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d'Insectes n°106
Les parcs naturels régionaux de France viennent de fêter ce printemps leur trentième anniversaire. Pendant quatre jours, du 11 au 14 juin 1997, les délégations de ces 32 parcs se sont réunies au cur du massif du Luberon.
Si les échanges entre les différents parcs et si les jumelages entre les communes du Luberon et les autres parcs ont permis des discussions et des contacts fructueux, c'est surtout à travers la mémoire collective que cet anniversaire a eu un certain retentissement.
Trente ans déjà que ces structures intercommunales se sont chargées d'aménager leur territoire, de maintenir leurs diversités naturelle et culturelle, de réaliser, au travers de leur charte, un développement durable bien avant la lettre.
Au cours de ces manifestations, l'accent a été mis sur le génie des initiateurs des PNR qui, dès septembre 1966 à Lurs (04), comme dans le décret du 1er mars 1967, avaient eu entre autres, l'audace de donner aux comités de gestion formés d'élus, la possibilité de se doter chacun d'un conseil scientifique.
Ainsi aujourd'hui, 2 600 communes, 55 départements, 20 régions et 2 300 000 habitants ont en charge 10% du territoire national, avec l'ambition de protéger des paysages et des milieux naturels de grande qualité mais dont l'équilibre reste fragile.
La présence de conseillers scientifiques qui, dans la majorité des parcs, sont des universitaires ou des enseignants-chercheurs connaissant le mieux possible le territoire dont le parc a la responsabilité, constitue encore en 1997 une originalité.
Ces scientifiques, totalement indépendants des administrations et des pouvoirs politiques, acceptent bénévolement de siéger et de donner des avis sur maints sujets brûlants à l'intérieur du parc.
Multidisciplinaires, ils réunissent des écologues, géologues, zoologistes, botanistes mais aussi des géographes, préhistoriens, juristes et économistes... la vraie pluridisciplinarité pour une gestion systémique.
Et l'entomologie me direz-vous ?
Science de base de la synécologie, elle doit être présente non seulement pour la réalisation de simples inventaires de biodiversité en vue de cartographie, mais aussi et surtout pour apporter aux élus des informations pertinentes sur les milieux. En effet, n'est-ce pas à partir de nombreux groupes d'insectes bio-indicateurs que l'on peut appréhender la réalité de la qualité des espaces sensibles ?
Montrer l'impact d'un élevage sur le milieu ou l'influence d'une agriculture intensive par rapport à des méthodes plus traditionnelles, noter par des indices biologiques une rivière à partir de sa faune benthique, mesurer les conséquences de grands travaux, faire comprendre l'intérêt de vieilles futaies ou au contraire des espaces ouverts, évaluer le poids du tourisme ou de certaines pratiques sur les milieux, comprendre le fonctionnement des écosystèmes et pouvoir les comparer sont quelques uns des moyens qu'offrent les insectes et leur étude pour aider les PNR à devenir véritablement des "laboratoires du développement économique durable".
Au XXIe siècle, l'expertise des espaces sensibles et des paysages ne pourra plus être envisagée sans l'entomologie et les sciences annexes. Notre discipline, du fait de la place prépondérante des insectes dans les réseaux trophiques et de leur importance tant quantitative que qualitative, s'impose d'elle même.
A nous, entomologistes, d'être maintenant considérés comme indispensables à l'intérieur des PNR. A nous de nous faire entendre au niveau de leur Fédération. Il en va de leur crédibilité.
Claude Favet
Docteur en Écologie, conseiller scientifique du PNR du Luberon depuis sa création en 1977 , membre du syndicat mixte d'aménagement de la vallée de la Durance .