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PAPILLONS DE FRANCE EN LIBERTÉ
Une version résumée des réponses de T. Carabin aux questions de Bruno Didier, est parue dans le n° 186 d’Insectes, p. 31-32., sous le chapô suivant :
Photographe
et réalisateur passionné par la lépidofaune, Thierry Carabin a
travaillé 5 ans à la réalisation d’un film unique sur les Papillons de
France en liberté. Pari scientifique et esthétique réussi, mais aussi
tour de force technique à bien des égards, le film est conçu pour sensibiliser le grand
public. Son auteur s’apprête à le diffuser et à le montrer au cours de
projections-débats en s’appuyant sur un système de partenariat avec
tous ceux qui s’impliquent pour la sauvegarde de la biodiversité.
La bande-annonce du film est visible à www.creativeforceinternational.com/Papillons-de-France.htm
Quelle est l’origine et la nature de votre intérêt personnel pour les papillons (ou plus largement pour les insectes) ?
Je
m'intéresse depuis toujours à la nature, mais ma passion pour les
papillons a une origine bien précise : mes jeunes années passées
auprès de mon beau-père, Eugène Le Moult.
Fondateur d'un cabinet
entomologique connu internationalement, il possédait également sa
propre maison d'édition qui publiait et commercialisait de nombreux
ouvrages scientifiques, dont celui qu'il écrivit en collaboration avec
Pierre Réal sur le genre Morpho, et celui d'Adalbert Seitz, Les
macrolépidoptères du globe, dans sa version en français.
Je vivais
par conséquent entouré de papillons et avais un accès libre et
permanent à une collection mythique qui compta jusqu'à 7 millions
d'insectes, dont beaucoup d'espèces exotiques qui provenaient de
régions peu explorées à l'époque.
Les clients célèbres étaient
nombreux et les visiteurs parfois inattendus, comme par exemple Sergueï
Khrouchtchev (fils de Nikita Khrouchtchev). En avril 1960, alors qu'il
accompagnait son père en voyage officiel en France, il fit deux jours
de suite une entorse au programme de visite officiel pour venir
contempler quelques raretés au 4 rue Duméril (à deux pas du Muséum
national d'histoire naturelle) où je réside encore aujourd'hui.
Pendant
les petites vacances scolaires, je passais beaucoup de temps dans la
boutique du rez-de-chaussée et, à l'âge de 9 ans, j'étais déjà
familiarisé avec les différentes facettes de l'activité du cabinet.
Le
fait de pouvoir admirer une incroyable variété d'espèces m'a très tôt
donné un aperçu concret de la richesse des Lépidoptères et de la
biodiversité en général. Toutefois, n'étant ni collectionneur ni
chasseur, cela m'a avant tout sensibilisé dès cette époque à
l'observation des merveilles de la nature là où elles se trouvent en
premier lieu, c'est-à-dire sur le terrain. Les grandes vacances passées
en famille dans la propriété de Jaulhac (Cantal) étaient
l'occasion rêvée pour voir voler de nombreuses espèces dans un
environnement préservé.
Plus tard, dans le cadre de mon activité
professionnelle de photographe et de réalisateur, j'ai traité de
nombreux sujets en lien avec la nature en général (faune, flore,
paysages), notamment en Europe, en Afrique, en Amérique latine, aux
Antilles et dans l'Océan indien.
Ma passion pour les papillons ne
m'ayant quitté à aucun moment, c'est tout naturellement que j'ai mis
mon expérience en matière de prise de vue au service du film Papillons de France en liberté.
Quand et comment est né votre projet ?
En
2010, Patrick Blandin, professeur émérite du MNHN, et Gilbert Lachaume,
expert en sciences naturelles, souhaitaient présenter des photographies
dans le cadre de leur exposition Les papillons, joyaux de la
biodiversité, un très beau panorama des espèces emblématiques des 5
continents. Je leur ai alors proposé la série D'aile en aile, un ensemble de photographies que j'ai réalisées pour mettre en lumière la beauté cachée des papillons.
Après
le succès des deux premières éditions de l'exposition qui constituaient
déjà une approche bien documentée du monde des Lépidoptères, nous avons
décidé fin 2012 d'y ajouter un film qui mettrait à l'honneur les
papillons de France. Sa réalisation m'a alors été confiée et le
tournage a pu commencer au printemps 2013. La postproduction s'est
achevée en avril de cette année.
L'exposition Les papillons, joyaux
de la biodiversité telle que nous la proposons aujourd'hui comprend la
version du film qui lui était destinée.
Cependant, Papillons de France
en liberté est également disponible indépendamment dans plusieurs
versions dont la durée et le contenu sont adaptés à différents publics
et circonstances de présentation.
Quels objectifs ou contraintes vous êtes-vous fixé pour la réalisation ?
Dès l'origine le projet visait plusieurs objectifs :
- aborder la biodiversité sous l'angle de la beauté, avec pour ambition d'inciter au respect de la nature ;
- allier intérêt scientifique et attrait esthétique ;
- toucher un public aussi large que possible.
Cela
impliquait de disposer d'un contenu adéquat en termes de diversité des
espèces et des situations présentées, mais également de porter une
attention particulière au bon état des spécimens filmés et à la qualité
des images.
Quelles principales difficultés avez-vous rencontrées lors du tournage ?
Entièrement
réalisé sur le terrain, le tournage s'est réparti essentiellement sur
les années 2013, 2014, 2015 et 2016, au cours desquelles j'ai effectué
56 missions d'une durée de 2 à 7 jours chacune, représentant un total
de 230 jours. Il m'a conduit dans la plupart des régions de France.
J'ai tourné quelques séquences complémentaires en avril et juin 2017.
Une
importante préparation a eu lieu en amont. Pour cette phase cruciale,
des entomologistes de renom m'ont très aimablement apporté leur
précieux concours : Henri Descimon, Jean-Claude Weiss, Christian
Gibeaux, Christian Castelain, Stéphane Bence, Nicolas Maurel, Claude
Voinot, mais également une vingtaine d'autres que je ne peux tous citer
ici mais qui sont nommés au générique de fin du film. Je tiens à les
remercier à nouveau chaleureusement.
Pour le tournage
proprement dit, j'ai bénéficié de la présence de certains de ces
spécialistes à mes côtés au cours de 15 journées. Le reste du temps, je
me suis rendu seul sur les stations qui m'avaient été indiquées. Chacun
de mes correspondants savait que je ne chasse en aucune circonstance,
que je ne collecte strictement rien dans la nature et que je ne
divulguerais pas leurs indications.
Étant habitué à mettre en œuvre
des techniques spécifiques pour les circonstances de tournage
complexes, j'avais anticipé les difficultés que pouvait présenter le
fait de filmer les papillons de nos régions.
Je savais que j'allais
devoir m'accommoder de sujets pour la plupart de petite taille, aux
mouvements souvent vifs et imprévisibles, et que l'on ne peut pas
toujours approcher comme on le souhaiterait.
Dans ces conditions,
la réalisation de gros plans ou de très gros plans de spécimens en
action n'a rien d'évident, car contrairement à une photographie qui
fige un instant bref, une séquence demande que l'ensemble de ses
paramètres soit maîtrisé pendant une durée sensiblement supérieure.
Ceci inclut bien évidemment le délicat suivi de la mise au point, avec
une zone de netteté couramment inférieure à 1 mm dès lors que le
papillon est filmé avec un fort grossissement.
Afin de rester libre
dans le choix de mes options face à chaque situation, j'ai réalisé tous
les plans et séquences du film à main levée et en mode entièrement
manuel. Enfin, ayant choisi de ne filmer que des papillons évoluant
librement, je n'ai jamais utilisé d'appât.
Dans leur grande majorité, les problèmes rencontrés lors du tournage ont été pour moi d'un autre ordre que technique :
- consistance irrégulière des populations. Par exemple : faible densité des espèces de plaine en 2015.
- quasi absence, certaines années, d'espèces phares dans leurs localités habituelles. Par exemple : 1 seul Euphydryas maturna aperçu avec Claude Voinot en 2016, là où nous en avions observé plusieurs en 2015.
-
aléas climatiques décalant dans un sens ou dans l'autre les dates des
émergences théoriques et ne permettant pas une planification
rationnelle des missions. Par exemple : retard généralisé en 2016
(jusqu'à 1 mois pour certaines espèces), et avance en mars et
juin/juillet 2017 (jusqu'à 2 semaines pour Colias palaeno, Pontia callidice, ou Oeneis glacialis).
- prévisions météo fréquemment erronées, rendant infructueux de nombreux déplacements pourtant préparés avec soin.
-
simultanéité, dans des régions éloignées géographiquement, des périodes
de vol d'espèces intéressantes, obligeant à répartir le tournage sur
plusieurs années.
Parmi les obstacles à la réalisation de
séquences répondant aux critères requis pour le film, il faut également
mentionner :
- le faible pourcentage d'individus en bon ou
parfait état dans une colonie donnée, surtout chez certaines familles
comme les Lycénidés dont la durée de vie à l'état d'imago est courte et
qui sont particulièrement querelleurs. Une seule solution dans ce cas,
multiplier les prises d'individus d'apparence correcte et sélectionner
ensuite les individus les plus frais.
- le fait que lorsqu'ils sont
en activité, les papillons restent rarement en place plus de quelques
secondes (souvent entre 1 et 2 s, c'est-à-dire le temps qu'il faut pour
cadrer et effectuer les réglages nécessaires avant la partie
exploitable d'un plan). Lorsqu'un individu semble tranquille, il ne
s'écoule qu'un bref instant avant qu'un congénère, une guêpe ou une
abeille surgisse immanquablement pour le déloger.
- la difficulté
à bénéficier au même moment - en raison du fait que les papillons
évoluent comme ils le veulent et que les paramètres autres que ceux de
la caméra ne peuvent être maîtrisés - du bon spécimen, d'un angle
intéressant sur le sujet, de la bonne lumière, du bon arrière plan...
-
les effets du vent. Y compris quand il semble quasi absent à l'œil nu,
il devient rédhibitoire lorsque l'on filme avec de longues focales et
que le sujet occupe une grande partie du cadre de l'image.
- les mouvements inévitables qu'engendre le papillon qui butine au sommet d'une fleur.
Enfin,
les accidents dus à certains terrains peu praticables (notamment
tourbières, pentes escarpées et secteurs parsemés de pierres aux arêtes
tranchantes) ont également compliqué le tournage, se traduisant
d'ailleurs par 2 caméras cassées et une sévère entorse à la cheville.
À qui s’adresse votre film et cet objectif a-t-il évolué au fil du temps ?
À
l'origine du projet, l'objectif était de disposer d'un échantillon
représentatif des Rhopalocères (papillons diurnes) de France et de
donner un aperçu de leur vie en liberté au sein de leurs biotopes. Une
liste avait été établie en tenant compte de la diversité des espèces,
notamment au plan visuel. Il en résultait que pour des espèces très
proches, seules certaines d'entre elles étaient retenues.
Les
difficultés que j'ai évoquées précédemment (notamment le fait que
certains papillons visés n'étaient pas au rendez-vous au moment
attendu) ont fait qu'il m'est régulièrement arrivé de filmer d'autres
espèces que celles figurant sur ma liste et pour lesquelles je m'étais
déplacé, tout en ayant à revenir sur le terrain pour accomplir
correctement ma mission.
Le nombre des espèces filmées s'en est
trouvé rapidement augmenté. Ainsi, au cours de mon expédition de juin
2017 qui visait simplement la dernière espèce de ma liste initiale
(Colias palaeno), j'ai pu incidemment filmer Pontia callidice, Oeneis glacialis et Maculinea arion ssp. ligurica, qui n'étaient pas prévus au programme et n'étaient pas censés avoir émergé là où je me trouvais.
Avec
200 espèces filmées dans leurs milieux naturels depuis le niveau de la
mer jusqu'à 3 000 m d'altitude, mais aussi un nombre important de plans
et séquences d'environnement (dont des vues aériennes), et de multiples
situations saisies sur le vif (parades nuptiales, accouplements,
attitude territoriale, papillons en vol, etc.) la consistance du
matériel recueilli a permis d'envisager d'autres débouchés et de viser
de nouveaux objectifs.
Le film s'adresse maintenant a un public
encore plus large – dont les spécialistes – et permet de mettre
davantage l'accent sur la richesse insoupçonnée des espèces présentes
dans l'hexagone, lesquelles représentent plus de la moitié des espèces
que l'on peut trouver en Europe.
Il se décline aussi désormais en
plusieurs versions répondant à différents besoins comme à différentes
circonstances de présentation.
À qui ces versions sont-elles destinées et quel type de distribution avez-vous prévu pour votre film ?
La
société de production proposera dès septembre 2017 des formules de
partenariat, de parrainage et de soutien
« post-réalisation ». Cela signifie que des entreprises,
municipalités, régions, associations et autres organismes pourront
devenir partenaires d'un film entièrement réalisé (par conséquent
exempt de tout aléa concernant son achèvement) et non d'un simple
projet, comme cela est souvent le cas pour les partenariats et
subventions.
Divers avantages seront associés à ces formules qui
aideront à la diffusion du film. En effet, les partenariats et soutiens
serviront notamment à financer des projections suivies de
rencontres-débats dont les partenaires pourront fixer les lieux et les
circonstances.
Si un des objectifs de Papillons de France en liberté
est de montrer la beauté des espèces de nos régions pour inciter au
respect de la nature, le film a tout autant vocation à faciliter la
mise en avant de démarches positives.
Les formules proposées
conviendront à ceux qui veulent mettre en avant leur implication dans
la sauvegarde de la biodiversité, la protection de l'environnement ou
le développement durable et communiquer de façon originale sur ces
thèmes.
Les entreprises y trouveront un support original et attractif pour communiquer autour de leurs pratiques vertueuses.
Après
avoir suggéré que soient mises en forme plusieurs versions du film
destinées à différents publics, j'ai été mandaté par la société de
production pour envisager d'éventuelles collaborations avec les entités
œuvrant pour la protection de la nature et la sauvegarde de la
biodiversité.
Les versions concernées sont :
version commentée de 48 mn s'adressant à tous les publics, suivie d'une rencontre-débat avec l'auteur (*) ;
version commentée de 35 mn s'adressant à tous les publics, suivie d'une rencontre-débat avec l'auteur (*) ;
version
commentée de 20 mn, plus spécialement destinée aux scolaires et aux
comités d'entreprises, suivie d'une rencontre-débat avec l'auteur
(*) ;
version muette, plus spécialement destinée à une
présentation « en boucle » dans les musées et lieux
d'exposition divers.
Les autres formes de
commercialisation, de distribution et de diffusion du ressort de la
société de production sont actuellement en cours d'élaboration.
Je
souligne que les plans et séquences « dérushés » disponibles
(plusieurs heures) permettent d'envisager – sous réserve de
l'acceptation de la société de production au cas par cas – la
réalisation d'autres montages pouvant répondre à des besoins
spécifiques.
Informations pratiques
En avant-première, Papillons de France en liberté
a été projeté dans une salle de cinéma équipée d'un écran de 14 m de
base, sans que cette dimension soit une limite. Un papillon de 2 cm
d'envergure occupant ailes ouvertes la diagonale de l'écran devient
alors un insecte géant de 15 m et se découvre différemment.
Le
film peut aussi bien, selon les circonstances, être présenté sur un
écran plat de taille modeste (pour un local de petites dimensions) que
sur un écran géant.
Il constitue un point d'ancrage vivant et
attractif pour aborder des thématiques telles que les papillons, les
insectes, la nature, la biodiversité, l’écologie, les comportements
écoresponsables, le développement durable, le réchauffement
climatique...
Les papillons étant de parfaits indicateurs de l'état
de santé de notre environnement, il est également idéal pour
sensibiliser aux enjeux écologiques.
Sa projection peut se
concevoir comme un événement à part entière (avec ou sans les options
dont il peut être assorti) ou s'inscrire dans le cadre d'une
manifestation proposant un programme plus large.
(*)
Le film constitue une importante source d'informations sur les
papillons, qui peut entraîner des questions de la part des spectateurs.
Le débat a pour vocation d'y répondre. Outre la présence de l'auteur,
il peut avoir lieu avec la participation d'un spécialiste choisi par la
production ou l'organisateur et pouvant aborder des problématiques
locales.
La bande-annonce du film est visible à www.creativeforceinternational.com/Papillons-de-France.htm
Renseignements : tcarabin@online.fr – Téléphone : 06 80 59 01 23
ou contact@creativeforceinternational.com – Téléphone : 01 53 67 54 88
[R].
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