur des métaux précieux, ou bien on imite leurs couleurs
au moyen d'émaux qui reproduisent aussi fidèlement que
possible les tons harmonieux de leur riche vêtement.
[…]
Pyrophorus noctilucus =
Cocujos = Coyouyou.
Hoplia coerulea = Hoplie bleue.
Anoplognathes = Rutélinés, rutélines.
Chrysochroa ocellata = Bupreste ocellé
Scutellera signala (Hém. Scuterellidé)
A (re)lire : Les insectes employés en bijouterie.
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