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Le Saturnia Pernyi
est un joli papillon d’un jaune plus ou moins fauve, avec, sur chaque aile, une
tache ronde à centre rose et bordée de noir. L’envergure est de 11 à14
centimètres. Les œufs ressemblent à des graines de moutarde. Les chenilles,
d’abord noires, muent quatre fois de suite et deviennent successivement grises,
jaunes et vertes ; elles atteignent une taille de
Une cinquantaine de jours après leur naissance, les
chenilles se mettent à filer un cocon en réunissant, par un fil de soie, les
bords d’une feuille dont elles entourent en partie le cocon. Un long ruban de
soie réunit la bourre de ce dernier à la branche. « Examinons la
construction du cocon. Il mesure en moyenne
La soie, comme celle du ver ordinaire, est formée de deux brins accolés par du grès. Sur la coupe, elle se présente sous la forme de deux triangles à angles arrondis joints par la base. Les fils sont donc aplatis comme une mèche de lampe ; à l’intérieur, il y a beaucoup d’air intercalé.
En Chine, contrairement à ce que l’on croit généralement, on recueille peu ou prou la soie du ver du mûrier, pas plus que celle de l’ailante : on s’adresse presque exclusivement au ver à soie du chêne.
C’est au commencement du mois de juillet que l’on procède à la récolte des cocons sur les chênes, en prenant à peu près autant de mâles que de femelles. On les étale sur des claies d’osier ou de bambou et, quand ils sont bien secs, on les enferme dans une chambre exposée au midi, où ils passent l’hiver suspendus en chapelets au-dessus d’un fourneau de briques. La température la meilleure doit varier entre + 2° et -2° Réaumur.
Dès le commencement du printemps, on s’occupe de favoriser l’éclosion des papillons en entretenant, pendant 45 jours environ, une température uniforme de 12 à 15° C. les papillons éclos sont de suite mis dans des paniers en osier, mâles dans les uns, femelles dans les autres ; quand les papillons sont bien remis de leur éclosion, on mélange le contenu des deux paniers. Les femelles seules sont ensuite placées dans des paniers neufs, sur les baguettes desquels elles pondent chacune de 200 à 500 œufs ; la ponte se fait plus facilement dans une pièce chauffée. « De même, dit M. Fauvel, que l’on peut acheter des cocons ou des femelles prêtes à pondre, on peut encore acheter des paniers avec des œufs. Mais il faut alors les examiner de fort près si l’on ne veut pas s’exposer à être trompé. Les marchands, peu honnêtes, ont, en effet, souvent recours à la fraude suivante : ils se procurent des paniers ayant déjà servi une fois. Ils en détachent , par un brossage énergique, les débris d’œufs et ceux qui ne sont pas éclos. On recueille ces derniers à part, au moyen d’un tamis et du vannage. Avec un peu de colle de pâte, on les fixe de nouveau à la face interne du panier, puis, au moyen d’une brosse trempée dans du sang de porc, on projette ce sang en gouttes fines sur le papier, qui se trouve ainsi maculéde taches imitant fort bien celles que laissent les femelle au moment de la ponte. On pousse même la ruse jusqu’à mettre dans le panier quelques femelles qui y déposent un certain nombre de bons œufs, et on vend ces paniers en choisissant adroitement le moment où les vers sortent des œufs. » Pas encore trop bêtes, les Chinois !
L’éclosion des œufs doit être surveillée, car il ne faut pas qu’elle ait lieu avant qu’il y ait des feuilles sur les chênes, ni que celles-ci soient trop vieilles. Dans le premier cas, on retarde l’éclosion en plaçant les œufs dans un vase enfoui dans le sol assez profondément ; dans le second, on les met dans une pièce chauffée ; on arrête alors le feu quand la forme de la chenille se dessine sous la coque. « Sitôt que les jeunes feuilles commencent à paraître, on va dans la montagne couper, sous les chênes, les jeunes rameaux portant de la racine (gourmands) et qui ont des feuilles plus tendres que celles que l’on trouve sur l’arbre, puis on les rapporte à la maison et on les pique dans des baquets pleins d’eau. On place dessus les jeunes vers pendant leur premier âge. On peut encore planter lesdits rameaux dans le sable ou la vase, au bord d’un ruisseau de montagnes à l’eau claire et douce, en un endroit abrité du vent. Sinon, on élèvera un paravent en nattes du côté où il souffle. Les jeunes branches ainsi traitées se comportent comme des boutures et donnent des feuilles tendres et abondantes. »
Quinze jours après la naissance, les vers ont
Fig. 1 à 8. Le ver à soie du chêne en Chine.
1 - Antherea Pernyi (larve). 2 - Chrysalide; 3 - Cocon. 4 - Antherea Pernyi mâle. 5 - femelle. 6 et 7 - Coupe de deux brins formant la soie (Bombyx mori et Antherea Pernyi). 8 - Fibroïne (substance du fil, grossie).
Voyons maintenant ce que l’on fait des cocons destinés au tissage. Après en avoir tué les chrysalides par la chaleur, on les fait bouillir pendant quelques temps dans une chaudière de fer, contenant une forte lessive, obtenue en faisant dissoudre dans l’eau une certaine quantité de carbonate de potasse ou de soude. On procède alors au dévidage du fil, soit dans l’eau, soit à la vapeur. Le dévidage et le tissage de la soie ne présentent rien de particulier, nous donnerons seulement, d’après M. Fauvel, quelques détails sur le filage des cocons. En effet, pour les cocons percés, tachés, ou les cocons vides qui ont servi à l’élevage, on se contente de les filer après les avoir fortement décreusés dans un bain de soude ou de potasse, et en avoir extrait les débris de la chrysalide, au moye d’un crochet, ou simplement en coupant les deux bouts. On les lave ensuite dans l’eau pure, puis on les file à la main ou au rouet. Dans le premier cas, on prend les cocons humides, on les retourne comme un doigt de gant, et on en coiffe une douzaine les uns sur les autres, à l’extrémité d’un petit bâton, en général une baguette à manger, qui sert de quenouille minuscule. Un clou de fer recourbé en crochet, et chargé au gros bout de quelques sapèques enfilées, remplacera le fuseau. Un tube de bambou, fendu en deux et appliqué par une ligature sur le corps du clou, forme une bobine sur laquelle s’enroule le fil, au fur et à mesure qu’on le forme avec les doigts. Pendant l’hiver, c’est l’occupation des hommes aussi bien que des femmes. On peut encore filer les cocons au moyen du rouet, et les Chinois y sont tellement habiles qu’ils arrivent, en tournant la roue au pied, à filer trois fils à la fois et d’une main. Les déchets de soie, blaze et telette, ne sont pas filés, mais simplement cardés. Ils servent à ouater les vêtements et les couvertures. On les exporte aussi en grande quantité en France et en Angleterre où ils sont utilisés pour la fabrique des soieries de bas prix, entre autres une sorte de peluche imitant fort bien la peau de loutre ou de veau marin, et des couvertures de voiture. Pour sa douceur et son moelleux, la soie du chêne se prêt admirablement à cette imitation des fourrures.
Les insectes de la Belle Époque
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