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Les insectes de la Belle
Époque
Les insectes frappeurs
Il a pu arriver à tout le monde d’entendre dans les
appartements des coups, frappés par séries, que certaines
gens d’imagination attribuent aux esprits frappeurs, et que les
naturalistes font remonter à des causes moins merveilleuses.
Un de nos lecteurs, M. A. Rossignol, chimiste à Paris, nous
adressé dans un tube de verre deux petits insectes qui ont
été pris sur le fait de tapage nocturne. « Ils
étaient, dit notre correspondant, sur la même feuille de
papier d’emballage (papier goudron fort), mais de
côtés opposés et à 10 centimètres
environ de distance. Ils frappaient fortement avec leur tête en
se baissant par une sorte de mouvement de bascule, avec une vitesse de
six coups par seconde, et l’insecte placé plus bas
répondait aussitôt que le premier avait fini. »
L’insecte envoyé par M. A. Rossignol est la Vrillette marquetée (Anobium tessellatum de Fabricius), Coléoptère de la famille des Ptinidés ; nous en donnons ci-dessous le portrait.
Les mœurs de cet insecte ont été bien
étudiées par Becker, Taschenberg, et d’autres
auteurs. C’est généralement pendant la nuit
qu’il produit les coups secs dont il vient d’être
question. Et comme pour les entendre il faut ne pas dormir, et que
généralement quand on ne dort pas, on est plus ou moins
porté à la mélancolie, on a donné aux
Anobiums le nom d’horloges de la mort.
Pour produire le choc, l’insecte rentre les antennes et les
pattes intermédiaires, et s’appuyant principalement sur
les pattes médianes, par une sorte de mouvement de bascule, il
frappe avec le front contre le plan d’appui ; c’est par ce
bruit que le mâle appelle la femelle.
La larve de l’Anobium vit dans le bois (charpentes, vieux
meubles, etc.), qu’elle ronge à l’intérieur
sans que rien au dehors trahisse sa présence. Arrivée
à son complet développement, elle se creuse une sorte de
logette et s’y transforme en nymphe. L’insecte parfait
éclôt quelques semaines après, et sort du bois en y
perforant un trou parfaitement rond, qui montre désormais que le
bois est attaqué ; souvent il l’est alors à tel
point que tout remède est devenu inutile. C’est à
la forme et à l’aspect de ses trous qu’est dû
le nom vulgaire de vrillettes (vrille) donné aux Anobiums.
Une espèce du même genre, mais plus petite, l’Anobium paniceum,
attaque non seulement le bois, mais aussi les livres, herbiers,
collections d’histoire naturelle, liège, pain sec,
biscuits, etc.
L’Anobium pertinax est
également très nuisible. Son nom lui vient de sa
persistance à simuler la mort lorsqu’on le saisit. Cette
simulation est telle que, plongé dans l’eau et même
dans l’alcool, l’insecte reste parfaitement immobile ; il
se laisserait plutôt brûler vif que de se trahir.
par Dr Z, La Nature, 2e semestre 1891, p. 64.
Les Anobium sont des Coléoptères Anobiidés
Xestobium rufovillosum (A. tesselaltum) est la Grosse Vrillette
Stegobium (A.) paniceum, la Vrillette du pain
Hadrobregmus (A.) pertinax, la Vrillette des moisissures
Les insectes de la Belle Epoque