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Les insectes de la Belle Époque
CHASSE ÉLECTRIQUE DES INSECTES
Moi
de mai parfumé, moi des oiseaux, moi des fleurs ! Le soleil a
réveillé les bois endormis ; la vie est devenue intense, toute la gent
ailée babille ; les feuilles fusent aux branches comme des feux
d’artifice. Les arbres se couvrent comme par magie de leur parure
d’émeraude. Partout la nature crie : Hosannah ! Hosannah ! Dès l’aube,
c’est la fête du printemps. Sur les fines herbes déjà hautes
tremblotent les gouttelettes de rosée comme des perles nacrées ; tout
le long du chemin, au bord des fossés, s’épanouissent en bouquets les
genêts d’or. La jolie saison pour les promenades matinales, pour les
excursions dans les bois, dans les champs ! Les prés sont fleuris, les
sentiers odorants sont garnis d’aubépines blanches et pavés de petits
cailloux luisants. Les blés se dressent verts à perte de vue, les
ruisseaux coulent gaiement entre les pâquerettes et les marguerites.
Les pommiers étalent leurs branches rabougries saupoudrées de poussière
rose. L’air est pur et sent bon. Joli mai ; pourquoi s’en va-t-il si
vite et pourquoi le soleil pressé ne fait-il pas une petite halte au
printemps ? Il marche, il marche, et dans un mois les jours diminueront
déjà. Mais n’y songeons pas. Les jeunes naturalistes ont encore le
temps de courir après les papillons et les amateurs de faire leurs
provisions d’insectes.
Chasse électrique des insectes
Là-bas
sous les vieux pommiers, voici la vieille mare aux grenouilles
coassantes tout entourée de roseaux et de mousses chevelues. Que de
bruit, quelle foule, quelle turbulence dans ce monde aquatique ! Les
insectes pullulent, les têtards s’agitent, les habitants sont en
liesse. C’est le printemps aussi dans la vieille mare. Aussi voit-on
les amateurs se pencher sur les bords et s’efforcer de saisir quelques
spécimens d’insectes. La chasse n’est pas toujours fructueuse, car ils
sont défiants, les habitants de la mare. Et pourtant il serait aisé de
faire une chasse abondante. Comment ?
Ne sait-on pas bien jusqu’à
quel point les insectes et les poissons sont attirés invinciblement par
l’éclat de la lumière ? Des braconniers n’ont-ils pas pêché ainsi en
eau illuminée ? On a défendu, et l’on a bien fait, chez nous la pêche à
la lumière, qui mettrait vite à sec nos minces réserves de poissons.
Mais dans les mares, même dans certains étangs, avec la permission du
propriétaire, on peut bien allumer sa lanterne et entreprendre des
chasses fructueuses d’insectes, de larves de Coléoptères, d’Hémiptères,
de Monoptères, de Diptères. Et quelles récoltes ! M. Paul Noël,
directeur du Laboratoire d’entomologie régionale agricole, vantait
encore dernièrement la méthode et la recommandait. On prend une lampe à
incandescence de 3 ou 4 bougies. On installe sur le bord de la mare un
petit accumulateurs comme ceux dont servent les bicyclistes pour leur
lanterne. On le relie à la lampe par des fils assez longs. La lampe,
trop légère pour descendre dans l’eau, est fixée à un demi-cercle en
fer et au-dessous du demi-cercle et de la lampe on place un grand piège
de 0m,80 d’ouverture copié sur le modèle des petits pièges à oiseaux.
Le piège est garni d’une toile d’emballage recouverte d’un filet de
ficelle. On descend le piège lentement dans la mare avec la lampe. On
allume, la lumière brille. Aussitôt, insectes, poissons, salamandres,
grenouilles, têtards, larves de toute sorte accourent en grande
affluence. On tire la ficelle. Le piège se détend ; on éteint. Et d’un
seul coup de filet, on retire plusieurs kilogrammes d’animaux, surtout
si la mare renferme des poissons.
On peut encore employer simplement un petit tube de Geissler alimenté par une bobine de Ruhmkorff.
Flamel, La Nature, 1er sem. 1897, p. 400.
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