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Sous les branches de saule en la vase baignées,
Un peuple impur se tait, glacé dans sa torpeur,
Tandis qu'on voit sur l'eau de grêles araignées
Fuir vers les nymphéas que voile une vapeur.
Dort d'un sommeil sans joie et presque sans réveil,
Des êtres, qui ne sont que lumière et rosée,
Seuls agitent leur âme éphémère au soleil.
Comme nous les nommons, orgueil des calmes eaux,
Réjouissant l'air pur de l'éclat de leurs ailes,
Se fuir et se chercher par-dessus les roseaux,
Un enfant, l'œil en feu, vint jusque dans la vase
Pousser son filet vert à travers les iris,
Sur une libellule; et le réseau de gaze
Emprisonna le vol de l'insecte surpris.
Mais la frêle blessée, en un farouche effort,
Se fit jour, et, prenant ce vol strident qui cingle,
Emporta vers les joncs son épingle et sa mort.
Sa beauté s'étalât aux yeux des écoliers
Elle ouvrit pour mourir ses quatre ailes de flamme,
Et son corps se sécha dans les joncs familiers
Chaville, mai 1870.
par Anatole France. Les poèmes dorés. A. Lemerre (Paris), 1873