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Les insectes de la Belle Époque
FOURMIS DÉVALISÉES PAR DES MOUSTIQUES
On sait qu'un grand nombre de Fourmis recherchent les Pucerons et
que certaines même les parquent et les élèvent à la façon d'un bétail :
ils leur servent en quelque sorte de vaches laitières. En effet,
lorsqu'une fourmi vient à rencontrer un Puceron, elle le caresse
vivement avec ses antennes, jusqu'à ce que le Puceron laisse sourdre de
l'extrémité de son corps une gouttelette de liquide sucré que la fourmi
lèche avec avidité et dont elle se nourrit. Une récente étude de M. E.
Jacobson (Umschau 1910) portant sur de petites Fourmis noires qui
utilisent de cette façon certaines Cochenilles de Batavia, montre que
les Fourmis ne sont pas seules friandes du « lait de Puceron » et
qu'elles rencontrent de vifs concurrents chez les Moustiques. Ces
Fourmis de Batavia sont arboricoles, c'est-à-dire que pour aller à la
traite de leur lait préféré, elles grimpent en longues files le long
des arbres, sur lesquels des Cochenilles habitent, dans des galeries
creusées dans les jeunes rameaux. Un peu plus tard, après avoir visité
et « trait » un certain nombre de Cochenille, et s'être gorgées de
liquide sucré, elles redescendent. C'est à ce moment qu'un Moustique
les guette. La tête tournée vers le haut, le corps secoué d'un
balancement rythmique, il leur barre la route. Sitôt qu'une Fourmi
descend (car le Moustique ne s'inquiète pas de celles qui montent et
sont à jeun), il l'arrête et lui frotte rapidement la tête avec ses
pattes antérieures et ses antennes. La Fourmi demeure immobile, replie
l'abdomen, appuie fortement son corps contre l'arbre en même temps
qu'elle écarte violemment les mandibules. Le Moustique cesse alors de
se balancer et fait vibrer ses ailes rapidement. A ce moment la Fourmi
rejette une goutte de la nourriture sucrée qu'elle emportait et le
Moustique s'en empare aussitôt. La Fourmi peut alors continuer sa
route, tandis que le Moustique recommence à se balancer, guettant une
nouvelle victime. Pour contrôler ses observations, M. Jacobson a placé
des Fourmis et des Moustiques dans une caisse à expériences. Aux
Fourmis, il donna comme nourriture du miel coloré avec du carmin et
placé de telle façon que les Moustiques ne pouvaient l'atteindre
directement. Or, au bout de quelques heures, il trouva que tous les
Moustiques avaient le corps empli de miel coloré en rouge. En présence
de tels faits, l'auteur pense que sans les Fourmis, ces Moustiques
seraient vraisemblablement incapables de pourvoir eux-mêmes à leur
nourriture : ils ne vivent que de pillage.
Guyenot, La Nature, 1911.
Article source
: Jacobson E., 1909. Ein Moskito als Gast und diebischer Schmarotzer
der Cremastogaster difformis Smith und eine andere schmarotzende
Fliege. Tijdschrift voor Entomologie, 52, 158-164.
Harpagomyia (Dip. Culicidé) / Cremtogaster (Hym. Formicidé)
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