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Entomoactive sur la Toile : Lucie Kriznar

Sur la Toile – section francophone d’Internet – de nombreuses ressources documentaires en textes, photos, vidéos, sons… sur les insectes (et leur environnement) sont mises à disposition des internautes par des individus, hors institutions – et ce gracieusement. Insectes a repéré ces cyberbénévoles et entreprend de présenter les plus intéressants
...En une courte page, rédigée par Alain Fraval. Le texte brut de la présentation de L. Kriznar –est transcrit sur cette page, à la suite de l'article paru dans Insectes n° 177 (2e trimestre 2015).



« Lucie » (Lucie Kriznar), enseignante de sciences humaine retraitée, surveille quotidiennement ses 1 000 m2 de jardin, ainsi que les alentours, appareil photo à la main, et livre ses découvertes entomologiques au travers de son blog.

Le lieu, situé dans les Alpes-Maritimes, à 200 m d’altitude en zone péri-urbaine, bénéficie de la douceur du climat méditerranéen. Au potager, aux massifs de fleurs s’ajoutent des fruitiers, agrumes, pommier, poirier, mirabellier… jamais traités chimiquement.
Un jour, elle découvre dans les herbes de la partie gardée sauvage du jardin une Decticelle splendide  et la voilà prise par le désir d’identifier les hôtes permanents ou passagers, dont les indésirables, de ses fleurs et de ses légumes. Elle compulse les guides, exploite les ressources entomologiques d’Internet, relit Fabre… et devient petit à petit entomologiste.

Le blog, à //lejardindelucie.blogspot.fr/
Pour partager ses découvertes, au fil des saisons, Lucie crée et nourrit un blog, fait de l’empilement de pages illustrées, chacune consacrée à un insecte (ou autre animal, oiseau souvent). « . Je n’ai pas de discours militant, je  souhaite simplement aider à mieux connaître certains des insectes qui nous entourent pour lever parfois les craintes que l’on en a. »
Les spécimens sont photographiés vivants – donc gigotant plus ou moins – sous toutes leurs coutures. Selon le sujet, on suit les affres d’une détermination exacte ou les étapes de la vie de la bestiole au travers de vues impeccablement éclairées et cadrées. Une performance pour des prises à main levée et sans accessoires de mise en scène .
Le commentaire et le choix des vues replace les insectes choisis dans de passionnantes questions : les comportements : « la toilette minutieuse du criquet ou de la sauterelle lissant ses antennes, les mâles des Osmies attendant les femelles dès leur sortie, les libellules ou d’autres abeilles préservant des territoire de chasse ou de nourriture pour les femelles, la Lycose qui promène ses petits sur son dos » précise Lucie, et les relations plantes-insectes (le choix de la plante hôte) ou insectes-insectes (la prédation, le parasitisme...).
L’observation des insectes, les prises de vue, la documentation prennent l’essentiel du temps, la rédaction et la mise en page beaucoup moins. En tout 3 heures par jour quand même !
Le blog mérite que l’on descende profond dans la page, à la rencontre des découvertes antérieures. À droite de l’écran, un « nuage de mots-clés » copieux rassemble les noms de taxons, noms français, noms scientifiques, familles… pour une exploration ciblée de l’impressionnante collection d’observations accumulées depuis mi-2008.

Il est proposé de s’inscrire au site et surtout de recevoir les observations au fur et à mesure par courriel, il suffit de fournir son adresse. On est invité également à écrire à l’auteure.
À canelle57@lejardindelucie.fr
Lucie, toujours étonnée de voir dans son jardin des insectes nouveaux, poursuit sa surveillance et cherche à rencontrer (au dehors, dans les Alpes maritimes) une Magicienne dentelée Saga pedo et une Rosalie des Alpes Rosalia alpina…

Insectes n° 177      A.F.

Photo Lucie Kriznar
Paysandisia archon, Lép. Castniidé, "papillon tueur de palmiers"
repris de la dernière page de blog du Jardin de Lucie
. Cliché Lucie Kriznar.


Lucie Kriznar s’est exprimée en réponse à nos questions.
Enseignante  de sciences humaines retraitée, j’ai été initiée au jardinage par ma grand-mère. C’est d’elle que je tiens cette curiosité pour tout ce qui touche la nature.

L’envie de  de mieux connaître ceux que j’appelle les visiteurs du jardin marque le début de mon aventure.

Car c’est au du jardin que tout a débuté. Le jardin de Lucie est un petit univers de moins de 1000 mètres carrés situé dans les Alpes maritimes en zone périurbaine  à environ 200 m d’altitude bénéficiant de la douceur du climat méditerranéen. J’en suis la jardinière aidée bien sûr de mon mari pour les gros travaux.

C’est la  découverte  de la belle Eupholidoptera chabrieri dans les herbes de la partie sauvage du jardin qui est à l’origine de mon intérêt pour les insectes. N’ayant pas de formation dans le domaine de l’entomologie, ma curiosité s’est dans un premier temps heurtée à l’identification de ceux qui squattaient mes fleurs ou mes légumes. J’ai alors acheté le Guide des sauterelles, grillons et criquets d’Europe occidentale, chez Delachaux et Niestlé qui est le premier d’une série qui s’est ensuite étoffée sur d’autres sujets.

Ma seconde source de documentation se situe sur le web. Il existe nombre de sites qui présentent soit une famille d’insectes soit des sites plus complets. Il faut aussi utiliser des ressources en langue étrangère bien utiles. Je me suis petit à petit constitué une bibliothèque virtuelle que j’utilise souvent.

J’ai relu avec plaisir Fabre et ses souvenirs entomologiques ont constitué et constitue encore des modèles et des sources d’inspiration pour des observations et certains de mes petits élevages.

  
Je souhaitais partager mes découvertes avec ceux qui ayant moins de temps et peut être moins de patience, n’en était pas moins curieux de découvrir qui était la petite bête qu’ils avaient vue ou photographiée. Je n’ai pas de discours militant, je  souhaite simplement aider à mieux connaître certains des insectes qui nous entourent pour lever parfois les craintes que l’on en a.

Le nom du blog était facile à trouver, le jardin étant mon petit domaine, celui où je cultive un petit potager, des fleurs , quelques arbres fruitiers :citronnier, mandarinier( nous sommes dans les Alpes maritimes en climat favorable), pommier poirier, mirabellier me rappelant ma Lorraine d’origine, framboises…Une partie est laissé « sauvage », nous n’y faisons que peu d’interventions en général avant le printemps ou en hiver. C’est le refuge des insectes. De petits espaces se dessinent ainsi où sur quelques mètres carrés j’ai un milieu plus humide alors qu’à d’autres endroits il y a une rocaille sèche. C’est souvent l’actualité du jardin qui détermine le sujet de l’article que je publie.

 Dans mon jardin en n’utilisant pas de produits chimiques j’observe comment après une attaque d’indésirables, je pense aux pucerons par exemple, un équilibre se recrée sans mon intervention, grâce à la présence de coccinelles , syrphes ... Maintenant on vend ces  d’auxiliaires dans le commerce.


La photo numérique est l’autre composante de ce  site .C’est un outil pour voir des détails que l’œil distingue peu et qui souvent sont indispensables à différencier les espèces. Mes insectes sont tous photographiés vivants, c’est très amusant de les voir s’agiter à travers l’objectif du reflex mais moins facile d’en faire de magnifiques photos comme certains collectionneurs. Déjà la photo avec un grossissement en général autour de 2 ou 3 fois  donne à voir la beauté de l’aile du papillon, le rangement prévu pour le rostre de la punaise ou les antennes du charançon,  chez des êtres vivants si petits que nous n’y prêtons que peu d’attention. J’ai un reflex Canon (5d mark II), un 100mm et le Mpe 65mm, ainsi qu’un flash. Je travaille à main levée pour suivre mes sujets.  Je n’utilise que peu de technique, parfois une table bien éclairée, un support qui retient l’insecte, une fleur, une tige . N’étant pas entomologiste, je ne collectionne pas.

Ce qui m’intéresse dans ce petit monde ce sont les comportements : la toilette minutieuse du criquet ou de la sauterelle lissant ses antennes, les mâles des Osmies attendant les femelles dès leur sortie, les libellules ou d’autres abeilles préservant des territoire de chasse ou de nourriture pour les femelles, la Lycose qui promène ses petits sur son dos. Ces comportements analysés avec notre regard ne correspondent pas toujours à ce que nous voudrions y lire mais plus à la nécessaire préservation de l’espèce. Qu’importe un peu de poésie ne nuit pas, aux scientifiques de réécrire avec plus de rigueur la réalité !

Les relations plantes –insectes  m’intéressent beaucoup : une de mes grandes satisfactions fut la ponte du Jason (Charaxes jasius) sur deux des arbousiers que j’avais planté dix ans auparavant alors que le Machaon(Papilio machaon) adopte le fenouil l’année de la plantation ! Les relations inter-insectes, entre ceux qu’ont appellent nuisibles et leurs prédateurs,(pucerons- syrphes), ceux qui limitent le nombre d’autres ( mouches-punaises) sont des sujets passionnants. Tout ce qui perturbe ou rétablit l’équilibre dans le petit milieu qui est sous mes yeux m’intéresse.

 J’essaie de décrire mes observations en étant précise  et en expliquant à l’aide des photos, les détails qu’il faut regarder. Pour des spécialistes, qui à la fois connaissent le vocabulaire et l’anatomie des insectes, les mots suffisent. Pour nous autres, il nous faut  tout décrypter afin de différencier les individus.

 
Profitant de sorties dans la nature environnante j’ai aussi découvert des  insectes dont j’ignorais l’existence, je pense aux ascalaphes, aux diablotins (larves d’empuses), aux papillons de montagne comme l’Apollon . . Nos vacances ont pour but de découvrir des milieux différents, avec leurs oiseaux en premier mais aussi certains animaux que nous connaissons peu sous nos latitudes.

Le temps passé à alimenter le blog ne représente qu’une infime partie de celui consacré aux insectes par exemple puisque l’essentiel : recherche, observation, photos, documentation se passe bien en amont. J’y consacre environ 3 heures par jour.

 
Ce sont surtout les photos je pense, qui intéressent sur mon blog et je suis très heureuse de répondre à des demandes  d’étudiants ou d’associations qui  les utilisent  pour faire mieux connaitre tel ou tel insecte.

La rédaction des articles du blog m’a énormément appris sur le petit monde des insectes et de la nature en général  et je partage volontiers cet intérêt avec d’autres curieux que j’ai parfois le plaisir de rencontrer lors de sorties naturalistes.

 En  guise de conclusion je dirai que je suis  encore aujourd’hui  étonnée de voir  dans ce  jardin où je passe de longs moments,  des insectes que je n’avais jamais observés auparavant et lors de nos sorties dans les environs il me reste encore quelques sujets particuliers à découvrir : une Saga pedo adulte dans les Alpes maritimes, ou une   Rosalia alpina, encore de quoi arpenter des biotopes différents !
 
L.K.

 

Le Jardin de Lucie

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