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M. L. Diguet, charge de mission au Mexique, vient de faire
connaitre* une singulière
coutume que 1'on rencontre en diverses localités de ce pays, entre autres dans
le Michoacán. Elle consiste a suspendre dans les appartements le nid d'une araignée
sociable, nid auquel les mouches viennent se faire prendre, ce qui débarrasse
les habitations d'hôtes désagréables .
L'araignée en question est le Cœnothele gregalis, de la
famille des Dictynidées ; ses formes sont massives, trapues ; elle ne mesure
pas plus de
Outre les légitimes propriétaires, on trouve, dans les nids,
un autre petit insecte d’un millimètre, un coléoptère du genre Melanophthalma,
auquel semble dévolu le rôle de nettoyeur d'habitation : c'est le valet de
chambre des araignées. Il déchiquète notamment les proies déjà sucées en partie
par ces dernières, les mange et les fait si bien disparaître que le nid est
d'une propreté toujours parfaite.
À côté de ce coléoptère, on trouve un autre commensal. «
C'est une araignée errante de la famille des Drassides, le Poecilochroa
convictrix, qui, trouvant apparemment une existence facile et bien assurée,
s'est fait l'hôte du logis ; cette dernière espèce doit, selon toute
vraisemblance, bénéficier en temps courant des captures journalières; mais si,
pour une cause quelconque, les vivres habituels viennent a manquer, il est
probable qu'elle doit avoir recours pour son alimentation aux Cœnothele, qui
lui donnent asile. »
Chaque année, à 1'approche des pluies, les Indiens vont dans
les régions boisées des montagnes recueillir des Mosqueros et les rapportent
chez eux, sinon tout entiers, du moins en partie ; de retour à la maison, ils
les suspendent aux plafonds où, dès lors, les araignées continuent à vivre
comme si elles étaient chez elles. Ils en placent non seulement dans les pièces
ou ils fréquentent toute la journée, mais aussi dans les écuries et dans les étables.
Les araignées, quoique de taille minuscule, n'hésitent pas à s'attaquer à plus
gros qu'elles, par exemple aux taons et aux œstres, qui ne laissent pas les
animaux domestiques en repos. Chose curieuse, les nids semblent exercer une
attraction irrésistible sur les insectes ailés, ce qu'ils doivent peut-être à
leur teinte et à une odeur spéciale que notre odorat, pas assez subtil, ne
permet pas de percevoir. « Le Mosquero s'accroît concentriquement pour
ainsi dire, après chaque capture ; lorsqu'un insecte est venu se faire prendre,
il est immédiatement saisi et recouvert de toile par 1'araignée qui en fait
alors sa proie; le Melanophtalma vient ensuite et bénéficie des restes du
cadavre, qu'il fait progressivement disparaitre, laissant ainsi une place vide
qui devient un nouvel alvéole, qu'occupera ensuite 1'hôte du logis. La colonie
ne vit cependant pas indéfiniment ; pendant la période des pluies elle dépérit,
sans doute par dessiccation ; on doit la renouveler plus tard, lorsque les
insectes ailés deviennent, à nouveau, par trop désagréables.
par Henri Coupin. La Nature, n° 1918. 26 février 1910
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