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POUR DÉTRUIRE LES MOUSTIQUES
L'emploi du pétrole pour détruire les larves de moustiques dans les pays infestés par ces insectes est aujourd'hui devenu classique.
La méthode suivie consiste à étaler à la surface des eaux stagnantes, qui sont le domicile d'élection des larves de moustiques, une mince couche de pétrole. Il se forme ainsi une pellicule isolante qui empêche les larves de venir respirer à la surface : puis, peu à peu, le pétrole pénètre dans leurs organes respiratoires qu'il obstrue, et l'asphyxie s'ensuit fatalement, dans un laps de temps ne dépassant guère en général 15 ou 20 heures.
Ce serait parfait, si le pétrole n'était pas tellement volatil qu'au bout de quinze jours, au maximum, il n'en reste plus trace.
C'est pour remédier à cet inconvénient que le docteur Sauzeau de Puyberneau, chef du service de santé au Gabon, a entrepris des recherches en vue de voir s'il n'y aurait pas moyen de remplacer le pétrole par quelque autre substance moins instable.
Il parait que le cactus épineux (Opuntia vulgaris), qui croît en abondance dans presque tous les pays tropicaux, ferait admirablement l'affaire. Il suffit, en effet, de hacher les feuilles grasses de cette plante et de les mettre à macérer dans l'eau, pour qu'il s'en dégage un mucilage visqueux, qui a tôt fait de monter à la surface du liquide, où il se comporte comme un pétrole plus épais, avec cette supériorité que son action se prolonge, sans s'affaiblir, pendant plusieurs mois. Sans compter que le cactus ne coûte rien que la peine de le recueillir et de le piler, et qu'on l'a, partout où le besoin peut s'en faire sentir, sous la main.
Malheureusement, si nous devons en croire un autre médecin militaire, le pétrole et les autres hydrocarbures de la même famille n'ont pas seulement la propriété de tuer les moustiques (et même les mouches) à l'état de larves : il a aussi celle (non moins précieuse) de les attirer, à l'état d'insectes parfaits. De sorte qu'il suffirait d'en mettre un peu sur un fond de tonneau ou même sur une assiette dans les endroits infestés pour voir les vilaines bestioles se précipiter dessus, comme poussées par une impulsion irrésistible, et en mourir par essaims.
Savoir si le jus de cactus possède la même vertu !!
POUR DÉTRUIRE LES MOUCHES
Je suis sûr de faire plaisir à beaucoup de monde et à ne déplaire à personne en indiquant ici un nouveau moyen de se débarrasser des mouches dont l'inventeur, un médecin-major, dit merveille.
Le procédé est, d'ailleurs, tout ce qu'on peut rêver de plus simple et de moins coûteux. Il consiste à se procurer, chez le droguiste, une provision de solution de formol au dixième, et d'en remplir quelques assiettes, qu'on pose ensuite sur les chaises, sur les meubles ou à même le sol, dans l'appartement menacé.
Vingt-quatre heures plus tard, les assiettes et toute la zone environnante sont jonchées de cadavres, sans parler des innombrables mouches qui, ayant eu la force de résister, sans être immédiatement sidérées sur place, s'en vont crever plus loin. C'est une effroyable hécatombe, comme avec aucun piège, avec aucun poison, ni même avec le pétrole, il ne serait possible d'en rêver une.
À l'hôpital militaire infesté de mouches, où ont eu lieu les premiers essais, on avait mis de ces assiettes insecticides un peu partout, et les crachoirs avaient été remplis, à moitié, du liquide formolé. Dès la première nuit, les malades purent dormir tranquilles, ce qui ne leur était encore arrivé qu'à de rares intervalles. Mais ce qu'il était tombé de mouches, ce n'est rien de le dire ! Dans une salle cubant environ 520 mètres cubes, on ramassait, chaque jour, environ 4 000 cadavres - 25 000 à 30 000 par semaine.
Grâces soient rendues au docteur Delamarre, qui nous a révélé le truc sauveur !
Il aura sauvé peut-être ainsi plus d'une existence. On ne doit pas oublier, en effet, que les mouches ne sont pas seulement désagréables, agaçantes et malpropres : elles peuvent très bien, le cas échéant, devenir homicides, et la preuve n'est plus à faire que, de l'ordure, où elles élisent domicile de préférence, il leur arrive plus souvent qu'à leur tour d'emporter (pour les ensemencer à la ronde) des germes d'infections mortelles : impaludisme ou tuberculose, fièvre jaune, choléra, charbon, etc.
Il n'est pas inutile de remarquer que le formol, souverain contre les mouches, est également efficace contre les moustiques. Seulement, comme les moustiques sont noctambules, il convient de mettre, au milieu de l'assiette au formol, une petite veilleuse en verre, afin de les attirer plus sûrement.
L'Année scientifique et industrielle, 1909, pp. 437-439
Les insectes de la Belle Époque
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