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Phoracantha

par Alain FRAVAL et Mohamed HADDAN

Actes Éditions (Rabat), coll. Doccuments scientifiques et techniques, 1989, 38 p

10. CONCLUSION

La forêt marocaine a accueilli ou a vu se révéler récemment plusieurs ravageurs nouveaux (AZEROUAL et BENMESSAOUD, 1986). Phoracantha semipunctata est celui qui inquiète le plus les responsables forestiers. Strictement inféodé à l'Eucalyptus dont il peut attaquer toutes les espèces, il y creuse des galeries entre l'écorce et l'aubier, capables de tuer très vite les arbres. Il a fort peu d'ennemis. Sa fécondité est élevée. Il se développe vite. Il est attiré par des arbres en situation de déficience physiologique qu'il exploite avec efficacité et rapidité. Les seules limites à sa pullulation sont la surpopulation et, surtout, la défense opposée par l'arbre attaqué, s'il en est capable, c'est à dire s'il a retrouvé de bonnes conditions.

Actuellement, le ravageur est d'une grande discrétion si l'on considère les arbres sur pied mais le moindre tronc abandonné, la moindre perche non écorcée seront attaqués. Phoracantha est présent et capable de pulluler. Ses populations se maintiennent sur les chablis, les arbres abîmés, les tas de bois abandonnés... Il est évident qu'un nettoyage s'impose en premier lieu, complété par des piégeages pour récupérer le plus possible d'individus de la population résiduelle.

Ce ravageur de faiblesse ne fait pas qu'éliminer les arbres mal choisis et mal plantés, il met en péril, lors des années sèches, de très vastes peuplements qui, sans lui, pourraient récupérer après une phase difficile. La culture des Eucalyptus se présente désormais, depuis l'arrivée de Phoracantha, de façon bien différente : d'une part, elle a besoin de moyens de lutte efficaces pour juguler les pullulations quand elles se déclenchent (à l'heure actuelle, le forestier est plutôt désarmé de ce point de vue); d'autre part, comme l'ont bien souligné AMOUN et EL HAS SANI (1982) et EL YOUSFI, 1986 (in ANON., 1986), il faut reconsidérer les choix des espèces pour les plantations, fût-ce au prix de moindres performances. La période pendant laquelle on pouvait citer, parmi les avantages décisifs de l'Eucalyptus, une plasticité très grande et une immunité solide à tout ravageur, est terminée. Ces deux qualités sont perdues, en même temps, du fait de la présence de Phoracantha. Ceci impose des efforts de recherche et de gestion des forêts et remet à l'ordre du jour l'emploi, dans certains cas, d'essences autochtones bien adpatécs (en principe) et fait douter de l'intérêt de substituer en masse l'Eucalyptus aux arbres de nos forêts originelles.

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