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L'éditorial

d'Insectes n°107

L'Europe et la protection des milieux naturels

L'Union européenne est un ensemble complexe de structures diversement hiérarchisées. Gérer les activités qui s'y déroulent n'est possible qu'après accord sur un certain nombre de principes clairs. Parmi eux, le principe de subsidiarité énonce que chaque action doit être menée au niveau le plus apte à la prendre en charge, niveau local, régional, national et éventuellement européen.

Ceci n'implique nullement que les institutions européennes n'aient jamais à intervenir dans le déroulement d'actions locales. Il est normal qu'elles s'assurent de leur cohérence avec les objectifs plus généraux que, dans leur ensemble, les européens se sont fixés. Normal aussi qu'elles apportent une aide, financière ou autre, quand la charge induite par des actions d'intérêt européen excède les possibilités des autres niveaux, notamment celles des pays concernés.

Mais ces contrôles et ces aides ne doivent intervenir que dans des cas exceptionnels. Alimentée par les contributions des états membres, l'action des institutions européennes est par nature grévée de leurs frais de fonctionnement.

Or, nous assistons depuis quelques années à la multiplication d'actions locales ou régionales soutenues par l'Europe dans de nombreux domaines, et en particulier dans celui de l'environnement qui nous concerne.

La pertinence des thèmes choisis n'est pas en cause, mais on doit se demander si en acceptant certains crédits, voire en les provoquant, on ne contribue pas à développer une administration qui dans bien des cas fera double emploi avec ce qui existe déjà, occasionnant des surcôuts inutiles et difficiles à supporter dans l'avenir.

Car tout se passe comme si certains services des institutions européennes cherchaient frénétiquement à élargir le plus possible et en tous sens leur sphère d'action, au moment où subsiste encore un certain flou sur le partage des responsabilités entre l'Europe, les pays membres, leurs régions, etc.

Tant que ce flou subsistera, il sera sage de ne pas encourager une prolifération d'actions qui, même si leur intérêt est indiscutable, n'ont aucune raison de remonter au niveau européen. Le coût de l'Europe ne doit pas nous laisser indifférent. Il peut devenir excessif si l'on n'y prend garde, et ceci avec des conséquences qui se révèleraient néfastes pour l'Europe elle-même.

Pierre Piganiol
Président du CA du parc national des Écrins


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